Dramione : le Feu et la Glace

Chapitre 14 : Poudlard Express

6819 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/06/2019 11:13

Dans le chapitre précèdent le bal de Noël a eu lieu et s’est soldé par un baiser fougueux échangé entre Hermione et Drago.


POV DRAGO.


Je remontai jusqu’à ma chambre, me concentrant pour ne pas rater des marches à cause de la dose d’alcool présente dans mon sang suite à ce que je me suis enfilé. Malgré tout ce que j’ai bu, le seul goût qui demeure à mes lèvres est celui d’amandes de Granger. Ma tête savait parfaitement que demain, ce serait un problème et que je m’étais sacrément mit dans la merde en me permettant une telle action. Mais cette nuit, tout le reste de mon être me criait qu’il n’y avait rien de mieux, rien qui ne semblait aussi évident. L’alcool aidant, je décidai de ne pas lutter contre, après tout, peut-être que Drago Malfoy, lui aussi, avait de temps en temps droit de goûter au bonheur, qui avait l’air d’avoir le goût d’amandes. Ce sentiment de sérénité interne s’interrompu brusquement lorsque j’ouvris la porte de ma chambre, pour y trouver Pansy, assise sur mon lit mais qui se leva précipitamment en m’apercevant, essuyant une larme. Un soupir tout à fait audible sortit de ma bouche sans que je ne l’y ai vraiment autorisé, bien qu’il fût justifié.


-         Tu peux m’expliquer ?


Le son de sa voix n’était pas habituel. La colère et la tristesse changeaient son timbre qui devint plus aigu. Lui expliquer ? Merde, je n’ai rien à expliquer à cette guenon. Elle s’étonne de quoi ? Que je l’ai plantée au bal ? Elle y est allée avec Drago Malfoy bon sang, elle s’attendait à quoi ?


-         T’expliquer ? je répète en montrant qu’elle n’a aucun droit de me demander une quelconque explication.

-         Tu m’emmènes au bal et tu m’y plantes au bout de cinq minutes comme si je n’étais rien ? Tu passes ta soirée à me repousser, tu n’arrêtes pas de me dire d’aller voir ailleurs, tu me pousses même, puis tu disparais, et tu crois que tu n’as rien à m’expliquer ? Elle pleurait d’autant plus qu’elle prononçait ces mots.

-         Je suis fatigué et ivre, alors arrête ton cinéma et laisse-moi me coucher.

-         Est-ce que c’est du rouge-à-lèvres ?


Ses sourcils froncés et sa bouche entre-ouverte exprimaient une mine de douleur intense. En regardant de plus près, elle s’aperçut que c’en était en effet, pinça ses lèvres, et ce qui devait arriver arriva, elle se mit à pleurer à flots.


-         On peut savoir pourquoi tu chiales ? Ce n’est pas comme si tu étais ma petite-amie.


Elle leva vers moi des yeux épris de colère et d’incompréhension. Elle semblait choquée de ce que je venais de dire, comme si c’était une grande nouvelle :


-         Oh, je sais parfaitement que je ne suis pas ta petite-amie Drago ! Tu fais tout pour que je ne l’oublie pas ! Tu crois que je ne le sais pas, toutes les filles que tu te tape dans mon dos ? Cassandre, Amira, Astoria, par exemple ? Tu me penses vraiment si stupide et naïve ? Bien sûr que je le sais, et bien sûr que je sais comment tu t’appliques à me montrer que je ne suis rien d’autre que ce qui te permet de te vider quand les autres ne sont pas disponibles. Tu ne te sens pas bien : Pansy ! Tu as peur : Pansy ! Tu as mal : Pansy ! Tu t’ennuies : Pansy ! Tu angoisses : Pansy ! Mais quand il est question de s’engager, il n’y a plus personne ! Tu te sers de moi et me jette comme une vieille chaussette et me reprend dès que ça t’arrange ! Tu te fiches éperdument de savoir ce que moi je ressens ! A quel point je suis désespérée que tu finisses par arrêter de coucher avec les autres, que tu te poses avec moi, que tu m’aimes ! Que tu veuilles enfin envisager l’avenir avec moi, parce que moi je ne vois pas d’autre avenir pour moi que toi ! Tu es tout pour moi Drago, tu es tout ce que je veux et tout ce que j’ai ! Je ferais tout, absolument tout pour toi… Et tu le sais parfaitement. Je te déteste aussi profondément que je t’aime Drago, et tu ne devrais pas me torturer comme tu le fais… Pourquoi tu me fais ça ?


