Dramione : le Feu et la Glace

Chapitre 24 : Fautif

8923 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/02/2020 14:36


Dans le chapitre précédent, Drago a largué Pansy Parkinson, qui n’a pas particulièrement bien réagi et a lancé un Imperium à Hermione, tentant de la faire sauter de la Tour d’Astronomie, avant que Drago ne la sauve en lui avouant son amour. Blaise est venu chercher Drago dans la Tour, alertant que quelque chose se passait avec Pansy.


POV DRAGO.



 L’expression de terreur affichée sur le visage de Blaise accompagnée par la fébrilité de sa voix me laissèrent présager que quelque chose de terrible était arrivé à Pansy. En un clignement de cil, je me tournais vers Granger, qui elle aussi avait une mine inquiète, ne comprenant pas très bien ce qu’il était en train de se passer. Alors que Zabini s’engageait dans un pas de course vers les escaliers, je le suivi de près. Dans mon esprit, plusieurs pensées se bousculèrent sans que je n’ai le temps de les contrôler : qu’avait-elle encore fait, où était-elle, pourquoi Blaise était si inquiet, comment savait-il où me trouver, dans quel état allai-je la trouver elle, qu’allai-je pouvoir lui dire, qu’allait-elle dire, elle qui connaissait à présent la nature de mes sentiments pour Granger, Granger qui, il me semble, nous suivait dans notre course, comment allait-elle réagir au spectacle probablement sordide qu’allait nous offrir Pansy, que diable était-il en train de se passer ?!


Alors que je dévalais les escaliers quatre à quatre, le souffle court, les joues rougies par l’effort, les yeux toujours empleins de larmes et l’esprit embrouillé, je ne cessais de me demander comment avais-je laisser de telles choses dégénérer ? Comment allais-je pouvoir gérer cette nouvelle situation dramatique ? Quelle était l’étendue des dégâts ? Qu’est-ce qui m’attendait à la ligne d’arrivée ?


Nous traversions à présent les couloirs de l’école, et encore des escaliers, Blaise toujours premier dans la course, ne se retournant même pas de temps à autre pour vérifier que je le suivais toujours, probablement persuadé que c’était ce que je faisais. Et je le faisais, tant bien que mal. Plus nous courions, et plus mes jambes se fragilisaient : je flippais sérieusement, je redoutais le pire, et connaissant Pansy, il me semblait qu’il ne pouvait s’agir que d’une chose.


Moi, je ne voulais pas me retourner, je me doutais que je trouverais Granger, suivant mes pas, et je priais pour que ce ne soit pas le cas. Peu importe ce qui allait se passer à présent, je savais d’une certaine façon qu’il fallait qu’elle soit préservée de tout ça : elle ne le supporterait pas, elle ne le gérerait pas, et même s’il ne s’agissait pas de ce que je croyais, Pansy tenterait probablement de l’attaquer à nouveau.  


Essoufflés, nous arrivâmes finalement vers les toilettes des filles du deuxième étage, du moins c’est ce qu’il me semblait, c’était difficile à dire compte tenu de la ruée d’étudiants qui faisaient la queue pour voir ce qu’il se passait à l’intérieur. Sur leur visage, de la terreur, de la curiosité, parfois de la tristesse, et parfois quelques rires non dissimilés. Je ne perdis pas plus de temps à m’attarder sur les autres, et suivi Blaise qui poussait les gens de ses deux bras musclés pour nous frayer un chemin vers le cœur de l’action.


Nous y arrivions. Mon cœur avait rarement battu si fort, tellement fort qu’il m’en faisait mal, je le sentais se serrer dans ma poitrine, l’appréhension était trop forte. Plus on s’enfonçait, plus les gens étaient resserrés, avides de spectacle. J’entendais Blaise hurler « Dégagez ! Poussez-vous ! Dégagez putain ! » à tout bout de champ mais sa voix me semblait lointaine. Je bousculais et me faisait bousculer en étant mi-présent, mi-absent, comme une âme en peine qui errerait par-là, bien peu préparée à ce qui l’attendait. Arrivés au bout du cercle, le professeur McGonagall, le professeur Rogue et le professeur Dumbledore menaient la file, McGonagall demandant aux élèves de s’éloigner et de retourner à leurs occupations, sans grand succès, alors que les autres paniquaient.


Rogue était apparemment accroupi par terre alors que tous les autres l’encerclait. Je savais maintenant pourquoi. Au-dessus d’eux se trouvait la robe de sorcière de Pansy, enroulée et accrochée à une gouttière des toilettes, ayant servi de corde. Pansy s’est pendue. Mon souffle se coupa net. Une grande et finale inspiration sembla se bloquer-là, au creux de ma gorge, pendant une éternité, comme si j’avais été pendu, moi aussi. J’avançais en claudiquant, incertain de ce qui m’attendait, redoutant le verdict, mais décidé à trouver une réponse. Et c’est là que je la vis. Allongée sur le sol, le visage violet, les cheveux mouillés, la gorge brûlée. Elle était là, par terre, inconsciente, peut-être même morte.


Alors que mes genoux cédèrent, me faisant tomber sur le sol à ses côtés, le souffle toujours coupé, j’avançais des mains tremblantes pour lui prendre le visage, mais avant de la toucher, je me rendis compte que c’était moi qui lui avait fait ça, c’est moi qui l’avait poussée à commettre un tel acte, et machinalement, mes mains vibrant tel un souffrant de la maladie de Parkinson, j’agrippai mon visage blafard, contemplant avec effroi le résultats d’années de maltraitance.


