Le nouveau professeur de potions

Chapitre 9

2022 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/05/2018 10:43

  • Ce sont de gros oiseaux aux plumes bouffantes qui ne savent pas voler mais qui sont connus pour disparaître et réapparaître plus loin lorsqu'ils sont effrayés.
  • Exactement. Penses-tu que les diricos ne pourraient plus disparaître ici ?
  • … mais tu ne ressembles pas du tout à un dirico. Et si même les elfes de maison ne sont empêchés de rien, il est très peu probable que les diricos se trouvent concerner par les restrictions de ce sortilège …
  • T'es-tu déjà demandé comment un tel enchantement fonctionnait ?
  • Lorsqu'un sorcier s'apprête à lancer un sort il concentre sa magie, généralement dans sa baguette, puis il dit la formule ou fait le geste qui lui permettra de lancer son sort. L'enchantement posé sur Poudlard doit très vraisemblablement empêcher la magie de s'accumuler pour le transplanage.
  • Tout à fait. Alors pourquoi les elfes de maison et les diricos le peuvent, eux ?
  • Ils n'ont pas la même magie que les sorciers.
  • Faux. La magie est la même pour tous. Tu as lu Norbert Dragonneau. Il s'intéressait beaucoup aux créatures magiques, à leur comportement et leur protection mais il y a un aspect qu'il n'a jamais étudié. Qu'est-ce qui les rend différents des animaux moldus ?
  • Ce sont des animaux magiques.
  • Oui mais ils se divisent en deux grandes catégories : les animaux avec des propriétés magiques et ceux qui savent utiliser la magie. Les premiers ont des capacités qui leur sont propres, ils peuvent produire une substance magique ou être eux-même constitué de matière aux vertus magiques. Je pourrais te citer les larmes de phénix ou les poils de démiguise. Ces matières pourront être utilisées a posteriori par les sorciers mais ne pourront jamais être produit pas eux. Les seconds utilisent la magie de manière innée ou via un apprentissage comme chez les centaures, les crabes de feu ou les diricos. Dans ce cas-là à force d'un travail acharné et fastidieux il est possible de les imiter.
  • Vraiment ! Et personne n'a jamais fait ça ?
  • Aucun sorcier n'en a laissé de traces écrites en tout cas. Ils considèrent souvent que la magie sorcière, et a fortiori celle utilisant la baguette, constitue ce qui se fait de mieux et ne prête même pas attention à ses autres formes. Mon oncle par exemple, malgré tous ses beaux discours, ne serait jamais parvenu à un tel résultat et Hagrid manque de subtilité.
  • Mais pourquoi toi tu …
  • C'est une longue histoire mais par contre je pourrais t'apprendre à mieux utiliser ta magie en restant sans baguette.
  • Vraiment ?
  • Oui, tu en auras besoin, parfois les élèves peuvent être pire qu'une bande de farfadets.
  • Et pour la directrice ?
  • Ne t'inquiète pas pour cela. L'importance d'un potionniste dans une bataille dépasse ses simples compétences magiques.
  • Merci.
  • De rien. Je vais te laisser, tu dois avoir beaucoup à faire en ce moment.


Et comme elle était venue, elle repartit. Dès qu'elle ne fut plus là, Rufus se sentit plus détendu. Non pas qu'Ariana le rendait mal à l'aise mais parce que sa présence rendait Nostro nerveux. Certes ils n'étaient pas des plus habitués aux contacts sociaux mais il réagissait à Ariana plus intensément encore qu'à McGonagall.


Rufus, cependant, ne lui posa aucune question. Il ne comprenait que trop bien le malaise qu'elle pouvait faire éprouver à son ami. Lorsque Rufus lisait dans l'esprit des gens, ces derniers ne s'en rendaient pas compte alors que le regard seul d'Ariana faisait penser qu'elle vous scrutait jusqu'au plus profond de votre âme. Même se Rufus savait qu'il n'en était rien.


