Le nouveau professeur de potions

Chapitre 7

1857 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/04/2018 10:47

Les appartements des cachots étaient grands et bien fournis. La cheminée du salon était allumée depuis assez longtemps pour avoir chauffée la pièce. Deux grands sièges de cuir trônaient devant l'âtre. Tous les murs, autre que celui de la cheminée, étaient couverts d'étagères qui croulaient sous le poids des livres et des bocaux contenant toutes sortes de plantes, d'animaux ou de partie d'animaux. Loin de les trouver repoussant, Rufus détailla tout ce qu'ils avaient de fascinant.


Le seul espace libre était dans le coin de la pièce, à droite de la cheminée, sous une fenêtre qui devait capter astucieusement ou magiquement la lumière du jour. La surface du bureau était immense avec aisément deux mètres de longueur et un et demi de large. Lorsque le nouvel occupant effleura le bois poli une inscription se mit à luire dans le coin de la table : « Propriété de Severus Rogue ».


Rufus contempla les lettres brillantes. Il aurait sûrement pu les regarder pendant des heures s'il n'avait pas entendu un « pop » derrière lui. Il se retourna en souriant sachant déjà qui était apparu dans la pièce.


  • Hey M'sieur Potty !
  • Monsieur Rufus les appartements vous plaisent-ils ? Nous ne savions pas quelle avait été votre maison alors nous n'avons pas pu accrocher vos bannières.
  • Peut-être parce que je n'ai pas eu de maison.
  • Pardon ?
  • Je n'ai jamais été à Poudlard en tant qu'élève.
  • Potty pourrait vous apporter le Choixpeau magique. Il vous dirait dans quelle maison vous seriez allé.
  • Je ne suis pas sûr que cela sera nécessaire. Si ce n'est que pour la décoration ce n'est vraiment pas la peine. Je vous fais confiance, à toi comme aux autres elfes.
  • Vous voulez dire que vous nous laissez le choix de vos bannières ?
  • Bien sûr. Vous ne pouvez pas vous trompez de toute façon.


Les yeux de l'elfe s’agrandirent encore plus et se mirent à pétiller. Il disparut presque instantanément avec le même « pop » qui l'avait amené. Sans lui la pièce devint brusquement silencieuse. Seul le crépitement du feu rompait cette monotonie. Nostro avait déjà pris place dans l'un des siège devant la cheminée.


Contrairement à ses habitudes toujours impeccables en public, il était là roulé en boule sur le coussin comme le dernier des chiens errants. Sans dire un mot Rufus prit l'autre siège. Il était heureux de voir que l'endroit plaisait à son compagnon sans quoi il serait sûrement retourné dormir avec les elfes de maison.


Nostro avait les yeux fermés, la truffe sur les pattes avant mais les oreilles toujours dressées. Alors que ses babines et ses griffes semblaient mâtes, sa truffe luisait et la lumière des flammes dansait sur son pelage ébène. Les mouvements du feu, tantôt illuminaient ses pattes et sa gueule, pour ensuite venir embraser son flanc et les poils hirsutes de sa queue.


Se sentant, à juste titre, observé, le chien ouvrit un œil, puis l'autre. Rufus n'essaya même pas de détourner le regard. Ils se fixèrent ainsi pendant de longues minutes. C'était l'une de ces choses étranges qui leur arrivaient souvent. Ils auraient sûrement continué encore longtemps s'ils n'avaient pas entendu quelqu'un frapper à la porte.


Après avoir attendu que leur visiteur frapper une seconde fois, Rufus se leva pour ouvrir la porte. En passant à côté du siège toujours occupé il se dit que Nostro n'avait pas choisi le siège par hasard puisqu'il était caché de la porte d'entrée.


  • Bonsoir professeur McGonagall.
  • Bonsoir professeur Prince.


Ce nom sonna si bien à ses oreilles qu'il eut du mal à retenir un sourire. La directrice, bien qu'amusée intérieurement, resta très sérieuse. Rufus fit un pas de côté pour laisser le passage libre.


  • Entrez donc.
  • Non merci, je ne suis pas venue par courtoisie. J'ai simplement une question pour vous.
  • Oui ?
  • Vous vous appelez Rufus Prince, n'est-ce pas ?
  • Oui.
  • Connaissez-vous Helena Prince ?
  • Non.
  • Savez-vous si …
  • Je n'ai aucun lien de parenté avec Severus Rogue si c'est là votre question.
  • Ah … mais votre nom …
  • Je ne porte ni le nom de ma mère ni celui de mon père. Ils ne voulaient rien avoir à faire avec un « monstre » comme moi. Enfin c'est ce que la matrone de l'orphelinat ne se lassait pas de me répéter. Sarcastiquement elle a donc choisi de m'appeler Prince ? Quant à Severus Rogue, je crois savoir qu'il était mort depuis plusieurs années déjà lorsque je suis né.
  • Vous aviez quel âge ?
  • Je ne sais pas, entre un et deux ans sûrement.
  • Et vos parents ?
  • Ils ne sont plus mes parents. Je n'ai rien à faire avec eux et je suis d'ailleurs amplement satisfait de ne pas porter leur nom. Celui qui fut mon père, mon frère, mon meilleur ami et qui, encore aujourd'hui, constitue ma seule famille, c'est Nostro.


Rufus avait dit cela d'un ton détaché avec même un léger sourire aux lèvres mais McGonagall ne manqua pas ses poings serrées aux jointures saillantes. La directrice restait perplexe à la fois surprise d'apprendre et surprise de ne pas avoir su. Elle se questionna sur tout ce qu'elle ne savait pas sur lui. Il était bien jeune pour avoir tant de secrets.


