Dramione : le Feu et la Glace

Chapitre 23 : Pansy

7376 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/10/2019 12:19

Dans le chapitre précédent l’article de Rita Skeeter sur Drago et ses parents a rapproché ce dernier d’Hermione, qui s’est montrée d’un soutien à toute épreuve.


POV DRAGO.


Ma nuit avait été agréable malgré les tourments rencontrés durant la journée précédente. Elle avait été calme, paisible et porteuse de nouvelles ressources. Il me semblait que je n’avais pas dormi comme ça depuis une éternité, mais parfois, ici et là, quand je passais un moment particulier avec Granger, je dormais mieux. Comme la fois où je l’avais embrassée, après le bal de Noël. Certes Pansy n’avait pas raté l’occasion pour venir me les briser, et elle l’avait fait en beauté, et certes j’étais encore très confus vis-à-vis de ce que je ressentais, et surtout vis-à-vis de ce que je refusais de ressentir. Mais, j’avais tout de même passé une nuit tranquille. Il y a aussi eu cette fois par exemple, dans sa chambre, quand elle m’avait fait un monologue sur le thé pendant ce qui m’avait semblé être une éternité. Mais elle était apaisante, en face de moi, en pyjama, une serviette sur les cheveux, m’offrant un breuvage qu’on dit avoir des qualités magiques même s’il s’agissait d’une race de thé moldue. Elle m’apaisait. Par sa seule présence, son seul sourire, son moindre regard, tous les sujets sans importance qu’elle aborde avec passion et ceux, qui eux, sont passionnants qu’elle aborde avec une énergie, une conviction et une connaissance tout bonnement incroyable… Par toutes ces choses, tout ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est, tout ce qui fait d’elle Hermione Granger m’apaise. Le fait qu’elle soit née de parents moldus est devenu apaisant pour moi. Elle ne critique et ne juge pas les gens en fonction de leur arbre généalogique, en fait, elle ne critique presque pas les gens tout court. Elle est reposante. Elle est capable, comme elle me l’a montré hier, d’encaisser mes problèmes, elle est capable de me laisser me reposer sur elle, elle peut prendre sur elle, même si ces problèmes-là, je le sais, au fond l’irritent au plus au point parce que c’est tout ce qu’elle déteste. Mais puisqu’il s’agit de moi, elle est capable de mettre ses propres sentiments de côté pour être là pour moi au moment opportun. Elle est brillante. Elle est incroyable, elle est… Putain. Je pourrais peut-être m’arrêter maintenant non ? On n’a pas non plus besoin de disserter sur pourquoi Granger est la fille la plus épatante que je connaisse.


Toute cette réflexion sur Granger s’était opérée dès que j’avais ouvert les yeux. J’étais toujours dans mon lit, la couette recouvrant la moitié de mon corps, les bras croisés sous ma tête tels un oreiller et les yeux fixés sur le plafond : j’étais bel et bien amoureux. A peine j’ouvrais les yeux que la première chose qui me venait à l’esprit était la Gryffondor.


Plus les minutes passaient, plus mon cerveau se réveillait, et plus cette agréable sensation de sérénité s’écartait pour laisser une place notable bien que moins importante à de l’angoisse. Peu importe à quel point j’essaye de l’oublier, de le dédramatiser, de le mettre de côté, de partir dans une sorte d’état dissocié pour sortir de moi et faire ce que j’ai à faire sans vraiment le faire, c’est toujours là. Je dois toujours tuer Dumbledore. Je suis toujours un Mangemort et puis, je suis toujours un Malfoy. Je commençais à comprendre, et à intégrer, peut-être même à accepter un peu ce que je ressentais pour Granger, et de ce fait, je savais que ce truc-là, ce putain d’amour, je ne pouvais pas juste le mettre de côté. Je ne pouvais pas m’arranger avec moi-même pour faire comme si ça n’existait pas, et je ne pouvais non plus aller à l’encontre de ces sentiments. Ils étaient là, ils étaient réels, et plus le temps passait, plus ils grandissaient en moi. J’étais clairement dans la merde, parce que de la même façon, je serais toujours un Mangemort, et je serais toujours un Malfoy. J’avais beau chercher, je ne trouvais pas de solution réaliste qui faisait que cette histoire pourrait bien se finir : nous serons toujours dans des camps adverses, et même si, dans un monde parallèle, Granger abandonnait tout ce en quoi elle croyait pour moi, je ne l’accepterais pas. Je ne pourrais pas lui faire ça. Et dans cette même logique, si un jour elle savait que je suis bel et bien un Mangemort, et si elle savait tout ce que j’ai fait et m’apprête encore à faire, elle ne le supporterait pas, et elle ne l’accepterait pas. Peut-être serait-elle dans le déni, pendant un moment, et peut-être que ça marcherait, un certain temps. Mais la réalité reviendra nous frapper en pleine gueule, c’est tout simplement inévitable.


