Nina Black - Heart Attack (Tome 1)

Chapitre 18 : Le don interdit

2273 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 07/01/2020 14:11

Il faisait sombre ce jour-là, pourtant une lumière blanche éclairait la moitié du cimetière d’Hogsmeade. S’habituant à son intensité, Nina essaya d’en déterminer la forme. Ainsi, petit à petit, elle découvrit la robe blanche, le gilet gris, les cheveux bruns, les lèvres pâles… La même tenue que portait Katniss dans le cercueil maintenant enterré. Le rire doubla en intensité et Nina crut hurler tant la surprise était forte.

Devant elle, flottant dans les airs, se trouvait sa sœur. Ou du moins son fantôme. La jeune fille fut tellement surprise qu’elle crut perdre à tout jamais la capacité de s’exprimer. Katniss avait l’air d’attendre que Nina se remette de la surprise, elle souriait comme lorsqu’elle était encore en vie.

Dans sa tête Nina se combattait elle-même. Elle devait halluciner, les morts ne reviennent pas sur terre après leur décès, c’est ce que lui avait dit Lena. Pourtant, elle avait beau se mordre la joue de l’intérieur, quasiment à en saigner, Katniss était toujours là, en face d’elle. Ce n’était donc pas un rêve. Une autre solution à cette vision était la magie. Peut-être était-ce quelqu’un qui avait lancé un sort de confusion sur Nina. Si c’était le cas, la blague n’était pas très amusante.

_ Nina…, commença le fantôme d’une voix aussi claire que de l’eau.

En l’entendant la jeune fille crut perdre conscience. Ce ne pouvait pas être possible, elle l’avait bien vu dans le cercueil, elle l’avait même touché ! Ce ne pouvait pas être Katniss face à elle !

_ Nina, ce que tu vois est vrai, reprit la belle voix, je suis là, même si cela peut être dur à croire. À vrai dire, je ne m’attendais pas à ce que tu puisses me voir.

Nina continua de regarder d’un air bêta le corps de sa sœur qui flottait et qui lui parlait. Cela paraissait tellement invraisemblable que la jeune sorcière aurait voulu s’enfuir en courant. Pourtant, elle ne bougea pas, elle resta assise dans la terre humide, la tête levée dans la direction du fantôme.

_ Je ne suis pas un fantôme, continua le corps flottant, je suis ce que tu appellerais « un spectre ». Après les funérailles, nous, les morts, pouvons vous rejoindre afin de garder un œil sur les vivants en cas de détresse. Et tu étais en détresse, tu m’as appelé sans le savoir. Normalement, tu n’aurais pas dû me voir. Mais je crois que tu possèdes le don.

Le don ? Que racontait Katniss ? Nina était perdue. Et puis, comment se faisait-il que la dame qui venait d’entrer dans le cimetière ne puisse pas voir la forte lumière qui se dégageait du corps de sa sœur ?

_ Tu es perdue, ça se comprend. Pour moi, en tant qu’esprit, cette information m’a été immédiatement donnée. Tu possèdes le don de voir les morts. Ce n’est pas un cadeau du ciel, c’est une malédiction. Tu peux être tuée par le ministère de la magie si quelqu’un apprend que tu le possèdes.

Le ministère de la magie ? Tuer quelqu’un comme Nina ? Non c’était impossible ! Tout cela paraissait farfelu aux yeux de la Gryffindor ! Après s’être raclée la gorge, la jeune fille déclara enfin d’une voix rauque :

_ En quoi est-ce une malédiction ? Pourquoi voudraient-ils me tuer ? Pourquoi moi je peux te voir ?

_ Nina… C’est une malédiction, car tu me verras sans pouvoir me prendre dans tes bras, tu pourrais perdre l’esprit avec ce don ! En plus, faire appel à nous, les morts, te demande une grande capacité d’énergie, tu pourrais mourir à cause de ce don ! Et le ministère de la magie va croire que tu as fait appel à de la magie noire.

_ Mourir ? Alors ce don n’appelle qu’à la mort ! Soit je meure vidée de mon énergie, soit je meure tuée par les gens du ministère !

_ Ils voudront te tuer parce que, nous, les morts, savons des choses que les vivants ne doivent pas savoir.

_ Comme quoi ? demanda Nina énervée et terrifiée.

_ Par exemple, le ministère de la magie prévoit de tuer Harry Potter pour éviter le retour de Tu-Sais-Qui, car seul lui peut le faire revenir… enfin d’après eux.

