Bellatrix, une autre vie.

Automne 1974

Les heures, les journées, les semaines et les mois paraissaient durer une infinité pour la jeune Bellatrix. Tom lui manquait, il lui manquait terriblement. Personne à Poudlard ne pouvait comprendre comment un tel manque avait pu créer en elle ce vide.

Il fallait qu'elle revoit Tom. Les lettres par hiboux ne lui suffisaient pas, elle le voulait lui, juste lui.

Malheureusement on avait refusé à Tom le poste de Professeur contre les Forces du Mal et le jeune homme avait du trouver un travail dans un petite boutique poisseuse à Londres. Comment allaient-ils pouvoir se revoir ? Comment Bellatrix allait-elle pouvoir quitter cette forteresse ? La prochaine sortie à Pré-au-Lard avait été annulée et les vacances de Noël n'arriveraient pas avant deux longs mois. Bellatrix ne pouvait pas attendre jusque là. Elle allait devoir élaborer un plan d'échappatoire, ce qui ne devrait pas être trop compliqué : c'était une Black après tout.

L'idée avait germé dans son esprit petit à petit. Durant les cours, alors qu'elle rêvassait en regardant par la fenêtre, il lui arrivait de penser à de nombreuses choses. Et en ce moment une seule l'intéressait vraiment : quitter Poudlard au plus vite pour retrouver Tom. Elle avait fouillé tout le château pour y découvrir une éventuelle porte de sortie, mais rien à faire tout était verrouillé, interdit ou surveillé. Une forteresse. Elle se mit aussi à fouiller dans la bibliothèque et sur l'Histoire de Poudlard afin de percer un secret qui aurait pu l'aider à s'enfuir. Mais la pauvre jeune fille perdit deux longues semaines. Il n'y avait rien, nul part.

Le seule chose qu'elle n'avait pas tenté, et elle se sentit bête quand l'idée lui vint de ne pas y avoir réfléchit plutôt, était d'en parler à Tom. Évidemment le garçon était le mieux placé pour l'aider, et c'est d'ailleurs ce qu'il fit.

Lorsque tout le monde fut couché, la jeune Black se faufila en dehors du dortoir et se dépêcha de sortir des cachots sombres de Serpentard. Elle n'avait pas prévu qu'il ferait aussi froid dans les couloirs du château, elle n'avait pris qu'une petite veste mince et elle avait gardé son haut de pyjama. Si elle rencontrait quelqu'un en chemin, elle se sentirait ridicule.

Arrivée en haut de l'escalier elle passa trois fois devant le mur à la tapisserie en pensant très fort à une cachette. Le Salle sur Demande s'ouvrit.

Elle était surexcitée que leur plan ait fonctionné. Doucement elle poussa la petite porte et découvrit la salle : une infinité d'objets de toutes sortes étaient empilés tout le long de la pièce. Malgré ce bazar elle n'eut pas de mal à trouver ce qu'elle cherchait : la grande armoire à disparaître se tenait bien voyante au fond de la salle.

Bellatrix se dépêcha d'aller la rejoindre, puis un peu hésitante elle ouvrit le battant. Même à l'intérieur l'armoire semblait grande, elle pouvait presque contenir trois personnes. Elle était aussi sombre et poussiéreuse, mais cela ne fit pas reculer la jeune fille : après une grande inspiration elle se glissa à l'intérieur. Puis elle referma le battant. Le noir total.

Lorsqu'elle ré-ouvrit la porte quelques instants plus tard, elle ne pensait pas avoir réussi à passer entre les deux armoires. Pourtant la salle dans laquelle elle se retrouva n'eut rien à voir avec la Salle sur Demande : elle était remplie d'étagères sur lesquelles reposaient des objets macabres de toutes sortes ainsi que des instruments sordides. Bellatrix ne put retenir les frissons qui la parcoururent. C'était un magasin rempli de magie noire. Elle avança doucement entre les rangées d'étagères et les toiles d'araignée, veillant bien à ne rien toucher et à ne rien renverser. Mais sa maladresse frappa encore une fois : elle se prit les pieds dans la bordure d'un tapis et, alors qu'elle s'apprêtait à se rattraper à l'étagère la plus proche, renversant tout sur le coup, un main la saisit rapidement et la retint de faire plus de boucan qu'elle n'en avait déjà fait.

- Bon sang Bellatrix tu veux nous faire attraper ?

- Tom ! chuchota Bella en joie avant de sauter au cou du jeune homme. Tu m'as tellement manqué !

