Dramione : le Feu et la Glace

Chapitre 10 : Une femme forte

5480 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/06/2019 11:10

Dans le chapitre précédent : Hermione apprend le décès de son papi, ce qui la chagrine profondément. Elle abuse alors d’alcool mais est de nouveau prise en charge par un Drago qui s’est montré bizarrement amical.


POV DRAGO


Deux jours s’étaient passés depuis le sauvetage de la Sang de bourbe, et je remarquais qu’elle venait toujours en classe. J’imagine donc qu’elle a bien décidé de ne pas rejoindre sa famille, mais plutôt de rester en cours. Clairement Granger est une acharnée du travail, je le sais depuis notre premier jour de cours il y a des années. Elle a toujours été comme ça, je pense qu’il est question de contrôle pour elle. Faut être sacrément taré pour s’accrocher à un truc comme ça, mais je suppose que j’ai su trouver quoi dire pour éviter qu’elle finisse alcoolique et ne devienne un véritable déchet humain après le décès de son grand-père.


Blaise entre dans la salle commune avant que je puisse terminer mon cheminement de pensées :


-         Mec, j’ai vu Astoria, elle est dans le parc de l’école, toute seule. C’est le moment pour toi de faire sa connaissance.

-         Maintenant ? J’allais lire.

-         Il est 18heures papi, lève tes fesses et va la voir. Si elle te plaît, et elle va te plaire, c’est toujours une de plus.


Effectivement, il est 18heures, et je dois toujours travailler sur l’armoire à disparaître dans la salle sur demande pour ma mission. J’essaye d’y aller le plus souvent le soir, mais ces derniers temps mes nuits ont étés mouvementées. J’avais beaucoup de choses à évacuer, on peut demander au matelas de Pansy. Mais après tout, une nouvelle nana dans ma vie peut s’avérer utile.


-         Bon lâche-moi, j’y vais.


Je me rendis sur place pour trouver, dans un coin sombre, la petite Greengrass à l’allure bien mature pour son âge.


-         Tu as choisi un coin bien sombre.

-         Je préfère quand c’est intime.


En me rapprochant d’elle, je remarque que son visage est véritablement beau. C’est net, c’est une belle fille. Ses cheveux sont noirs, plutôt longs, très légèrement ondulés, sa peau est divinement blanche, ses yeux sont d’un vert émeraude saisissant et ses lèvres naturellement rosées appellent à être embrassées. Sans compter qu’elle porte l’uniforme des Serpentard magnifiquement bien.


-         J’ai entendu bien des choses sur toi Drago Malfoy.


Appuyée contre le mur, un genou relevé pour dévoiler un peu plus de sa fine cuisse et la tête portée haut sur ses épaules, elle me sort le grand jeu, et je dois dire que j’aime ça. Il y a quelque chose de fort et de charmeur à propos de cette fille qui intrigue, on a envie d’en voir plus. Je m’approche alors, m’appuis au mur face à elle, mon visage dangereusement près du sien :


-         On dirait bien que tu es là pour confirmer ces dires.


A son tour, elle arqua délicatement son torse, faisant ressortir sa poitrine pour finalement se rapprocher de moi, me chuchotant presque :


-         Ce serait une erreur de croire que tu peux m’avoir aussi facilement Drago.


Elle se dégagea de mon emprise, prenant la direction du parc ensoleillé, bien qu’enneigé. Marchant quelques pas devant moi, elle me permet d’admirer sa jupe valser de droite à gauche au rythme de ses hanches. En un pivotement de tête rapide, elle me lança un regard enjoué par-dessus son épaule, ravie que je la suive. Elle est le genre de fille que je préfère, celles qui ont un charme subtil. Elle vous donne un aperçu mais vous devez vous battre pour pouvoir goûter à sa tendresse, parce qu’elle n’aura aucun problème à vous laisser sur votre faim.


-         Qu’attends-tu de moi petite Greengrass ?

-         Et si tu commençais par me parler de toi ? J’ai entendu beaucoup de choses, mais elles seront probablement plus intéressantes sortant de ta bouche.

-         Que veux-tu savoir ?

-         Et si je disais tout ?

-         Je dirais que tout n’est rien.

-         Quels sont les secrets de Drago Malfoy ?

-         Ce ne serait pas des secrets si je les racontais, petit cœur.

