Réécriture de contes à la Ghost Whisperer

Chapitre 18 : Les aventures d'Aiden Clancy junior

10835 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/08/2025 15:28



Voici la référence du conte : « Jean-le-Fort », dans Jacob et Wilhelm Grimm, Les contes – Kinder – und Hausmärchen, tome II, texte français de présentation par Armel Guerne, Paris, Éditions Flammarion, 1986 [© 1967], d’après l’édition de 1812, p. 354 à 361.




Il était une fois un mari et sa femme, Jim Clancy et Melinda Gordon, qui n’avaient qu’un enfant unique, prénommé Aiden(1), et qui vivaient seuls au bout d’une petite ville, Grandview(2). Melinda avait un don particulier, à savoir celui de voir les esprits errants ; Aiden aussi les voyait, en plus d’autres entités spirituelles qu’étaient les Lumineux et les Ombres(3). Il y avait alentour une grande forêt de sapins, de hêtres et de chênes où la mère allait se chercher du bois mort ; et comme elle avait emmené avec elle son petit garçon, qui avait alors deux ans, par un beau jour de printemps, l’enfant s’était amusé à cueillir des fleurs dans la forêt, sous l’impulsion de l’esprit d’une fillette, une certaine Julia Miller(4). L’esprit pointait du doigt tantôt une pâquerette, tantôt un églantier ; le gamin les cueillait ; Melinda suivait son petit, tout en regardant d’un air méfiant Julia en pensant : Ne met-elle pas ainsi mon fils en danger ?


Ils s’enfoncèrent ainsi plus avant que d’habitude au sein de la forêt. Tout à coup surgirent deux brigands. L’esprit, les yeux agrandis par la peur, disparut en passant au travers le chêne le plus près. Melinda enlaça maternellement Aiden, puis prit sa main droite dans la sienne. Ils revinrent sur leurs pas en courant, mais les deux brigands, rapides comme l’éclair, s’emparèrent de la mère et de l’enfant et les emmenèrent tout au fond de la sombre forêt, si loin que personne n’y venait jamais d’un bout à l’autre au bout de l’année. La pauvre Melinda, très effrayée en son âme, supplia d’une voix larmoyante de toutes ses forces de la laisser aller, elle et son fils, car son époux s'inquiétait sans doute de leur absence. Mais les brigands restèrent de pierre et rien n’y fit, ni les larmes, ni les prières : ils la forcèrent à marcher et à marcher pendant au moins deux heures, leur chemin à travers des fourrés épais et des buissons d’épines, ce qui déchira leurs vêtements, avant d’arriver devant un grand rocher qui avait une porte. Les brigands cognèrent à cette porte qui s’ouvrit aussitôt, et ils suivirent un long couloir étroit et sombre, pour arriver enfin dans une vaste caverne, où brillait un grand feu qui l’éclairait. Sur les parois étaient accrochés des sabres, des épées, des poignards et d’autres armes de mort qu’on voyait luire sinistrement ; au milieu, autour d’une grande table noire, quatre brigands étaient en train de jouer sous l’œil de leur chef, qui était assis au haut-bout. En voyant arriver Melinda Gordon, le chef des brigands s’approcha et lui dit de se tranquilliser, qu’ils ne lui voulaient point de mal, au contraire, mais que si elle leur tenait leur ménage bien en ordre comme ils le désiraient, tout irait bien pour elle. Ils lui donnèrent quelque chose à manger, puis lui montrèrent le lit où elle coucherait avec son enfant.


Une fois que Melinda prit le balai pour débuter les tâches ménagères, après avoir laissé Aiden jouer dans la salle voisine, qui était séparée par un mur et un cadre de porte, un esprit apparut soudainement devant elle. C’était un homme âgé vêtu d’un complet cravate beige et chemise blanche. 

La passeuse d’âmes murmura : 

— Je suis Melinda Gordon, et vous ?

— Carl l’Observateur, répondit-il d’un ton sérieux(5)

— Que puis-je faire pour vous aider ?

— Madame Gordon, c’est plutôt moi qui vous pose cette question…

— En quel sens ?..., balbutia la jeune femme, perplexe, les sourcils levés.

Petit sourire dans le coin des lèvres, son interlocuteur répondit : 

— Vous vous demandez sans doute pourquoi les bandits vous ont enlevé ?

— Non, mais maintenant que vous la posez, oui…

— Parce que le chef des bandits veut que vous soyez son épouse(6).

— Mais je suis déjà mariée, protesta-t-elle en haussant la voix et en montrant à son interlocuteur son alliance en or sur son annulaire gauche.

L’un des bandits, qui était dans la salle voisine, demanda d’un ton sévère :

 — Madame, avec qui parlez-vous ?

— Avec personne, dit-elle d’une voix assurée en tournant les yeux vers le vivant.

— Si vous le dites…

Et le bandit se rendit  dans une autre pièce.

Melinda, regarda rapidement de gauche à droite, pour s’assurer que personne ne la surprit ; tous les bandits étaient dans des salles un peu éloignées. Elle rapporta son attention vers l’Observateur et murmura, lueur d’inquiétude dans ses yeux noisette :

— Monsieur, vous affirmez pouvoir m’aider… En quel sens ?

— En influençant votre époux pour qu’il vous retrouve au plus vite, répondit-il d’une voix calme.

— Êtes-vous sûr qu’il serait capable d’affronter… des hommes armés… Jim n’est pas un policier ! protesta-t-elle en balayant nerveusement le sol.

— Je sais très bien que votre époux est un ambulancier, mais il ne faut pas oublier qu’il a des amis policiers…

— Je les ai en effet complètement oublié…

— Et pour le reste, laissez-moi m’en occuper. Je sais ce que je fais. Un dernier conseil : demeurez calme et confiante et tout ira bien.

Ainsi parla Carl l’Observateur, qui disparut après avoir prononcé le dernier mot. Melinda fit des grands efforts pour ne pas commencer à pleurer. 

Ah ! Jim, si seulement tu pouvais venir aussi rapidement que le prétendait Carl l’Observateur ! Je serai la femme la plus heureuse au monde ! Je n’ai tellement pas envie de rester ici chez des hommes perdus dans la forêt ! Je préfèrerai être bien en sécurité dans notre petite maison dans notre ville… Ah, mon Dieu, aide-nous ! pensa-t-elle, tout en balayant la salle où elle se trouvait. 



Pendant ce temps-là, Jim Clancy, inquiet que sa femme et son fils n’étaient point revenus à la maison, décida de faire un tour dans les bois, sachant à peu près l’endroit où Melinda pouvait se rendre. Mais il ne trouva personne. L’ambulancier fouilla les environs, mais ni ne vit, ni n’entendit Melinda ou Aiden. Angoissé, le cœur battant la chamade en imaginant que des bêtes sauvages les avaient dévoré, il s’apprêta à faire demi-tour, alors que Carl l’Observateur apparut derrière lui et l’influença de manière à ce qu’il se rendit rapidement au Commissariat de police de la ville de Grandview, où il salua son ami l’inspecteur Carl Neely(7) et lui expliqua que sa femme et son fils sont portés disparu depuis quelques heures. Carl prit en note sa demande et avec l’aide de deux collègues, l’inspectrice Sam Blair(8) et l’inspecteur David Campbell(9), fouilla la forêt. 