Elle pleurait d’une façon dont je ne l’avais jamais vue pleurer, et pourtant ce n’était pas une première, loin de là. Le maquillage qu’elle portait dégoulinait de noir sur ses joues maintenant rouges, comme pour marquer son désespoir. Elle avait l’air d’une folle prête pour l’asile.


-         Qu’est-ce qui ne va pas chez moi… ? Qu’est-ce qui n’est pas assez bien pour toi ? Dis-le-moi ? Dis-le-moi Drago ! Qu’est-ce que je dois faire ? J’ai tout essayé ! Toutes les approches possibles, l’amie, la mère, l’amante, tout ! Je t’ai soutenu dans chacune de tes décisions, appuyé chacun de tes points de vue… J’ai appliqué rigoureusement chacun de tes commandements, j’ai propagé ta parole, j’ai protégé tes arrières et flatter tes mérites… Alors qu’est-ce que c’est Drago ? Pourquoi tu ne m’aimes pas, qu’est-ce que… Qu’est-ce que j’ai fait ? Ou pas fait, mais qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui manque ? Qu’est-ce que je dois faire… Je t’en supplie Drago… Je t’en supplie dis-le-moi, je…

-         Ça suffit, coupai-je sèchement. J’en ai assez de t’entendre geindre. Tu te comportes comme une gamine de 2 ans qui fait son caprice. Sors de ma chambre. J’ai dit que j’étais fatigué.


Je tenais la porte grande-ouverte pour elle, ne lui laissant pas d’autre choix que celui de déguerpir. Toute cette scène avait assez durée, elle a toujours su dans quoi elle s’engageait, et elle savait parfaitement que je ne comptais pas faire d’elle ma petite-amie. Elle l’a toujours su, alors qu’elle ne vienne pas m’emmerder avec ses tirades à la con quand elle décide qu’elle est blessée. Sans compter que Pansy me connaît d’une façon dont très peu de personnes peuvent s’en vanter, et est censée, je suppose, m’aimer pour ce que je suis. Si elle s’est imaginé que j’allais la couvrir de fleurs et de mots doux, lui rappeler chaque jour qu’elle est le soleil de ma vie et que je suis l’homme le plus chanceux du monde en criant mon amour pour elle sur tous les toits, elle s’est fourvoyée toute seule. Jamais, au grand jamais, je ne lui ai fait imaginer de telles choses, bien au contraire. Je ne vois donc pas pourquoi je devrais subir ses sautes d’humeurs. Qu’elle se serve un verre comme tout le monde et ferme gentiment sa gueule.


N’ayant pas envie de gâcher encore plus le peu de bonheur que l’alcool m’apportait, je décidai qu’il valait mieux focaliser mes pensées sur Granger pour m’endormir. Je songeai à ses yeux, si chauds, si tendres, doux en somme. Je ne crois pas avoir déjà vu un tel regard. Comme s’il n’y avait rien de mauvais dedans, il est profondément innocent et neuf, pourtant pas naïf. Il est puissant, fort et courageux, cependant la sensibilité y est clairement lisible. Jamais non plus je ne l’avais vue me regarder ainsi, après notre baiser. Elle me souriait, et je savais pertinemment que c’était à moi seul que ce sourire était destiné. Granger ne m’avait jamais souri avant, jamais. Elle posait sur moi des yeux pleins d’excitation mais aussi de douceur. Avec une amère sensation que je venais d’ouvrir une porte terriblement dangereuse, je parvins tout de même à trouver le sommeil, bercé par le tendre souvenir de Granger portant du vert émeraude.


POV HERMIONE.


Mon réveil fut doux, tendre et agréable, comme la soirée de la veille. Il était évident que la situation était de plus en plus complexe, et ne menait nulle part. Elle était même dangereuse, mais elle était également on ne peut plus jouissive. Je n’en revenais pas, je ne savais pas vraiment si j’étais en plein rêve ou en plein cauchemar. La dure réalité semblait me faire pencher pour le cauchemar, mais mon cœur ne parlait que de beauté et de bonheur intense. Malfoy avait réellement été jaloux de me voir avec Flint, je l’avais vu de mes propres yeux. Et puis, il m’a embrassé. Un véritable baiser comme jamais on ne m’en avait donné avant. Je me remémorai ses yeux gris métalliques posés sur moi sans une once de dégoût, de colère, de haine ou même de répulsion, mais au contraire pleins d’envie, de tendresse, presque même de douleur. Je le savais cependant, il était ivre. Peut-être même qu’il ne se souviendrait pas m’avoir embrassée. Cette pensée serra mon estomac, et je ne pouvais l’ignorer.