-         Je n’en attendais pas moins de toi.

-         Parle-moi plutôt de toi.

-         Intrigué ?

-         Ne sois pas si sûre de toi.


Elle céda, comme elles le font toujours. Elle me parla de sa noble famille, de sa sœur qu’elle appréciait énormément avant que celle-ci ne tiennent des discours dérangeants, tels que « il ne s’agit pas d’un sang-pur mais il s’agit tout de même d’un sorcier ». Elle m’expliqua qu’elle entretient une relation particulièrement fusionnelle avec sa mère, avec qui elle partage tout. Elle insista vaguement pour que je parle de moi, ce que je n’ai évidemment pas fait. S’il suffisait de me poser une question pour que j’y réponde, ça se saurait.

Ce soir-là, elle me laissa sur ma faim quand notre discussion fut interrompue par l’heure du repas. Je me réfugiais donc dans la bouffe, tel un gamin obèse en manque de gras. Cette fille est charmante, elle est diablement belle et ne me semble pas débile. Elle ne m’a pas non plus l’air d’avoir une once de gentillesse en elle, ce qui me plaît beaucoup. J’ai rencontré beaucoup de filles qui ont l’air d’être vilaines, pestes et profondément méchantes, mais au final il n’en était rien. Dès qu’elles commencent à s’attacher à moi, ce qui arrive plutôt vite en général, elles deviennent tendres, douces et vulnérables. Quelle horreur.


-         Drago, tu m’expliques pourquoi il y a des rumeurs qui disent que tu as été aperçu avec Granger ivre, la raccompagnant, certains disent jusqu’à sa chambre ?

-         Putain Blaise, si tu veux te taper Granger fais-le, mais arrêtes de me parler de cette guenon, t’es pire que Pansy. T’en fais pas mon lapin, il n’y a que toi pour moi.


Crabbe et Goyle rigolèrent comme les deux gros porcs qu’ils sont à l’écoute de notre discussion.


-         C’est ça, fous-toi de ma gueule. Je trouve que ça commence à faire beaucoup de rumeurs sur Granger et toi.

-         Granger et moi ? je marquai une pause. Granger et moi, Zabini ? J’espère que c’est toi qui es entrain de te foutre de ma gueule, parce que ça commence à ne plus me faire rire du tout.


Il marmonna quelques mots dans sa barbe avant de se décider à passer à autre chose :


-         Tu comptes me raconter avec Astoria ?

-         Je n’ai rien à raconter, ce n’est pas une fille facile.


Il ria en entendant ces mots.


-         Parce que tu croyais que tu allais la sauter aujourd’hui ?

-         On ne peut pas dire que les filles me résistent longtemps.

-         D’ailleurs ça fait combien de temps que tu n’as eu personne d’autre que Pansy ? Te suffirait-elle ?

-         Tu veux pas arrêter de dire des conneries ? T’as bu quoi ce soir ?

-         Je relève simplement que tu ne me parles plus de gonzesses.

-         J’ai mieux à faire, on n’a pas tous besoin de filles dans notre vie Zabini.

-         C’est ça ouais.


Il s’engagea alors dans un monologue chiant à mourir à propos de pourquoi une fille dans notre vie d’homme est importante, tout ce qu’elle peut apporter et comment elle peut nous faire nous sentir. Je laissais alors évidemment mon esprit ainsi que mon regard divaguer au loin, jusqu’à ce qu’il rencontre, sans même m’en rendre compte, la chevelure de Granger, assise de dos à la table devant la mienne. J’avais toujours vu ses cheveux tels un énorme tas de paille emmêlé, sans forme ni tenue. En vérité si on y prête une attention particulière, ses boucles sont étrangement régulières et rebondies. Ses cheveux forment de parfaites ondulations sans même être emmêlées. Comment une telle tignasse peut-elle être aussi ordonnée ? Et puis ses cheveux ne sont pas abimés, tout simplement parce qu’elle ne prend pas la peine de les coiffer. Mais ils sont brillants et en bonne santé jusqu’aux pointes, ce qui est rare, je l’ai remarqué, chez les filles.


