Dramione : le Feu et la Glace

Chapitre 22 : Joker

7273 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/10/2019 17:14

Dans le chapitre précédent, Malfoy s’est montré jaloux envers Marcus Flint durant la soirée de Slughorn, et a fait en sorte de récupérer Hermione.


POV HERMIONE.


Nous nous étions tous deux enfuis de la soirée du professeur Slughorn pour rejoindre ce qui semblait devenir notre quartier général : la tour d’Astronomie. Nous n’y avions encore jamais croisé personne, et je crois qu’il avait l’habitude d’y aller seul, la nuit, lorsque ses pensées devenaient trop pesantes pour lui. Le fait qu’il veuille donc partager cet endroit spécial avec moi me touchait, mais je ne le disais pas. Je ne voudrais pas qu’il me rit à la figure en prétendant que de toute façon il était hors de question qu’on nous voit ensemble, ce qui était vrai aussi. Nous nous étions assis au bord de la Tour, comme à notre habitude, et admirions la beauté de la neige en silence. J’aurais voulu dire des choses, pleins de choses, comme « qu’est-ce que c’est que ces histoires de jalousie alors qu’il n’y a pas de problème pour que toi tu vois d’autres filles, mais pas moi ». Mais je ne voulais pas que nous nous prenions la tête. Je voulais apprécier sa présence, parce qu’elle me plaisait, tout simplement.


Je cherchais une idée, quelque chose d’intelligent à dire, un sujet de conversation, quelque chose, mais je savais que les sujets que je voulais aborder, il ne voudrait probablement pas les développer avec moi. Il me fallait une solution. Une façon détournée d’obtenir des réponses. Sans trop y réfléchir, je proposai, rompant enfin ce silence pourtant pas si pesant :


-         Tu veux faire un jeu ?


Il tourna la tête vers moi, m’imposant sa beauté sans même le faire exprès, me sourit comme si j’étais une enfant et répondit, les sourcils se dressant haut au-dessus de ses yeux :


-         Un jeu ?

-         On se pose chacun des questions, et on est OBLIGES d’être honnêtes. Pas de mensonge possible, pas de détournement, juste la vérité brute.


Il eut un petit rire qui me révélait qu’il savait très bien ce que j’avais en tête, et que je proposais certainement un jeu dangereux, en fonction des questions que je voulais poser. Mais en vérité, je voulais juste savoir deux petites choses qui me semblaient essentielles, et c’était là le seul moyen que j’avais trouvé pour les faire entrer dans un cadre pas si sérieux que ça. Il réfléchit quelques instants, pesa le pour et le contre dans sa tête, me regarda à nouveau, et répondit, les yeux pleins de tendresse :


-         D’accord. Mais on a droit à trois questions, pas une de plus. Et on a un joker.

-         Tu es difficile en affaire ! râlai-je, mais le deal qu’il proposait ne me semblait pas si malhonnête. Très bien, je commence. Et impossible de mentir ! Tu le promets ? quémandai-je, me sentant une nouvelle fois comme une enfant, mais il me semblait important d’obtenir cette réponse avant de commencer.


Il plongea son regard dans le mien, toujours un petit sourire dessiné sur ses lèvres et me répondit avec encore plus de tendresse :


-         Je promets.

-         Bien. Je voudrais savoir, est-ce que… Est-ce que tu as des sentiments amoureux pour Pansy Parkinson ?


Il ne prit même pas un quart de seconde pour réfléchir à sa réponse, son regard métallique et grisant toujours enfoncé au plus profond du mien, et avoua sans détour :


-         Non.


Il n’avait rien dit d’exceptionnel, mais je savais qu’il était profondément honnête, et maintenant que je savais qu’il ne ressentait pas ce genre de choses pour la Serpentard, je sentis la boule dans mon ventre s’envoler comme par enchantement. Ce seul fait me rendait d’autant plus faible, faible pour lui. Je me repris en un bref instant, et continua dans ma lancée, avec ma deuxième question, bien plus importante et délicate à mes yeux :


-         Je veux savoir quelle est ta mission, celle dont tu parlais avec Voldemort…

-         … Ne dis pas ce nom, me coupa-t-il, la mine à la fois effrayée et colérique. Maintenant, il ne me regardait plus, son regard était à nouveau porté sur la neige sous nos pieds.

-         Je n’en ai pas peur, tentai-je de lui faire comprendre avec délicatesse.


Il ne releva pas ma remarque, et ne prit pas plus longtemps pour réfléchir à sa réponse que la première fois, et répondit, à nouveau sans tourner autour du pot :


-         Joker.


