La cour des grands

Chapitre 23 : Olliver

1891 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/02/2017 22:00


Olliver



Chevalier. Il était devenu chevalier. Tout le monde, y compris le Jeune Loup, allait à présent l'appeler ser Olliver Frey. Tout d'abord, il n'y croyait pas. Il pensait que tout ceci n'était qu'une vaste blague que Karyl lui avait organisé. Puis, lorsqu'il accepta ce titre, il était fou de joie et ressemblait à un enfant à qui on lui aurait donné son premier poney ou sa première épée en bois. Il ne cessait de se vanter auprès de son ancien seigneur et celui-ci dû lui mettre une droite sur son visage pour le raisonner, droite qui fut suivi par une joyeuse accolade entre les deux hommes. Enfin, depuis cette leçon de Karyl, Olliver commença à se calmer et à lutter pour ne pas s'en vanter davantage. Il était heureux et il n'était pas, de plus, qu'un simple nouveau chevalier : c'était aussi le tueur de Samwell de la maison Spicer de Castamere, général puissant et colossale des Lannister. D'après lord Manderly, jamais un écuyer n'avait réussi un tel exploit depuis Jaime Lannister lors du siège de Pyke où il avait tué un des dix généraux présent dans cette bataille. Manderly n'arrêtait pas de dire qu'à présent, le Nord avait aussi son champion et il recommandait pour chaque bataille Olliver au Roi du Nord. Olliver était certes flattés mais, maintenant qu'il avait le titre requis, il tempéra le seigneur de Blancport et lui rétorqua qu'il avait tort. Ce qui faisait rire à chaque fois Manderly qui partait ensuite boire une bière en criant : «Ah, elle est belle la jeunesse !». Robb Stark aussi trouvait Olliver talentueux pour son âge alors que celui-ci était à peine plus âgé de quatre ans et qu'il était déjà le Roi du Nord mais il savait que le fils de Walder Frey avait encore de l'expérience à gagner et des preuves à montrer pour devenir si indispensable à l'armée nordienne. Olliver le comprenait même si chaque remarque de ce genre avait tendance à le piquer un peu.


Cela faisait une semaine que la deuxième pluie de Castamere avait eu lieu. Le camp avait été levé jusqu'au même lieu de l'ancien camp des Lannister. Lord Karyl, qui avait été blessé à la jambe droite par le poignard d'un ennemi, devait marcher avec un bâton assez solide pour supporter son poids. Olliver traînait à côté de lui pour le rattraper s'il en venait à tomber comme s'il était toujours son écuyer. «Tu n'as pas tout le temps besoin d'être à mes côtés, Olliver. Je peux très bien me débrouiller sans toi.» lui rappelait Karyl à chaque fois qu'il tombait. Néanmoins, Olliver ne l'écoutait jamais et répondait toujours par : «Ne dites pas de bêtises, mon seigneur. Vous tenez à peine debout». Les deux hommes s'étaient grandement rapprochés depuis la bataille et aucun des deux ne buvaient de chope d'hydromel sans l'autre. Hilda aussi s'était énormément rapprochée de Karyl et s'occupait tout le temps de sa blessure. Olliver remarquait que sa sœur avait gagné en maturité et en force. Elle se présentait comme une jeune femme attentionnée et endurante. Elle ne se gênait même plus pour gronder son mari, et même Olliver, lorsqu'ils s'entraînaient et rentraient ainsi plein de bleus sur leurs corps. Malgré la blessure de Karyl, ce dernier se débrouillait très bien pour remplacer sa jambe droite, se servant de son bâton comme point d'élan ou même comme arme. Après quelques jours, Karyl n'eut plus besoin de quelqu'un à ses côtés pour marcher et ne tombaient plus de son bâton. Sa blessure se cicatrisait lentement mais sûrement.


Robb les appela un jour à participer à un conseil de guerre avec lord Manderly, lord Karstark et lord Bolton pour faire un bref récapitulatif de la guerre et annoncer les prochains points d'attaques sur leurs ennemis. Ils gagnèrent alors la tente du Jeune Loup et Olliver fut intimidé par le nombre de seigneur présent autour d'une même table où était posé la carte de Westeros, cette fois dans sa globalité, du Mur jusqu'à Dorne, et marquée par beaucoup de pions représentant chacun le symbole d'une maison. Il reconnut la position de leur camp, celles de ceux des Lannister et même le pion des Frey qui avait pris la forme du pont posé à l'endroit où se situait les Jumeaux.


-Mes seigneurs et mes chevaliers, commença Robb tournant sa tête vers Olliver lorsqu'il prononça son titre. La guerre tourne, pour l'instant, en notre faveur. Nous n'avons pas encore perdu de bataille, nous détenons le Régicide, les troupes de Stannis Baratheon vont bientôt prendre la mer sur Port-Réal et, même si ma mère n'a pas réussi à obtenir l'alliance avec Renly avant sa mort ou même avec Stannis, Vivesaigues nous a renvoyé des renforts et a agrandi nos troupes. Cependant, nous avons quelques problèmes. Theon Greyjoy s'est emparé de Winterfell, notre fort principal, et a pris en otage mes frères.


-Mon fils bâtard est en route pour le récupérer, Majesté. Annonça lord Bolton à Robb. Ramsay veillera à ce que rien n'arrive à vos frères.


-Vous m'aviez déjà mis au courant, lord Bolton et je ne vous remercierai jamais assez de votre aide et à celui de votre fils. Répondit aimablement Robb. Cependant, ce problème n'étant pas encore résolu, je ne peux l'enlever de mes complications. Autre chose. Tywin Lannister siège à Harrenhal, fort réputé quasi-imprenable.


