Réécriture de contes à la Ghost Whisperer
Chapitre 10 : L'intelligente fille du juge
4671 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 10/08/2025 14:40
Voici la référence du conte : « L’intelligent fille du paysan », dans Jacob et Wilhelm Grimm, Les contes – Kinder – und Hausmärchen, tome II, texte français de présentation par Armel Guerne, Paris, Éditions Flammarion, 1986 [© 1967], d’après l’édition de 1812, p. 40 à 44.
Il était une fois un pauvre juge, Thomas Gordon(1), qui n’avait pas de terre, seulement une petite chaumière et une fille, prénommée Melinda, enfant unique, qui avait un don bien particulier, à savoir de voir les esprits errants(2). Il lui dit un jour : « Nous devrions bien demander un bout de terre à cultiver, dans ses essarts, à notre seigneur le roi. »
Sa Majesté Jim Clancy, ayant appris quelle était leur pauvreté, leur fit don d’un coin de pré plutôt que d’une terre de friche ; et tous deux, le père et la fille, se mirent à labourer cette terre, afin d’y semer un peu de blé et d’autres choses, en complément à son maigre salaire de juge(3). Ils allaient terminer ce labour, quand ils tombèrent sur un superbe mortier d’or pur qui était enfoui dans la terre. Melinda remarqua qu’un esprit se tint près d’elle en regardant vers l’objet. Elle le détailla : un homme d’âge mûr, vêtu de riches vêtements d’or brodés de fil d’argent. Elle demanda d’une voix chaleureuse :
— Monsieur, je suis Melinda Gordon et je peux vous aider…
Son père, étonné, leva sa tête vers elle puis la questionna :
— Mel, un esprit hante le champ ?
— Oui, père, répondit-elle. Il est là, à ma droite. Un homme d’à-peu-près ton âge, vêtu de vêtements d’or.
Thomas confirma sa compréhension d’un mouvement de tête puis ajouta :
— Et que veut-il ?
— Je ne sais pas, répondit Melinda en haussant des épaules. C’est précisément ce que j’allais lui demander…
Elle se retourna vers l’esprit et reprit d’une voix qui se voulait douce :
— Monsieur, quel est votre nom et qu’attendez-vous de moi ?
Un bref sourire apparut sur le visage de son interlocuteur qui répondit d’une voix neutre : — Je suis Carl l’Observateur(4). Et je veux vous aider.
Les yeux grands comme des soucoupes, la jeune femme balbutia :
— Comment et pourquoi ?
Thomas, qui continua à travailler la terre, n’écoutait pas attentivement la conversation ; il préféra attendre que sa fille termina sa discussion avec l’entité.
Carl répondit sans hésiter :
— Vous devez accomplir votre destin, Mademoiselle. Vous ne pouvez pas y échapper. Pouvez-vous comprendre ceci ?
— Oui… Et alors ?
— Et bien, reprit-il, vous devez vous rendre auprès de votre roi, Sa Majesté Jim Clancy et l’épouser. Et ce sera ce mortier d’or pur qui vous permettra d’entrer dans la cour.
— Comment, moi, fille d’un simple juge, puisse le marier ! protesta-t-elle en agitant ses mains devant elle. À ma connaissance, un roi ne peut prendre pour épouse qu’une reine ! Tout comme un prince ne va qu’avec une princesse ! Et un paysan avec une paysanne !
— Selon la tradition, il est vrai qu’un roi a une reine, admit l’Observateur. Mais il existe toujours des exceptions…
Il s’interrompit lui-même, puis reprit sans se départir de son sérieux, en levant son index droit :
— Et vous êtes l’une de ces exceptions !
Melinda ouvrit sa bouche pour protester à nouveau, mais l’esprit disparut de sa vue. Elle revint vers son père et lui résuma les propos de l’esprit Observateur(5).
— Écoute, dit Thomas à sa fille, puisque Sa Majesté le roi Jim Clancy, dans sa grâce, nous a fait don de ce bout de terre, nous devrions, nous, lui porter le mortier.
Elle s’y opposa et lui dit :
— Père, nous avons le mortier, c’est vrai, mais nous n’avons pas le pilon ; et comme on nous réclamera forcément le pilon avec le mortier, nous ferions beaucoup mieux de ne rien dire.
