Non Déclaré

Chapitre 6 : Chapitre Six

7428 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 21/12/2019 12:14

Harry était triste de voir que ses vacances au Terrier allaient prendre fin. Cet interlude avait été plutôt relaxant pour lui, et il était content de pouvoir passer plus de temps avec ses amis sans avoir à subir la pression constante de l'école en arrière-plan. Il était d'autant plus agréable qu'aucun fou furieux n'était à sa recherche pour tenter de l'assassiner, Harry était bien content que cette épée de Damoclès ait cessé de planer au-dessus de sa tête. Les choses étaient encore un peu incertaines avec Ginny, mais elle était très patiente. Il se demandait si Hermione lui avait parlé. Probablement.

McGonagall lui avait envoyé un hibou, lui donnant pour instruction de transplaner à Pré-au-Lard, avant de marcher jusqu'aux grilles du château où un professeur l'attendrait pour l'escorter à travers le parc. Il avait donc préparé ses affaires et était prêt à partir, et il savait que, de toutes manières, sa malle serait envoyée à Poudlard peu de temps après son arrivée. Il dit au revoir à tout le monde, et après avoir refusé, encore une fois, une autre part de gâteau de la part de Mme Weasley, il disparut de la pelouse pour traverser le tube pressurisé que lui donnait la sensation de transplaner.

Harry atterrit sans aucune grâce, mais sur ses pieds, et jeta un coup d'œil autour de lui sur un Pré-au-Lard déserté. Il ne pouvait pas s'empêcher de se souvenir que la dernière fois qu'il avait transplané ici, c'était juste quelques heures avant qu'il ne meure. Il se dit qu'il pourrait faire une halte à la Tête de Sanglier, pour dire bonjour à Abelforth, mais il pensa que ça pourrait peut-être faire beaucoup, alors il décida de s'abstenir.

Il jeta un coup d'œil à sa montre et remarqua qu'il était en retard de quelques minutes, d'après ce que la lettre de McGonagall lui avait indiqué, et il se dépêcha donc de traverser le village pour emprunter la route qui le mènerait au château. Alors qu'il marchait vers la grande porte, il ressentit cette sensation de chaleur familière tout autour de lui. Il était à la maison. Même s'il n'avait pas été complètement enthousiaste à l'idée de rester à l'école pendant tout l'été, il ne pouvait pas nier le soulagement qu'il ressentait à l'idée d'y retourner après avoir passé seulement deux semaines au Terrier.

Son sourire niais disparut instantanément de son visage, cependant, quand il reconnut la silhouette qui l'attendait devant les portes du parc.

« Monsieur Potter. » Snape baissa les yeux depuis les hauteurs de son nez proéminent sur Harry. « Comme c'est généreux de votre part d'arriver à l'heure afin que ceux d'entre nous qui n'ont pas toute leur journée à perdre, n'aient pas à vous attendre. » Snape avait croisé les bras sur son torse. « Oh, attendez… » Il lui lança un regard assassin. « Vous êtes en retard. Que je suis bête d'oublier que le monde entier tourne autour de Potter et de son emploi du temps personnel. »

Harry serra les dents, déterminé à ne pas rentrer dans cette joute verbale avec Snape. « Je suis désolé, monsieur, lâcha-t-il.

— Oui, j'en suis sûr. » Snape tourna les talons et fit un geste de sa baguette vers les grilles, qui s'ouvrirent pour eux. « Suivez-moi, commanda-t-il en traversant l'entrée à grandes enjambées. Vous allez pouvoir rattraper votre retard en m'assistant aujourd'hui. Les réparations sur le château sont presque terminées. »

Harry leva les yeux au ciel. Merveilleux. Passer encore plus de temps avec Snape. S'il ne savait pas à quel point l'homme pouvait le détester, il penserait qu'il se cherchait des prétextes pour passer plus de temps en sa compagnie. Il se retint de lâcher un petit rire amer à cette idée.

« Et Gryffondor perd cinq points pour avoir roulé des yeux avec mépris, Monsieur Potter, fit Snape d'une voix sèche. »

Harry dût faire appel à toutes ses forces pour contenir sa colère.

Il suivit Snape jusque dans les cachots, puis jusqu'à la salle de cours de Potions.

« Vous allez pouvoir reprendre là où vous vous étiez interrompu, lui ordonna Snape. Veuillez réparer le matériel correctement. »

Harry répondit par un simple hochement de la tête.

« Et silencieusement, asséna Snape. »

Harry ne répondit pas au professeur cette fois-ci, mais jeta plutôt un coup d'œil autour de la salle pour décider par où il devrait commencer. Il s'avança finalement vers une table qui semblait crouler sous ce qui semblait être des brûleurs cassés, des tubes à essai, et d'autres morceaux divers. Il vit que Snape s'était dirigé vers son bureau et s'y était assis. Harry continua à lui lancer des coups d'œil de temps à autre. Snape avait pris une plume et inscrivait des notes sur les papiers qui lui faisaient face. Sachant que ça ne pouvait pas déjà être des copies à noter, Harry comprit qu'il travaillait toujours sur l'édition de ses recettes de potions, en vue de les publier. Et puis finalement, Harry ne parvint plus à résister davantage. Il céda à sa curiosité.

« Sur quoi travaillez-vous, monsieur ? demanda-t-il. » Il était occupé à ranger la fiole qu'il venait tout juste de réparer, sur sa droite.

Snape leva la tête avec une telle rapidité que c'en était presque comique. Son regard flamboyait, mais son visage restait de marbre. Il plissa les yeux suspicieusement.

