Le nouveau professeur de potions

Chapitre 8

1774 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2018 18:24

Le lendemain matin Rufus fut réveillé par un bruit de porte. Il eut toutes les misères du monde à ouvrir les yeux, lui qui était habituellement si prompt à sortir du sommeil. Lorsque sa conscience eut assez émergée, il se rendit compte dans une seconde d'effroi que l'endroit dans lequel il se réveillait ne ressemblait pas à celui dans lequel il s'était couché.


Il se mit précipitamment en position assise et poussa donc sans ménagement Nostro sur le rebord du lit. Mais il ne pouvait pas le voir. Tout était noir autour de lui. Sa magie fut prise d'un pic de panique qui la fit agir indépendamment. Par delà l'obscurité Rufus perçut comme le bruit d'une porte ouverte à la volée jusqu'à venir frapper le mur.


À moitié caché sous les couvertures il se figea percevant que quelqu'un s'approchait. Chaque nouveau pas qu'il percevait, toujours plus proche, le faisait se tendre presque douloureusement. Rufus prit soudainement conscience d'à quel point Poudlard lui était étranger. Même avec une belle chambre et un grand lit, il était perdu dans ce château.


La lumière vint aussi brusquement et violemment qu'avec un sortilège Lumos maxima. Rufus se protégea les yeux alors que tout près de lui résonnait une voix.


  • Bonjour ! Désolé de t'avoir réveillé mais quand j'ai frappé à la porte elle s'est ouverte alors …


Il reconnaissait cette voix physiquement mature mais avec des intonations changeantes, comme un enfant. Rufus abaissa ses mains et battit des paupières.


  • Ariana ?
  • Qui d'autre attendais-tu au pied de ton lit ?, demanda-t-elle amusée.
  • Je n'attendais personne.
  • Minerva ne t'as pas dit que je viendrais pour jauger tes capacités magiques ? Elle a dû oublier, cela ne lui arrive que très rarement pourtant. Mais bon je suis là et tu es réveillé maintenant alors autant s'y mettre …


Dès qu'Ariana avait prononcé les mots « jauger capacités magiques », Rufus avait décroché mais il ne se perdit pas comme habituellement dans ses pensées, non, là il se prit à remarquer que le noir dans lequel il s'était retrouvé en se réveillant était dû à de lourds rideaux qui, pendant la nuit, avait été installé autour de son lit.


Il vit aussi que derrière Ariana, les murs étaient couverts de tapisseries qui n'étaient certainement pas là la veille. La seule partie du mur qu'il pouvait voir de là où il était , c'était le mur qui donnait sur la salle de bain. Deux larges surfaces de tapisserie flanquaient la porte et représentaient une grande pièce haute de plafond que Rufus reconnu grâce aux nombreux hamacs qui étaient figurés pendant du plafond. Le dortoir des elfes de maison. Cela le fit sourire.


  • Rufus ? Rufus ? Tu m'écoutes ?


Ce dernier fut brusquement ramené à la réalité. Il fixa un instant Ariana qui affichait un air moqueur, ne paraissant en rien énervée qu'il l'est fait parler dans le vide pendant les dernières minutes.


  • Qui a apporté les tapisseries durant la nuit ?


Là encore Ariana ne sembla pas du tout affectée par le manque total de considération du jeune homme.


  • Je pense que si tu sortais de ton lit tu ne poserais même pas la question.


Rufus s'extirpa donc du lit, finissant de repousser Nostro qui dû sauter sur le sol et qui s'en alla vers le salon sans un regard. Ariana fit un pas de côté pour lui laisser la place. Une fois hors du nid, Rufus referma les rideaux afin de voir ce qui était représenté dessus.


Les rideaux du baldaquin portaient des motifs différents du reste des tapisseries. Ils représentaient, sur un fond uni, une multitude d'elfes de maison tous différents les uns des autres, chacun arborant très près de lui, son prénom. Rufus les regarda, reconnaissant une à une les figures de ceux qu'il avait rencontré la veille. Ils étaient tous là.


Ariana effleura la silhouette de Potty. L'elfe plat se tortilla comme pour éviter d'être chatouillé. Il fit de même avec un elfe nommé Cushy et, là aussi, bien que n'étant qu'un dessin, l'elfe bondissait sur les côtés pour éviter les doigts. À côté son nom essayait tant bien que mal de le suivre.


  • Les elfes ont fait du très bon travail.


Il acquiesça d'un signe de tête et lorsqu'il se tourna pour la regarder il vit que trois des quatre murs étaient occupés par des trompes l’œil du dortoir, le dernier, celui adjacent au salon représentait lui-aussi l'illusion d'un lieu mais il s'agissait de la cuisine. Rufus avait du mal à savoir si c'était le nouveau décor ou l'attention des elfes qui le faisait se sentir plus à l'aise malgré la présence intrusive d'Ariana.


  • Tu peux prendre une douche d'abord ou est-ce que l'on peut commencer tout de suite ?
  • Commencer quoi ?
  • Ton test d'aptitude magique.
  • Et … si j'échoue ?
  • Tu ne peux pas échouer. La directrice veut simplement savoir le niveau de ses enseignants dans les autres domaines magiques … un reste de la Bataille je suppose.