Sa voix ne me paraissait cependant pas traduire une colère ou une frustration quelconque. Elle était presque même douce. Il ne se sentait ni attaqué, ni mit au pied du mur par ma question, et ça me rassurait, parce qu’il n’était plus autant sur la défensive qu’avant. Tout de même déçue de ne pas avoir eu de réponse, bien que je m’en doutais, je réfléchis alors quelques instants, parce que je n’avais pas d’autre question à poser en doutant de sa sincérité. Je commençai à réfléchir à tout ce qui c’était jusqu’alors passé cette année : des évènements louches qui pourraient éventuellement le concerner, et sans très bien que je ne comprenne pourquoi, une question m’anima : Cormac. J’avais pensé que Harry était responsable du revirement de situation, quand il avait avoué devant toute la classe qu’il ne s’était jamais rien passé entre nous, et qu’il s’était même excusé d’avoir fait croire le contraire. Mais si ça avait été Harry, il me l’aurait sans doute dit, sans parler de Ron qui s’en serait vanté pendant des semaines. Quant à Ginny, elle était bien trop bouleversée par Dean pour avoir fait une telle chose. Alors, à tout hasard, je demandai :


-         Est-ce que tu avais quelque chose à voir avec le fait que Cormac ai avoué avoir menti, concernant la soirée où tu m’as ramené, et s’en est excusé ?


Il me regarda avec un doux sourire à nouveau, et j’avais ma réponse, mais il la formula tout de même, sans douter plus que les deux fois précédentes :


-         Oui.


Je ne voulais pas demander comment il s’y était pris, parce que le connaissant, je me doutais qu’il n’avait pas dû y aller de main morte pour faire peur à un si imposant garçon. Mais, le cœur réchauffé, et me sentant alors soutenue depuis bien plus longtemps que je ne le savais, je lui rendis son sourire, et profita du sentiment de protection qu’il m’offrait malgré lui, et dont il n’avait en plus de ça jamais cherché à se vanter. Finalement, je lui avais plu bien avant que je ne l’eu remarqué.


-         A mon tour maintenant, dit-il en interrompant le cours de mes pensées. Est-ce que… il sembla chercher ses mots, comme s’il essayait de ne pas me blesser, tu vis mal le fait d’être née de parents moldus ?


Moi, j’eu besoin d’un peu de temps pour répondre à sa question avec le plus d’honnêteté possible. Je pris une grande inspiration, me mettant à nue devant la même personne qui m’avait, pendant des année, insultée de Sang de Bourbe, et avoua :


-         Oui et non. Non parce que je suis très fière de mes parents, et je ne les échangerais pour rien au monde. Mais… Oui aussi, parce que c’est difficile parfois. Pas juste lorsqu’on m’insulte, mais dans ma tête. Je pense que c’est pour ça que je m’acharne autant au travail, que je veux être la meilleure. J’ai besoin de prouver aux autres, mais surtout à moi, que je suis tout autant sorcière, et tout aussi douée que ceux qui sont nés de parents sorciers.


Cette fois, il prit du temps pour réfléchir à la réponse que je venais de lui donner, et me scrutant avec ses yeux perçants, il m’avoua :


-         Tu l’es.


Les larmes me montèrent aux yeux. Le sérieux dont il faisait preuve en me faisant cette déclaration me procura l’un des plus grands biens que j’eu jamais ressenti. Drago Malfoy me reconnaissait finalement comme toute aussi sorcière, et tout aussi douée que lui, et que les autres. Je lui adressai à cet instant un des sourires les plus sincère que j’eu jamais adressé à qui que ce soit auparavant. Il n’avait probablement aucune idée de ce qu’il venait de faire pour moi, mais peu m’importait, il l’avait fait. Et je savais, je le savais, que ce n’était pas des paroles en l’air.


Il ne m’avait pas quittée des yeux tout le long de ma réflexion. Il admirait l’effet que ses paroles avaient eues sur moi, et avant de poser sa prochaine question, il sembla se reprendre, comme si lui aussi, quelque part, avait été touché de ce qui venait de se passer entre nous. Il éclaircit alors sa voix et continua :


-         Si… Si tu devais à nouveau affronter mon père, comme… Comme au Ministère, à l’heure d’aujourd’hui. Il marqua une pause, puis reprit : Tu le ferais ?


Sa voix n’était pas sûre d’elle, pas le moins du monde, et ses yeux suppliaient que je réponde autre chose que ce qu’il savait probablement que j’allais dire malgré lui. Je savais que ma réponse risquait de gâcher ce moment, et que c’en serait peut-être même terminé, mais pour rien au monde je ne renierai ce en quoi je crois. Alors, en chuchotant presque, parce que j’étais désolée de cette situation foireuse dans laquelle nous étions, je répondis avec transparence :


-         Oui.