C’est vrai, Malfoy qui m’embrasse ? C’est tout de même assez inattendu pour dire le minimum. Et puis, qu’allait-il se passer maintenant ? Allons-nous de nouveau faire comme si rien ne s’était jamais passé ? Allons-nous nous voir en cachette ? Que font les gens qui s’aiment, est-ce qu’ils le crient sur tous les toits ? Est-ce qu’ils partagent tous leurs secrets ? Parce que si c’est le cas, je suis persuadée que Malfoy en a plein que je ne veux pas entendre. La dure réalité me ramena sur Terre comme si je m’étais envolée il y a déjà un moment de ça. C’est vrai : la famille de Malfoy est du côté obscur, et même s’il n’y est pas encore lui-même, il y a de fortes chances qu’il finisse par les y rejoindre.


Pendant que mon cerveau divaguait sur cette hypothèse, je me rendais compte, comme d’habitude, que je me posais trop de questions sur quelque chose qui n’avait pas encore lieu d’être. Après tout, je ne sais pas comment ni lui, ni moi allons réagir à présent. Pense-t-il que je lui plais ? Se dit-il qu’il était simplement ivre ? Me trouvait-il juste jolie ce soir-là ? Ou bien me voit-il comme un trophée étant donné que je n’ai encore jamais été avec personne ? Les garçons pensent ces choses-là, et il y a de fortes chances pour que ce soit également le cas de Malfoy. Je ne veux pas m’imaginer des choses qui ne sont pas de l’ordre du concret, même si j’ai bien vu comment il me regardait au bal. Sans compter la façon dont il a bu pour tenter de m’occulter de son esprit. Et comment il m’a embrassée. Oui, tout cela s’est passé, et bien des choses avant qui semblent prendre sens maintenant que les pièces du puzzle sont rassemblées. Mais s’il y a bien une chose pour laquelle Malfoy est doué, c’est enfermer ses émotions. Alors si tenté qu’il éprouve réellement des sentiments à mon égard, il faudrait également qu’il décide de vouloir les ressentir et les explorer, et je ne connais rien au monde d’aussi incertain. Et puis, moi aussi, je dois savoir ! Je fais partie d’une noble cause qui se bat contre les injustices et contre Voldemort, il y a des choses que je peux me permettre – comme porter une robe verte au bal de Noël au bras d’un quelconque Serpentard – et d’autres non. Sortir avec Drago Malfoy fait très certainement parti des choses que je ne dois pas faire, et auxquelles je ne devrais même pas penser.


Comme Harry me le disait, il n’y a rien de rationnel à ce que je ressens aujourd’hui. Je me trouve comme tiraillée entre la joie intense et le profond désarroi, mon cœur et mon esprit tous deux penchants aux extrêmes. Ce genre de choses ne sont-elles pas censées être simples ? Lorsqu’on aime réellement quelqu’un, est-ce que ce n’est pas censé être facile et naturel ? Clair comme de l’eau de roche et paisible comme un long fleuve tranquille ? Il m’apparaît qu’il n’y a rien de naturel, rien de facile et rien de paisible ou de tranquille à l’idée d’une relation avec Malfoy. Est-ce pour autant mal ? Est-ce que cela rend ce que je ressens pour lui mal, ou mauvais ? Est-ce que cela signifie que je n’ai pas le droit de le ressentir ? Est-ce que je devrais l’oublier aussitôt et ne même pas essayer de comprendre ce que j’éprouve ? Après tout, peut-être que je suis juste profondément intriguée. C’est assez pitoyable, mais Drago est ce mauvais garçon sur lequel beaucoup de filles fantasment. Bien sûr, il n’est pas laid, je ne m’en étais pas rendue compte les précédentes années ou je le côtoyais, évidemment, mais il est même plutôt beau. Dans le genre « ce garçon ne plaira pas à papa », il est au sommet de la liste. Il fait également de mauvaises choses, et de mauvais choix, il n’y a qu’à regarder son nom de famille. Et en plus il est fichtrement mystérieux depuis cette année. Beaucoup plus calme, moins enfantin, bien plus profond et torturé. Ce pourrait-il que je sois une de ces filles banalement ennuyantes qui trouvent qu’un mauvais garçon torturé est tout à fait séduisant ? Je ne me pensais vraiment pas comme ça, mais après tout, peut-être que c’est là la raison pour laquelle je me sens ainsi, et en partant de ce fait, cela signifie que je n’aime pas Malfoy, mais que je suis simplement une pauvre adolescente qui aurait bien besoin de se remettre en question et de grandir.