Un énorme brouhaha régnait derrière-moi, mais mes oreilles sifflaient, elles ne percevaient pas le moindre son distinctement, j’étais comme dans un état second, plus rien ne semblait exister. J’avais tué Pansy.


-         … critique… transférée à Ste Mangouste… immédiatement…


Les mains tremblantes toujours scellées à mon visage, je fixais Pansy, perdu, angoissé, traumatisé, terrorisé. Elle était là, allongée, les yeux fermés, la bouche entre-ouverte, une mine affreuse de douleur pourtant si finement dessinée sur ses sourcils. Elle avait les joues encore mouillées des larmes que je lui avait faites pleurer, abîmée et brisée par la peine que je lui ai infligée. Et moi j’étais là, assit à ses côtés, et je ne faisais rien, rien d’autre que la regarder, sous le choc, le visage entre les mains, assommé par l’horreur. Elle était morte, elle était peut-être bien morte, Pansy était morte, et je l’avais tuée, je lui avais fait ça. Pansy est morte. Des années d’amitié et de sentiments non partagés, des années d’amour en tous genres et de confessions nocturnes. Des années de rires et de moqueries, des années de chamailleries et de conneries. Envolées. Elle est morte.  


-         Drago ! me somma Rogue sèchement, me faisant finalement quitter Pansy des yeux et enfin lâcher mon visage, l’orientant cette fois vers lui. Elle n’est pas morte. Son état est critique, mais elle ira bien.


« Elle n’est pas morte. » Elle n’est pas morte. Elle ira bien. Ma respiration sembla se débloquer, et soudain, j’expirais à nouveau. Elle n’est pas morte. Elle ira bien. Elle n’est pas morte.


-         Elle va être immédiatement transférée à Ste Mangouste, elle sera prise en charge et elle pourra revenir quand son état se sera stabilisé. Elle ira bien Drago. Maintenant va-t’en avec les autres, il termina.


Je laissais mes yeux parcourir les alentours et je me rendis compte qu’il ne restait plus que moi, Pansy allongée sur le sol, le professeur Rogue, Dumbledore et McGonagall, tous me scrutant du regard. Mais la foule d’élèves, incluant Blaise, avait disparue. Il n’en restait pas un, et ce pesant brouhaha sourd s’était dissipé.


             Je ne m’étais même pas rendu compte que j’étais parvenu jusqu’à la chambre de Pansy, que j’avais marché dans les couloirs de l’école, traversant les élèves affolés et curieux, montant les escaliers un par un jusqu’à la porte de sa chambre. Mais j’étais là, et je n’avais pas la moindre foutue idée de pourquoi c’était là que mes pieds m’avaient conduit. Les larmes qui avaient depuis séchées se manifestèrent à nouveau en humidifiant mes yeux. Je posais la main sur la poignée de la porte comme si c’était un réflex, et la tournait pour pénétrer à l’intérieur de l’intimité de mon amie. Cette fois, contrairement à toutes les autres fois, j’aurais préféré toquer et annoncer mon arrivée, demander la permission d’entrer dans sa chambre, faire les choses bien. Peut-être que si j’avais fait les choses bien, Pansy n’aurait pas tenté de se suicider. Mais aujourd’hui, je savais que si je toquais, je n’aurais ni réponse, ni autorisation de pénétrer, et pour une fois, je me suis dit que ce n’était peut-être pas à moi de décider si je pouvais rentrer ou non sans le consentement de Pansy. Alors, j’ai refermé la porte, et je suis parti.


             Comme j’aurais sans nul doute dû m’y attendre, lorsque je parvins jusqu’à ma propre chambre, Blaise y était déjà, m’attendant de pied ferme. Il ne tenait pas en place : debout au milieu de la pièce, il faisait les cent pas, une main sur les lèvres comme s’il retenait un cri et les yeux rougis par sa peine. Il avait levé le regard à mon encontre l’espace de quelques secondes lorsque j’étais entré, mais une fois que j’avais à nouveau fermer la porte derrière moi, il avait recommencé à fixer le sol, se baladant, paniqué dans ma chambre. Lâche comme je l’ai toujours été, je restais planté là, debout au milieu de la pièce, ne sachant pas s’il allait pleurer par rapport à Pansy, me hurler dessus parce qu’il savait tout autant que moi que c’était ma faute, ou bien tout simplement si j’allais me faire tuer sur place. Son souffle était de plus en plus court à mesure qu’il marchait comme un détraqué, la main toujours sur la bouche comme s’il s’empêchait de dire quelque chose, et quelques larmes trop claires sur sa peau coulaient discrètement pour rencontrer l’énorme tapis vert qui recouvre le sol de ma chambre. Je ne savais pas à quoi m’attendre, et voyant mon meilleur ami de la sorte, j’avais à nouveau moi aussi envie de pleurer. Aujourd’hui, j’avais perdu Pansy. Je ne pouvais pas me permettre de perdre Blaise à son tour.


             Malgré tout ce que j’avais imaginé dans ma tête, rien de ce que je n’avais prévu n’arriva. Il n’essaya pas de me tuer et il ne m’hurla pas dessus. Non, à la place il prit son courage à deux mains, ou du moins il en eu l’air en prenant une très notable inspiration avant de venir vers moi en m’ouvrant ses bras musclés. J’y entrais sans réserve, et avec une tape dans le dos, il me rassura :


-         Ce n’est pas de ta faute.


A l’écoute de ces mots, je reculais, conscient qu’il était en train d’essayer d’apaiser mes maux, mais qu’il était dans un déni total de la véracité des faits.


-         Si, bien sûr que si c’est ma faute… Et tu le sais très bien, répliquai-je en m’éloignant de ses bras pour trouver place sur mon lit.