Une autre part de moi me rappelait qu’à la fin de cette année, ou peut-être de la suivante, je serais possiblement mort. Si j’échouais à ma mission, je serais mort. Si je réussissais, j’assisterais à une guerre d’une violence et d’une ampleur inouïe qui ne m’assure pas un futur certain. Alors, si ça doit se passer comme ça, peut-être que moi aussi, j’ai le droit à un peu de bonheur avant de tirer le rideau. La mère de Zabini, Alexa, qui est comme une deuxième mère pour moi, dit toujours que pour être heureux il faut vivre dans le présent, et arrêter de s’enfermer dans un passé douloureux, ou bien dans un futur incertain : il n’existe que l’instant présent, et ce qu’on peut faire dans cet instant présent. Et aujourd’hui, ce que je sais, c’est que Granger me fait du bien, et que putain, j’en ai bien besoin. Alors, si je dois m’inquiéter de demain, nous verrons bien demain.  


Sur cette conclusion philosophique, j’écartai finalement ma couette et me leva de bon pied, prêt à passer un weekend agréable, à l’image de mes sentiments. Après un étirement de mon dos fatigué de porter tout ces fardeaux, je fis mon lit, sachant que j’apprécierais de retrouver une chambre en ordre lorsque je viendrais à nouveau tomber dans les bras de Morphée ce soir. J’ouvris la fenêtre de ma chambre quelques instants pour aérer, mais la ferma rapidement, le temps glacial de l’extérieur troublait la température ambiante qui régnait à l’intérieur. Je sautai finalement dans la douche, et une fois propre, réveillé et habillé de mon habituel costume noir, je me résolu à descendre prendre mon petit-déjeuner avec mes amis.


Merde, mes amis. Mon esprit avait brillamment omis de me rappeler que Pansy faisait parti de mon quotidien, que je l’avais récemment engueulée comme du poisson pourrit concernant Granger, que je l’avais abandonnée à la soirée de Slughorn, et également que la promesse que j’avais faite à la brunette devait être honorée : j’allais devoir la « plaquer ». Mon weekend que j’avais imaginé paisible prit alors une toute autre tournure : ça n’allait vraiment pas être joyeux. Je n’ai jamais « largué » Pansy en près de 3 ans de « relation ». Je l’ai plus ou moins utilisée, ici et là, passé plus ou moins de moments avec elle en fonction des périodes, mais jamais je n’ai mis un terme à ce que nous avions. Et même, ce que nous avions comptait pour moi. Je savais éperdument et sans l’ombre d’un doute qu’elle aurait toujours été là pour moi, peu importe la situation. Aujourd’hui, je devais mettre un terme à tout ça. Je devais lui dire que je ne voulais plus de son amour, de son corps, de son attention, et que je me satisferais de son amitié. Mais connaissant Pansy et son complexe de l’abandon, je ne mettrais pas ma main à couper qu’elle acceptera d’être mon amie, et mon amie seulement.


Pansy, tout comme Blaise, n’a pas eu une enfance des plus tendres, ni des plus faciles. Lorsqu’elle l’a mise au monde, sa mère a tout de suite fait ses valises, et a disparu. Pansy ne l’a jamais rencontrée, elle ne sait même pas quel est son prénom, son père refuse catégoriquement d’en parler, ce que je peux comprendre. Vous faites un gosse avec quelqu’un et la personne se casse en vous laissant seul, un gosse sur les bras ? Je deviendrais dingue si je devais entendre parler de cette salope ne serait-ce qu’une seule fois. Bref, je pense que du coup elle a une sorte de complexe de l’abandon poussé à l’extrême à cause de ça. Ce n’est pas très étonnant, sa propre mère l’a littéralement abandonnée. C’est pour ça aussi que quand on se prend la tête, elle et moi, elle revient toujours vers moi comme une merde, en mettant de côté toute sa fierté, son égo, et même ses principes et ses valeurs, parce qu’au fond, tout ce qui compte pour elle, et le pire qui puisse lui arriver, c’est qu’on l’abandonne. Qu’elle ne soit pas assez, pas assez bien, pas assez belle, pas assez douée au lit, tout ce qu’on veut, et que du coup on se désintéresse d’elle et qu’on se casse. C’est clairement insupportable, mais là-encore, je ne suis pas sûr de pouvoir l’en tenir pour entièrement responsable.


