Au-delà du voile
Ulick Gamp était assis sur son bureau et finissait d’écrire un long courrier. Il regarda sa montre à gousset, puis soupira en voyant l’heure tardive.
Il signa la lettre de sa plume, puis se leva, prêt à prendre congé, lorsqu’un homme de taille moyenne pénétra dans son office, en tenant une lettre à la main.
– Ulick ! s’écria-t-il en haletant fortement, il l’a trouvé, il l’a trouvé !
Il lui tendit la lettre d’un air triomphant. Le visage de Ulick, qui ressemblait vaguement à un crapaud, s’illumina. Il ressentit une vive excitation, tel qu’il n’en avait connu depuis longtemps.
Un regard à la lettre suffit à confirmer ce qu’il espérait.
- Ou est-ce Clifford ? questionna-t-il précipitamment.
– Tout prêt ! répondit le dénommé Clifford sur le même ton excité, au centre de Londres, devant le palace de Whitehall, Alden y est déjà, il nous y attend !
– Ne perdons pas de temps, répondit Ulick tout en pointant sa baguette vers son portemanteau, je ne veux surtout pas que ça s’ébruite.
Sa cape de sorcier se dirigea vers lui, et il l’attrapa au vol, puis l’enfila.
Ils descendirent un long escalier en faisant garde de ne faire aucun bruit, puis arriver en bas, montèrent sur leurs balais et s’envolèrent en slalomant dans les rues désertées de Londres.
Après quelques minutes, ils atterrirent dans la rue du Parlement, puis pénétrèrent dans une ruelle sombre. Ils remarquèrent un balai en équilibre contre le mur près d’une porte à moitié ouverte.
Ils entrèrent dans la demeure, elle était très vieille, et recouverte de toile d’araignée et de poussière.
Alden ? murmura Clifford.
Après quelques secondes une voix venant des profondeurs leur répondit.
– Je suis dans la cave !
Clifford et Ulick descendirent les escaliers de pierre pour le rejoindre.
Ils furent accueillis par un jeune homme d’une trentaine d’années aux cheveux blonds et aux yeux pétillants.
La cave était remplie de vieux barils et était seulement éclairée par la baguette de Alden.
- C’est ici ? interrogea Ulick en pointant du doigt un trou béant dans le mur de brique.
– Oui, répondit Alden, je n’ai rien touché depuis que je l’ai trouvé.
Ulick alluma sa baguette et s’approcha du trou. Derrière, un escalier descendait à perte de vue, sur les murs, était placé des torches de bois qui était toute éteint.
– Incendio, murmura Clifford.
Les unes après les autres, des torches de charbons placés sur les parois s’embrasèrent.
– Nox, chuchotèrent Alden et Ulick d’une même voix.
Les trois hommes pénétrèrent, sans prononcer un mot dans la cave et descendirent le long escalier, sans apercevoir le bout du boyau, le tunnel semblait avoir été creusé à la main.
Après plusieurs minutes de marches, ils distinguèrent une lumière bleutée qui éclairait le fond du couloir et créait une ambiance mystérieuse.
Ils entrèrent dans une large caverne, le sol était recouvert d’eau, au plafond, plusieurs gouttes d’eau s’écoulaient le long de stalactites, et s’écrasait sur le sol dans un bruit sourd, amplifié par l’écho.
Au centre de la cavité se trouvait une arche formée de pierre. Elle semblait si ancienne que les trois hommes se demandèrent comment elle pouvait encore tenir debout.
Clifford s’approcha de l’arcade.
– Les voix, dit-il, vous les entendez ?
Ulick secoua la tête de gauche à droite.
– Il n’y a pas de voix Clifford, c’est ton imagination.
Alden tendit l’oreille et ferma les yeux.
– Je les entends aussi, répondit-il.
Clifford regardait l’arche avec admiration, et une curiosité sans pareil. Il se rapprocha lentement du voile en fermant les yeux.
- Clifford ? interrogea Alden.
Mais Clifford ne l’entendait pas, il continuait d’avancer en direction de l’arche. Il s’arrêta à quelques centimètres du voile, puis tendit son bras vers l’avant, et le passa au travers du tissu noir.
Soudainement, comme si une main invisible l’avait saisi, il fut happé à l’intérieur de l’arche, et traversa le tissu entièrement. Alden et Ulick se précipitèrent vers l’arche, s’attendant à ce qu’il retombe de l’autre côté du voile, mais il n’en fût rien, Clifford s’était volatilisé.