Une nouvelle fois, il ne lâcha pas mon regard, et je ne lâchai pas le sien, me doutant de ce qu’il risquait d’arriver à présent. Mais je resterai fidèle à mes convictions, coûte que coûte. Et en effet, si je devais à nouveau affronter son père, je le ferais sans la moindre hésitation. Peut-être avec amertume, mais je le ferais. Ce qui se produisit ensuite m’étonna au plus haut point : dans un soupir, il laissa un sourire, oui, je dis bien un sourire, envahir son visage. Comme si j’avais donné exactement la réponse qu’il souhaitait que je lui donne. Sans rien ajouter à ce propos, il posa sa dernière question :


-           Est-ce que tu me fais confiance ?


Sans même que j’eu à réfléchir à la réponse que j’allais lui donner, elle sortit de ma bouche sans que je ne la contrôle réellement, elle me semblait visiblement évidente, en tous cas, évidente à mon cœur :


-         Oui.


Il sourit encore, d’un sourire sincère, c’était clair, et releva :


-         Tu n’as pas utilisé ton joker.


J’haussais les épaules, soulignant le fait que je n’en avais pas besoin, que j’étais transparente avec lui, et au fond, je savais que je n’avais pas besoin de le lui expliquer, lui aussi, il le savait certainement. Appuyé sur sa main gauche, il s’approcha de moi, et déposa sur mes lèvres un baiser sincère dénué de langue, mais emplein de sentiments profonds. Il s’éloigna par la suite doucement de mes lèvres, et alors que mes yeux étaient toujours fermés, il me promit :


-         Je ne coucherai plus avec Pansy, et je ne l’embrasserai plus. Ni elle, ni une autre.


La totalité du mal-être que j’avais pu jusqu’alors ressentir dans mon ventre disparu, et j’affichai à présent un sourire idiot. Je laissai ma tête tomber sur ses genoux, et replia mes jambes comme pour m’endormir, me sentant aimée, et protégée. Il enleva alors, lui toujours assit les pieds dans le vide, la veste de son costume, et me couvrit avec. Il me chuchota qu’il me trouvait magnifique ce soir, et sans même m’en rendre compte, je laissai mes yeux se fermer paisiblement.


Je me trouvais dans une sorte de donjon. La vision me paraissait floue, mais j’y voyais tout de même clairement. A ma gauche se tenait Drago, dans un piteux état, terrorisé. Il était debout, les pieds bien ancrés dans le sol, mais ses habits étaient déchirés, salis, et son visage recouvert de sang. Ses cheveux blancs tombaient sans retenue, ses yeux étaient cernés et ses traits étaient durcis par les épreuves qu’il avait apparemment dû affrontées. Une nouvelle boule dans mon ventre fit son apparition, et alors que je tournais la tête à droite, je vis que devant lui, la personne qui lui faisait peur n’était autre que Voldemort, en chair et en os, vêtu d’une longue cape noire sans la moindre tâche. Son visage de serpent était effectivement terrorisant, et il tenait dans sa main droite une baguette dirigée vers Drago d’autant plus effrayante. La voix tremblante, mais déterminée, Drago réussit à prononcer :


-         Je ne le ferais pas. Je ne ferais plus jamais rien pour vous, ou pour servir votre stupide cause. Je renonce. J’arrête. J’arrête tout.


Fière bien que terrorisée, je sourirais à un Malfoy qui ne semblait même pas remarquer ma présence. Voldemort souri à son tour, mais son sourire n’avait strictement rien de rassurant. Il leva la tête, se voulant hautain et supérieur, et alors qu’il le regardait droit dans les yeux, la baguette fixée sur Drago, il prononça de sa voix aigüe et sifflante :


-         Avada Kedavra.  