C’est donc son père qui l’a élevée, il a fait comme il a pu je suppose, mais disons qu’il n’a pas été parfait sur tous les points. Il n’avait rien de maternel en lui, l’amour tout ça, Pansy n’a jamais vraiment connu cela. Il était strict et plutôt sévère, je pense qu’il n’a jamais réussi à passer outre le fait que sa mère l’avait abandonnée, et que Pansy était un boulet pour lui. Et puis il devait vouloir qu’elle soit immunisée contre les déceptions de la vie, vu ce que lui avait vécu, et qu’elle ne se fasse pas avoir comme lui. Il l’a donc éduquée à la dure. Il ne s’occupait pas vraiment d’elle, Pansy était souvent laissée à elle-même, et lui il travaillait. Jusqu’à ses 6 ans, il lui avait payé une nounou, une horrible femme d’après Pansy, une vieille sorcière qui ne supportait pas les enfants, mais qui avait besoin de quelques mornilles pour arrondir les fins de mois. Son père a arrêté de la faire venir quand elle a eu 6 ans, considérant qu’elle était maintenant assez grande pour se débrouiller toute seule lorsque lui travaillait. Il a un bon job d’ailleurs, il travaillait à l’époque, et travaille toujours au Ministère de la Magie, il est le directeur de l’organisation internationale du commerce magique. Mais, forcément, son taffe lui prenait énormément de temps et d’énergie, et il lui en restait très peu pour sa fille.


Pansy avait une copine, à ce qu’elle m’a dit, qui vivait dans son quartier je crois. A ce moment-là, elle ne savait pas qu’elle était moldue, elle avait 6 ans et n’avait jamais vraiment pensé à le lui demander. Elle aurait sûrement dû. Son père ne savait évidemment pas qui était son amie, il savait qu’elle passait du temps chez une fillette du village, et ça l’arrangeait bien, alors il s’en foutait un peu. Les parents de cette fille ont souvent pris soin de Pansy, ils lui faisaient à manger, jouaient avec elle, ils étaient gentils et comprenaient sa situation, parce qu’avec la langue pendue comme elle l’a, elle en a parlé. Malheureusement pour elle, un jour, ces braves gens ont décidé de déménager, la mère a eu une promotion au travail ou quelque chose comme ça, et ils devaient partir un peu loin. Pansy était très triste, et très émotive, comme elle l’est toujours quand ça ne va pas, alors elle a beaucoup pleuré et elle est allée voir son père à la recherche d’un peu de réconfort. Là-dessus son père a donc appris que non seulement sa fille pleurait parce que quelqu’un d’autre sortait de sa vie, mais qu’en plus il s’agissait d’une famille de moldus. Il a pété les plombs et il a tabassé Pansy, il lui hurlait que si elle chialait à chaque fois qu’elle était triste elle allait pas aller loin dans la vie, que c’était une moins que rien comme sa pute de mère, qu’elle devrait avoir l’habitude d’être abandonnée et que ce n’était pas étonnant vu la chieuse qu’elle était etc. et puis bien sûr qu’en plus de ça elle fricotait avec des moldus et qu’elle n’était pas digne d’avoir le Sang Pur des Parkinson qui coulait dans ses veines si elle n’était même pas capable de bien choisir ses fréquentations.


C’est la première fois que Pansy a atterri à l’hôpital Ste Mangouste, mais malheureusement pas la dernière. Quand elle avait entre 6 et 8 ans, en général elle se retrouvait surtout avec des yeux au beurre noir, les lèvres coupées et gonflées, le nez cassé etc. et puis jusqu’à ses 12 ans, elle était envoyée à Ste Mangouste avec les côtes cassées, les jambes fracturées, et d’innombrables entorses. Malheureusement pour elle, il semblerait que Pansy ressemble comme deux goutes d’eau à sa mère, alors dès qu’elle faisait quelque chose qui était jugé négativement par son père, elle prenait une râclée. Une fois qu’elle a eu douze ans et qu’elle était donc en deuxième année à Poudlard, son père s’est énormément calmé, et ne la frappe quasiment plus. Il a compris qu’elle a pris le chemin qu’il fallait, que ce soit au niveau de sa personnalité ou bien de ses fréquentations.


