La cour des grands

Chapitre 46 : Galmar

6775 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/12/2017 18:29



Galmar



Cette fois, c'était pire que tout. Châteaunoir était devenu l'endroit le moins fréquentable du monde. Pour Galmar, être au milieu d'une troupe de Marcheurs Blancs au-delà du Mur était sans doute plus enviable que de résider ici pour le restant de sa vie. Darius ressentait à présent la même chose. Des regards noirs se tournaient vers eux à chaque fois qu'ils arpentaient le Mur ou la cour du château. C'était devenu insupportable pour les deux confrères. Il leur était difficile de s'entraîner calmement, de surveiller le Mur sereinement et de manger tranquillement. Galmar et Darius étaient à présent victimes de discrimination. Ce n'était pas une stupide discrimination sur la couleur de peau, leur accent ou leur orientation sexuelle. C'était plus complexe que cela, et, dans un certain sens, plus légitime. Ils étaient soupçonnés d'être des fratricides, des tueurs de frères. Entre Galmar à qui on disait qu'il avait tué Harold du haut du Mur et Newt qui avait tué Rickon dans une bagarre, le trio, dont Darius faisait parti, était surnommé les «Trois Fratricides». Bien que Darius n'avait encore tué aucun de ses frères, le simple fait de soutenir Galmar et Newt faisait de lui un criminel aux yeux de la Garde. Lorsque Galmar était le seul à être un «tueur», il n'y avait même pas la moitié de la Garde de Nuit qui croyait à un meurtre. Dorénavant, non seulement la totalité de Châteaunoir savait que Newt avait réellement tué un frère, mais en plus, ceux qui soutenaient Galmar lorsqu'il disait qu'Harold s'était suicidé ne croyaient plus un seul de ses mots. Galmar était un tueur, Newt aussi, et Darius, lui, prenait sur lui les insultes fait à sa personne pour tentative de meurtre sur Lorius. En effet, celui-ci voulait à tout prix venger ses amis Rickon et Harold et il voulait que le trio entier se fasse exécuter. C'est la raison pour laquelle il racontait à ses frères que Darius avait tenté de l'étrangler. Lorius était même devenu un héros aux yeux de ses frères. Lorsque Darius entendait ce mensonge se propager dans la cour, il serrait les poings et était prêt à recommencer une nouvelle bagarre. Galmar, étant maintenant toujours avec lui, réussit à l'en empêcher à chaque fois. Dans son esprit, Galmar voyait à présent le Mur comme un véritable enfer. Il regrettait à présent ne pas être parti avec Olliver vers la guerre au lieu de rester dans ce coin perdu, enchaîné ici par un serment qu'il aurait préféré ne jamais formuler. Mais par-delà la colère, Galmar ressentait l'injustice. Galmar était suspecté d'avoir tué Harold alors que ce dernier avait sauté du haut du Mur. Darius subissait les reproches dû à ce terrible mensonge de Lorius. Et Newt….Galmar l'avait vu pendant la bagarre. Il avait vu Rickon tenté de l'étrangler. Newt avait du mal à respirer et Galmar jurait que le teint de son visage avait commencé à devenir bleu. Newt n'a fait qu'utilisé la seule ressource à sa disposition, la dague qu'il lui avait emprunté. S'il ne l'avait pas fait, il aurait peut-être succombé. Pendant qu'il passait tous ces événements en revue, il comprit une chose: Aucun de ses deux frères et de lui-même n'était réellement coupable. Pour Newt, c'était de la légitime défense. Et maintenant, il croupit dans une des cellules de Châteaunoir. Souvent, il prenait sa dague qu'il avait filé à Newt jusqu'au meurtre de Rickon et qu'il avait ramassé après l'incident. Elle était encore rouge du sang de Rickon et Galmar n'avait pas voulu la nettoyer, comme en symbole de l'injustice.


Ainsi donc, Darius et Galmar ne se sentait plus chez eux et ils n'avaient pas le droit de voir Newt dans sa cellule. D'après les règles de la Garde, aucun frère se retrouvant dans une cellule n'a le droit de recevoir de visite. Ce qui embêtait Galmar dans cette règle, à part le fait qu'il ne puisse voir Newt, c'est que quand c'était lui qui s'était retrouvé dans une geôle, Alliser Thorne et Janos Slynt lui avait rendu visite. Vu la position de Thorne dans la Garde, c'était normal mais Janos, lui, se démarque des autres juste parce qu'il s'entend bien avec Thorne. Il est d'ailleurs très heureux de la situation dans laquelle Galmar se trouve avec ses deux amis. Il n'arrête pas de sourire lorsqu'il entend le faux récit de Lorius. Galmar était sûr qu'il était au courant de la supercherie mais pourquoi la dénoncer si c'est pour ne plus voir son ennemi se faire discriminer? Le sourire suffisant de Janos suffisait souvent à Galmar pour le mettre hors de ses gonds. À ce moment-là, Darius l'arrêtait avant qu'il ne fasse une bêtise, comme le fait Galmar lorsqu'il s'énerve quand il entend cette rumeur sur lui et sa fausse tentative de meurtre sur Lorius.