En s’enfonçant de plus en plus dans la forêt, les trois agents de l’ordre parvinrent au repaire des bandits. Pour mieux analyser la situation, ils se cachèrent dans les arbres les plus près et regardèrent à l’aide de jumelles, les allées et venues des hommes. Ils évaluèrent être en présence de sept hommes. Carl Neely fit un signe à Sam et à David, puis ils établirent une tactique : faire une entrée surprise, arrêter les hommes armés, les désarmer et s’assurer de la sécurité de la mère et de l’enfant. Carl l’Observateur influença son homonyme pour que, à la tombée de la nuit, il descendît rapidement de l’arbre, suivi par ses deux autres collègues. Ils s’avancèrent jusqu’à la porte, que Carl ouvrit d’un geste sûr, sans trembler. 


Le trio entra, leurs armes à la main, en s’avançant lentement à l’intérieur, le temps de regarder rapidement l’intérieur. Ils avancèrent dos à dos, comme des crabes, de sorte que personne ne pouvait les surprendre. Ils remarquèrent les sabres, les épées, les poignards et les autres armes de mort suspendus au paroi de la caverne. Carl Neely donna un cou de coude à David Campbell et à Sam Blair, pour leur dire « À ramasser avant qu’ils en fassent usage. » Certains bandits, réveillés par le bruit, saisirent des poignards, mais David les fit taire en les désarmant, puis en les menottant et en les bâillonnant. Sam ramassa rapidement les armes suspendues, qu’elle plaça dans un sac qu’ils avaient apporté avec eux. Les trois inspecteurs, l’arme dans une main et traînant chacun un malfaiteur menotté et bâillonné de l’autre, arrivèrent jusqu’à la salle où se trouvèrent les autres et crièrent aux bandits d’une voix forte comme un seul homme : « Haut les mains ! Que personne ne bouge ! »


Les malfaiteurs, Melinda et Aiden se réveillèrent aussitôt. Avant même qu’ils n’eurent le temps de comprendre ce qui se passait, voilà tous les bandits et leur chef menottés. Melinda, dont le cœur battait la chamade, tremblait comme une feuille sous le vent automnal tellement elle avait peur. Instinctivement, elle serra son fils contre elle, en cachant ses yeux avec sa main droite, afin qu’il voit pas ce qui se passe. Le gamin, curieux, regarda la scène de par-dessous. 


Julia Miller apparut devant eux, affichant une mine triste.

La passeuse d’âmes, étonnée, lui demanda dans un murmure : 

— Pourquoi ?

— Je suis désolée, murmura la fillette d’une petite voix, je ne voulais pas vous mettre ainsi en danger…

Facile pour elle puisque personne ne la voit ! pensa Melinda, fâchée. Mais pour nous, qui sommes encore vivants, nous avons eu la peur de notre vie… Aussi angoissant que l’événement de la cabine… En espérant que tout se terminera bien(10)

— Je ne savais pas que la forêt était si dangereuse…

— Maintenant que le mal est fait, je te pardonne néanmoins ton insouciance…, répliqua amèrement à contre-cœur la jeune mère.

La fillette, petit sourire aux lèvres, la remercia silencieusement d’un mouvement de tête, puis disparut de sa vue en passant à travers le mur le plus près d’elle.


La policière laissa ses deux collègues s’occuper de mener les malfaiteurs jusqu’à leur voiture, au début de la forêt. Elle s’avança vers Melinda et Aiden et leur dit d’une voix douce, avec son plus beau sourire :

— Madame Melinda Gordon, vous n’avez rien à craindre… 

— En… êtes-vous… sûre ? demanda l’épouse de Jim d’une voix blanche, pâle comme un linge.

— Oui ! répliqua Sam d’un air neutre avec un bref sourire. Tout est sous contrôle. Mes collègues et moi sommes parvenus à les menotter et ils font tranquillement la route vers la station de police. Ces hommes ne feront plus de mal à personne.

— Merci de votre rapide intervention !

— Il n’y a pas de quoi ! 

La policière fit une courte pause, épousseta son uniforme d’une poussière invisible, puis ajouta d’une voix douce :

— Vous pouvez remercier votre mari, qui a immédiatement averti Carl, puis David et moi l’avons suivi… L’important, c’est que tout se termine bien et sans dommage…

— Exactement, murmura Melinda, dont les larmes de joie perlèrent les yeux.

— Je vous accompagne jusqu’à la ville.

— Merci ! Merci beaucoup !


Sam Blair, Melinda Gordon et Aiden Clancy sortirent de la caverne des malfaiteurs et se rendirent jusqu’au début de la forêt, où il ne restait qu’une voiture de police. Mère et fils embarquèrent sur les sièges arrières et Sam les conduisit jusqu’à leur maison(11).


Jim, en les voyant arriver, remercia la policière, et lui dit de remercier aussi ses collègues. Très heureux de revoir sa femme et leur fils, il les enlaça. Depuis ce jour, Melinda se montrait plus prudente lorsqu’elle alla dans la forêt chercher du bois. Les malfaiteurs, eux, passèrent en auditoire, puis furent jetés en prison pour possession illégale d’armes et pour avoir voulu tenir en otage une femme et un enfant.



****



Lorsque Aiden eut douze ans, il avait grandi et dépassait d’une tête sa mère(12). De plus, sa carrure faisait la fierté de son père, qui espérait bien que son fils devienne aussi ambulancier comme lui. Sauf que son passe-temps depuis quelques années lui montrait le contraire : lorsque le garçon aidait sa mère à arroser les fleurs dans le jardin arrière, il prenait une brindille(13) pour assommer les fourmis et autres insectes qu’il croisait sur la terrasse. Jim, lorsqu’il remarqua ce petit jeu, en discuta un jour avec son fils, en voulant lui suggérer de devenir ambulancier, mais Aiden ne se montra pas intéressé à sauver la vie des gens. Il préférait s’assurer de l’ordre. Son père lui demanda s’il voulait être policier, ce que lui confirma Aiden. 


Le soir Jim en discuta avec sa femme. Melinda, pour toute réponse, haussa les épaules. Il parvint à la conclusion que leur fils voulait être un policier. 

« Le travail d’un policier, c’est de maintenir l’ordre, n’est-ce pas ? », dit l’ambulancier les yeux bleus brillants de joie.

— Oui, répondit sa femme.

— Dans ce cas, je demanderai à Carl s’il ne serait pas intéressé à être le prof privé d’Aiden…

— C’est vraiment une bonne idée ! s’exclama la brunette en serrant les mains de son mari entre les siennes. 

De joie, elle l’embrassa sur les lèvres.

Il murmura : 

— C’est une idée qui m’est venue ainsi… Je ne la trouve pas vraiment extraordinaire…

— Mais ça n’ôte pas à sa génialité ! répliqua-t-elle.



Le lendemain, Jim Clancy se rendit directement au bureau de son ami l’inspecteur. Il lui expliqua son désir de le voir comme le professeur privé de son fils, qui était très intéressé à devenir policier. Carl accepta, en pensant ainsi, je saurai si je pourrais être plus tard, lorsque je serais fatigué de mon travail, un professeur pour les étudiants en techniques policières… Le meilleur est en effet de débuter avec un seul étudiant… Voyons voir si j’ai assez de patience pour tout expliquer les secrets du métier…

Lorsque l’ambulancier revint le soir, il rapporta la réponse de son ami à sa femme puis le lendemain à son fils.



****



Ainsi, pendant plusieurs années, lorsque Carl Neely n’était pas au travail, il venait chez Jim pour apprendre à Aiden les principes de base de son métier. Il se montrait être un professeur sévère, mais le fils de Melinda ne le décevait jamais, en raison qu’il avait l’aide de Carl l’Observateur qui lui sifflait toutes les bonnes réponses, puisqu’il avait vu les corrigés des différents exercices. À la fin de sa formation, Carl lui fit passer une épreuve de synthèse, qu’il réussit très bien. Pour le récompenser, l’ami de Jim remit à Aiden tout l’équipement d’un vrai policier — jusqu’à là, ils avaient improvisé avec un gourdin en bois(14) et un pistolet à eau — ainsi qu’une carte d’identification — une gracieuseté du Commissariat de police de Grandview. 

