Non Déclaré

Chapitre 4 : Chapitre Quatre

3801 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 20/12/2019 21:33

C'était la dernière nuit avant qu'Harry ne parte pour le Terrier. Il avait définitivement besoin de cette pause. Il se sentait comme un elfe de maison, à force d'aider à reconstruire le château et à remettre en ordre les salles de classes des professeurs. Harry cherchait également un endroit où il pourrait ne pas étudier, et en même temps, ne pas se sentir coupable de ne rien faire. Il savait qu'il serait assez occupé chez Ron. Et il était nerveux à l'idée de revoir Ginny. Il n'avait pas été en mesure du passer du temps seul, avec elle, après la fin de la bataille, avant que tout le monde ne parte, et il ne lui avait pas écrit une seule fois pendant l'été. Il ne savait pas ce qu'il pourrait dire. Il pouvait déjà imaginer Hermione, levant les yeux au ciel, et disant "les garçons…" avec son ton exaspéré habituel. Mais Harry savait qu'il n'avait jamais été bon pour les relations amoureuses. Cho avait été un désastre total, il n'y avait aucun doute là-dessus. Il avait déjà subi la colère de Ron une fois pour avoir rompu avec Ginny, avant qu'ils ne partent dans leur chasse aux Horcruxes. En fait, il n'était même pas vraiment sûr que lui et Ginny s'étaient remis ensemble. Elle l'avait embrassé une fois, avant qu'il ne parte, et puis encore une autre fois pendant la bataille, mais… est-ce que ça signifiait pour autant qu'ils étaient de nouveau en couple ? Tout ça le ramenait encore au fait qu'il ne lui avait pas écrit une seule fois. Mais vraiment, que pouvait-il dire dans une lettre qui ne sonnerait pas de manière totalement stupide ?

Chère Ginny,

Je sais que nous nous sommes embrassés une fois pour mon anniversaire, et puis une autre fois pendant la Bataille, mais je ne suis pas vraiment sûr que nous soyons un … Sommes-nous de nouveau un … maintenant ?

Salut,

Harry

Voilà. Avec ça, Hermione lèverait certainement les yeux au ciel.

Harry était donc agité. Il fixait le plafond dans le noir, la lune jetait des ombres sur ses couvertures (il n'avait plus besoin de fermer ses rideaux, plus depuis qu'il était seul dans le dortoir). Il décida d'aller faire un petit tour sous sa forme de chat, juste pour avoir quelque chose qui l'occuperait. Il était tellement agréable de pouvoir fureter sans avoir à se glisser sous cette cape d'invisibilité. Le seul inconvénient résidait dans le fait qu'il n'avait pas accès, ni à sa baguette, ni à sa carte du Maraudeur. Il se leva pour ouvrir la porte du dortoir, et puis, sans faire le moindre effort, il se changea en chat et partit.

La plupart des étudiants faisaient sans doute la supposition que le château était calme pendant la nuit. Ils se trompaient. Harry savait quelle était la vérité, cependant, depuis qu'il furetait dans le château sous sa cape d'invisibilité, depuis le tout premier Noël qu'il avait passé à Poudlard. Non seulement on pouvait croiser quelques professeurs dans les couloirs (leur arrivait-il de dormir, parfois ?), mais il y avait également des fantômes, qui semblaient ne pas se rendre compte du temps qui passait pendant une journée, et aussi les portraits. Les portraits étaient raisonnablement calmes pendant le jour. Ou du moins, en comparaison du brouhaha généré par les élèves en général, les portraits semblaient calmes. Mais pendant la nuit, ils papotaient ensemble, imperturbablement. Certains d'entre eux dormaient, bien sûr, mais beaucoup d'entre eux entretenaient des conversations insignifiantes avec qui que ce soit dans leur cadre, ou bien même voyageaient vers d'autres cadres pour aller se trouver un compagnon.