« Ce ne sont pas vos affaires, Potter, cingla-t-il.

— Désolé monsieur. » Harry baissa les yeux vers les débris qui restaient sur la table. « Je voulais juste… » Il secoua la tête. « Désolé. »

Il ne savait pas comment expliquer pourquoi il était intéressé par ce que Snape faisait. Il ne parvenait tout simplement plus à assimiler ce qu'il savait des deux Snape. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il pourrait, peut-être, d'une manière ou d'une autre, un jour, faire en sorte que le Snape qu'il avait appris à connaître en tant que Chat soit également le Snape qu'il verrait en tant qu'Harry. Plutôt que cet homme avec qui il était perpétuellement en guerre. Harry était aux prises avec cette idée. Il ne comprenait plus ce qu'il pouvait ressentir pour Snape. Il avait tout simplement tellement de respect pour cet homme ; Harry pensait qu'il ne pouvait pas en être autrement. Snape avait accompli tellement de choses, il était si courageux. Il méritait vraiment le respect de n'importe qui. Et Harry sentait qu'il comprenait un peu ce que Snape avait traversé dans sa vie, ce que c'était que d'avoir une famille pas vraiment effusive, qui ne lui donnait pas l'impression d'être aimé. Il comprenait la solitude dans laquelle Snape avait dû vivre. Harry s'était senti seul pendant presque la totalité de sa vie, d'une manière ou d'une autre. Donc, il pouvait le comprendre, et comprendre aussi ce qu'il avait vécu, par empathie. Il ne parvenait pas compatir avec lui, et il doutait que Snape puisse vouloir de sa pitié. Mais il comprenait. Et puis, il y avait toujours la haine. La haine contre Snape pour l'avoir traité comme il l'avait fait — encore plus à présent. Il voulait confronter Snape, lui demander des explications pour la manière dont il se conduisait quand il était là. Mais il savait qu'il ne le pouvait pas. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de continuer à lui montrer autant de respect qu'il le pouvait, et espérer qu'un jour, Snape puisse le lui rendre. Mais il ne plaçait pas beaucoup d'espoir là-dessus.

« J'ai… » Harry leva les yeux vers Snape pour obtenir son attention après tout le temps qui s'était écoulé. « Je pense que j'ai terminé, monsieur. »

Snape s'arrêta d'écrire et considéra le travail accompli par Harry. « Très bien, Potter. Vous pouvez partir.

— Je… Est-ce que je devrais… hésita Harry. Est-ce que je devrais revenir demain, monsieur ? »

Snape le fixa comme si tout ce qu'il voulait, c'était sauter de sa chaise pour se jeter sur Harry et le foutre dehors par la force. Ses narines se dilatèrentet ses articulations blanchirent. « Si j'ai besoin de votre assistance, lâcha-t-il d'une voix doucereuse, je vous le ferais savoir. »

Harry baissa les yeux vers le sol. « D'accord. Très bien. Au revoir, monsieur. » Quand il leva de nouveau la tête, Snape était retourné à ses notes et ne faisait déjà plus attention à lui, alors Harry partit et se dirigea vers la grande salle pour le déjeuner.

— O —

Avec les réparations du château presque terminées, Harry n'avait plus vraiment autre chose à faire qu'étudier. Il avait passé pas mal de temps à voler, obtenant même la permission de Madame Bibine de relâcher un vif d'or pour s'entraîner. Il n'était pas sûr d'être autorisé à jouer dans l'équipe de Gryffondor pour l'année à venir, puisqu'il n'était techniquement plus en septième année. Il pourrait toujours demander plus tard, mais il ne voulait pas passer ce qui lui restait de vacances d'été à déprimer parce que ses jours de joueur de Quidditch étaient terminés.

Le dernier jour avant que l'année ne commence, Harry s'était installé près du lac, et s'ennuyait tellement qu'il décida d'aller faire un peu d'exploration sous sa forme de chat. Il n'avait pas pour habitude de se transformer pendant la journée, mais il n'y avait rien à craindre à aller jouer un peu dans la forêt — en restant à la lisière, bien sûr — sans s'attirer d'ennuis. Il espérait que Crockdur ne serait pas dans le coin pour lui courir après.

Harry se métamorphosa en chat et trotta tranquillement en direction de la Forêt Interdite. Alors même qu'il descendait de la butte, il remarqua une sombre silhouette qui se dirigeait vers les serres de botanique. Il était curieux de ce que Snape allait y faire, et accéléra pour le rattraper. Il ne fut pas assez rapide, cependant, et le professeur arriva à l'intérieur de la serre et en ferma la porte avant qu'Harry n'ait pu le suivre à l'intérieur.

Le chat fit le tour de la serre, à la recherche d'une fenêtre ouverte par laquelle il pourrait sauter à l'intérieur. Il en trouva finalement une assez grande pour qu'il pense pouvoir passer au travers, et s'élança dans les airs, ses pattes avant s'agrippant au rebord intérieur, mais ses pattes arrière glissant toujours contre l'extérieur. Il se démena pendant un moment jusqu'à ce qu'il parvienne à prendre pied, puis il sauta sur la table la plus proche et jeta un regard autour de lui. Il vit Snape, penché sur l'une des pantes, et il pouvait entendre le bruit d'un sécateur qu'on actionnait. Il saut à bas de la table et s'approcha de là où le professeur se trouvait.

Il réalisa qu'il était trop proche de Snape quand celui-ci fit un pas en arrière et manqua lui marcher dessus. Harry recula, mais rentra dans la table qui était derrière lui, sa queue se frottant au passage contre une plante. L'instant d'après, une tige s'était enroulée autour de sa queue et commençait à le soulever dans les airs.

