Au-delà du voile

Alden et Ulick fouillèrent la grotte de fond en comble pendant plusieurs heures, avant de se rendre à l’évidence, Clifford avait disparu.

Ils avaient crié, plusieurs fois, le nom de leurs amis en espérant que de l’autre côté de l’arche, s’il y’avait en effet un autre côté, une voie leur réponde qu’il était sain et sauf.

– Alden, questionna Ulick, entend tu encore les murmures que tu me décrivais avant que Clifford ne disparaisse ? Lui aussi disait les entendre.

Alden se concentra essayant d’entendre les chuchotements, mais en vain. Seul le bruit de gouttes d’eau qui descendait le long des stalactites et s’écrasait dans le lac résonnait à ses oreilles.

Ce ne fut que quelques heures plus tard, au petit matin, lorsque les deux sorciers s’étaient décidés à quitter la grotte, que le premier hurlement retentit.

Ce n’était pas un cri humain, mais pas non plus un cri d’animal. Il était tellement plus froid et terrifiant.

Le sang d’Alden se glaça, et Ulick poussa un cri de terreur si aigu qu’il aurait pu sortir de la bouche d’une petite fille.

– C’est le Diable, murmura-t-il. Il est caché derrière ce voile et il va nous prendre, tout comme il a pris Clifford.

Alden était de nature plus calme, mais il ne pouvait pas s’empêcher de trembler.

– Partons de ce lieu maudit, ordonna-t-il d’un ton qui s’efforçait d’être calme, mais qui laissait paraître sa peur.

Les Sorciers ne purent s’empêcher de pousser un long soupir de soulagement lorsqu’ils aperçurent le mur de brique qui indiquait la sortie. Ils quittèrent la maison, en prenant bien soin de refermer la porte.

Ils saisirent leurs balais, qui n’avaient pas bougé depuis la veille, et s’apprêtèrent à l’enfourcher, lorsqu’une chouette Effraie surgit dans les airs et alla se poser sur le bras droit de Ulick. L’oiseau avait une lettre attachée à l’une de ses pattes. Ulick la saisit, et commença à la lire à voix haute pour que Alden puisse entendre. La lettre semblait avoir été griffonnée à la plume hâtivement.

Monsieur Ulick Gamp, président Sorcier du Maggenmagot                            Le 5 octobre 1687

Monsieur le président,

Nous avons reçu il y’a quelques heures un message en provenance de Munich, en Allemagne. Ils nous font part de grave nouvelle dont, je pense, vous devez être averti dans les délais les plus courts. En effet, le cadavre de l’un des membres du Maggenmagot, Clifford Lemaitre, a été retrouvé sur une route de campagne par un citoyen germanique à 2 h 7 du matin (horaire européen). Il s’est empressé de prévenir les autorités locales, et l’un d’entre eux a immédiatement reconnu le corps.

Encore plus inquiétant, le cadavre est lacéré de large griffure, et tout laisse à indiquer qu’il est tombé d’une très haute distance, à en juger par la forme du sol.

Comme vous le savez, monsieur Lemaitre était censé se trouver avec vous, et les autorités se posent des questions sur votre implication dans les évènements. Veuillez revenir au Maggenmagot le plus rapidement possible, ou au moins nous contacter immédiatement par hibou postal.

Mes très sincères condoléances, et en espérant vous voir très prochainement, pour discuter des regrettables évènements.

Emily Bones, Présidente adjointe du Maggenmagot.