Le Dernier Dragon II : « Jon Snow »

Chapitre 3 : L’œuf Noire

6791 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/03/2017 20:40

Cinq ans plus tard

Masqués, les agresseurs jaillirent de l’ombre, le gourdin prêt à frapper.

Jon Snow s’élança sur la gauche, mais deux autres attaquants l’y attendaient. Un gourdin siffla à son oreille et lui effleura l’épaule. Il riposta d’un coup de poing au visage et fila vers le couloir Est, en direction du Septuaire. Les yeux de marbre froid de la statue de la Mère l’attirèrent silencieusement tandis qu’il courait. D’un bond, il grimpa sur le socle de pierre et se réfugia entre les jambes de la déesse.

— Descends de là, bâtard, cria un des tourmenteurs, nous avons quelque chose pour toi.

— Vous n’avez qu’à monter pour me le donner !

Les cinq assaillants se jetèrent sur lui. Le premier fut repoussé d’un coup de pied au visage. Un gourdin s’abattit sur la cuisse de Jon et lui fit perdre l’équilibre. Il effectua un roulé-boulé, détendit brusquement la jambe pour faire chuter l’un de ses adversaires et reprit appui sur le socle de la statue. D’un bond, il sauta par-dessus ses agresseurs et retomba lourdement sur le pavé. Un bâton lancé le frappa entre les omoplates et il tituba. Aussitôt, ses cinq agresseurs fondirent sur lui et lui immobilisèrent les bras.

— Cette fois, nous te tenons, fit une voix étouffée par une lourde écharpe en laine.

— Pas besoin de te voiler la face, Gerold Dayne, rétorqua Jon, les dents serrées. Je t’ai reconnu à l’odeur.

— Tu ne prendras pas part à la finale, demain, intervint un autre garçon. C’est bien compris ? Tu n’aurais jamais dû obtenir l’autorisation de participer. La joute c’est pour les nobles, pas pour les bâtards.

Jon détendit ses muscles et baissa la tête en signe de soumission. L’étreinte de ses adversaires se relâcha et il en profita pour se dégager. Son poing frappa Dayne au visage, et en réponse ses cinq agresseurs le rouèrent de coups de poings et de pieds. Il tomba à genoux mais Dayne le releva en le tirant par les cheveux. Ses bras furent de nouveau immobilisés dans son dos.

— Tu l’auras bien cherché, décréta Gerold en armant son coup.

Jon ressentit une violente douleur à la mâchoire. Il serait tombé s’il n’avait pas été retenu. Un déluge de coups au visage et au ventre s’abattit sur lui, mais il se retint de crier.

La douleur n’existe pas, se répétait-il en son for intérieur. La douleur n’existe pas.

— Hé ! Qu’est-ce qui se passe, ici ?

— La garde, chuchota l’un des assaillants. Lâchant leur victime, les cinq garçons s’enfuirent dans une allée.

Jon s’effondra aux pieds de la Mère. Deux soldats se précipitèrent sur lui au moment où il se remettait sur pied.

— Que t’est-il arrivé ? demanda le premier en lui saisissant l’épaule.

Jon se dégagea et cracha un peu de sang.

— Je suis tombé, répondit-il.

— Et tes amis t’aidaient à te relever, j’imagine ? Si tu nous accompagnais un peu, hein ?

— Je n’ai pas besoin d’escorte.

— Ils sont peut-être entrain de t’attendre quelque part.

— Je sais. Mais cette fois, ils ne me prendront pas par surprise.

Jon quitta le Septuaire et jeta des regards circulaires. Ses agresseurs devaient s’attendre à ce qu’il retourne dans ses appartements. Au lieu de cela, il traversa le couloir et sortit dans les jardins, il s’accroupit derrière un buisson et attendit l’aube.

Il avait faim, mais sa mâchoire lui faisait trop mal pour qu’il puisse mâcher le pain rassis qu’il avait gardé du petit déjeuner de la veille. Au-dessus du mont Aegon, le soleil peinait à se lever ; plus bas, la baie de la Néra scintillait de vie. Le jeune homme frémit lorsque la chaleur de l’astre du jour caressa son corps maigre et nerveux. L’instruction militaire qu’il recevait dans la cavalerie lui apprenait à ne jamais céder devant la douleur. Jon était un bon élève, mais la chaleur imprévue lui rappela soudain combien il avait eu froid au cours de cette longue nuit passée dans les jardins royaux du Donjon Rouge.

Il mordit prudemment dans le pain noir et réprima à grand-peine un gémissement de douleur. Gerold Dayne n’y était pas allé de main morte et, ceinturé comme il l’était, Jon n’avait pas eu la moindre chance d’accompagner le coup. Il toucha délicatement ses gencives du bout du doigt ; une de ses dents branlait. Rompant le pain, il en glissa un petit morceau entre ses molaires de droite et le mastiqua lentement. Une fois son frugal petit déjeuner achevé, il se leva. Son flanc gauche lui faisait mal et il souleva son justaucorps pour inspecter les dégâts. Une grosse ecchymose de couleur violette était visible au niveau de ses côtes et du sang maculait son bassin.