Le juge ne voulut rien entendre, prit le mortier et le porta à Sa Majesté le roi Jim Clancy, en lui disant qu’il avait trouvé cet objet dans son bout de pré en le labourant, et qu’il voulait le lui offrir comme un respectueux témoignage de sa reconnaissance. Le roi prit le mortier, l’examina avec satisfaction, puis demanda au juge s’il n’avait rien trouvé d’autre.
— Non, dit d’un air sûr Thomas Gordon.
— Pourtant, Monsieur Gordon, un mortier sans pilon ne me servira à rien, dit Jim Clancy d’un ton calme. Je veux que vous m’apportez le pilon. Un point c’est tout !
— Je vous assure, Votre Majesté, que je n’ai pas trouvé le pilon… J’ai continué à labourer la terre, mais il n’y avait rien d’autre…
— Et bien, votre insolence doit être punie, dit Jim Clancy d’un air sévère. Le temps de trouver le pilon, vous le passerez en prison.
— S’il vous plaît, Votre Majesté, supplia son interlocuteur en joignant ses mains devant sa poitrine. Pouvez-vous me laisser le temps de creuser à nouveau tout le petit lopin de terre, afin d’être certain de ne pas y trouver le pilon en or ?
— Non ! Assez de discussion ! tonna son interlocuteur, dont les yeux bleus lancèrent des éclairs de colère.
— Garde ! cria le roi en se levant de son trône d’or et en pointant de son index droit le juge, amenez-le en prison(6) !
Et le juge Thomas Gordon fut arrêté et jeté en prison, où il devait rester tant que le pilon n’aurait pas été retrouvé. Il était au pain sec et à l’eau comme le sont les gens qu’on met au cachot, et les serviteurs qui apportaient chaque jour sa nourriture au prisonnier l’entendirent qui répétait sans cesse : « Ah ! Si j’avais écouté ma fille ! Si seulement j’avais écouté ma fille ! » Ils s’en étonnèrent et allèrent rapporter au roi que le prisonnier n’arrêtait pas de se plaindre en disant : « Ah! si j’avais écouté ma fille ! », alors qu’il refusait de manger et même de boire. Les serviteurs reçurent l’ordre d’amener Thomas Gordon devant le roi et Sa Majesté Jim Clancy lui demanda pourquoi il criait sans cesse : « Ah ! si seulement j’avais écouté ma fille ! »
— Votre fille, qu’est-ce qu’elle vous avait dit ? voulut savoir le roi.
— Eh bien, dit le juge, ma fille me l’avait bien dit : « N’apporte pas le mortier, sinon on va réclamer le pilon. »
— Quelle fille intelligente vous avez ! Il faut que je la voie une fois, dit le roi Jim Clancy.
— Et ce n’est pas tout, elle voit aussi les esprits…
— Très intéressant, marmonna-t-il.
Et Melinda dut donc comparaître devant Sa Majesté, qui tomba immédiatement amoureux d’elle ; elle le trouva charmant avec ses yeux bleus(7). Dépassée par ce qui venait d’arriver, elle pensa Carl l’Observateur avait raison ! C’est grâce à ce mortier d’or pur que je viendrai dans la cour du roi… Ah, mon Dieu !
Il lui demanda d’un air sérieux :
— Mademoiselle Melinda Gordon, votre père, Monsieur le Juge Thomas Gordon m’a dit que vous lui avez déconseillé d’apporter le mortier car l’on pourra exiger de demander le pilon, ce qui est exact. Et que vous avez entendu d’un esprit que vous viendrez à ma cour. Est-ce la vérité ?
— Oui, répondit fermement la jeune femme.
— Et bien si vous êtes si intelligente et voyante que vous l’affirmez, je vous propose une énigme. Si vous savez la réponse, je suis prêt à vous épouser et je délivre définitivement votre père de prison, en lui laissant le mortier d’or pur.
Elle répondit aussitôt, légèrement rougissante :
— Oui, je devinerai votre énigme(8).
— Bien, dit le roi. Je vous épouserai que si vous pouvez venir vers moi ni habillée, ni nue, ni à cheval, ni en voiture, ni par la route, ni hors de la route.
Et Melinda sortit du palais en pensant Quelle devinette compliquée ! Comment la résoudre ? Ni habillée, ni nue… Ça veut dire peu habillée ? Habillée avec une mini-jupe et un chandail avec un grand décolleté ? Sa Majesté a vraiment une bonne imagination ! Drôle de manière pour me voir sans que je me déshabille ! C’est même très indiscret et pervers de sa part !
