Triangle maudit

Chapitre 2 : Premier pas

1619 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2020 14:13


Le lendemain, 6h du matin.


Le vibreur de mon téléphone fait tomber l'appareil de la table de nuit sur mon lit. Je réponds, les yeux encore fermés. C’est Crawford à l’appareil.

-         110, Boulevard Vaupant, c’est bon pour vous ? Me demande-t-il.

Je tape l’adresse sur Google.

-         J’y serais dans 30 minutes. Je réponds et raccroche tout en me levant péniblement.


 Je file sous la douche, c’est aujourd’hui que les choses sérieuses commencent.


Une coquette maison de banlieue se dresse devant moi, des rubans jaunes et noirs l’encerclent, elle est prisonnière, théâtre d’une scène dont je ne sais encore rien.

Je rejoins Crawford qui m’attends à l’intérieur. La maison est cossue et bien décorée. Une fois les banalités échangées, l’agent me fait un rapide résumé de la situation.


-         Tu n’es pas obligée de voir la scène, tu peux rester en retrait avec les autres agents pour prendre des notes. Me dit-il.

-         Il me faut voir les agents à l’œuvre au plus près de la scène, je crois que ça va aller ne vous inquiétez pas. J’avais tort.

Je rentre dans ce qui autrefois avait été une chambre. Des agents sont déjà à photographier la scène.


Une femme est allongée, nue, dans une mare de sang qu’on devine être le sien. Ses jambes sont écartées et couvertes d’une substance blanche que je crois être… Au mon dieu je préfère détourner le regard. Ses bras ont été arrachés et disposés près de son visage, de façon à ce que les mains cachent ses yeux. Deux agents prennent chacun un bras et les soulèvent avec délicatesse.

L’horreur se révèle. Le visage de la femme a été complètement arraché, ou plutôt découpé. De façon méthodique. La peau n’est plus là ; laissant la chair à vive. La vision de cette femme décharnée me soulève le cœur, je sors de la chambre, une main sur ma bouche.


Crawford ne cherche pas à me rattraper, une telle réaction est normale.


Je me mets à courir pour sortir de cette maudite maison. Quand soudain mon corps percute quelque chose. Je lève les yeux et voit Graham me regarder, décontenancé.

J’essai de me ressaisir face à lui, mais je n’arrive pas à prononcer le moindre mot.

Il continu de me fixer, son regard est sans jugement remplit de bienveillance. 


-         Bonjour, on n’est pas en cours aujourd’hui ? Me demande-t-il sur un ton qui se veut amical.


Sa remarque totalement déconnectée de la réalité à laquelle je viens de faire face m’interpelle.


-         Heu non désolé. Réponde-je, toute timide face à mon professeur.

-         Excusez-moi. Je le salue poliment et attrape le premier taxi pour rentrer à l’université.


Ce premier jour de stage fût un véritable fiasco.


Il est 16h, mon cours droit des obligations vient de se terminer, c’était le dernier cours de la journée. Je décide de me rendre à la bibliothèque, histoire de peaufiner mon cours, lorsque j’aperçois l’agent Crawford. Je pars à sa rencontre.


-         Alors remise de la matinée ? Me demande-t-il sincèrement.

Je ne dis rien, a vrai dire jusqu’à présent j’avais essayé de chasser ce souvenir de ma mémoire.

-         Ecouter si cela est trop difficile… Commence-t-il.


-         Non aucun souci ! Dis-je sur un ton de voix assurée. Il était hors de question que je perde ce stage, j’en avais absolument besoin.


-         Je vais me ressaisir, c’est juste que je ne m’attendais pas à de telles atrocités. Essaye-je de me justifier.


-         J’imagine. Si besoin le Docteur Lecteur pourra vous recevoir, nous collaborons souvent avec lui il connait parfaitement nos affaires et il s’agit du meilleur psychiatre que je connaisse. Enchérit Crawford.


Je repense à l’homme que j’ai vu hier dans le bureau du FBI. J’acquiesce de la tête.


-         Très bien voila son adresse, il vous attend dès à présent. Crawford me tend un papier avec un adresse.


Je remercie Crawford pour son implication et me dirige vers la route pour attraper un taxi.



Je suis assise dans une salle d’attente d’un chic absolu. Devant moi se trouve une grande porte en ébène, j’imagine qu’il s’agit du bureau du Docteur. J’entends avec difficulté deux voix, certainement masculine. Mais les propos sont inaudibles. L’ouverture de la porte vient me tirer hors de mes pensées.


Je me lève en vitesse, et vois le Docteur sortir accompagné de Will. C’était donc lui qui était en consultation avec Lecteur.

Will me regarde sans dire un mot et s’en va d’un pas pressé.


-         Pardonnez-lui son manque de tact, vraiment il ne le fait pas exprès. Le Docteur me sourit.


Il me sert avec délicatesse la main que je lui tends et m’invite à entrer.


Son bureau est bien plus grand que tout ce que j’imaginais, mais on retrouve le chic et l’élégance de la salle d’attente.

Une fois assis, la séance peu commencée.




Pendant ce temps…


Elle se tient là assise, devant le docteur l’air presque apeurée. Le Docteur détail son corps du regard. Il devine la courbure de sa taille, ses fines jambes galbées sous un collant noir. Sa poitrine est rentrée sous la courbure formée par la peur.

Hema ne remarque pas le regard d’Hannibal, elle est bien trop absorbée par les tableaux décorant les murs du bureau.

Hannibal sent son pouls s’accélérer, il sent son sang afflué dans tout son corps, un bouillon exquis qui met ses sens à l’affut. Il se rappel le croquis dessiné se trouvant sur son bureau.


-         C’est un Rembrandt, n’est-ce pas ? Demande la petite ingénue.

-         Tout à fait, vous êtes connaisseuse. Répond Lecteur.

-         J’aime bien l’art. Elle se tut immédiatement, par peur d’en avoir trop dit.

-         Le tableau de ce matin, était-ce de l’art selon vous ?


Les poings d’Hema se sert sur ces cuisses.


-         C’était une véritable boucherie, cela n’avait rien… D’artistique. Tout était grossier, surfait.

Le Docteur acquiesce de la tête puis après un silence lui répond :

-         Il faut vous représentez toutes ces images telles des tableaux. Chaque goute de sang étant une tache de peinture. Le corps une toile. Tout cela sera ainsi plus supportable pour vous.

-         Vous avez peut-être raison. Hema ne semble pas convaincue par les affirmations du Docteur.


La séance se poursuit et bientôt pris un tournant très déplaisant pour la jeune femme.


-         Que s’est-il passé en France ? Demande le Docteur.

-         Je vous demande pardon ? Hema répond sur un ton sec, il y a des sujets à ne pas aborder et celui-ci en fait partie.  

-         Pourquoi être venue à Baltimore pour poursuivre vos études, alors que vous étudiez dans la plus prestigieuse faculté de Paris ? Ces questions semblent passionnées le Docteur.

-         Comment vous savez tout ça ? La surprise peut se lire sur le visage d’Hema.


Mais elle en a assez entendu. Elle ramasse son manteau et se dirige vers la porte. Hannibal se lève et avance jusqu’à elle. Leurs deux corps se touchent presque. Il tend sa main, puis ouvre la porte.


-         Je suis désolé, j’espère tout de même vous revoir prochainement.


Elle sort sans dire un mot, encore plus bouleversée qu’à son arrivée.


-         Mais comment savait-il tout ça ? Hema n’a pas arrêté de se questionner sur le chemin du retour, qu’importe elle préfère oublier tout cela au plus vite.  

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