Une lumière verte jaillit alors de la baguette du mage noir, dirigée vers celui que j’aimais. Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, je voyais sous mes yeux Drago tomber, ses genoux rencontrant le sol en premier. Puis il s’étala de ton son long sans que du sang ne sorte de lui. Je ne pouvais rien faire, je voulais courir vers lui, le prendre dans mes bras, voir qu’il n’était pas réellement mort, qu’il était encore là, quelque part. Que d’une certaine façon, il avait survécu. Mais j’étais là comme si j’assistait à la scène sans vraiment y être, et lui, il était mort. Je voulais courir vers Voldemort et le tuer de mes propres mains, sans même me servir de ma baguette magique, mais mes pieds refusèrent de bouger. La seule chose que je pus alors faire fut m’effondrer au sol à mon tour, et ressentir toute la douleur du monde envahir mon corps. Il venait de tuer l’homme que j’aimais, il était mort. Drago était mort. Il n’y avait pas un son qui sortait de moi, mais pourtant j’hurlais, j’hurlais si fort que mon souffle sembla se couper. Ma poitrine se resserra et mon estomac se contracta d’une telle force que je cru mourir, moi aussi. Mais le pire, c’est que j’étais encore là, face à Drago étalé sur le sol, inanimé, les larmes ruisselant sur mes joues tel des boulets de canon. La possibilité que je puisse agir sembla se débloquer alors que je regardais Voldemort qui affichait un sourire aux lèvres, l’air d’avoir encore plus de pouvoir que ce qu’il n’avait déjà. Mon poing se refermera sur ma baguette avec toute la force que je pu trouver à l’intérieur de mon âme, et je la pointai sur Voldemort, mais malgré mes tentatives, aucun sort, aucun maléfice, n’en sortit. J’étais dénuée de magie. Il n’y avait plus la moindre magie en moi. Elle était morte avec Drago.


En prenant une inspiration remarquable, je me relevai du sol, les yeux grands ouverts, les joues mouillées. La main sur ma poitrine, je reprenais mon souffle tant bien que mal. Derrière moi, j’entendis alors sa voix, sa voix endormie, suave :


-         Granger ? Ça va ?  


Je me retournai vers là où la voix était venue, et fut soulagée de voir qu’à ma droite se tenait Malfoy, vivant, et qui venait visiblement de se réveiller. C’était un cauchemar. Alors que je soupirai, je remarquai soudain que le soleil était levé dans le ciel, et que nous nous étions endormis à la Tour d’Astronomie ensemble après la soirée de Slughorn. Dans la précipitation, je me levai si brusquement que la veste que Drago m’avait prêtée tomba dans le vide, et sans y prêter beaucoup d’attention, je m’indignai :


-         On s’est endormis ! Il fait jour !! Les cours !!!


Malfoy ria, les cheveux en bataille, les yeux un peu bouffis, et la mine d’un ange, mais je ne m’y attardai pas, de peur de m’y perdre.


-         Dommage, j’aimais bien cette veste, dit-il avec légèreté alors qu’il passait une main dans ses cheveux.

-         MALFOY ! hurlai-je à présent. LES COURS !


Pendant que je courais pour descendre les innombrables escaliers qui me feraient rejoindre ma salle de classe, j’entendis Malfoy crier, le rire dans la voix :


-         N’oublie pas de te changer !


Alors que dévalais les escaliers quatre à quatre, j’abaissai les yeux sur ma robe : je ne pouvais décemment par arriver en cours avec cette tenue. Je couru jusque dans la salle commune des Gryffondor sous le regard étonné de quelques élèves de l’école, mais je me disais qu’étant donné mon accoutrement, peu de monde risquai de me reconnaître alors que j’allais si vite. Arrivée à mon dortoir, je retirai ma robe sans la moindre délicatesse, manqua de m’arracher quelques bouts de peau au passage, et enfila ma robe de sorcière avec hâte. J’attrapai mon sac et me dirigea vers mon cours de défense contre les forces du mal en courant d’autant plus vite, malgré mon corps endormi et endoloris de ne pas avoir passé la nuit dans un lit confortable. Je traversai la porte de la classe déjà commencée comme une furie, m’excusa rapidement auprès du professeur Rogue et prit place à ma table, ou Malfoy n’était pas.


-         Eh bien, soupira le professeur Rogue, un sourire malicieux aux lèvres, on dirait bien que Miss Granger a un penchant douteux pour les soirées du professeur Slughorn. 10 points seront enlevés à Gryffondor pour cet désinvolture révoltante.


Je ne répondis rien, j’avais fauté et je le savais. Toute la classe était tournée vers moi, certains étaient amusés, mais Harry et Ron notamment me lançaient des regards interrogateurs : je n’avais vraiment pas pour habitude d’arriver en retard aux cours, quels qu’ils soient. Dans la foulée, Malfoy arriva, le pas serein. Le professeur Rogue ne releva pas, et fit comme s’il n’avait rien vu. Malfoy vint prendre place à mes côtés, alors que les Gryffondor chuchotaient l’injustice de la situation. Pansy Parkinson, elle, nous jeta un regard emplein de suspicion, et pour une fois, je dois dire qu’elle avait raison.


-         Tu aurais pu te démaquiller, se moqua Malfoy en chuchotant. Tu as du rouge à lèvres partout.