Une fois chez elle, Carl l’Observateur lui expliqua le sens de l’énigme : être ni habillée, ni nue signifie de s’enrouler dans un filet de pêche, tandis que n’être ni à cheval, ni en voiture signifie de suspendre le filet de pêche à la queue d’un âne et se laisser ainsi traîner ; pour ne pas être par la route et hors de la route, il suffit simplement de toucher le sol du bout des orteils.
Melinda le remercia d’un signe de tête et se rendit dans sa chambre avec le filet à pêche de son père(9). Elle se mit nue comme un ver ; ainsi, elle n’était donc pas habillée. Elle prit alors le filet de pêche, dans lequel elle se mit et s’enroula ; et ainsi elle n’était pas nue. Elle loua un âne pour un peu d’argent, puis suspendit quelques maillons de son filet à la queue de l’âne pour se faire tirer ainsi ; donc elle n’était pas à cheval, ni non plus en voiture. Ensuite, Melinda fit cheminer l’âne dans l’ornière, de telle manière qu’elle ne touchait le sol que du bout de l’orteil, comme l’Observateur lui avait dit ; et ainsi elle n’allait ni par la route, ni hors de la route.
Lorsque Melinda Gordon fut arrivée de cette manière, le roi Jim Clancy déclara qu’elle avait résolu l’énigme et qu’il n’avait qu’une parole. Il libéra Thomas de la prison, lui remit le mortier d’or et fit de Melinda la reine en l’épousant. Et il laissa entre ses mains tout le bien du royaume. Un an après leur mariage, le roi Jim Clancy et la reine Melinda Gordon-Clancy devinrent les heureux parents d’un fils, qu’ils prénommèrent Aiden(10).
Des années plus tard, un jour que le roi Jim Clancy allait passer ses troupes en revue, il se trouva que des paysans, en revenant de vendre leur bois, s’arrêtèrent avec leurs chariots et leurs charrettes devant l’entrée du château, sur la place. Les uns avaient des attelages de bœufs, les autres de chevaux ; et l’un d’eux avait attelé trois chevaux, dont une jument qui mit bas à ce moment-là ; et le petit poulain, en se débattant, finit par aller tomber sous le ventre de deux bœufs attelés à la charrette qui stationnait devant. Ce fut l’origine d’une querelle entre les deux paysans, lorsqu’ils revinrent à leurs voitures : celui des bœufs prétendant garder le poulain qui était sous le ventre de ses bêtes, et celui des chevaux le réclamant comme mis bas par sa jument. Des cris aux invectives, des invectives aux coups, la dispute s’envenima et fit un tel tapage que le roi dut intervenir et déclara que le poulain appartenait à la jument, puisqu'il était son petit(11).
Le paysan qui avait les bœufs désirait avoir un cheval dans son écurie. Il décida, le soir, d’invoquer une méchante fée pour qu’elle lui en apporta l’un de l’écurie royale. Aussitôt dit aussitôt fait, le voilà l’heureux propriétaire du meilleur cheval du village.
Le lendemain du vol, les palefreniers du roi remarquèrent la disparition du cheval, et ils avertirent aussitôt celui-ci. Ils menèrent une enquête sommaire parmi les autres occupants du palais, mais ne parviennent pas à conclure qui est le coupable. Dans leurs appartements, le roi Jim Clancy et la reine Melinda Gordon-Clancy en discutèrent dans leurs appartements privés, loin de tous les serviteurs
— Mel, dit-il, si ce n’est personne parmi les serviteurs, les servantes, les cuisiniers, les marmitons, les concierges qui a volé le cheval, c’est forcément l’un des palefreniers ou l’un des gardes.
— Logique, approuva la reine.
À ce moment précis, Carl l’Observateur apparut devant elle.
Elle commenta :
— Jim, l’Observateur qui m’a aidé est là…
— Qu’a-t-il dit ? demanda le roi.
— Pour l’instant, rien.
Elle tourna son regard vers l’esprit et dit :
— Monsieur Carl l’Observateur, savez-vous qui est le véritable voleur du cheval de l’écurie de mon mari ?
— Oui, Votre Majesté la reine Melinda Gordon-Clancy, répondit-il d’un air sérieux. C’est la méchante fée que le paysan aux bœufs, Joshua, a invoqué hier soir qui a volé le cheval(12).
