Le nouveau professeur de potions

Chapitre 6

1809 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/04/2018 13:56

Le nouveau professeur de potions de Poudlard passa la journée à explorer le château pour en retenir les moindres salles, couloirs, passages. Il ne croisa que quelques elfes de maison qu'il salua par leur nom, il discuta longuement avec un fantôme nommé Nick Quasi-Sans-Tête, et fit la connaissance de quelques portraits fort sympathiques.


Il aurait manqué l'heure du dîner si Nostro ne le lui avait pas rappelé, déjà qu'ils avaient sauté le repas. Le jeune homme retrouva la Grande Salle dans le même état que la veille, chacun ayant repris la même place. Rufus n'avait pas encore franchi la moitié de la salle qu'Ariana se leva et l'applaudit.


Bien qu'il ne put retenir un sourire, la scène était quelque peu gênante pour Rufus. La salle était immense, seulement occupée par six personnes, Rufus et Nostro compris. Chaque claquement résonnait longuement dans l'espace vide mais cela ne semblait nullement gêner Ariana qui continuait son applause solitaire avec enthousiasme.


Sa persévérance lui valut d'être rejoint par Hagrid, qui resta cependant assis. Firenze suivit le mouvement pour la forme en fixant Rufus d'un regard dubitatif et perplexe. McGonagall lui sourit mais ne dit rien. Le nouveau professeur prit donc place à côté d'Ariana comme la veille.


  • Je suis ravie que tu ais été pris. Depuis hier j'ai beaucoup entendu parler de toi.
  • Ah oui ?
  • Bien sûr. Les elfes de maison ne tarissent pas d'éloges à ton sujet, ni au sujet de ton chien qui, parait-il, est très confortable.
  • Ils sont très rapidement affectueux.
  • Si on leur en donne l'occasion, oui.
  • Pourquoi ne le leur donnerait-on pas ?
  • Beaucoup, pour ne pas dire presque tous, les sorciers considèrent les elfes de maison comme des esclaves, des moins que rien et à vrai dire nombre d'élèves de remarque même pas leur présence, ou ne veulent pas la remarquer. Ils ne reçoivent que très peu de visites et souvent elles se bornent à des élèves en quête de nourriture.
  • C'est n'importe quoi ! Ils m'ont accueilli sans poser de questions, m'ont fait passer l'une des meilleures nuits de ma vie et … je ne suis même pas sûr d'avoir réussi à retenir tous leurs noms.


Ariana sourit largement et se tourna vers Firenze qui ne lâchait plus Rufus des yeux en fronçant les sourcils d'un air sévère. Le jeune professeur attendit d'abord que le centaure dise quelque chose mais après quelques instants sans aucune réaction, Rufus saisit deux toasts. Il en donna un à Nostro et porta l'autre à sa bouche. Il avait à peine mordu dans le pain qu'une voix s'éleva.


  • Que penses-tu des centaures ?


Rufus, pris de court, se dépêcha d'avaler ce qu'il avait dans la bouche avant de demander, surpris :


  • Pardon ?
  • Que penses-tu de notre espèce ?
  • Je ne « pense » pas grand chose des centaures. Je sais que vous avez le haut du corps humain et le bas similaire à celui d'un cheval. Je sais que vous vivez en groupe de 10 à 50, que vous vous méfiez autant des sorciers que des moldus et que vous êtes particulièrement brillants en tir à l'arc, en astronomie, en divination et en guérison magique.
  • Je ne vous ai pas demandé de réciter les informations contenues dans le manuel de Dragonneau. Je veux savoir ce que vous pensez de nous.
  • À vrai dire, vous êtes le premier centaure que je rencontre alors, si ce n'est quelques préjugés physiques sur vous, je n'ai aucune opinion sur ceux de votre espèce.


Rufus attendit une réponse qui ne vint pas et soupira avant de continuer :


  • Vous êtes plutôt pas mal, physiquement parlant, mais vous paraissez très suspicieux. Je sais que vous êtes méfiant envers moi mais vous respectez Ariana et Rubeus alors je garde espoir. Bien sûr je ne vous demanderais rien sans avoir fait mes preuves, de même que s'il s'avère que vous n'en valez pas le coup je ne m'attarderais pas sur votre cas.


Alors que Firenze leva bien haut un sourcil, Rubeus et Ariana souriaient de toutes leurs dents, cette dernière déclara, cachant avec peine son amusement :


  • Nous ne sommes pas les seuls, Firenze, a pouvoir te voir tel que tu ne nous en croyais pas capables.
  • C'est ce que l'on verra, répondit le centaure avant de quitter la table.


Ariana attendit que Firenze soit sortit de la Grande Salle pour se retourner vers Rufus et dire :


  • Il peut paraître un peu brusque mais au fond ce n'est pas un mauvais bougre.
  • Il devait énormément respecter votre oncle pour faire les sacrifices qu'il a fait en son nom. Quitter son groupe, pour un centaure, a dû être une décision déchirante.


Rubeus le regarda un instant avec incompréhension avant de s'exclamer :


  • Ah ! C'est vrai j'oubliais que tu étais un légilimencien ! Nous devons te paraître tellement transparents.
  • Rubeus, même si je suis capable de tout lire de votre esprit, je ne jugerais jamais personne que par ses actions, puissent-elles être en contradiction totale avec ce qu'il pense. Ce sont nos choix qui font de nous qui nous sommes.


Ariana ne put retenir un rire.


