Le nouveau professeur de potions

Chapitre 4

1864 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 28/04/2018 17:37

Le dîner à Poudlard était excellent. Rufus n'avait jamais aussi bien ni tant manger de toute sa vie. Ariana était de bonne compagnie. Elle et Rubeus se contentèrent de peu de conversation. Leur côté très extraverti, loin d'être écrasant, mettait tout de suite à l'aise. Ils riaient beaucoup et Ariana avait besoin de toujours toucher les gens à qui elle parlait mais au lieu d'un sentiment d'invasion, on se sentait happé dans la conversation.


Sauf qu'elle avait le talent pour toujours orienter cette dernière sur les sujets que l'on voulait éviter.


  • Donc nous, nous vivons de manière permanente à Poudlard et toi ?
  • Moi … je … je vivais à l'orphelinat jusqu'à ce que Nostro m'en sorte. Depuis je vis ici et là dans le Chemin de Traverse.
  • Sous un toit ?
  • Quand j'ai de la chance, répondit assez piteusement Rufus.
  • C'est-à-dire « de la chance » ?


Ariana le fixait avec tant d'intensité que Rufus n'aurait pas été étonné qu'elle sache déjà tout. Heureusement qu'il savait que ce n'était pas le cas.


  • Et bien par exemple quand … je rencontre une … femme qui accepte de mes services …


À ses côtés, Nostro, qui s'était jusqu'à lors fait le plus discret possible, renifla bruyamment. Rufus se retourna vivement vers lui.


  • En même temps tu veux que je fasse quoi d'autre. J'ai beau proposé il n'y a qu'une seule chose qui les intéresse ! … Oh arrête ça. Tu es bien content quand on peut enfin dormir au chaud. … Assez Nostro ! On en a déjà discuté et ce lieu n'est pas le meilleur endroit pour une nouvelle dispute.


Le ton de Rufus était définitif. Nostro baissa les oreilles et se coucha à moitié sous la chaise de son belligérant. Lorsqu'il releva les yeux, Rufus croisa le regard curieux d'Ariana. Il déglutit avec difficulté et eut encore une fois le sentiment de s'être dévoilé.


  • Alors comme ça tu es aussi legilimencien ?
  • Vous y arrivez vous aussi ?
  • Oui, enfin à minima. Par contre je ne suis absolument pas doué pour l'occulumencie.
  • Moi, avec Nostro, je m'en suis fait une spécialité.
  • Je comprends parfaitement. L'occulumencie est l’apanage de ceux qui ont des secrets et des choses à cacher. Mon oncle était un grand occulumencien.
  • Votre oncle ?
  • Albus Dumbledore. Il a été directeur ici avant Minerva.


La mâchoire de Rufus se décrocha et ses yeux s’agrandirent au maximum. Elle était de la famille de Dumbledore. Du Albus Dumbledore. Rufus avait lu tant et tant de choses sur lui. Et c'est vrai que, maintenant qu'il y prêtait attention, il y avait un grand air de ressemblance avec les portraits du grand sorcier.


  • Fermes donc la bouche tu vas finir par avaler une mouche. Mon oncle n'était pas aussi impressionnant que sa légende le laisser penser.


Ce petit commentaire léger n'eut que peu d'effet sur la stupeur de Rufus. Lui-même sentait, à la périphérie de son esprit, que Nostro ressentait comme une vague colère qu'il essayait tant bien que mal de cacher. Rufus savait que lui mit à part, personne ne pourrait le ressentir alors il n'en fit rien.


Rufus aurait voulu lui poser des questions sur sa famille mais, via son esprit si ouvert, il savait qu'elle ne répondrait pas, alors il ne pencha vers Rubeus et lui demanda :


  • Et toi, ta famille ?


Bien qu'Hagrid ne répondit pas tout de suite, Rufus vit instantanément défiler dans son esprit des souvenirs d'un petit homme souriant et d'histoires d'une mère géante. Il vit aussi un demi-frère.


  • Je … je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur sujet de conversation …
  • Monsieur Rufus ! Potty est très heureux que vous soyez toujours là !


Le petit elfe de maison aux oreilles pendantes était sorti d'on ne sait où et souriait de toutes ses dents à Rufus. Le chien le regardait d'un air mauvais.


  • Bonsoir monsieur Potty. Comment vas-tu aujourd'hui ? Assieds-toi donc.


Après s'être figé quelques instants, l'elfe grimpa sur la chaise, un sourire encore plus large sur ses lèvres. Derrière lui, Ariana, Rubeus et Firenze l'observaient avec stupéfaction alors qu'il échangeait quelques cordialités avec le petit elfe de maison. Rufus sentit leur attention redoubler lorsqu'il offrit à Potty de finir sa part de tarte dont il ne pouvait plus avaler une seule bouchée, sachant très bien que s'il lui proposait un met plus « frais » l'elfe n'en voudrait pas. Tandis que se voir offrir les restes étaient acceptables en tant qu'égaux.


Mais Potty restait très mal à l'aise de partager sa table avec la directrice de Poudlard et donc immédiatement après avoir fini de manger ce qui lui avait été offert, l'elfe souhaita bonne chance à Rufus et disparut dans un « pop ».


Rufus se retourna vers ses voisins qui les scrutaient encore, les yeux légèrement ronds. Il aurait pu leur demander ce qui se passait mais il le savait déjà alors sans leur laisser le temps de poser les questions qui fusaient dans leur esprit , il les salua avant de quitter la table. Nostro le suivit, cachant assez mal sa joie de quitter la Grande Salle.