Cependant, je ne peux nier cette sensation de plénitude que j’ai ressenti lorsqu’il a passé ses bras autour de moi pour m’embrasser. Je pouvais sentir la chaleur de son corps, la douceur de ses mains et le désir monter en lui. Le simple fait de penser à nouveau à cette scène me donna chaud et fit monter du rouge à mes joues, que je cachai, même si personne ne pouvait me voir. Comme pour mes sentiments à son égard, une part de moi avait hâte de le voir, et l’autre priait pour qu’il ne se montre pas avant que je ne monte dans le Poudlard Express pour rejoindre mes parents, ce qui était l’option la plus probable, je m’en doutais malheureusement.


Je décidai de me lever afin d’aller prendre le petit-déjeuner en compagnie de mes amis, à qui, bien sûr, j’omettrais de raconter la fin de ma soirée. Dans chaque couloir que j’empruntai, jusqu’à la Grande Salle, je regardai partout, chaque recoin de mur, m’attendant à voir Malfoy surgir quelque part, n’importe où. A chaque fois que j’entendais des pas derrière moi, je me disais que c’était lui, qu’il allait m’entraîner dans une salle où il voudrait… peu importe. Au moins qu’il me dirait quelque chose. Je passai à présent sur les lieux du crime, là où il m’avait embrassée hier. Comme si je m’attendais à y trouver une stèle commémorative, je fus profondément déçue qu’il ne soit pas là. Il n’était simplement nulle part. En prenant place aux côtés de mes amis, je passai au crible fin la table des Serpentard face à moi. La place de Malfoy était vide. Zabini était là, Crabbe et Goyle également, mais Malfoy n’y était pas. Je remarquai alors que Pansy Parkinson n’y était pas non plus, et mon estomac se serra. Il n’était un secret pour personne que lui et Pansy avaient une histoire aussi vieille que le monde, sans pour autant qu’elle n’ait jamais été officielle. La nausée me monta lorsque je compris qu’il avait sans aucun doute finit la soirée avec sa véritable cavalière, celle qu’il pouvait montrer au grand jour, et dont il était peut-être même amoureux. Beaucoup de rumeurs circulent sur les conquêtes de Malfoy, mais depuis des années on sait qu’il y en a une qui demeure, et c’est Pansy. Etais-je entrain de briser un couple ? Est-ce que j’allais m’imposer de…


-         … Maman va sûrement en faire encore trois tonnes, tu passeras au Terrier avant de retourner à Poudlard Hermione ? me demanda Ron en me tirant de mes pensées.

-         Je ne sais pas, je réponds en tentant de reprendre mes esprits. Avec le décès de mon grand-père, je ne sais pas trop comment ça va se passer à la maison. Si c’est le cas, je vous enverrais un hibou.

-         Ah… Oui… Ajouta un Ron qui avait visiblement occulté ce détail, comme on aurait pu le prévoir.

-         Tu sais que tu es la bienvenue, quand tu veux, ponctua Ginny avec sourire emplein de soutien dont j’avais bien besoin.

-         Harry tu vas passer toutes les vacances au Terrier toi ? Je demande pour avoir confirmation de certains dires.

-         Oui, Molly et Arthur ont insisté et… Je n’ai pas particulièrement envie de retourner chez les Dursley.