Deux jours étaient passés depuis la mort de Rickon. La crémation de ce dernier était prévu pour le matin. Cette fois, le mestre n'avait pas besoin de remettre les os en place pour que le cadavre soit prêt à être placé sur le bûcher. Mais, comme on pouvait s'y attendre, cette crémation fut pire que celle d'Harold. Les regards étaient aussi noirs que leurs habits. Même Thorne l'a sous-entendu lorsqu'il a prononcé l'habituel discours.


Il s'appelait Rickon Rowle.

Il nous était venus de Port-Réal.

Né dans le quartier pauvre de Culpucier,

il a préféré l'honneur de la Garde de Nuit et a pris sa vie en main.

Aujourd'hui, il est parti, pour rien.

Et c'est ainsi que sa garde prend fin.


Comme le veut la tradition, tous les hommes de la Garde de Nuit répétèrent la dernière phrase. Galmar et Darius ne trouvèrent pas la force de rester dans la cour jusqu'à ce que le corps de Rickon ne soit plus que cendres. Ils voulurent prendre tout d'abord l'ascenseur et s'en aller en haut du Mur mais le frère qui s'occupait de faire monter les membre de la Garde était à la crémation. Ensuite, ils voulurent trouver un coin où s'entraîner dans la cour mais le bruit qu'aurait provoqué leur entraînement aurait ruiné l'instant solennel de ce moment. Valait mieux ne pas rajouter de l'huile sur le feu en faisant signe de manquer de respect à la mort de Rickon. Enfin, Galmar prit la décision de se réfugier dans le réfectoire et d'attendre que la crémation soit terminé. Tandis qu'ils marchaient vers l'intérieur du château, des yeux haineux les suivaient avant que ceux-ci ne se recentrent vers les flammes. Une fois entrés, Galmar se laissa tomber sur un des bancs et s'affaissa sur la table, comme s'il ressortait d'une épreuve exténuante. Darius s'installa en face de lui.


-J'en ai marre, Darius. Avoua Galmar d'un ton énervé.


-Moi aussi. Répondit Darius du même ton.


Les deux frères restèrent là, à essayer de chasser de leur tête les expressions enragées de leurs frères. Même quand ceux-ci n'étaient pas là, ils les hantaient. Ils semblaient ne pas avoir un seul temps de répit. Tout à coup, les portes s'ouvrirent. Darius et Galmar n'avait pas vu le temps passé et virent à travers la porte la petite montagne de cendres balayée par deux de leurs frères. Toute la Garde était en train de s'installer au réfectoire et les cuisiniers arrivèrent avec des bols de ragoûts. Galmar et Darius restèrent le nez sur leur bol, ne voulant plus subir le jugement des autres. Les deux amis semblaient partagés le même sentiment. Ils détestaient devoir baisser le regard. Au milieu du repas, Galmar n'en pouvait plus et décida de fixer quiconque osait le regarder, lui ou Darius. Celui-ci, après avoir compris son changement d'attitude, fit de même. Parmi beaucoup de ceux qui les jugeaient, ils recollèrent leur nez sur leur assiette après que Galmar ou Darius eurent choisi de les fixer mais d'autres, comme Lorius, prenaient cela comme un défi et jouaient à celui qui fuirait le regard de l'autre en premier. Ces défis n'avaient presque pas de fin et se finissaient toujours avec un sourire moqueur. Galmar vit Janos qui paraissait avoir aperçu ce petit jeu. Dès que Galmar tourna la tête vers lui, il se redressa et commença à jouer. On aurait dit un gamin qui n'attendait que de l'attention pour se sentir puissant. C'était si puéril que Galmar ne s'empêcha pas d'esquisser un sourire aussi moqueur que celui de ses frères et de murmurer à Darius «Mais quel idiot, celui là». Janos, paraissant avoir compris l'attitude qu'il avait eu et voyant Alliser le juger, il se recentra sur son assiette, son teint devenu rouge. Le repas, dans sa globalité, fut long et éprouvant pour les deux discriminés. Quand tout le monde eut fini son bol, Alliser Thorne se leva et parla d'une voix forte qui permis à chacun de se tourner vers lui et plus vers Galmar et Darius.


-Mes frères, la Garde de Nuit va mal, très mal. Jamais, depuis toutes ces années que j'ai passé ici, je n'ai vu la Garde aussi affaiblis. Si le récit de Galmar sur la mort d'Harold est vrai, alors nous avons diminué notre effectif de moitié. Mais c'est aussi la première fois que je vois la Garde comme une bande de gamins. Vous êtes, pour beaucoup d'entre vous, indisciplinés, que ce soit en combat ou en attitude. L'incident avec Rickon l'a prouvé. Et à vous voir ce midi, jouant à des jeux de regards stupides, je me dis que vous vous êtes tous mis d'accord pour me le prouver une nouvelle fois.


