Non Déclaré

Chapitre 7 : Chapitre Sept

4915 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/12/2019 11:31

Harry avait besoin de s’éclaircir les idées, et le meilleur moyen d’y parvenir à cet instant était d’aller se promener dans le château sous sa forme de chat. Il avait besoin de se distraire des doutes et des pensées qui l’assaillaient à propos de Ginny, alors il quitta la Salle Commune, se métamorphosa en chat, et trottina dans le couloir. Il n’était pas sorti depuis bien longtemps quand il croisa Draco Malfoy, qui marchait d’un bon pas, et tenait un parchemin à la main. Harry était curieux de ce qui pouvait occuper la fouine, alors il commença à le suivre silencieusement en prenant bien soin de rester camouflé dans les ombres. Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte que Draco se dirigeait vers les cachots, et plus précisément, vers le bureau de Snape. Le Serpentard fit une halte devant la porte, et frappa deux fois. 

Un instant plus tard, celle-ci s’ouvrit et Snape apparut dans l’encadrement. « Entre, Draco, annonça-t-il gentiment – ou du moins, gentiment dans le référentiel Snape. »

Harry se sentait un peu téméraire, alors il n’essaya même pas de se cacher en suivant Draco à l’intérieur. 

« Mais qu’est-ce que… » Le Serpentard faillit trébucher alors qu’Harry lui passait entre les jambes.

Snape soupira. « Chat, que viens-tu donc faire ici ?

— C’est votre chat ? demanda Draco, surpris. 

— Non, mais il vient me voir assez souvent. Est-ce qu’il appartient à quelqu’un de notre Maison ?

— Pas à ma connaissance, non, fit Draco en secouant la tête. 

— Ce n’est pas important. Suis-moi. »

Il conduisit Draco jusqu’au mur où se trouvait la porte menant à ses quartiers privés. Ils entrèrent tous les trois et Snape invita Draco à venir s’asseoir sur le canapé. Il s’assit en face de lui, et prononça d’une voix forte : « Du thé, s’il vous plaît. » Presqu’immédiatement, un service à thé complet apparut à côté du canapé. Il versa une tasse qu’il tendit à Draco. « Bois. Je vois que tu as reçu ma demande, dit-il alors qu’il soufflait sur sa propre tasse fumante. » Harry sauta sur le canapé entre eux deux et Snape tapota ses cuisses pour l’inviter. Il accepta de s’y installer, s’asseyant et fixant Draco. 

Le jeune homme hocha la tête. « Vous vouliez me voir.

— En effet, confirma Snape en hochant la tête. J’ai parlé avec tes autres professeurs ; tu travailles extrêmement bien dans tous tes cours. »

Draco le fixa avec fureur. « Je ne suis pas un gamin que vous devez surveiller ! »

Snape resta calme. « Non, mais comme je suis certainement celui qui devra servir de référence pour l’apprentissage que tu choisiras, j’ai pensé qu’il était nécessaire pour moi de garder un œil sur ton travail en général. »

Draco se détendit. « Vous feriez ça pour moi, Monsieur ? 

— Bien sûr. » On aurait dit que Snape se sentait insulté. 

« Même après… » Draco baissa les yeux sur sa tasse. « …Après tout ce que j’ai fait ? Après tout ce qui s’est passé ?

— On fait tous des erreurs, Draco. » Snape semblait presque compatissant. 

« Oui, mais… mais personne ne va plus jamais vouloir me faire confiance, se désespéra Draco. Je ne trouverai jamais un bon métier. 

— Tu y arriveras, le rassura Snape. » Il prit une gorgée de thé. « Je vais m’en assurer. 

— Pourquoi est-ce que vous, vous savez, feriez ça pour moi ? » Draco semblait sceptique. « J’ai été horrible envers vous. Toute ma famille l’a été.

— Oui, mais j’ai quand même témoigné en ta faveur, lui rappela Snape. 

— Pourquoi ? continua Draco. Vous auriez pu tous nous laisser moisir à Azkaban.

— Parce que vous avez tous – et toi en particulier – fait des erreurs. Les gens méritent qu’on leur pardonne leurs erreurs. » Snape prit une longue gorgée de thé. 

Draco était occupé à fixer sa tasse. « Je pense que vous devez être le seul à penser comme ça. 

— J’en doute fortement, le rassura Snape. Du moment que tu arrives à terminer l’année et à avoir tous tes ASPICS, je suis convaincu que je parviendrai à te trouver un apprentissage respectable. » Snape marqua une pause. « Je pense que tu as fait beaucoup de progrès jusqu’à maintenant. »

Draco n’avait toujours pas levé les yeux de sa tasse. « Merci, monsieur.

— Ce n’est pas qu’à propos de tes notes. » Snape changea de position, mais ne délogea pas Harry de ses genoux. « Je suis impressionné de la manière dont tu interagis avec les autres étudiants.

— Vous voulez parler de Potter, Weasley et de cette sang-de-bourbe ? » Draco leva les yeux sur Snape sans lever la tête.

