My cannibal obsession

Chapitre 5 : Le plaisir des sens

3311 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 11:44

Dimanche 1er mars.

 

Malgré les horreurs que j’ai pu voir hier, j’ai vraiment bien dormi. La température dans la chambre est parfaite et Hannibal habite vraiment dans un endroit calme, de plus le lit est très bon. Il m’a attribué une grande chambre avec un lit King size, des tableaux et des meubles en bois. Je dispose aussi d’une bibliothèque mais je n’ai pas eu le temps d’y jeter un coup d’œil. Hier nous sommes rentrés et je suis immédiatement allée me coucher. Je suis étonnée par le recul que j’arrive à prendre sur les scènes de crime, les deux que j’ai pu voir m’ont provoqué un choc sur le coup, puis la curiosité et la passion dépassaient l’effroi. J’allume mon téléphone pour voir l’heure. Il est dix heures: je sursaute, je dois absolument me lever, je ne peux pas me permettre de rester ici plus longtemps, je vais être terriblement gênée devant le Dr Lecter. J’ai six appels manqués et quatre messages sur mon téléphone. Ma meilleure amie s’inquiète encore, je ne lui ai toujours pas répondu, mes parents ont également appelé.

 

Mes parents. J’avais oublié que je devais manger chez eux ce midi. Je me précipite dans la salle de bain pour me brosser les dents et me détacher les cheveux lorsque j’entends un bruit.

 

J’ouvre la porte, il y a de la musique. J’avance dans le grand couloir, mes pieds nus sur le parquet, j’avance tout doucement pour ne pas le faire grincer. Plus j’avance et plus je sens que le sol se réchauffe, il a du mettre une cheminée en route, la musique est de plus en plus forte. Je reconnais le morceau. J’avance encore un peu, la pièce est très lumineuse, il y a du soleil dehors. La maison est encore plus grandiose éclairée de la sorte.

 

C’est Hannibal qui joue Aria des Variations Goldberg de Bach au piano. C’est magnifique. Je profite du spectacle quelques secondes : il est de dos et ne me voit pas. Je ne le vois pas très bien non plus puisque j’ai le soleil dans les yeux, je ne perçois que son élégante silhouette. Il maîtrise superbement bien son instrument, je pourrais rester là des heures pour l’écouter, puis le voir. Il est très beau. Je décide néanmoins de faire demi tour, je ne voudrais pas qu’il me voit dans cette tenue, et pas préparée. Mais il s’arrête de jouer.

 

« Vous pouvez rester. », me dit il.

 

Je suis dans l’embarras, comment a-t-il pu savoir que j’étais là ? J’étais très discrète pourtant.

 

Je m’avance puis je m’assois à coté de lui. A ce moment, je suis très contente de m’être préalablement brossé les dents.

 

« Comment avez-vous su que j’étais là ? lui demandé-je

- Une simple intuition, me répond-t-il en se tournant vers moi.

- Je connais ce morceau, et je l’aime beaucoup, vous êtes très doué. Pourriez vous… jouer encore un peu ? » dis-je avec une voix hésitante.

 

Il se remet à jouer. Je ne sais pas comment expliquer ce que je suis en train de vivre. Je dirais tout simplement que je me sens bien, avec lui, à cet instant.

A la fin du morceau, il me regarde à nouveau et me sourit, je baisse les yeux.

 

« Il est dimanche, avez vous quelque chose de prévu aujourd’hui ? me demande-t-il

- Oui, je vais manger chez mes parents.

- D’accord, vous devriez aller vous préparer et profiter de votre journée de repos. La semaine risque d’être longue, m’affirme-t-il tout en se levant du banc.

- Longue ? retorqué-je sans le quitter du regard.

- Oui, je veux que vous travailliez sur le profil de la potentielle meurtrière à laquelle nous avons eu affaire hier, j’aimerais connaître votre théorie sur les motivations et choix de cette femme.

- Ils l’ont retrouvée ? Vous en savez plus ?

- Non elle est toujours en liberté. Je veux votre avis. »

 

Il veut mon avis ? Je me lève, lui souhaite une bonne journée et vais me préparer pour partir.

 

 

Après avoir mangé chez mes parents, je rentre chez moi et prépare tout ce dont j’ai besoin pour travailler sur l’affaire qu’il m’a attribuée. J’aime profondément mes parents, j’ai toujours été très proche d’eux, mais leur réalité est tellement lointaine de celle que je vis en ce moment, je pense qu’ils ne comprennent pas, ce déjeuner m’a donc un peu perturbée. De plus,  j’ai vraiment envie de rendre à Hannibal mon rapport et de lui donner une théorie complète sur l’affaire au plus vite.

Je me demande vraiment pourquoi mon avis l’intéresse tant sur ce cas. Je travaille toute l’après midi.

 

A dix huit heures je reçois un appel, je n’ai toujours pas répondu à mes amis, ce doit être l’un d’entre eux.