Harry avait donc flâné un peu partout dans les couloirs du château, il passait sous les cadres et pouvait entendre de petits bouts de conversations qui résonnaient avec force dans les couloirs déserts. Il ne put donc pas entendre les pas qui se rapprochaient de lui, dans son dos.

« Chat. » La voix de Snape semblait amusée. « On est sorti pour se faire une petite promenade de minuit ? »

Harry se retourna vivement pour regarder Snape. Il essaya de froncer les sourcils, mais il était presque sûr que les chats n'en étaient pas vraiment capables. Il ne voulait pas être trouvé par Snape, encore une fois. Maintenant, il savait qu'il devrait descendre avec le professeur jusqu'à ses appartements, puisqu'il comprenait que Snape serait méfiant si le chat qui était déjà venu chez lui deux fois s'enfuyait soudainement en le voyant. Et la dernière chose qu'il voulait, c'était d'attirer l'attention de Snape sur un détail qui pourrait sembler inhabituel.

« Rowrr, lui répondit Harry.

— Es-tu en quête de souris ? » Snape s'approcha d'Harry et s'accroupit, prenant la tête du chat dans ses mains et le massant derrière les oreilles, sur les joues et le cou. Harry sentit qu'il allait se mettre à ronronner mais ne put rien faire pour l'empêcher, et son corps se mit à vibrer à son insu. « Pourquoi est-ce que tu ne les laisserais pas à Miss Teigne, hmmm ? » Snape le souleva rapidement et commença à marcher. « Ne t'inquiète pas, fit-il avec un sourire malicieux, je te laisserai partir quand tu auras fini de manger. »

Harry se résigna à être coincé en compagnie de Snape, et ne se débattit pas. Non, au lieu de cela, il se trouva à reconnaître qu'il était étrange qu'il puisse sentir la chaleur de son corps rayonner à travers ses robes quand Snape le tenait contre lui. Et, bien qu'il marchait d'un pas vif, il n'était pas du tout inquiet à l'idée que Snape puisse le laisser tomber. Snape avait des mains sûres et fortes. Harry supposa que cela venait avec le fait d'être Maître de Potions.

« Tu peux me tenir compagnie pendant que je fais des corrections, expliqua Snape au Chat alors qu'ils tournaient au coin d'un couloir juste avant son bureau. »

Snape voulait de la compagnie. Snape avait kidnappé un chat errant pour lui tenir compagnie. Snape était bizarre.

Il posa Harry à terre aussitôt qu'ils eurent rejoint ses quartiers. Cette fois-ci, Harry ne partit pas se cacher sous quoique ce soit, mais suivit plutôt Snape jusqu'à la cuisine, où il attendit qu'on lui serve un plat de thon. Il s'assit et fixa Snape, sa queue battant l'air derrière lui. Une fois que l'odeur du thon parvint à son museau, il se lécha les babines inconsciemment.

« Tu es plutôt du genre impatient, Chat, non ? » Snape fit un sourire en coin à Harry. « Peut-être que tu n'es pas errant du tout. Tu es peut-être à l'un des étudiants qui reste ici pendant l'été. Tu ne serais pas aussi bien éduqué si tu étais un chat errant, non ? »

Et si je l'étais, hein, est-ce que tu me mettrais à la porte ? se demanda Harry. « Mrowr, lança-t-il plutôt à Snape. »

Le professeur emporta l'assiette de thon jusqu'au salon et, encore une fois, il la posa sur le canapé à côté de lui après s'être assis. Harry n'attendit pas plus longtemps avant de sauter sur le coussin et de commencer à manger. Snape invoqua silencieusement un magazine et fit apparaître ce que Harry pensait être un verre de vin avant de commencer à lire.

Tout à coup, les flammes de la cheminée prirent une teinte verte, lumineuse.

« Severus ? » Un visage apparut dans les flammes.

Snape se leva immédiatement et alla se pencher vers le foyer.

« Severus, es-tu là ? fit encore le visage.

— Oui.