La Bataille. C'est ainsi que l'on appelait la bataille de Poudlard. Ce dernier souffle paroxystique qui avait témoigné de nombreux actes de bravoure, de morts tragiques mais qui avait surtout signé la défaite de Voldemort. Rufus avait lu tout ce qu'il y avait à faire à ce sujet, des ouvrages généraux à ceux plus poussés qui allaient même jusqu'à mentionner les horcruxes.


Tous avaient les mêmes zones d'ombres et les mêmes passages divergents. Pourquoi Harry Potter était-il allé à la rencontre des mangemorts dans la forêt ? Comment Voldemort était-il mort ? Mais le point qui, malgré les années, restait encore très houleux, et sur lequel peu d'auteurs s'attardaient, était le rôle de Severus Rogue.


Beaucoup de livres ne le mentionnaient qu'à la fin dans la traditionnelle « liste des victimes ». Quant à savoir s'il fallait l'inscrire dans la catégorie « Mangemort » ou « Résistant », Rufus était persuadé que certains ouvrages avaient supprimé ces catégories justement pour éviter le problème.


Mais, tout comme lui, Ariana était arrivée à Poudlard après cette époque. L'interroger elle ne lui apporterait rien de plus que les récits de seconde main qu'il connaissait déjà. Durant la Bataille, les professeurs avaient été forts, chacun d'eux se montrant combatif et à la hauteur de leur poste. Rufus doutait que lui-même aurait pu faire face. Il aurait sûrement été relayer à l'arrière pour faire des potions de soins et des explosifs.


Il savait que ni Ariana, ni McGonagall ne se satisferaient d'un simple « Je suis nul » ; Il soupira donc et la suivi dans le salon. Nostro s'était installé sur l'un des sièges et leva à peine les yeux lorsqu'Ariana prit place sur l'autre. Une plume était posée sur la table basse. Rufus s'approcha.


  • Pourrais-tu changer cette plume en verre ?
  • Euh … non. Mais je peux la changer de couleur. Je peux la faire rouge par exemple.
  • Et bien vas-y.


Il prit la plume entre deux doigts espérant être effectivement capable de faire ce qu'il avait annoncé. Il se concentra à la fois pour réussir son sort et pour que son observatrice ne puisse pas se douter de ses véritables capacités. Nostro avait levé une oreille, attentif, il savait que la magie de précision n'était pas le fort de son ami.


Enfin la blancheur de la plume se ternit et devint plus chaude mais le résultat final fut plus proche d'un orange délavé plutôt que d'un rouge. Ariana leva un sourcil mais ne dit rien. Il n'avait pas besoin qu'elle dise quoi que ce soit, Rufus pouvait lire son esprit. Elle sembla s'en souvenir en même temps que lui car elle s'excusa mentalement.


  • Un sortilège de lévitation peut-être ?
  • Ça, aucun problème.


D'un coup de poignet il fit aisément virevolter la plume à travers la pièce. Le soulagement d'Ariana fut presque blessant.


  • Je sais exécuter les sorts de base, ceux qui peuvent m'aider pour les potions et les sorts ménager.
  • D'accord. Et pour la magie de combat ?
  • Je n'ai jamais maîtriser les sorts de combat mais je sais faire un bouclier.
  • Vas-y.


Rufus ferma les yeux et mit ses mains devant lui. Instantanément la magie envahit la pièce, se concentrant en une paroi presque tangible devant lui. Il sentit Ariana jeter quelques sorts qui furent efficacement stoppé par la barrière. Lorsqu'il ouvrit les paupières de nouveau la magie se dissipa.


  • Pas trop mal mais tu aura des soucis si tu es obligé de fermer les yeux pour te défendre.


Rufus hésita à lui dire que la magie sans baguette demandait une concentration énorme et un entraînement bien plus poussé que celui qu'il avait eu, autodidacte, mais elle le savait sûrement mieux que lui alors il ne dit rien. Puis il voulut essayer quelque chose. Lentement il leva une main vers elle. Il attendit qu'elle arrête d'essayer d'interpréter son geste juste pour dire : « Mais qu'est-ce que tu fais ? »


Sans qu'il n'eut prononcé la moindre formule des étincelles rouges et vertes jaillirent du bout de ses doigts pour filer vers Ariana. Il n'obtient pas d'elle la surprise attendue car elle resta parfaitement calme jusqu'au dernier moment où elle disparut. Rufus fixa un mollement le siège vide sur lequel s'écrasait mollement ses gerbes de lumière. Où était-elle partit ?


Rufus pouvait toujours entendre ses pensées pourtant. Elle ne devait pas être loin. Lui qui avait voulu la surprendre se trouvait pris à son propre jeu.


  • Je croyais que tu ne maîtrisais aucun sort offensif ?


La voix venait de derrière lui. Il fit tout pour paraître mu le moins du monde. Il se retourna lentement et rencontra des yeux bleus aux coins plissés d'amusement.


  • Quelques jets de lumières n'ont jamais fait de mal à personne. Et je croyais que le transplanage était impossible dans l'enceinte de l'école ?
  • Ce n'est pas du transplanage a proprement parler. Tu as remarqué que les elfes de maison allaient et venaient comme ils le voulaient dans le château.
  • Ils n'utilisent pas la même magie.
  • On peut dire ça comme ça. Et connais-tu les diricos ?   


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