-         Ecoute, tenta-t-il, marchant encore partout dans ma chambre, me donnant presque le tournis, si elle n’avait pas vécu tout ce qu’elle a vécu, avec sa pute de mère et son enfoiré de père, elle n’en serait jamais arrivé là. Elle… oui elle l’a peut-être fait sur le coup parce que c’est fini vous deux, mais… ce n’est pas de ta faute. C’est juste… comme ça.


Je savais qu’il avait raison, dans le sens ou les deux premières personnes qui l’ont abusée, ce sont bel et bien ses parents. Mais j’ai été le suivant, et tout comme son père, je l’ai torturée pendant des années, ne tenant ni compte de ses sentiments, ni de ses besoins, ni de ses peines. Pire même, j’en ai profité, j’ai profité qu’elle soit si mal, si soumise, si fragile, si amoureuse de moi pour l’utiliser dans tout. Dans l’amitié, dans l’amour, dans le sexe, dans absolument tout. J’ai utilisé Pansy à mon bon vouloir et je le savais parfaitement, et ça m’allait parfaitement, et maintenant, elle est hospitalisée parce qu’elle a voulu en finir avec la vie. Je l’ai tellement poussée au bord du gouffre qu’elle a voulu en finir avec sa propre putain de vie. C’est moi qui lui ai fait ça. Elle avait survécu à sa mère qui l’a abandonnée, et elle avait survécu à son père qui la battait sans arrêt, mais moi, le petit con blondinet qui pète plus haut que son cul et qui se dit qu’il est bien mieux que tout le monde et que les autres sont des merdes, moi, elle ne m’a pas survécu.


-         J’ai abusé d’elle pendant des années putain Blaise, finis-je par sortir, la voix tremblante.


Il s’arrêta net quelques secondes, me fixant du regard comme s’il venait d’apprendre le scoop de l’année. Un silence s’écrasa sur nous pour ce qui me semblait être une éternité, et finalement, Blaise reprit :


-         Tu… Tu la… Tu la… ?

-         Quoi ? Non ! comprenais-je enfin avec dégoût. Bien sûr que non je la violais pas, ça va pas la tête ?! J’ai abusé d’elle dans le sens ou je me suis servi d’elle, je montais maintenant le ton, je pouvais faire d’elle tout ce que je voulais et je le savais, et je l’ai fait, et je l’ai traité comme de la merde, et je lui ai fais du mal pendant des années, et je le savais, et je m’en foutais. Ça n’avait pas d’importance, du moment que moi j’avais ce que je voulais. Et aujourd’hui, elle a essayé de se suicider, le jour où je la « largue ». Alors ne viens pas me dire que ce n’est pas de ma faute Zabini, parce que tu sais tout aussi bien que moi que c’est l’cas.


Il y eu un nouveau blanc, comme si Blaise cherchait sa contre-argumentation. Puis il prit une nouvelle inspiration, et répondit avec le plus grand des calmes :


-         Tu as tort. Tu as toujours été honnête avec Pansy. Tu ne lui as jamais fait croire monts et merveilles pour parvenir à tes fins, tu n’en avais pas besoin. Tu étais honnête, comme toujours, c’est quelque chose qu’on ne peut pas t’enlever ça Drago. T’es peut-être un p’tit con, mais tu ne fais pas semblant d’être un gentil. Tu ne promets pas de l’amour aux filles pour coucher avec. Et tu n’as jamais rien promis à Pansy, elle a toujours su qu’elle n’était pas ta meuf, elle a toujours su que tu ne serais pas fidèle, et elle a toujours su que tu l’utilisais, parce que tu le lui disais. Au bout d’un moment, il faut prendre responsabilité de ses actes. Elle savait, et elle y allait quand même. Elle s’est fait ça à elle-même Drago, ce n’est pas toi qui es coupable. Elle savait, depuis le début, et elle l’a accepté. Ce n’est pas parce que ça s’est mal terminé de son côté que ça veut dire que c’est de ta faute. C’est une grande fille elle aussi, et elle aussi elle a fait son lot de choix merdiques. N’empêche que ce sont ses choix, et on n’a pas le doit de les lui enlever parce qu’elle a tenté de se suicider. Oui c’est terrible, et j’adore mon amie, et j’ai eu une des plus grosses peurs de ma vie ce soir, mais elle a sa part de responsabilités là-dedans, et je te laisserais pas tout prendre sur tes épaules, parce que ce n’est pas ton fardeau. Ok ?


Peut-être qu’il n’avait pas tout-à-fait tort, ou du moins ça m’arrangeait bien de le penser. Si on considère qu’effectivement je ne mentais pas à Pansy, et qu’elle savait dès le début dans quel merdier elle se foutait, ça ne faisait peut-être plus de moi le seul responsable.


Je ne répondis rien, je n’en eu pas besoin, mon ami me connaissait, et savait que son discours avait eu de l’impact sur moi. Il me laissa quelques minutes de répit, le temps de reprendre un peu mes esprits, avant de revenir à la charge avec un sujet d’autant plus délicat. Pour se faire, il avait pris place à mes côtés, assis sur mon lit, et après une nouvelle inspiration, il chuchota comme s’il avait peur de ce qu’il disait :


-         Drago, qu’est-ce que tu foutais avec Granger dans la Tour d’Astronomie ?