— Puis-je venir ? J'ai besoin de parler de quelque chose avec toi, demanda l'homme (car Harry réalisait maintenant qu'il s'agissait d'une voix d'homme).

— Oui, oui, viens. » Snape se leva et épousseta les jambes de son pantalon tout en s'écartant pour faire de la place à celui qui allait les rejoindre par cheminette.

Harry faillit s'étouffer sur une bouchée de thon quand il vit Lucius Malfoy faire un pas hors du foyer, posant le pied sur la carpette.

« Merci, fit Lucius tout en époussetant la suie de ses épaules. »

Snape hocha la tête avant de se rasseoir à côté d'Harry. Lucius n'attendit pas d'invitation avant de s'installer gracieusement dans le fauteuil qui leur faisait face. Un sourire malicieux apparut sur ses traits.

« Je ne savais pas que tu avais un chat, Severus… » Lucius rencontra le regard d'Harry, qui combattait en son for intérieur pour ne pas lui sauter dessus et lui griffer les yeux.

Snape baissa les yeux sur le Chat. « Il n'est pas vraiment à moi. Un chat errant qui vient de la forêt. Il vient manger de temps en temps.

— Comment il s'appelle ? »

Snape fixa Harry pendant quelques temps, pensivement. « Je ne suis pas sûr, médita-t-il. Je suppose que je pourrais l'appeler "Celui-Qui-N'a-Pas-Encore-De-Nom."* »

Lucius ricana. « Il est noir, tu pourrais l'appeler Le Seigneur des Ténèbres.

— Je l'appelle simplement Chat, répondit Snape en ricanant.

— Oui, eh bien, assez de ton chat. » Lucius croisa les jambes avec élégance. Harry comprit que peu importait les actions d'un Malfoy, il restait élégant en toute circonstance. Lucius pouvait très certainement se décrotter le nez et faire passer cela pour un geste royal. « Il se trouve que je fais face à un dilemme, commença-t-il. Et je pense que tu pourrais sans doute m'aider. »

Snape haussa un sourcil.

« Comme tu peux le savoir… commença Lucius. » Il semblait être un tantinet inconfortable. Harry comprit que demander de l'aide était probablement dans le top 10 des choses humiliantes à faire pour un Malfoy. « …parmi les termes de, Lucius se racla la gorge, ma petite négociation... »

Snape fit un petit grognement tout en croisant les bras.

« ...Mes licences ont été révoquées. J'ai besoin de les faire rétablir. Si je ne peux plus faire d'affaires, alors mon entreprise va faire banqueroute d'ici la fin de l'année. » Lucius semblait être malade en lâchant ces derniers mots.

« Je ne parviens pas à voir comment je pourrais t'aider, Lucius, fit platement Snape.

— J'ai besoin de quelqu'un qui puisse influencer le nouveau Ministère afin qu'il reconsidère ces termes particuliers de notre accord, expliqua Lucius.

— J'ai bien peur que tu ne surestimes mon influence, mon ami. » Le Maître des Potions avait un faible sourire. « Il y en a peu au-delà du petit cercle de l'Ordre du Phénix qui écouteraient mes arguments demandant l'indulgence pour un Mangemort. »

La main de Lucius se serra fermement sur le pommeau de sa canne. Harry se demanda s'il était parvenu à y attacher de nouveau sa baguette.

« Shacklebolt était un membre de l'Ordre, non ? maintint Lucius.

— Il l'était, affirma Snape, mais je doute qu'il serait ouvert à l'idée de changer ce genre de termes pour le Mangemort qui a hébergé le Seigneur de Ténèbres pendant plusieurs moins avant la bataille finale. »

Lucius écumait de rage.

« Pour tout dire, continua Snape, j'avais l'impression que cette liberté conditionnelle en elle-même était déjà une indulgence de la cour. Ta peine n'était-elle pas à l'origine de cinq ans à Azkaban ?