Il s’étira et s’immobilisa en entendant quelqu’un approcher. Sans perdre une seconde, il se réfugia derrière les buissons et attendit, le coeur battant, que le ou les nouveaux venus fassent leur apparition. Sa main se referma sur un fragment de marbre acéré comme un fer de hache. Si ses agresseurs de la nuit l’avaient suivi jusqu’ici, la mort serait au rendez-vous.

Un garçon élancé vêtu d’une tunique blanche apparut. Il avait des cheveux bleus et bouclés et des sourcils épais. Jon ressentit un immense soulagement en reconnaissant Griff Connington. Laissant tomber son arme improvisée, il se redressa avec difficulté. Griff l’aperçut et courut jusqu’à lui.

— Cela va trop loin, à ce train là tu ne tiendras pas le coup.

Jon se força à sourire.

— Tout s’arrêtera aujourd’hui, enfin peut-être…

— Seulement si tu perds, Jon. Et il le faut. Sinon, j’ai bien peur qu’ils essayent de te tuer.

— Je ne perdrai pas, sauf si le prince Aegon est plus doué que moi… ou s’il a la faveur des juges.

— Évidemment qu’il l’aura. Adémar Velaryon m’a dit que Rhaegar viendrait assister à la finale. Crois-tu vraiment que les juges laisseront un fils du roi être humilié ?

Jon posa la main sur l’épaule de son ami.

— Dans ce cas, pourquoi t’inquiètes-tu ? Si je dois perdre, qu’il en soit ainsi. Mais je ne jouerai pas pour perdre délibérément.

— Tu es une tête de mule, tu le sais, Jon ?

— J’ai du sang de loup dans les veines, je n’y peux rien, et puis j’ai cru comprendre que les Connington ne cédaient pas aussi facilement.

—  Je ne cherchais pas à t’insulter, Jon, tu le sais bien.

— Toi, non, répondit-il en prenant la main de son ami. Mais penses-y tout de même : à tes yeux, je demeure un bâtard.

Griff se dégagea, choqué.

— Tu es mon ami, se défendit-il.

— Là n’est pas le problème. Ce n’est pas ta faute si tu es un noble au sang pur, dont les ancêtres étaient des seigneurs avant le débarquement de Nymeria à Dorne. Ton père a marché sous les ordres du roi et n’a jamais connu la défaite. Tu as sans doute des amis chez les nobles et les autres familles vassales, mais tu ne les considères pas comme tes égaux.

— Ta mère est la Perle Noire du Dragon, tout le monde redoute dame Serala d’Asshaï.

Jon éclata de rire, et ôta son pourpoint en grimaçant. Des bleus et des coupures couvraient son corps élancé, tandis que son genou droit avait commencé à enfler. Son visage anguleux était également meurtri, son œil droit presque clos.

— Voici les marques que je dois à mon sang, fit-il. Je n’avais que six ans lorsque l’on est venu me chercher chez ma mère et, depuis, le soleil ne s’est jamais levé sans que je sois meurtri dans ma chair.

Griff garda le silence, incapable de répondre pour réconforter son ami.

— Peu m’importe que tu sois un bâtard, Jon, quel que soit ton choix, je serai à tes côtés.

— Je n’en ai jamais douté.

— Je serai avec toi tout au long de l’épreuve et je prierai le Guerrier pour qu’il te montre la voie de la victoire. Veux-tu que je reste un moment ?

— Non, je vais rentrer me changer, puis je te retrouverai en lice à trois heures après midi.

Griff hocha la tête et s’en alla. Jon le regarda partir, puis reporta toute son attention sur Port-Réal qui commençait à s’éveiller. Non ! Il devait gagner contre le prince Aegon. Pendant treize ans, Jon Snow avait enduré les coups et les insultes, convaincu que le jour viendrait où les autres finiraient par l’accepter. Mais son heure de gloire avait peut-être sonné, car il s’était comporté au-delà de toute espérance dans les jeux, décrochant ainsi une place pour la finale. Mais qui, entre tous les jeunes garçons de la cour, allait-il y affronter ? Nul autre que le prince Aegon Targaryen.

Le concours était un simple jeu de cyvosse grandeur nature qui opposait deux armées identiques, chacun des deux adversaires jouant le rôle d’un général, donnant les ordres et choisissant la formation de combat de ses troupes. Les soldats étaient sculptés dans le bois ; il n’y avait donc ni morts ni blessés. Les pertes étaient calculées par deux juges au moyen d’osselets numérotés.