Galmar et Darius eurent un sourire. Galmar, pendant la crémation de Rickon, pensait avoir perdu le soutien de Thorne.


-J'espère que ce qu'il se passera en fin d'après-midi vous servira de leçon, à vous tous. Dit Alliser.


Il tourna la tête sur toute l'assemblée et s'attarda un peu plus sur Galmar. Tout le monde se demandait ce qu'il se passerait dans cette fin d'après-midi.


-Avant que nous mangions ce soir, j'ai le regret, mais aussi la responsabilité, de mettre à mort votre frère, Newt.


Galmar eut le plus grand pincement au cœur qu'il ait jamais eu. À voir la tête de Darius, il lui était arrivé la même chose. Toute la Garde les regardait. Leurs frères n'arboraient plus la même expression haineuse envers eux et ils n'étaient pas non plus amusés. Ce qui se lisait sur leur visage, c'était une sorte d'expression hautaine qui leur criait au fond «Justice va être rendu» ou «Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes». Galmar tourna la tête vers Alliser. Celui-ci le fixait avec un regard à la fois désolé et autoritaire qui hurlait autre chose que les autres «Je fais ce que j'ai à faire». Celui de Janos, comme on pouvait s'y attendre, s'empêchait du mieux possible de pouffer de rire devant les expressions terrifiées de son ennemi et de Darius. Les deux frères, ne pouvant supporter plus longtemps cette nouvelle et les regards de leurs frères, se levèrent en même temps et disparurent dans la cour.


Comme d'habitude, d'autres frères s'occupaient de surveiller le Mur et les remparts du château pendant que les autres mangeaient. Celui qui faisait actionner l'ascenseur était aussi là et dès qu'il vit Galmar et Darius approcher, il se prépara à les faire monter à contre-cœur. Tandis qu'ils montaient, Galmar serrait les poings et ne put s'empêcher de cracher à travers les grillages de l'ascenseur en direction de la cour du château. Il voulut sortir une insulte, n'importe laquelle, si possible la pire du monde, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il n'arrivait pas à trouver un mot aussi odieux pour définir ce qu'il venait de se passer. Darius, voyant Galmar aussi désemparé qu'il ne l'était, posa une main sur son épaule en guise de soutien.


-Comment se fait-il, Darius? Demanda Galmar. Comment ça se fait qu'il se passe ça?


-Je n'en sais rien, Galmar.


Une fois arrivés en haut du Mur, Galmar et Darius s'en allèrent le plus vite possible dans le poste de guet le plus éloigné de Châteaunoir où il puisse aller. Une fois arrivé à destination, Galmar frappa de toutes ses forces la paroi de glace autant de fois qu'il fut possible avant que ses poings ne lui fasse mal. Darius le laissait faire. Il se demandait lui-même pourquoi il ne faisait pas pareil. Galmar sentit des larmes lui monter aux yeux. Il ne pleurait presque jamais mais là, il lui semblait que ses émotions agissaient indépendamment de lui. Aussi, il sentit des larmes ruisseler sur sa joue. Le froid faisait de ses larmes une sorte de caresse émise par le vent, comme si ce dernier voulait lui donner du courage, une raison de ne pas se jeter du haut du Mur comme l'avait fait Harold. Cette pensée, aussi surnaturelle soit elle, le redressa et il essuya ses larmes. Il cessa de pleurer mais il sentit sa tête tourner. Le fait venait de lui sauter à la figure comme une vérité impossible à réfuter: Newt allait être exécuté dans quelques heures. Cela ne pouvait se produire. Pas lui. Pas Newt. C'était injuste. Il avait à peine son âge. Il ne pouvait être exécuté à cause d'une simple bagarre. Ce serait trop stupide. C'était même illogique. Il se décida alors de parler avec Alliser avant que l'exécution n'ait lieu. Il fallait lui faire entendre raison. Il n'était pas obligé de faire ça pour faire comprendre à la Garde que les gamineries sont terminées. Il y avait certainement un meilleur moyen. Ainsi, il attendit plusieurs dizaines de minutes. Il faisait mine de guetter mais il ne regardait pas réellement les montagnes qui se dessinaient à l'horizon. De la tristesse qui avait résulté de l'annonce de l'exécution de Newt, Galmar concentrait à présent sa colère. Il voulait garder son sang-froid tout en voulant montrer au monde entier à quel point la haine l'habitait.


-Que vas-tu faire? Interrogea Darius qui venait de remarquer son expression enragée.


-Je vais voir Alliser. Reste là. Abrégea Galmar en se levant et en quittant le poste de guet devant un Darius suspicieux et inquiet.