Peu de temps après mon entrée fracassante, le cours se finit, et le déjeuner s’ensuivit rapidement. J’avais fait une escale dans mon dortoir pour ôter de mon visage les restes de maquillage de la vieille qui me donnaient l’air d’un véritable clown, et Ron s’inquiéta de mon retard :


-         Qu’est-ce qu’il s’est passé ? 

-         Je n’ai pas pensé à mettre de réveil après la soirée, mentis-je alors. L’habitude des vacances. Harry, il faudra que tu me prêtes tes notes pour que je puisse rattraper ce que j’ai manqué.


Il acquiesça en engloutissant ses œufs au plat. Le courrier arriva ensuite, et alors que je n’avais rien reçu, j’entendis les bavardages de ceux qui s’étaient abonnés à la Gazette du Sorcier. Le nom « Malfoy » semblait être présent dans beaucoup de bouches, et les réactions soit inquiètes, soit pleines de jugement, ne laissaient rien présager de bon.


-         Neville, je peux t’emprunter ton exemplaire ? demandai-je, curieuse de ce qu’il pouvait être écrit, et inquiète de ce que j’allais lire.


Il me le tendit alors, et en première page se trouvait la photo animée de Lucius Malfoy, incarcéré à Azkaban, sale et visiblement épuisé. L’article qui suivait, écrit par cette pie de Rita Skeeter, s’intitulait « La décente aux enfers  :


Nous sommes tous bien au courant, et ce depuis l’été dernier, de l’incarcération du père de famille, mais aussi fidèle serviteur de Vous-Savez-Qui, Lucius Malfoy. Cependant, depuis maintenant six mois qu’il s’y trouve, une source qui se veut anonyme, révèle à la Gazette du Sorcier qu’il semblerait que le Mangemort perd l’intégralité de sa tête. En effet, il semblerait que l’esprit de Lucius Malfoy, comme ceux de beaucoup d’autres avant lui, a été totalement ravagé par les Détraqueurs, Gardiens de la prison d’Azkaban ou il se trouve. Cette même source nous confie, accompagnée d’une femme qui souhaite, elle-aussi, rester dans l’anonymat, que Narcissa Malfoy, sa femme, souffre de problèmes psychiques. Dans le passé, elle aurait déjà prouvé avoir des tendances psychotiques, et avoir maltraité, paraît-il, leur enfant, Drago Malfoy. Aujourd’hui, elle serait en sévère dépression suite à l’emprisonnement de son mari, et serait suivie par des médecins spécialisés de l’hôpital Ste Mangouste. Une spécialiste nous confie « Ce genre d’événements peuvent être très traumatisants, et complètement détraquer un esprit. Il est connu depuis longtemps que les Malfoy ne sont pas des gens saints, mais avec tout ce qu’il s’est passé dans leur vie dernièrement, madame Malfoy débloque complètement. L’agressivité, la colère, et un comportement hautement suicidaire sont les caractéristiques que son état de santé traduit. Elle devrait se faire interner, si vous voulez mon avis, mais al contrario, elle est bien trop cinglée pour faire une telle chose. Ces gens-là, ils sont persuadés d’aller bien alors que rien ne fonctionne, là-haut ! »

L’état des parents Malfoy étant critique, une question demeure : leur fils, Drago Malfoy, élève en sixième année à l’école de magie Poudlard, ne serait-il pas le parfait prétendant pour reprendre le flambeau, et sauver l’honneur familial en servant, à son tour, le Seigneur des Ténèbres ?"


Alors que Harry argumentait pour assurer que tout le monde était d’accord sur le fait que Rita Skeeter est réputée pour être une menteuse et fouineuse impossible, il avoua cependant que cet article ne semblait pas du tout dénué de sens. Je me retournai vers la table des Serpentard, cherchant Drago du regard. Il desserrait sa cravate qui semblait l’étouffer autour de son cou, et se leva pour sortir de la Grande Salle, sous le regard accusateur de tous les autres élèves présents. Ni Blaise, ni Goyle, ni Crabbe, ni même Pansy n’étant présents à ce moment-là, je prétextai avoir oublié quelque chose dans ma chambre pour le prochain cours. Je sortais de la salle à mon tour, à la poursuite de Malfoy à pas précipités. Il se dirigea vers les toilettes du deuxième étage, et, sur sa trace, j’y pénétrais également. Il se retourna, le visage terrorisé, quelques larmes ruisselant sur ses joues, et sembla quelque peu rassuré de constater qu’il ne s’agissait que de moi. Mon cœur se serra de le voir autant souffrir de ce que cette sale fouineuse avait écrit dans son stupide journal, et je m’approchai de lui, les bras grands ouverts. Il me laissa l’y serrer, mais il ne m’étreignit pas à son tour. Il pleurait, il pleurait à chaudes larmes. Il avait visiblement du mal à respirer et ôta sa cravate encombrante. Il s’assit par terre alors qu’il suffoquait dans ses propres pleurs, et je reconnu ainsi une crise d’angoisse :


-         Drago… Drago, ne fait pas attention à ça… Tout le monde sait qu’elle raconte toujours n’importe quoi… Dans quelques jours, tout ça sera oublié, chuchotai-je en essuyant ses larmes, me sentant plus désolée que jamais pour lui, et profondément impuissante.