Un clignement de cils me permet de revenir à moi-même, m’obligeant à détourner le regard de la touffe de Granger. Que mon esprit se perde est une chose, qu’il se perde et divague sur l’intello en est une autre. C’est à cause de cette idiote, elle s’impose bien trop dans ma vie ces derniers temps. Elle se permet de me torturer l’esprit, ensuite je dois la sauver, elle me fait crasse sur crasse et s’en tire royalement tranquillement. Le pire dans tout ça, c’est que dès qu’elle a besoin, j’accours. Putain. Je ne l’avais même pas conscientisé. C’est quoi cette histoire : Granger a besoin, j’accours ? Je pige pas. Est-ce que c’est une technique inconsciente de ma part pour avoir plus de pouvoir sur elle ? Est-ce que je suis si profondément sadique que je ne m’en rends plus compte moi-même ? Ou est-ce que je suis tellement dépassé par ce que je vis de mon côté en ce moment que je l’utilise pour avoir une échappatoire quelque part ? Quelque chose qui m’occupe l’esprit, qui est tellement insensé que mon cerveau se repose dessus ? Je préfère opter pour l’option « je suis un tel sadique que je ne m’en rends même plus compte ». C’est vrai, si je sais comment réconforter Granger, je sais mieux encore comment la détruire.


Le repas touche à sa fin, et nous retournons tous dans nos propres salles communes. N’étant plus d’humeur à voir du monde, je me dirige vers ma chambre lorsque je découvre Theodore Nott, ce crétin abuseur de filles entrain de m’attendre devant la porte.


-         Qu’est-ce que tu fous là Nott ?

-         Je pense qu’on a tous les deux des raisons de ne pas vouloir que ce qu’il s’est passé l’autre jour s’ébruite, alors si tu me faisais entrer ?


Je pris quelques secondes pour y réfléchir. Effectivement je ne souhaitais pas devenir le sauveur de Granger, il était hors de question que ça se sache. Je le laissai donc entrer. Il regarda partout autour de lui, inspecta ma chambre et son contenu, avant de commencer :


-         Je suis venu m’assurer que tu ne parlerais pas de ce qu’il s’est passé, avec Granger. Et en échange, je ne parlerais évidemment pas de ce qu’il se passe entre elle et toi.

-         Tu as l’air plus intelligent que tu ne l’es réellement Nott. Il n’y a pas besoin de se passer quoi que ce soit entre une fille et moi pour que je l’empêche de se faire violer par un malade mental.

-         Bien sûr, tu es réputé pour ta bonté sans égale Malfoy. Tu me prends pour bien plus bête que je le suis.

-         Si je te reprends à faire une telle chose avec qui que ce soit Nott…

-         … Oui, j’ai compris, tu me tues de tes propres mains. Mêle-toi de tes affaires et je me mêlerais des miennes. On est d’accord ?


Je ne répondis pas, mais acquiesça. Je suppose qu’admettre être d’accord avec cet enfoiré est trop me demander. Je lui ouvris la porte, l’invitant pas particulièrement poliment à foutre le camp de ma chambre, ce qu’il fit.


Putain, toutes ces histoires avec Granger commencent vraiment à me courir sur le système. Il y a maintenant des rumeurs de tous les côtés. Pansy et Blaise m’harcèlent à ce sujet, ils ne comprennent pas comment il est possible que toutes ces choses absurdes se racontent à mon sujet. Comme souvent, je me défends en attaquant. Je ne comprends pas moi-même. Et puis j’ai beaucoup plus important à penser, je dois toujours réparer cette putain d’armoire à disparaître. Ce n’est pas en me distrayant que je vais y parvenir. Je ne reçois aucune aide des mange-morts, je n’ai pas de véritable contact avec eux lorsque je suis à Poudlard. Je dois me débrouiller seul et c’est une mission de taille. Réparer cette armoire à disparaître est ma seule option et plus j’étudie le sujet, plus je me rends compte d’à quel point cette tâche va être compliquée. Je ne vais pas y arriver en trois jours, il va me falloir un temps et une patience considérables.


-         Drago ?


Pansy s’était donc permise une nouvelle fois de rentrer dans ma chambre sans toquer.


-         Tu ne vas donc jamais apprendre à frapper avant d’entrer ?

-         Désolée.

-         Qu’est-ce qu’il y a Pansy ? ajoutai-je, agacé.

-         Je voulais juste te voir un peu.


Je déteste quand elle est comme ça. Toute vulnérable, triste, aime-moi, conforte-moi, câline-moi. Je déteste ça.