« N’utilise pas ce terme, Draco, ordonna rapidement Snape. Mais oui, je veux parler du Trio d’Or, concéda-t-il avec sarcasme.

— Eh bien, ils m’ont laissé tranquille eux aussi. Je pense que nos sentiments les uns envers les autres sont entièrement réciproques, termina Draco à voix basse.

— Je sais ce que tu as fait pour eux au Manoir, Draco, et je sais que Potter t’a sauvé la vie pendant la bataille, lui dit Snape. 

— Je déteste avoir une dette envers cet imbécile, répondit-il d’un ton acerbe. 

— Tu ferais mieux de garder ton animosité pour toi, le prévint Snape. 

— Est-ce que c’est pour ça que vous êtes gentil avec eux cette année, monsieur ? »

Harry sentit Snape se tendre à cette question. « J’ai considéré qu’il serait plus prudent à l’avenir d’agir de manière plus… civilisée… envers tous les étudiants, expliqua-t-il.

— Vous auriez toujours pu trouver quelque chose pour lui donner des retenues, bouda Draco. Personne d’autre ne le fera. »

Harry pouvait sentir que Snape ne s’était toujours pas détendu. « Jusqu’à présent, il n’a rien fait qui puisse justifier une retenue. Mais sois certain que s’il fait quelque chose qui le mérite, je n’hésiterai pas à lui en donner une. »

Draco semblait s’être calmé. 

« Comme est-ce que tu t’en sors ? » Snape reposa sa tasse à côté de lui. 

« Bien, répondit-il un peu trop rapidement. »

Snape resta silencieux. 

« Je fais de mon mieux. » Draco baissa les épaules. « Je m’inquiète pour mère. J’aimerai pouvoir faire plus pour lui venir en aide.

— Le mieux que tu puisses faire pour l’instant, c’est d’être ici et de profiter de l’opportunité qui t’a été donnée, lui assura Snape. Je sais que tu as un lourd fardeau sur les épaules, mais essaye de comprendre que tes parents ont fait leurs propres choix, et qu’ils doivent en affronter les conséquences. Ils sont plus âgés, et donc ces conséquences sont plus lourdes que pour toi, mais ne pas leur donner de raison de s’inquiéter pour toi sera déjà une bonne manière de les soulager. »

Draco hocha la tête. 

« Continue de garder la tête basse et viens me voir si tu as besoin d’aide. Ce n’est pas une faiblesse que de demander de l’aide, Draco, ajouta-t-il gentiment. »

Harry pensait pouvoir voir les yeux de Draco devenir humide.

« Tu peux retourner à ton dortoir maintenant. » Snape se leva, forçant Harry à descendre de ses genoux, par la même occasion.

« Merci, Monsieur. » Draco se leva du canapé et se dirigea vers la porte menant au bureau. 

« Contrairement à ce que prétend la rumeur, je ne suis pas un connard sans cœur, fit Snape avec un sourire malicieux. 

— Je garderai votre secret, monsieur, promit Draco avec un sourire. »

Snape reconduisit Draco jusqu’au couloir avant de se retourner pour faire face à Harry. « Eh bien, Chat, est-ce que tu aimerais manger quelque chose ? Il me reste un peu de temps encore avant de devoir faire ma ronde dans les couloirs.

— Mrowr. » Harry céda et trotta après Snape jusqu’à la cuisine. 

« Tu te demandes sûrement pourquoi j’offre mon aide à Draco, alors que je refuse d’en apporter à son père, commenta Snape en posant une assiette de thon au sol. » Il se redressa et croisa les bras, s’adossant au comptoir. « Tu ne les connais pas, et si tu les connaissais, tu ne me croirais sans doute même pas. Mais Draco a encore une conscience. Il regrette ce qu’il a fait parce qu’il peut voir à quel point il avait tort. Ne te méprend pas sur moi, continua-t-il en fixant Harry droit dans les yeux. C’est toujours un ignoble enfant gâté avec un complexe de supériorité, mais il comprend maintenant que ce que défendait le Seigneur des Ténèbres – et que le chemin qu’il a emprunté lui-même – était fondamentalement mauvais. »

Harry leva les yeux vers Snape tout en mastiquant une grosse bouchée de poisson. Il ne pensait pas que le professeur avait raison à propos de Draco, mais de toute évidence, Harry ne connaissait pas le blondinet aussi bien que Snape, alors il concéda au moins que sa théorie l’avait convaincu. 

Snape continua, inconscient des réflexions d’Harry. « Lucius, cependant, c’est une autre histoire. La seule raison pour laquelle il regrette les décisions qu’il a prises, ainsi que ses actions, c’est parce qu’il a été pris. Si on lui donnait une autre chance, je pense qu’il referait exactement les mêmes choix. »

Pour Harry, il n’y avait aucun problème : il était d’accord avec lui sur ce point. Il avala le dernier morceau de thon et se lécha les babines, fixant de nouveau Snape. 