 

« Allo ?

- Bonsoir Marion, c’est Will Graham. »

 

Je suis très surprise. Pourquoi m’appelle-t-il ? Il a sûrement eu mon numéro dans l’annuaire.

 

« Bonsoir, dis-je en balbutiant.

- Je suis en bas de votre immeuble.

- Comment ? Pourquoi ça ?

-J’ai à vous parler. »

 

Puis il raccroche. J’ai le cœur qui bat vraiment fort, je ne sais pas ce qu’il me veut. J’attrape mon manteau, j’enfile mes chaussures et je descends. Il est là, dans le noir.

 

« Je ne peux plus dormir la nuit. Je ne peux pas dormir tout en sachant que vous êtes chez le Dr Lecter, déclare-t-il.

- Excusez moi Will, je ne comprends pas, qu’est ce qui ne va pas ?

- Hannibal est dangereux, vous devriez vraiment vous éloigner de lui, vous n’êtes qu’une jeune femme.

- Qu’est ce qui vous fait dire qu’il est dangereux ? Vous n’avez pas confiance en lui ? C’est pourtant votre ami.

- Un pressentiment.

- Vous n’allez pas me dire que pour un pressentiment je devrais foutre cette opportunité de carrière en l’air ?

- Ne me dîtes pas que tout cela n’est qu’une histoire de carrière, j’ai bien vu, j’étais là, il est différent avec vous, vous n’êtes qu’une proie. »

 

Je suis stupéfaite, je ne comprends pas. Je secoue la tête en signe d’incompréhension. Je sens qu’il est bienveillant, il s’énerve un peu mais tout en restant correct, il manque clairement de confiance en lui, mais il a l’air sûr de ce qu’il raconte.

 

«  Bonne nuit, Will ».

 

Il ne me répond pas, je fais demi tour et retourne dans mon appartement. Je suis abasourdie, je souffle trente secondes lorsque mon téléphone sonne à nouveau.

 

« Allo ?

-Marion c’est moi Florine, mais qu’est ce que tu fais ? Pourquoi tu ne me réponds pas ?

- Désolée … Je n’ai vraiment pas le temps, je dois y aller, promis je te rappelle bientôt, je t’aime. »

 

Puis je lui raccroche au nez. Je ne reviens pas de ce que je peux faire endurer à ma meilleure amie. Mais je n’ai qu’une envie, le voir. J'hésite quelques secondes puis je reprends mon téléphone et j’appelle Hannibal.

 

« Bonsoir Marion »

 

Je souris, il sait que c’est moi. Rien que de l’entendre dire mon prénom je suis soulagée, rassurée et détendue. Ça me fait du bien.

 

«Est ce que… », J’hésite encore.

 «Est ce que je peux venir ? lui lancé-je après quelques secondes de latence.

- Bien sûr, je vous attends. »

 

 

Je conduis jusque chez lui, il me fait entrer, je ne lui explique pas ce qui vient de m’arriver et il ne cherche pas à savoir. Il est en train de se faire à manger. Même lorsqu’il est seul il se fait des dîners dignes d’un restaurant étoilé. J’ai déjà mangé quelque chose chez moi donc je refuse poliment lorsqu’il propose de me servir. Il s’est cuisiné du foie gras chaud avec une espèce de sauce de couleur rouge sang, c’est très beau.

 

« Votre théorie sur le crime d’hier avance ? m’interroge-t-il en s’asseyant en face de moi pour manger.

-Oui, j’ai travaillé dessus toute l’après midi, et j’ai une idée bien précise de ce qui a pu passer par la tête de cette femme.

- Vraiment ? Je serais curieux d’entendre tout ça.

- Je n’ai pas tout à fait fini mais je peux vous faire part de mes pistes de recherche.

- Je vous écoute.

- Je pense que c’est une jalouse maladive. » réponds-je.

 

Il sourit de coin et continue à manger, ce que je viens de dire est probablement très loin de la vérité, je me sens stupide.

 

« Je suis à coté de la plaque c’est ça ? demandé-je.

- Non allez-y, continuez.

- Bon… Alors je pense que cette femme est folle amoureuse de son mari et qu’il l’a trompée, elle a donc décidé de tuer sa maîtresse. Elle aurait pu tuer son mari mais elle en était incapable, elle doit probablement l’aimer profondément. Je pense qu’elle a attrapé cette femme, qu’elle l’a assommée puis elle l’a attachée aux barreaux du lit avec les menottes, ensuite elle a attendu qu’elle se réveille pour la faire souffrir autant qu’elle a pu souffrir elle-même, elle lui a ouvert le ventre et lui a enlevé les organes génitaux. A mon avis elle les lui a enlevés parce qu’elle pensait que c’était ce à quoi son mari la réduisait, c’est assez symbolique en fait, sans ces organes génitaux il ne serait pas entré en elle, elle n’aurait pas été femme, il n’y aurait probablement rien eu. Elle a du terriblement souffrir, à vrai dire j’ai mal pour elle. Elle les a mis dans une boîte pour les sacrer, pour donner l’impression que ces organes étaient la chose qui définissait cette femme, qu’elle ne se réduisait qu’à cela. C’est la qu’on voit toute la haine qu’elle pouvait ressentir pour elle. Ensuite elle lui a découpé les jambes, toujours ante-mortem, pour la faire souffrir, puis elle a probablement… »

 

Il arrête de manger, il attend que je finisse ma phrase.