« Rowrrr ! cria-t-il tout en se démenant pour échapper à la prise de la plante. »

Snape se retourna et rit légèrement. « Chat… » Il se baissa et libéra Harry. « Tu ne devrais pas être ici. Il y a quelques plantes qui voudraient bien faire de toi leur casse-croûte, tu sais ? »

Harry renifla dédaigneusement et commença à se lécher les pattes.

« Alors comme ça, tu as réussi à trouver ton chemin pour sortir du château, hein ? » Snape lui fit un sourire malicieux et se baissa pour couper un nouvel échantillon. « Tu dois sûrement être attendu par une Mme Chat quelque part dans la forêt… Il doit même y en avoir tout un gang. » Snape déposa la plante dans un petit panier qui pendait à son bras.

« Mrowr, nia Harry.

— Eh bien, je suis désolé, mais je ne crois pas que tu puisses m'être d'une grande aide, se lamenta Snape. Les stocks ne vont pas se refaire tout seuls.

— Rowr, miaula de nouveau Harry.

— Je sais, j'aurais pu lui demander de venir, mais qui sait ce qu'il aurait bien pu prendre pour moi, hein ? J'aurais probablement fini avec deux fois plus de travail au final. Et puis, il serait là. Et j'aurais à essayer de l'ignorer, à faire comme s'il ne me… » Snape laissa les mots se perdre, tenant une tige entre ses doigts et son pouce, la fixant. « Eh bien, de toute manière, j'imagine que je m'en sors bien mieux en faisant les choses moi-même. »

Est-ce que Snape parlait d'Harry ? Ça y ressemblait. Bien sûr, Snape ne lui aurait pas demandé de venir l'aider à refaire les stocks d'ingrédients pour les cours de Potions. Il ne pensait pas qu'Harry était assez compétent pour ça. Mais il en était bien capable, bon sang ! Harry était indigné. Si seulement Snape pouvait lui laisser une chance, il pourrait lui montrer qu'il n'était pas stupide. Il pouvait très bien collecter ces ingrédients. Il pouvait trouver des plantes, et des racines, et des insectes. Et puis, qu'il se sente obligé d'ajouter que c'était une vraie corvée d'ignorer Harry quand il préférait pouvoir lui montrer l'étendue de sa haine… !

Harry en avait assez. Il sauta sur la table à côté de laquelle Snape travaillait et s'approcha de la plante sur laquelle il était penché, donnant un petit coup de patte à la main qui tenait les sécateurs.

« Non, Chat, tu ne peux pas m'aider, fit Snape avec un petit sourire. »

Harry donna un nouveau petit coup de patte, un peu plus insistant, essayant d'envoyer le sécateur au sol. « Rowrrr, grogna-t-il.

— Est-ce que tu as faim ? » Snape eut un petit sourire. « On pourra rentrer dès que j'en aurais fini ici. »

Harry bouillonnait. Il ne voulait PAS que Snape le nourrisse encore une fois ! Il voulait punir Snape parce qu'il le haïssait. Il jeta un coup d'œil au panier plein de plantes. Sa queue ne battit l'air qu'une seule fois.

Snape arrêta ce qu'il était en train de faire et regarda Harry, suivant son regard. « Oh, non, non tu ne vas pas faire ça, Chat, prévint-il avant de déplacer le panier pour qu'il ne puisse pas l'atteindre. »

Mais Harry sauta quand même, ses pattes avant attrapant le rebord du panier. Celui-ci fit un large mouvement de balancier autour du bras de Snape alors que Harry s'accrochait, ramenant ses pattes arrière contre le fond du panier.

« Chat ! cria Snape, donnant un petit coup à Harry pour essayer de lui faire lâcher sa prise sur le panier. »

Mais Harry tenait bon, les griffes de ses pattes arrière enfoncées entre les tresses du panier et lui donnant l'appui dont il avait besoin pour pouvoir lever ses pattes avant et les faire aller d'un côté sur l'autre pour battre les plantes à l'intérieur. Pendant les quelques secondes où il parvint à rester agrippé au panier, il avait réussi à éparpiller plus de la moitié des ingrédients sur le sol de la serre.

« Chat. » Snape posa le panier à terre, et secoua la tête, regardant les ingrédients au sol.

Harry leva les yeux vers Snape, se sentant fier d'avoir accompli cette mission, avant de se retourner et de trottiner avec arrogance jusqu'à la fenêtre par laquelle il comptait bien ressortir, sa queue fièrement droite dans les airs, aussi content de lui qu'il pouvait l'être.

— O —

« Professeur. » Harry s'assit en face du bureau de Directrice de McGonagall. « Je me demandais si vous aviez déjà pensé au Quidditch pour cette année.

— À quel propos, monsieur Potter ? demanda-t-elle, tout en se penchant en avant, croisant ses mains sur le bureau.

— Eh bien, à propos de moi — je veux dire, de qui que ce soit dans ma classe. Si nous serions autorisés à jouer cette année.

— Hm, dit-elle rapidement. À vrai dire, cela présente un problème.

— Est-ce qu'il y a quand même eu un championnat d'organisé l'an dernier ? demanda Harry.

— Non. » Les yeux de la Directrice étaient empreints d'une certaine tristesse. « Pas après… »

Elle laissa la phrase en suspens, et Harry n'avait pas besoin qu'elle termine. Il savait qu'elle voulait dire pas après que Snape soit devenu Directeur.