-         Je suis occupé.

-         Drago…

-         Je te verrais plus tard.

-         Je dois te parler…

-         Putain Pansy.

-         Ecoute Drago, je te connais. Depuis longtemps. Et il y a toujours eu quelque chose de spécial entre nous. Mais ces derniers temps, je te sens t’éloigner. Je ne comprends pas ce qu’il t’arrive. Tu es distant, éteint, et je m’inquiète. Est-ce que c’est quelque chose que j’ai fait ?


Je vais donc devoir faire le baby-sitter ce soir encore. Super. C’est mon passe-temps préféré, au cas où ça n’était pas clair.


-         Avec ce qu’il se passe dans ma vie ces derniers temps, tu es le dernier de mes problèmes Pansy.

-         Je sais. Je comprends. Je voulais juste… Je voulais savoir si j’étais le problème.

-         Ce n’est pas parce que tu n’es pas la solution que tu es le problème.


Elle afficha un sourire niais qui n’avait pas lieu d’être, s’approcha de moi pour déposer un baiser sur ma joue, et enfin s’en alla.


Le jour suivant j’avais arithmancie. Le cours en lui-même je m’en contre fou, par contre ce jour-là la prof avait décidé qu’on irait dans la forêt une fois la nuit tombée pour faire une carte des constellations en binôme. Evidemment on devait se mettre avec notre voisin de table. Je me coltine donc encore Granger, décidément. Nous voilà donc tous les deux en train de nous promener dans la forêt soi-disant interdite au clair de lune. Si j’avais espéré qu’elle se la fermerait, je serais inconscient.


-         Je vais faire la carte. Tu n’as qu’à attendre dans un coin.

-         Ça me va.


Je pris donc place sur un tronc d’arbre, attendant patiemment que Granger finisse notre travail, sage comme une image. Elle était là, devant moi, la tête dans les étoiles, les sourcils un poil froncés. Elle a tendance à entre-ouvrir les lèvres lorsqu’elle se concentre, ou au contraire à se les mordiller. Aujourd’hui elle se les mordillaient. Elle ouvrait grand ses yeux, je jurerais qu’on pourrait voir son cerveau chercher chaque information qu’il a stocké depuis toutes ses années dans ses pupilles. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon désordonné aujourd’hui, pas de boucles rebelles. Sans que je m’en rende compte, j’étais encore en train de divaguer sur Granger. Je dirais que ce n’est pas très étonnant puisqu’elle est la seule chose présente à ma portée de vue, et même s’il n’y a rien d’intéressant chez elle, elle est plus divertissante que les feuilles mortes autour de moi. Je contemplais alors de nouveau la seule chose à regarder dans les environs, avant qu’elle n’ouvre une énième fois sa grande bouche :


-         Je suis réellement désolée Malfoy, pour le legilimens.


Elle va donc remettre ça. Sérieusement Granger, tu t’es excusée au moins trois fois déjà, et je ne sais toujours pas quoi répondre. Merde, c’était pas rien, mais je ne sais toujours pas comment réagir.


-         Pourquoi tu l’as fait ?


Elle baissa les yeux, laissant de côté son devoir quelques instants, se plaça face à moi. Elle rassemblait clairement tout son courage à cet instant précis.


-         Je voulais me venger, je voulais faire quelque chose de gros. C’était stupide, et dangereux et je le regrette, mais je pensais que tu le méritais et je… Je ne m’attendais pas à ça. J’ai eu l’habitude depuis longtemps que tu sois une ordure avec moi et mes amis, mais je trouvais que tu en rajoutais de sacrées couches ces derniers-temps. Je n’allais pas te laisser faire et ne pas réagir, tu n’es pas le roi du monde Malfoy. Tu n’as pas le droit de détruire les gens et attendre d’eux qu’ils s’inclinent. Je pense toujours tout ça. Mais… J’ai eu peur de ce que j’ai vu et… ça ne me ressemble pas. Et puis, tu as été… Tu as été bien, quand… Tu sais. Je ne m’attendais pas à ça de ta part, pour tout te dire. Et ça m’a fait me sentir encore plus mal par rapport à ce que je t’avais fait.