Jon ferma les yeux, et se rappela la finale de l’année précédente, qui s’était déroulée dans les jardins royaux. La bataille avait duré deux heures. Bien avant son terme, Jon, las, était parti se promener sur la place du marché. La partie s’était résumée à une simple guerre d’usure, les deux armées s’affrontant au corps à corps tandis que les juges jetaient leurs osselets. Au bout du compte, une fois les morts retirés, l’armée blanche avait été déclarée championne.

Une démonstration sans intérêt. À quoi pouvait bien servir une telle victoire ? Le vainqueur l’avait emporté avec moins de cent soldats valides. En situation de combat réel, il aurait été balayé par la moindre contre-attaque ennemie.

Jon savait qu’il était stupide de conduire une bataille de cette façon.

Aujourd’hui, les choses se passeraient différemment. Qu’il l’emporte ou non, tout le monde se souviendrait de sa manœuvre.

Tiraillé par la faim, Jon sortit des jardins et se rendit dans les cuisines pour trouver quelque chose à manger. Il opta pour une soupe aux légumes et du fromage, puis prit place à l’écart dans la cantina des gardes, et déjeuna en regardant le vide sans lorgner les autres arrivants, dont l’un d’eux n’était autre que le prince Aegon Targaryen. Ce dernier s’était installé à l’autre bout du réfectoire, en compagnie de Gerold Dayne et d’une douzaine d’autres courtisans ; tous firent semblant de ne pas voir le bâtard. Jon mangea puis, repu, sortit de la cantina et se dirigea vers ses appartements qui avoisinaient ceux de dame Serala. Une fois dans ses quartiers, Jon se lava pour se débarrasser de la poussière dont il était couvert et peigna ses cheveux noirs, puis il enfila une nouvelle tenue de couleur bleue et une nouvelle paire de bottes.    

Sortant de ses appartements, il décida d’aller saluer dame Serala, mais on lui annonça qu’elle était en réunion avec le roi dans la salle du Conseil. Les paroles de Griff lui revinrent en mémoire :

« Ta mère est la Perle Noire du Dragon, tout le monde redoute dame Serala d’Asshaï. »

En effet, tout le monde la redoutait, mais l’ensemble la méprisait. On la surnommait la Putain du Roi, et Jon avait mal chaque fois qu’il entendait les courtisanes ou les dames de parage médire sur sa tutrice, mais il s’en fichait. Un jour il deviendrait chevalier et couronnerait sa tutrice Reine d’Amour et de Beauté.

Sur ces pensées encourageantes, il partit au courant vers la demeure la colline de Rhaenys.

*

La colline de Rhaenys se trouvait le plus au nord de Port-Réal. A son sommet se dressait Fossedragon, l'ancienne bâtisse colossale où avaient demeuré les dragons de la maison Targaryen.

Brynden Tully s’était éveillé tôt le jour de la finale. Le soleil venait juste d’apparaître au-dessus des cimes du mont Aegon et de longs traits de lumière traversaient les volets gauchis de sa chambre. Il poussa un grognement et roula sur le côté. Il aimait dîner avec le roi mais, comme la vie le lui démontrait souvent, le moindre plaisir se payait ensuite au centuple. Une succession de coups martelait ses tempes et il avait mal au coeur. Inspirant profondément, il s’assit et repoussa le drap fin qui le couvrait.

Ses abdominaux étaient encore tendus malgré ses quarante-sept ans et sa peau bronzée luisait d’un éclat d’or, reliquat de fréquents exercices accomplis, nu, sous le soleil du matin.

Le Silure se leva et s’étira devant son miroir. Ses yeux n’étaient plus aussi affûtés qu’autrefois et il dut plisser les paupières pour mieux distinguer son reflet. Il nota avec dégoût les poches creusées sous ses yeux bleus et les fils d’argent qui parsemaient ses cheveux blonds. Il détestait vieillir, et craignait le jour où ses amantes ne viendraient plus à lui que par devoir ou en échange de paiement.

La jeune femme de la nuit dernière était tombée sous son charme, mais elle avait surtout désiré être vue en compagnie du grand Silure, héros de la conquête de l’île de Pyk, vétéran de la rébellion Greyjoy, le rebelle de Vivesaigues reconnu comme l’un des plus grands chefs militaire de son époque. Il gloussa, jugeant ces pensées décidément réconfortantes, puis ouvrit les volets et retourna s’asseoir sur le lit après avoir pris le soleil quelques instants.  

La rébellion Greyjoy : son année de gloire. A qui la devait-il ? Aux Sept, ou à une chance aveugle ? Comment savoir ? Le soleil brillait dans un ciel exempt de nuages. Comme à Pyk, lors de ce jour où tous ses rêves, toutes ses croyances avaient été mises à rude épreuve ; ce jour ou Rhaegar en personne dut livrer bataille pour ramener les Iles de Fer dans le giron de la couronne. Le regard du Silure se fit distant alors que ces lointains événements remontaient à la surface. Rhaegar, beau comme un dieu, et majestueux dans son armure noire, avait conduit sa flotte jusqu’au cœur des îles, et pourtant la flotte de Fer était plus nombreuse et que la flotte royale, et les navires en formation de croissant de lune, faillirent mettre l’armada adverse en déroute.