Carl Neely lui dit, les yeux brillants de joie :

— Félicitations ! J’atteste qu’à partir d’aujourd’hui, Aiden Clancy est un policier aguerri. Il peut exercer librement le métier sans rien craindre, puisqu’il a sa carte d’identité d’agent de l’ordre. Bienvenue parmi nous(15) ! termina-t-il en ôtant son képi et en donnant une solide accolade amicale au jeune homme.

Au moins, me voilà rassuré, pensa-t-il en reprenant son sérieux et en remettant son képi sur sa tête. Je peux être professeur pour les futurs policiers… Merci à Jim et à Aiden de m’avoir donné l'opportunité de découvrir cet aspect insoupçonné de moi-même !

— Merci à vous, Inspecteur Carl Neely, répliqua, ému, le fils de Jim.

Puis le professeur salua Jim et Melinda et quitta son élève.



                                                        ****


Au printemps suivant, Aiden, âgé de vingt ans, parla à son père : 

— Mon père, voulez-vous seulement me faire fabriquer un bâton de marche qui pèse le dixième d’un grand sac d’or et une bonne canne de cinquante livres afin que je m’en aille un peu voir du pays ?

— Bien sûr, mon cher fils ! répliqua Jim.


Dès que fut tourné le fameux bâton correspondant à son désir, le jeune policier quitta la maison paternelle et s’en alla sans s’arrêter, arrivant bientôt dans une grande et ténébreuse forêt où s’avança sans crainte. Entendant soudain des crics et des cracs, il tourna les yeux vers le bruit et vit le tronc d’un sapin qui se tordait sur lui-même pour former comme une grosse corde ; levant les yeux plus haut, il aperçut un grand gaillard qui avait empoigné le sapin et qui le manipulait comme un brin d’osier.

— Qu’est-ce que vous fabriquez là ? lui demanda Aiden.

— J’ai ramassé un bon fagot hier, répondit le gaillard, et il me faut un lien pour l’attacher.

, pensa le jeune policier, on a plaisir à voir cela : c’est de la force au moins ! J’aurai ainsi un compagnon de route. À deux, il sera plus simple de se défendre contre les différents dangers qui peuvent nous guetter dans une forêt si sombre(16).

Puis il cria : 

— Laissez donc tomber et venez plutôt avec moi !

L’autre descendit de l’arbre et fut face à lui. À côté d’Aiden, qui n’était pourtant pas un mince gaillard, il avait bien une tête de plus et la carrure en proportion.

— Je m’appelle Aiden Clancy, lui dit le fils de Jim. Quant à vous, vous vous appelez Tordsapin désormais.

— Enchanté ! répliqua son nouvel ami.

Et ils marchèrent ensemble. Au bout d’un moment, ils entendirent des coups de quelque chose qui cognait si fort qu’à chaque fois le sol en tremblait ; ils arrivèrent bientôt devant un énorme roc sur lequel un géant frappait à coups de poing pour en casser, coup sur coup, de gros blocs.

Aiden l’apostropha :

— Mon bon monsieur, que faites-vous avec ce roc ?

Le géant se retourna et répondit : 

— La nuit, quand je veux dormir, il y a des ours, des loups et je ne sais quelle autre vermine qui vient flairer et renifler par-là, autour de moi… Je veux donc me construire une maison pour y loger et avoir la paix.

Vrai de vrai, pensa le policier extraordinaire, voilà quelqu'un qui pourrait fort bien servir ! Un allié de plus pour la route en forêt est toujours la bienvenue… D’ailleurs, n’est-ce pas là le principe des patrouilles ? Un travail d’équipe(17)

Il lui dit :

— Laissez donc tomber votre bâtiment et venez avec nous.

— D’accord, jeune homme !

Avec son plus beau sourire, le jeune policier s’empressa d’ajouter, la main droite sur sa poitrine :

— Aiden Clancy…

Il désigna d’un geste de main son compagnon de route et le présenta : 

— Voici mon ami Tordsapin…

Il fit un geste vers le géant et ajouta :

— Quant à vous, Casseroc sera votre nom.

— Entendu ! répliqua-t-il.


Et les voilà tous trois repartis à travers la forêt où les bêtes sauvages, épouvantées, leur font place nette. Sur le soir, ils arrivèrent à un vieux château abandonné ; Aiden remarqua des esprits errants déambuler près de l’entrée. Lorsque son regard se posa sur eux, ils s’avancèrent vers lui d’un pas hésitant. Le policier extraordinaire se retourna vers Tordsapin et Casseroc et leur dit d’un air sérieux : 

— Camarades, il semble que ce château est hanté par des esprits…

Torsapin, les sourcils levés, répliqua : 

— Vous… les voyez ?

— Oui, c’est un don que j’ai hérité de ma mère. 

— Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? demanda Casseroc, moue sceptique.

— Parce que je ne voulais pas que vous me fuiez si je vous l’aurais dit…, répondit Aiden sans se départir de son sérieux. Disons que j’ai préféré attendre qu’une occasion se présente.

Le fils de Melinda fit une courte pause, en regardant alternativement ses deux compagnons de route et les esprits, qui étaient maintenant en face d’eux. 

Il dit : 

— Camarades, voulez-vous me laisser discuter avec ces pauvres âmes ?

Les deux amis confirmèrent silencieusement. 

Le brunet ramena son attention vers l’un des esprits errants en face de lui. C’était un homme d’un certain âge, aux traits sévères, vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon de complet bleu marine.

Aiden lui dit, en sortant sa carte d'identité de son portefeuille : 

— Monsieur, je suis Aiden Clancy, et vous ?

—  Henry Alston(18), répondit le revenant.

— Que faites-vous dans ce château ? Est-il si dangereux pour que vous montiez la garde ?

— Effectivement, les autres… esprits et moi montions la garde depuis des années…

— Pourquoi ?

— Parce qu’un vieux nain arrive lorsqu’il y a des gens qui viennent ici, pour leur voler biens et nourritures.

— Merci de l’avertissement, répliqua poliment Aiden Clancy.

Et les esprits s’éloignèrent de lui pour revenir à leur poste.

Le fils de Melinda pensa, en les regardant jusqu’à les perdre de vue, qu'on dirait une patrouille policière invisible… Des informateurs pour ceux qui peuvent les voir… En espérant qu’ils ne mentent pas beaucoup… 

Il sortit de ses pensées par la voix de Tordsapin qui dit d’une voix inquiète : 

— Aiden, est-ce que tu es sûr que les esprits ne sont pas malveillants ? …

— Voilà un danger auquel je n’avais pas pensé, commenta à voix basse Casseroc. 

Le policier extraordinaire se retourna vers eux et dit d’une voix douce :

— Camarades, ces esprits ne font que monter la garde car un vieux nain sait voler nourritures et biens à ceux qui viennent s’installer… Nous n’aurons qu’à être vigilants…

Devant la mine inquiète de ses amis, il s’empressa d’ajouter : 

— Dans le pire des cas, comme je suis le seul qui peut voir les esprits, je vous avertirai dès que l’un d’eux donne l’alerte(19).

— Merci d’avance, Aiden, répliquèrent à l’unisson Tordsapin et Casseroc.

— Je pense, camarades, conclut Aiden, les yeux bruns brillant de joie, que nous pouvons nous établir sans crainte dans ce château.