Aussi étonnant que ce soit, Pansy n’est pas en colère contre son père. Elle dit qu’elle était une gamine insupportable, qui avait toujours besoin d’attention, et que lui il travaillait et qu’il avait rien demandé de tout ça, qu’il faisait comme il pouvait, alors comment elle pouvait lui en vouloir ? Et puis, grâce à son « éducation », elle sait qui sont les gens fréquentables et qui ne le sont pas, elle dit qu’elle a forgé son caractère et que personne ne l’emmerde, et elle en remercie même son père. Seulement, ça, c’est la surface. Effectivement Pansy a un caractère bien trempé et il n’y en a pas beaucoup qui s’aventurent à lui chercher des noises, mais quand on est proche d’elle comme je le suis, on voit tout le reste de l’iceberg : la jalousie, la possession, l’anxiété permanente de ne pas être assez, d’être abandonnée, et de ce fait le besoin d’en faire toujours plus et parfois trop : donner trop d’attention, montrer trop d’amour, mettre de côté ce qu’elle est pour me satisfaire etc. On voit aussi les dégâts de son père sur elle, parfois quand je me mets en colère contre elle on dirait qu’elle a peur que je la frappe, ce que je n’ai bien sûr jamais fait, et que je ne ferais jamais. Elle laisse les hommes de sa vie la traiter comme une merde, elle se dit que c’est de sa faute à elle, parce que c’est comme ça qu’elle a été éduquée. Au fond, si jamais ce n’était pas encore tout à fait clair, Pansy est putain de fragile.  


Tout ces faits exposés, je me retrouve bien emmerdé de devoir la « larguer ». Elle va se sentir à nouveau abandonnée, à nouveau pas assez, et ça va être la catastrophe. Non pas que ce soit particulièrement mon problème, mais Pansy est mon amie depuis 5 ans, et je n’éprouve aucun plaisir à lui faire du mal. Et sachant comme elle est éperdument amoureuse de moi, je sais parfaitement que la discussion que je vais devoir avoir avec elle va la détruire.


             Le temps de réfléchir à tout ça, j’étais arrivé dans la Grande Salle au niveau de la table des Serpentard où les assiettes étaient remplies d’œufs brouillés, de bacon, de toasts et de thé. Blaise était assit en compagnie de Daphné Greengrass, sa petite-amie, et de Crabbe et Goyle. En face d’eux se tenait Pansy, assise à sa place habituelle, c’est-à-dire à côté de la mienne. Elle se tourna vivement vers moi lorsqu’elle m’aperçut, la mine inquiète, et je mis un temps à comprendre pourquoi, mais en effet, elle ne m’avait pas vu depuis qu’elle avait apprit pour l’article que Rita Skeeter a écrit sur mes parents et moi. Elle eu la politesse d’attendre que je prenne place à ses côtés pour demander ce qui lui brûlait les lèvres :


-         Tu vas bien ???


J’étais partagé entre l’ennui qu’elle se permette de parler de ça à la vue de tout le monde et l’attendrissement : le fait de savoir ce que j’allais bientôt lui faire semblait la rendre un peu moins désagréable à mes yeux. Sans sourire mais sans agressivité non plus je répondis en remplissant ma tasse de thé :


-         Je vais bien, pas la peine d’en parler.

-         Je te l’avais dit, ponctua Blaise à l’intention de Pansy.   


Cette dernière afficha un sourire pincé qui traduisait un soulagement aux vues de mon état, mais une appréhension envers comment je me sentais par rapport à elle : la dernière fois que nous avions discuté, je lui avais hurlé dessus.


Je levais les yeux vers la table des Gryffondor, la brunette était comme d’habitude dos à moi, assise en face de Potter et à côté de Weasley. Ses cheveux étaient lâchés, encore mouillés de la douche qu’elle venait visiblement de prendre, et ondulaient déjà de la façon la plus sauvagement sexy qu’il soit. Comme quasiment tous les jours où il n’y avait pas cours en hiver, elle portait un gros pull qui n’avait strictement rien de séduisant, mais là encore, sans que je ne comprenne très bien pourquoi, je trouvais ça apaisant. Je dû réprimander un petit sourire qui tentait de se glisser au coin de mes lèvres, et alors que Blaise me demandait si j’avais terminé le devoir de Rogue sur les fantômes, je me concentrai à nouveau sur mon petit-déjeuner en me servant un peu de bacon :


-         Je l’ai fini il y a une semaine. Pas toi ? répondis-je un peu étonné, Blaise et moi sommes les intellectuels de la bande, et lorsqu’un travail nous est donné, il nous est facile de le boucler plus rapidement que les autres.

-         Non, j’ai été trop occupé, dit-il en lançant un regard amusé à l’encontre de Daphné, qui elle, sembla un peu gênée.

-         Tu veux ma copie ? proposai-je sans inquiétude, Blaise est bien trop intelligent pour copier un devoir et que ça se remarque.

-         Nan je vais boucler ça à la bibliothèque après le déjeuner. Tu veux venir avec moi ?