Galmar, à chaque pas qu'il faisait était plus déterminé que jamais. Il venait de concocter un plan. Il avait peur de ce plan mais celui-ci se présentait comme la seule échappatoire qu'il lui restait. En allant vers l'ascenseur, il se rendit compte que le jugement de ses frères qui le regardait passer ne lui faisait plus rien. Il les niait comme s'il s'agissait d'insectes absolument digne de la moindre attention. Il prit une torche et fit signe au frère situé en bas pour le faire descendre. Quand ce dernier comprit qu'il avait fait descendre Galmar, il semblait regretter son geste. Galmar traversa la cour d'un pas ferme et s'aventura dans le réfectoire, désormais désert, hormis Alliser et Janos qui étaient restés à leur place pour discuter calmement. Quand Galmar entra, ils le regardèrent médusés. Galmar voulut paraître le plus calme possible et prit soin de refermer la porte derrière lui. Il s'avança vers Alliser qui était persuadé de la raison de sa visite. Avant même que Galmar ait prononcé un mot, Alliser tonna d'une voix autoritaire:


-C'est non, Galmar. Je suis désolé mais le sort de ton ami est déjà scellé.


-Attendez, s'il vous plaît, ser Alliser. Vous ne pouvez pas faire ça.


-Et pourquoi pas? Rétorqua Janos. Ton ami est un traître, un parjure. Il avait prêté serment et il va en payer le prix.


-Ce n'est pas à vous que je parlais, Janos Slynt. Scinda Galmar d'une voix forte.


Janos se tut mais il fixa Galmar comme si celui-ci lui avait mis un violent coup de poing dans l'estomac.


-Ton ami a tué un des nôtres. Répondit Alliser sans prendre compte de leur dispute. Si ce crime n'est pas punit sévèrement, la discipline ne régnera pas au sein de la Garde.


-La punition doit-elle forcément impliquer la mort du coupable? Demanda Galmar, à présent désespéré.


-La Garde de Nuit existe depuis huit mille ans. Jeor Mormont est, ou était, le 997° Lord Commandant de la Garde. Et durant tout ce temps, nous avons respecté nos traditions. Celui qui tue un de ses frères est considéré comme traître et doit subir le châtiment de l'épée. Tu ne peux rien face à ça.


Galmar perdait sa foi en une solution quelconque. Il y avait toujours le plan qu'il avait concocté mais il aimerait ne pas avoir à le réaliser si possible. Il chercha un argument, une réponse assez puissante pour faire changer d'avis Alliser. Un bruit de bois éclaté et de liquide s'évaporant dans la neige retentit alors dans la pièce. Alliser se leva et regarda à travers la fenêtre. Un membre de la Garde avait par mégarde dans son entraînement foncé dans un des rares tonneaux de bière qu'il restait et qui s'était fracassé sous le choc.


-Quel con! Grinça des dents Alliser. Restes-là. Je m'en vais lui dire deux mots.


Et Alliser sortit de la pièce en trombe et rejoignit le garde maladroit. Janos et Galmar était seuls. Les deux hommes se fixaient à présent comme jamais ils ne s'étaient fixés depuis longtemps. Un air de triomphe apparut sur le visage de Janos, comme le remarqua Galmar et qui éveilla sa curiosité.


-Qu'est-ce que tu as à sourire? Demanda-t-il.


-Oh rien. Je me dis que tu dois vivre l'enfer en ce moment et ça me fait sourire.


-Alliser a dit que nous ne devrions plus nous adresser la parole alors ferme-là, sale meurtrier. Ordonna Galmar.


Le teint de Janos devînt rouge et il perdit son air de triomphe.


-Alors tu n'as pas oublié?


-Comment pourrais-je oublier un truc pareil? Tu as tué tellement d'enfant. Tu devrais croupir dans les abysses des Sept Enfers.


-Tu….C'était un ordre du Roi Joffrey! S'énerva Janos qui commença à se lever.


-Un adolescent qui boit encore le sein de sa mère. Un bâtard, à ce qu'il paraît en plus. Tu as obéi à un bâtard mais moi, j'peux aller me faire foutre, hein?


-Tu n'es pas un roi!


-Et si j'en étais un, je t'aurai décapité moi même sur le billot. Sale suceur de queue imbécile.


Galmar voulait trouver les mots les plus violents pour exprimer le plus sa colère intérieure. Janos était la meilleure cible sur laquelle se lâcher. Janos tapa du poing sur la table et s'écria:


-Mais cette fois, c'est moi qui tiendra l'épée. Ton ami mourra de ma main. J'en ai discuté avec Alliser. Et tu n'as aucun droit de m'insulter, bâtard. Ou...peut-être que si.


Janos lança un sourire narquois et continua devant l'air incrédule de Galmar.


-C'est moi qui ai envoyé Lorius et Rickon sur le toit.


Galmar écarquilla les yeux.


-Je ne m'attendais pas à ce qu'il y en ai un qui meurt, en effet. Poursuivit Janos. Mais c'est même mieux que je ne l'avais prévu. Je vais tuer ton ami. Darius finira bien par flancher un jour ou l'autre. Il est plus coriace. Quand à toi… J'ose espérer que tu connaîtras un jour le même sort que Newt. Tu vas crever, bâtard.