Peut-être était-ce l'effet de ces yeux bleus électriques, ou bien de ses longs cheveux immaculés. Son physique lui conférait une aura sereine et détachée, presque mystérieuse. Cette mysticité correspondait bien à l'image que Rufus se faisait d'Albus Dumbledore, mais pas de sa nièce. Elle était ouverte, souriante et transparente.


Elle devait avoir un héritage lourd à porter. Son nom devait faire jaillir chez tous des souvenirs qui ne lui correspondaient pas. Son apparence devait faire tourner les têtes. Rufus n'aurait jamais ce problème, bien que d'après ce qu'il avait vu dans l'esprit de la directrice, sa prise de poste dans la lignée de Severus Rogue pourrait amener quelques rumeurs malvenues de la part de ceux qui feraient assez de recherches pour remarquer que le destin leur avait donner le même nom (bien que le maître de potions n'ait jamais utilisé le nom de sa mère).


Rufus aurait adoré avoir un père sorcier. Tout pour lui éviter la parodie de parents qui l'avaient mis au monde uniquement pour l'abandonner. La directrice de l'orphelinat lui avait souvent répété que c'était sa faute si ses parents avaient dû le laisser. Apparemment ils avaient les moyens de l'entretenir et de le faire passer pour l'enfant d'une servante mais Rufus était, même nouveau-né, un mélange parfait du physique de son père et de sa mère.


Heureusement qu'il ne se rappelait rien d'eux, il n'aurait pas supporter voir leur reflets à chaque fois qu'il passait devant un miroir. Ce fut le bruit du bâillement de Nostro qui lui fit lever les yeux. Le chien était assis juste devant lui et le regardait droit dans les yeux.


  • Allons-y, elle avait raison, nous avons du travail.


Ils se mirent en mouvement en même temps et marchèrent comme un seul homme vers la sortie. Rufus s'arrêta, ouvrit la porte, Nostro se faufila dehors lui permettant de ne même pas interrompre son geste. Ils bougeaient en synchronisation parfaite.


Une fois dans le laboratoire Nostro reprit place là où il pouvait voir toutes les issues sans pour autant avoir l'air de surveiller. Rufus le laissa faire et s'éclipsa de son côté dans la réserve pour un inventaire manuel complet. Ce n'était pas qu'il se méfiait de la magie mais plutôt qu'il avait bien besoin de savoir exactement ce dont il disposait.


Muni d'un rouleau de parchemin et d'une plume, il examina consciencieusement toutes les étagères une à une, niveau par niveau. Il vérifia que tout ce qui n'était pas sec était encore bon et réétiqueta tout ce qui ne l'était plus. Cela lui prit toute la journée. À midi, alors qu'il avait une fois encore oublié le repas, Potty apporta à manger pour lui mais aussi pour Nostro.


  • Merci m'sieur Potty.
  • Ce n'est rien. Vous n'êtes pas venu non plus au petit-déjeuner de ce matin mais je n'ai pas osé vous déranger alors.
  • Il faudra bien que tu te mettes dans l'esprit que tu ne me dérangeras jamais même si tu arrives dans un moment que tu jugerais des plus inappropriés. D'accord ?
  • Oui d'accord.


Rufus aurait voulu soupirer face au visage de l'elfe tourné vers le sol, son long nez touchant presque par terre. Mais il ne manqua pas le trépignement de la base de ses oreilles, ni les mouvements frénétiques de ses pieds. Il était très heureux malgré son apparente soumission.


Rufus aurait aimé trouvé les mots pour le faire lever la tête enfin qu'il le regarde dans les yeux. Il aurait voulu savoir comment il pouvait le faire abandonner l'honorifique et le vouvoiement. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas exiger cela de lui alors il se réfugia derrière l'espoir que le temps ferait son affaire.


  • En fait, m'sieur Potty, j'ai beaucoup aimé le désor que vous avez choisi pour ma chambre.

Il dut lutter pour ne pas rire alors que l'elfe battait presque des oreilles tant sa joie était grande. Il devenait évident que ses lèvres, aussi bien que son visage, étaient trop petits pour déployer un sourire à la hauteur de sa volonté.