-         Non en fait, Pansy on peut se voir dans la journée ? demandai-je sans montrer une once de joie à cette idée. Elle, par contre, tenta de cacher un sourire satisfait, elle ne se doutait pas de ce que j’allais lui annoncer, et répondit :

-         Oui bien-sûr. Daphné et moi on va à Pré-au-Lard pour acheter des fringues après le petit-déjeuner mais je peux annul…

-         … Non, vas-y, la coupai-je avant qu’elle ne me fasse encore une fois passer avant chaque chose de sa vie. On se verra après le déjeuner.

-         D’accord, sourit-elle bien qu’un peu déçue de ne pas me voir immédiatement visiblement.


Blaise me lança un regard interrogateur, et comme si nous communiquions par la pensée, il comprit aux vues de mon visage la nature de la discussion que je voulais avoir avec elle.


-         NOOON ! Tu vas larguer Pansy ?! s’égosilla-t-il une fois que nous avions tous deux regagner ma chambre après le petit-déjeuner.

-         Je ne peux pas LARGUER Pansy étant donné qu’on n’a jamais été ensemble, tentai-je de me rassurer froidement en me laissant tomber sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond. Blaise, lui, se tenait debout dans un costume semblable au mien, et semblait paniqué et excité à la fois.

-         Oh putain mec t’es vraiment mordu par Astoria alors !!! Tu vas larguer Pansy pour elle !!! Tu vas être exclusif, fidèle et tout le bordel ?!!

-         Je ne largue PAS Pansy et je ne le fais certainement pas pour Astoria ! J’ai arrêté de la voir, elle aussi, ajoutai-je un peu énervé qu’il ne lâche pas l’affaire avec cette histoire d’Astoria.


Il s’assit alors au bord de mon lit, les sourcils froncés, affichant une mine d’incompréhension totale :


-         Comment ça tu as arrêté de voir Astoria ?

-         Ouais.

-         Mais comment ça ?! s’emporta-t-il un peu, perdu entre ce qu’il croyait et ce qu’il semble alors se passer.

-         Je l’ai vue hier et je lui ai dis que j’avais plus envie de coucher avec elle, annonçai-je sans émotion aucune dans la voix.


Blaise prit quelques secondes pour réfléchir, se gratta un peu la tête, les sourcils toujours aussi froncés, puis demanda :


-         T’as flippé parce que tu t’es rendu compte que t’étais amoureux ?

-         Putain Blaise faut que t’arrêtes avec ça, je te l’ai déjà dit hier mais t’as clairement pas envie de comprendre : JE - NE - SUIS - PAS - AMOUREUX – D’ASTORIA ! j’haussais à présent la voix en marquant bien chaque mot, histoire d’être sûr que cette fois ce con comprendrait.  


Là encore il prit quelques secondes pour réfléchir à ce que je lui avais dit en scrutant mon visage : il essayait de m’analyser, comme d’habitude.


-         T’es dans l’déni, jugea-t-il.

-         Putain, tu vas me rendre barge, menaçai-je à présent.

-         T’es pas prêt pour cette conversation, mais c’est pas grave on a un autre problème là : tu vas larguer Pansy putain ! Mais si tu t’engages pas avec Astoria, pourquoi tu largues Pansy ? 

-         J’ai plus de temps et plus d’énergie pour ces meufs-là. J’ai fait le tour, ça va ça fait trois ans que je me la tape la Parkinson. Et je sais que ça n’ira jamais plus loin. Et maintenant j’en ai marre, alors autant la libérer.      

-         Putain j’suis sur le cul. Tu vas lui briser le cœur, tu le sais ça ? questionna-t-il avec un air honnêtement inquiet.

-         Ouais… j’sais. Mais c’est bien toi qui fais que me dire que je vais devoir finir par me décider et soit m’engager soit la laisser partir non ? fis-je remarquer avec un peu d’insolence.

-         Ouais… Tu fais bien, enfin, faut le faire mais… Putain fais chier.


J’avais donc retrouvé Pansy dans le parc de l’école après le déjeuner. Il faisait si froid que peu d’élèves s’étaient aventurés au-dehors, même s’il y en avait quand même quelques-uns par endroits. C’est ce que je voulais : je n’avais pas envie de faire ça dans sa chambre ou dans la mienne, parce qu’elle se serait mise à hurler et à pleurer, et si on est en public, peut-être qu’elle se contrôlera un peu mieux. Je le reconnais, je ne me sentais pas non plus de première fraîcheur. J’avais un peu mal au ventre et ma gorge était un peu sèche, mais il fallait que je le fasse.