Ce que Galmar ressentait à présent n'était plus de la colère. C'était à un niveau bien au-dessus. Dans toute sa mémoire, jamais il ne trouva un moment si enrageant que celui-ci et la première envie de meurtre de sa vie monta en lui. Il essaya tout de même de calmer cette pulsion grandissante.


-Pourquoi...Pourquoi fais-tu ça? Demanda-t-il.


-Tu me provoques trop, tu m'exècres et j'ai trouvé en toi la cible idéale pour me venger de l'injustice qui m'a été faite.


-QUELLE INJUSTICE?!!!! Gueula Galmar. Tu as tué des enfants et tu as été envoyé au Mur pour cela! Moi, j'ai subi bien plus que toi à ce niveau-là! On m'a accusé d'un meurtre que je n'ai pas commis! On m'exècre car je suis ami avec un meurtrier qui n'a fait que se défendre face à quelqu'un qui l'étranglait! Quand je vivais dans les Jumeaux, mon père me reniait comme si j'étais un de ses fils les plus exécrables! Et vous me dîtes que c'est vous qui subissez l'injustice?! Vous, vous subissez un juste retour des choses. Vous êtes un moins que rien, un lâche, un salopard, un…


-GALMAR!! Tonna la voix résonnante d'Alliser derrière lui. Il suffit! Retournes à ton poste et ne t'avises plus de t'énerver dans cette salle, c'est compris?!


Galmar continua de fixer Janos d'un air féroce. Les deux hommes se fixèrent quelques secondes avant que Galmar ne s'en aille, passant à côté d'Alliser sans le regarder. Alors, l'idée lui vînt. Il avait encore de la rage à revendre et il savait comment se venger de Janos. Il s'aventura une nouvelle fois dans la cour et s'arrêta en plein milieu. Il fixait tour à tour ses frères dont la plupart avait cessé leur entraînement quand ils avaient entendu sa voix et celle d'Alliser crier dans le réfectoire. Galmar prit alors une grande inspiration et hurla à l'assemblé autour de lui comme s'il voulait faire le plus marquant des discours.


-Mes frères! Cessez deux secondes ce que vous faîtes et écoutez-moi! J'ai quelque chose d'important à vous dire, à vous révéler! Approchez, approchez! Je ne risque pas de vous tuer, n'est-ce pas?!


Alliser et Janos sortirent du réfectoire, ne comprenant pas ce que Galmar voulait faire. Celui-ci n'avait plus rien à faire de ce que l'on pensait de lui à présent, ou de ce que l'on penserait de lui dans les prochaines heures. Il n'avait plus à réfléchir aux conséquences de ses actes. Soit ses frères resteront sourds à ces prochains dires, même si cela lui semblait inconcevable, soit tout était fini pour lui. Une fois qu'assez de frères se furent rassemblé dans la cour et voyant qu'Alliser et Janos n'intervenaient pas, certainement pour savoir de quelles révélations il parlait, Galmar continua sur un ton impérieux et de colère.


-Mes frères! Vous m'accusez d'une chose que je n'ai pas commis! Soit, vous n'étiez pas sur les lieux, je ne peux vous en vouloir pour cela. Mon ami Newt Waters, un bâtard venant de Port-Réal est, je le sais, un coupable dont les faits sont irréfutables. Mais est-ce réellement une raison pour supprimer une vie?! Non! Si cela était le cas, alors les guerres seraient vite finies et les Stark et les Lannister resteraient chez eux tranquillement! Newt a commis une faute, d'après vous? J'ai vu ce qu'il s'était passé dans cette stupide bagarre. Rickon a tenté d'étrangler mon ami qui aurait pu mourir si son agresseur ne lui avait pas laissé une main libre pour prendre sa dague! Mais, peu importe ce que je raconte maintenant, vous serez nombreux à ne pas me croire.


-Cela suffit, Galmar. Stoppa Alliser. Si tu veux nous révéler quelque chose, dis-le maintenant ou repars à ton poste. On a pas envie de te voir te plaindre sur cette «injustice» dont tu en clames tant le mot.


-Hélas, ser Alliser, poursuivit Galmar, vous vous trompez. Je ne parles pas de cette injustice-là. Je parle de celle qui ne met pas les véritables coupables sur le billot.


Tout le monde se tut. Galmar scruta l'assemblée incrédule et s'attarda en dernier sur Janos qui venait d'écarquiller les yeux jusqu'à avoir une expression des plus folles.


-Rickon est mort, Galmar. Clama Alliser. Si tant est que ton histoire est vrai, le coupable est déjà mort.


-Encore une fois, vous vous induisez en erreur, ser. Parla Galmar d'une voix plus calme. Je ne parle pas de Rickon. Mais de l'homme qui se tient à vos côtés. Janos Slynt!