Ils approuvèrent d’un mouvement de tête positif. Les trois hommes entrèrent dans le vieux château abandonné ; ils se couchèrent pour dormir dans la grand-salle. 


Le lendemain matin, de bonne heure, Aiden descendit dans le parc derrière le château, redevenu sauvage et envahi complètement par les fourrés et par les ronciers ; comme il s’y promenait de-ci de-là, un sanglier, soudain, le chargea ; Aiden le reçut d’un coup de son bâton de marche et l’étendit raide mort à ses pieds. Il prit la bête sur ses épaules et la porta en haut, dans la salle, où ils firent cuire cette pièce à la broche, s’en régalèrent, quand elle fut à point, et se sentirent d’excellente humeur. Ils disposèrent alors, qu’à tour de rôle, chaque jour, deux s’en iraient à la chasse et le troisième resterait pour faire la cuisine, rôtissant neuf livres de viande pour chacun d’eux. Le premier jour, ce furent Aiden et Casseroc qui partirent pour la chasse tandis que Tordsapin restait. Comme il était en train de préparer le dîner, il vit arriver et entrer au château un petit nain tout recroquevillé, tout ratatiné, qui lui demanda de la viande.

« Vas-tu filer, espèce de puceron ? Tu n’as pas besoin de viande ! » lui cria Tordsapin, dont la stupéfaction ne connut plus de borne, quand il vit ce minuscule personnage, cette bestiole presque invisible lui grimper dessus et lui abattre sur le visage une telle grêle de coups qu’il n’y put résister, tomba de tout son long sur le sol et resta là, haletant, à se demander ce qu’il lui arrivait. Le petit homme ne le laissa qu’après avoir passé sur lui toute sa colère, et s’en alla.


Au moment où Tordsapin était lamentablement frappé par le nain, Aiden Clancy, qui transporta un chevreuil d’une main, vit un esprit faire son apparition à quelques centimètres de lui : Henry Alston.

Étonné, il demanda : 

— Qu’est-ce qui se passe, Henry ?

— Ton ami a été battu par le vieux nain, parce qu’il lui a refusé de donner de la viande, répondit-il sans hésiter.

Puis le revenant disparut de sa vue en passant au travers l’arbre le plus près de lui.

Aiden soupira et fit un signe à Casseroc de revenir au château(20). Il lui dit d’un air sérieux :

— La chasse est finie ! On a assez de viande pour nous trois !

Son compagnon approuva silencieusement puis ils revinrent au château.


Tordsapin, toutefois, se garda bien d’en parler aux deux autres à leur retour de la chasse ; il ne parla pas non plus du vieux petit gnome que des coups qu’il avait reçus, en se disant, influencé par deux Ombres qui l’encadrèrent(21), qu’à leur tour, les deux autres pourraient bien déguster leur ration de coups quand ils seraient de cuisine. Rien qu’à y penser, il était tout réjoui ! 

La vue des deux Ombres, ces démons informes que le fils de Melinda vit comme une épaisse fumée noire, autour de son camarade l’attrista, sauf qu’il ne laissa rien paraître, pour éviter les questions de Tordsapin et de Casseroc. 

Leur vue rappela à Aiden un conseil qu’il avait entendu, jadis, de Julia Miller : « Les Ombres ont peur de la lumière », lui avait-elle dit. « C’est pourquoi il faut les mettre en fuite avec des objets qui en réfléchissent. L’important, c’est qu’il faut qu’il ait luminosité ». 


Un souvenir lui revenait en mémoire, qu’il croyait avoir oublié. 

Il avait peut-être cinq ans lorsqu’il s’était amusé, pour suivre le conseil de Julia, à sortir les ustensiles de leurs tiroirs, lorsque ses parents étaient au travail. Il les avait alors disposés en cercle autour de lui et de Julia, de façon à faire réfléchir la lumière des ampoules de la cuisine. Et oui, les Ombres n’osèrent jamais s’approcher de ce cercle lumineux. Elles prirent même la fuite. Tout à coup, il entendit un bruit de porte. C’était sans doute sa mère qui revint de sa boutique. Et voilà qu’elle arriva dans le cadre de porte. En voyant le désordre dans la cuisine, son fin visage se déforma en une grimace de colère, ses sourcils bruns s’arquèrent en un circonflexe inversé, et cria : « Aiden ! Qu’est-ce que tu viens de faire ? »

D’une petite voix, le gamin répondit : « Maman, je veux protéger mon amie Julia des Ombres… »

Sa mère s’avança en faisant claquer ses talons hauts sur le parquet de la cuisine et cria : 

— Combien de fois vais-je te dire que Julia n’est pas une amie ! 

— Pourtant, c’est elle qui m’a dit de faire de la lumière pour faire fuir les Ombres…

— Sérieux, Aiden ! Ne me dit pas que tu fais confiance à une fillette qui a communiqué une chaîne de messages électroniques maudits(22)

— Maman, pourtant…

— Je le regrette ! s’exclama d’une voix larmoyante Julia, en regardant Melinda, ses petites mains jointes devant elles.

La brunette demeura silencieuse, en clignant des yeux, comme si elle retenait ses larmes.

Elle regarda alternativement Aiden et Julia puis murmura d’une voix émue :

— Filston, tu devrais être un peu plus prudent avec les esprits… Tous ne sont pas forcément gentils… 

Elle reprit d’une voix chaleureuse : 

— Avant que ton père arrive, il faut ranger tout. 

Julia disparut de sa vue. 

Il sortit de son cercle de casseroles et d’ustensiles et les ramassa et sa mère les remit à leur place dans les meubles de la cuisine.


À cette époque-là, pensa-t-il avec nostalgie, j’étais jeune et insouciant du danger que représentait les couteaux… Je peux seulement remercier Dieu de ne pas m’être blessé… Aujourd’hui, si j’avais à répéter la même chose, je me contenterai de placer autour de mon camarade des casseroles et des fourchettes… À part de ça, c’est une bonne idée !


Petit sourire aux lèvres, le policier extraordinaire sortit de ses pensées par les Ombres qui enveloppaient Tordsapin. Sans dire un mot, il se dépêcha de sortir les casseroles et les fourchettes qu’il disposa rapidement autour de lui. 

Tordsapin et Casseroc protestèrent d’une seule voix : 

— Aiden, qu’est-ce que tu fais ?

— Ne posez pas de question, répliqua-t-il. Je sais très bien ce que je fais ! Il faut chasser les mauvais esprits de ce château !

Il remarqua en effet que les deux Ombres avaient disparu, comme si elles avaient peur de la lumière des ampoules qui se reflétait sur les objets métalliques. Une fois qu’il s’était assuré qu’elles ne reviendraient pas, le jeune policier extraordinaire rangea le tout, comme si rien ne s’était passé. Du reste de la journée, aucun n’osa revenir sur cet événement.



Le lendemain, ce fut au tour de Casseroc de rester à la maison, et il lui arriva la même mésaventure qu’à son camarade Tordsapin parce que tout comme lui, il avait refusé la viande au nain ridé, provoquant sa fureur. Cette fois, Aiden le sut non pas d’Henry Alston, mais de Carl l’Observateur, avec lequel il était familier. À sa vue, il se rappela de leurs différentes parties d’échecs qui durèrent parfois des heures, entre deux devoirs(23). Mais sa mine sérieuse lui fit savoir qu’il n’était pas venu pour plaisanter. 

Lorsque l’Observateur lui dit : 

— Écoute-moi bien, Aiden…

— Oui…, dit le jeune homme en faisant un geste rotatif de la main.