Ses raisons étaient légitimes. En effet, je lui pourris la vie depuis des années, il me semble logique qu’un jour une rébellion s’impose. C’est juste que ça n’était encore jamais arrivé, avec qui que ce soit, et je n’aurais pas pensé que ce serait Granger, parmi tous ceux qui ont eu droit à mes foudres, qui aurait le courage de me faire face. Qu’on ne se méprenne pas, je trouve ça tout à fait détestable qu’elle ait eu le cran de s’immiscer dans ma tête. Cependant je dois reconnaître qu’elle a au moins eu le cran.


-         J’ai eu peur de ce que j’ai vu dans ta tête Malfoy.

-         Ce qu’il se passe dans ma tête ne te concerne pas Granger. C’est probablement ce que tu aurais dû te dire avant d’y pénétrer sans y avoir été invitée. Je suppose que Potter a apprécié les ragots.

-         Je ne lui en ai pas parlé.


Tiens donc, Granger détient de telles informations sur mon compte et n’en fais pas part à Potter ? Voilà qui devient intéressant.


-         Et je ne compte pas le faire. Je te l’ai dit, je ne suis pas à l’aise avec ce que j’ai fait. Je n’ai pas de raison d’en parler. Je… Je me demande, pourquoi tu ne me l’as pas fait payer ?

-         Tu m’as donné l’occasion de te voir complètement vulnérable plutôt deux fois qu’une, je nous ai considérés quitte. Et surtout je n’ai pas que ça à foutre Granger, ces jeux de gamins ça va bien deux minutes.


Elle ne répondit pas, considérant cette histoire réglée, et plongea à nouveau sa tête dans les étoiles. Alors non seulement Granger m’a fait une crasse et s’en est excusée plusieurs fois, mais en plus elle a tout gardé pour elle ? J’ai réellement tout gagné. Elle est pitoyable à ce jeu-là. On ne joue pas avec les sentiments des autres si on a peur de les blesser. Cette jeune femme a en elle bien trop de bonté, c’est écœurant. Et elle est si vulnérable, si sentimentale. Il faut oser le faire, se confier à moi sur la mort de son grand-père ! D’ailleurs…


-         Tu ne rentres donc pas chez toi ?


Elle baissa à nouveau les yeux au niveau de ses pieds l’espace d’un instant avant de relever la tête vers le ciel :


-         Non. Pas pour l’instant. J’irais pendant les vacances, comme prévu.

-         Je vois. Je ne sais pas si tu t’en préoccupes, mais Theodore ne parlera de rien.


Cette fois-ci elle porta son regard jusqu’au mien. C’est bien ce que je pensais, elle est terriblement mal à l’aise vis-à-vis de ce qu’il s’est passé entre elle et lui, ce qui pour le coup se comprend.


-         Merci.


Sa voix devint tremblante. Putain, elle va se mettre à chialer. J’observais sa poitrine se soulever de plus en plus vite et de plus en plus fort. Je suppose donc qu’elle n’en a pas parlé à ses amis, parce que je doute être son premier choix pour parler des choses moches qui lui arrivent. Et si elle avait pu en parler, elle ne serait pas à deux doigts de pleurer devant moi. Malgré moi, je demandai :


-         Ça va ?


Ce fut probablement la question de trop, j’observais maintenant une larme ruisseler sur sa joue rose. Elle affichait une moue de douleur, elle n’en avait réellement parlé à personne. Je ne fais pas dans les sentiments, mais je ne crois pas que ce soit le genre de chose qu’on est censé garder pour soit quand on est Hermione Granger.


-         Je suis désolée, je suis ridicule. Pleurer devant toi…

-         … Ce n’est plus une première.

-         Ça n’a pas de sens. Je ne vais pas t’en parler, pas à toi.


Elle essuya sa larme d’un coup de main rapide, passa sa langue sur ses lèvres apparemment trop sèches, et releva la tête. La Granger ivre est bien plus facilement bavarde que la Granger sobre. Celle que j’ai actuellement sous les yeux est bien trop fière. Je déteste le conscientiser, je déteste réellement ça, mais pour une raison que je ne m’explique pas, et surtout qui ne me ressemble pas, je voulais qu’elle parle. A ce moment-là, il me semblait normal qu’elle puisse extérioriser ce qu’elle a subi. Il se trouve que je suis celui qui était là, alors je suis le seul à qui elle peut en parler. Je connais Granger, malgré moi, c’est une fille que je côtoie depuis des années. J’observe les gens. J’analyse. Granger ne parlera probablement jamais de ce qu’il s’est passé ce jour-là à qui que ce soit. Elle le gardera en elle quitte à exploser. Mais elle a besoin de le sortir. Elle a besoin d’en parler. Seulement je ne suis pas vraiment le choix idéal. Elle n’est pas sous l’influence de l’alcool. Elle ne va pas se risquer à se confier à moi. Et elle a raison. Mais ça me semble mal, une partie de moi que je maudis sur le moment me pousse à la faire parler, pour son propre bien.