Melinda dit à son époux :
— Jim, Carl l’Observateur affirme que la vraie coupable est une méchante fée que le paysan Joshua avait invoqué.
Jim, moue sceptique, répliqua :
— Il me semble que les fées ne peuvent pas agir sur des êtres du monde matériel…
— Pourtant, c’est le cas… Sinon, le vol n’aurait pas eu lieu…
— Mais qu’est-ce qui te dit que l’Observateur a bien vu qu’il s’agissait d’une fée ? À la limite, ce pourrait être une sorcière… Au moins, ce serait une femme bien vivante…
Carl intervint :
— Pourtant, une fée peut se rendre invisible aux mortels, mais nous, les Observateurs, voyons tout.
Melinda tourna son regard vers Jim et murmura de sa voix la plus douce :
— Jim, l’Observateur vient de préciser qu’une fée ne peut être qu’invisible que pour nous, mais pas pour les Observateurs.
— Mais, Mel, es-tu certaine que l’Observateur ne serait pas un peu confus ? Ou que des méchantes fées se sont jouées de lui(13) ?
Elle haussa des épaules et répliqua avec son plus beau sourire :
— Je ne pense pas que ce soit le cas…
Un silence plana entre eux.
Jim, mine pensive, s’exclama, en fixant son épouse :
— Es-tu certaine, Mel, que l’Observateur t’a vraiment tout dit ?
Carl ajouta d’un air sérieux :
— Oui, Votre Altesse, je vous ai tout dit. Ensuite, si vous voulez plus de détails, je peux les rapporter sans problème.
La reine regarda le roi et dit :
— Jim, l’Observateur nous assure avoir tout dit. Ensuite, il ne peut qu’expliquer plus en détails.
Jim répliqua :
— Il me semble que vous cachez le vrai coupable…
Il poursuivit en haussant la voix :
— Je n’imagine quand même pas qu’un paysan perdu dans un village au fond du royaume parvienne à voler un cheval de mon écurie ! Surtout s’il ne sait pas en chevaucher ! Cette histoire n’a pas de sens !
Il fit une courte pause puis reprit d’un air courroucé, ses yeux bleus lançant des éclairs de colère :
— À mon avis, il s’agit plutôt de quelqu’un de la cour… Le plus probable est qu’il s’agit de l’un des palefreniers !
Melinda soupira et murmura d’une petite voix, effrayée par la colère de son époux : — Pourtant, je t’assure, Jim, que j’ai tout rapporté ce que l’Observateur a dit… Je ne peux pas en dire plus…
Il pensa, rictus de colère qui déforma son visage. À moins que ce soit Melinda elle-même ?
— Pourquoi cette conduite, d’une duplicité impardonnable ? Je ne veux plus de toi comme épouse ; tu as fini ton temps ici et tu vas retourner d’où tu viens, dans ta chaumière misérable.
— S’il te plaît, le supplia-t-elle. Reviens sur ta décision !
— Non !
Il se tut, ajusta nerveusement son veston en or en pensant tristement Mel, juste à l’idée de ne plus te voir à mes côtés, j’en suis déjà triste… Mais je ne peux pas te pardonner cette complicité et cette perfidie… Ce qui me blesse comme tu ne peux pas l’imaginer… Mais saches que je t’aime malgré tout et que tu restes la seule femme chère à mon cœur.
La reine le regarda, mais elle comprit qu’il ne sert à rien d’insister. Elle murmura d’une petite voix, les larmes aux yeux :
— Votre Majesté…
Il l’interrompit sèchement :
— C’est correct, Mel ! Pas besoin de formalités entre nous !
Elle reprit :
— Dois-je quitter maintenant ?
— Oui… Par contre, je te permets d’emporter avec toi la chose la plus précieuse que tu aimes le plus.
— Très bien, mon cher mari, lui dit-elle, puisque tels sont tes ordres, j’obéirai et je ferai ce que tu dis.
Melinda se jeta dans ses bras et l’embrassa, en pensant, inquiète : Comment puis-je amener mon cher Jim avec moi ? Je serais malheureuse sans lui !
L’Observateur, debout, derrière le roi, comme s’il a lu sa pensée, dit d’un ton assuré : — Votre Majesté, je vous aiderai à préparer une boisson fortement somnifère.
Elle dit à son époux :
— Avant de partir, je viendrai encore prendre congé de toi.
— D’accord, je t’attends ici !
