Mad Love (Jerome Valeska)

Chapitre 29 : ... I've come to talk with you again

1203 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/02/2017 13:12

Jérôme cacha le corps de Kaysha des yeux de tous, loin derrière les caravanes. Le soir même, pendant que le cirque donnerait sa représentation, il s’occuperait de son cadavre. En attendant, il le laisserait dissimulé dans le grand sac de sport et éviterait de sortir durant la journée. Il n’était pas encore midi. Jérôme rentra chez lui, en évitant la foule. Il avançait ainsi, le dos courbés, les yeux rivés au sol et les mains enfoncées dans ses poches, ne cessant de penser au corps de Kaysha qu’il avait laissé derrière lui.

Il claqua la porte de la caravane en entrant. Sa mère était avachie sur la table, une bouteille d’alcool fort dans une main, un verre à moitié vide dans l’autre. Jérôme passa négligemment devant la table.

-         Déjà rentré ? je pensais que tu serais resté plus longtemps avec ta copine, se moqua-t-elle. Elle a enfin compris qu’elle ne pourrait jamais t’aimer ? Pauvre petit Jérôme…

Elle but dans son verre avec un petit sourire détestable. Jérôme s’arrêta net, figé dans son mouvement. Il serra les poings.

-         Ferme-là, dit-il en doutant que sa mère l’ait entendu.

Ses yeux fixaient le vide, et il se sentait trembler.

-         Qu’est-ce que tu as dit ? demanda-t-elle avec une expression réellement surprise, alors que la colère perlait dans sa voix.

Il leva le poing et le cogna sur le plan de travail. Sa voix devint plus vicieuse, grinçante. Finalement, il semblait que sa voix disait la mort, froide et impitoyable.

-         J’ai dis : ferme-là, reprit-il lentement.

-         Ne me parle pas comme ça, siffla-t-elle.

Jérôme eut un premier ricanement glacial.

-         C’est de ta faute, continua-t-il, elle est morte. De mes mains. Et je l’aimais pourtant, dit-il en levant la voix, alors qu’une douce larme salée lui coulait le long de la joue et finissait sa course dans sa bouche.

Il laissa un petit temps s’écouler avant de reprendre, alors que sa mère restait muette.

-         On tue par amour, hein ? Mais tu vois, on peut aussi tuer pour d’autres motivations.

Elle ouvrit la bouche, se décidant à savoir si elle devait hurler ou rester calme. Il s’avança lentement le long du plan de travail. A côté du lavabo, était posée une petite hache, sûrement laissée là par le dernier homme qui était venu profiter de la docilité de sa mère.

-         On peut tuer par haine, aussi, continua-t-il avec un petit rire effrayant. Et si tu savais, maman… si tu savais comme je l’aime… et comment toi, je te hais.

-         Non, Jérôme…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Dans un mouvement rapide et précis, Jérôme leva la hache au dessus de sa tête, et l’envoya sur sa mère. L’arme se planta directement dans son abdomen, dans un étrange bruit qui déchira le silence de la caravane. Sa mère s’effondra dans la seconde, la hache enfoncée dans la peau. Elle s’écroula lourdement sur le sol. Jérôme s’approcha d’elle lentement, et observa le corps, sans expression. Elle tourna les pupilles vers lui, en suffocant des supplications incompréhensibles. Elle tenta de lever la main vers lui, pitoyable, crachant du sang qui colorait ses dents et sa peau. Jérôme soupira.

-         Ça fait quoi, de se sentir impuissant ? ridicule ? humilié ? tu as envie de hurler, hein ? de te jeter sur moi et de m’arracher les intestins. Oui, oui, je sais tout ça, ça fait dix-huit ans que je le vis. Il fallait pas insister. Je suis pas ton chien.

Il se mit à rire.

-         Finalement, c’est assez ironique, parce que la vraie chienne ici, c’est toi ! gloussa-t-il.

Il se pencha pour reprendre la hache qui s’extirpa du corps de sa mère dans un son dérangeant. Il observa la lame ensanglantée un instant.

-         Je sais pas qui a laissé ça trainer, mais c’est un homme que je devrais apprécier. Bon, je pense que c’est le moment de se dire au revoir. Adieu, maman, sache que je ne t’aime toujours pas.

Elle ouvrit grands les yeux dans une vision d’horreur et Jérôme abattit la hache contre elle une nouvelle fois. Le sang gicla dans tous les sens, n’épargnant si ses paupières, ni ses lèvres. Il l’essuya comme il le put d’un revers de main. Un corps de plus à dissimuler. Il le leva du sol, et le posa dans la salle de bain, derrière le rideau de douche.

Il se lava longuement les mains, le visage, et s’observa dans le miroir. Subitement, il cru voir le visage rieur de Kaysha dans la glace, et il se retourna pour regarder derrière lui. Mais il n’y avait rien. Il était certain de l’avoir entendu pourtant. Il posa ses coudes sur le bord du lavabo, et passa ses mains dans ses cheveux défait, une grande mèche lui tombant paresseusement sur les yeux. Elle était la seule qu’il avait réellement aimé. La dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés dans la salle de bain, elle lui avait avoué le mal que lui avait fait le père de Cole. Et il venait de lui faire pire. Quel genre d’ami était-il ? Pire, quel genre d’amant il était ? Et en comprenant qu’il ne pourrait plus tomber dans ses bras, attendre ses rares baisers, entendre ses paroles apaisantes, ni même voir son visage rassurant, il se laissa glisser sur le sol en pleurant silencieusement, dans des larmes qu’il tentait d’ignorer.

On n’avait pas frappé Jérôme ce jour-là, il s’était donné les coups lui-même. Il s’était retiré son âme et son cœur. Et maintenant, il sanglotait sans bruit contre le mur de la salle de bain, oubliant rapidement le cadavre de sa mère qui saignait dans les canalisations, hanté par celui de Kaysha, qu’il avait laissé propre et net, excepté ces traces violacées qu’il avait provoqué sur sa gorge fine. 


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