Non Déclaré

Chapitre 3 : Chapitre Trois

4370 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 18/12/2019 13:54

« Je ne comprends pas ce que vous me demandez, Potter. » McGonagall joignit ses mains et lança un regard confus à Harry.

« Est-ce que je peux passer les examens d’ASPIC en Potions sans suivre les cours de Potions de septième année ? essaya encore Harry.

— Comment pouvez-vous penser avoir la moindre chance de réussir l’examen sans avoir suivi les cours pour ? » Le ton employé par McGonagall supposait que la réponse était la chose la plus évidente au monde.

« Eh bien… » Harry gigota inconfortablement sur son siège. « Je sais qu’il y a des copies des anciens examens d’ASPICs à la bibliothèque, et je pourrai étudier par moi-même, et je suis sûr qu’Hermione pourra m’aider. » Il fit une pause. « Je pense que je pourrai au mois obtenir un Acceptable en étant autodidacte. »

McGonagall pinça ses lèvres. « Pourquoi ne voulez-vous pas suivre ce cours, Potter ? »

Harry grimaça.

« Est-ce que je peux passer l’examen sans suivre les cours ? tenta-t-il encore.

— Il est évident que vous ne détestez pas assez les potions pour ne pas vouloir suivre les cours, sinon vous ne voudriez pas non plus passer les examens. Vos amis suivront également le cours, donc le problème n’est pas là. Pourquoi êtes-vous aussi pressé de devenir un candidat libre ? » Harry avait l’impression qu’elle évitait délibérément de répondre à sa question. Il fixa ses genoux.

« Eh bien, commença-t-il. Je veux dire, vous savez ce que ressent le Professeur Snape pour moi. Vous avez vu la manière dont il me traite. » Son regard remonta vers McGonagall, dont les yeux étaient un peu plissés. « Je pensais que les choses seraient différentes maintenant, laissa échapper Harry. Je pensais qu’il pourrait être juste, en fait, maintenant que Voldemort n’est plus là, mais vous avez vu comment ça s’est passé ces quelques dernières semaines ! Et il ne veut même pas de moi dans sa classe. Je sais qu’il veut seulement prendre les élèves ayant reçu un Optimal à leur BUSEs. Je n’aurai même pas pu assister aux cours de sixième année s’il n’y avait pas eu Slughorn.

— Le professeur Snape devra enseigner à tous les élèves ayant été dans la classe de Slughorn pendant les deux dernières années, lui assura McGonagall. »

Harry savait qu’il ne pouvait pas dire qu’il savait déjà cela. « Mais ça ne changera pas la manière dont il me traitera, argumenta-t-il. Snape me hait, Professeur.

— Les professeurs ne haïssent pas leurs élèves, Potter, affirma McGonagall.

— Il ne me voit pas comme son élève, accusa Harry. Il me voit comme le fils de James Potter. Il haïssait mon père et il me hait. Il a perdu la moitié de sa vie à me protéger. Je n’aurai pas la moindre chance dans sa classe, implora Harry. Et vous le savez ! »

Le sourire de McGonagall se pinça jusqu’à ne plus former qu’une fine ligne.

« Il faut que vous suiviez ses cours, M. Potter. » Elle semblait résignée.

L’expression d’Harry s’assombrit. « Il le faut ? Vraiment ? Je dois le faire ?

— Si vous voulez passer l’examen, oui. Les examens des ASPICs sont seulement accessibles aux étudiants qui ont complétés deux années d’études en classe d’ASPICs. Il n’y a aucune exception à cette règle. » Il y avait un peu de pitié dans le regard que McGonagall posait sur lui.

Harry croisa les bras et soupira. « Ça n’a pas d’importance alors. Je ne réussirais jamais l’examen avec lui pour professeur. Je pourrai tout aussi bien ne pas suivre les cours. Ça m’épargnerait toujours une année de torture. »

McGonagall semblait subir les assauts d’un débat intérieur, tiraillée entre taire ou exprimer le fond de sa pensée. Finalement, elle se pencha légèrement en avant sur son fauteuil et dit : « Potter, j’aurai une discussion avec le Professeur Snape. Vous méritez d’avoir les mêmes chances que tout le monde de passer vos ASPICs. Avant de décider de laisse tomber le cours, laissez-moi voir ce que je peux faire.