Brynden Tully frémit et retourna à la fenêtre. Il n’avait aucune conscience des toits qui lui faisaient face, et voyait en leur place le soleil briller sur les épées et haches, tandis que les cris des mourants et le vacarme du combat emplissaient ses oreilles.

Mais Brynden Tully avait repéré une faille dans la formation de croissant des Greyjoy, et décidé de mener une charge suicidaire qui non seulement avait renversé le court de la bataille, mais avait permis en plus aux royalistes de mener une contre-attaque au flanc gauche. Le Silure s’était illustré en abordant le vaisseau amiral de lord Balon Greyjoy, et en capturant celui qui s’était proclamé Roi du Sel. Ce dernier s’était agenouillé devant Rhaegar et avait reçu le pardon royale à condition de démanteler la flotte de Fer et de payer un tribut à la couronne.

Brynden Tully avait reçu alors la seigneurie de Fossedragon, et la charge de commandant des « Escadrons Noirs », une des unités d’élite les plus prestigieuse de l’armée royale. Mais pour le Silure, ces honneurs étaient dérisoires, ce qu’il désirait plus que jamais, c’était de prendre épouse et d’avoir un fils qui porterait fièrement le nom de Tully. Son neveu Edmure était un imbécile, et pourtant… songea-t-il avec amertume, comment un homme aussi beau pouvait-il posséder un esprit aussi inerte, comme si les Sept avaient décrété qu’avec la beauté, Edmure pouvait se passer d’intelligence.

Il inspira de nouveau et fit de son mieux pour réprimer ces amères pensées. À cet instant, on frappa discrètement à sa porte.

— Entrez, dit-il.

Roland, son serviteur le plus ancien, apparut et lui donna un verre de vin de Lys. Brynden le remercia d’un simple regard.

Deux autres domestiques lui portèrent l’eau du bain, puis le séchèrent quand il en eut fini. Son armure ornée d’un motif reproduisant des écailles de poisson, était toujours aussi noire. L’un de ses serviteurs l’aida à enfiler sa tunique de lin blanc tandis que l’autre faisait passer son armure au-dessus de sa tête et en nouait les lanières à ses côtés.

Une fois vêtu, Brynden chassa ses domestiques d’un geste de la main. Il prit lui-même son ceinturon ; le cuir en était craquelé et l’on ne comptait plus les coups qu’avait reçus le fourreau de fer, mais le fil de l’épée qu’il protégeait était acéré. Brynden la dégaina, appréciant l’équilibre de la lame et de la poignée ceinte de cuir. Puis, en soupirant, il rengaina l’arme et attacha le ceinturon autour de sa taille, puis se tourna vers la porte.

Le Silure sortit dans la cour. Trois serviteurs le saluèrent sur son passage, il leur répondit d’un bref hochement de tête et leva les yeux vers le ciel ; il allait faire beau.  

Trois autres serviteurs étaient en train de préparer le terrain sablonneux conformément aux instructions des juges : ils traçaient les collines, vallées et cours d’eau qui constitueraient le champ de bataille. Brynden s’arrêta un instant pour inspecter leur ouvrage.

— Agrandissez cette colline et accentuez-en la pente, dit-il à l’un des hommes. Et élargissez le fond de cette vallée. C’est là que le combat se déroulera, et il faut suffisamment de place pour manœuvrer.

Observant les alentours, il vit deux jeunes garçons serrés dans les bras l’un de l’autre. Plissant les yeux, il reconnut le premier comme étant Griff Connington. Le second devait donc être ce bâtard que l’on nommait Jon Snow, adolescent étrange que l’on voyait parfois courir sur les toits ou le faîte des murs. Brynden ne l’avait vu de près qu’à deux reprises. Son regard morose le rendait moins séduisant que le prince Aegon, et beaucoup moins que Griff ; pourtant quelque chose se dégageait de lui. Un orgueil inexplicable compte tenu de son statut de bâtard illuminait son regard noir et perçant, à la fois défiant et sur             la défensive.

Un jour, Brynden l’avait vu remonter la rue des Tanneurs en courant, poursuivi par quatre autres garçons. La seconde fois qu’il l’avait aperçu, Jon était assis en compagnie de Griff à l’intérieur du Septuaire de Baelor. Il avait souri à une remarque faite par son ami, et son visage s’était alors transformé, perdant cet aspect sinistre qui ne le quittait presque jamais. Le brusque changement avait interpellé Brynden, qui avait longuement fixé le garçon. Se sentant observé, ce dernier avait levé les yeux et son visage était redevenu un masque.

Le Silure n’avait pu retenir un frisson lorsque le regard de Jon s’était posé sur lui.