  • C'est typiquement le genre de choses que mon oncle pouvait dire. Il mettait pourtant derrière ces mots des notions assez différentes des tiennes.
  • Albus Dumbledore était un grand homme !, s'exclama Hagrid.
  • Je n'ai jamais dit le contraire, mais …, se défendit Ariana.
  • Il n'y a pas de « mais » qui tienne. Allons-y Ariana avant qu tu ne commences à parler mal du si grand homme qu'était ton oncle !


Sans lui laisser le temps de répondre, Rubeus avait quitté la table en saluant Rufus. Ariana lui sourit.


  • Rubeus est très protecteur envers la mémoire de mon oncle. Il l'a toujours respecté de son vivant et cela ne s'est pas arrangé avec sa mort. Au plaisir de se revoir plus tard.


Rufus les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils disparurent. Il s'étonna que Ariana pense sincèrement qu'Albus Dumbledore avait des lacunes magiques. Le jeune professeur voulait bien croire qu'il y ait des zones d'ombres dans la légende du Grand Dumbledore, notamment dans sa jeunesse et sa vie privée. Rufus avait lu tout ce qu'il y avait à lire sur l'ancien directeur de Poudlard, et bien qu'il n'ait pas pris à la lettre toutes les « révélations » du livre de Skeeter, il doutait que le sorcier fut infaillible, pourtant jamais il n'aurait mis en doute la puissance magique de cet homme.


Apprendre à connaître cette Ariana et tout ce qu'elle savait serait très instructif. De même que Rubeus Hagrid. Leurs esprits bouillonnaient de souvenirs de bêtes fantastiques, majestueuses ou insignifiantes, mortelles ou protectrices. Mais ses propres pensées furent suspendues lorsque Rufus sentit une main se poser sur son bras. Il leva les yeux et rencontra le regard perçant de la directrice.

Rufus aurait froncé les sourcils s'il n'avait pas eu un meilleur contrôle de lui-même. L'esprit de McGonagall était fermé. Avec un contact visuel si prenant pourtant Rufus aurait pu partiellement passé outre son niveau respectable d'occulumencie mais il ne forçait jamais le passage dans un esprit étranger.


  • Vous êtes légilimencien ?
  • Oui.
  • Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ?
  • Je venais postuler pour un poste de professeur de potions. Rien à voir donc avec mes compétences en legilimencie.
  • Et quel est votre niveau ?
  • Je ne parlerais à personne d'Elphinstone ou de l'homme qui l'a précédé.


La directrice prit une subtile teinte grise, ses yeux s'écarquillèrent et son bouclier mental vacilla.


  • Excusez-moi madame, je ne …
  • Tout va bien. Vous êtes donc un excellent légilimencien. Vous devez donc savoir que nous sommes dans une école ici, habituellement peuplé de jeunes garçons et de jeunes filles de 11 à 18 ans. Il serait préférable pour vous de ne pas tenter de lire leurs esprits.
  • Je crois que j'aurais beaucoup de mal à faire cela, madame la directrice. Certes j'ai besoin d'un contact visuel direct pour pouvoir lire les souvenirs les plus profonds mais vos pensées quotidiennes je les perçois comme si vous les énonciez à voix haute. Mais ne vous inquiétez pas je n'ai pas pour habitude de juger les gens sur ce que leur esprit construit et déconstruit.


La directrice avait levé bien haut les sourcils et son ton était sensiblement plus aigu. Rufus n'avait pas à lire son esprit pour savoir qu'elle ne croyait pas un mot de ce qu'il disait. Au lieu d'essayer de convaincre McGonagall il se contenta de scruter tous les traits de son visage.


C'était une expérience singulièrement différente de ce à quoi il était habitué. Pourtant chaque regard, chaque mouvement, chaque contraction de muscles faisait sens à ses yeux. Rufus observa Minerva McGonagall recomposer sa figure sévère et son calme serein. Il aurait pu lui ouvrir son esprit pour qu'elle voit la vérité dans ses mots mais elle ne le regarderait alors plus qu'avec pitié. Rufus préférait de loin être ignoré, être détesté plutôt que d'être pris en pitié.


Ils restèrent fixés l'un sur l'autre pendant peut-être plusieurs minutes mais personne n'était là pour les interrompre. Rufus voyait à présent le masque qui dissimulait Minerva au reste du monde alors qu'elle-même devait simplement visualiser un visage totalement impassible en lui. Il ne contrôlait peut-être pas très bien sa magie mais il était parfaitement maître de son corps comme de son esprit.


La domination que la directrice exerçait sur sa magie et sur son corps, Rufus pouvait la distinguer clairement maintenant. Il était donc de nouveau capable de lire dans ses traits tout ce qu'il avait besoin de savoir. Parfois il se demandait ce que cela faisait de rencontrer quelqu'un et de ne pouvoir s'appuyer que sur ce qu'il accepte de dire. Cela devait être étrange.


Mais c'était exactement ce que McGonagall était en train de vivre. Pourtant celle-ci ne semblait pas troublée par son silence. On aurait presque dit qu'elle l'appréciait, s'attendant sûrement à une remarque condescendante ou sarcastique sur ce qu'il avait vu dan son esprit. Rufus ne dit rien. La directrice finit par sourire, faiblement.


  • Je suppose que vous avez beaucoup à faire aujourd'hui, n'est-ce pas ? Je ne vais pas vous retenir plus longtemps.

Sentant le temps de la conversation passée, Rufus lui fit sobrement un signe de tête et rejoignit Nostro qui était déjà à mi-chemin vers la sortie.  


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