Certes il n'avait pas redemander à McGonagall où est-ce qu'il pouvait dormir car il l'avait lu dans son esprit. Ce qu'il ne lui avait pas évidement pas précisé. Pourtant il n'avait aucune envie d'aller se lover dans des draps somptueux et moelleux si c'était pour retrouver le froid et la dureté du sol le lendemain. Il s'excusa mentalement auprès de la directrice et prit la direction des cuisines.


Les cuisines étaient circonscrites dans des murs épais qui gardaient admirablement la chaleur. Le lieu était empli de milles fumets et odeurs qui enchantaient Rufus. Cet endroit était encore plus merveilleux que ce qu'il avait aperçu dans l'esprit de Potty. Et puis s'il ne devait passer qu'une seule nuit à Poudlard, il voulait la passer au milieu de ces êtres si humbles qui ne demandaient qu'un peu de considération. Rufus se sentait, à sa manière, très similaire à eux.


Nostro avait tout d'abord été réticent à le suivre mais dès que la chaleur s'était engouffrée dans sa fourrure il se détendit. Dès que Potty les vit il sauta sur place avant de venir vers eux, un sourire sur les lèvres si grands qu'il tordait son visage.


Sur le chemin, pourtant court, qui le menait jusqu'à eux, il parvint à mettre au courant et à rameuter pratiquement la moitié des elfes qui grouillaient dans la cuisine. Ils s'approchaient tous serrés derrière Potty. Certains avaient des yeux aussi gros que des rappeltouts et faisaient comme des spots dans cette petite foule. Nostro fit un pas en arrière.


  • C'est moi à nouveau, monsieur Potty. J'espère que je ne te dérange pas trop.


Lorsqu'il dit cela tous les elfes de maison se figèrent alors que les yeux du sus-nommé se remplirent de larmes. Rufus, surpris, mit un genou à terre et attira le petit elfe contre lui.


  • Désolé m'sieur Potty, je ne voulais pas te faire pleurer.
  • Potty … ne pleure … pas monsieur, répondit l'elfe entre plusieurs sanglots.


Les épaules du petit être tremblaient si fort que Rufus s'assit et le prit sur ses genoux, l'entourant complètement de ses bras. Il oubliait totalement le reste des elfes qui se regardaient les uns les autres en clignant rapidement des yeux.


  • Monsieur Potty, qu'est-ce qu'il y a ? J'ai fait quelque chose de mal. J'en suis désolé, je …


Mais Rufus fut coupé par les doigts fins et osseux de l'elfe qui avait enserré ses lèvres dans une poigne bien plus forte que sa taille ne le laissait supposer.


  • Stop monsieur Rufus ! Arrêtez de vous blâmer … Potty ne pleure pas de tristesse … Potty verse des larmes de joie devant tant de gentillesse … Potty est ému qu'un sorcier si bon l'est appelé son égal … Potty est …


Le petit elfe explosa en sanglots. Rufus lui tapota le dos d'un air réconfortant alors que de grosses larmes venaient mouiller sa chemise. Potty ne semblait plus vouloir s'arrêter de pleurer. Il semblait pourtant qu'il voulait encore dire des choses mais les mots restaient coincés dans sa gorge.


  • Avez-vous vraiment appelé Potty un égal, monsieur ?
  • Bien sûr. Il est mon ami alors il est mon égal.


Dans ses bras, Potty pleura un peu plus fort. Rufus enfouit la tête de l'elfe dans sa robe et ce dernier répondit en le serrant encore plus fort.


  • Vous traite-t-on si mal que cela ici ?


Tous les elfes prirent alors des airs effrayés, un seul s'avança et osa parler.


  • Bien sûr que non. Les conditions de travail à Poudlard sont même très bonnes. Ceux qui, suivant l'exemple de Dobby, on voulut être payés ont été payés. C'est juste que même ici il est rare qu'un sorcier nous considère comme des égaux et même comme des … amis. Certains d'entre eux viennent nous voir et sont aimables avec nous, mais vous, Potty nous a raconté, c'est comme si c'était naturel pour vous.
  • Et pourquoi pas ? Nous sommes un peu pareil vous et moi. Les gens nous passent à côté sans arrêt et pourtant sans jamais nous voir. Sauf que vous vous avez un endroit chaud où dormir le soir.


Dans l’assistance Rufus entendit plusieurs reniflements humides alors que quelques autres elfes avaient vu leurs yeux se remplirent d'étoiles.


  • Vous voulez un endroit ou dormir ?
  • Vous savez qu'il y a assez de place dans notre dortoir.


Rufus sourit et se releva, emportant Potty avec lui.


  • Je serais ravi de rester un peu plus avec vous.


Les elfes de maison sautèrent presque de joie en se dirigeant vers l'arrière des cuisines. Rufus dût se pencher pour passer la porte. Derrière elle se déroulait une autre vie toujours dans la chaleur des cuisines. À gauche, les salles de bains, en face, les salles communes et à droite, les dortoirs et quelques chambres individuelles. C'est dans le dortoir qu'ils rentrèrent.


La pièce était bien plus grande que ce que Rufus avait imaginé et, heureusement pour lui, bien plus haute de plafond. Sur plus d'une dizaine de mètres carré, le sol était couvert de couvertures, de draps, de plaids, alors que plusieurs hamacs pendaient du plafond à diverses hauteurs. Quelques elfes étaient déjà là mais aucun ne dormait vraiment.


Les elfes encouragèrent Rufus à prendre place au centre même de leur « nid ». à peine fut-il en position verticale que déjà les elfes s'agglutinaient autour de lui. Rufus vit du coin de l’œil que Nostro essayait de monter dans un hamac bas. Il n'y parvint qu'après deux lourdes chutes. Avant de se coucher il jeta un regard à Rufus, le jeune homme ne vit pas grand chose d'autre car il s'endormit immédiatement après, blottit au milieu des elfes de maison.


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