Brynden pensa alors au jeune prince Aegon – un vrai Targaryen – grand et magnifiquement proportionné, au port altier et aux cheveux d’argent pur. Il y avait en lui une grandeur innée, un don qu’il tenait directement du ciel. Il n’était pas fréquent que Brynden se passionne pour les jeux de Cyvosse mais, aujourd’hui, il attendait avec impatience que l’affrontement commence.

— Comme toujours, tu es prêt au combat, entendit-il.

Brynden cligna des yeux et revint à l’instant présent. Il avait eu l’esprit ailleurs et il sourit comme un enfant pris en faute. Jon Connington, Main du Roi, descendit de son cheval en congédiant son escorte. Puis les deux s’agrippèrent par le poignet à la manière des guerriers.

— La Grande Main vient honorer les jeux de Cyvosse par sa présence, ricana le Silure. Pourquoi le roi t’a-t-il envoyé ? Ne me dis pas qu’il ne va pas venir voir gagner son fils ?

— Le roi est si préoccupé qu’il n’a plus de temps à accorder au prince, répliqua Connington avec gravité.

— Les Cités Libres ?

— Bientôt elles ne le seront plus. Braavos vient de rejoindre la Triarchie, et Volantis est tombée le mois dernier.

Brynden le regarda sans dissimuler son inquiétude.

— Alors les Dragons Noirs sont de retour, Baela Adarys est bien une Feunoyr.

— Ce n’est pas elle qui me préoccupe, son châtré est aussi habile en politique que l’était Jaehaerys le Vieux Roi ! Et je ne parle pas de la Compagnie Dorée, ni des pirates de Degrés de Pierre, ni de…

Connington garda le silence puis cracha d’une voix méprisante : 

— Jon Reinhard ! 

— Un dur à cuire… Que va faire le roi ?

— Il observe et entend. Si ça ne tenait qu’à moi, je traverserais le Détroit et je réduirais Tyrosh en cendres. Mais assez parler de tout ça, dis-moi à quoi tu pensais, Silure ?

Les deux hommes gravirent une colline basse et s’assirent au premier rang des bancs de pierre surplombant le terrain du jeu.

— Nous sommes trop coupés du reste du monde, fit Brynden en faisant une grimace.

— Trop coupés du reste du monde ? répéta Connington, surpris. Mais n’est-ce pas là ce qui fait la force des Sept Couronnes ?

— Mon ami, la force et la faiblesse sont bien souvent aussi proches que des époux. Nous sommes forts car nous sommes fiers, mais nous sommes faibles car notre orgueil ne nous a jamais permis de grandir.

Il engloba Port-Réal d’un grand geste du bras.

— Où nous trouvons-nous ? Dans l’Ouest, loin des voies commerciales. Nous ne sommes qu’un royaume divisé, d’où son nom, ou son surnom si tu veux « Les sept Couronnes ». Notre orgueil nous interdit les mariages avec les autres nations, même si une telle pratique n’est pas contraire à la loi. Avec nos armées, nous pouvons gagner des batailles, mais qu’il nous sera toujours impossible de bâtir un empire.

Il se tut un moment puis ajouta avec gravité :

— Nous regardons les Cités Libres avec mépris, mais elles possèdent tout ce qui nous fait défaut : l’art, la philosophie, la poésie, le théâtre, la médecine, la musique, l’architecture et surtout la science politique, l’art de gouverner.

— Le roi n’a pas besoin de science pour gouverner, objecta Connington. Il lui suffit de donner des ordres, et tout le monde obéit.    

Brynden grogna avec amusement.

— Mouais ! Tant qu’il en a la force, et tant que personne ne lui plonge une lame entre les côtes.

Jon Connington s’abstint de répliquer : aucun roi Targaryen n’était mort dans son lit, il s’en souvenait très bien. Brynden secoua la tête et frissonna :

— Pardonne mon humeur maussade.

Le Silure changea aussitôt de sujet.

— Comptes-tu donner toi-même le prix au vainqueur ?

Connington sourit et son visage s’éclaira.

— Le roi a envoyé un œuf de dragon comme récompense finale.

Les yeux de Brynden s’agrandirent de surprise.

— Quel cadeau princier !

Connington haussa les épaules.

— Le prince Aegon est l’héritier du trône ; il est donc juste qu’il ait son œuf de dragon comme ses prédécesseurs. De toute manière le roi le lui aurait donné dans trois semaines pour son anniversaire.

— C’est là un beau geste, mais… supposons qu’il ne gagne pas ?

— Sois sérieux, Silure. Il affronte un bâtard du Nord. Comment pourrait-il perdre ? C’est un Targaryen et le sang des dragons coule dans ses veines. Et, de toute façon, comme tu assures la fonction de juge principal, je suis persuadé que nous aurons un résultat équitable.