Il avait les genoux repliés sur son abdomen, et la tête entre ses mains. La bouche ouverte, il respirait si fort qu’il aurait probablement pu aspirer tout l’air présent dans la pièce. Je passais mes mains dans son dos, tentant de mon montrer réconfortante.


-         Ça va aller, continuai-je de murmurer, ça va aller, je te le promets…


Quelques sanglots furent bruyants, et chacun d’eux me brisaient plus violemment le cœur. Je voulais pleurer avec lui, de le voir dans un tel état, mais je me l’interdisais. Je devais être forte pour lui, je devais l’épauler, lui montrer tout mon soutien. Lui montrer que j’étais là pour lui.


-         Tu ne comprends pas… réussit-il à prononcer entre deux sanglots. Tu ne peux pas comprendre…


Il se balançait maintenant d’avant en arrière, le visage toujours entre les paumes de ses mains tremblantes. Entendre sa voix cassée et brisée par sa douleur ne fit qu’augmenter la mienne, et essayant d’être aussi présente que je le pouvais, je répliquais en chuchotant toujours :


-         Je n’ai pas besoin de comprendre… Je suis là… Drago… Regarde-moi.


Je tirai à présent son visage plein de larmes vers moi, regardant ses yeux rendus rouges par ses pleurs, et répéta :


-         Je suis là. Je suis là Drago.


Les sanglots cessèrent quasiment immédiatement, et alors que j’entourais sa tête de mes bras pour la déposer contre ma poitrine, il se calma doucement, et les larmes ne coulèrent plus sur son visage abîmé par la peine. Il portait tout un monde sur ses épaules, et je rêvais de pouvoir le soulager un peu. Nous restâmes un moment ainsi, assis par terre dans les toilettes des filles, sa tête reposant contre mon cœur alors que mes bras le serraient, et que mes mains caressaient ses cheveux.


Une fois que je m’étais assurée que je pouvais le laisser seul quelques instants sans qu’il risque une nouvelle crise d’angoisse, je partie m’introduire dans la chambre d’Harry pour lui emprunter sa cape d’invisibilité. Il me semblait qu’un moment à l’extérieur sans être vu de qui que ce soit pouvait se trouver être exactement ce dont Drago avait besoin, au lieu de subir les jugements et critiques faciles des autres élèves ignorants. Je revins aussi rapidement que j’étais partie, et lui expliqua les pouvoirs dont cette cape était dotée. Il accepta alors de faire une balade dans le parc avec moi, étant donné que personne ne pourrait nous voir, trouvant lui aussi qu’il s’agissait d’une bonne idée. Il ne posa aucune question sur la provenance de la cape, et ne tenta pas non plus de savoir comment se faisait-il que j’eusse un tel objet en ma possession dans l’enceinte de l’école, et se serra à moi alors que nous traversions le château, ignorant les ragots qui parlaient de lui, énoncés par les élèves stupides. Nous parcourions le parc de l’école enneigé dans le silence et nous assîmes sur un des bancs inoccupés, à l’écart des oreilles indiscrètes.


-         J’aurais aimé grandir dans une famille normale. Sans… Tout ça. J’aurais aimé savoir ce que ça fait.


Plus le temps passait, et plus mon cœur se brisait pour lui. Je voulais lui donner toute cette joie, ce bonheur d’avoir une famille qui ne fricote pas avec Voldemort, cette famille qui m’a élevée normalement et m’a aimée sans conditions. Une idée me vint alors :


-         Est-ce que tu veux que je te montre ? Que je te montre ce que ça fait ?


Il leva vers moi des yeux épris de curiosité, d’espoir, mais aussi d’incompréhension.


-         Entre dans ma tête. Je vais te montrer.


