Une nouvelle vie avec Severus Rogue

Chapitre 33 : Une nouvelle réalité

2200 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/09/2019 02:32

Nous arrivâmes à Sainte-Mangouste très tôt le samedi matin suivant, Severus et moi. Il était particulièrement nerveux aujourd’hui même s’il semblait l’être tous les jours depuis l’annonce faite près du lac. Il n’avait de cesse de me regarder quand il pensait que je ne le voyait pas, ressentant son lourd regard peser sur moi... quand je me retournais vers lui c’était pour lire en ses yeux un mélange de détresse et d’incertitudes avant qu’il ne regarde autre part. Il me touchait à peine, semblant presque m’éviter en dehors des cours en commun où il restait fixé sur le tableau sans sourciller. 


J’avais fini par lui demander de but en blanc comment interpréter son comportement pour le moins étrange, ce à quoi il m’avait répondu qu’il se sentait effrayé et désemparé premièrement par la crainte que les gènes peu paternels de son géniteur ne lui ait été légués et qu’il soit donc appelé à devenir un mauvais parent lui aussi; deuxièmement sur les risques inhérents à mon état présent et futur... une liste non exhaustive comprenant fausse-couche, hémorragie, malformation, prématurité, mort en couche, mort subite du nourrisson et j’en passe ! Je tentais tant bien que mal de le rassurer au possible, sans risquer de lui dévoiler plus que ce que je ne devrait... et finis par prendre un rendez-vous à l’hôpital pour sorciers. Nous traversâmes le parking en direction de l’entrée, encore un peu nauséeuse du transport en portoloin. Arrivés à l’accueil la secrétaire nous demande si nous sommes venus voir un parent, nous rappelant alors que les heures de visite ne commençaient qu’à partir de 14h... je lui dit que nous avions rendez-vous en gynécologie-obstétrique et elle nous dévisagea tout deux des pieds à la tête telle la grosse dame dans son tableau...


  • « Au fond, à droite, 3e étage puis sur votre gauche... » dit-elle, moue pincée.


Je la remerciait en prenant sur moi énormément; Severus, lui, fulminant à mes côtés d’être ainsi sondé par cette bonne femme, je tentais de le calmer autant que faire se peut! Arrivés dans le bon service, rebelote... une femme d’âge avancé nous toise du dessus de ses lunettes avant de demander : 


  • « Je peux vous aider les chéris? Si vous venez voir votre maman il faudra attendre pour les visites ! » je jetais rapidement un œil à Severus, lui posant une main apaisante sur le bras, que je sentais crispé au possible. Pourvu qu’elle ne continue pas sur cette voie-là sinon même moi ne saurais plus rien y faire !
  • « Bonjour Madame, nous avons rendez-vous avec le Doctor Tcho »
  • « Oh! Veuillez m’excusez, je suis confuse! C’est que vous me sembliez si... »
  • « Si jeune? Oui, je le suis... disons que c’est arrivé beaucoup plus tôt que prévu... » dis-je en regardant Severus du coin de l’œil, il avait croisé les bras sur sa poitrine mince et était plus sombre que jamais.
  • « Veuillez me suivre » dit-elle, plus gênée que nous au final.


Elle nous installa dans une petite salle d’attente dans le fond du couloir et prévint le médicomage de notre arrivée. Une dizaine de minutes plus tard, la doctoresse venait nous ouvrir la porte souriante et chaleureuse et nous entrâmes dans le bureau. A l’intérieur une table d’examen, des chaises, un banc, quelques affiches sur les grossesses, des fœtus en plastique à tout stade de leur développement et d’autres objets que je ne pris pas la peine de détailler nous entouraient. Nous nous essayâmes au bureau face à elle, répondant à quelques questions de bases telles que nos noms, date de naissance (elle tiqua quand même légèrement devant notre majorité nouvellement acquise ou peu s’en faut), date des dernières règles, ... puis nous nous déplaçâmes à côté où m’attendait la table d’examen, Severus à mes côtés, mâchoires serrées.