La neige craquait sous nos pieds alors que nous marchions côte-à-côte, comme deux amis qui faisaient une promenade partiellement ensoleillée en ce nouveau mois de janvier. Je ne savais pas très bien comment faire ça, je ne m’étais pas vraiment préparé à ce que j’allais lui dire, et je n’avais pas non plus trop voulu anticiper sa réaction. Elle était silencieuse, elle devait se demander pourquoi j’avais voulu aller me balader en tête-à-tête alors que la dernière fois que nous avions parlé je lui avais hurlé dessus. Elle semblait à la fois heureuse et inquiète, elle souriait bêtement mais ses yeux trahissaient son appréhension. Il fallait bien que je me lance :


-         Ecoute Pansy je… J’ai voulu qu’on se voit parce que j’ai quelque chose à te dire.


Machinalement, nous avions tous les deux stopper notre marche, et je me tenais à présent face à elle. La température glaciale avait fait rougir son nez même si elle s’était couverte d’un manteau vert sapin et d’un bonnet noir qui faisait ressortir ses yeux vert émeraude. J’avais marqué là une petite pause, mais elle ne parlait toujours pas, elle attendait que je délivre mon message. Son sourire niais, cependant, s’était effacé. Les mains moites bien enfoncées dans les poches de mon propre manteau, je continuais :


-         Je voudrais qu’on arrête de se voir comme si… comme si on était en couple.


Je cherchais mes mots, tentant de la blesser le moins possible, mais le mal était inévitable. Son visage resta de marbre à l’écoute de ces mots, mais ses yeux commencèrent à briller plus qu’à leur habitude. Avalant ma salive non sans effort, et tentant de continuer de la regarder dans les yeux parce que je lui devais bien ça, j’ajoutais :


-         Je voudrais qu’on redevienne de simples amis.


Ma voix n’était ni tendre, ni agressive. Je tentais de me montrer le plus sobre possible, avec tout de même de la considération. Je voulais qu’elle comprenne qu’elle n’avait rien fait de particulièrement mal, mais que je ne voulais plus de tout ça.


-         Tu n’as rien fais de mal, enfin… Disons que ce n’est pas parce que tu es comme tu es que je veux qu’on arrête c’est juste que… J’ai l’impression qu’on a fait le tour, et toi et moi ça n’avance à rien. Je ne peux pas te donner ce que tu veux, je ne peux pas être en couple avec toi, je ne peux pas t’être exclusif et ça te fait du mal, et toi tu ne peux pas supporter tout ça. Et je n’ai plus envie de tout ça. Je n’ai pas envie de te faire espérer quelque chose qui n’arrivera pas. Je… Je ne ressens plus de désir pour toi, je n’ai plus envie de partager ces choses-là avec toi.


A présent, des larmes ruisselaient sur ses joues, mais elle n’y prêtait aucune attention. Elle fixait mon regard, et elle restait plantée là, sans bouger, sans dire un mot. Je savais que son cœur était en train de se briser sous toutes ces couches de vêtements et de façade qu’elle abordait, et quelque part, mon cœur avait un peu mal aussi.


-         Mais tu es quelqu’un d’important pour moi, et ce depuis longtemps. Tu es une de mes premières amies, et j’aime ce que tu es. Mais en tant qu’amie. Alors, je voudrais qu’on redevienne de simples amis, si tu en es capable ? achevai-je en attendant enfin une réponse, ou bien même une quelconque réaction.


Alors que les larmes continuaient de couler sur ses joues, elle continuait de se montrer impassible, et quelques instants après que j’ai prononcé ces mots, elle finit par dire, tentant de contrôler sa voix pour qu’elle ne trahisse pas la peine qu’elle ressentait :


-         D’accord.


Elle n’ajouta rien d’autre, et avant que moi-même je ne pus approfondir la discussion, elle fit demi-tour et rentra au château sans courir, ni sans montrer à nouveau une quelconque faiblesse. Par respect, je ne la poursuivis pas pour continuer la conversation. Je suppose qu’elle avait certainement besoin de digérer, et d’intégrer ce que je venais de lui annoncer. Alors je la regardais s’éloigner en restant statique, sachant pertinemment ce que je venais de lui faire, et quelque part, je regrettais de l’avoir laissée espérer autant de temps, parce que je savais que la peine n’en était que plus grande.


Ce soir-là, au dîner, Pansy ne se montra pas, ce qui n’étonna personne. Je me sentais un peu mal d’éprouver du soulagement, et aussi d’être content : je m’étais libéré de Pansy, j’avais honoré ma promesse faite à Granger, et j’étais entièrement disponible et disposé à être ce qu’elle attendait sûrement de moi. Je n’allais plus tricher, je n’allais plus mentir, et je n’aurais pas besoin de cacher quoi que ce soit. Je ne serais plus l’homme de tout le monde et l’homme de personne à la fois.


