La cour des grands

Chapitre 24 : Mhaegen

1468 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/02/2017 18:09


Mhaegen


Cela faisait une semaine que l'émeute avait eu lieu et les souvenirs qui en avaient résultés se dissipèrent peu à peu dans l'esprit de Mhaegen. Pourtant, ce n'était pas le cas de beaucoup de nobles. Rares étaient ceux qui s'aventuraient seuls ou accompagnés dans les rues de la capitale et lord Baelish devait sortir avec une troupe du Guet pour rejoindre son bordel, situé assez loin du Donjon Rouge. Lollys était, aux récentes nouvelles, toujours inconsciente mais le Grand Mestre Pycelle concluait que son état s'améliorait. Lady Tanda ne voulait toujours pas que qui que ce soit aille rendre visite à sa fille et seule Cersei, qui venait parfois la réconforter, pouvait entrer dans la chambre de Lollys. Parfois, Mhaegen passait devant la porte pour vérifier la présence des gardes postés à l'entrée. Ils étaient toujours présent et Mhaegen se demandait même s'ils prenaient une pause une fois dans la journée. Il semblait que ceux-ci restaient immobiles tels des statues. Tanda, qui avait fait de Mhaegen une diablesse ayant causé le malheur de sa fille, réclamait auprès du roi le changement sur la loi qui proclame que seuls les maîtres et maîtresses des serviteurs soient en faveur de les virer. Ainsi, Tanda pourrait se débarrasser définitivement de la servante de sa fille. Seulement, le roi Joffrey proclamait, lui, sous un ton de déni, qu'il n'avait pas à s'occuper d'affaire si miteuse et que le Conseil Restreint avait aussi d'autres préoccupations plus importantes. Tanda revenait dépité dans la chambre de sa fille et cherchait parfois la servante du regard pour la menacer de démissionner. C'était en tout cas ce que pensait Mhaegen qui se cachait d'elle.


Depuis sa résolution de voir lord Baelish un jour, elle n'avait cessée d'y réfléchir, se demandant si c'était la bonne chose à faire. Petyr était quelqu'un de très ambitieux et l'assassinat de la reine-mère pourrait être pour lui une aubaine pour accroître son pouvoir car Cersei fait de l'ombre à beaucoup de gens et est connue pour menacer quiconque se trouverait sur son chemin. Et ce n'est pas Mhaegen qui dirait le contraire, ayant déjà fait les frais de ses menaces. Le meurtre de Cersei ferait aussi des étincelles au sein de la famille Lannister et aussi au roi, réputé très susceptible. Qui sait ce qui arriverait après sa mort ? Ferait-il mettre à mort tout le château comme avait failli le faire dix-sept ans plus tôt le Roi fou en voulant faire exploser le Donjon Rouge avec du feu grégeois ? Il n'en viendrait pas à de telles extrémités, pensa Mhaegen, mais Joffrey n'est encore qu'un enfant. Qu'arrive-t-il à un gosse quand on l'enlève des bras de sa mère et que ce même gosse a le pouvoir de tout détruire autour de lui ? Toutes ces questions figuraient dans le cas où Petyr accepterait l'offre de Mhaegen mais s'il refusait, il la dénoncerait certainement à la reine voir même au roi. Peut-être ne fera-t-il rien et la conseillerait-il d'abandonner sa vengeance ? Quoi qu'il en soit, Mhaegen était indécis et ne voulait pas rendre visite au grand argentier avant d'anticiper tous les futurs possibles et imaginables qu'il en résulterait. Néanmoins, elle se sentait animer d'un besoin presque vitale de divulguer son secret à une personne qui, de préférence, pourrait l'aider.


Depuis sa discussion avec Tyrion Lannister, Mhaegen était devenu plus assurée et parlait de plus en plus avec la Main du Roi, ce qui amplifiait une certaine influence au sein des servantes. À chacune de leurs discussions, Mhaegen sentait son désir de tout lui avouer mais se retenait à chaque fois qu'elle se rappelait de ce qui le liait à Cersei, un lien familial. Elle sentait néanmoins que Tyrion n'était pas dupe et qu'il savait qu'elle cachait un lourd secret. La Main du Roi respectait cependant l'intimité des autres personnes et avait sans doute d'autre chose à se préoccuper que les affaires d'une servante. De plus, leurs discussions n'étaient pas si riches et il n'avait pas grand-chose à se raconter si ce n'est l'état grandissant de Lollys. Toujours est-il que leurs échanges faisaient grandir hautement son influence mais cela ne lui plaisait pas tant que cela car elle en est venu à la conclusion qu'une éventuelle futur meurtrière d'une reine devrait impérativement se faire discrète.