— Génial, grogna Harry. Encore une autre raison pour qu’il me haïsse. Maintenant il va penser qu’il doit me donner un traitement de faveur. Avec tout le respect que je vous dois, Professeur, vous n’allez que faire empirer la situation. »

McGonagall soupira, elle était du même avis. « Je verrai quand même ce que je peux faire, promit-elle. »

Harry secoua la tête et leva les yeux au ciel de frustration. « Très bien. » Il haussa les épaules, « mais je m’en sortirai probablement mieux en laissant tomber le cours dès maintenant. Connaissant Snape, il va mettre en place une sorte de test dès le début de l’année et virer tous ceux qui échoueront. » Harry appâta délibérément McGonagall avec cette déclaration, puisqu’il savait qu’elle avait interdit à Snape de le faire.

« Non, opposa-t-elle. Je ne le lui permettrai certainement pas. Il devra conserver l’ensemble de ses étudiants jusqu’aux examens du premier semestre. Tous les étudiants qui n’obtiendront pas Efforts Exceptionnels à ces examens devront arrêter de suivre le cours. »

Harry hocha la tête. « Ce sera moi, alors. Autant m’épargner cette peine.

— Potter. » Elle semblait presque suppliante. « Donnez un peu plus de temps aux choses, s’il vous plaît. Ne gâchez pas votre avenir ainsi.

— Ce n’est pas vraiment comme si j’avais le choix, non ? demanda-t-il sombrement. »

McGonagall semblait abattue.

Harry se sentait coupable. « J’y penserai, lâcha-t-il. Je vous ferai savoir ma décision après mon retour de chez les Weasley. »

Elle hocha la tête. « Merci, Harry. »

Harry se leva pour partir.

« N’oubliez pas, nous travaillons sur le mur sud aujourd’hui. Nous nous retrouverons dehors après manger. »

Harry acquiesça en se tournant, et quitta le bureau.

Il était en train de descendre l’escalier de pierre quand il vit un chat d’un bleu argenté courir à côté de lui. Il reconnut immédiatement le patronus de McGonagall, et avait une sombre idée quant au destinataire du message. Il sortit la carte du Maraudeur et vérifia où Snape se trouvait. Sans surprise, il était dans son bureau, et quelques instants plus tard, son point commença à se déplacer et se dirigeait clairement vers Harry. Il fourra la carte dans sa poche et vérifia rapidement qu’il était bien seul, avant de se transforment en chat et de remonter doucement les marches jusqu’aux ombres du couloir, derrière la porte du bureau de la Directrice. Il savait qu’il devrait calculer son entrée avec précision, et il savait qu’il risquait de se faire prendre, mais il se dit que ça valait quand même le coup. Il se dit que, si Snape allait devenir encore plus insupportable avec lui, il ferait mieux de savoir ce qui avait été dit pour faire empirer la situation.

Comme il s’y attendait, il entendit Snape monter les marches, et plus il s’approchait de la porte du bureau, plus Harry retenait sa respiration. Snape frappa deux fois et la porte s’ouvrit pour lui. Il entra et Harry, rapide comme l’éclair, fonça derrière lui, plongeant sous le placard qui était juste à droite de la porte. Il entendit la porte se refermer derrière lui. Il resta caché sous le placard jusqu’à ce que Snape ait parcouru toute la distance jusqu’au bureau. Puis, Harry sortit sans bruit et crapahuta pour se rapprocher du bureau, longeant les murs et restant à couvert, hors de vue. Une fois qu’il fut sûr d’être assez proche pour pouvoir tout entendre, il se glissa sous un autre placard, tendit légèrement sa tête, et s’installa confortablement.

« Oui, Minerva ? fit Snape impatiemment.

— Prenez un siège, Severus. »

McGonagall fit un geste pour l’inviter à s’installer face à elle.

« Je préfèrerais rester debout, assura Snape. Si cette conversation pouvait trouver une fin rapide, il y a des affaires qui m’attendent. »

McGonagall pinça les lèvres et laissa s’échapper un souffle d’air par le nez.