— Oui, siffla Lucius, mais quel bien y a-t-il à être hors d'Azkaban, si je ne peux pas continuer mes affaires ? Mes licences ne pourront pas m'être remises avant deux ans ! Je n'aurais aucune source de revenus pendant ce temps !

— Tu peux trouver quelqu'un d'autre pour obtenir ces licences et faire tourner ton entreprise à ta place pendant que tu purges ta peine, suggéra Severus en haussant les épaules.

— Qui pourrait vouloir prendre la tête d'une entreprise aussi lucrative pour seulement deux années, avant de tout laisser tomber ? » On comprenait que l'idée évoquée par Severus était la chose la plus ridicule qu'ai jamais entendu Lucius Malfoy.

« Je suis sûr que tu pourrais trouver quelqu'un, fit placidement Snape. Je suis sûr qu'il y a bien des relations au Ministère qui pourrait faire jouer quelques faveurs pour toi ? »

Lucius posa un regard appuyé sur Snape, et le professeur secoua la tête avec dérision, et laissa presque s'échapper un rire.

« Pas moi, Lucius, protesta-t-il. Je ne vois aucun intérêt à me mêler de tes affaires.

— Severus ! » Lucius ne semblait pas être un habitué du rejet. Harry devait admettre qu'il n'était pas surpris. « Tu… grogna-t-il.

— Je ne te dois rien, l'interrompit Snape. J'ai témoigné en faveur de ta famille seulement pour vous épargner la prison à tous les trois. Ce seul fait a recouvert toutes les dettes qu'il pouvait y avoir entre nous, peu importe ce dont il s'agissait. »

Lucius lui jeta un regard noir. « Pense à Draco, essaya-t-il finalement. S'il ne peut pas travailler pour moi, il n'aura nulle part où aller après avoir terminé sa dernière année à Poudlard.

— Draco saura s'en tirer, j'en suis sûr. » Snape ne semblait pas inquiet le moins du monde. « Il a toujours été plein de ressources.

— Et Narcissa ? Et son confort ? » Lucius essaya de ne pas paraître trop désespéré.

« Il ne me semble pas que le Magenmagot lui ait interdit de travailler. » Snape croisa les jambes, s'adossant de nouveau contre le canapé.

Les sourcils de Lucius montèrent jusqu'au plafond. « Narcissa ? Travailler ? As-tu perdu l'esprit ?

— C'est une sorcière intelligente. » Snape semblait affirmer un fait que Lucius ignorait totalement. « Et sa réputation n'est pas aussi ternie que la tienne, ou bien celle de Draco. Elle pourrait trouver quelqu'un qui voudrait l'employer. »

Lucius fulmina pendant quelques instants. « Je m'attendais à mieux de toi, Severus.

— Je ne sais vraiment pas pourquoi, répondit-il d'une voix traînante. Tu as été parfaitement clair quant à la nature de notre amitié après avoir découvert le Serment que nous avions fait avec Narcissa.

— Tu n'avais pas besoin d'interférer ! chuchota furieusement Lucius.

— Je pense que si, opposa Severus. Lucius, avec tout le respect que j'ai pour la relation que nous avons entretenu pendant ces dernières décennies, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous garder, toi, ton fils et ta femme en dehors d'Azkaban. J'espère que nous resterons amis dans les années qui viennent. Mais tu te trompes si tu penses que ma position –ou bien même que je– puisse toujours être manipulé pour servir tes ambitions. Je suis convaincu que tu vas parvenir à retomber sur tes pieds. »

Lucius semblait être fou de rage. Les deux hommes gardèrent le silence pendant encore quelques instants, jusqu'à ce que Lucius ne reprenne enfin son calme.

« Je vois. Eh bien, Severus, est-ce que tu penses que tu pourrais au moins garder un œil sur Draco cette année ? Je ne peux qu'imaginer ce à quoi il va devoir faire face en revenant ici. Devoir se retrouver de nouveau avec Potter ne manquera pas de mettre à l'épreuve sa retenue, sans même mentionner les autres étudiants qui vont sans doute lui en vouloir. »

À la mention de son nom, Harry sentit Snape se tendre un peu.