C’est ce qu’il fit. Il pratiqua un legilimens sur moi en toute confiance, et je lui montrai alors quelques-uns de mes souvenirs les plus chers. Un de mes premiers anniversaire où toute ma famille proche était réunie, où tout le monde riait, mangeait et s’aimait. Mes premières excellentes notes à l’école et la fierté incommensurable de mes parents. Les moments dont je lui avais parlé avec mon grand-père, quand nous jouions aux cartes et que je révélais ma magie, et que lui, du haut de son vieil âge, était émerveillé tel un enfant. Les fois où mon père mettait la radio incroyablement forte dans le salon, et que ma mère, lui et moi dansions comme des fous, portant de ridicules habits disco. Les discussions animées et profondément intéressantes que nous avions le soir pendant nos dîners, alors que je n’étais encore qu’une enfant soi-disant sans pouvoirs magiques. Les câlins du soir alors que mon père ou ma mère me bordait pour aller dormir. Les fois où je faisais des cauchemars et qu’ils me laissaient une place dans leur lit, m’enlaçant avec tout leur amour. La fois ou j’ai eu ma baguette magique, et réalisai que j’étais vraiment une sorcière sous les yeux de mes parents aimants. Il sortit finalement de ma tête, et le visage souriant, les yeux pleins de joie et de reconnaissance, il m’embrassa tendrement et langoureusement, manifestant ainsi qu’il me remerciait pour ce que je venais de faire, et ce à quoi je lui avais ouvertement laissé accès.


POV DRAGO.


Ce soir-là, je le passais seul. Granger m’avait été d’une aide précieuse tout au long de cette journée éprouvante, mais maintenant, j’avais besoin de souffler. Me montrer si vulnérable devant elle, sans limite et sans triche, était une des choses les plus dures, et pourtant des plus naturelles que j’eu dû faire jusqu’alors. L’idée qu’elle m’ai vu pleurer, angoisser et souffrir de ma situation ne me procurait aucune joie, ni aucune fierté. Mais je savais que si je la voulais, et je crois bien que c’était le cas, alors il faudrait que je lui laisse accès à des choses profondes. Tout ça, c’était sans parler du fait qu’elle me faisait du bien. Elle n’avait pas besoin de se déshabiller, ni besoin de se rendre niaise pour apaiser mes souffrances. Elle n’avait pas non plus besoin de m’accompagner dans mes conneries ou de dire du mal des autres pour m’aider à oublier mes propres maux. Non, elle, elle avait juste besoin d’être là. Et ça me faisait putain de flipper, qu’elle ait autant de pouvoir sur moi. Surtout elle. Mais pour la première fois de ma vie, je ressentais quelque chose que je ne pouvais ni renier, ni contrôler. C’était juste là, ça s’imposait à moi. On ne m’avait pas laissé le choix, et je devais me démerder avec ça.


Alors que je m’installai à mon bureau pour travailler sur un devoir de potion, on toqua à ma porte, et c’est Astoria Greengrass, le visage joueur, qui entra dans ma chambre. Sa vision me fit soupirer, et sachant parfaitement ce qu’il me restait à faire, je posai ma plume sur mon parchemin, et me tourna vers elle. Elle s’approcha de moi, un grand sourire séducteur aux lèvres, et tenta de s’assoir à califourchon sur mes genoux, avant que je ne la repousse sans violence, et tourna la tête sur la droite pour qu’elle ne puisse pas m’embrasser.


-         Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle, son sourire toujours imprimé sur son visage. Ce n’est quand même pas à cause de cette stupide histoire d’article ? se moqua-t-elle avec sa voix criarde.


Je me levai de ma chaise pour qu’elle ne puisse pas tenter une nouvelle fois d’imposer son corps à moi, et la repoussa à nouveau lorsqu’elle essaya de passer ses mains autour de mon cou.


-         Non. Ecoute, on s’est bien amusés, mais maintenant on a fait le tour, dis-je avec un ton ferme bien que non colérique.


Elle eu un mouvement de recul, haussa ses sourcils comme si elle était profondément vexée dans son ego, et croisant les bras sur sa poitrine qui n’avait plus rien d’apetissant. Elle répliqua :


-         Ah. Tu t’es lassé, ça y est, t’as fait le tour et t’as envie de passer à d’autres ?

-         Si tu veux ouais, répondis-je, lassé, souhaitant juste qu’elle sorte de ma chambre et me laisse me changer les idées en bossant sur ce putain de devoir de potion.

-         Je croyais que ça se passait plutôt bien, nous deux, au lit ? ajouta-t-elle en tentant de regonfler son merdique ego de fille gâtée.

-         Ouais c’était cool, soupirai-je sans même la regarder dans les yeux, et retrouvant ma place à mon bureau alors qu’elle se tenait debout face à moi, les bras toujours croisés. Mais maintenant c’est fini. J’en ai eu marre c’est tout.