« Eh bien, je suis sûr que j'aimerai avoir la chance de jouer, et je suis sûr que Ron aussi. Et qui que ce soit dans les autres maisons. Même… même Malfoy voudra probablement jouer, se força-t-il à ajouter.

— Je ne suis pas vraiment sûre que ce serait juste, Potter. » Elle semblait incertaine. « Après tout, vous êtes tous des adultes, maintenant.

— Oui, mais aucun d'entre nous n'a déjà même tenté de passer ses ASPICs, argumenta Harry. Et les premières années ne peuvent même pas rejoindre l'équipe de leur maison, donc ce ne sera pas comme si on empêchait d'autres élèves de jouer.

— Et qu'en est-il de ceux qui étaient en première année et qui veulent maintenant jouer en tant qu'élèves de deuxième année ? souligna-t-elle.

— Eh bien, ils pourraient être remplaçants, non ? suggéra Harry.

— Vous avez soulevé des arguments intéressants, Potter, je vais réfléchir à la question et je ferai part de ma décision pendant le banquet d'ouverture, promit-elle. »

Harry sentit sa déception se montrer sur son visage. Il avait espéré une décision rapide et favorable. « Très… Très bien, alors. Merci, Professeur. »

Elle lui adressa un petit sourire. « Je sais à quel point cela peut être important pour vous, Potter, et je suis sûr que vous n'êtes pas le seul pour qui cela peut compter. Je vais considérer la question avec beaucoup de sérieux. »

Harry lui rendit son sourire. « Je sais, dit-il avec soulagement. Merci.

— Partez, dit-elle en lui faisant signe de partir. Allez donc vous rendre utile quelque part. »

Harry eut un large sourire et se leva, faisant quelques pas vers la porte du bureau. Avant qu'il ne parte, cependant, il se retourna. « Professeur, est-ce que vous allez continuer à enseigner la Métamorphose cette année ?

— Non, répondit-elle. Mes devoirs en tant que Directrice ne me laissent pas assez de temps pour enseigner.

— Qui l'enseignera, alors ?

— Quelqu'un de qualifié, dit-elle simplement, mettant fin à ses interrogations. »

Harry hocha la tête, comprenant où elle voulait en venir, et il partit, se résignant à passer quelques heures de plus à étudier.

— O —

Harry pouvait à peine tenir en place pendant le petit-déjeuner. C'était le premier septembre, et quand l'heure du dîner arrivera, tout le monde sera de retour au château. Il leva les yeux vers la table des professeurs et vit deux nouvelles têtes. La première était celle d'une femme entre deux âges, plutôt petite et rondouillarde, mais tout de même agréable à regarder. Comme une version plus agréable de ce qu'avait été le Professeur Ombrage. Elle faisait presque penser à Harry à une Mrs. Figg en plus ronde. L'autre tête était celle d'un jeune homme, Harry supposait qu'il était à la fin de sa vingtaine, et qui s'installait avec le reste des professeurs. Harry présuma qu'il s'agissait là du nouveau professeur de Défense et du nouveau professeur de Métamorphose. Il avait la vague impression que le nouveau professeur allait susciter le même genre de réaction que Gilderoy Lockhart quelques années plus tôt. Il était remarquablement beau, avec des cheveux brun foncé, et des yeux noisette. Il sortit un sourire flashy en réponse à ce que l'un des autres professeurs avait dû dire, et hocha la tête pour montrer son accord.

Harry pouvait sentir des yeux sur lui, et il se tourna vers Snape. Il était clair que Snape avait été occupé à le fixer, mais il détourna rapidement le regard. Harry parvint malgré tout à voir l'air mauvais qui avait été sur ses traits, avant que son masque d'indifférence n'ait pu reprendre sa place. Stupide Snape.

Harry ne savait pas trop quoi faire du reste de sa journée. Il essayait de se concentrer un peu sur des lectures, mais c'était peine perdue. Il décida d'aller voler un peu autour du terrain de Quidditch. Quand il arriva dehors, cependant, il s'était mis à pleuvoir. Mais, puisque ce n'était qu'une pluie légère, il décida de suivre son plan initial et de voler un peu quand même. Il ne laissa pas le vif d'or sortir cette fois-ci ; il voulait simplement voler. Il voulait brûler un peu de cette énergie superflue en lui. Il avait déjà passé quelque temps dans les airs — suffisamment longtemps pour que ses vêtements soient presque détrempés — quand il entendit que quelqu'un hurlait son nom.

« Potter ! criait Snape depuis le sol. »

Harry vola jusqu'à l'endroit où il se tenait et sauta à bas de son balai.

« Oui, monsieur ?

— Au nom de Merlin, que pensez-vous être en train de faire ici, siffla Snape. »

Harry le fixa. Était-ce une question rhétorique ?

« Il pleut ! Que faites-vous à voler par un temps pareil ? Ne pensez-vous pas que Madame Pomfresh a déjà assez à faire à cette période de l'année pour devoir en plus s'occuper de vous quand vous attraperez la crève pour avoir volé pendant ce déluge ? » Les yeux de Snape brillaient de colère. « C'est tellement typique d'un Potter d'agir selon son bon vouloir, sans faire attention une seule seconde à ce que les conséquences pourraient être, ni à la manière dont ça pourrait affecter d'autres personnes que lui-même. »

Harry fulminait. L'averse n'était pas si forte que ça. Et il ne faisait pas froid. Il n'allait pas tomber malade pour si peu. Pourquoi Snape voulait-il le faire passer pour un petit enfant égoïste ? Harry répondit avant de pouvoir s'en empêcher.