— Et bien, ton camarade Casseroc a été battu par le méchant nain, parce qu’il a refusé de donner de la viande.

— Pourtant, Henry m’avait prévenu que le nain pourrait passer… Pourquoi mes camarades ne me prennent-ils pas au sérieux ?

Carl haussa les épaules pour dire « Je ne le sais pas », puis il disparut de sa vue sans dire un mot de plus.


Les deux chasseurs revinrent au château, où l’esprit errant, près de la porte d’entrée, salua Aiden d’un geste de la main. Il le salua d’un geste de tête en retour puis les deux camarades entrèrent dans le château. Tordsapin, en voyant l’état de Casseroc, comprit fort bien ce qu’il lui était arrivé ; mais ils ne parlèrent ni l’un, ni l’autre. 

A Aiden d’en goûter aussi ! pensèrent-ils en leur for intérieur, influencés par des Ombres qui les encadrèrent.

Le jeune policier soupira devant le silence de ses camarades. Il fut encore plus triste lorsqu’il remarqua les Ombres autour d’eux.

Moi qui pensait que Tordsapin et Casseroc étaient des amis fiables, pensa-t-il. Mais je peux toujours essayer de les forcer à avouer… Je ne connais pas pour rien mes techniques policières.

Il remit, comme la veille, les casseroles autour des deux géants, qui s’agitèrent nerveusement.

Ils protestèrent d’une voix grave : 

— Aiden, ne va pas encore nous dire qu’il y a…

L’interpellé les interrompit d’un ton sévère : 

— Un mauvais esprit ? Il y en a même plusieurs ! Et je dois les chasser d’ici !

Aiden, une fois le cercle formé autour d’eux, s’approcha de ses compagnons, qui reculèrent de quelques pas. Mais il saisit les bras de Casseroc et le maîtrisa aisément. Tordsapin se massa les poings ; le policier menotta rapidement Casseroc qu’il jeta au sol ; ensuite, il maîtrisa Tordsapin, puis le menotta. Tenant ses deux compagnons par une main, il questionna d’une voix sévère : 

— Alors, camarades, voulez-vous avouer qu’un misérable nain vous a battu ? Honte à vous ! En plus ne pas me l’avoir dit !

Tordsapin balbutia :

— De qui as-tu entendu ceci ?

— De deux esprits ! Henry Alston et Carl l’Observateur ! Je suis assuré qu’ils ne m’ont pas menti, au contraire de vous !

Casseroc, effrayé, pensa Mais c’est donc vrai qu’Aiden voit les esprits… On est mieux d’avouer…

— Alors, poursuivit Aiden en secouant les deux géants, les yeux lançant des éclairs, avouez-vous avoir rencontré ce nain et être battu par lui ?

— Oui…, répondit d’une voix tremblante Casseroc.

— J’ai vu le nain, murmura Tordsapin en baissant la tête.

— Quand l’as-tu vu la dernière fois ? fit le jeune policier.

— Je ne sais pas…, répondit Tordsapin d’une petite voix.

— C’était hier ?

— Oui…

Le policier remarqua du coin de l’œil que Carl apparut à l’extérieur du cercle des casseroles. L’Observateur, le visage inexpressif, applaudit doucement puis commenta d’une voix sévère : 

— Je vois bien, Aiden, que tu ne perds pas tes habitudes de l’interrogatoire… euh, désolé, de l’audition… Peu importe le terme ! 

En faisant un geste de sa main, il s’exclama : 

— Dans tous les cas, ton prof serait très fier de toi ! Dommage qu’il ne soit pas ici pour te voir !

Il s’interrompit lui-même puis reprit, en faisant un geste des bras vers les trois hommes : 

— Blague à part… Je voulais seulement préciser que ton camarade Tordsapin a compris ce qui est arrivé à Casseroc, sauf qu’il a préféré ne rien te dire. Ils espèrent bien dans leurs pensées les plus secrètes que tu tâtes aussi aux coups de poing du nain…

— Quoi ? explosa Aiden, en jetant, dans sa colère, les deux hommes par terre.

— Pourtant, tu sais que je ne mens pas…

— Je le sais, répliqua amèrement le policier. Vous êtes mon meilleur ami, dans toutes les situations…

— Aiden, à qui parles-tu ? demanda Casseroc d’une petite voix.

L’interpellé se retourna vers lui et répondit sèchement : 

— Pas à toi, c’est certain ! Ni à Tordsapin ! Mais à Carl l’Observateur…

Il s’interrompit lui-même, inspira et expira profondément pour se calmer, puis reprit d’une voix sévère : 

— Carl m’a dit que Tordsapin a compris ce qui t’est arrivé…

Il saisit Tordsapin pour le forcer à se relever et hurla : 

— N’est-ce pas que tu le savais ?

Tremblant de tous ses membres, le géant mentionné demeura silencieux et ne fit que secouer lentement sa tête.

Aiden murmura : 

— Bon, au moins il l’avoue…

Tordsapin et Casseroc s’entre-observèrent, interloqués. Ils avaient clairement compris qu’il vaut mieux ne pas plaisanter avec le policier.

Ils s’écrièrent, en se traînant à ses pieds : 

— Nous sommes vraiment désolés ! Nous te le dirons la prochaine fois !

Sont-ils honnêtes ? J’ai des doutes, mais je n’ai plus le cœur de les laisser ainsi menottés… La sensation du métal autour des poignets ne doit pas être agréable, pensa le fils de Jim. La déontologie policière ne dit-elle pas qu’il faut éviter des abus de force ? Pourtant, c’est ce que je fais présentement, dans ma colère, ce qui n’est pas correct du tout…

Il les regarda alternativement pendant quelques minutes, puis dit d’une voix chaleureuse :

— Pour cette fois, je vous pardonne. La prochaine fois, soyez vigilants et nous devons nous préserver du danger.

Il les releva doucement et ôta les menottes. Du reste de la journée, ils n’échangèrent point un mot, sauf des banalités.



Le lendemain, ce fut au tour d’Aiden de rester au château et de s’occuper de la cuisine. Il était en train d’écumer le bouillon quand apparut soudainement à sa droite son ami Carl l’Observateur.

Étonné, il faillit lâcher la cuillère en bois dans le chaudron. Il balbutia : 

— Qu’est-ce qui se passe ?

Petit sourire aux lèvres, l’esprit répondit : 

— Le nain est à la porte du château.

— J’arrive tout de suite ! s’écria Aiden Clancy en déposant sa cuillère sur une assiette.

En faisant un geste de sa main droite, Carl dit :

— Tu n’as pas besoin de te dépêcher. 

Les sourcils levés, le policier balbutia : 

— Pourquoi ?

— Le vieux nain ne peut pas l’ouvrir, puisque Henry Alston tient la poignée de l’intérieur.

Puis l’Observateur disparut de sa vue. 

Aiden se rendit devant la porte d’entrée, pour, en effet, constater que l’esprit qu’était devenu Henry Alston tenait fermement la poignée. Malgré lui, un sourire furtif apparut sur ses lèvres. 

Aiden Clancy regarda par la fenêtre la plus proche : en effet, un nain s’y trouvait de l’autre côté, en train de se débattre avec la porte. Cette scène serait comique s’il ne savait pas qu’un esprit était de l’autre côté. 

Le jeune policier extraordinaire murmura :

— Henry, tu peux lâcher la poignée… Tu vois bien que je suis là… Veux-tu être gentil et me laisser sortir ?

— Oui, bien sûr, répondit l’entité en tournant sa tête vers son interlocuteur et en relâchant la poignée.

Aiden sortit aussitôt à l’extérieur et demanda d’une voix forte : 

— Monsieur, qui êtes-vous et que cherchez-vous ?