_ Et pourquoi moi seule peut te voir ? questionna-t-elle d’une voix suraiguë.

_ Je l’ignore…

Nina ne voulait pas mourir, pas avant d’avoir connu son père, pas avant d’avoir vécu une vie normale, pas avant son frère William. Elle avait promis à Katniss de le protéger.

_ Je ne veux pas mourir ! Pas maintenant, pas aujourd’hui ni demain ! Je veux vivre longtemps !

_ Je sais, Nina, c’est pour cela qu’il faudra être discrète, n’en parler à personne. Pas même à William, pas même à Alex. Personne, tu m’entends ?! Et puis évite de m’appeler, c’est dangereux pour toi. Et si tu le fais, fais-le dans un endroit discret ou personne ne pourra te voir.

Nina pleurait maintenant. Trop de choses s’étaient produites en trop peu de temps. La mort de sa sœur, son enterrement, la venue de sa famille française et maintenant l’arrivée de l’esprit de Katniss. La jeune fille voyait bien que sa demi-sœur était gênée par ses larmes. En effet, elle ne pouvait pas la prendre dans ses bras. Ainsi elle se retourna et déclara d’une voix claire.

_ Je vais repartir. Prends soin de Will et surtout gardes le secret. Jure-le-moi !

_ Je te le promets, Kate.

La lumière de Katniss disparu lentement et le cimetière retrouva sa noirceur digne d’un mois de février. Nina se surprise à trembler de froid. Elle retourna donc au château.

 

La Grande Salle était bondée. Ce n’était pourtant plus l’heure du repas. Nina s’arrêta devant la porte et y chercha la personne idéale pour discuter. William parlait avec Lena, tous les deux se tenaient la main. Alex, Hélène et Daniel écoutaient les professeurs McGonagall et Dumbledore qui leurs adressaient certainement des conseils. George et Fred soutenaient Cedric qui pleurait à grosses larmes. Katie et Lee buvaient un thé en compagnie de Claire, Lucy et Lia.

Nina voulait se changer les idées et décida donc de rejoindre Lucifia Salamander. En la voyant s’approcher cette-dernière fronça les sourcils. La jeune fille s’assit à côté d’elle. C’était la première fois qu’elle se trouvait à la table des Slytherin et ceux-ci comme les autres élèves la regardèrent d’un drôle d’œil.

_ Qu’est-ce que tu m’veux ? demanda Lucifia les lèvres serrées.

La jeune fille ne répondit pas, mais lui adressa un sourire un peu forcé. Lucifia retourna à son livre nommé Les douceurs de la mort de Beatrice Tourdin.

_ C’est bien ton livre ? demanda Nina d’un souffle.

_ Mouais, pas mal.

Des chuchotements vinrent jusqu’aux oreilles de la jeune fille. Elle en perçut quelques-uns : « Je croyais qu’elles se haïssaient », « Elle a perdu la tête ou quoi ?! » mais celui que Nina entendit le mieux était de la bouche de Claire « Tu vois, Lucy, je t’avais dit qu’elle n’était pas nette ! ». En entendant cela, la jeune Gryffindor éclata de rire. Lucifia tourna la tête vers Nina et la regarda comme si elle était folle.

Nina se leva et cria à travers la Grande Salle :

_ Si t’as un problème, tu peux venir me voir Claire Peterson !

William se leva à son tour et alla dans la direction de sa demi-sœur. Claire fut pourtant plus rapide.

_ Ouais, j’ai un problème. T’as toujours été bizarre. Je me doutais bien que tu étais comme lui. La preuve, t’as vu tes fréquentations.

_ Quand tu dis « lui », tu parles de mon père non ?

_ Ouais.

_ Qu’est-ce que tu lui reproches ? demanda Nina en plissant les yeux comme dans les Westerns.

_ D’être un tueur.

William s’arrêta, Hélène poussa un petit cri en même temps que Lena, Alex demanda « qu’est-ce qu’elle a dit ? » à Daniel et Katie brisa le verre dans sa main. C’était comme si le temps dans la salle s’était arrêté. Tout le monde attendait la réaction de Nina. Le professeur Dumbledore se tenait prêt à protéger Claire. Pourtant, Nina s’assit de nouveau, souffla et déclara :

_ Penses ce que tu veux, on verra laquelle de nous deux finira le plus mal.