Harry allait donc passer toutes les vacances avec Ginny, chez ses parents. Je lui adressai un sourire compatissant qu’il remarqua mais ne releva pas. J’écoutai ensuite d’une oreille Ron raconter à Harry tous les plats que sa mère allait cuisiner et à quel point elle allait faire les choses en grand vu qu’Harry venait enfin passer toutes les vacances chez eux, comme elle l’avait longtemps espéré. Mais en réalité je cherchais Malfoy, qui n’apparut pas de tout le petit-déjeuner. Je me disais qu’étant donné ce qu’il avait bu, il s’était peut-être levé tard, tentant d’écarter de mon esprit l’image de Pansy et lui, lovés l’un contre l’autre, profitant de cette dernière matinée ensemble avant d’être séparés par les vacances. Je fus en partie soulagée lorsque je vis Pansy Parkinson descendre pour déjeuner, seule, et aux vues de son visage, je dirais qu’elle n’a pas passé une nuit particulièrement agréable. Ses yeux étaient si bouffis qu’on ne voyait presque plus ses pupilles, comme si elle avait pleuré toute la nuit. Sans savoir si cela me rendait plutôt heureuse ou triste, je remontai dans ma chambre pour préparer ma valise, priant pour que Malfoy vienne m’y trouver, mais il n’en fut rien.


Plus le temps passait, plus j’avais peur. Il devait profondément regretter ce qu’il avait fait, il devait se détester, voir même se dégoûter de m’avoir touchée, d’avoir posé ses lèvres sur les miennes. Est-ce pour cela qu’il se terre ? Ne va-t-il donc pas sortir de sa chambre ? Ne va-t-il pas venir me trouver avant que je parte pour deux semaines, il ne va donc rien dire ? Même pas se montrer pour ne serait-ce que m’adresser un sourire, quelque chose, n’importe quoi ? Me montrer au moins qu’il ne regrette pas totalement ce qu’il s’est passé, où simplement me dire au revoir, mais pas une telle absence synonyme d’indifférence…


POV DRAGO.


Toute la putain de matinée j’avais tenté d’enfermer en moi ce que je ressentais et de jeter la clé là où je ne pourrais plus jamais la retrouver. Ne plus jamais y penser, ne plus jamais en avoir envie. Qu’est-ce que j’avais foutu bordel, embrasser la Sang-de-Bourbe, ça va pas la tête ? Ça y est, elle l’a fait, elle m’a rendu barge. J’enfermai profondément en moi toute la jalousie que j’avais ressentie lorsque je l’ai vue arriver avec Flint, l’admiration qui m’a poussé à l’observer toute la soirée tellement elle était belle, et le désir qui m’animait lorsque j’avais posé mes lèvres sur les siennes.


Une douche froide s’était imposée à moi, mais là encore, je n’arrivai pas à la sortir de ma tête. On aurait dit un véritable sortilège, comme si on m’avait tatoué Granger dans le cerveau et que je ne pouvais réfléchir à rien d’autre qu’elle.


-         Drago ?


Astoria. Putain, elle ne pouvait pas mieux tomber. Je sorti de ma salle de bain, ma serviette enroulée sur la taille, faisant face à ma petite conquête :


-         Je voulais te dire au revoir avant de partir…

-         Le train ne part pas avant 16 heures, je dis en attendant confirmation. Il n’est que midi ?


Elle esquissa un petit rire charmant, mais pas si attendrissant, puis confirma :


-         J’ai des choses à faire tu sais, hormis venir te voir.


Je l’observais sachant parfaitement ce qu’elle attendait de moi. Elle voulait que je couche avec elle, que j’assouvisse ses désirs avant qu’elle ne s’en aille dans sa famille pendant deux semaines et n’ai plus droit aux plaisirs que j’offrais. Je sentais quelque chose en moi hésiter, comme si je n’en avais pas réellement envie. Ce n’était pas comme avant. Je n’avais jamais hésité à baiser Astoria, pas une seule fois, bien au contraire. Pourtant, elle se tenait là, devant moi, me lançant un regard suggérant que je laisse tomber ma serviette, et moi je n’étais pas certain d’avoir envie que celle-ci rencontre le sol.


Au moment-même où la raison de mon hésitation se révéla à mon esprit, je m’approchai d’Astoria pour m’occuper de son cas, et donner une chance à ma tête de se débarrasser de Granger. Me montrant bien plus dominateur avec la petite Greengrass que d’habitude, je compris de fait ce qu’il se passait. Je tentais par tous les moyens possibles de reprendre le contrôle de mes pulsions sexuelles, et donc de ma sexualité, parce qu’embrasser Granger ne me suggérait pas que tout allait bien dans ma tête et encore moins dans mon lit. Peut-être était-il temps de reprendre le contrôle désormais, et donc le contrôle sur ma partenaire actuelle, alias Astoria. Elle prit son pied, tandis que moi j’étais frustré, parce que j’avais eu cette putain de réflexion à propos de Granger alors que je baisais la Serpentard.