Le nain, pris au dépourvu, le dévisagea pendant un certain temps avant de répondre :

— Je suis un nain de la forêt et je veux un morceau de viande.

— Et bien, mon cher Monsieur, pour se procurer de la viande, il faut aller à la chasse ou l’acheter à la boucherie ou au supermarché.

— Jeune homme, vous avez vraiment l’arrogance d’un citadin ! répliqua le petit homme d’un air narquois.

— Je suis un habitant de la ville de Grandview, il est vrai, mais vous n’allez pas dicter ma conduite comme vous l’avez fait avec mes deux camarades hier et avant-hier… Ça, vous pouvez l’oublier, mon cher Monsieur !

— Pff ! fit le nain, vexé, en s’approchant de lui, on verra bien qui rira le dernier, jeune homme !

Sauf que Carl l’Observateur apparut à la droite de son ami et dit : 

— Aiden, attention, il pense te jeter par terre en agrippant ta jambe droite !

Le jeune policier le remercia d’un signe de tête positif et il maîtrisa aisément le nain en déjouant ses plans. Il le souleva à la hauteur de son visage et murmura d’une voix sévère :

— Monsieur, la prochaine fois que vous viendrez ici, je vous menotte et je vous donne en pâture aux bêtes sauvages de la forêt… Compris ?

Les yeux grands comme des soucoupes, tremblant de tout son corps, son minuscule interlocuteur murmura d’une voix hésitante : 

— Oui… c’est… très clair…

— Et pour être certain que vous gravez bien ceci dans votre petite cervelle…

Rapidement, Aiden sortit ses menottes et les mit aux poignets du nain qui sursauta en raison de la froideur du métal. Après quelques secondes, le jeune policier les ôta et déposa son adversaire sur le sol. Celui-ci, sans ajouter un seul mot, déguerpit dans la vaste forêt. Aiden le regarda jusqu’à le perdre de vue.

À ce moment précis, Carl l’Observateur, jusqu’à la silencieux, commenta d’une voix neutre : 

— Il est sans doute parti dans son trou de souris, dans lequel il tient une belle princesse prisonnière(24).

— Pourquoi ? demanda Aiden, étonné, les sourcils levés.

— Parce qu’il est gardien pour le compte d’un comte, comte qui voulait la marier de force. Pour la punir, elle est enchaînée dans une salle souterraine, sous des roches.

— J’irai la délivrer ! murmura le fils de Jim Clancy d’un air assuré.

L’Observateur approuva silencieusement ses propos.

— Où se trouve cette jeune dame ? demanda le policier d’un air rêveur.

— Viens ! Et tu le sauras ! dit-il en faisant un geste de la main.

Voilà l’Observateur, suivi d’Aiden, se rendirent jusqu’à un tas de rochers près d’un gros chêne centenaire. Par déformation professionnelle, l’agent de l’ordre prit quelques notes dans un calepin qu’il apportait partout avec lui. 

Ainsi, pensa-t-il, j’aurai des indices pour retrouver l’endroit et pouvoir délivrer la princesse, en espérant qu’elle sera à mon goût.

Puis Aiden revint au château. 


Lorsque Tordsapin et Casseroc revinrent de la chasse, ce fut une belle surprise pour eux de trouver leur compagnon si gaillard et si plein d’entrain. Il leur raconta sa mésaventure, sans rien leur cacher(25). Ils convinrent d’aller délivrer la princesse. 


Munis d’un panier et d’une corde, ils s’en allèrent tous les trois dans la forêt jusqu’à l’endroit où avait disparu le nain. Aiden se mit dans le panier et se fit descendre au bout de la corde dans le trou, jusqu’au fond. Là, il trouva une porte, l’ouvrit et eut alors sous les yeux une jeune femme qu’il trouva belle comme une image ; elle était d’une beauté telle qu’on ne peut la décrire ; et à côté d’elle se tenait le nain, assis, qui jeta à l’intrus des regards féroces. La merveilleuse jeune fille était prisonnière dans des chaînes, et il y avait une telle tristesse dans ses yeux, quand elle regarda Aiden, qu’il en eut grand-pitié.

Il pensa, quelque peu attristé à imaginer les souffrances de la princesse. La pauvre demoiselle ! Je dois la délivrer de son bourreau(26) !

Il abattit son gourdin, qu’il avait apporté avec lui, sur le mauvais gnome avec une force telle qu’il le tua du premier coup. À l’instant même, les chaînes qui entravaient la jeune fille tombèrent ; sa beauté fut un ravissement pour Aiden Clancy, qui ne pouvait plus s’arracher à son admiration. Elle lui dit d’une voix tremblante, pâle comme un linge :

— Merci, Monsieur…

La main droite sur sa poitrine, le policier se présenta :

— Aiden Clancy… Et vous ?

— Altesse Royale Joséphine, princesse de Centerville(27).

En s’inclinant respectueusement, il répliqua : 

— Enchanté !

— Pareillement pour moi…

Joséphine fit une courte puis reprit d’une voix tremblante :

— Sans doute,... Monsieur Aiden Clancy,... que vous vous demandez… ce que je fais ici ?

— Oui, répondit-il sans hésiter. Un comte voulait vous marier de force, mais vous l’avez refusé.

Les yeux grands comme des soucoupes, les sourcils levés, elle balbutia :

— Comment pouvez-vous le savoir ? Est-ce que les rumeurs courent si vite pour que tout le monde sache mon histoire ?

— Non pas du tout, répondit-il d’une voix calme. Je ne suis pas au courant des rumeurs qui courent à Grandview…

Le jeune policier s’éclaircit la gorge, puis, petit sourire aux lèvre, continua d’un ton sérieux :

— J’ai entendu votre histoire de la part d’un esprit, de Carl l’Observateur…

La princesse leva les sourcils, mais il s’empressa d’ajouter, avec son plus beau sourire :

— Car j’ai un don, que j’ai hérité de ma mère, à savoir celui de voir les esprits…

Puis un silence de plusieurs minutes suivit un tel aveu. Aiden scrutait Joséphine. Joséphine le fixait, en passant ses doigts fins dans ses longs cheveux châtains ramassés en plusieurs petites tresses.

Le jeune policier dit, en faisant un geste de la main vers elle : 

— Votre Altesse Royale Joséphine, princesse de Centerville, je vous propose de remonter à la surface et de vous marier à l’homme qui vous plaît…

— Merci, dit-elle, légèrement rougissante, en baissant les yeux.

Il la mit dans le panier et la fit hisser hors de sa prison.

À ce moment, Carl l’Observateur apparut devant lui et affirma d’un air sévère :

— Aiden, tes deux camarades pensent lâcher la corde au moment où tu embarqueras dans le panier, car ils désirent la princesse Joséphine.

L’interpellé le remercia d’un mouvement de tête puis y mit son gourdin dans le panier, sans prêter vraiment attention à l’absence de l’Observateur. 

Je peux bien m’attendre à tout d’eux, pensa-t-il. Ils se sont déjà montrés déloyaux en ne mentionnant pas la présence du nain… Qui sait ce qu’ils peuvent comploter à présent(28) ?

Bien lui en prit, car son gourdin fut hissé jusqu’à la mi-hauteur, les fourbes lâchèrent la corde et le panier vint s’écraser au fond.

En entendant le fracas avec lequel le panier s’était écrasé au fond, Aiden pensa, en regardant l’endroit où il se trouvait auparavant : Dieu soit loué de m’avoir prévenu par l’entremise de Carl du danger qui me guettait ! Il est certain que j’eus été mort à coup sûr !