  • « Vous pouvez ôter le bas derrière le rideau la bas et revenir vous installer ici après » me dit-elle, apaisante puis devant la mine curieuse de Severus elle rajouta à son intention « si les calculs sont exacts votre bébé à 8 semaines, il doit avoir approximativement 2,8 cm. Je suis obligée pour le voir correctement de passer en intra-vaginal... à votre prochaine visite nous pourrons utiliser le dispositif trans-abdominal » sourit-elle, il lui répondit d’un hochement de tête et attendit que je revienne de derrière le paravent, cul nu et pas très à l’aise; heureusement que c’est une femme, je n’ose pas imaginer la scène qu’il aurait pu me faire en sortant mon jaloux !


Je m’étendis, fébrile, sur la table d’auscultation les jambes sur les étriers; gênée de devoir me mettre dans cette position devant lui et ce malgré nos multiples heures passées ensemble à se découvrir mutuellement. Il dû ressentir mon malaise (ou le lire en moi??!) car il détourna légèrement le regard, pudique et je l’en remerciais mentalement d’un sourire... Elle prépara son matériel, fort ressemblant à celui qu’auraient les moldus d’ici une vingtaine d’années :


  • « Détendez-vous cela ne fait pas mal mais cela peut être légèrement désagréable » me prévint-elle gentiment avant d’insérer la sonde entre mes jambes; je ris intérieurement... si elle savait !


Quelques secondes plus tard l’écran s’éclaircit et il apparut devant nous… semblant de crevette boulimique flottant dans un aquarium trop grand pour elle, balayant mes doutes quand je la vit remuer; cette microscopique merveille provenait de l’homme que j’aimait, comment pourrait-il en être autrement? Je tenta un oeil vers Severus qui quitta l’écran pour me regarder comme s’il me voyait pour la première fois… il prit ma main et me sourit, apaisant immédiatement mes peurs.


  • « Vous voulez entendre son coeur? »
  • « C’est possible ?? » demanda Severus, complètement captivé à présent.


La médicomage sourit devant son enthousiasme et poussa un bouton qui emplit alors la pièce d’un battement semblable à celui que feraient les sabots d’un cheval sur champs de course. Je sentit sa main se resserrer autour de la mienne.


  • « Il bat très vite » s’inquiéta-t-il auprès du médecin.
  • « C’est tout à fait normal à ce stade du développement » lui répondit-elle avec douceur.


Elle nous donna encore quelques (futiles) informations sur la grossesse, le suivi, … qu’étonnement il écouta avec une attention toute religieuse, posant ça et là des questions auxquelles je n’aurais même pas songé la première fois; ça y est la machine s’était lancée, je savais qu’il avait cela en lui, mon ténébreux serpent. Avant de partir elle nous remit une échographie semblable à celle que j’avais connue dans mon monde à la différence que celle-ci, enchantée, prenait vie sous nos yeux, bébé crevette s’agitant dans son bocal.


  • « Il serait possible d’en avoir deux exemplaires de plus s’il vous plait? » demanda-t-il en admirant le cliché dans sa main.
  • « Bien sûr, je vous fait ça de suite » dit-elle en allant récupérer les deux copies auprès de la machine puis en les enchantant « bébé devrait arriver pour le 6 octobre » nous précisa-t-elle en nous tendant les deux photos gigoteuses; nous la remerciâmes et sortîmes.
  • « Pourquoi tu as besoin de deux autres écho? » demandais-je, dubitative.
  • « Parce qu’il serait temps je pense d’avoir une discussion avec tes parents… » mon estomac se resserra à ce rappel à l’ordre.
  • « Et l’autre? » dis-je étonnée, il n’allait quand même pas pousser jusqu’à l’envoyer chez ses propres parents?!
  • « C’est pour moi ! » sourit-il en mettant l’enveloppe contenant les clichés dans la poche arrière de son jeans, gardant un exemplaire dans les mains pour le regarder en quittant le cabinet médical.


A la lumière de sa paternité nouvellement découverte il était complètement différent de tout ce qu’il m’avait montré de lui jusqu’à présent, il passa le reste de la route à plaisanter en rigolant, me taquinant comme un enfant dans la cour de récréation.

