Le nouveau professeur de potions

Chapitre 10

1915 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/05/2018 22:14

Plusieurs jours s’enchaînèrent ainsi jusqu'à ce que Rufus connaisse le contenu de la réserve par cœur. Il avait effectué un rangement complet aussi bien des ingrédients que des potions. Il avait ensuite négocié une commande de matières premières auprès de la directrice.


Maintenant il s'attelait à refaire le stock de potions médicinales à la demande de Madame Pomfresh qui venait d'arriver. C'était un travail demandant une concentration extrême et continue mais Rufus n'avait jamais été si heureux.


Parfois certaines potions plus simples comme les désinfectants ou les baumes réparateurs légers, qui devaient surtout mijoter longtemps, lui permettaient de travailler sur d'autres idées de potions. Rufus était assez fier de lui car en y allant progressivement et en commençant par ses idées aux probabilités de réussite les plus hautes il n'essuyait que très peu d'échecs.


De temps en temps Potty venait le voir que ce soit une simple visite de courtoise ou parce que le jeune potionniste avait encore oublié de prendre son repas. Mais depuis peu d'autres elfes venaient aussi le voir. Rufus avait donc décidé d'installer quelques hamacs dans sa chambre et avait prolongé le pied se son lit d'un amas de tissus sur lequel les elfes pouvaient dormir lorsqu'ils le souhaitaient.


De plus ces relations avec Ariana et Hagrid ne cessaient de s'améliorer. Rufus découvrit en la personne des deux gardes chasse, deux amis attentionnés. Plusieurs fois ils l'emmenèrent en forêt pour lui faire découvrir les créatures qu'ils étudiaient. Un jour ils lui avaient présenté les sombrals, ces chevaux invisibles. Même si lui ne pouvait pas les percevoir, Ariana, Hagrid et même Nostro les voyaient.

Ils les lui avaient décrit comme des chevaux ailés noirs squelettiques. Rufus avait pu sentir leur peau douce sous ses doigts, leur souffle chaud. Il en avait été émerveillé. Hagrid lui confia même quelques uns de leurs crins. Il faisait cela souvent. Lorsqu'il lui présentait un animal aux vertus magiques avérées, il lui prélevait des poils, des plumes, il allait même parfois jusqu'à légèrement tailler les griffes pour lui procurer un peu de poudre. De ces ingrédients Rufus faisait des potions de premier choix.


Ariana quant à elle lui apprenait à maîtriser la magie sans baguette. Enfin pour l'instant ils travaillaient sur la perception de la magie. Ariana était si forte à cela qu'à Poudlard elle pouvait se déplacer les yeux fermés car tout était imprégné de magie.


Même avec Firenze la relation était un peu moins froide. Il n'avait notamment pas dit non lorsque Rufus lui avait proposé un partenariat pour travailler à l'adaptation des potions »sorcières » aux centaures sans perte d'efficacité ou effets secondaires. Rufus savait très bien qu'il s'agissait là d'un test pur savoir s'il allait traiter son collègue comme un simple cobaye sous prétexte qu'il était centaure.


Mais les intentions de Rufus étaient toutes autres. Il avait bien l'intention de surpasser tous les potionnistes qui l'avaient précédé et pour cela il ne pouvait pas se contenter d'être parfait pour les sorciers mais pour tous les autres êtres. Une fois qu'il aurait trouvé comment s'adapter aux centaures et à leur morphologie unique, Rufus avait bien l'intention de se rendre chez les êtres de l'eau.


Toc. Toc. Toc.


Rufus leva les yeux du journal où, chaque jour il inscrivait le résultat de ses recherches. Il tourna la tête vers la porte de son appartement. Sur son siège Nostro avait à peine levé une oreille mais Rufus savait qu'il était aux aguets. Rufus n'eut même pas besoin d'aller jusqu'à la porte pour savoir qui était derrière. Lorsqu'elle ne voulait pas le surprendre, Ariana dégageait toujours des signaux d'une force incroyable.


La porte s'ouvrit sans avoir eut besoin d'être touchée et sans surprise …


  • Bonsoir Ariana.
  • Rufus.


Il l'invita à entrer d'un signe de tête et referma la porte derrière elle de la même manière qu'il l'avait ouverte. Ariana se dirigea vers la cheminée et salua même Nostro, ce dernier lui adressa à peine un regard pour lui signifier qu'il l'avait vu.


Son ami avait toujours agi de mainère méfiante envers la nièce de l'ancien directeur sans aucune raison particulière. Quoiqu'il ne se montrait aimable avec personne à Poudlard. Rufus ne savait pas vraiment quoi en penser. D'un côté il ne s'était jamais montré aussi farouche qu'avec les occupants de ce château. D'autre part il n'était jamais plus détendu qu'endormi dans leur laboratoire. Rufus ne s'en inquiétait pas car même sans comprendre il savait.


  • Alors Rufus où en es-tu de tes cours ?


Disant cela elle s'assit par terre en lui faisant signe de prendre le siège qui restait. Il lui arrivait de faire ce genre de choses étranges. Un après-midi elle l'avait même invité à s'allonger dans l'herbe du parc à l'ombre d'un arbre. Mais pour l'instant elle ne faisait que le fixer avec son sourire en coin coutumier.


  • Quoi mes cours ?
  • Et bien la rentrée est dans une semaine et tu n'es pas seulement payé pour t'amuser dans le laboratoire. Tu es un professeur.
  • Je comptais leur faire faire une potion par cours …
  • C'est bien ce que je me disais. Tu ne peux pas te contenter de cela. Demain je t'emmènerais à la bibliothèque, nous verrons niveau par niveau leur programme et ce qu'ils ont travaillé l'an passé. J'ai rassemblé les livres de potions les plus récents et les notes que ton prédécesseur a bien voulu m'envoyer par hibou ce matin.
  • Euh … d'accord.
  • Bien.