« Oui, Severus, nous savons tous à quel point vous êtes occupé. Asseyez-vous. »

Sa voix ne laissa pas la place à la moindre discussion, et que ce soit parce qu'elle était la Directrice à présent ou bien parce que Snape avait vraiment un minimum de respect pour elle, il fit le tour de la chaise devant le bureau et s'assit.

« Je suis inquiète quant à votre réticence à enseigner aux élèves qui n'ont pas reçu un Optimal à leur examen de BUSE, Severus, commença-t-elle. »

Harry ne pouvait pas voir le visage de Snape, mais il pouvait assez bien imaginer que les sourcils de l'homme étaient certainement levés. Elle continua.

« Je suis inquiète car, puisque je vous laisse l'opportunité d'exclure les étudiants aux examens du premier semestre, vous pourriez y voir là une occasion à ne pas rater. J’ai peur que vous sabotiez délibérément les efforts des étudiants que vous ne jugez pas digne d’assister à votre cours, dans le but de pouvoir les en exclure définitivement.

— Cette accusation, cracha Severus d’une voix froide, est aussi offensante qu’absurde.

— L’est-elle vraiment ? défia-t-elle. Les rapports sur vos méthodes d’intimidation envers les élèves que vous voyez comme des cas désespérés, ou bien ceux que vous n’aimez tout simplement, pas sont plutôt conséquent. Et je suis sûr que pour couronner le tout, dès que vous endossez votre rôle de professeur, vous ne semblez pas pouvoir y voir autre chose qu’une parfaite invitation au favoritisme.

— Le fait que je ne couve pas les étudiants, Minerva, semble être pris par erreur pour une forme de malice. Je me montre toujours juste, continua Snape d’une voix hautaine.

— C’est faux, coupa Minerva, et vous le savez. J’ai vu la manière dont vous traitiez certains de vos élèves, Severus. Votre rancœur envers l’ensemble de la maison Gryffondor, par ailleurs, est légendaire.

— Oh, bien sûr, susurra Severus. Nous parlons de Potter, n’est-ce pas ? »

Harry se dit que McGonagall avait été plutôt transparente jusque-là. Et Maintenant, il savait que Snape allait lui en vouloir.

« Non, corrigea-t-elle. Nous parlons de tous ces étudiant qui s’attirent vos foudres –que ce soit justifié ou non. Par le passé, votre comportement pouvait se passer d’explication : il semblait nécessaire dans le climat général. Cependant, maintenant, cette excuse n’est plus valable. Bien qu’Albus vous ait donné une certaine marge de manœuvre quand il en était question, je ne fermerai plus les yeux sur les mauvais traitement évident que vous faites subir aux élèves que vous n’aimez pas. »

Le regard de Minerva fit un rapidement mouvement vers les genoux de Snape, et Harry pouvait s’imaginer que ses poings devaient être serrés à en avoir les articulations blanches.

« Je me permet également de vous rappeler, Severus, ajouta-t-elle d’une voix plus douce, que vous n’êtes pas obligé de rester ici en tant qu’enseignant.

— Je crois que nous avons déjà parlé de mes perspectives d’emplois limitées à l’extérieur de ce château.

— Eh bien, fit-elle avec les lèvres pincées, tant que vous serez ici, vous vous conduirez d’une manière que j’approuve.

— J’espère que vous n’attendez pas de moi que je sois gentil avec Potter ? »

On sentait que Snape se forçait à rester civil.

« Il ne s’agit pas seulement de Potter, insista-t-elle.

— Bien sûr que non, fit-il avec sarcasme.

— Mais non, je n’espère pas de vous que vous soyez “gentil” envers qui que ce soit. En revanche, j’attends que vous abordiez chacun de vos cours en gardant à l’esprit que tous vos élèves peuvent apprendre et réussir si on leur en donne l’opportunité. 

— Et comment pensez-vous expliquer ce changement brutal de ma personnalité ? objecta Snape.