  • Et pour le salon ?


Rufus sentit soudain un pic de culpabilité. Il n'avait même pas fait attention au salon. Il avait été trop stressé lorsqu'il y était entré ce matin-là et l'avait quitté avec trop de précipitation. Il ne pouvait pas dire à Potty qu'il ne l'avait pas vu mais ne pouvait pas non plus mentir en le trouvant très bien malgré tout.


C'était dans ces moments-là qu'il était le plus heureux de pouvoir lire des esprits. Il n'eut à faire aucun effort pour trouver le souvenir de Potty qui embrassait son salon du regard. Il avait été décoré aux couleurs des 4 maisons de Poudlard à part absolument égale.


Ce patchwork de vert-argent, jaune-noir, bleu-bronze et rouge-or était absolument dissonant mais les elfes n'en avaient pas couverts les murs entiers. En fait ces touches ça et là de couleurs diverses lui plaisaient beaucoup. Personellement il serait bien incapable de porter autre chose que des couleurs sombres, question d'habitude, mais que ses appartements soient rutilants des couleurs les plus diamétralement opposées ne le gênait absolument pas. Au contraire.


  • J'adore.


Il n'aurait jamais cru qu'un elfe puisse rougir, et pourtant. Potty babilla quelques mots et disparut. Rufus fut alors pris d'un fou rire, seul, dans son laboratoire, au fond des cachots de Poudlard, avec Nostro qui le regardait comme s'il était devenu fou.


  • Si tous les elfes de maison sont aussi expressifs que lui je les adore. Nostro tu ferais bien de t'habituer à leur présence.


Le chien soupira. Il avait fini son repas pendant que le jeune homme parlait avec Potty alors il partit s'allonger dans un coin pour faire plus ou moins semblant de dormir. Rufus mangea rapidement et retourna dans la réserve. Pendant le reste de la journée il resta dans sa pièce à toujours allonger sa liste d'ingrédients, les uns rangés dans des bocaux, les autres dans des boites.


Une fois n'est pas coutume, sans Nostro il aurait oublié le dîner. La Grande Salle sembla bien plus lumineuse en comparaison de s réserve, et plus bruyante. Il salua la directrice et alla s'asseoir à côté d'Ariana. Ils échangèrent quelques banalités et après lui avoir assurer que sa journée s'était parfaitement passée, il lui demanda de quels animaux elle s'était occupé aujourd'hui.


Hagrid rejoignit immédiatement la conversation et Rufus en apprit plus sur toutes les créatures qui peuplaient le château et ses alentours. Généralement ses descriptions étaient bien plus emportées que savantes mais Rufus était fasciné par la façon avec laquelle cet homme parlait avec son cœur de tous ces animaux. Ariana ajoutait parfois un peu de précision à ces histoires mais la plupart du temps elle se contentait de sourire, se remémorant elle-même les anecdotes contées, si bien que Rufus avait les deux versions simultanément.


Rufus se contenta ensuite de quelques politesses avec Firenze. L'esprit du futur professeur fourmillait pourtant de questions qu'il aurait voulu lui poser mais la méfiance du centaure était encore bien trop grande pour qu'il espère obtenir des réponses.


En rentrant dans son appartement ce soir, Rufus put apprécier à sa juste valeur la chaleur nouvelle de son salon. Il s'assit à l'ancien bureau de Rogue et prit une pile de parchemins, une plume usée et un encrier. À la lueur de la cheminée il se mit alors à retranscrire toutes les idées de potions qu'il avait dans la tête et qui ne demandaient qu'à être testées.


La plume gratta la peau des parchemins de longues heures durant, son crissement devenant de plus en plus lent et saccadé jusqu'à s'arrêter tout à fait. Rufus s'était endormi à son bureau, la plume tombée entre les doigts de sa main ouverte et sa joue pressée sur une page qui lui collerait à la peau au matin. Ainsi fut la première fois qu'il s'endormait épuisé par son travail à son bureau. Première fois d'une longue série.  


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