Elle avait quitté ma chambre, satisfaite, alors que je me demandais ce que c’était encore que ce bordel. Je pense à Granger pendant que je baise maintenant ? C’est possible qu’elle me rende encore plus barge que je ne le suis déjà ? Je restai enfermé dans ma chambre tout le reste de la journée, refusant de prendre le risque de me faire emmerder par Pansy ou pire encore de croiser Granger. Elle partait à 16 heures, je n’avais qu’à attendre jusque-là pour pouvoir ensuite reprendre ma vie normale et l’oublier pendant au moins deux semaines. Quand les vacances seront finies, je me serai entièrement reprit en main, et je pourrai la sommer d’aller voir ailleurs si j’y suis.


L’heure tournait pendant que je lisais pour m’occuper, quelque chose que je n’avais pas pris le temps de faire depuis bien longtemps, et diantre que j’aime ça. 14heures 57. Plus qu’une petite heure à patienter et je serais à nouveau libre de me balader partout dans le château sans aucun risque. Quelqu’un toqua à ma porte, et telle une andouille je sursautai comme si la mort était derrière cette porte. Zabini se permit d’entrer sans même attendre que je l’invite à le faire, mais il n’y avait là rien de bien surprenant.


-         Eh ben, qu’est-ce que tu foutais ?

-         Quoi, qu’est-ce que je foutais ? Je tente en sachant parfaitement qu’il veut savoir où j’étais passé.

-         T’étais pas au petit déj, pas au déjeuner, pas dans la Salle Commune, t’allais pas me dire au revoir avant que je me casse ou quoi ?

-         Seigneur que tu es sentimental Blaise. Tu as besoin que je te dise au revoir parce que tu pars deux semaines ? Tu veux peut-être un câlin aussi ?

-         Pousse-pas non plus. Alors, tu ne rentres pas du tout ?

-         Non, j’ai à faire ici.

-         Je vois. Comment a réagi ta mère ?

-         Elle était déçue, mais elle a compris. De toute façon ce n’est pas son problème, si je décide de rester à Poudlard, je reste à Poudlard. Je n’ai pas besoin de son approbation.

-         Tu ne vas toujours pas me dire pourquoi tu restes ?

-         Je te l’ai dit. J’ai à faire. Le reste ne te concerne pas, et tu le sais.


Zabini est loin d’être con, il sait probablement que je prépare quelque chose de gros et de dangereux, et c’est sûrement pour cette raison qu’il ne me pose pas énormément de questions à ce sujet. Il est inquiet, je le vois bien, et il a des raisons de l’être. Mais je ne partagerai pas ce secret avec lui, même si on partage bien nombre d’autres choses ensemble. Je sais qu’il sait, et il sait que je sais qu’il sait, comme toujours entre lui et moi, et ça nous suffit.


-         J’ai croisé Pansy, elle était dans un sale état. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

-         Elle a encore déliré toute seule, comme d’habitude. Je m’enfonçai dans mon lit pour marquer mon ennui concernant la conversation qu’il tentait d’engager.

-         Je t’aime blablabla ?

-         Exactement.

-         Qu’est-ce que tu lui as répondu ?

-         De foutre le camp de ma chambre.

-         Mec… il s’apprêtait à faire une fois de plus le moralisateur.

-         Je ne lui ai jamais menti et je ne lui ai jamais fait espérer quoi que ce soit. Elle s’est fait des films toute seule. Qu’elle pète les plombs parce qu’elle n’est pas satisfaite, c’est pas mon problème. Et tu ferais bien de ne pas faire en sorte que ça devienne mon problème Zabini, parce que je te préviens je ne suis pas d’humeur aujourd’hui, j’ai la gueule de bois.

-         De toute façon je n’ai pas le temps de m’occuper de tes histoires, je dois y aller si je ne veux pas rater le train. Ne fais pas trop de conneries en mon absence.

-         Oh non, je t’attendrais.


Il me tendit une main que je serrai, lui adressa un sourire que je n’avais pas à forcer, et le regarda fermer la porte derrière lui.