« Je suis sûr que Draco n'aura aucun mal à s'occuper de Potter, ou bien même des autres étudiants. Mais oui, je vais garder un œil sur lui, accepta Snape. »

Lucius hocha la tête. « Je vais rentrer, alors. »

Snape se leva, et Lucius le suivit. Il s'avança jusqu'à la cheminée et prit une poignée de poudre de cheminette. Il examina Snape du regard et Snape lui répondit par un sourire pincé. Puis Lucius lança la poudre dans l'âtre, et l'instant d'après il était parti.

Snape poussa un profond soupir avant de se retourner vers Harry. « Tu n'aimes pas le thon ? » Il fit un signe de tête vers le plat à peine entamé.

Harry avait été tellement captivé par la conversation qu'il en avait oublié de manger. Il ne voulait pas que Snape soit soupçonneux, alors il se tourna de nouveau vers le poisson et manga avidement ce qu'il restait. Il n'arrivait pas à croire que Snape se comportait de cette manière envers Lucius ! Il s'était attendu à ce qu'ils soient de très bons amis. Il pensait que Snape serait prêt à aider Lucius peu importe ce qu'il demandait. Il ne pouvait tout simplement pas croire que Snape venait tout juste de dire qu'il lui importait peu que la famille Malfoy puisse perdre sa fortune. Bien sûr, il avait dit qu'il continuerait à faire attention à Draco. Ça ne surprenait pas Harry le moins du monde. Il savait que McGonagall avait ordonné à Snape d'être juste, mais il était sûr que Snape pourrait toujours trouver un moyen de favoriser Malfoy. Il ne doutait pas que Malfoy pourrait s'en tirer sans être inquiété s'il raillait Harry, le persécutait et s'en prenait à son travail. Harry grimaça à cette pensée.

Il observa l'assiette vide en face de lui alors qu'elle disparaissait, et puis il entendit un clank provenant de la cuisine.

Snape ne retourna pas sur le canapé, cependant, et se dirigea plutôt vers la porte menant à son bureau. Il n'invita pas Harry à le suivre, mais il laissa tout de même la porte ouverte derrière lui. Bientôt, Harry pu entendre de la musique classique douce venant du bureau et il sauta à bas du canapé pour se diriger vers Snape et voir ce qu'il faisait.

Le professeur était installé à son bureau, adossé contre sa chaise. Il avait son verre de vin dans une main, et le faisait tourner doucement. Son autre main reposait contre l'accoudoir de la chaise. Ses yeux étaient fermés et sa tête reposait contre le dossier. Il prit une grande inspiration avant de soupirer à nouveau.

Harry se contentait de le regarder, il se sentait confus. C'était comme s'il y avait deux Snape. Il ne comprenait pas comment une personne pouvait avoir deux personnalités aussi distinctes. Il savait que Snape était un bon acteur ; il avait pu tromper Voldemort au point qu'il ait cru en sa loyauté, mais Harry avait toujours suspecté que Voldemort (et qui que ce soit que Snape connaisse) voyait le même Snape qu'Harry avait pu voir depuis le premier jour où il avait fait sa rencontre, le premier septembre 1991. Mais ce Snape –le Snape que Chat pouvait voir– était une personne entièrement différente. Il n'avait pas cet air renfrogné, il n'insultait pas, il ne ridiculisait personne. Il était détendu. Il était drôle. Il caressait, nourrissait et s'occupait de chats. Et cela énervait Harry. Snape était capable d'être civil. Il était tout à fait en mesure d'être gentil. Il restait sarcastique, c'était sûr, mais il pouvait vivre sans être ni méchant, ni cruel. Et maintenant que la guerre avait pris fin, maintenant que Snape n'avait plus besoin de prétendre qu'il était loyal envers Voldemort, il n'y avait plus aucune raison pour qu'il endosse à nouveau son rôle de connard fini contre qui que ce soit. À moins que Snape appartienne de base à cette catégorie de connard, et qu'il ait tout simplement la volonté de rendre la vie de qui que ce soit qu'il n'aime pas complètement misérable. Et malheureusement, Harry savait que Snape était exactement ce genre de connard.