Ma tête se mit à tourner et mes oreilles à bourdonner, comme si j’allais m’évanouir. Je ne pouvais pas laisser ce secret s’échapper. Je ne pouvais pas me mettre en danger, et encore moins la mettre en danger elle. Je ne pouvais pas révéler à mon meilleur ami que j’étais amoureux d’elle. Je ne pouvais non plus lui dire que Pansy l’avait découvert, et que c’était probablement pour cette raison qu’elle avait essayer de mettre fin à ses jours. Je ne pouvais pas laisser cette situation dégénérer, et je pouvais encore moins en assumer les conséquences. Alors je pris à mon tour une grande inspiration, et comme à mon habitude, je me défilais :


-         Qu’est-ce que tu crois ? J’étais là-bas pour réfléchir, pour être seul. Et on dirait qu’elle a eu la même idée. Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus.


En prononçant ces derniers mots, je me laissais basculer sur mon lit, m’allongeant de tout mon long, Blaise toujours assis sur le bord. Il m’observait, je le sentais sans même avoir besoin de le regarder, il me scrutait du regard, cherchant une faille, la vérité. Mais je ne pouvais pas la lui donner cette vérité, et quelque part, je crois qu’il le savait très bien.


             Soudain, la porte de ma chambre s’ouvrit violemment, laissant entrer le professeur Rogue, qui observa quelques temps Blaise et moi, abattus sur mon lit. Finalement, il dit de sa voix mesquine :


-         Monsieur Malfoy, le professeur Dumbledore vous attend dans son bureau.


Je me relevais à la volée, bien peu préparé à avoir un entretien avec celui que je me devais de tuer.


-         Pourquoi ? je demandais sans détour.

-         Cela ne concerne que vous et le professeur Dumbledore. Dépêchez-vous, il n’a pas toute la nuit.


Sans poser plus de questions, je me levais péniblement, rassemblant le peu de force qu’il me restait, et suivi Rogue à travers le château dans un silence pesant, fixant le sol. La gargouille qui permet de pénétrer à l’intérieur du bureau du directeur s’écarta alors, me laissant emprunter les escaliers qui montèrent seuls. Rogue, lui, était resté en bas. J’entrais dans l’arène, Dumbledore m’attendait, assit à son bureau, son poulet doré à ses côtés, me fixant du regard du haut de son perchoir. Tous les tableaux des anciens directeurs et directrices de l’école, eux aussi, semblaient me passer au crible fin. « Eh voilà le fils Malfoy » qu’ils devaient dire, « de la mauvaise graine, comme son Mangemort de père ! ».  


-         Monsieur Malfoy, je vous en prie, asseyez-vous, proposa-t-il avec un sourire amical.


J’obéis, ne disant pas un mot, et prit place en face de lui, de l’autre côté du bureau, ignorant au mieux les tableaux.


-         Puis-je vous offrir une tasse de thé ? offrait-t-il maintenant.

-         Non. Qu’est-ce que je fais là ? demandai-je enfin avec le peu d’assurance qu’il me restait. Il esquissa un sourire comme s’il n’en attendait pas moins de ma part, et continua :

-         Je suis navré de ce qui est arrivé à la petite Pansy. Je me doute que vous devez être très peiné de ce que s’est infligée votre amie, et si vous êtes ici, c’est parce que je me doute que vous devez avoir quelques informations qui expliqueraient le pourquoi du comment ? Je me suis dis que vous auriez peut-être envie de me les partager.

-         Ces informations sont personnelles, répliquai-je sèchement.


Il baissa un peu la tête et me regarda par-dessus les verres de ses lunettes en demi-lune. Comme s’il cherchait à lire mon âme, il continua :


-         Je sais que mademoiselle Parkinson et vous entretenez une relation privilégiée depuis maintenant quelques années. Je sais également que le passé de mademoiselle Parkinson est compliqué et douloureux. Je voudrais seulement savoir, si vous le savez, quelle est la raison pour laquelle miss Parkinson a tenté de mettre fin à ses jours, afin que nous puissions lui accorder toute l’aide nécessaire. Il marqua une pause avant de reprendre, vous savez monsieur Malfoy, ce qu’il s’est passé dans ce château ce soir est très grave. Il est de notre responsabilité à tous de faire en sorte que Parkinson reçoive l’aide qu’il lui faut, afin qu’elle puisse aller mieux. Mais pour ce faire, j’ai besoin que vous me disiez ce qu’il s’est passé. Pour l’aider, vous comprenez ?

-         J’ai mis fin à notre relation, voilà ce qu’il s’est passé. C’est de ma faute, vous êtes content ?

-         Je ne suis pas là pour rejeter la faute sur qui que ce soit monsieur Malfoy. Et les désastres de la vie – et de l’amour – peuvent être vécus plus violemment par des personnes plus fragiles. Vous n’êtes pas responsable de la fragilité de mademoiselle Parkinson, Drago. Entendu ?


Je ne répondis pas, j’acquiesçais discrètement à la place, regardant le sol, attendant de pouvoir m’en aller.


-         Merci de votre coopération, vous pouvez disposer.


Sans lui adresser un dernier regard, ni à lui, ni à son poulet, je me levais avec hâte, et reparti dans mes appartements. Je voulais seulement que cette journée de l’horreur s’achève.    

  

POV HERMIONE


Harry, Ron et moi étions tous les trois sur un des canapés de notre salle commune, comme beaucoup d’autres élèves, encore choqués de ce dont nous avions été témoins. Moi, je me sentais mal, pour une raison qui semblait m’échapper, je me sentais affreusement mal. Ron et Harry parlaient, échangeaient passionnément sur le sujet, mais je n’entendais pas vraiment ce qu’ils disaient. J’étais comme au beau milieu d’un immense brouillard, rien ne semblait avoir de sens. Mon estomac était serré et ma tête bourdonnait, je me sentais responsable. Peut-être que Malfoy avait fait ce qu’il avait dit, il avait peut-être dit à Parkinson qu’il arrêtait tout, et c’était alors de ma faute. Si cette pauvre fille s’était fait ça, c’était peut-être à cause de moi, et si c’était le cas, je ne pourrais le supporter. D’un côté je me doutais bien que pour être devenue la fille qu’elle était, elle avait dû en baver quelque part dans la vie. Mais en même temps, et je ne savais pourquoi, je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable. Peut-être que Malfoy et moi lui avions fait ça, peut-être que nous l’avons détruite, et ça, je ne pouvais pas l’accepter. C’était trop dur.