Il était maintenant 15 heures 26 et le train partait dans moins d’une demie heure. Putain. Je me levai aussi vite que possible de mon lit, enfilai le premier costume qui me passa sous la main, et me mit en route. Merde. Les mains dans les poches, fixant le sol pavé, appuyé contre un mur et entouré par quelques buissons dénués de feuilles, j’attendais. Fais chier. Comme si je l’avais senti par magie, je savais qu’elle était là, il n’y avait aucun doute. Je levai alors la tête, elle était en train de mettre sa valise dans le train aux côtés de Ginny Weasley. Elle ne portait plus sa robe verte, n’était plus maquillée, et ses cheveux n’étaient plus aussi travaillés que la nuit dernière. J’inspirai profondément en l’observant bouger, rentrer sa valise dans le compartiment, faire semblant de rire avec son amie, parce que oui, elle faisait semblant, je pouvais le voir à des kilomètres. Elle avait dans ses frêles petites mains un livre, comme elle en a toujours. Elle avança dans le train, s’apprêtant à s’assoir lorsqu’elle m’aperçut. Je suppose qu’elle fut surprise étant donné qu’elle me regarda quelques secondes avant de poser son livre et de descendre à nouveau du train. Elle prit place face à moi tandis que j’observais les pavés comme s’ils étaient plus intéressants qu’elle. Restant à un bon mètre de moi, elle marquait là une méfiance à mon égard et à ce que j’allais pouvoir lui dire ou faire, puis elle commença :


-         Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu ne rentrais pas chez toi pour les vacances.


Sa voix était douce, comme souvent lorsqu’elle s’adressait à moi ces derniers temps. Elle avait raison, qu’est-ce que je foutais là ? Je compris que je me montrais profondément froid et distant aux vues de son expression faciale lorsque mes yeux rencontrèrent son visage à nouveau. Elle semblait triste, voir blessée, et je me doutais que c’était ma faute. Il m’étonnerait que Granger apprécie d’être embrassée puis ignorée, où pire remise à sa place, elle n’est pas Pansy. Mon absence de réponse la fit perdre patience, et tandis que son visage prenait de plus en plus une moue douloureuse, elle ajouta, cette fois avec une voix bien plus sèche, qui elle ne m’était pas nouvelle :


-         Je vois. Tu n’as pas besoin de dire quoi que ce soit, j’ai compris. Bonnes vacances Malfoy.


Elle semblait presque prête à pleurer lorsqu’elle me tourna le dos, et je n’étais apparemment pas en capacité de laisser une telle chose arriver. Je lui attrapai le bras alors qu’elle commençait à s’éloigner pour monter dans le train. Elle me fit à nouveau face, les yeux légèrement mouillés, ce qui me déplaisait profondément, je le sentais. Je descendis ma main le long de son bras jusqu’à rencontrer ses doigts, qu’elle regarda alors, avant de porter son regard dans le mien avec une infime lueur d’espoir. Je caressais le dos de cette main quelques courtes secondes avant de la lui rendre.


-          Passe de bonnes vacances Granger. Fais attention à toi.


Elle acquiesça, visiblement confuse, et monta une nouvelle fois dans le train. Moi, je retournais à ma dure réalité au château avec un pincement au cœur que je ne comprenais pas.

POV HERMIONE.


Je regardais malgré moi par la vitre du train, il n’était plus là. Mais il était venu. Il savait que je prenais ce train, et il était venu. « Fais attention à toi ». Je ne savais pas très bien s’il s’agissait d’une phrase d’adieu qui sous entendait qu’il ne voulait plus avoir affaire à moi, mais étant dans l’incapacité momentanée d’obtenir plus de réponses, je décidai de me plonger dans mon livre, mais ça, c’était sans compter sur la curiosité de Ginny :


-         Euh tu m’expliques ?

-         Quoi donc ? Je demande le plus naturellement possible.

-         Tu es sortie du train pour aller voir Malfoy ?

-         Oui, nous devions nous mettre d’accord pour un devoir qu’on a à faire en commun pour l’école. Tu connaîtras ça bientôt.