Il scrutait autour de lui en se demandant comment vais-je sortir de cet abîme ?

Le policier fouilla la prison de la princesse ; il chercha et chercha, mais ne trouva rien.

Il soupira en pensant, les mains dans les poches de son uniforme. Ah ! Il serait tout de même trop malheureux et trop triste de périr d’inanition dans ce trou(29) !

À ce moment précis, son ami l’Observateur apparut à nouveau devant lui et affirma d’un ton sérieux : 

— Tu as oublié de fouiller le nain, n’est-ce pas ?

L’agent de l’ordre bredouilla : 

— En effet, j’ai complètement oublié…

Il est tellement petit que je n’y prête plus attention, pensa-t-il ironiquement.

— Ce n’est pas grave, répliqua Carl avec un bref sourire aux lèvres. Il n’est jamais tard. Il a une bague qui te permettra de remonter en haut. Elle permet d’appeler des esprits de l’air…

Ainsi parla l’Observateur, qui disparut aussitôt de sa vue.


Intrigué, le fils de Melinda sortit les mains de ses poches et se dirigea rapidement vers le corps du nain, pour en effet remarquer qu’il portait au doigt un anneau qui brillait et scintillait étonnamment. Il le lui enleva et le mit à son majeur droit, et comme il faisait tourner la bague, il entendit un drôle de bruit au-dessus de sa tête, quelque chose comme un froissement d’ailes.

Ils sont bruyants, ces esprits, pensa le fils de Jim avec ironie. Je pensais qu’ils apparaissent discrètement… À moins qu’il s’agisse des anges, ou comme je les appelle, des Lumineux ? 

Levant les yeux, il vit des esprits de l’air, une dizaine d’hommes et de femmes, certains vêtus comme des paysans, d’autres comme des riches de la cour, certains jeunes, d’autres vieux, arriver en planant, et derrière eux, quatre anges, des formes humaines lumineuses, agitèrent doucement leurs ailes. 

Les esprits dirent à l’unisson :

— Monsieur Aiden Clancy, vous êtes notre maître et nous attendons vos ordres.

Étonné, l’agent de la paix pensa, il me semble qu’un homme ne peut pas commander à des esprits… Ce sont plutôt les esprits qui peuvent influencer les vivants… C’est vrai qu’ils peuvent aussi déplacer des objets et agir sur les ondes électromagnétiques, mais dire qu’ils se plient aux volontés d’un homme vivant, j’ai des doutes…

L’un des anges s’avança vers lui et dit de sa voix éthérée : 

— Ainsi le veut Notre Seigneur. Vous n’avez qu’à ordonner et ces esprits vous obéiront immédiatement. Et s’il y a de quoi, nous arriverons aussitôt. Il ne doit vous manquer aucun cheveu !

Puis les entités lumineuses s’envolèrent avec beaucoup d’élégance(30).

Aiden regarda les esprits devant lui, sans mot dire. 

Qu’ai-je fait pour être si bien protégé ? pensa-t-il. Je ne suis qu’un simple policier… D’accord, qui a un don particulier, mais rien de plus ! En tout cas, soyons réaliste, ce don ne me sauve pas des erreurs ! Je me sens choyé d’être ainsi soutenu, sans doute pour me récompenser d’avoir enduré mes deux fourbe compagnons… Je ne peux que remercier Dieu de Son aide inconditionnelle.

Le premier moment de stupéfaction passé, le policier leur dit d’une voix grave : 

— Je veux être remonté, si une telle chose est possible pour vous.

Les esprits répondirent d’une seule voix : 

— Oui ! À vos ordres !

Ils lui obéirent instantanément et Aiden eut l’impression de s'envoler ; mais quand il arriva dehors, il ne vit plus personne à la ronde ; il gagna le vieux château, où il ne trouva personne non plus. Au moins, il profita de l’occasion pour discuter avec les esprits errants qui hantèrent le château et parvint à les convaincre doucement de partir dans la Lumière.


Assis sur une chaise dans la cuisine, la tête entre ses mains, le jeune policier murmura :

— Où est ma Joséphine… Je voudrais tellement la marier… Elle est tellement charmante… Elle est tellement jolie…

Il soupira, exaspéré de sa situation. 

Carl l’Observateur apparut, assis sur la chaise face à lui, les mains sur la table, et dit d’un air triste :

— Tordsapin et Casseroc ont tout simplement pris la fuite en emmenant Son Altesse Royale la princesse Joséphine avec eux.

— Quoi !? hurla Aiden, en frappant du poing la table. 

— C’est un fait… Ils ont pris la rivière pour aller à Piermont(31)

— Merci !

Le passeur d’âmes se leva d’un bond, tourna la bague et demanda aux esprits de le conduire immédiatement jusqu’à la rivière de Grandview. 


Aiden se précipita au rivage en courant de toutes ses forces, et là, en regardant bien, il finit par apercevoir au loin,  tout au loin, une petite barque dans laquelle étaient montés les traîtres. Avec la fureur qui bouillonnait en lui, le jeune policier se jeta lui-même dans la rivière pour les poursuivre, en laissant sur le rivage sa ceinture, à laquelle était accrochée son pistolet, des paires de menottes, son gourdin et son bâton. Il nagea énergétiquement et finit par rattraper la barque. Étonnés, Tordsapin et Casseroc n’eurent pas le temps de faire un mouvement qu’Aiden maîtrisa le premier puis le jeta par-dessus bord et fit de même avec le second(32). Joséphine, heureuse, sauta à son cou et l’enlaça tendrement en murmurant d’une voix douce :

— Aiden Clancy, je ne suis que votre épouse…

— Très bien, répliqua-t-il en l’enlaçant d’un geste protecteur.


Il prit alors les avirons et ils revinrent à Grandview, où il la conduisit auprès de ses parents. Leur mariage fut célébré avec joie. Évidemment, Carl Neely était invité. C’était ainsi que l’on apprit que celui-ci était devenu, depuis quelques années, un enseignant en techniques policières. Les esprits de la bague, eux, étaient partis dans la Lumière le lendemain, heureux que la princesse soit mariée à un valeureux homme qui la mérite.





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(1) Dans la série Ghost Whisperer, Aiden et le fils de Jim et Melinda. Pour la cause du conte, nous considérons que Jim Clancy n’est pas mort et que son âme n’est pas dans le corps de Sam Lucas.


(2) Changement par rapport au conte, dans lequel la petite famille vivait dans un vallon perdu, loin de tout. Dans la série, Jim, Melinda et Aiden vivent à Grandview, une petite ville fictive aux États-Unis d’Amérique.


(3) La description des dons de Melinda et de son fils est conforme à la série américaine.


(4) Julia Miller est l’esprit errant d’une fillette morte de leucémie que Melinda rencontre au neuvième épisode de la cinquième saison, Lost in the Shadows — Un fantôme dans le placard. La fillette a peur des Ombres et ne fait pas confiance à Melinda.


(5) Carl l’Observateur est un esprit familier de Melinda et d’Aiden tout au long de la cinquième saison de Ghost Whisperer. Seulement, pour la cause du conte, nous considérons qu’il s’agit de la première fois que la mère le rencontre.


(6) Nous avons ajouté un motif à l’enlèvement de la mère et de l’enfant, qui est absent du conte.


(7) Carl Neely est un policier qui apparaît brièvement dans quelques épisodes des troisième et quatrième saisons de Ghost Whisperer


(8) Sam Blair est une policière de la série américaine, qui apparaît brièvement dans quelques épisodes des quatrième et cinquième saison de la série.