-         Ecoutez, il faut que je vous raconte quelque chose, dit un Harry sérieux qui me ramena à la raison. Avant… qu’il ne se passe tout ça, Dumbledore m’a convoqué dans son bureau. Et j’ai appris quelque chose d’énorme, quelque chose de vraiment énorme.

-         Eh bien ! chuchota Ron pour que les autres n’entendent rien, qu’est-ce que tu attends ! Dis-nous !

-         Dumbledore pense que Jedusor a séparé son âme en plusieurs parties, dans des objets… Comme ça, on ne peut jamais vraiment le tuer. Ça s’appelle des horcruxes, murmura-t-il.

-         Qu’est-ce qui lui fait penser ça ? je demande, inquiète de cette effroyable nouvelle.

-         Il y a eu plusieurs choses, dont le journal qui a permit de conserver le souvenir de Jedusor, qui le rendait quelque part… vivant. Et puis Dumbledore a en sa possession une bague qui aurait appartenue à la famille de Jedusor. Il pense que c’en est un aussi, mais il ne sait pas comment le détruire, expliqua Harry.

-         Combien y en a-t-il ? je questionne à nouveau.

-         Il ne sait pas exactement.

-         Quels sont ces objets ? je questionne encore.

-         Il ne sait pas, mais…

-         Attends, donc tu es en train de nous dire qu’on ne peut pas tuer vous-savez-qui, parce qu’il a sans doute placer son âme dans on ne sait combien d’objets, et on ne sait lesquels ? s’inquiéta Ron à son tour.

-         Il est en train de les chercher. Il m’a dit qu’il était sur une piste, et il veut que je l’aide. Je crois que nous allons partir à la chasse aux horcruxes. Si on détruit un horcruxe, on détruit une part de Voldemort.

-         Mais vous ne savez même pas comment les détruire ! m’emportai-je cette fois.

-         Chut Hermione ! me réprimanda Harry. C’est Dumbledore. Je lui fais confiance. Dumbledore le sait grâce à un souvenir que j’ai arraché à Slughorn. Jedusor était venu lui parler des horcruxes, très peu de gens savent ce que c’est, tellement c’est de la magie noire. Pour créer un horcruxe, il faut commettre un meurtre. Et à ce qu’on sache, Voldemort en a commis plus d’un…

-         Bien sûr, mais ça ne signifie pas pour autant qu’il a créé un horcruxe à chaque fois qu’il a commis un meurtre, si ? demande Ron.

-         Bien sûr que non, Voldemort serait bien trop faible sinon, je réponds avec hâte.

-         Arrêtez de dire ce nom tous les deux, lâcha Ron avec effroi.

-         Grandi un peu Ron, déclarai-je sans patience. Harry, c’est une mission suicide !

-         Non Hermione, c’est la seule solution que nous ayons pour l’instant ! C’est un début d’espoir, on a peut-être un moyen de l’éliminer !

-         Je suppose que maintenant au moins nous avons une piste… soupirai-je après quelques secondes de réflexion.


Notre conversation terminée, j’étais partie chercher du repos au fond de mon lit, tentant de me concentrer sur cette histoire d’horcruxes plutôt que sur celle qui me faisait mal au ventre, mais c’était sans compter sur Ginny, qui elle, n’avait pas l’intention de me laisser tranquille. Elle fit éruption dans mon dortoir en pyjama, elle avait visiblement elle aussi du mal à trouver le sommeil :


-         Je peux ? me demanda-t-elle en montrant mon lit que je venais de rejoindre.


J’acquiesçai en souriant, poussant mes pieds pour qu’elle puisse s’assoir sur mon lit, face à moi. Elle prit sa place, s’assit en tailleur, dévoilant un magnifique pyjama aux couleurs des Gryffondor probablement cousu par Molly, et souriante, elle chuchota :


-         Ça fait un moment qu’on n’a pas parlé toutes les deux.

-         C’est vrai, il s’est passé pas mal de choses… Comment tu vas Ginny ? je demande naturellement, sa compagnie me faisait du bien.

-         Très bien, je crois que les choses bougent avec Harry… souffle-t-elle le sourire aux lèvres, baissant les yeux comme si elle était intimidée.

-         C’est super ! Raconte-moi tout ! Mais oui, et la soirée chez Slughorn ?! je me rappelle avec entrain.