Je décidai de me convaincre qu’elle m’avait cru, et cette fois saisit mon livre. Contes et légendes anciennes, par Tilia Stivrig. C’est un livre de contes écrits par une moldue que mon grand-père, maintenant décédé, m’avait offert il y a des années de ça. Je les ai déjà tous lus bien sûr, mais cette re lecture me fait du bien, elle est nostalgique, peut-être même thérapeutique. Ces contes n’ont rien de véridique où même d’historique, mais ils font partie intégrante de mon enfance, tout comme lui.


Page 53, Le salut du Diable.


[…] Sous ordre de Dieu, le Diable se vu dans l’obligation de descendre au royaume des Mortels. C’est là-bas, sur Terre, qu’il tomba amoureux pour la première et unique fois de son éternelle vie. Athénaïs, une simple humaine, lui fit découvrir la beauté terrestre, la littérature française, les viandes bovines, la beauté de la musique classique, la douceur de la rosée du matin, la tendresse du parfum floral qui s’y ajoute, ainsi que l’intensité du plaisir charnel. Fou d’amour, le Diable demeura sur la planète Terre aussi longtemps que Dieu l’y autorisa. Il expliqua à Athénaïs qui il était, ce qu’il faisait…


-         Je ne peux pas croire que vous soyez mauvais… Vous ne l’êtes pas, je le sais…

-         Mon amour, je ne suis pas le mal. Je punis le mal. Comme vos juges punissent ceux qui enfreignent vos lois, je punis ceux qui enfreignent les nôtres.


Le Diable resta trois hivers et trois étés auprès de sa bien-aimée, avant que Dieu ne le rappelle à l’ordre. Incapable de quitter sa douce, le Diable emmena avec lui Athénaïs au royaume des enfers, où il souhaitait la faire régner à ses côtés. Lui promettant amour éternel et pouvoir, elle le suivit sans l’ombre d’un doute, aveuglée par l’amour. Peu de temps après leur arrivée au tréfond des flammes, l’humaine commença à dépérir. L’enfer n’était pas un lieu pour les simples hommes, ils ne pouvaient survivre en ces lieux divins. Epris de peine, le Diable supplia Dieu d’accorder l’immortalité à Athénaïs, mais il la lui refusa.


-         Les êtres humains appartiennent au monde humain. Cette femme ne devrait pas être là, j’interromprais sa vie si tu ne la renvoies pas là où est sa place ! 


Le Diable supplia un mois durant, pendant que sa dulcinée, elle, se mourrait à petit feu. Force fut pour lui d’admettre qu’elle ne pouvait demeurer dans son royaume, tout comme lui n’appartenait pas à son monde fragile. Envahi d’une peine sans égale, il effaça toute trace de leur rencontre dans la mémoire de Athénaïs, et la renvoya sur sa petite Terre.


Soixante-sept ans durant, le Diable observa des enfers son Amour perdu vivre sa vie comme elle devait être. Elle, n’avait aucun souvenir de lui, mais lui, peu importe le temps qui passait, n’omettait aucun détail. Il punissait avec ardeur chaque âme humaine qui avait heurté sa tendre lorsqu’elles arrivaient aux enfers, et pleurait de ne pouvoir être à ses côtés. L’on raconte que chaque année, à la date où Athénaïs rejoignit le monde des humains, des flammes inexpliquées jaillissaient des forêts, causant des ravages sans égal.


A la fin de la soixante-septième année durant lesquelles les deux amants avaient étés séparés, le cœur d’Athénaïs cessa de battre. La douce vieillesse eu raison de son corps fragilement humain. Le Diable désobéit alors une ultime fois à Dieu, reprit forme humaine, et descendit sur Terre sous la forme d’un médecin, qui tint la main de sa bien-aimée lorsqu’elle rendit son dernier souffle. La regardant une dernière fois, le Diable lui fit ses adieux, sachant qu’il ne la reverrait jamais. L’âme d’Athénaïs s’envola au paradis, et le Diable retourna régner sur les enfers, se languissant chaque jour que Dieu faisait de l’absence de sa dulcinée. Cet amour impossible finit par ronger le Seigneur des enfers au plus profond de son âme, à tel point qu’il abandonna son royaume et descendit sur Terre pour y accueillir sa vieille amie, la mort. Plein de rage, Dieu refusa d’envoyer l’âme du Diable au paradis, et jamais, comme il l’avait deviné, il ne revit sa bien-aimée.


J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Laissez-le moi savoir dans les commentaires ! Bonne journée et merci à Kitsune-aux-amandes pour la correction ! LivStivrig

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