Le nouveau professeur de potions

Chapitre 11

1839 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/05/2018 11:40

Une fois éveillé Rufus ne resta pas allongé. Il regarda rapidement quels elfes étaient encore là et lesquels étaient partis. Violette, Capucine et Centaus n'étaient plus dans leurs hamacs. Ils faisaient partie de l'équipe chargée du petit-déjeuner. Rufus se leva donc et alla s'habiller sans se soucier le moins du monde des autres occupants de la chambre, après tout ils prenaient régulièrement leur bain ensemble.


Comme il s'approchait de la porte Nostro était derrière lui. Ça Rufus n'avait pas besoin de se retourner pour le savoir. Nostro avait toujours été là pour surveiller ses arrières aussi bien littéralement que métaphoriquement. Ce n'est qu'une fois dans le couloir qu'ils marchèrent côte à côte. Aucune lumière n'était encore allumée sur le chemin reliant les cachots à la Grande Salle.


Malgré leur intégration sociale nouvelle, ils se fondaient toujours naturellement dans l'ombre.


  • Un sort de désillusion instinctif. C'est assez impressionnant. Surtout qu'il n'est même pas conscient, je me trompe ?


Nostro se tendit instantanément et Rufus fut surpris de ne pas l'avoir senti plus tôt. Il avait pourtant appris que, malgré les apparences, si Ariana ne voulait pas qu'on la détecte, on ne le faisait pas. Rufus s'arrêta et attendit qu'Ariana arrive à sa hauteur pour reprendre son avancée vers la salle commune.


Il ne dit rien alors qu'elle lui faisait une leçon sur les différentes magies de camouflage. Rufus écoutait attentivement. Il s'émerveillait de toutes ses connaissances et surtout de sa capacité quasi-naturelle à les transmettre. Ariana correspondait à l'idée qu'il se faisait d'un professeur. Tout le contraire de lui-même.


Alors qu'ils arrivèrent, la Grande Salle était vide et seulement éclairée de la moitié de ses bougies. Personne n'était encore là mais à leurs places habituelles était disposé ce que lui et Ariana prenait toujours le matin. Ils mangeaient rapidement avant que quiconque d'autre n'arrive.


Ariana prit ensuite la tête de leur petit cortège et les emmena jusqu'à la bibliothèque. Évidement cette dernière était fermée à clé mais Ariana n'eut qu'à tapoter la serrure pour qu'elle s'ouvre d'elle-même. Les portes découvrirent une grande pièce silencieuse. Les étagères chargées de livres étaient plongées dans la pénombre.


Tout était parfaitement rangé et rien ne dépassait sauf pour une seule table qui attira immédiatement l'attention du jeune professeur. Elle était située juste sous la plus grande fenêtre. Et elle croulait sous un amas de livres incroyable en équilibre précaire.


Ariana s'assit à la chaise de la-dite table et Rufus prit le siège à sa droite. Ils poussèrent quelques ouvrages pour se dégager assez de place pour pouvoir déplier leurs parchemins. Ariana commença d'abord par lui expliquer comment se déroulait une année scolaire normale avec le nombre d'heure de cours et les objectifs de fin d'année pour chacun des niveaux.


Au moment où elle eut fini Rufus avait noirci deux parchemins et le jour était levé. La table était baignée d'une lumière rasante qui étirait toutes les ombres du moindre livre. Ariana avait le regard perdu dans le paysage nouvellement dévoilé par l'aube. Rufus leva lui-aussi les yeux et put admirer le lac où se reflétait des couleurs rouges, orangés et la forêt qui était encore en partie dissimulée dans la brume matinale qui colorait de bleu grisée les racines des arbres.


Rufus était incapable de détacher son regard de ce spectacle. Il était habitué à voir le soleil se lever mais il y avait quelque chose de très différent ce matin-là. L'aube lui était toujours apparue froide. Elle venait toujours après une longue nuit de frissonnements et de claquage de dents. Mais là, la bibliothèque était chauffée, Rufus avait bien dormi et il sortait de table. Il pouvait donc pleinement, et ce pour la première fois, apprécier la beauté du moment pour ce qu'elle était.


C'est ce sentiment de calme parfait qui poussa Rufus à dévier son regard pour chercher Nostro. Comme à son habitude ce dernier s'était allongée contre un mur dans un endroit qui lui permettait, à la fois de surveiller l'entrée, mais aussi de garder un œil sur Ariana. Rufus n'entendait aucune pensée plus élevée que l'autre émaner de son ami mais il ne sentait pas non plus ses barrières mentales. Il était donc tranquille. Ceci ne fit que renforcé la paix intérieure de Rufus lui-même.


C'est ainsi qu'ils commencèrent la journée, dans la lueur claire et la plénitude silencieuse. Ariana mit encore quelques instants avant de se reconcentrer sur leurs activités. Elle lui tendit un ouvrage sur le programme des potions en général alors qu'elle se mit à énumérer les principales compétences requises pour les examens de fin d'année, les BUSE et les ASPIC.


Avant midi Rufus savait exactement les objectifs qu'il avait à accomplir et ce qu'il devait enseigner à chaque classe. Il lui fallut encore de début de l'après-midi pour savoir avec précision ce que chaque classe avait déjà vu. Ensuite Ariana l'abandonna avec la promesse qu'elle reviendrait juste avant le dîner pour voir où il en était. Rufus se retrouvait ainsi face à lui-même pour organiser ses cours.