-         Et on peut savoir pourquoi ? dit-elle avec un ton arrogant, comme s’il était impossible de se lasser d’elle.

-         Ecoute je passe à autre chose c’est tout ! C’était que du cul, y a pas besoin d’en faire tout un plat. Je voudrais travailler maintenant, m’impatientai-je, faisant semblant de me remettre à mon parchemin pour l’inciter à partir.


Il y eu un bref silence, mais elle ne bougea pas de là où elle se trouvait pour autant. Finalement, elle cracha une nouvelle fois son venin :


-         C’est à cause de Parkinson ?


Malgré moi, je tournai vers elle un visage dégoûté : comme si j’allais m’empêcher de coucher avec qui que ce soit pour Pansy !


-         Non c’est pas Parkinson, j’en ai marre de toi c’est tout ! Fou le camp maintenant, je bosse ! m’énervai-je sérieusement.


Je n’avais pas prévu de me montrer virulent avec elle, elle avait toujours été une bouffée d’air frais pour moi, et je n’avais strictement rien contre elle, mais putain elle n’était pas obligée de rendre ça chiant. C’était que du cul, et il me semblait que c’était clair. Comme s’il y avait besoin de faire des histoires pour du cul putain.


-         T’es qu’un enfoiré, siffla-t-elle en sortant finalement de ma chambre.


Amen ! C’était si compliqué que ça de comprendre qu’on ne voulait plus se taper son cul ?


Un peu plus tard dans la soirée, alors que je m’apprêtais à aller me coucher, le sourire aux lèvres, parce que malgré tout ce qu’il s’était passé, et tout ce que j’allais maintenant devoir affronter au quotidien, j’avais plutôt passé une bonne journée, Blaise pénétra dans ma chambre, sans frapper, comme d’habitude. Mais pour une fois, je décidais de ne pas laisser ce genre de conneries troubler ma bonne humeur, j’en aurais besoin, pour m’endormir. Il sembla surpris de me voir sourire :


-         Ça va mec ? demanda-t-il, un peu inquiet.

-         Ça va et toi ? répliquai-je par politesse, mais assez impatient qu’il s’en aille.


Il m’observa en fronçant les sourcils, comme si quelque chose n’était pas normal.


-         Ouais… J’ai entendu parler de l’article de Rita Skeeter… Comment tu te sens ? força-t-il alors.

-         Bien. Tous ces cons auront oublié cette histoire dans quelques jours. Et puis, ce n’est pas nouveau. Il faut bien un méchant, dis-je avec lassitude.


Une nouvelle fois il tenta de m’analyser et ne dit pas un mot pendant quelques secondes. Je lui lançai maintenant un regard interrogateur alors que j’étais habillé, mais allongé sur mon lit, et que lui se tenait debout devant moi, visiblement prêt à me réconforter. Soudain, un large sourire prit place sur son visage et on aurait dit qu’il venait d’avoir une illumination :


-         Oh je vois ! s’exclama-t-il, ravi.

-         Tu vois quoi ? questionnai-je, dans la totale incompréhension.

-         Astoria ! Mec je le savais ! s’excita-t-il, clairement enchanté.

-         Qu’est-ce que tu racontes ? m’irritai-je un tantinet maintenant.

-       Mec c’est bon arrête ! Depuis que tu l’as rencontré tu commences à changer ! Tu traînes beaucoup moins avec nous, t’es toujours occupé, la tête ailleurs. Et maintenant t’as presque repris tête humaine ! T’es croc mon pote, t’es mordu ! Je t’avais dit qu’elle était parfaite pour toi ! Aaaaah Malfoy est amoureuuuuux ! me charia-t-il.


Je lui lançai mon oreiller à la figure en tentant de lui expliquer qu’il avait faux sur toute la ligne, mais il ne voulu rien entendre, et garda son grand sourire débile alors qu’il sortit de ma chambre, prétextant qu’il fallait que je me repose pour être en forme pour « Astoria ». Moi, je pu enfin me déshabiller et me mettre au lit, un petit sourire toujours dessiné sur le coin des lèvres. Il n’avait pas faux sur toute la ligne en vérité. Il marquait même un point important, et tout autant effrayant. J’étais amoureux. 


J'espère que vous aurez aimé ce chapitre ! Si c'est le cas ou au contraire si c'est pas le cas, dites-le-moi dans les commentaires s'il-vous-plaît c'est toujours cool ! Merci à Kitsune-aux-amandes de prendre le temps de me relire et de me corriger ! Jvous souhaite une bonne fin de journée,

LivStivrig (@ livstivrig sur twitter)

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