Melinda sortit de leurs appartements et se rendit dans la cuisine, où Carl l’Observateur apparut devant elle et lui expliqua les plantes aux propriétés sédatives à mélanger, à savoir l’aubépine, le houblon, la mélisse, la passiflore et la valériane(14).
Une fois la boisson préparée, elle revint dans la chambre et donna à boire à son mari en le présentant comme le verre d’adieu. Le roi en but une bonne dose, cependant que la reine faisait mine d’y tremper les lèvres ; et quand elle le vit succomber au sommeil, elle appela ses serviteurs et se fit apporter une belle et blanche toile de lin, dans laquelle elle l’enveloppa complètement ; puis elle leur dit de porter ce lourd paquet jusqu’à sa voiture, devant la porte extérieure du palais. Melinda amena aussi leur fils avec elle.
Melinda Gordon-Clancy emporta le dormeur dans sa chaumière, où elle le coucha sur son petit lit de jeune fille, pour l’y laisser dormir aussi longtemps que dura l’effet de la boisson somnifère. Lorsqu’il se réveilla, Jim regarda avec stupéfaction autour de lui, ne comprenant ni où il se trouvait, ni ce qui lui arrivait. Il appela ses serviteurs, après diverses exclamations de surprise, mais personne ne vint et nul ne répondit. Ce fut sa femme, sa chère Melinda, pour finir, qui arriva devant le lit et qui lui dit d’une voix très douce :
— Mon cher seigneur, vous m’avez commandé et permis d’emporter du château ce que j’aimais le plus et ce que je tenais comme le bien le plus précieux ; et comme je n’aime au monde rien plus que vous et notre fils, comme je n’ai aucun bien qui me soit plus précieux, je vous ai pris avec moi pour vous garder dans ma chaumière.
Le roi Jim Clancy en eut les larmes aux yeux, tellement il était touché par l’amour sincère que lui vouait son épouse.
Il pensa qu'elle est vraiment adorable et foncièrement honnête ! Hors de doute ! Et moi, qui s’emporte contre ma douce Melinda ! Je devrais lui demander pardon…
— Ma chère femme, lui dit-il en séchant rapidement ses larmes, tu es mienne comme je suis tien !
Elle répliqua d’un air enjoué, les larmes aux yeux :
— Le mariage n’est-il pas pour le meilleur et pour le pire ?
— C’est vrai !
Il fit une courte pause, puis lui demanda d’une voix rauque :
— Mel, je suis sincèrement désolé de mon emportement… Je reconnais que j’ai eu tort dans mes doutes…
Il joignit ses mains devant sa poitrine et termina sa phrase :
— Me pardonnes-tu ?
— Bien sûr que oui ! répondit-elle. Je peux très bien comprendre que certaines choses soient difficiles à concevoir, surtout lorsqu’il s’agit d’entités que tu ne peux pas voir…
Melinda s’interrompit puis reprit d’une voix très chaleureuse, avec son plus beau sourire :
— Il suffit seulement d’être confiant envers ceux qui peuvent les voir…
Jim s’approcha d’elle et l’enlaça contre lui. Elle l’embrassa chastement sur la joue droite.
Il dit d’un air résolu, en serrant les mains de sa femme entre les siennes :
— Alors, revenons au château ! Je demanderai à mes gardes d’amener devant moi le paysan Joshua pour un interrogatoire !
— Es-tu certain qu’il osera avouer qu’il a invoqué la fée ? questionna Melinda.
— Qu’il l’avoue, c’est possible après une bonne bâtonnade…
— Si tu le dis, répliqua-t-elle en haussant les épaules.
— Au moins, ils retrouveront le cheval pour le ramener dans mes écuries.
Ils revinrent au château, où le roi Jim Clancy donna ses ordres ; le cheval fut rapidement trouvé et ramené dans les écuries royales ; le paysan fut mené devant le roi, sauf qu’il n’avoua pas avoir invoqué la méchante fée. On le coucha sur une botte de paille et on le bâtonna si longtemps et si durement que n’importe quel autre homme aurait avoué sa faute. Joshua ne l’avoua que parce que Carl l’Observateur posséda son corps. Il fut alors jeté en prison jusqu’à la fin de ses jours, sous une haute surveillance jour et nuit. Le roi Jim Clancy et la reine Melinda Gordon-Clancy vécurent heureux avec leur fils Aiden jusqu’à la fin de leurs jours.
—————————————
(1) Petit changement par rapport au conte, dans lequel il ne s’agit pas d’un juge, mais d’un paysan.
