La cour des grands

Chapitre 72 : Mhaegen

3525 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/01/2019 17:04



Mhaegen



Mhaegen profitait de chaque caresse que Lollys lui procurait. Ce soir-là, elles s'étaient décidées de profiter au maximum de leur union. Enlacées l'une à l'autre dans les draps, leur amour ne sembla jamais aussi fort qu'à ce moment. Dans le noir, chacune voyait à quel point l'autre était heureuse. Dans le silence de l'appartement, seul le bruit de leur respiration exténuée et des glissements de draps se faisaient entendre. Tous les sens des deux jeunes femmes étaient en émoi jusqu'à ce que vienne la fin de leur tendre étreinte. Elles finirent par s'endormir sous les étoiles de la capitale, rêvant de cette nuit comme étant celle qui leur avait procuré le plus de plaisir et d'amour de toute leur vie. Tout était si calme et serein, cette nuit-là. Mhaegen aurait donné n'importe quoi pour que celle-ci soit éternelle.


Cependant, lorsque l'aube éclaira la ville, accompagné de sa fraîcheur matinale, le temps était venu de laisser place au stress. Une fois réveillé, Mhaegen se souvînt immédiatement de ce qu'elle devait faire ce jour-là. Doucement, elle s'extirpa des bras de Lollys et prit un rapide petit-déjeuner. Dans un grand sac qu'elle allait devoir porter à bout de bras, elle y disposa tout son matériel alchimique ainsi que les quelques livres qui lui serviront dans ses projets. Dans sa hâte, elle prenait tout de même grand soin à ne rien casser dans la précipitation. Elle devait se dépêcher. Qui sait quand elle arrivera. Une fois son sac préparé, elle expira un bon coup. Elle se tourna vers Lollys et s'approcha d'elle. Il semblait incroyable que sa maîtresse ne soit pas réveillé après tout ce bruit qu'elle avait fait lors de son rangement. Mhaegen se mit au-dessus d'elle et fixa un moment son visage endormi et innocent. Lollys finit par se réveiller alors et ouvrit lentement les yeux. Elle n'eut pas peur de voir le visage de sa servante aussi proche d'elle à son réveil. Elle savait pourquoi elle se tenait là et s'empressa de l'embrasser.


-Promets-moi que tu reviendras aujourd'hui. Murmura-t-elle.


-Je suis bien obligée. Elle me tuera, sinon. Répondit avec un sourire Mhaegen.


La servante se releva et agrippa son sac qui fut plus léger qu'elle ne s'y attendait. Elle le porta sur son dos et, avant de passer la porte, déclara à Lollys:


-Je t'aime.


Comme tous les matins dans le Donjon Rouge, les seules personnes que l'on voyait dans les couloirs étaient des servantes partant dans les cuisines pour préparer le petit-déjeuner pour leurs maîtres et maîtresses. Mhaegen pût donc facilement sortir du château sans être vu. Après quelques longues minutes de marche, Mhaegen aperçut enfin les ruines de Fossedragon devant elle. Outre un des lieux les plus historiques de tout Westeros, Fossedragon était également l'endroit où Mhaegen allait se préparer à tuer un roi. Elle se retrouva au cœur des ruines et entra dans les sous-sols. Comme à sa première visite, les crânes des dragons lui procuraient tout autant de la peur que de l'émerveillement. Se dire que de tels spécimens peuplaient le ciel il y avait à peine plus d'un siècle était inimaginable. Mhaegen prit une des torches à l'entrée et s'enfonça plus avant dans les profondeurs des sous-sols. Avec le mariage du Roi Joffrey approchant, la capitale recevra plusieurs seigneurs et dames. Et certains arrivaient plus tôt que d'autres. Alors qu'elles ne devaient venir que bien plus tard, que quelques jours avant le mariage du roi, Lady Tanda Castelfoyer et sa fille aînée Falyse avaient envoyé une lettre la veille, informant Lollys et Mhaegen de leur arrivée le jour même, deux semaines en avance. Mhaegen ne devait pas rester à l'appartement. Du moins, elle ne pouvait pas continuer à y faire de l'alchimie et se devait de trouver un autre endroit pour réaliser ses mixtures. Elle avait tout de suite pensé à Fossedragon où elle avait déjà fait quelques potions qu'il fallait réaliser loin du château. Le poison qui devait tuer le roi était en effet une raison suffisante pour déménager loin du Donjon Rouge afin de ne pas être vu. Et l'arrivée de Tanda et Falyse ne faisait qu'avancer l'échéance.