Elle se promenait de plus en plus dans le bois sacré auquel elle adorait l'atmosphère qui y régnait car c'était peut-être plus ou moins le seul endroit pur de toute la capitale. Là ou les corruptions et les manigances se font les plus rares et où l'odeur d'excrément n'emplissait pas les narines. Ce fut lors d'une de ses promenades qu'un des deux gardes Castelfoyer qui était posté devant la chambre de Lollys vînt à sa rencontre.


-Madame, vous êtes demandé par la fille de lady Tanda. Annonça le soldat. Elle vous prie de venir sans attendre.


Ainsi donc, Lollys s'était enfin réveillée. Elle suivait sans discuter le soldat vers les appartements de sa maîtresse. Quand elle arriva au seuil de la porte, Mhaegen entendit Lollys et sa mère se disputer violemment à son sujet. Ce fut quand le soldat toqua à la porte que les cris cessèrent.


-J'ai ramené la servante de votre fille, madame. Signala le garde.


Après une longue absence de bruit à l'intérieur de la pièce qui trahissait l'énervement de Tanda, celle-ci indiqua à ses gardes de la laisser entrer. Quand Mhaegen ouvrit la porte, elle vit enfin le visage rayonnant de Lollys qui était encore dans son lit, habillée d'une simple robe de soie bleue azur. Tanda, elle, avait croisée ses bras et s'était installée autour de la table. Elle prit une pomme qui s'y trouvait et fixait Mhaegen de ses yeux les plus haineux.


-Dépêche-toi. Lança Tanda à Mhaegen. Je veux que tu ne sois plus là d'ici cinq minutes.


-Stop, mère ! Rétorqua Lollys d'une voix semi-tremblante, semi-haineuse. Elle restera aussi longtemps que je le voudrais. Approche, Elizabeth.


Mhaegen ne se souvenait plus de sa fausse identité à cause des récents événements et elle se ressentit coupable de lui mentir. Elle s'approcha cependant du lit de Lollys et s'y assit auprès d'elle. Elle remarqua qu'elle tremblait de tous ses membres et qu'elle s'efforçait de ne pas pleurer. Pourtant, la cause n'était pas leur retrouvaille. Mhaegen comprit bien vite que son expérience dans les étroites allées de la capitale l'avait fortement traumatisées et la peur se ressentait encore dans ses yeux. Un messager entra dans la chambre et tendit un parchemin à lady Tanda qui commença à le lire tandis que Lollys s'adressa à sa servante.


-Ma mère me force de t'obliger à démissionner vu qu'elle ne peut pas le faire elle-même. Oh, ne t'inquiètes pas. Jamais je ne ferais une chose pareille. Nous resterons amies le plus longtemps qu'il nous ait donné. La Mère est miséricordieuse, elle veillera sur nous deux.


-Je sais. Je l'ai priée, il y a peu. Mais pour l'instant, c'est moi qui veillerait sur toi. Jamais plus je ne laisserais quelqu'un te toucher. C'est de ma faute, ce qu'il t'est arrivé. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux.


-Mais que dis-tu comme bêtise, Elizabeth ? Ce qu'il m'est arrivé n'est aucunement ta faute. Ne me dis pas que tu es d'accord avec ma mère sur ce point ?!


-Si je ne t'avais pas lâché la main lorsque nous sommes tombés, tu aurais été saine et sauve.


-Tu as tort, Elizabeth. Tu n'as rien à te reprocher et….


-Je dois partir. Coupa Tanda en repliant le parchemin. J'ai reçu une lettre de ta sœur qui m'implore de venir. Écoute-moi bien. Comme je vois que tu ne feras rien pour virer ta putain de servante, je t'implore de ne plus sortir du château. Est-ce bien clair ?


-Oui, mère. Répondit Lollys sous un ton d'exaspération, non pas qu'elle rêvait de sortir dans les rues mais elle en avait marre que sa mère lui donne des ordres à son âge. Mais qu'à donc ma sœur Falyse ?


-Elle a besoin de moi car elle est affublée de paysans en colère. Comme quoi, il n'y a pas qu'ici que cette maladie touche les gens du peuple.


Sur ces mots, elle s'en alla, emmenant avec elle ses deux soldats. Lollys souffla tout l'air de ses poumons et s'exclama :


-Enfin, c'est pas trop tôt.


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