(9) Le détective David Campbell n’apparaît que dans le quatrième épisode de la troisième saison de Ghost Whisperer, intitulé No Safe Place — Ensemble pour l’éternité.


(10) L’événement de la cabine est survenu au sixième épisode de la quatrième saison de la série (Imaginery Friends and Enemis — L’Ennemi imaginaire), peu après l’annulation du second mariage de Tricia — une amie de Jim — avec un escroc, Robert Langowski, qui s’est présenté sous la fausse identité de Hunter Clayton. Le fiancé, déçu, s’est retiré dans une cabane abandonnée du chalet de Tricia, où le mariage devait avoir lieu. Jim Clancy entra dans la cabine, intrigué par la lumière de l’ampoule. S’ensuivit une discussion puis une lutte pour le fusil de chasse que Robert tenait. Melinda, avertie par l’esprit errant qu’était Owen Grace, téléphona à l’inspecteur Carl Neely, qui se dépêcha d’arriver sur les lieux. Il fut suivi par la passeuse d’âmes, qui était inquiète pour son époux. Seulement, dans cette réécriture, nous ne considérons pas que Carl avait visé de loin — ce qui est une attitude peu professionnelle pour un policier si sérieux — de sorte que Jim ne fut point blessé. Mais ceci ne change pas pour autant à l’angoisse que Melinda avait ressenti à ce moment, car il y avait la possibilité que l’escroc armé blesse son mari.


(11) Nous avons ajouté l’inquiétude puis la recherche de Jim, car la famille est une valeur importante pour lui. Ceci se voit au neuvième épisode de la cinquième saison (Lost in the Shadows — Un fantôme dans le placard), lorsque Aiden fut porté disparu, alors qu’il suivait Julia Miller pour se rendre jusqu’à une gare abandonnée de la ville de Grandview. Les deux parents le recherchèrent activement pour le retrouver finalement, guidés par des indices que les Lumineux ont laissé. Ou encore lorsque Melinda a été prisonnière dans la ville souterraine de Grandview, au cinquième épisode de la troisième saison (Weight of What Was — Maladie au sous-sol), l’ambulancier, accompagné de Delia Banks et de Richard Payne, la retrouva, en s’aidant d’un plan de la ville dans la salle des archives. 

Nous avons ajouté cette réaction de Jim Clancy, pour mieux cadrer avec le personnage, plutôt que de suivre le conte, dans lequel il n’y a aucune réaction de la part du père. Il s’était résigné et les croyait même morts.

Dans le conte, la mère et l’enfant restèrent dix ans chez les bandits, ce que nous trouvons trop long, compte tenu que Jim retrouve en quelques heures sa femme et son fils dans la série. C’est pourquoi nous avons fait intervenir les policiers, ce qui est plus logique que si l’ambulancier affronte à lui seul plusieurs hommes armés.


(12) Changement par rapport au conte, dans lequel le fils, à douze ans, dépassait d’une tête son père. Comme Jim est grand, il est impossible que son fils le dépasse à cet âge-là. Par contre, Melinda est une petite brunette, de sorte qu’elle est plus facile à dépasser pour le gamin.


(13) Allusion au conte, dans lequel l’enfant, à neuf ans, alors chez les brigands, osa pour la première fois manier un gourdin pour assommer leur chef, mais sans succès


(14) Allusion au conte, lorsque l’enfant, à dix ans, parvint à manier le gourdin en bois de sapin pour frapper les bandits et leur chef.


(15) Changement par rapport au conte, dans lequel le métier exercé par l’enfant n’est aucunement mentionné. De même dans Ghost Whisperer, puisque la série se termine lorsque Aiden a cinq ans. Par ailleurs, nous faisons allusion à d’autres contes, dans lesquels l’éducation n’est assurée que par un seul homme.


(16) Nous avons ajouté les deux dernières phrases des pensées d’Aiden.


(17) Nous avons encore une fois ajouté les trois dernières phrases des pensées du fils de Melinda Gordon.


(18) Henry Alston est un esprit errant qui est mort dans une cabane abandonnée. Il apparaît dans le vingtième épisode de la cinquième saison de Ghost Whisperer (Blood Money — La Rançon). Nous l’avons vieilli par rapport à son âge de décès dans l’épisode en question, dans lequel il est un adolescent. Pour la cause du conte, nous le déplaçons dans un château au lieu d’une cabane. 


(19) Nous avons ajouté la présence des esprits dans le château abandonné, ce qui est absent du conte, mais que Ghost Whisperer permet.


(20) Nous avons ajouté cette intervention de Henry Alston.


(21) Nous avons ajouté l’influence des Ombres sur le vivant, car celles-ci, dans Ghost Whisperer, agissent lorsqu’il y a culpabilité et des pensées négatives. La description mentionnée un peu plus loin respecte celle de la série.


(22) Dans la cinquième saison de la série américaine, l’esprit errant qu’est Julia Miller donne ce conseil au petit Aiden pour faire fuir les Ombres. Par ailleurs, elle était responsable des chaînes de messages électroniques maudits par un mauvais esprit.


(23) Dans le dernier épisode de la cinquième saison (The Children’s Parade — La Parade des enfants), on voit en effet Aiden et Carl l’Observateur jouer aux échecs.


(24) Changement important par rapport au conte, dans lequel, Jean reçoit la visite du nain qui lui demande de la viande. Il lui donne de sa portion ; le petit homme lui en redemande ; il donne à nouveau ; mais à la troisième fois, il refuse. Et Jean lui donna une gifle au moment où le nain voulait le battre. Puis le petit homme se sauva dans la forêt, mais l’autre le poursuivit jusqu’à ce qu’il fit un faux mouvement, de sorte que le nain prit de l’avance. Au moins, Jean repéra que son opposant s’était caché dans un trou de rocher. Il revient alors au château. Dans le conte, ce n’est que plus tard, lorsqu’il retrouva avec Tordsapin et Casseroc le trou de rocher qu’il comprit ce que le nain cachait. Avec la présence de Carl l’Observateur, qui sait ce qui se passe parmi les vivants, nous nous permettons de devancer par rapport au conte.


(25) Nous avons supprimé le passage des aveux, car nous les avons devancés.


(26) Nous avons ajouté cette pensée à Aiden, qui est absente du conte.


(27) Nous avons inventé le nom de la princesse, ce qui est absent du conte allemand. Par contre, Centerville est le nom de l’une des villes aux environs de Grandview dans la série Ghost Whisperer.


(28) Nous avons repris les pensées de celui qui a délivré, dans le conte, la princesse. Nous avons seulement ajouté la première phrase.


(29) Transposition de certaines phrases du conte sous forme de pensées, par cohérence avec le récit.


(30) Transposition d’une phrase du conte dans le dialogue dans les propos des esprits. De même pour l’ajout des anges, qui correspondent aux Lumineux dans Ghost Whisperer.


(31) Dans le conte, Jean apprend des esprits de la bague que les fuyards ont pris la mer. Seulement, en raison de la présence de Carl l’Observateur, nous avons préféré que ce soit lui qui informe le jeune homme. Comme près de Grandview, il n’y a qu’une rivière, nous avons changé ceci. Par ailleurs, dans la série américaine, Piermont est l’une des villes voisines de Grandview.


(32) Déviation par rapport au conte, dans lequel le héros, sans réfléchir, se jeta à la poursuite de la barque, avec son pesant gourdin, qui l’entraîna vers le fond, de sorte qu’il faillit se noyer. Sauf qu’il tourna à nouveau sa bague et les esprits le transportèrent aussitôt jusqu’à la barque. Rendu là, Jean donna une correction exemplaire aux faux amis avec son gourdin et les jeta par-dessus bord.


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