Galmar cria le nom de son ennemi comme s'il voulait que ceux en haut du Mur puissent l'entendre. Il vit Janos serrer les poings, prendre son habituel teint rougeâtre et tourner la tête vers ses frères qui le regardèrent à présent. Alliser se tourna quelques instants vers Janos et s'adressa une nouvelle fois à Galmar.


-Janos n'a rien à voir dans cette histoire.


-En réalité, si, mais ce n'est pas de cela dont je vais parler. Je parle d'une autre histoire.


Galmar tourna sur lui-même au centre du cercle que ses frères avaient fait autour de lui. En même temps, il continua son discours et prit un ton de fierté pour être celui qui révèle cette terrible vérité.


-Et oui, mes frères. Je suis sûr que notre cher frère ici présent ne vous a pas révélé la véritable raison pour laquelle il a été renvoyé du prestigieux titre de Commandant du Guet de Port-Réal. Voyez, votre frère-là. Votre salopard de frère. Il est ici car la Main du Roi, Tyrion Lannister, dit le gnome, l'a punit pour avoir, écoutez-bien, assassinez une vingtaine d'enfants, dont des bébés à peine sortis du ventre de leur mère. Oui! S'exclama-t-il envoyant tout le monde jeter des regards de haine et de stupéfaction à Janos. À Châteaunoir réside un monstre. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas Newt. C'est Janos Slynt!


La main de Janos avait agrippé l'épée qui se trouvait à sa ceinture mais avant qu'il ne puisse la sortir de son fourreau, Alliser lui retînt le bras. Après un long moment de silence où l'on entendait que de faibles murmures et les grognements étouffés de Janos, Alliser s'avança dans le cercle et se tourna vers les membres stupéfaits de la Garde de Nuit. Il prit alors le même ton impérieux que Galmar, la colère en moins et l'ironie en plus, et annonça:


-C'est incroyable. Quelle révélation avons-nous là. Un membre de la Garde de Nuit a commis des atrocités par le passé.


Galmar ne comprit pas sur le coup puis, la vérité lui vînt comme une apocalypse dans son esprit.


-Vous...Vous le saviez? Demanda-t-il.


-Oui. Et alors? Je crois qu'il y a un concept qui t'as échappé lorsque tu es arrivé ici, Galmar. Quand un homme rejoint la Garde de Nuit, toutes ses fautes passées n'existent plus, quelles qu'elles soient.


-Même le meurtre de bébés?! S'indigna Galmar qui ne vit plus à cet instant Alliser comme une aide contre son injustice. Excusez-moi mais...une question me taraude l'esprit. Si on ne punit pas un crime d'une vingtaine de nourrisson, pourquoi condamne-t-on Newt pour le meurtre d'un seul homme?


Alliser ne répondit rien un temps et fixa les yeux de Galmar, haineux. Il se retourna alors une nouvelle fois vers ses frères et justifia:


-Dîtes-moi, mes chers frères. Qui, parmi vous, s'est retrouvé ici car il n'avait le choix qu'entre le Mur et le bourreau? Presque tous, hein? Certains d'entre vous ont volés des nobles. D'autres ont tués, parfois sans remords. Et même quelques-uns ont violé des femmes innocentes, voir même des petites filles qui n'avaient fait que jouer sur le mauvais terrain de jeu au mauvais moment. C'est la raison pour laquelle je ne vous respecterais pas tous, d'ailleurs. Certains regrettent ce qu'ils ont fait, d'autres non. Janos a lui aussi commis des atrocités, comme la grande majorité d'entre nous. Mais à la Garde, nos fautes sont lavées et seules comptent celles qui on eu lieu ici. Car ici commence une nouvelle vie. L'ancienne est morte.


À voir les regards de certains, Galmar comprenait qu'Alliser venait de mettre beaucoup de ses frères de son côté. D'autres restaient encore stupéfaits mais ne savaient pas quel parti prendre. La confusion s'étendait dans ce cercle. Et celui qui était le plus confus de tous était Galmar. Il n'avait pas réussi. C'était perdu d'avance. Newt allait être exécuter dans à peine plus d'une heure. Il voyait déjà la tête de son ami rouler dans la boue enneigée de la cour, détachée de son corps. Il entendit, en serrant les poings, Alliser ordonner à ses frères de vaquer à leurs occupations respectives. Il aperçut le visage soulagé de Janos et ses genoux se plièrent sous son corps lourd. Il se retrouva à genoux dans la neige et tourna instinctivement la tête vers l'ascenseur. Il vit Darius qui avait sans nul doute assisté à ce rassemblement vu son air abasourdi. Galmar regarda ses mains et frappa violemment le sol jusqu'à avoir de la boue lui sautant au visage. La rage l'envahissait. Jamais il n'aurait pensé ça. Alliser, cet homme qui le comprenait, en qui il avait foi. Cet homme qui possédait l'autorité juste qu'il fallait. Il pensait de lui qu'il était dur mais qu'il avait toujours une bonne raison de l'être. Cette fois, c'était la désillusion. Alliser Thorne n'était plus juste. Il devenait ami avec un homme qui a tué une vingtaine d'enfants sans lui rétorquer quoi que ce soit. Par-dessus tout, il allait mettre le meurtrier d'un seul homme sous l'épée de Janos qui allait l'exécuter. Darius se rapprocha de lui et posa une main sur son épaule. Il lui tendit son autre main pour le relever. Galmar hésita un instant et l'agrippa. Quand il fut de nouveau debout, il ne pensa plus qu'à une chose. Son plan de dernier secours. Et la première phase de ce plan était…


-Darius, il faut que nous allions libérer Newt nous-mêmes. Proclama-t-il.