Elle afficha un sourire d’autant plus imposant, fit basculer sa chevelure enflammée d’un mouvement de main, humidifia ses lèvres comme si elle se préparait à me livrer tout un récit, et commença excitée :


-         Au début c’était un peu gênant, je ne sais pas ce qu’il avait, il était très mal à l’aise. Je passais mon temps à lui dire que j’allais aux toilettes parce que j’avais compris qu’il venait te demander des conseils, et je me disais que plus tu lui en donnais, mieux ça se passerait ! Alors j’arrêtais pas, il a dû me prendre pour je ne sais quel genre de fille… Et puis ça a commencé à aller mieux, je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais ça marché ! Il s’est détendu et moi aussi, on a commencé à parler comme on l’a toujours fait, ça n’avait rien de bizarre c’était plutôt très naturel, on rigolait ensemble, on rencontrait les gens, on flattait les mérites de l’un et de l’autre comme si on était un couple, on critiquait un peu les gens une fois qu’ils étaient partis, on a beaucoup parlé de Quidditch enfin… C’était vraiment bien. Et puis après il m’a raccompagnée à ma chambre, là il était à nouveau un peu gêné mais c’était mignon, il m’a dit qu’il avait passé une très bonne soirée avec moi et qu’il espérait qu’on pourrait passer plus de temps en tête-à-tête, enfin, si j’étais d’accord, il bégayait un peu c’était adorable ! rigola-t-elle les yeux brillants. Je lui ai dis que moi aussi j’avais passé une très agréable soirée et j’attendais qu’il m’embrasse, mais évidemment il ne l’a pas fait, alors je lui ai tenu la main, je lui ai fais un bisou sur la joue et je suis partie me coucher ! Et depuis on se lance des petits regards, il y a des petits sourires joueurs, je sens qu’il y a quelque chose de nouveau qui s’est installé entre nous ! Je crois que ça y est, ça commence. On n’a pas encore eu l’occasion de se revoir seul à seul mais j’espère que ce sera pour bientôt…

-         Oh Ginny ! je me réjouissais, c’est génial ! Je suis tellement heureuse pour vous, bien sûr que vous allez vous revoir seul à seul très vite, je sais que ça compte beaucoup pour Harry ! Par Merlin, il était temps !

-         C’est sûr ! confirma-t-elle toujours aussi rayonnante, et dis moi alors tu lui as dis quoi pour qu’il se détende à la fête de Slughorn ?

-         Oh rien de sorcier, je lui ai juste dis qu’il te connaissait depuis 6 ans, que vous aviez déjà passé énormément de temps ensemble et que vous vous connaissiez très bien, donc qu’il n’y avait pas besoin de rendre ça bizarre et qu’il n’avait qu’à être comme d’habitude, et je suis ravie d’apprendre que ça a aidé !

-         Oui, ça a carrément aidé, merci ! Je ne sais pas quelle tournure cette soirée aurait prise si tu n’avais pas été là… Mais oui, je suis contente, ça me fait du bien !


Nous avons donc continué de parler de Harry pendant quelques minutes, puis elle m’a posé quelques questions à propos de moi que j’ai soigneusement contournées, s’il y avait bien une chose dont je n’avais pas envie de parler maintenant, c’était de ce qu’il se passait dans ma vie. Je jouais donc la carte de la fatigue, et sans plus tarder elle me fit une accolade et partit se coucher dans son propre lit.


             Me retrouvant finalement seule, mon infernal cerveau se mit à cogiter, encore. Cette fois, il m’avançait des pensées que j’avais jusqu’alors prit le soin d’éviter : comment se sentait Malfoy ? Après tout, il venait de voir sous ses propres yeux le corps mort, ou presque, de son amie, et de son amante. Il devait l’aimer sans aucun doute, d’une certaine façon, avec tout ce qu’il a partagé avec elle. Et voir ça, être témoin de cette horreur, devait être insoutenable pour lui. Peut-être qu’il pleurait, peut-être qu’il souffrait, peut-être qu’il était entrain de noyer son chagrin dans les bras d’une quelconque fille. Peut-être même se disait-il comme moi, que c’était ma faute, ou notre faute, et peut-être qu’il avait de ce fait décidé que nous deux s’en était terminé. Je ne savais pas ce qu’il pensait, ce qu’il ressentait, je ne savais pas ce qu’il envisageait et plus j’y pensais, plus ça me torturait. Dès demain, allais-je redevenir la Gryffondor qu’il déteste et à laquelle il ne veut adresser que des insultes ? S’il me tient pour responsable, cesserai-t-il de vouloir passer du temps avec moi ? Et si moi je me tiens pour responsable et que lui non, serai-je capable de continuer ainsi ? Pourrais-je un jour faire comme si de rien n’était ?


Rien ne me semblait certain, tout n’était que source d’inquiétude et de désarroi. Non, je ne pourrais pas attendre jusqu’à demain pour découvrir ce qu’il allait advenir de notre histoire. Presque tremblante, je me levais à nouveau de mon lit, enfilais un peignoir sans même prendre la peine d’enlever mon gros pyjama pour mettre des habits normaux à la place. Je ne pris pas non plus la peine de me regarder dans le miroir, rien n’importait, je devais juste savoir, je devais juste le voir. Alors, je sortais de mon dortoir, puis de la salle commune, et arpentant le château vide et silencieux jusqu’aux cachots, j’angoissais. A chaque nouveau pas que je franchissais, j’angoissais un peu plus. Allais-je le trouver au lit avec une fille ? Allais-je me trouver face à un mur qui ne voudrait ni me voir ni m’entendre ? Allais-je moi être incapable de continuer ainsi ? Mon esprit ne cessait de s’imaginer des scénarios tous les plus inquiétants les uns que les autres, et alors que mes chaussons glissaient sur le sol, je m’arrêtais enfin devant la porte de sa salle commune, me rappelant finalement que je n’avais aucune idée de ce qu’était le mot de passe pour rentrer, et de plus, je n’avais même pas pensé à prendre la cape d’invisibilité, parce que la seule chose à laquelle je pouvais penser, c’était que lui et moi c’était peut-être bien finit.