Alors que le festin du samedi soir était étalé sous nos yeux et que chacun se servait de ce qui lui plaisait le plus -moi j’optais pour un peu de ragout- Blaise rompit le silence qui s’était abattu sur notre bande suite à l’absence de Pansy :


-         Elle ne va pas bien du tout… Daphné est allée la voir et a essayé de lui parler, elle a l’air d’être dans une sorte de déni. Elle n’arrête pas de pleurer, mais elle refuse de parler. Elle m’a dit que les larmes coulaient sur ses joues mais qu’elle faisait quand même des tas de trucs, genre ses devoirs. Elle pleure tout le temps mais c’est comme si elle n’y prêtait même pas attention. Et elle a vraiment refuser d’en discuter…

-         Tu n’es pas allé la voir toi ? je demandai puisque Pansy est quand même son amie à lui bien avant d’être celle de Daphné.

-         Non, je me suis dis qu’elle avait sûrement plus besoin d’une fille. Et que si elle refusait de parler à Daphné, elle refuserait sûrement de parler au meilleur ami du mec qui vient de la larguer.


Je ne répondis rien, et Blaise et moi avons finit notre repas dans un silence pesant. Pansy était bel et bien notre amie à tous les deux, et ça nous ennuyait de la savoir dans cet état. Je pensais alors à ce qui m’avait poussé à faire ça, et une chaleur se fit ressentir dans mon corps : j’avais rendez-vous avec Granger à la Tour d’Astronomie après le dîner. Là encore, je me rendais compte que j’appréhendais un petit peu : il était certes clair depuis un moment qu’elle ne me laissait pas indifférent, mais je m’étais finalement résolu à accepter que j’étais amoureux d’elle. J’avais dit à Astoria et à Pansy d’aller se faire foutre pour elle, pour ne pas lui faire de mal, et aussi parce que maintenant que j’avais fait face à ce que je ressentais à son égard, il n’y avait pas une seule autre fille qui me procurait le moindre désir. Bref, la grosse merde quoi. Mais j’étais dedans, et on dirait bien que j’avais l’intention d’y rester.


Alors, une fois mon dîner terminé, et ayant repéré que Granger avait quitté la Grande Salle quelques instants avant moi, je me mis à mon tour en route pour la Tour d’Astronomie, un sourire en coin discret marqué sur mes lèvres. Comme à mon habitude, j’avais dit à Blaise que j’avais quelque chose à faire, et comme d’habitude, il préféra ne pas me demander de quoi il s’agissait. Tour à tour, je montais alors les escaliers, quelque part un peu fier de moi : j’allais pouvoir annoncer à Granger que j’avais honoré ma promesse, et elle serait ravie. Elle aurait un peu plus confiance en moi, et nous passerions un bon moment qui m’apporterait le calme et la sérénité qu’elle seule semble capable de m’apporter. Plus je montais les marches, et plus j’avais hâte. J’avoue que je me sentais carrément débile, être aussi content de me peler le cul dehors une partie de la nuit juste pour discuter avec Granger ne me ressemblait jusqu’alors carrément pas, mais une autre partie de moi, et la plus importante, s’en battait royalement les couilles. Je ressentais un peu de bonheur, à cet instant présent, et je voulais le garder, ce bonheur.


Finalement, j’arrivais à la Tour d’Astronomie, et alors que mon sourire niais s’agrandissait, je fus frappé par l’horreur. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et se serra si violement que j’en avais mal, mais je n’avais nullement le temps d’y prêter attention. Mon souffle se fit court, comme si je ne pouvais plus respirer alors que je découvrais le spectacle qui s’imposait à mes yeux : Pansy, debout au centre de la Tour d’Astronomie, la baguette tendue droit sur Granger, lui jetait visiblement le sortilège de l’Imperium, puisque cette dernière commençait à monter sur la rambarde de la Tour pour sauter dans le vide.


-         Pansy ?! PANSY QU’EST-CE QUE TU FAIS ?!!


Il semblait que j’hurlais ces mots, mais je n’en étais moi-même pas vraiment sûr. Tout se passa tellement vite. Je couru, sans vraiment savoir comment mon corps faisait pour réagir sous un tel choc, jusqu’à la rambarde à laquelle Granger était en train de grimper, les mains serrées autour de la plus haute barre, et le premier pied posé sur la plus basse. Elle montait doucement le deuxième, tentant de résister au sortilège lancé par Pansy, les larmes coulant sur ses joues. Je ne pouvais intervenir physiquement entre elles, je ne pouvais rien faire parce qu’une fois que l’Imperium est lancé, il faut que la personne qui le lance s’arrête elle-même. La panique me gagnant, accroché moi aussi à la rambarde, j’hurlais à Granger :


-         HERMIONE… HERMIONE JE T’EN PRIE CONCENTRE-TOI, CONCENTRE-TOI ! TU ES EN CAPABLE… TU PEUX LE FAIRE… Tu peux… je pleurais maintenant à mon tour. Je n’arrivais pas à respirer, je n’arrivais pas à penser, tout ce que je savais c’est qu’elle allait sauter, et que si elle sautait, elle allait mourir. HERMIONE ! Je t’en supplie, sanglotai-je alors que son deuxième pied était à présent en équilibre sur la première barre, lui aussi.