 

« Elle a probablement … ?

-Je pense qu’elle les a mangées, je pense qu’elle les a cuisinées pour les manger puis qu’elle en a aussi fait profiter son mari lors d’un dîner romantique. Comme pour finaliser sa vengeance. »

 

Il penche la tête sur le côté tout en me fixant, comme en signe d’approbation.

 

« Vous en pensez quoi ? lui demandé-je

- Vous êtes perspicace et vous avez l’air convaincue de ce que vous dîtes. C’est très bien, c’est brillant. Je lirai votre rapport dans le détail plus tard. Demain vous proposerez votre théorie à Jack Crawford. »

 

Ça me paraît très rapide, j’ai l’impression qu’il me fait confiance trop vite, mais je ne peux pas m’empêcher d’être fière.

 

Je me dirige dans la chambre, je réfléchis à tout ce que j’ai dit. Le Dr Lecter vient me souhaiter une bonne nuit et il va se coucher. Je relis tout ce que j’ai écrit, mes observations, évidemment je ne lui pas tout dit en détail. Puis je décide à mon tour d’aller me coucher alors j’enfile un legging noir et un léger débardeur et glisse sous les draps, mais je ne trouve pas le sommeil. J’ai passé une journée vraiment mouvementée, tout ce que m’a dit Will me trotte dans la tête. J’essaie de me souvenir des réactions d’Hannibal et de toutes les décrypter mais il est mystérieux, tellement mystérieux qu’il m’obsède. Il cache quelque chose, j’ai envie d’en savoir plus sur lui.

 

Il est deux heures du matin, je n’ai toujours pas dormi. Je me lève, j’ai une irrésistible envie d’aller le rejoindre mais je décide plutôt de fouiller dans son bureau. Je sors discrètement, toujours pieds nus, j’avance dans le noir.

 

Ma curiosité dépasse la peur, je ne sais pas ce que je pourrai trouver. Je passe devant sa chambre alors j’essaie de retenir mon souffle, ce matin j’ai bien eu la preuve qu’il avait l’oreille très fine. J’essaie de ne pas me cogner pour ne pas faire de bruit, mais tout est très silencieux et le seul son que je peux entendre est celui du tic tac de l’horloge. Plus j’avance et plus j’entends les craquements du feu de cheminée dont la lumière va me permettre de voir ce que je fais. J’arrive dans le salon, je ne l’ai pas réveillé.

 

Je décide d’ouvrir un petit meuble, je ne trouve rien d’intéressant. J’ouvre plusieurs tiroirs délicatement mais je ne trouve toujours rien, ce sont toutes ses informations sur les patients, les dossiers médicaux et autre papiers administratifs. Puis je réfléchis et décide d’ouvrir le tiroir le plus accessible, le tiroir duquel on ne se doute pas que quelque chose s’y cache. Je soulève le fond du tiroir et y trouve tout un tas de dessins, des dessins magnifiques, je m’accroupis pour mieux voir et attrape les dessins du fond du tiroir. Je me relève et tout à coup je sens des mains sur mes hanches, je sursaute et me retourne, c’est Hannibal.

 

Je me retrouve face à lui, dans la panique j’ai lâché tous les dessins. Il garde une main sur une de mes hanches et pose délicatement l’autre sur ma joue droite. Il pose son pouce sur mes lèvres et le fait glisser, tout doucement. Il rapproche son visage du mien, je pose une main sur son ventre et on se regarde dans les yeux. Il respire doucement, son sang froid m’impressionne. Il est vraiment beau, éclairé de la sorte par la cheminée. Mon cœur bat très vite. Il n’est pas en colère, il devait probablement savoir que j’allais tenter d’en savoir plus sur lui. J’éprouve en ce moment même un désir que je n’ai jamais éprouvé au part avant.

 

« Vous avez des choses à cacher n’est ce pas ? » lui lancé-je .

 

Il me sourit en coin, j’adore ça, j’hausse le sourcil pour lui rappeler que j’attends sa réponse.

 

«Cela nous fait un point commun », me répond-t-il, d’une voix plus grave et plus ténébreuse que d’habitude.

Je fronce les sourcils, je ne comprends pas ce qu’il veut dire par là.

 

« Tu n’en as tout simplement pas encore conscience, ça viendra, n’en doute pas. » ajoute-t-il.

Il me caresse une dernière fois la joue et fait demi-tour pour retourner se coucher.

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