« Nous avons déjà joué au Quidditch dans de pires conditions que celles-ci, Snape, et je n'ai jamais été malade avant. J'ai passé mon été à étudier. Je veux juste me détendre un peu, cria-t-il. »

Le regard de Snape aurait pu le pétrifier sur place. « Adressez-vous à moi soit en tant que "monsieur" soit en tant que "professeur", Potter. Et pour ce qui est de vous détendre, trouvez quelque chose à faire où vous ne risquez pas de vous blesser sans que quelqu'un ne reste à vos côtés pour vous surveiller.

— En quoi est-ce que ça vous regarde ? demanda Harry. Monsieur, ajouta-t-il rapidement. Vous ne pensez pas que je sais que vous n'aimeriez que trop que je me casse une jambe, ou que j'attrape une pneumonie, ou bien quoi que ce soit, tant que ça puisse me faire quitter Poudlard. Je sais à quel point vous me détestez, d'accord ? J'ai compris, merci. Je sais que la simple idée de devoir me traiter équitablement vous rend fou furieux. Mais je suis désolé, d'accord ? Je ne sais pas ce que je vous ai fait, mais je suis désolé. Je sais que vous avez aimé ma mère, et que je sais que vous détestiez mon père, mais je ne vous ai jamais rien fait ! Et maintenant, Voldemort est parti et vous êtes toujours là à me haïr. Vous ne pouvez pas faire une pause, non ? Je vous respecte, monsieur, je vous respecte vraiment. Vous ne pensez pas que vous pourriez me rendre un tout petit peu la pareille ? »

Le seul son après la fin de la diatribe d'Harry était le crépitement de la pluie sur le sol et sur les vêtements des deux hommes. Sa poitrine se soulevait rapidement au rythme de ses respirations, et le visage de Snape donnait à penser qu'il venait d'avaler un citron particulièrement violent. Harry pouvait voir toutes les choses que Snape voulait lui dire écrites sur son visage. Il pouvait voir l'effort physique demandé à Snape pour ne pas sortir de ses gonds. Il était impressionné que le professeur ne lui ait pas déjà envoyé un sortilège.

Finalement, Snape parla, avec une telle douceur qu'il pouvait à peine l'entendre par-dessus le bruit de la pluie, mais avec tellement de venin contenu dans sa voix qu'Harry frissonna, et il ne faisait même pas un peu froid dehors. « Vous ne savez rien, Potter. Rien. »

Et avec cela, Snape tourna les talons et s'en retourna vers le château à grandes enjambées. Harry attendit encore quelques instants avant de le suivre à l'intérieur.

— O —

La Directrice en était à la moitié de son discours de bienvenue quand elle en arriva à la partie qu'Harry attendait.

« Et, après avoir longuement délibéré sur la question, et avoir pris en compte les conseils du reste des membres du personnel de Poudlard, j'ai décidé que les étudiants qui reviennent cette année pour leur huitième année seront éligibles pour jouer dans l'équipe de Quidditch de leur maison. » La fin de son annonce fut à peine audible parmi les acclamations qui jaillirent de toute la salle.

Elle poursuivit quand le bruit se tut. « …et je vous prie d'accueillir les deux nouveaux membres du personnel de Poudlard, le professeur Phidelios, notre nouvelle professeure de défense contre les forces du mal, qui a gracieusement fait une césure dans son programme d'entraînement des Aurors pour nous rejoindre, et le professeur Belfacia, notre nouveau professeur de Métamorphose, qui nous vient de l'Université Magique de Londres. »

Il se trouva que le professeur Phidelios était la gentille femme qu'Harry avait vu un peu plus tôt dans la journée, et que Belfacia était l'homme.

« Eh bien, ils n'ont pas l'air mal, non ? lui chuchota Ron par-dessus la table alors qu'ils applaudissaient la présentation avec tout le monde.

— Oui, et le professeur Belfacia a certainement l'air d'être suffisamment compétent, ajouta Hermione avec un ton rêveur. » Ceci conforta la suspicion d'Harry que ce professeur susciterait les mêmes réactions que Lockhart en son temps.

« Qu'est-ce que tu veux dire, Hermione ? » Ron se retourna pour la dévisager en fronçant les sourcils.

« Rien. » Elle rougit et détourna le regard de la grande table. « Chut, écoutons le reste du discours de McGonagall. »

Harry regarda et essaya d'écouter alors que le Professeur McGonagall continuait sur les règles pour l'année à venir, insistant sur quelques points pour les premières années que tout le monde devrait déjà connaître. Ginny s'était assise à côté de lui et se colla contre son bras à un moment. Harry remarqua un mouvement rapide du coin de l'œil, et tourna le visage vers Snape, qui s'acharnait vicieusement sur sa nourriture. Il fixait Harry d'un regard particulièrement méchant, mais le Gryffondor se sentait suffisamment confiant après sa petite crise de l'après-midi, et lui rendit son regard jusqu'à ce que l'homme détourne les yeux.

— O —

« Aujourd'hui, nous allons nous entraîner à identifier les sortilèges informulés, annonça gaiement le professeur Phidelios d'une voix chantante. »

Dean Thomas leva la main.

« Oui, Mr. Thomas ? demanda-t-elle.