— Je pense que la plupart penseront que, maintenant que Voldemort est parti, et que vous n’avez plus besoin de maintenir certaines apparences, vous vous êtes autorisé à agir en accord avec vous-même, répondit-elle avec confiance.

— Je ne suis pas sûr de pouvoir tromper tout le monde avec une telle facilité. » Son ton était légèrement moqueur.

« J’ai toute confiance en vos talents d’acteur, Severus. Vos pouvoirs de manipulation sont légendaires, affirma Minerva. »

Snape se leva. « Puis-je en conclure que notre discussion prend fin ?

— En effet. » Minerva acquiesça et se leva à son tour. « Et, Severus ? ajouta-t-elle.

— Quoi encore ? dit-il avec impatience.

— J’aimerai que ce changement d’attitude soit immédiat, fit-elle d’un air entendu.

— Oui, bien sûr, Potter. Comment ai-je pu oublier le fragile et merveilleux Golden Boy. Je vais m’assurer de ne pas offenser sa sensibilité délicate, fit-il d’un ton acerbe.

— Seulement auprès de lui, Severus. Vous êtes libre de le détester autant que vous le voulez en privé.

— Oh, si seulement vous saviez… » Sa voix dégoulinait de menaces.

« Allez, fit-elle en l’invitant à partir. Je vous verrai au déjeuner. »

Harry réalisa soudainement qu’il allait avoir besoin de se rapprocher davantage de la porte. Alors, il sortit le nez de sous sa cachette et pria pour ne pas être vu le temps qu’il lui faudrait pour atteindre le dessous du placard près de la porte. Snape avait dû fixer McGonagall pendant une seconde de plus, car il ne se retourna qu’une fois qu’Harry fut bien caché en sécurité. Le Maître de Potions marcha à grands pas jusqu’à la porte et l’ouvrit pour lui ; Snape partit, suivi silencieusement par Harry, qui ne fut pas vu. Il attendit que Snape ait disparu pour descendre les marches de pierre à son tour, et puis, vérifiant une nouvelle fois qu’il était bien seul, il reprit sa forme humaine. Il jeta un coup d’œil à sa montre et réalisa qu’il était l’heure du déjeuner, il fit donc son chemin jusqu’à la Grande Salle.


— O —


Harry avait tout juste commencé à jouer avec son dessert quand il entendit le bruit de bottes contre les dalles s’approchant et s’arrêtant derrière lui.

« Potter. » Il lui semblait que Snape faisait un gros effort en lui parlant, comme s’il lui fallait réunir toute son énergie pour que son ton ne trahisse pas la haine qu’il éprouvait pour lui. « Vous viendrez dans mon laboratoire cet après-midi pour m’aider au lieu de participer aux réparations du mur sud. Je vous y attends dans dix minutes. »

Sans même attendre de réponse, Snape partit à grandes enjambées, ses robes claquant derrière lui. Harry leva les yeux jusqu’à la grande table et croisa le regard de McGonagall, qui lui fit un signe de tête encourageant. Harry n’était pas sûr de savoir si elle avait suggéré cette idée à Snape ou bien s’il l’avait eu de lui-même, mais apparemment, le professeur semblait obéir aux ordres de la Directrice, et traiter Harry avec moins de dédain. Ne voulant pas tester les limites de Snape, Harry termina rapidement son plat et partit en direction des cachots.


— O —


« Entrez, aboya Snape quand Harry frappa à la porte. »

Il se glissa dans la pièce et zona au fond de la pièce.

« Bon sang, venez ici, Potter, ordonna durement Snape. Je n’ai pas toute la journée ! »

Harry enjamba les tables et les chaises dispersées en un enchevêtrement chaotique aux quatre coins de la pièce pour rejoindre Snape. Un fois qu’il se trouva face au bureau du professeur, ses yeux trouvèrent le sol et ne le quittèrent plus, alors que ses mains commençaient à gigoter.

« Vous allez me regarder quand je vous parle, M. Potter. » La voix de Snape fit lever les yeux à Harry. « Vous allez écouter attentivement ce que je vais dire, et vous n’allez pas m’interrompre. »

Harry hocha la tête, continuant à croiser le regard de Snape, mal à l’aise.