-Je ne pense pas qu'il y restera, mon garçon. Lança Manderly en pointant l'emblème d'un cœur enflammé sur un des pions. Stannis va attaquer tôt ou tard la capitale et il sera obligé d'y aller pour y apporter son appui.


-Certes, mais ce n'est pas certain. De plus, Tywin ne laissera pas le fort vide lorsqu'il partira. Mais passons à la suite voulez-vous. Il ne nous reste plus que deux étapes avant d'atteindre Harrenhal et elles ne sont pas des moindres. La première concerne la colline Haut de Cœur. Ici est posté le camp Lannister le plus difficile d'accès qu'on ait eu à affronter. Elle est située en hauteur et ses contours sont presque infranchissables pour une importante troupe comme la notre. Haut de Cœur n'est certes pas sur notre route mais, sans l'anéantissement de ce camp, Vivesaigues se retrouvera bloqué et ne pourra plus nous soutenir. Pour l'autre étape, il s'agit plus de discours que de sang. En effet, je veux que quelqu'un parte pour la baie des Crabes pour parlementer avec lord William Mouton, le seigneur de Viergétang. Je veux qu'il accepte de nous laisser poster quelques troupes chez lui pour garder le port et empêcher que les Lannister envoient des renforts par la mer. J'aimerais que la personne qui y aille soit l'un de vous.


Tout le monde fût abasourdi par cette demande. Personne n'avait envie de parlementer avec qui que ce soit alors qu'un combat avait été annoncé pour Haut de Cœur. La personne désignée n'allait forcément pas être lord Manderly qui était bien plus à l'aise dans un champ de bataille que dans un discours. Lord Bolton se montra très éloquent envers le roi du Nord pour le persuader de ne pas le choisir. Lord Karstark était bien trop têtue pour faire preuve de lucidité lors d'un discours. Lord Karyl n'était pas en position d'y aller car il ne pouvait pas montrer l'image de force que se devait de garder l'armée du Nord à cause de sa blessure. Et celui-ci l'affirmait volontiers même si cela ne lui plaisait guère de l'avouer. Entre autre, il ne restait plus que….


-Je pense que vous n'avez plus le choix, Olliver. Proclama Robb. Vous partirez dès demain à l'aube avec une troupe de deux cents hommes pour Viergétang.


-Mon seigneur, si je puis me permettre, je ne crois pas posséder un quelconque art d'éloquence. Je doute fort vous être utile dans cette mission. Répondit Olliver qui retenait sa colère d'avoir été choisi pour cette piteuse mission.


-Je suis sûr que vous réussirez. Affirma le Roi du Nord. Lord William est un seigneur neutre dans cette guerre. Il a subi des persécutions de toutes parts et il s'est barricadé dans sa forteresse. Il me semble qu'il sera simple de le persuader. Bon courage, ser Olliver.


Le ton décidé de Robb fit comprendre à Olliver qu'il ne pouvait plus rien y changer. Il raccompagna Karyl jusqu'à sa tente à la demande de ce dernier, lui annonçant qu'il voulait lui parler.


-Ne sois pas si triste, Olliver. Lui lança-t-il dès leur arrivé. Robb t'as choisi car il sait que tu es capable d'accomplir cette mission.


-Tu te trompes. Il m'a choisit parce que personne d'autre ne se proposait. Rétorqua Olliver. Pourquoi n'a-t-il pas envoyé sa mère à la place ? Il me semble qu'elle a été assez éloquente avec lord Renly d'après ce qu'elle nous a raconté.


-Robb ne doit pas avoir l'image d'un roi qui a besoin de sa mère à chaque besoin, même si cela concerne la guerre. Mais ne t'en fais pas. Tu réussiras cette mission, j'en suis sûr.


-Je n'ai pas peur d'échouer, mon seigneur. J'aurais juste voulu faire partie de la bataille à Haut de Cœur au lieu de parler avec un lâche qui se terre dans son château.


Karyl prit une profonde inspiration et lui annonça :


-Je vois que je n'ai pas d'autres choix pour te rassasier.


Il partit dans un coin de sa tente et se dirigea vers un meuble où était posé un long objet, enroulé d'un drap blanc qui ne réussissait pas à cacher la nature de l'objet. Karyl enleva le drap et tendit une longue épée à son ancien écuyer.


-Mais….C'est….Balbutia Olliver.


-De l'acier valyrien. Avec une poignée faite d'acier et incrustée de rubis, rien que ça. Répondit Karyl, riant de voir le visage d'Olliver passé de la colère à l'émerveillement. Je l'ai commandé depuis ta promotion et elle est arrivée ce matin.


-Mais, je ne peux accepter. Je ne suis encore qu'un jeune chevalier. Pourquoi moi ?


-Parce que, quand je te regarde, je vois un homme qui a des convictions et qui ne s'arrêtera pas avant d'avoir accompli chacun de ses rêves, peu importe les moyens. Je veux t'aider à les réaliser. C'est aussi simple que ça.


Olliver ne répondit plus rien et empoigna la garde de son épée neuve et resplendissante. Elle était très maniable et très légère malgré sa taille et sa longueur.


-Chaque épée comme celle-ci devrait portée un nom. Tu as une idée ? Demanda Karyl.


-Samwell. Répondit-il sans hésiter. Les noms devraient être ceux des personnes que l'on tue en premier, ça laisse toujours une marque dans notre esprit. Merci, mon seigneur. J'en ferai bon usage.


-J'espère bien. Et appelle-moi Karyl maintenant. Je ne suis plus ton seigneur.


Laisser un commentaire ?