Son équilibre était en danger, elle tanguait alors que les larmes ruisselaient sur ses joues. Elle me jeta un coup d’œil, tenta visiblement de résister au sortilège, puis sembla souffrir d’une douleur intense alors qu’elle fermait les yeux et laissait sortir un hurlement déchirant. Tout me semblait flou, c’était comme si je n’étais pas vraiment là, à côté d’elle, hurlant, pleurant et suppliant qu’elle ne saute pas, la voyant monter un nouveau pied sur la deuxième barre.


-         Hermione je t’en prie concentre-toi… Ne fais pas ça, ne saute pas…


Peu importe ce que je disais, elle n’arrivait pas à contrôler le sortilège, elle n’arrivait pas à le combattre, elle n’arrivait pas à résister… Elle avait à présent les deux pieds sur la deuxième barre, et en montait un sur la dernière, celle qui signifiait qu’après ça, elle allait sauter…


-         Hermione… je sanglotais de plus en plus sans pouvoir respirer, les yeux rivés sur le visage de la fille que j’aimais, chuchotant à présent, Hermione ne saute pas, Hermione je… S’il te plaît ne saute pas, je t’aime… Je t’aime, je t’aime, ne saute pas, j’ai besoin de toi, je t’en prie ne saute pas…


C’est alors qu’Hermione perdit connaissance, et que je la rattrapais dans mes bras pendant qu’elle tombait en arrière. Pansy avait cessé le sortilège en entendant mes mots, et s’était par la même occasion enfuie en courant. La pression redescendant, je pleurais d’autant plus, l’estomac, le cœur et la gorge serrés d’une violence qui m’était jusqu’alors étrangère. J’avais été à deux doigts de voir la femme que j’aimais se jeter dans le vide sous mes yeux. Alors que je la soutenais de mes bras, toujours debout, elle penchée en arrière, elle se réveilla doucement :


-         Drago ? Pourquoi tu pleures ?


Elle se redressa sans même se rendre compte que je la soutenais pour l’empêcher de tomber. Elle ne remarqua pas non plus que ses propres joues étaient mouillées de larmes, et elle ne sembla pas se souvenir de tout ce qu’il venait de se passer. L’imperium s’était effacé de sa mémoire. Malgré tous les signes qui prédisaient que quelque chose de terrible venait de se passer, elle ne prêta attention à aucun d’eux, parce que je pleurais. Et c’est tout ce qu’elle voyait : moi, qui pleurait. C’était suffisant pour que ce soit la seule chose qui importe à ses yeux.


-         Je… je cherchais mes mots, je n’arrivais pas très bien à parler et je n’avais aucune idée de quoi lui dire.


Pansy avait cessé le sortilège parce qu’elle m’avait entendu lui dire que je l’aimais. Et elle avait fait ça parce que je lui avais fais du mal. Je ne voulais pas lui causer plus de tort. Je devais régler ce problème sans mettre Granger là-dedans.


-         L’article, achevai-je non sans effort.


Elle afficha une mine de compassion profonde, voir de douleur, et me serra dans ses bras avec toute la tendresse du monde, sans même se rendre compte de ce qu’il venait de se passer. Moi, je respirais enfin en inhalant le parfum naturel de sa peau qui me rappelait les amandes, et déposant ma tête au creux de son cou, je laissais là un baiser sur son énorme et horrible pull. Pull qui couvrait la femme la plus extraordinaire, la plus incroyable et celle dont la mort m’avait à l’instant parue si proche et si terrorisante. Mais elle était là, elle me prenait dans ses bras, et elle était là. C’était terminé. Elle était là.


De lourds bruits de pas se firent entendre dans l’escalier, pas qui montaient incroyablement vite. Granger lâcha son étreinte et tous deux nous nous tournèrent vers ce qui arrivait sur nous : Blaise, à bout de souffle, la mine effroyablement inquiète, il m’annonça :


-         Drago ! Il faut que tu viennes… C’est Pansy.      


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LivStivrig, @livstivrig sur Twitter

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