-Je savais que tu y penserais à un moment donné. Répondit Darius d'un ton amusé mais aussi désolé.


-Approuves-tu?


-Désolé Galmar mais il vaut mieux abandonné cette idée. Alliser a dût deviner que tu y penserais et il a posté plus de gardes dans le couloir des geôles. De plus, nous sommes en plein jour. C'est impossible à moins de tuer nos frères. On se ferait repérer en un rien de temps et je n'ai pas très envie d'être le responsable de meurtre avéré de mes frères, vu ce que ça provoque.


-Newt serait d'accord avec toi. Dit Galmar qui perdit alors tout espoir.


En prononçant ces mots, c'était comme si le monde s'écroulait. Il ne pouvait sauver Newt. Son ami était condamné à mort et il n'y pouvait plus rien. Lui et Darius restèrent longtemps au milieu de la cour. Ils virent deux de leurs frères préparer le billot sur l'estrade en face de l'ascenseur. À chaque coup de marteau, à chaque clou enfoncé, à chaque plaquette de bois calée et à chaque coup de silex donné par Janos sur son épée pour le provoquer, son cœur se serrait de plus en plus. Son visage se crispait et il ne compta pas le nombre de fois où il se retînt de verser une larme. Quand il tournait la tête vers Darius, il voyait clairement qu'il était en train de sentir la même douleur. En même temps que Janos aiguisait le plus minutieusement possible son arme, il repensait à chacun des moments passés avec Newt.


Newt Waters l'avait accompagné lors de son premier, et seul, voyage au-delà du Mur avec Darius. Des loups-garous avaient été lâchés sur eux et Newt avait été blessé à la jambe. Ils s'en sortirent tous les trois vivants. Galmar se souvenait du jour où il était sorti des appartements du mestre après que celui-ci ait pu rafistoler sa jambe et lui donner une canne. C'était ce jour-ci où le trio avec lui, Darius et Galmar avait pris la forme d'une amitié. Galmar avait l'art du maniement de la dague et il se souvenait de ses nombreux entraînements et de ses prestations devant ses frères. Il revoyait le visage de Newt, ébahis face à autant de talent. Darius, lui, était à l'aise dans le maniement de l'épée, des très grandes épées. Combien de fois Galmar ou Newt flanchèrent sous le poids des coups de Darius, il ne s'en souvenait plus. Une fois, Newt avait eu le pied planté dans la boue pendant un entraînement avec Darius. Celui-ci dût l'aider à s'en sortir et la botte de Newt était restée coincée. Ceci les avait fait tellement rire que certains frères les avaient regardés comme s'ils étaient des bêtes de foires étrangères. Newt, de son côté, maniait l'arc à la perfection. Une fois, il décocha une flèche dans une fissure d'un rempart, à l'autre bout de la cour. La pointe de la flèche y est encore, aujourd'hui. À eux trois, ils formaient le parfait trio, maniant tout types d'armes et liés par une amitié sans faille. Au fil du temps, Galmar avait appris à connaître Newt. Ils étaient tout deux bâtard mais lui était de Port-Réal et ne faisait pas partie d'une lignée modeste. Rickon était aussi de Port-Réal et venait du quartier pauvre de Culpucier. Peut-être les deux hommes vivaient dans le même quartier et se sont déjà croisés sans savoir que l'un des deux allait tué l'autre à l'avenir. Newt avait un caractère un peu timide mais ne manquait pas de sang-froid quand il devait en avoir besoin. Il n'avait pas peur face à la grande épée de Darius qui fondait sur lui. Même s'il était mauvais, Darius n'arrêtait pas de le féliciter de son courage et de son calme, contrairement à Galmar qui, bien qu'un peu plus habile à l'épée, avait le reflex de s'éloigner de plusieurs pieds quand Darius fonçait sur lui. Tous ces souvenirs, ces émotions, ces moments inoubliables pour en arriver là. À la mort. Pur et simple.