« On m’a donné l’ordre de traiter tous les étudiants avec… » Snape fit une pause, un rictus méprisant prenant place sur ses lèvres. « …équité. Et ceci sans prendre en compte mes sentiments envers certains de ces étudiants, insista Snape. »

Il y eut un instant de silence, mais Harry savait que Snape ne faisait cette pause que pour lui donner l’occasion de l’interrompre. Il préféra donc se taire.

« Dans ces conditions, continua-t-il en semblant faire d’énormes efforts pour rester civil, vous remarquerez sûrement que mon comportement envers vous est changé. Je vous assure que c’est dû uniquement aux ordres que j’ai reçu, et aucune autre raison. »

Harry n’était pas sûr que Snape en ait déjà terminé, donc il n’ajouta rien.

« Me suis-je bien fait comprendre, Potter ? » La bouche de Snape se tordit autour du nom de famille d’Harry comme s’il s’agissait d’une chose maléfique à prononcer.

Cette fois-ci, Harry ne put s’empêcher de répondre : « Vous me détestez toujours. Très bien. J’ai compris. »

Snape le fixa durement pendant quelques temps, auscultant son visage à la recherche de quelque chose, avant de se rassoir avec un petit soupir. « Vous allez m’aider à remettre la salle de classe en ordre aujourd’hui, Potter. Flitwick m’a assuré que vous étiez en mesure d’accomplir une tâche aussi simple. »

« Pourquoi est-ce que vous n’avez pas demandé à vos Serpentards de vous aider, monsieur ? demanda Harry sans réfléchir. » Il savait qu’il y avait trois élèves de Serpentards qui étaient resté au château pour l’été.

Snape retroussa ses lèvres avec dédain. « Mes Serpentards apportent leur aide pour des tâches qui requièrent un minimum de capacité, de talents dont vous êtes bien évidemment dépourvu. »

Harry se rembrunit avec indignation.

« On m’a ordonné d’être juste, mais on ne m’a pas interdit d’être honnête. » Le visage de Snape se tordit en une grimace diabolique.

Harry serra les poings. Il allait devoir aider Snape. Pendant toute l’après-midi. Et s’il ne terminait pas aujourd’hui, il était certain que l’homme lui demanderait de revenir le lendemain aussi. Il s’attendait à ce que McGonagall lui demande comment Snape le traitait quand il travaillait avec lui, et se douta donc que le professeur ne lui rendrait pas la vie trop dure pendant ce temps. Mais tout de même, il savait que peu importaient l’apparence que lui présentait Snape, la haine serait toujours là. Il le savait, et maintenant, Snape savait qu’il savait. À chaque fois qu’il lèverait les yeux sur Snape, il saurait que l’homme voudrait se moquer de lui. Chaque mot qui n’était pas fait pour blesser, chaque regard qui n’était pas noir ou furieux était faux. Derrière se cachait la plus intense répugnance. Comment s’il avait usé de Légilimencie pour lire l’esprit d’Harry, la bouche de Snape se tordit en un sourire féroce.

« Je vois que nous nous comprenons. » Snape se pencha en avant pour se saisir d’une plume. « Maintenant, mettez-vous au travail. »

Harry se détourna du bureau et observa la pièce. Il décida que le plus simple serait de commencer par remettre les tables et les chaises à leur place. Il commença par la table la plus proche de l’avant de la pièce et la traîna jusqu’à sa place légitime. Les pieds crissèrent contre le sol.

« Pour l’amour de Merlin ! grogna Snape. Vous avez l’âge légal pour pratiquer la magie, Potter ! Utilisez-la. Et j’espère que vous serez capable de travailler en silence. »

Harry lança un regard noir à Snape, mais celui-ci était déjà retourné à ce qu’il faisait, peu importe ce que c’était, à son bureau. Harry leva sa baguette et était sur le point de marmonner l’incantation pour remettre les chaises à leur place quand il se ravisa. Snape voulait du silence. Cela signifiait qu’Harry ne devait utiliser que de sortilèges informulés. Génial, pensa Harry. Il n’avait jamais été particulièrement bon pour ça, quand ils avaient commencé à les travailler en 6è année. Il se demanda si Snape s’en souvenait. Probablement. Il aurait besoin de se concentrer vraiment sur sa tâche, et ça lui prendrait sans doute juste un peu plus longtemps pour tout faire. Ce qui signifiait qu’il aurait probablement à revenir le lendemain. Merveilleux.