-         Nott est un enfoiré de première. Il n’a pas le moindre ami, mais son père est… proche du mien. Alors j’ai toujours été obligé d’être poli avec lui. Mais je le déteste de tout mon être, ce débile se croit mieux que tout le monde, le plus beau, le plus fort, le plus intelligent. Alors si tu as des choses acerbes à dire à son sujet, ce n’est pas moi qui te contredirais.


Je n’en revenais pas moi-même de ce que j’étais entrain de dire. J’étais sérieusement entrain d’essayer de faire parler Granger pour qu’elle puisse dépasser son traumatisme. Depuis quand je me soucie des gens, premièrement, et ensuite et surtout de Granger ? Peut-être que je me sentais tellement perdu dans ma vie actuelle, ce qui est assez nouveau pour moi, que je repère plus facilement les gens perdus. Clairement ces derniers temps Granger est en plein désert. Peut-être que je me trouve dans le même désert qu’elle, alors je lui donne quelques goûtes de ma gourde.


-         Je crois qu’une part de moi pense que je suis en partie responsable.

-         On ne peut pas dire que tu te sois mise dans les meilleures conditions possibles pour être en pleine possession de tes moyens.


Elle baissa de nouveau les yeux, de honte cette fois. Je continuais :


-         Mais Nott est un malade. Il n’y avait pas besoin que tu sois ivre, seule et triste pour qu’il essaye de s’en prendre à toi.


Je pense qu’à ce niveau, on peut dire qu’elle était perdue dans mes yeux. Clairement, elle ne croyait pas ce qui était entrain de se passer, ce que je lui disais.


-         En soit, il ne s’est rien passé.

-         Tu n’es pas obligée de minimiser. Ça crève les yeux que ce n’est pas ce que tu ressens.


Je la soupçonne de tâter le terrain. Je pense qu’elle voulait voir si elle pouvait réellement avoir cette discussion avec moi ou s’il s’agissait d’une embuscade.


-         C’est juste… Je ne comprends pas ce qui a pu lui faire penser qu’il avait la permission de… Je veux dire c’est comme si ce n’était même plus mon corps.


Elle pleurait maintenant réellement. Je n’avais pas devant moi une fille qui pleurait à chaudes larmes parce qu’un vilain garçon avait décidé qu’il profiterait d’elle. Je n’avais pas devant moi une gamine qui pleurait sur son sort. Je n’avais pas devant moi une fille qui perdait les pédales parce qu’elle a été abusée. Je n’avais pas non plus devant moi une fille qui pleurait d’hystérie. J’avais sous les yeux une jeune femme qui avait été blessée dans son intimité. Une jeune femme qui laissait les larmes couler sur ses joues mais qui n’y prêtait pas attention. J’avais sous les yeux une jeune femme forte qui ne considérait même pas comme une possibilité de se laisser aller. Elle portait son monde sur ses frêles épaules et je pouvais le voir très clairement.


-         Je ne sais pas quoi te dire. Mais je pense que c’est bien pour toi de pouvoir au moins en parler.


Je remarquais un début de sourire se former sur ses lèvres avant qu’elle ne l’efface en essuyant ses larmes par la même occasion.


-         J’ai une carte à faire maintenant.


Et elle mit de nouveau sa tête dans les étoiles, tête visiblement un peu plus légère. 



J'espère que ce chapitre vous aura plu, si c'est le cas, ou pas, je vous encourage à me le faire savoir dans les commentaires, ça motive, permet de s'améliorer, savoir ce que vous en pensez, bref au final que du positif ! Merci à Kitsune-aux-amandes de prendre le temps de me corriger et bonne journée ! LivStivrig


Laisser un commentaire ?