Elle lui sourit de toutes ses dents se leva et se dirigea vers la porte.


  • À demain Rufus.
  • À demain Ariana …


Et en un éclair elle était partie. Rufus retourna au bureau pour fermer et ranger son journal puis alla dans la salle de bain. Passant devant son miroir Rufus s'arrêta. Il observa son reflet. Son teint était toujours aussi blanc sinon plus maintenant qu'il avait la possibilité de se laver régulièrement. Ses cheveux, par contre, avaient bien changés. Ils étaient toujours aussi longs et aussi noirs mais à présent ils étaient soyeux et non plus luisants de gras.


Rufus ôta ensuite sa robe de sorcier et continua de regarder sa silhouette uniquement couverte de son caleçon. Malgré tous les repas qu'il manquait et son appétit d'oiseau, il avait repris du poil de la bête. Le profil de ses côtes avait disparu de ses flancs, ses bras et ses jambes avaient pris du volume. Il paraissait moins frêle.


Le futur professeur de potions soupira. Il devait faire ses preuves pour que cela reste ainsi. Il entra dans la douche où l'eau chaude chassa l'eau de ses muscles et les soucis de son esprit. Il avait appris à aimer plus que tout la sensation d'un corps propre. Il n'avait certes pour l'instant que des vêtements usées à se mettre mais cela n'avait pas d'importance car au moins ils étaient lavés régulièrement.

Lorsqu'il retourna dans la chambre Nostro était sur le lit, tous les hamacs étaient occupés et au moins cinq elfes dormaient dans la continuité de son lit. Rufus avait déjà ajouté des hamacs mais les elfes étaient de plus en plus nombreux à venir se reposer ici.


Il y a peu Rufus avait trouvé le moyen de leur faire prendre un bain. Le week-end il leur demandait de « l'aide » pour préparer le grand bain des professeurs. Il les avait alors tous fait rentrer dans l'eau et chacun avait savonné les autres. Tous en étaient ressortis propres comme des sous neufs.


Les elfes savaient très bien pourquoi il faisait cela mais ils appréciaient eux-aussi les eaux chaudes des bains et le sentiment d'une activité commune. Plus il apprenait à les connaître, plus Rufus appréciait les elfes. Ils étaient de nature très simple et le temps les prouvait aussi sincères qu'expressifs.


Alors au moment où Rufus se glissa sous les draps, il eut, une fois encore, le sentiment satisfait d'une journée bien remplie. La couverture remontée jusqu'au menton, Nostro pressant sur son côté, il s'endormit aux sons des respirations multiples qui peuplaient le silence de sa chambre. Il n'avait jamais si bien dormi qu'entouré.


Depuis qu'il avait rejoint Poudlard, les rêves du jeune homme s'étaient peuplés de créatures fantastiques, de grands châteaux et de professeurs étranges. Firenze et Trelawney y jouaient souvent des rôles ambiguës parfois aimables ou cauchemardesques. La professeur de divination notamment avait tendance à se changer en animal à gros yeux donneur de leçons ou prédicateur de mort prématurées.

Rufus avait essayé de l'approcher plusieurs fois mais elle ne semblait pas du tout apprécier la présence de Nostro en ne cessant de marmonner à propos du Sinistros. Même sans le chien, Trelawney ne semblait pas vouloir parler d'autre chose que du mauvais présage que cela représentait.


Cette nuit-là Rufus rêva simplement d'une longue conversation sur les bords du lac avec Ariana. Nostro était assis juste à côté d'eux. Après ce qui semblait être une éternité de ce calme paisible, Hagrid creva les eaux calmes du lac. Il était comme mixé avec les images que Rufus avait vu des êtres de l'eau. Sa chevelure hirsute était entremêlée d'algues et sa peau avait une légère teinte vert.


C'est alors qu'une deuxième personne surgit de l'eau. Immédiatement Nostro se leva et s'enfuit. C'était un homme grand et fin. Il portait des vêtements blancs secs et lumineux. Sa chevelure et sa longue barbe étaient presque transparentes et semblaient légèrement aérienne autour de sa tête comme le seraient des cheveux dans l'eau.


Rufus ne l'avait jamais vu mais il lui trouva tout de suite une ressemblance avec Ariana. Notamment les mêmes yeux bleus électriques. Hagrid l'escorta jusqu'à eux avant de retourner vers les profondeurs du lac. Albus Dumbledore, puisqu'il ne pouvait s'agir que de lui, s'assit à leurs côtés.


  • Bonjour Ariana. Bonjour Rufus. Quelle belle journée n'est-ce pas ?


Tous deux répondirent par la même affirmative, Ariana familière et souriante, Rufus sobre et impressionné.


  • Cela fait longtemps que je n'étais pas venu ici. Et je ne m'en plaignais pas. Mais je suppose que le repos éternel n'existe pas. Tout comme la paix de ce même acabit. Pourtant nous avions essayé. Nous avions sacrifié beaucoup …


Puis comme il avait commencé de parler, il s'arrêta. L'ancien directeur les regarda un instant avant de s'allonger dans l'herbe. Pendant un moment ils n'entendirent que sa profonde respiration qui faisait onduler les poils de sa moustache.


Lorsqu'il recommença à parler ce fut à propos d'un tout autre sujet. Albus Dumbledore parlait de chocogrenouilles et de sorbet citron avec passion. Rufus ne sut pas ce qui ne réveilla. Un instant il écoutait un vieux fou décédé depuis presque 20 ans lui parler de gourmandises et l'instant suivant il était de retour dans le noir et la chaleur de sa chambre, les respirations aussi bien que les songes des autres bourdonnant à ses oreilles.  


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