- Tu m'as manqué aussi, lui répondit Tom en se retenant à une étagère pour ne pas tomber sous le poids de son amie. Viens ne restons pas là, je ne voudrai pas que mon patron nous surprenne.

Il lui attrapa la main et l'entraîna vers le fond de la pièce. Elle était si heureuse de revoir le garçon, son petit cœur ne cessait de battre de plus en plus vite, manquant de s'échapper à tout moment. Ils montèrent un escalier sur plusieurs étages et arrivés tout en haut le garçon murmura un sort et une échelle descendit d'une trappe au plafond. Il tendit sa main à la jeune fille :

- Vas-y montes.

Bellatrix grimpa les marches petit à petit, puis arrivée en haut elle poussa la petite trappe. Ses yeux s'écarquillèrent. La chambre de Tom aurait pu avoir l'air de ressembler à n'importe quelle autre chambre banale que l'on trouve au dernier étage de veilles maisons, et pourtant aux yeux de Bellatrix elle était apparue comme la plus belle chambre au monde : c'était leur lieu à eux, rien qu'à eux. Personne ne pouvait venir les embêter, pas de Dranks, pas de Sirius, pas de Poudlard, juste eux. Elle était toute petite, juste la place de mettre un lit, une cuisinière et une petite table. Et il y avait une minuscule pièce à côté qui servait de salle de bain. Mais le plus beau dans tout ça c'était la petite fenêtre qui surplombait le lit : elle était installée au plafond et reflétait toutes les étoiles dans la nuit. C'était magique.

- Ça te plaît ? demanda Tom en entrant à son tour dans la pièce.

- C'est merveilleux, murmura Bellatrix.

Tom s'avança et la prit dans ses bras.

- Tu pourras venir ici quand tu veux.

- J'y compte bien, plaisanta Bellatrix. Je hais Poudlard sans toi, les gens sont tous ennuyeux.

- Ils ne peuvent pas être aussi ennuyeux que le patron de cette boutique, répliqua Tom d'un air maussade. Il est totalement sans vie.

Bellatrix pouffa. Tom lui avait déjà raconté des histoires sur son patron dans ses lettres, mais les entendre en vrai était deux fois plus amusant. Puis ses yeux rieurs croisèrent les siens et elle ne put résister plus longtemps. Doucement elle l'embrassa.

- Tu m'as vraiment manqué Tom. J'aimerai tellement rester avec toi.

- Tu ne peux pas Bella tu le sais bien.

- Je t'aime Tom.

- Je sais.

Bellatrix passa ses mains sur le visage du garçon et observa chaque traits, chaque détails, chaque petits plis avec un sentiment de bonheur euphorique.

- Ferme les yeux, lui demanda-t-elle calmement. Je veux te montrer quelque chose.

Tom exécuta sans poser de question, il n'avait pas tellement le choix.

Il ouvrit pourtant machinalement les yeux quand il sentit les lèvres de la jeune fille effleurer les siennes avant qu'elle ne murmure :

- Tu peux les ré-ouvrir.

C'était magnifique, Tom n'avait jamais rien vu de tel. La pièce, plongée dans le noir, était illuminée par des dizaines de petites boules de magie bleutées flottant dans l'air.

- Bella qu'est-ce que...

- C'est mon monde à moi, murmura-t-elle en attrapant les mains du garçon.

Alors de ses mains à elle, elle créa une nouvelle petite boule bleutée et la déposa dans celles de Tom. Elle était chaude et brillante.

- C'est à ça que ressemble ma véritable magie, continua-t-elle, elle m'apaise.

- C'est magnifique Bellatrix.

Les yeux de Tom s'étaient perdus à travers les lumières. Rien ne pouvait être aussi apaisant, ils avaient la sensation d'être entrés dans un nouvel univers, loin de tout.

Bellatrix se glissa doucement plus près du jeune homme, puis elle l'embrassa encore une fois. Tom resserra son étreinte. Alors que leur baiser se fit plus passionné, il passa délicatement ses mains dans les cheveux de la jeune fille avant de les descendre jusqu'à ses hanches, épousant chaque formes que le corps de la sorcière lui offrait. Puis il la déplaça sur le lit et lui embrassa le cou, juste sous le menton.

Elle était tout à lui.

Bellatrix aurait aimé que cet instant dure à tout jamais. Là, dans ce grenier juste sous les étoiles, entourée de petites lumières magiques, le corps de Tom contre le sien, elle se sentait libre. Tom était tout à elle comme elle était tout à lui. Et rien ni personne ne pourrait leur prendre ça.