  • Je ne savais pas …


Pendant un long moment il ne fit que la fixer. Il respirait calmement et profondément. C'est lorsque le bois de la porte craqua que McGonagall comprit qu'il exerçait en ce moment même un contrôle considérable sur lui-même dans le but de ne rien laisser paraître.


  • Je crois avoir répondu à votre question.


Sa voix était toujours parfaitement calme et ses lèvres toujours courbées dans un sourire naturel. Qui qu'il soit vraiment, Rufus Prince était surtout un maître de l'illusion. Cette constatation mit McGonagall légèrement mal à l'aise.


  • Oui. Bonne nuit. Et merci enco …


Il ne lui avait pas laissé le temps de finir sa phrase que déjà la porte était fermée. Peu adepte d'écouter aux portes, la directrice s'en retourna à ses quartiers avec plus de nouvelles questions sur le jeune homme que de réponses. À l'intérieur de la pièce Rufus s'était assis par terre à un pas de la porte. Nostro était déjà descendu du canapé et avait posé sa truffe humide sur la joue de Rufus.

Lorsque ce dernier caressa le chien, ses poils se trouvèrent tout hérissé de magie. La canidé s'avança alors encore plus pour être tout pressé contre son acolyte. Plusieurs minutes passèrent sans qu'ils ne bougent. Puis Rufus se leva, gardant le chien dans ses bras. Il se dirigea vers la porte de sa chambre qui s'ouvrit toute seule à son approche.


Dans un mouvement totalement coordonné la couette du lit à baldaquin se souleva et Rufus s'écroula, plus qu'il ne s'installa, en dessous. Nostro se roula en boule contre son ventre et ne bougea plus. Rufus observait la pièce plongée dans l'obscurité.


Partout il voyait des crochets et des appliques qui devaient servir à fixer des tapisseries et des bannières. De la même façon les anneaux qui anneaux qui accueillaient normalement un rideau, seule intimité du lit, étaient vides. Même si elle ne l'était techniquement pas, la pièce paraissait froide et le silence qui y régnait faisait tinter les oreilles. Le chemin de Traverse, lui ne dormait jamais vraiment. Il ne savait dire si les elfes de maison lui manquaient ou non.


Il était plus qu'habitué à la « solitude ». Lui-même et Nostro. Voilà comment se composait sa vie. Il n'avait pas d'autres amis que les livres qu'il consultait à la lueur d'une bougie clandestine, le soir, chez Fleury et Bott. Ses contacts les plus poussés étaient des connaissances régulières, rien de plus. Jusqu'à maintenant Nostro était tout ce qu'il avait jamais eu. Retrouver sa cellule originelle après tout ce changement l'aidait un peu à se détendre.


Le contact avec les elfes avaient quelque chose de très gratifiant. Ces petits êtres, comme Rufus, ne demandaient pas plus qu'un sourire et une parole aimable pour s'ouvrir. À la différence de Rufus, les elfes accordaient leur confiance de but en blanc. Leur naïveté consistait, selon lui, leur plus belle qualité. Une fois tombée la soumission, leurs mots et leurs pensées reflétaient exactement les mêmes préoccupations.


Ce fait était très rare chez les sorciers qui ne pensaient pas ce qu'ils disaient à peu près autant qu'ils ne disaient pas ce qu'ils pensaient. Cela avait quelque chose d'exaspérant pour quelqu'un qui pouvait lire leur esprit. Mais Rufus avait appris que c'était là leur façon de faire, car à force de cacher des choses, parfois insignifiantes, les sorciers se retrouvaient incapables de vivre en ne disant que la vérité.


Leurs mensonges et leurs dissimulations servaient donc les relations plus qu'elles ne les détérioraient. C'est pour cela aussi que Rufus avait appris à ne pas tenir compte de ce que les gens essayaient de dissimuler. Soit il ne disait rien sur sa légilimencie, soit il faisait semblant de ne pas voir, comme avec Nostro.


Rufus soupira. Ce n'était pas comme ça qu'il parviendrait à dormir. Pourtant tout le monde le sait, la quiétude de la nuit est bénéfique à la pensée. Ils avaient souvent vécu à l'envers, Nostro et lui, dormant le jour, travaillant la nuit. L'obscurité était un style de vie bien particulier, ce n'est pas pour rien que les chauve-souris se démarquent en dormant la tête en bas.


Rufus souffla de nouveau du nez. Il était vraiment difficile de ne penser à rien, surtout après une telle journée. Les couloirs se mirent alors à défiler dans sa tête. Rufus les chassa et se concentra sur le noir. Voyant que rapidement ce noir prenait forme pour devenir un chien, il ouvrit les yeux.


La pièce était rectangulaire. Elle faisait en longueur deux fois sa propre largeur. La porte menant au salon se situait au milieu de l'un des petits côtés et le lit était repoussé dans le coin droit opposé. Au bout du lit il y avait une armoire qui faisait face, de l'autre côté, à la porte de ce qui devait être la salle de bain.


Rufus avait toujours eu pour habitude de prêter une attention accrue au monde extérieur lorsqu'il voulait apaiser son monde intérieur. Il détailla son environnement puis la texture de ses draps, la chaleur de Nostro, l'odeur de la pièce, le silence qui y régnait, sa respiration, l'air qui entrait dans ses poumons, gonflait sa poitrine puis expirait. Après une période de temps indéterminé, il s'endormit.  


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