Comment autant de ténèbres pouvaient habiter avec autant de lumières dans le même être à ce point? Lui habituellement si sombre et secret était là devant moi rieur, souriant, les yeux pétillants autant que lorsqu’il était enfant au début de notre amitié un peu comme si un filet du diable s’était soudainement ouvert au jour pour en dévoiler la plus parfaite des fleurs colorées et parfumées. Il saisit mes hanches un peu avant d’arriver au portoloin, me tenant ainsi il m’embrassa amoureusement avant de nicher son visage dans mon cou et me serrer tout contre lui.


  • « Je t’aime » dit-il, faisant gonfler mon coeur un peu plus à chaque fois qu’il prononçait ces mots.
  • « Je t’aime aussi et plus que tout ! Bon allez, montres-moi la photo de mon fils maintenant » lui fis-je en tentant de subtiliser celle qu’il avait en main.
  • « Hey ! Premièrement c’est MA photo… » commença-t-il en levant un doigt pour faire le décompte « Deuxièmement c’est NOTRE bébé » il me mordilla alors le cou comme punition, me faisant me trémousser pour m’éloigner de son emprise chatouilleuse « Et troisièmement… qu’est-ce que tu en sais que c’est un garçon? Là pour la moment… c’est… un bébé strangulot » fit-il avec un semblant de larme d’attendrissement au coin de l’oeil; cette fois-ci je ne le reconnaissait plus, s’en était presque flippant… mais j’étais heureuse de voir qu’il était encore bien vivant sous sa carapace de méchant.
  • « Oui, NOTRE bébé strangulot et pour le fait que ça soit un garçon je dirais que c’est… une intuition féminine » lui répondis-je en me touchant le bout du nez avant de lui faire une grimace.
  • « Je ne sais pas pourquoi mais je… j’ai l’impression d’avoir avalé un philtre de bonne humeur, je suis encore hyper flippé mais… je te regarde toi, ton regard et je me dit que j’irais au bout du monde pour vous deux; quelles qu’en soient les conséquences ».


Il me pris fort contre lui et franchissant les derniers mètres qui nous séparait de notre transport, nous retournâmes à Poudlard, un peu plus légers. Une fois arrivés dans l’école il mit sa copie dans sa poche et me tendit l’enveloppe, ne me la cédant qu’après m’avoir rappelé une chose importante à faire sous peu :


  • « Il faut qu’ils sachent, plus tu attendras et plus la pilule sera difficile à avaler »
  • « Oui… je sais… mais »
  • « Mais quoi? Il ne vont pas te fermer la porte au nez, tu es leur fille unique non d’un croup que veux tu qu’ils fassent? Ils vont te faire la morale c’est chose certaine mais contrairement à moi tu n’as rien à craindre des tiens »
  • « Tu as raison, je survivrais… je survirais même à tout du moment que tu es là avec moi »
  • « Quoi? » demanda-t-il par précaution.
  • « On ira jusque chez eux ce week-end »
  • « On? », je le vit reperdre le semblant de couleur qu’il avait gagné sur le chemin du retour.
  • « Oh que oui Severus Rogue, vous venez avec ! » dis-je en riant.


Il finit par acquiescer de mauvaise grâce et après m’avoir discrètement embrassée dans un coin du hall, descendit dans les cachots tandis que je montais voir Lily pour lui montrer en cachette la petite merveilleuse globuleuse. Elle fut encore plus excitée que le jour de l’annonce surprise et fondit même en larmes…


  • « Euh… tu sais que normalement l’excès émotionnel c’est moi qui doit le subir hein? »
  • « Oui mais c’est trop beau, je suis tellement contente pour toi ! » cette douce Lily, souris-je.


Une heure plus tard j’étais sur le toit près de la volière pour y accrocher le mot rapidement écrit d’une main tremblante à la patte d’un hiboux impatient vers l’adresse de mes parents :


« Je viens vous rendre visite demain avec Severus, je vous aime, mille et un bisous. »

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