Seule et visible de tous devant ce mur qui ne s’ouvrait pas, je décidais que je ne pouvais pas reculer maintenant, et réfléchissant hâtivement, je chuchotais maintenant des mots de passe au hasard au mur vierge qui se trouvait face à moi. « Serpent » « élite » et « Salazar » fut les premiers mots qui me vinrent, mais aucun n’ouvrit la porte. Quelques autres furent également des échecs, jusqu’à ce que « sang pur » ouvre ce mur insultant. Je glissais mes yeux dans la minuscule entrevue que le mur avait commencé à laisser passer, et m’assurait que leur salle commune verte et froide était vide, et que je pouvais passer sans risque de me faire apercevoir. Elle l’était, et avec hâte je me précipitais sur la gauche, là où se trouve la chambre personnelle de Malfoy. Stressée, mais maintenant également angoissée de me faire prendre sur le fait, je toquais doucement mais distinctement à sa porte. A ma grande surprise, la porte s’ouvrit à la volée, dévoilant un Malfoy surprit de me trouver là, en peignoir, attendant devant sa chambre.


-         Granger ? Que… Rentre, dépêche-toi.     


POV DRAGO.


Elle pénétra dans ma chambre vêtue d’un énorme peignoir aux couleurs vraiment pas discrètes des Gryffondor qui cachait un pyjama bien trop grand pour elle, composé d’un pantalon et d’une chemise à carreaux assortis. Le seul fait qu’elle se présente ainsi devant moi, sans même avoir apporté sa cape d’invisibilité, me faisait peur. Elle devait être paniquée. Elle devait se rappeler de ce qu’il s’était passé, et si c’était le cas, c’était dangereux pour Pansy. Moi, j’étais toujours habillé, je n’arrivais pas à dormir et je m’étais assis à mon bureau pour travailler, histoire d’occuper mon esprit. Debout comme un piquet au milieu de ma chambre, je l’observais. Je pensais qu’elle allait s’assoir quelque part, sur la chaise de mon bureau encore allumé face à mes cahiers ouverts, ou bien sur mon lit, mais elle n’en fit rien. Elle était debout, en chaussons sur mon tapis, à quelques mètres de moi, et elle semblait totalement paniquée. Son visage était tendu, ses sourcils froncés et ses lèvres tremblantes. Je voyais très clairement dans ses yeux à quel point elle était terrifiée, elle semblait réellement avoir peur, elle regardait partout et nulle part à la fois, cherchait sans vraiment chercher un point d’appui, elle était complètement perdue, et moi, la regardant ainsi, je me perdais aussi. Elle arrêta finalement de bouger, ses pupilles restèrent calmes à leur tour et virent trouver mes yeux, elle avait la mine triste et angoissée, elle se tenait droite devant moi comme si elle était finalement prête, et la voix tremblante comme si elle était sur le point de fondre en larmes, elle me demanda :


-         Est-ce que c’est à cause de moi ? Est-ce que… est-ce que c’est à cause de nous ?


Le simple fait qu’elle pose ces questions me laissait suspecter qu’elle ne se souvenait toujours pas de l’Imperium, et ainsi, que j’avais peut-être une chance d’arranger les choses. Visiblement, la petite lionne était terrifiée à l’idée d’être la cause de la tentative de suicide de Pansy, comme j’aurais dû le prévoir, et de toute évidence, cette fille-là, celle que j’avais devant moi, elle ne pouvait pas dormir la nuit en sachant qu’elle avait fait du mal autour d’elle. Une larme avait à présent forger son chemin sur la joue de la Gryffondor qui n’y prêtait pas la moindre attention, elle avait toujours son regard de braise enfoncé dans le mien, et ses lèvres tremblantes avaient soif de réponses. Ne sachant pas exactement quoi faire, ni que penser, ni comment réagir, je tentais un simple :


-         Non, bien sûr que non. Je… Ecoute assied-toi.

-         Je ne veux pas m’assoir. Est-ce que c’est à cause de moi, sa voix tremblante crachait ses mots à la vitesse à laquelle son cerveau devait les penser, est-que c’est à cause de nous que Pansy Parkinson s’est fait ça ? Est-ce que ça veut dire que tu ne veux plus me voir ? Est-ce que tu me détestes ? Est-ce que ça veut dire que tout est finit ? Est-ce que… Merlin que je suis égoïste, est-ce que toi tu vas bien ? Est-ce que tu t’en sors ? Est-ce que ça va ? Est-ce que tu l’aimes ? Est-ce qu’elle va bien ? Est-ce qu’elle ira mieux ? Est-ce qu’elle va revenir ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi elle a fait ça ? Comment on…


J’avais mis fin à sa crise de panique en m’approchant délicatement d’elle, l’enroulant de mes bras et la serrant contre mon torse. Granger se rendait malade de savoir si c’était sa faute, si j’étais en colère contre elle, de savoir si je voulais tout arrêter, et aussi de savoir comment j’allais. Elle était là, vulnérable, triste, effrayée, terrorisée même devant moi, et pourtant tout ce que je voyais, tout ce que je sentais, c’était à quel point elle était forte. Respirant son odeur d’amandes, serrant ses formes contre les miennes, je sentais sa force aussi bien que sa vulnérabilité. Ce soir, j’ai failli la perdre, elle-aussi, et je savais en cet instant que je ne l’aurais pas supporté. Alors que je caressais ses cheveux emmêlés, serrant sa tête contre ma poitrine, je chuchotais :


-         Non, ce n’est pas ta faute, et non ce n’est pas de la nôtre. Et non je ne te déteste pas Granger, et non ça ne veut pas dire que je ne veux plus te voir. Et oui, elle ira bien, elle a été transférée à Ste Mangouste, elle est prise en charge. Et je suis un peu remué, mais ça va. Ne t’en fais pas.