Étant prévu dans exactement trois semaines, le mariage du roi Joffrey donnait un laps de temps assez court pour que Mhaegen puisse concocter le poison. Elle ne savait même pas encore lequel elle allait choisir de préparer dans son recueil de poison qu'elle avait emprunté à la Guilde des Alchimistes. Elle était très en retard et elle commençait à s'en rendre compte. De plus, elle devra jouer en parallèle les servantes modèles tant que Tanda et Falyse seraient là. Mhaegen avait peur de ne pas être prête à temps. Elle prit une torche et s'installa à l'endroit où elle s'était mise auparavant, loin de l'entrée mais assez proche pour la surveiller, afin de vérifier que personne ne vienne la surprendre dans ses concoctions. Sous l’œil vide du crâne d'un dragon, elle commença à lire quelques pages de son livre, estimant qu'elle n'était en rien presser de revenir à l'appartement pour revoir Tanda. Mais après quelques temps, elle se ravisa, ferma son livre et cacha son matériel dans la gueule du dragon à côté d'elle.


Mhaegen soupira de nombreuses fois sur le chemin du retour. Elle en avait déjà marre des ordres de Tanda alors qu'elle n'était pas encore arrivée à l'appartement. Pour justifier son absence, elle passa par les cuisines afin de prendre un pichet d'eau. Elle soupira une dernière fois avant de toquer à la porte de chez Lollys. Comme elle le craignait, Tanda était déjà là et ce fût elle qui lui ouvrit la porte. Habillée d'une robe de velours rouge comme le vin, elle avait toujours cet air sévère qui lui collait au visage. Ses longs cheveux bruns bien coiffés et ses larges sourcils étaient les éléments les plus marquants lorsque l'on pensait à elle. Ces derniers se courbèrent d'une façon impressionnante lorsque Tanda vit Mhaegen sur le seuil.


-Espèce de petite sotte! Invectiva-t-elle. N'es-tu pas censée être aux côtés de ma fille cadette, servante?!


-Excusez-moi, Lady Tanda. Répondit Mhaegen d'un air battu, ce qui ne traduisait en rien ce qu'elle ressentait, à savoir de l'amusement mêlé à tout de même un peu de colère. Dame Lollys a demandé un pichet d'eau.


-Il y en a déjà ici! Objecta Tanda.


-L'eau ici est pour mes plantes, mère. Calma Lollys, debout au milieu de la pièce.


-Tss...toi et tes foutus plantes! Soupira Tanda. Si tu veux des belles plantes, achètes-en ou appelle un jardinier. Ne perds pas ton temps à t'occuper de pétales!


Tanda s'écarta de la porte et laissa entrer Mhaegen qui la referma. Quand elle déposa le pichet d'eau, elle vit une femme qu'elle n'avait jamais vu assis à la table. Mhaegen la salua. Il s'agissait certainement de Falyse Castelfoyer. Elle était vraiment resplendissante. Sa robe de soie rose brillait de milles éclats. Elle était bien la fille de sa mère. Ses longs cheveux bruns étaient coiffés presque à l'identique. Elle avait un regard dur et à la fois sublime. Beaucoup de personnes jusqu'à maintenant ont dû tomber pour ses yeux et beaucoup d'autres seront charmés jusqu'à ce que le temps fasse son œuvre sur son visage. Lollys paraissait presque comme une intrus dans cette famille. Elle devait certainement tenir de son père.


-Bien. Je dois aller saluer la reine Cersei avec Falyse. Annonça Tanda. Lollys, donne ordre à ta servante de te rendre belle. Nous partirons nous promener dans le Bois Sacré à notre retour.


Tanda et Falyse sortirent de l'appartement. Lollys soupira un bon coup dès que la porte se ferma et s'assit devant sa table.


-Je m'étais déjà faite belle, mère. Bafouilla Lollys entre ses dents. Heureusement que tu es là, Elizabeth, ou je finirais par tout casser. En fait, non. Je ne pourrais jamais tout casser. Je suis la petite fille innocente qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui suit les ordres de sa mère comme un mouton suit une bergère. Je suis la petite fille simplette et naïve qui déçoit sa famille et….