— Comment sommes-nous supposés faire ça au juste ? »

Elle sourit. « C'est une excellente question. Vous devriez tous avoir votre exemplaire de Défense Pratique : Une approche complètement moderne. Si vous ouvrez votre livre au chapitre six, vous remarquerez un diagramme catégorisant des familles de sorts par couleur. Pour votre première tâche, j'aimerais que vous vous mettiez par deux et que vous fassiez la liste de tous les sortilèges que vous connaissez de chaque famille. Vous devrez me remettre cette liste à la fin du cours pour que je l'évalue. Vous êtes libre d'utiliser n'importe quelle autre ressource pour votre liste de sortilèges. »

Harry s'installa auprès de Ron et vit qu'Hermione avait pris pitié de Neville. Il sortit un morceau de parchemin et dessina un tableau dessus avec en tête de colonne les couleurs rouge, vert, jaune, violet et bleu. Le diagramme listait les familles de sortilèges sous chaque couleur de telle sorte que celle des Impardonnables correspondait à la couleur verte. Harry et Ron commencèrent à lister les sorts qu'ils connaissaient de chaque famille à l'instant même, agréablement surpris de voir qu'ils étaient capables de remplir chacune de leur colonne assez rapidement. Ils essayèrent de ne pas être trop démoralisés quand ils lancèrent un coup d'œil à la feuille de Hermione et Neville et virent qu'ils en étaient déjà à leur deuxième rouleau de parchemin.

« C'est fini ! appela le Professeur Phidelios à la fin de la leçon, faisant un geste de sa baguette et attirant tous les parchemins en un petit tas net alors qu'ils volaient vers elle. Pour notre prochain cours, nous allons nous concentrer seulement sur la reconnaissance des sortilèges défensifs, expliqua-t-elle. Passez une bonne journée

— Nous n'avons pas de devoirs ? demanda Hermione.

— Tais-toi, Granger ! cria quelqu'un du fond de la salle – Harry pensa que ça ressemblait à la voix de Malfoy.

— Pas aujourd'hui, sourit le Professeur Phidelios. »

Il y eut des murmures de joie alors que les étudiants quittaient la salle de classe et se dirigeaient vers le cours de potions.

« Tu es prêt pour Snape, mec ? demanda Ron à Harry d'une voix basse alors qu'ils arrivaient à un tournant et s'approchaient de la porte de la salle de classe.

— Autant que je pourrais l'être. » Harry poussa un soupir délibéré, et ils entrèrent dans la salle, s'installant quelque part dans le fond. Hermione s'était déjà mise en binôme avec Parvati Patil, et avait déjà commencé à prendre des notes dans son journal.

Harry leva les yeux et vit que Malfoy s'était mis avec un Serpentard qu'il ne connaissait pas très bien. Il avait l'air familier, mais il n'avait encore jamais vu Malfoy traîner avec qui que ce soit d'autre que Crabbe et Goyle, et puisque Goyle était mort et qu'il n'y avait pas moyen que Crabbe soit assez intelligent pour pouvoir entrer en classe d'ASPICS de potions, Malfoy était à présent forcé de travailler avec les autres membres de sa maison. Harry passa un long moment à détailler Malfoy, qui était plongé dans l'étude approfondie de son propre bureau. Il remarqua que le Serpentard paraissait un peu pâle, pas autant que pendant sa sixième année, mais aussi pâle que s'il avait été malade. Comme s'il était stressé par quelque chose. Il n'avait pas dit un mot de tout leur premier cours de Défense, et il ne semblait pas vouloir en faire plus pour leur premier cours de Potions non plus. Harry et Ron avaient déjà parlé ensemble du retour de Draco à Poudlard, et ils étaient tous les deux d'accord sur le fait qu'il n'aurait jamais dû être accepté que le jeune homme retourne à l'école. Hermione avait défendu le point de vue opposé (évidemment) et argumentait que les actions qu'avait commises Draco pendant sa sixième année avaient été fortement influencées par sa famille et n'étaient pas nécessairement ce qu'il aurait fait si on l'avait laissé agir librement, et ensuite, elle s'était mise en tête de leur rappeler à tous les deux qu'il avait essayé de sauver leurs vies en ne révélant pas l'identité d'Harry au Manoir. Elle avait aussi mis en évidence qu'il n'essaierait probablement plus de leur faire quoi que ce soit puisque Harry lui avait sauvé la vie dans la Salle sur Demande. Harry et Ron avaient tous les deux concédé que, tant que Draco les laisserait tranquille, ils feraient de leur mieux pour tolérer sa présence sans essayer de se le mettre à dos.

« J'ai bien conscience que pendant ces deux dernières années, vous avez été élèves dans des classes où les attentes étaient exceptionnellement basses. » La voix de Snape avait coupé à travers les bavardages comme si c'était un couteau traversant du beurre, alors qu'il entrait dans la pièce.

Snape lança un regard à chaque élève présent, comme s'il les défiait tous de le contredire.

« Votre précédent instructeur… » Sa bouche se tordit autour du mot comme s'il s'agissait d'une blague. « …n'avait pas mis en place les mêmes critères que ceux que je demande à mes étudiants. » Il s'installa à son bureau à l'avant de la salle en faisant tournoyer ses robes et croisa les bras sur son torse, ce qui lui donna un air légèrement vampirique. « En fait, la plupart d'entre vous devraient se considérer chanceux d'être ici aujourd'hui. »

Le regard de Snape se figea sur Harry pendant un très court instant.

« Le Professeur Slughorn a admis des étudiants en cours de potions d'ASPICs n'ayant eu que "Efforts Exceptionnels" à leurs examens de BUSEs. » Snape eut un sourire méprisant. « Moi, cependant, je n'accepte comme étudiant que ceux ayant obtenu "Optimal". »

Harry n'était pas sûr de savoir combien de personnes dans la salle n'étaient parvenu qu'à obtenir un EE pour leurs BUSEs, mais il aurait bien parié que ça incluait presque la moitié d'entre eux.