Harry avait travaillé pendant un bon moment. Il avait aligné de nouveau toutes les tables et les chaises, et tous les chaudrons étaient à présent nettoyés et de retour sur leurs étagères. Il avait passé en revu et réorganisé les ingrédients des étudiant, et s’apprêtait à réparer le matériel endommagé quand il entendit Snape s’éclaircir la gorge. Harry se retourna pour lui faire face.

« C’est assez, Potter. Allez vous laver avant le diner. » Snape s’était levé de son bureau et marchait vers le devant de la salle de classe.

« Euh, très bien. » Harry avança vers la porte à son tour. Une fois qu’il se trouva dans le couloir et que Snape l’eut rejoint, Harry le regarda étrangement et demanda : « Je reviendrais demain donc, pour finir ? »

Snape lui jeta un regard qui se passait de commentaire.

« Très bien, je serais de retour demain. » Harry n’attendit pas de réponse pour se retourner et se diriger vers la tour des Gryffondors. 


— O —


Sur le chemin de la Grande Salle, Harry rencontra le Professeur McGonagall.

« J’ai vu que le Professeur Snape vous avait demandé de l’aider à remettre sa salle de classe en ordre aujourd’hui, commença-t-elle. Comment est-ce que ça s’est passé ? »

Harry soupira. « Bien, fit-il honnêtement. Il m’a simplement ignoré. C’est déjà une grande amélioration, vous me direz, pour lui, ajouta-t-il rapidement. » La dernière chose qu’il voulait, c’était que McGonagall donne un nouveau sermon à Snape sur ses manières.

Le Professor lui donna un regard réprobateur. « Écoutez, je ne sais pas ce que vous lui avez dit, mentit Harry, mais il n’a rien fait pour me rabaisser ou quoi que ce soit. S’il continue à se comporter de cette manière, je me sentirai bien dans son cours. »

McGonagall ne semblait toujours pas convaincue, pourtant.

« Je retournerai avec lui demain pour terminer de mettre la salle en ordre, lui dit Harry. Si ça s’était mal passé, je vous aurais supplié de me sortir de cette situation, non ? »

Elle hocha brièvement du chef. « Donc, vous assisterez au cours de potions ? demanda-t-elle rhétoriquement.

— J’y serais, promit Harry.

— Très bien, concéda-t-elle. Je vous laisserai sur la liste des inscrits alors. »

Sur ces mots, ils étaient parvenus aux portes de la Grande Salle et y entrèrent. Harry leva les yeux vers la grande table et Snape s’y trouvait déjà. Harry vit son regard passer successivement de McGonagall à lui, et un air de fureur s’étendit sur ses traits. Harry se tourna vers McGonagall, qui lançait elle-même un regard plein de reproches à Snape. Quand le regard d’Harry se posa de nouveau sur la grande table, le visage de Snape était pâle et il fixait un point à l’autre bout du Hall, tout en sirotant son verre. Harry prit place à la table de Gryffondor, faisant de nouveau face à l’autre étudiante, mais elle semblait toujours être autant intimidée que lors de leur précédente rencontre, et leurs regards ne se croisèrent pas une seule fois de tout le repas.

Une fois qu’il eut terminé, Harry se leva pour quitter la Salle, il pensait à ce qu’il devrait faire le lendemain matin et laissa s’échapper un soupir de résignation. Il se dit qu’au moins, il n’avait plus qu’une semaine à tenir, après quoi il pourrait en passer deux au Terrier. Il risqua un regard vers la Grande Table et surprit le regard de Snape. Cependant, il était perplexe quant à l’expression qu’il voyait sur les traits l’homme, et qui était inidentifiable. Elle était là, juste pour une seconde, cependant, avant que le masque blanc et impassible ne reprenne sa place. Harry se détourna alors, et partit en direction de son dortoir.

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