— Équitable ? répéta Brynden en se détournant pour ne pas laisser voir sa colère. Ne jouons pas sur les mots, tu veux ?

— Allons, ne le prends pas tant à coeur, le calma Connington en lui mettant le bras autour des épaules. Ce n’est qu’un jeu d’enfant. Où est le mal ?

— Où est-il, oui ? fit Brynden.


*  


Jon ne put réprimer un soupir lorsqu’il entendit retentir une clameur derrière lui, il se retourna pour assister à l’arrivée du prince Aegon. Envieux, il vit plusieurs hommes se réunir autour de son rival pour luisouhaiter bonne chance.

— Tu es nerveux ? demanda Griff en lui serrant le bras.

— J’ai l’estomac noué mais la tête froide, lui répondit Jon.

— Quelle formation comptes-tu utiliser ?

— Une nouvelle.

Jon exposa rapidement son plan à Griff et celui-ci secoua la tête.

— Tu ne peux pas faire ça, Jon. C’est inconcevable !

— Justement, j’ai observé le prince Aegon plusieurs fois pendant qu’il jouait au cyvosse, il utilise la même stratégie, il ne s’attendra pas à cette formation.

— Pas seulement Aegon, mais tout le monde… ils ne le permettront jamais. Par les Sept, Jon, ne le vois-tu pas ?

— Non. Et quelle importance, de toute manière ? Comme ça,personne n’aura à attendre deux heures. Que je gagne ou que jeperde, tout sera terminé en quelques minutes.

— Je n’en suis pas si sûr, répondit Griff dans un murmure. Viens, retournons-y.

La cour de Brynden Tully était noire de monde, les invités sedirigeant tout naturellement vers les bancs installés près du mur, où ils se trouveraient à l’ombre. Mal à l’aise, Jon était parfaitement conscient que Serala ne serait pas là, car il n’avait pour ainsi dire aucune famille, ni des amis, hormis Griff bien-sûr qui lui avait souhaité bonne chance avant de rejoindre les courtisans du prince.

Jon chassa ces sombres pensées pour se concentrer sur le champ de bataille préparé dans un carré de trois pas de côté. Les soldats de bois étaient rangésà côté, les dorés àgauche, les noirs ébène à droite. Ils étaient finement taillés, bienque personne n’ait jugé utile de les décorer. Il se saisit de la première ligne d’infanterie, faite d’un bois blanc que le passage des ans avait rendu jaunâtre. Il n’y avait que dix silhouettes fixées à la petite planche, mais elles représentaient cent guerriers équipés d’une lourde armure, d’un bouclier, d’un épieu et d’une épée. L’artisan avait fait preuve d’une grande application visible jusqu’à la cuirasse et aux jambières en acier, fidèlement reproduites. Seul le casque permettait de les dater, les dorés en forme de dragons et les noirs en forme de crânes humains sinistres. Jon s’approcha des chevaliers errants, plus grossièrement taillés. Ils ne portaient pas de lance et leur casque, plus petit, était en cuir. Ils étaient toujours méprisés, et certains chevaliers nobles les voyaient toujours en paria, même si ils ne crachaient pas sur leur aide durant une bataille épique.

Sentant soudain qu’on lui cachait le soleil, le garçon leva lesyeux sur un homme de grande taille, vêtu d’une armure noire. Il avait rarement vu un soldat aussi impressionnant : ses cheveux se paraient de quelques fils argentés et ses yeux étaient bleus comme un ciel d’été. L’homme le regarda avec gravité.

— Tu es Jon Snow, je crois, bienvenue chez moi, jeune capitaine.

— Merci, monsieur. C’est un honneur que d’être ici.

— C’est vrai et tu l’as mérité. Suis-moi.

Le garçon s’exécuta et le Silure le conduisit à une alcôveombragée, décorée de splendides fleurs violettes quitransformaient le mur en cape royale.

— L’ordre de départ a été déterminé et c’est toi quicommenceras. Dis-moi quels sont tes trois premiers ordres.

Jon inspira profondément. Pour la première fois, soncalme le déserta et il jeta un regard en direction de la foule. Aucours d’un combat, il était presque impossible de changerrapidement de stratégie, plusieurs milliers d’hommes luttantfurieusement au corps à corps. Le jeu simulait ce problème enexigeant que les trois premiers ordres soient communiqués auxjuges avant le début de la partie. De cette manière, lesconcurrents ne pouvaient modifier soudainement leur plan enréponse à une attaque adverse.

— J’attends, jeune homme, reprit Brynden.

Jon fixa son aîné droit dans les yeux et lui donna sesordres en guettant sa réaction.

Brynden n’en eut aucune, sauf de soupirer et de secouer latête quand le garçon en eut fini.

— Fiston, j’espère que tu sais ce que tu fais. Si le prince Aegon choisit l’une des quatre ou cinq options qui me paraissentenvisageables, tu seras irrévocablement écrasé. Tu y as pensé, j’imagine ?