Elle releva la tête après quelques secondes, toujours lovée dans mes bras, et rencontra mes yeux en posant son menton sur mon torse :


-         Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi elle a fait ça ?


Elle se dégagea de mon emprise et trouva sa place, assise sur le bord de mon lit. L’image d’elle en pyjama sur mon lit me procura un plaisir que je me forçais à dissimuler, le moment ne me semblait pas idéal.


-         Est-ce que tu veux à boire ? A manger ? je proposais, sentant que nous allions avoir une conversation que je ne pourrais pas bâcler, elle ne pouvait pas repartir de cette chambre dans le même état que celui avec lequel elle y est entrée.

-         Non, merci, refusa-t-elle poliment, elle attendait la suite de mon récit.

-         Ecoute… Pansy est… quelqu’un de compliqué, dis-je en prenant la chaise de mon bureau pour la positionner face à elle et à mon lit. Elle n’a pas eu une enfance facile, son père la battait et sa mère l’a abandonnée à la naissance. Je m’y connais pas beaucoup, en relations humaines, mais je suppose que c’est le genre de choses qui laisse des traces. Et toi et moi, ou juste toi, ça n’a rien à voir là-dedans. C’est juste… quelqu’un de compliqué.


Elle me fixait du regard, elle commençait à se détendre à l’écoute de ces mots, mais elle semblait toujours inquiète, tout du moins pas totalement rassurée. Alors qu’elle scrutait mon âme, elle demanda :


-         Et toi ? Comment tu te sens ?


Sa voix était douce, comme toujours. Un peu moins tremblante aussi, mais toujours bien peu sûre. Je ne savais pas très bien quoi lui répondre. Ce soir, j’ai cru perdre une chose que je ne savais jusqu’alors pas à ce point précieuse à mes yeux, et ce n’était pas Pansy. Et ça, je ne pouvais pas lui dire, parce que sinon elle se sentirait mal, elle croirait que c’est de sa faute, et pire, elle reconnaîtrait Pansy comme dangereuse, et elle ne l’est pas. Elle est juste désespérée, et je ne veux pas faire ça à mon amie, j’en ai déjà bien assez fait. Alors, bien sûr, j’étais mort d’inquiétude. Mort d’inquiétude de savoir à quel point je tenais à elle, mort d’inquiétude que Pansy revienne et raconte à tout le monde ce dont elle a été témoin, mort d’inquiétude que Pansy n’aille pas mieux, mort d’inquiétude d’être la cause d’une telle tragédie, et surtout mort d’inquiétude de devoir maintenant en assumer toutes les conséquences. Après un soupir significatif, je répondais finalement :


-         Je vais bien. J’étais inquiet pour elle, mais elle ira bien. Elle va avoir de l’aide, et ça ira mieux.

-         La pauvre… Je ne savais pas tout ça… dit-elle doucement en fixant mon tapis cette fois. Elle a sûrement besoin de toi.

-         Elle a besoin de ses amis. Et de trouver quelqu’un qui la traite bien, répondis-je avec honnêteté.

-         Tu es son ami, et elle t’aime beaucoup, elle a besoin de toi, renchéri-t-elle en défiant mon regard une nouvelle fois.


Je la regardais quelques instants, admirant le courage qu’il devait lui falloir pour me dire de m’occuper de la fille avec qui je couchais toutes ces années, se souciant bien peu de ce que ça signifiait pour elle, ou du mal que ça lui ferait. Mais aussi égoïste que cela puisse paraitre, la seule personne dont le bien-être m’importait réellement, c’était la fille que j’avais en face de moi. Celle qui portait un pyjama immonde bien trop grand pour elle, histoire d’être sûre qu’on ne devinerait pas son corps, et surement parce que c’est bien plus confortable qu’une nuisette faite de dentelle. Celle qui risquait tout en venant me voir, effrayée de me perdre, inquiète de comment j’allais. Cette fille-là, celle que j’ai cru perdre ce soir, je m’en rendais compte plus je la regardais, je la voulais mienne, et je voulais être ce dont elle avait besoin, et pas ce dont une autre a besoin, ou même envie. Elle était simplement devenue la seule qui importait.


-         Ce n’est pas elle qui a besoin de moi, conclu-je finalement en prenant place à côté d’elle, la serrant une nouvelle fois contre moi.


Elle laissa sa tête trouver du repos sur mon épaule, et alors que ses inquiétudes se dissipaient doucement, je respirais son odeur, cette odeur qui parvient à calmer mes peines, et je réalisais que j’avais là quelque chose que je ne savais même pas que je désirais, parce que je ne savais même pas qu’on pouvait aimer quelqu’un de cette façon. Mais avec elle, tout était possible.    


QUESTION AUX LECTEURS : Trouvez-vous les personnages décrits dans cette fiction fidèles aux personnages des livres/films? Si non, pourquoi ? Et est-ce un problème ?

Merci de répondre dans les commentaires ! C'est pour m'améliorer et avoir un rapport avec vous !


Je conclurais en m'excusant pour le temps que ça a prit, la publication de ce nouveau chapitre. J'ai quelques problèmes personnels et de santé ces derniers temps, et j'en bave un peu pour être honnête avec vous, mais les choses commencent à bouger. C'est pour ça que j'ai pris du temps à écrire ce chapitre, mais en tout cas, sachez que peu importe le temps que ça prend, je ne vais absolument pas abandonner cette fic, et vous aurez toujours la suite ! Promis ! N'oubliez pas de voter pour les chapitres s'ils vous plaisent et laissez moi un petit commentaire pour les critiques ou les compliments, c'est ce que je préfère ! Bonne journée à vous !


LivStivrig

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