(2) Melinda Gordon, la protagoniste de Ghost Whisperer, a un don bien particulier, à savoir de voir les esprits errants. Elle les aide à accomplir leur dernière volonté et à quitter définitivement le monde des vivants. D’ailleurs, il est exact qu'elle est fille unique de Paul Eastman et d’Elizabeth Gordon. Seulement, pour la cause du conte, nous considérons que Thomas Gordon, qui est son beau-père dans la série, est son père.
(3) Nous avons ajouté ce détail, étant donné la transposition des personnages de la série américaine dans ce conte allemand.
(4) Carl l’Observateur, de son vrai nom Carl Sessick, est un Observateur familier à Melinda Gordon vers la fin de la quatrième saison puis tout au long de la cinquième saison. Seulement, nous lui avons conféré une apparence plus noble et un aspect prophétique, ce qui est un peu présent dans la série.
(5) Nous avons ajouté ce dialogue avec l’esprit Observateur, afin d’expliquer l’opposition de Melinda à la proposition de son père d’amener le mortier au roi.
(6) Nous avons développé cette partie du conte sous la forme d’un dialogue, pour rendre la réécriture plus intéressante.
(7) Nous avons ajouté ce coup de foudre réciproque de Jim et Melinda pour justifier leur première rencontre dans la série.
(8) Nous avons développé un passage du conte sous forme de dialogue, en y ajoutant la fin de la peine de prison pour le père et le retour du mortier en or.
(9) Nous avons modifié la solution de l’énigme, en y ajoutant l’intervention de Carl l’Observateur.
(10) Aiden est le seul fils de Jim et de Melinda dans Ghost Whisperer. Seulement, nous avons devancé sa naissance en raison du conte. Dans ce dernier, il n’est aucunement précisé si le roi et la reine ont des enfants.
(11) Nous avons modifié ce passage du conte, car le roi avait déclaré que le poulain appartenait au paysan qui avait les bœufs, puisqu’il devait rester là où il était. De sorte que le paysan demanda conseil à la reine, qui était très gentille et d’origine paysanne en plus. Elle lui conseilla, lorsque le roi ira passer sa troupe en revue, de prendre un filet de pêche pour mimer d’attraper des poissons. Lorsque le roi passa et vit le paysan ainsi agir, celui-ci lui répondit, selon ce que lui avait dit la reine. Il pêche des poissons comme il est possible à deux bœufs d’avoir un poulain. Lorsque le messager rapporta au roi les paroles du paysan, il le convoqua devant lui pour qu’il avoua de qui il avait appris ces réponses. Il fut couché sur une botte de paille et on la bâtonna longtemps et durement, que le pauvre paysan avoua que c’était Sa Majesté la reine qui lui avait appris ces réponses. Le roi ne pardonna pas à la reine cette duplicité et ordonna de quitter le palais, en emportant ce qui lui est le plus précieux. Elle lui fit boire un puissant narcotique. Une fois endormi, elle l’enveloppa d’une toile de lin blanche puis demanda aux serviteurs d’apporter ce paquet jusque dans sa voiture. C’était ainsi qu’elle amena le roi dans la maison de son père. Elle le coucha sur son lit de jeune fille. Lorsque le roi se réveilla, il fut étonné qu’aucun serviteur ne répondît à son appel. Seule sa femme arriva et lui expliqua qu’il était pour elle le bien le plus précieux de tout le château. Ému de son amour, il revint avec elle au château, où ils célébrèrent à nouveau leurs noces.
Comme nous considérons que le jugement du roi ne démontre pas une bonne connaissance de la biologie animale — chaque espèce ne peut engendrer qu’un petit de la même espèce, sinon, c’est contre-nature. Ceci est une insulte à l’intelligence de Jim Clancy, d’où le changement.
(12) Joshua Bedford est le recteur de l’Université Rockland dans la série Ghost Whisperer. Il a commerce avec les Ombres, qui sont des parcelles d’âmes qui ne sont pas parties dans la Lumière. En raison du conte, nous transposons les Ombres, des entités démoniaques, dans la méchante fée, afin qu’elles soient personnifiées.
(13) Allusion à l’influence des Ombres sur Carl l’Observateur à la fin de la cinquième saison de la série américaine.
(14) Ces plantes sont en effet utilisées pour leurs propriétés sédatives pour lutter contre les troubles du sommeil.