-Chut, Lollys, plus un mot. Stoppa Mhaegen en lui faisant un câlin.


Lollys ne pleurait pas mais le regard le plus triste que Mhaegen n'eut jamais vu sur le visage de sa maîtresse apparut.


-Je déteste leurs manières, Elizabeth. Pourquoi cette vie superficielle leur convient?


-Elles sont ignorantes, Lollys. Ne les blâme pas, elles, mais leur éducation. Contrairement à nous, elles ne savent pas qu'elles vivent dans le pire des mondes qui soit. Elles sont en-dehors des réalités mais ce n'est pas leur faute. Elle ne peuvent pas réfléchir. Ne leur en veut pas. Tu es meilleure qu'elles, Lollys, tu n'es pas une petite fille. Toi, tu sais. Elles, non.


Mhaegen commença à coiffer Lollys devant un miroir. Celle-ci se calma et remercia sa servante de lui remonter le moral.


-Ne te laisse pas abattre, Lollys. Tu dois encore t'occuper de tes «foutus plantes».


Lollys commença à rire et Mhaegen la suivit dans son hilarité. Moins d'une heure plus tard, Falyse et Tanda revinrent dans l'appartement. Mhaegen avait terminé son travail. Lollys avait des cheveux aussi longs que ceux de sa mère et de sa sœur et Mhaegen les avait coiffés de la même manière qu'elles, ce dont elles ne semblèrent pas prêter attention. Elle était habillée de sa magnifique robe jaune en tissu brodé. Tout ce sublime travail de Mhaegen fut récompensé par un simple «bien» ferme de Tanda. Celle-ci ordonna alors à sa fille cadette de l'accompagner dans les jardins.


-Ma servante ne pourra pas me suivre, elle doit acheter du raisin en ville pour moi, mère. Signala Lollys. Peut-elle ne pas nous suivre?


-Pourquoi donc doit-elle aller en ville? Il y en a dans les cuisines.


-Je préfère celui du marchand.


-Comme tu voudras. Allez file, toi! Commanda Tanda à Mhaegen.


Mhaegen s'empressa de sortir de la pièce, en faisant un clin d’œil discret à sa maîtresse. D'un pas assuré, elle sortit du château pour rejoindre Fossedragon. Elle s'en voulait un peu de laisser Lollys seule avec sa mère et sa sœur. Mais Mhaegen était contente de son idée. Lollys et elle s'étaient mises d'accord entre elles. Pour que Mhaegen puisse continuer ses mixtures durant le séjour de Tanda, Lollys devait la charger d'une course à faire en ville. Pendant ce temps, Mhaegen pouvait faire ce qu'elle voulait. Elle avait donc quelques heures devant elle et s'empressa le plus vite possible retrouver sa cachette dans les sous-sols de Fossedragon.


Sa torche était encore allumée. Mhaegen en profita pour continuer de lire son recueil de poison et partit instantanément vers les poisons qui avaient un effet immédiat. En feuilletant tous ces poisons et en lisant leurs effets, elle pensait, afin de se donner du courage, tout ce qu'avait fait Joffrey. Il a battu son ami Armeca, il a tué Ros, il était fier du drame des Noces Pourpres chez les Frey et surtout, c'est lui qui a donné l'ordre d'assassiner tous les bâtards du roi Robert Baratheon. Plus d'une vingtaine d'enfants tués par la Garde Royale comme son fils, Barra. Mhaegen entendait encore ses derniers cris avant son égorgement. Et elle les entendit encore en lisant son recueil, jusqu'à ce qu'elle tombe sur une page, décrivant ce qui semblait être le pire poison du livre. Elle lut le paragraphe le concernant:


«De tous les poisons qui existent en ce monde, «l'étrangleur» est certainement celui que les assassins se retiennent le plus à utiliser. Non seulement parce qu'elle nécessite nombre d'ingrédients difficiles à trouver, mais également parce que la victime meurt d'une mort douloureuse. Comme son nom l'indique, ce poison étrangle sa victime qui finit par se noyer dans son propre sang. Comme dit plus tôt, cette potion nécessite beaucoup d'ingrédients rares. La plupart d'entre eux sont bien gardés par les plus grands mestres, à la Citadelle, dans le Donjon Rouge ou dans quelques rares châteaux de seigneur dans les Sept Couronnes».