Il réfléchit longuement à comment se passerait physiquement l'un de ses cours, le résultat serait forcément très différent de ce qu'il mettait sur le papier. Et le fait qu'il n'est, lui-même, jamais mis les pieds à l'école ne l'aidait pas. Il devait aussi réfléchir à la façon dont il voulait faire passer les connaissances, et comment se dérouleraient les travaux pratiques. Être professeur était bien plus dur que ce qu'il n'avait imaginé.


Il pouvait griffonner des heures durant sue un parchemin avant de tout rayer et d'en reprendre un nouveau. Personne ne vint à la bibliothèque de toute la journée, il en fut ravi. Étrangement c'est avec le programme des septièmes années qu'il eut le moins de problème, étant satisfait de lui-même au premier essai.


Quand Ariana revint, Rufus s'accorda une pause amplement méritée. Elle reprit sa place à côté de lui et après quelques échanges cordiaux elle commença à lire ce qu'il avait fini, soit les 7e, 5e, 4e et 2e années.


  • Tu sais que ça ne donne jamais vraiment pareille en vrai mais avec ça tu as une bonne base. Pour l'instant et sur le papier seulement, tu es un bon prof.


Rufus ne put retenir un immense soupire de soulagement. Il posa sa vieille plume et fit un peu jouer ses doigts qui avaient pris l'apparence de serres au cours de la journée. Il mit ensuite de côté tous les parchemins raturés et replia soigneusement le fruit de son travail.


  • Allons manger.
  • Bonne idée je meurs de faim. Nostro ?


Mais le chien était déjà derrière lui, juste dans son ombre. Bien que Rufus ne se soit nullement plain de sa journée en solitaire il fut surpris de se rendre compte que les quelques discussions de la Grande Salle le rendait heureux. Au fur et à mesure du temps d'autres professeurs étaient arrivés.


Chaque fois qu'il allait se présenter à un nouvel arrivant ce dernier savait déjà tout ce qu'il y avait à savoir sur lui. McGonagall tenait informé tout le corps enseignant de ses dons de légilimencie. Si bien qu'à chaque fois ils l'interrogeaient soir sur son jeune âge soit sur sa capacité à lire les pensées.


Aucun ne le disait mais la plupart pensait qu'il était bien trop jeune pour enseigner et qu'en plus il n'avait aucune réelle compétence. Pourtant ils faisaient tous confiance au jugement de la directrice alors même que celle-ci refusait de s'expliquer.


Ce soir-là, pendant tout le repas, Hagrid lui donna des conseils pour tenir une classe et passionner les élèves. Sans rien y connaître encore à la pratique de l'enseignement, Rufus sut qu'il devrait faire l'opposé d'au moins la moitié de ces conseils.


Ariana écoutait son collègue distraitement, un sourire aux lèvres, alors que Firenze, comme à son habitude, scrutait Rufus du coin de l’œil. Ce dernier pouvait de mieux en mieux se concentrer car l'augmentation du nombre de personne à table noyait leurs pensées individuelles dans un flot constant.


Dans cette nouvelle vie Rufus ne passait plus beaucoup de temps seul. Jamais de toute sa vie le jeune homme n'avait tant vécu avec les autres. Il avait passé presque toute a journée avec Ariana, les repas avec les autres professeurs et la soirée avec les elfes. Mais Rufus ne s'en plaignait pas. Cela le changeait agréablement de ce qu'il avait connu jusque là.


Durant la semaine qui suivit Rufus finit de préparer ses cours. Il eut ensuite une reprise d'activité avec l'arrivée d'autres professeurs aux demandes spécifiques. De plus Ariana et Hagrid n'avaient pas diminué la cadence des leçons qu'ils lui donnaient.


En parallèle Rufus continuait ses propres expériences et son journal se remplissait de versions améliorés de potions, de nouvelles idées et de nouvelles utilisations pour certains ingrédients. La plupart des potions dont il avait proposé une optimisation n'avait pas fait l'objet de beaucoup de travaux après leur élaboration. Rufus cherchait aussi bien à en rendre meilleurs les effets mais aussi à les rendre moins chères et moins longues. Il dût aussi y inscrire ses premiers échecs, souvent mineurs, et n'appelant qu'à de légers réglages de dosage.


Rufus commençait à se faire à la vie à Poudlard. Il avait pris ses habitudes même s'il manquait encore souvent des repas. Plus aucun des professeurs ne regardaient Nostro qui était devenu comme une extension de Rufus lui-même. Sans regarder les chiffres exacts, près de la moité des elfes de maison avait migré chez le nouvel occupant des cachots.


Bientôt le château fut pris d'une effervescence nouvelle. Les elfes naviguaient dans tout Poudlard pour faire le grand ménage. Rufus entendait presque constamment le bourdonnement des pensées de ses collègues qui était passé d'un flot relativement oubliable à une nuée d'insectes enragés.


Cette agitation monta crescendo jusqu'au jour où, au petit déjeuner, McGonagall se leva pour leur faire un petit discours. Au ton de sa voix et à sa gestuelle Rufus reconnu les recommandations de début d'année. Après cela la journée passa à une vitesse époustouflante.


À la nuit tombée, posté à une fenêtre de la bibliothèque, Rufus regardait les carrosses déposer les élèves devant les portes du château. Il soupira profondément et se retourna vers Nostro.


  • Ça y est mon vieux. C'est la rentrée.


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