— Oui, monsieur.

— Et as-tu également réfléchi aux questions de tradition et de fierté chevaleresque ?

— Mon seul désir est de gagner.

Cette simple réponse troubla le Silure, parfois la vérité était toute simple, l’objectif final restant bien sûr la victoire. Il opina donc du chef et reprit le déroulement normal du rituel.

— Puisse les Sept te sourire, capitaine.

Jon lui rendit son salut et le regarda s’éloigner en direction du prince Aegon. Si Bryden Tully était un ami du prince, et s’il lui parlait un tant soit peu du plan de sonadversaire…

N’y songe même pas. C’est un grand seigneur, qui nes’abaisserait jamais à un acte aussi vil. Le Silure n’était-il pas l’homme qui avait combattu dans les Iles de Fer ? Un tel héros ne le trahirait pas.

La foule se leva et Jon vit arriver Jon Connington, flanqué de ser Barristan Selmy et d’Arthur Dayne. La Main du Roi s’inclina enréponse aux applaudissements de la foule, après quoi il allarejoindre la place qui lui avait été réservée.

Brynden appela les deux autres juges à son côté. Il leurparla plusieurs minutes durant puis alla s’asseoir auprès de la Main.Le premier juge, un homme âgé aux cheveux blancs et courts età la barbe taillée avec soin, s’approcha de Jon.

— Je me nomme Osmond et je disposerai l’armée selon vossouhaits, capitaine, fit-il. Vous pouvez me demander conseil pourtout ce qui concerne les questions de temps.

Dénouant la bourse qu’il tenait à la ceinture, il en sortit troisosselets. Sur chacun d’entre eux avaient été peints six chiffres, de trois à huit.

— Ces osselets me serviront à déterminer vos pertes. On netient aucun compte des scores extrêmes et celui qui restereprésente vos morts. C’est bien compris ?

— Bien sûr.

— Il suffit de répondre oui.

— Oui, s’exécuta Jon.

Osmond alla se positionner près de l’armée de bois jaunitandis que le second juge se plaçait à côté des soldats dorés.

Pour la première fois, Jon regarda Aegon droitdans les yeux. L’autre le toisait d’un air moqueur. On disait du prince qu’il était beau mais, malgré ses cheveux d’argent et sa bouche finement tracée, Jon ne voyait que lalaideur de sa cruauté.

Connington se mit debout et déclara d’une voix puissante :

— Mes amis, déclara-t-il, aujourd’hui, le roi par mon intermédiaire offre un cadeau toutparticulier au vainqueur : l’un des œufs du grand Balerion La Terreur Noire.

Ce disant, il tendit l’œuf en question qui brillait comme un joyau. Une immense clameurs’éleva.

Aegon vint se placer aux cotés de Jon, puis se pencha vers lui.

— Je vais te traîner dans la boue, bâtard, siffla-t-il.

— Moi j’arrangerais plutôt ta gueule, rétorqua Jon, et vue comme elle est difforme, tu m’en remercieras.

Il apprécia fugitivement la rougeur subite qui monta auxjoues de son adversaire, puis chacun retourna à sa place.

— Que le combat commence, décréta Le Silure.

Osmond fit un pas en avant.

— Jon Snow dispose ses troupes selon la troisième formation de Vysenia : les Errants à gauche, sur seize rangs, les Chevaliers au centre, également sur seize rangs, et les arbalétriers sur la droite, derrière la cavalerie légère. Le capitaine se positionne derrière son centre.

Jon vit plusieurs soldats secouer la tête. Il n’était pas difficile de savoir ce qu’ils pensaient : aucun capitaine ne pouvait attendre de ses hommes qu’ils combattent pour lui si lui-même n’avait pas le courage de se mettre au premier rang.

Trois serviteurs s’avancèrent pour disposer les rangées de soldats de bois sur le sable, après quoi le second juge prit à son tour laparole.

— Le prince a choisi la cinquième formation d’Aegon le Conquérant : les Chevaliers à droite, sur dix rangs, la cavalerie légère au centre, les Chevaliers Errants et les arbalétriers sur le flanc gauche. Il se positionne au second rang du centre.

Le public applaudit et le prince s’inclina. Comme tout bon guerrier Targaryen qui se respectait, il avait décidé de se placer près du premier rang.

Les spectateurs s’approchèrent pour mieux étudier le champde bataille. Compte tenu des formations choisies, il était évidentque Jon se préparait à jouer la défense, misant sur un assaut massif de son ennemi. Pour sa part, Aegon avait éparpillé ses troupes, annonçant ainsi qu’il allait lancer la traditionnelle attaque en biseau sur le flanc gauche tout en manœuvrant pour encercler l’ennemi. Tout dépendrait donc du jet des osselets et des pertes subies par chaque camp.