Le paragraphe était suivi par la liste des ingrédients nécessaires dont certains étaient méconnus de Mhaegen tel qu'une larme de Lys qui était apparemment un autre poison qui venait compléter la préparation de «l'étrangleur». D'autres étaient assez étranges aux yeux de Mhaegen comme le sang de veuve. Le sang d'une veuve serait différent d'un sang normal, donc. C'est en voyant la recette qu'elle comprit que ce genre de poison n'avait certainement jamais été préparé par quelqu'un d'autre que des maîtres alchimistes. Mais elle était faisable. Et Mhaegen décida de choisir ce poison. Il était en effet certes horrible. Joffrey allait souffrir avant de mourir. Mais Mhaegen faisait partis de ceux qui pensaient que la mort n'était pas une punition suffisante. Mourir ne dure pas longtemps et tous les tourments et les douleurs s'en vont après. Alors qu'un poison comme l'étrangleur rendait la mort plus lente et douloureuse. Mhaegen savait que ce qu'elle s'apprêtait à faire était éthiquement douteux. Mais en lisant de nouveau la recette pour bien l'apprendre, elle entendait les cris de Barra. On ne meurt pas instantanément d'un égorgement. Les cordes vocales coupées empêchent de crier et tout le sang s'échappe peu à peu avant que la victime ne se sente trop faible pour continuer de s'accrocher à la vie. C'est l'affaire de quelques secondes. Mais ces quelques secondes, Barra les avait vécus. Un simple bébé innocent. Chaque seconde de sa souffrance valait bien le double voir le triple de ce qu'allait subir Joffrey.


D'un bonheur qui étonna même Mhaegen, elle ferma le livre en marquant bien la page de «l'étrangleur» et partit de Fossedragon. Elle prit la direction du marché chercher des raisins pour Lollys afin que son absence n'émette pas de doute chez Falyse et Tanda. Elle prit également un sac pour les transporter et entra dans le Donjon Rouge. Elle arriva au niveau de la salle du trône lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule. Mhaegen eut à peine le temps de se retourner qu'elle avait déjà un petit parchemin dans la main. Elle vit une servante marcher rapidement vers le Bois Sacré. Elle la reconnaissait, c'était la servante de Cersei. Mhaegen n'eut même pas à ouvrir le parchemin qu'elle se mit en route vers les appartements de Cersei d'un pas lent. Sur son chemin, elle lut tout de même le parchemin afin d'être sûr qu'elle devait vraiment aller voir la reine régente. Hélas, c'était bien le cas. Elle toqua à la porte en s'entraînant pour avoir le meilleur sourire possible. La voix de Cersei l'invita à entrer, ce qu'elle fit.


-Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas appelé. Estima Cersei d'un air sérieux, voir formel, assis derrière son bureau. Comment va notre chère Lollys Castelfoyer?


-Elle va bien, Votre Majesté. Répondit Mhaegen d'un air plus assuré qu'elle ne le pensait. Sa mère et sa sœur sont arrivées ce matin.


-Oui, je les ai vus. Décidément, les dames du Sud m'insupportent de plus en plus.


-Je croyais que vous appréciez lady Tanda. S'étonna Mhaegen.


-Et bien tu avais tort. Maintenant, dis-moi. Olenna et Lollys passent beaucoup de temps ensemble. Je veux savoir pourquoi. Et ne me réponds pas qu'elles parlent seulement de joaillerie.


-La dernière fois, elles parlaient de récits de guerre de leur maison respective. Leurs deux maisons étaient alliées autrefois, il est normal de….


-Dis-moi la vérité.


-C'est la vérité, Votre Majesté.


Cersei se leva de sa chaise en fixant Mhaegen et s'approcha d'elle. Mhaegen resta immobile et tenta de ne pas montrer un seul signe de peur.


-Rappelle-moi, simple servante, à qui dois-tu allégeance?


Cersei se tenait devant Mhaegen, à seulement quelque centimètres. Mhaegen restait immobile et presque détendu. Elle finit par répondre en la regardant droit dans les yeux:


-À la peur que vous voulez m'inspirer.


Cersei eut un petit sourire. Elle recula et se rassit à sa place.


-Cette réponse me convient. Mais sache, ma chère, que tu dois rester à ta place. Vu que tu ne l'as pas appris avec Lollys, tu vas l'apprendre avec moi.


-Que voulez-vous dire, Majesté? Interrogea Mhaegen, interloquée.