Un grand soulagement se fit sentir dans la Grande Salle et William reprit sa marche vers Nina.

_ Tu es dingue ? questionna-t-il lorsqu’il fut assez proche d’elle pour qu’elle puisse l’entendre.

_ Fatiguée, je pense. Je vais aller dans ma chambre. Dis à ma famille que je les verrai demain, avant leur départ.

_ D’accord, repose-toi bien p’tite sœur.

Nina sorti de la Grande Salle, mais ne prit pas la direction du dortoir. Elle alla vers le bureau du professeur Dumbledore. Une question lui brûlait les lèvres. Comme elle ne connaissait pas le mot de passe elle décida de l’attendre devant la statue. Il arriva une demi-heure plus tard et ne fut pas surpris de la voir là.

_ Cacahuètes sucrées, déclara-t-il.

La statue tourna et il monta les marches, suivi de Nina.

 

Dans le bureau se trouvaient pleins de choses. Les portraits des anciens directeurs d’Hogwarts, des babioles en tout genre, des chocolats, le vieux Choixpeau magique, Fawkes le phénix du directeur et des centaines de livres, d’objets, de fioles…

_ Qu’avais-tu à me dire ? demanda-t-il dans un français parfait qui étonna une nouvelle fois Nina.

_ Connaissez-vous mon père ?

_ Oui, il a été l’un de mes élèves.

_ Le pensez-vous capable de tuer son meilleur ami ? l’interrogea-t-elle les larmes aux yeux.

_ Non, mais certaines personnes font des choses sans s’en apercevoir.

_ Alors vous le pensez fou ? Vous pensez qu’il a tué James et Lily Potter ?

Le professeur Dumbledore ne répondit pas. Nina n’engagea pas de nouveau la conversation. Le directeur d’Hogwarts caressait son phénix tandis que Nina regardait le feu qui crépitait dans la cheminée.

_ Qu’avez-vous découvert ? reprit le professeur.

L’élève se demanda s’il savait qu’elle avait le don. Elle regarda ses yeux bleus qui se cachaient derrière les lunettes en demi-lune.

_ Professeur, commença-t-elle en ignorant la question qu’il venait de poser, je le crois innocent, victime d’une supercherie.

Elle serra la clé en or autour de son cou, étrangement elle était plus lourde qu’à son habitude et même un peu plus chaude. Nina s’excusa auprès de Dumbledore et couru à sa chambre. Elle monta les marches trois à trois, passa le portrait, ignora les personnes dans la salle commune, monta à sa chambre et ouvrit sa valise. Tout cela en gardant les doigts serrés autour de la clé. Au fond de la valise se trouvait la première lettre d’Alex et le miroir reflétant celui qui pensait à la personne qui le regardait. Elle voyait le reflet du même homme sale et maigre que la dernière fois. Au bout de quelques secondes il disparut et la chaleur de la clé aussi. Elle pensa d’abord à son père, mais l’homme des photos était bien différent de celui qui apparaissait.

_ Nina…, hésita la voix de Katie, ça va ?

_ Oui, répondit la jeune fille en souriant, est-ce que je peux te demander quelque chose ?

_ Bien sûr.

_ Très bien, fermes la porte s’il-te-plait.

Nina hésita quelques secondes et Katie l’observa d’un œil inquiet. Après une longue minute la jeune fille se décida et demanda si les visites étaient autorisées à Azkaban.

_ Quoi ?! s’indigna Katie.

_ Tu m’as très bien entendue… Alors on peut ?

_ J’en doute, ce n’est pas une simple prison. Il y a des détraqueurs !

_ Des quoi ?

_ Dé-tra-queurs, épela Katie, ce sont les gardiens d’Azkaban. Ils ont pour but de vider toutes personnes s’approchant d’eux du bonheur et des souvenirs joyeux qu’ils ont en eux. Il ne reste plus que de la tristesse et de la haine.

_ Mon père subit ça…, se chuchota Nina. J’irais à Azkaban le retrouver et le libérer.

_ Tu es folle ?! Tu y perdrais la vie et ton père aussi. Si ce n’est pas déjà le cas.

_ Il n’est pas mort, déclara-t-elle d’une voix déterminée.

_ Comment peux-tu en être aussi sûre ?

_ Je le sais, c’est tout.

_ N’y va pas, je t’en prie.

La jeune fille ne répondit pas.

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