Galmar, bien que croyant aux Sept Dieux, il avait une opinion assez tranché de la mort. Pour lui, rien n'existait après. Pour lui, les humains ne sont que de la chair, des os et du sang. Rien de plus. Estimer qu'il y a une vie après la mort équivaudrait à avoir peur de la mort et de s'obliger à s'en rassurer. Pour Galmar, il valait mieux se préparer à l'extinction de l'âme plutôt qu'à s'en inventer une en vain. Mais malgré sa philosophie, une partie de lui espérait qu'un autre monde existe. Cette fois, il y pensait plus que jamais. Il voulait que Newt survive à la mort. Qu'il puisse accéder à cet au-delà que ces foutus Septons promettent tant. Au moment où l'épée de Janos rencontrera le cou de Newt, il espérait qu'il quitte ce monde instantanément, sans douleur, et puisse commencer une nouvelle vie. Mais plus il y pensait, plus cette possibilité lui semblait éloigné et inconcevable. Alors, il repris ses pensées et les ramena dans la cour de Châteaunoir.


Beaucoup de frères s'étaient rajoutés devant l'estrade. Janos avait cessé d'aiguiser son épée mais il aimait la brandir pour montrer à quel point son arme resplendissait. Alliser se tenait sur l'estrade tout en restant assez loin du billot. Il voulait conserver un aspect solennel et autoritaire. Le billot était une simple planche de bois tenu par des tréteaux. Galmar avait déjà vu la justice se rendre de la même manière aux Jumeaux. Le condamné devait se pencher sur la planche et placer sa tête dans le vide. Ainsi, il fermait souvent les yeux pour ne pas voir son destin funeste lui trancher la tête. Alliser fit signe à deux frères d'aller chercher le condamné. Il n'y avait plus rien à faire.


Galmar avait peur de voir un Newt apeuré qui gémirait à chaque pas fait vers le lieu d'exécution. Il fut soulagé en voyant qu'il n'en était rien. Ses deux frères le tenaient chacun par un bras et l'emmenait avec force. Newt avait le visage déconfit. Il ne pleurait pas et avait sans doute compris qu'il ne pouvait rien faire à ce qui l'attendait. Il monta les marches lentement. Le public, si l'on ose l'appeler comme ça, resta silencieux. Janos jonglait avec son épée et souriait jusqu'aux oreilles quand Newt arriva à sa hauteur. Il arrêta de jongler. Le condamné et le bourreau se regardèrent les yeux dans les yeux dans une tension qui se faisait ressentir dans toute la cour. Le vent lui-même était inexistant. Galmar, bien que triste, serrait les poings et se décida à regarder jusqu'au bout la scène. Darius faisait de même. Les deux amis ne voulaient pas rater une seule seconde des derniers instants de leur troisième ami. Ils avaient pris conscience que ce moment contenait les derniers souvenirs qu'ils allaient garder de Newt. Ce dernier se tourna vers le billot, et en même temps, vers le public. Il chercha du regard ses deux amis. Dès qu'il les aperçut, il se redressa et sembla regagner un peu de courage et de fierté.


-Un dernier mot, traître? Demanda d'un ton méprisant Janos.


Newt se tourna vers lui et prononça ses derniers mots qu'il énonça assez fort pour que la cour entière l'entende.


-J'ai écouté le discours de Galmar depuis ma geôle. Si j'ai un dernier mot à te dire alors j'espère que tu vas crever, comme moi, sur un billot mais cette fois par l'épée d'un homme comme Galmar. Car il aura fait le bon choix. Sale lâche.


Janos menaça de ses yeux le visage trop fier pour lui de Newt et regarda ensuite Galmar dans la foule qui esquissait un sourire face à ce qu'il venait d'entendre.


-Tu ne chanteras plus comme ça bien longtemps, traître. Proclama-t-il en faisant signe à deux frères de le faire baisser sur la planche de bois.


Tout était près. Malgré les mains fermes qui le tenait, il s'efforçait de lever la tête pour lancer un dernier sourire à ses deux amis. Janos leva haut son épée.


-Que cela te serve de leçon, bâtard! Lança Janos à l'adresse de Galmar.


Il empoigna ferme son épée. Newt réussit à faire un sourire avant de baisser la tête. La foule suivait des yeux le mouvement de l'épée. Galmar et Darius fixait la tête de leur ami qui n'allait pas tarder à rouler par terre. La lame brilla alors face à la clarté des nuages et son mouvement vers le bas fut suivi d'un sifflement dans l'air puis, d'un bruit mat. L'épée, dans son élan, toucha même le sol. Elle ne brillait plus. Quelqu'un l'avait teinté en rouge. Le son d'une chose inanimée s'écrasa sur le sol. La tête. Suivit d'une autre une seconde après. Le corps. Le silence était assez exceptionnel, cette fois-là. Il était calme. Une tension venait de disparaître. Une page venait de se tourner. Quand Galmar s'en rendit compte, il était déjà loin. Une lettre envoyée à son frère, une monture, un ami coriace à ses côtés et une nuit noire qui vit se réaliser le plan qu'il avait concocté. Châteaunoir n'abriterait plus le bâtard des Frey et son ami. Il se retourna une dernière fois vers le géant mur de glace. Et voici que sa garde prend fin.


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