-Je sais que tu n'es pas une simple servante pour Lollys. Tu es son amante, n'est-ce-pas?


-Non, jamais je….


-Cesse de me mentir! Ordonna Cersei, un regard moins formel et bien plus sévère qu'auparavant.


-C'est vrai, Majesté…. Avoua Mhaegen qui laissa la peur parler pour elle. S'il vous plaît, ma Reine, ne dîtes rien à lady Tanda, je vous en conjure! Supplia-t-elle en pliant le genou, sentant les larmes couler.


-Je ne dirais rien. Je me fiche bien de votre relation, bien qu'elle soit un excellent moyen de pression pour te faire plier comme tu viens de le faire. C'est donc de votre relation dont vous parlez avec Olenna, c'est bien ça?


-Ou...oui, ma Reine.


-Très bien. Qu'as-tu dans ce sac?


-Des raisins.


-Donne-les moi.


Réticente, mais sachant qu'elle ne pourrait pas s'y soustraire, elle sortit les grappes de raisins de son sac et les disposa sur le bureau.


-Va-t-en, maintenant.


Mhaegen sortit des appartements de Cersei, marcha rapidement sur quelques mètres avant de s'adosser à un mur, expirant tout l'air qu'elle avait accumulé dans cette salle. Elle s'était promis de ne plus avoir peur face à elle mais la reine régente était bien trop imposante pour elle. Comment avait-elle su pour sa relation avec Lollys? Mhaegen faisait l'expérience de la qualité des espions présents dans le Donjon Rouge et elle regretta de ne pas avoir empoisonné le raisin avant de rejoindre Cersei. Voir son fils aîné mourir à son mariage sera peut-être sa punition idéale. Elle saura alors ce que cela fait de perdre son enfant.


Lorsque Mhaegen revînt dans les appartements de Lollys après avoir retrouvés un état d'esprit serein, elle subit de nouveau les réprimandes de Tanda, qui estimait qu'il n'est pas bien compliqué de ramener du simple raisin. Ce à quoi Mhaegen prétextait que le marchand n'était pas en activité cet après-midi-là.


Les jours suivants furent compliqués. Tanda se révélait plus agaçante qu'elle ne l'avait été lors de sa dernière visite à Port-Réal. Quand à Falyse, elle se révélait aussi arrogante et superficielle que sa mère, à la seule exception qu'elle se fichait pas mal de Mhaegen et qu'elle s'occupait bien plus de donner des conseils à Lollys pour tout ce qui avait trait aux habitudes de dames et à ceux des seigneurs qu'il fallait «séduire avec le nom de la maison et surtout avec son entre-jambe». Ce qui était censée être un amusement pour Mhaegen et Lollys de jouer les servantes et maîtresses modèles s'était révélé être un véritable calvaire en compagnie des Castelfoyer. Et Lollys, lorsqu'elle réussissait à avoir un moment seul avec Mhaegen, répétait à quel point elle était pressée que le mariage soit passé pour que sa famille parte. «Et moi donc» répondait Mhaegen. Plus les jours passaient, plus le stress était palpable pour cette dernière. Les seuls moyens d'acquérir les ingrédients étaient de s'infiltrer dans le laboratoire du mestre Pycelle qui avaient, d'après le livre, tous les ingrédients qu'il lui fallait. Pour finir, Olenna Tyrell donna à Mhaegen un collier orné de pierres bleus, au demeurant magnifique mais les pierres étaient fausses. Olenna lui chargea de mettre le poison dans une de ces pierres et qu'elle devait le donner ensuite à un certain ser Dantos Olard, connu pour être le bouffon du roi. Mais surtout, lady Olenna ordonna à Mhaegen de se dépêcher. Alors, Mhaegen commença à concocter, non pas encore le poison, mais un plan afin d'entrer dans le laboratoire du mestre, gardé par quelques soldats. Elle y consacra plusieurs jours depuis celui où elle avait décidé d'utiliser «l'étrangleur» et alors que le château se remplissait des invités pour le mariage du roi Joffrey, que les nerfs de Lollys étaient mis à rude épreuve, que Margeory Tyrell se demandait quelle tenue elle allait porter pour le mariage, la dernière étape pour Mhaegen sur le chemin qu'elle s'était tracé approchait à grand pas. Et dans l'ombre, le destin de tout Westeros reposait sur ses épaules.

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