Harry quitta sa rêverie quand Snape se pencha vers l'avant et posa son verre de vin sur son bureau. Il se saisit d'une plume et se pencha sur ses documents, commençant à griffonner des corrections sur le papier en face de lui. Curieux de ce qu'il était en train de faire, Harry contourna le bureau et sauta dessus. Snape leva les yeux sur lui, et sourit avant de se baisser de nouveau et de continuer à travailler. Harry se tordit le cou pour regarder par-dessus son épaule et voir ce qu'il y avait sur le papier. On aurait dit des recettes de potions. Il regarda les notes que Snape faisait. Et Harry remarqua que c'étaient les mêmes notes que celles qui étaient inscrites dans le manuel du Prince de Sang-Mêlé. Le manuel de Snape. Le potionniste était en train de réviser ces recettes de potions en se basant sur les ajustements qu'il avait pu faire lorsqu'il était plus jeune. Pourquoi ? Snape avait sûrement mémorisé tout cela maintenant. Il devait probablement faire chacune de ces potions au moins une fois par semaine. Pourquoi aurait-il besoin d'écrire ces notes ?

« Rowrr ? » Harry posa une patte sur le papier.

« Je fais juste une relecture de mon travail, Chat, lui expliqua Snape. » Il posa la plume et croisa les mains sur son bureau, tout en regardant sérieusement Harry dans les yeux. « Peut-être que maintenant que ma réputation est blanchie, quelqu'un pourrait être intéressé à l'idée de publier mon travail. »

Harry était sûr que s'il avait été lui-même, il serait resté bouche bée au point que son menton en vienne à rencontrer le sol. Dans la situation présente, il se lécha simplement les lèvres.

« C'est probablement ridicule, je sais. » Snape fit un signe de tête. « Tu le lirais, toi, n'est-ce pas ? Chat ? » Ses mains serpentèrent vers lui et commencèrent à le grattouiller derrière les oreilles. Harry se pressa instinctivement contre la caresse. Ce n'était pas comme s'il voulait que Snape le câline. Ce n'était pas comme s'il aimait ça. Ou du moins, Chat-Harry aimait cela, mais Harry-Harry n'aimait définitivement pas ça. « Eh bien, quoi qu'il advienne, tu garderas mon secret. » Snape fit un petit sourire, fier de lui et arrêta de caresser Harry. « Bien sûr, tu es libre d'en parler à tous tes amis, accepta-t-il. Mais juste les chats, corrigea-t-il. Je ne tiens pas à ce que tu répandes mes secrets parmi toutes les espèces.

Les battements du cœur d'Harry s'accélérèrent. Allait-il garder les secrets de Snape ? Ce n'était pas comme s'il avait vraiment le choix. Il ne pouvait pas en parler à qui que ce soit sans avoir à expliquer comment il avait pu découvrir ces choses sur son professeur. Il devait garder les secrets de Snape, parce qu'il avait les siens à protéger.


* Le nom que Severus donne au Chat (Celui-Qui-N'a-Pas-Encore-De-Nom ici, He-Who-Has-Not-Yet-Been-Named dans la version originale) est une référence à l'une des fanfictions préférée de l'auteur, A Grim Old Cat de . Elle est également disponible en français, sous le même titre, par baobabB612 (oui, c'est aussi une fanfiction que j'aime beaucoup). L'auteur explique dans sa note qu'elle n'a jamais rien lu de plus drôle dans une fanfiction que ce jeu de mot, et qu'elle devait l'utiliser, mais sans pour autant omettre qu'il n'était pas d'elle. Vous en avez donc la référence.

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