Osmond s’éclaircit la gorge et les spectateurs tendirentl’oreille pour ne pas manquer l’ordre qu’il allait donner, bien que celui-ci soit évident : pas de déplacement. Le noir allait attendre l’assaut d’Aegon et faire confiance aux osselets. Mais les conversations cessèrent lorsqu’Osmond prit la parole.

— Jon Snow lance sa cavalerie au triple galop sur le centre adverse.

Tous les yeux se tournèrent alors vers le second juge. Les trois ordres initiaux ne pouvaient être changés, et l’utilisation qu’Aegon avait choisi de faire de ses propres cavaliers auraient une grande influence sur le déroulement du combat. Bien que cela arrive parfois, il était extrêmement rare qu’une charge de cavalerie soit décidée au début du combat.

— Le prince Aegon ordonne à ses mercenaires et Chevaliers Errants d’avancer sur la droite.

Aussitôt, les murmures se multiplièrent : Aegon n’avait pas anticipé l’attaque adverse et ses propres cavaliers étaient restés immobiles.

Un serviteur équipé d’une longue règle déplaça les cavaliers. Les trois juges se réunirent pour délibérer et le Silure s’adressa au public.

— Les juges décrètent à l’unanimité que la vitesse de la charge met la cavalerie adverse en déroute et la repousse au milieu des Chevaliers. Les pertes se montent à soixante hommes dans les rangs du prince, et neuf dans ceux de Jon Snow.

Il y eut une clameur d’incrédulité, qui enfla encore lorsqu’Osmond poursuivit.

— Le capitaine Snow ordonne aux Nobles Chevaliers et aux Errants de fusionner et de charger le flanc droit ennemi sur trente-deux rangs.

Totalement immobile, Jon fixa Aegon, qui voyait, horrifié, l’armée adverse se rapprocher de ses lignes. Il était aisé de comprendre l’état d’esprit du neveu du roi, qui devait faire face, non pas à un plan improbable, mais à deux. Aucun chevalier issu d’une maison noble n’accepterait de fusionner avec les chevaliers errants, surtout s’ils étaient à pied et non à cheval, c’était contraire aux usages de la guerre dans les Sept Couronnes.

— Le prince Aegon ordonne à ses six derniers rangs de contourner et d’encercler l’ennemi.

Jon exultait mais il cacha sa réaction sous un masque impassible, uniquement troublé par l’évasement de ses narineset l’accélération de sa respiration. Aegon était vaincu. Une charge massive était en train de s’abattre sur son flanc droit et il ne disposait plus que de quatre rangs de soldats.

Les serviteurs déplacèrent les figures. Cette fois-ci, les juges n’eurent même pas besoin de délibérer, car tout soldat présent savait ce qui ne pouvait manquer de se passer lorsqu’une phalange de trente-deux rangs heurtait au pas de charge uneligne défensive statique et forte de quatre rangs seulement.

Aegon n’était pas seulement battu, il était annihilé. Il regarda un instant encore les soldats de bois, l’air hébété, puis alla conférer avec son juge. Jon fut stupéfait par les paroles prononcées par ce dernier.

— Le prince Aegon demande aux juges d’annuler le deuxième ordre de Jon Snow, arguant du fait qu’il n’est en rien crédible. Si un tel ordre était donné au combat, nul doute que les Nobles refuseraient d’y obéir.

Jon rougit et se tourna vers la Main du Roi, qui discutait avecle jeune homme assis sur sa droite. Brynden Tully appela les juges àson côté, loin de la foule, mais tout le monde put voir que ladiscussion qui s’ensuivit fut houleuse.

Après un moment, Brynden revint au bord du champ de bataille. La fouleattendait le verdict, et même Connington se redressa sur son siège, lesyeux rivés sur le Silure.

— Les juges sont unanimes, la fusion des Errants avec les Nobles ne peut être considérée comme honorable, ni même crédible.

Brynden se tourna vers Jon Snow et ce dernier comprit aussitôt en déchiffrant le regard du Silure, surtout lorsqu’il vit plusieurs spectateurs opiner du chef. Aegon qui le regardait fixement, se permit un sourire.

— Les juges annulent l’ordre de Jon Snow et le disqualifient, le prince Aegon est donc le vainqueur des jeux.

Le public poussa un cri strident, et Aegon sauta de joie en partit se jeter dans les bras de Gerold Dayne et des autres qui l’acclamèrent. Jon était pétrifié sur place, il regarda ses mains, puis le champ de bataille miniature et les soldats figés dans leur attitude de combat. Comment pouvaient-ils le disqualifier ?

Qui es-tu, Jon Snow ? se demanda-t-il. Un bâtard. Ils se moquent bien de ce qui peut t’arriver. C’était le jour de gloire d’Aegon et tu as failli le leur gâcher.

Sans regarder personne, il quitta la cour en titubant, comme si il avait reçu un coup de poignard au cœur, puis partit au courant. 



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