« Malheureusement, la voix de Snape dégoulinait de dédain, je suis obligé d'enseigner aux étudiants qui avaient déjà été admis dans la classe du Professeur Slughorn pendant les deux dernières années. Mais soyez rassurés, ceux d'entre vous qui n'étaient pas parvenus à obtenir un O pour leur BUSES trouveront que ce cours est bien trop exigeant pour eux. Tous ceux qui n'obtiendront pas un "Efforts Exceptionnels" aux examens de fin de semestre se verront contraints d'abandonner ce cours. Si vous pensez que vous pourriez être l'un de ces étudiants. » Snape fixa méchamment Harry et Ron. « Je vous en prie, sentez-vous libre d'abandonner ce cours dès maintenant. »

Harry rendit son regard à Snape avec défiance. Snape fronça infinitésimalement les sourcils.

« Le premier exercice que vous aurez à faire est inscrit sur le tableau. C'est quelque chose que vous auriez dû apprendre au début de l'année dernière. Soyez prêt à me rendre votre préparation terminée à la fin de ce cours pour que je la note. » Snape ménagea une courte pause. « Commencez. »

Harry leva les yeux vers le tableau et vit les instructions pour la préparation de la potion. Il y était aussi question de la page 84 de leur manuel de potions de 7ème année, alors il ouvrit son exemplaire à la page indiquée et y lut d'abord les instructions. C'était une potion qu'il avait lu pendant l'été, alors qu'il révisait. Il était reconnaissant à ses révisions, parce que, contrairement à la plupart des autres étudiants, il n'avait pas pu apprendre cette potion l'année dernière. Il commença à préparer les ingrédients avec Ron, et ils étaient entièrement plongé dans la réalisation de la potion, quand il sentit une présence dans son dos.

« Eh bien, eh bien, Monsieur Potter, fit Snape d'une voix basse par-dessus l'épaule d'Harry, qui aurait cru qu'une année de camping et un été de révisions puissent rattraper toute une vie d'incompétence. »

Harry et Ron échangèrent un regard alors que Snape allait à une autre table, et Harry se sentait étrange : il venait de recevoir ce qu'il était presque sûr de pouvoir considérer comme un compliment de la part de Snape. Mais à la fin de la leçon, quand Harry décanta sa potion et la tendit à Snape, il vit toujours la même expression de marbre sur le visage du potionniste. Il n'attendit pas que Snape fasse une remarque avant de quitter la pièce avec Ron et Hermione.

— O —

« Eh bien je ne resterai certainement pas toute la journée à Pré-au-Lard, expliqua Hermione alors qu'elle, Harry, Ron et Ginny étaient assis en face du feu dans la Salle Commune. » Hermione était assise entre Harry et Ron sur le canapé et Ginny s'était installée à même le sol, se reposant contre la jambe d'Harry.

« Et pourquoi cela ? lui demanda Ron.

— Il y a déjà tellement de devoirs à faire. C'est presque Halloween et les examens sont seulement dans quelques semaines, maintenant, fit-elle d'une voix qui semblait stressée.

— Hermione, geignit Ron, tout va bien se passer pour toi ! Tu vas encore avoir que des "Optimal" comme toujours, et on va tous mordre la poussière comme d'habitude.

— Vous avez tous besoin d'avoir au moins un "Effort Exceptionnel" en potions si vous voulez que le Professeur Snape vous garde dans sa classe ! leur rappela Hermione.

— C'est vrai, grimaça Ginny.

— On peut au moins aller manger aux Trois Balais à midi, proposa Harry, après être allé à Honeydukes dans la matinée.

— Oh oui, grogna Hermione, parce que toi et Ron avez vraiment besoin de consommer plus de sucre. »

Harry sentit Ginny rigoler contre sa jambe.

« Très bien, concéda Hermione, on y ira dans la matinée et ensuite on ira manger ensemble, mais seulement si vous finissez tous les deux le devoir que nous a donné le Professeur Belfacia et que vous me prouvez que vous pouvez réussir parfaitement à reproduire la séquence de transformation vertebrae.

— Mon devoir est fait, lui répondit Harry, et j'ai maîtrisé la séquence. »

Hermione lança un regard qui en disait long à Ron.

« Je… Je vais aller terminer le mien à l'instant même, répondit Ron docilement. » Il se leva ensuite et monta les escaliers menant à son dortoir, vraisemblablement pour travailler sur son devoir.

Hermione se tourna à nouveau vers Harry une fois que Ron fut parti, et puis baissa les yeux vers Ginny qui fixait le feu.

« Je vais aller réviser un peu aussi, alors, dit-elle. Bonne nuit. »

Ginny leva les yeux vers elle et lui sourit.

« Bonne nuit Hermione, fit Harry alors qu'elle se levait et s'avançait, elle aussi, vers les marches menant aux dortoirs. »

Harry regarda autour d'eux et remarqua que lui et Ginny étaient tout seuls dans la Salle Commune. Il se dit que les plus jeunes d'entre eux étaient probablement déjà dans leurs lits, puisque le couvre-feu était un peu plus tôt pour eux, et que les autres étaient probablement tous occupés à travailler. Ginny dût remarquer elle aussi qu'ils étaient tout seuls parce qu'elle se leva à son tour et s'assit à côté d'Harry, les jambes croisées sur le canapé.

« Que penses-tu des nouveaux professeurs ? demanda-t-elle à Harry tout en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. » Harry avait remarqué qu'elle avait tendance à faire ça quand elle devenait un peu nerveuse.

« Ils sont très bons, fit-il en haussant les épaules. Ils ont l'air de savoir ce qu'ils font, au moins.

— Phidelios sera toujours meilleure qu'Ombrage, dans tous les cas, sourit Ginny. Ou Snape. »

Harry se laissa aller à rigoler.

« Et définitivement meilleure que les Carrow, ajouta-t-elle sombrement.

— Belfacia a l'air très bien.

— Il me fait penser à Lockhart, confessa Ginny.

— Oui, j'y ai pensé aussi. Mais au moins, il n'est pas complètement inutile, lui. »

Ginny lui sourit chaleureusement. Ils restèrent l'un contre l'autre en silence alors que le feu craquait dans l'âtre et envoyait des ombres danser sur leurs visages. Elle se pencha vers lui et Harry sentit son cœur battre à toute vitesse alors qu'elle pressait ses lèvres contre les siennes. Elle remonta sa main jusqu'à ce qu'elle soit dans ses cheveux, au-dessus de sa nuque, et l'attira près d'elle. Harry perdit l'équilibre, et essaya de s'agripper à quelque chose pour rester stable. Une main se saisit du dossier du canapé, mais son autre bras vint s'enrouler dans le dos de Ginny. Elle laissa s'échapper un petit gémissement pour exprimer son approbation et se pencha en arrière, l'attirant au-dessus d'elle alors qu'elle s'allongeait sur le canapé. Elle laissa ses lèvres caresser celles d'Harry, et il entrouvrit sa bouche pour laisser sa langue se glisser à l'intérieur. Elle l'embrassait avec enthousiasme maintenant, une main derrière sa tête et l'autre contre le bas de son dos, le tenant tout contre son corps. Il pouvait la sentir, douce, contre lui, et essayant de se presser toujours plus. Une de ses jambes s'enroula autour des siennes et il sentit son pied frotter sa cheville. Il sentit sa poitrine pousser contre son torse et il libéra une de ses mains pour la prendre en coupe, et quand il le fit, Ginny rompit leur baiser et haleta, rejetant sa tête en arrière contre le canapé. Il pinça l'un de ses tétons à travers sa chemise et son soutien-gorge et son visage fut de nouveau contre le sien, et ses lèvres sur les siennes.

« Oh, mon Dieu, Harry, chuchota-t-elle contre sa bouche. Oui ! »

Tout à coup, il entendit le portrait s'ouvrir et il s'écarta d'elle à toute vitesse, remettant en place sa chemise et son pantalon. Elle fut plus lente à se redresser, mais remit ses cheveux en place d'un mouvement de la main et tira sur sa jupe pour la remettre en place là où elle était remontée sur ses cuisses. Le cinquième année qui était entré leur lança un regard rapide, mais entendu, et monta les escaliers.

« On devrait probablement aller au lit, fit Harry. » Il se frotta la nuque de sa main droite et laissa sa main gauche au fond de sa poche.

Ginny avait une expression mystérieuse sur son visage. « Oui, on devrait. » Elle se leva et lui fit face. « Bonne nuit Harry. » Elle avança sa main et la posa sur le bras qui avait une main dans la poche.

« Bonne nuit Ginny, répondit-il. » Elle se retourna et monta les escaliers, laissant Harry seul devant les flammes.

Harry rejoua les quelques dernières minutes dans sa tête. Ginny avait été tellement prise dans leur séance de pelotage. Il pouvait deviner qu'elle aurait même voulu aller plus loin. Il ne doutait pas que s'il parvenait à trouver un endroit où ils pourraient être seuls, alors, elle coucherait sûrement avec lui. Cependant, ce qui lui posait vraiment problème, c'était le fait qu'il ne ressentait rien du tout. Quand il avait été en train de l'embrasser, il n'avait pas pensé à quel point il tenait à elle, ou l'aimait, ou bien à quel point il l'appréciait. Pendant tout ce temps, il n'était parvenu qu'à penser au fait qu'il était en train de l'embrasser, mais ça semblait… ça semblait mort. Harry se dit que c'était sans doute un peu dur, mais c'était la vérité. Il n'était même pas un petit peu dur après ce qu'ils venaient de faire. L'année précédente, quand ils avaient fait la même chose (et parfois même un peu plus), ça l'aurait sûrement rendu suffisamment dur pour qu'il ait besoin de prendre une douche froide ou de s'occuper du problème manuellement dans son lit. Mais cette fois — cette fois-ci, il n'y avait rien eu. Est-ce que quelque chose allait mal avec lui ? Ginny était une jolie fille ; il était attiré par elle. Non ? Il fixa les flammes. Peut-être qu'Hermione avait raison, peut-être qu'il devait juste leur donner encore un peu plus de temps. Il savait déjà ce qui devait se passer : il était supposé épouser Ginny et avoir une portée d'enfant, devenir un Auror et vivre heureux pour toujours. Mais, pourquoi est-ce que cette vie semblait appartenir à quelqu'un d'autre maintenant ? Il voulait sentir la passion qu'il avait ressenti au début avec Ginny pendant leur sixième année. Il voulait voir l'excitation à l'idée de devenir un Auror revenir. Mais il ne savait pas comment il pourrait raviver ces sentiments. Peut-être qu'il fallait seulement qu'il leur donne un peu plus de temps. Mais, pourquoi est-ce qu'il avait l'impression que même l'éternité ne serait pas suffisante ? Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?

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