« Oh, Chat, soupira-t-il en se penchant pour ramasser le plat vide, si tu savais à quel point ta vie est simple. Peut-être que je vais avoir de la chance, quand même. » Snape se tourna pour poser le plat dans l’évier. « Peut-être que Potter va réussir à seulement obtenir un “A” à l’examen de fin d’année, et que je vais enfin pouvoir lui faire abandonner mon cours. »

Harry laissa s’échapper un grognement grave.

« Tu le défends, n’est-ce pas ? » Snape haussa un sourcil. « Oui, eh bien, tu vas devoir faire la queue comme tout le monde. Je serais juste tellement soulagé quand cette année sera enfin terminée. Des classes supplémentaires, cela signifie plus de temps à devoir corriger des copies, et donc aussi moins de temps pour moi. Pas que ça me change beaucoup de d’habitude, tu me diras. »

Snape sortit de la cuisine et se dirigea vers la porte menant à son bureau. « C’est juste que personne ne se rend compte à quel point c’est difficile cette année, de tous les voir revenir. De penser que tu es enfin débarrassé d’eux tous, et de les voir se promener à nouveau autour de toi. Et Potter – ne me laisse pas commencer avec lui. Il finira par avoir ma mort, j’en suis convaincu. Quelle torture… » Il se baissa pour caresser la tête d’Harry. « C’est de la pure torture de devoir le voir tous les jours. »

Harry ne réagit même pas cette fois-ci. Il avait dépassé la haine que Snape éprouvait pour lui. 

« Eh bien, il n’y a plus rien à faire. » Snape se releva et soupira. « Il est l’heure d’aller chasser les mécréants. »

Il ouvrit la porte donnant sur le couloir et Harry sortit devant lui. Il entendit Snape glousser mais il ne se retourna pas. 

 

— O —

 

« On devrait parler, Harry, fit Ginny à voix basse. » Ils étaient en train de manger ensemble, le Dimanche midi.

Harry se tourna pour la regarder et puis hocha la tête. « Oui, probablement. 

— Tu viens te promener un peu avec moi ? » Elle se leva et lui tendit la main. 

Hermione leva les yeux de son livre, et son regard examina minutieusement Harry. Ron ne sembla pas remarquer quoi que ce soit alors qu’il dévorait son repas. Harry se leva, prit la main de Ginny dans la sienne, et se laissa conduire en dehors de la Grande Salle. Elle le guida jusqu’aux grandes portes, traversa la cour et se mit à marcher en direction du lac. Il faisait frais, c’était le début du mois de Novembre, mais le ciel était clair et bleu. Une fois qu’ils eurent à peu près parcouru un quart du bord du lac, Ginny lâcha sa main et se retourna pour lui faire face. Elle lança un léger sort autour d’eux pour les réchauffer. 

« Ça ne marche pas, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle, serrant sa lèvre inférieure entre ses dents. »

Harry fronça les sourcils. « De quoi ? 

— Nous, clarifia-t-elle. Ça ne marche pas entre nous, non ? »

Harry fixa le sol. « Eh bien, je – tu – nous… bégaya-t-il.

— C’est bon, Harry. » Le sourire dans sa voix lui fit relever la tête pour la regarder. 

« C’est bon ? » La surprise dans sa voix pouvait se lire clairement sur son visage. 

« Oui. » Elle prit ses mains dans les siennes. « Je sais que tu as traversé beaucoup d'épreuves. Certaines choses sont différentes maintenant.

— Tu n’aurais pas parlé avec Hermione, des fois ? » Il essaya de sourire. 

« Peut-être un peu. » Ginny eut un petit rire. « Mais je n’en avais pas vraiment besoin. C’est évident que tu es devenu quelqu’un d’autre. Je ne sais pas comment qui que ce soit aurait pu rester comme avant, après être mort et… tout.

— Mais je tiens à toi, objecta Harry. Peut-être que si on se donnait encore un peu plus de temps…

— Je ne pense pas, fit-elle en secouant la tête. Je pense – Je ne pense pas que je suis ce dont tu as besoin, plus maintenant du moins. »

Harry fixa leurs mains jointes pendant un bon moment. « Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi, chuchota-t-il. 

— Il n’y a rien de mal chez toi, Harry, lui assura-t-elle. Ça fait plus d’un an. Les gens changent. Tout change.

— Donc, je ne suis plus ce dont tu as besoin non plus ? » Il releva les yeux vers elle. 

Elle lui sourit sincèrement. « Je pense que tu pourrais encore, si tu le voulais. Mais je ne veux pas que tu restes avec moi parce que tu sens que tu dois me rendre heureuse. Je veux que tu sois avec quelqu’un qui te rende heureux. Si tu restes – si nous restons ensemble, tu finiras par trouver quelqu’un d’autre qui pourra te donner ce dont tu as besoin, et ça deviendra beaucoup plus dur pour nous deux. 

— Mais je ne sais même pas ce que je veux ! fit Harry avec frustration. 

— Pas maintenant, accorda Ginny, mais un jour prochain, oui. Je veux dire, ça fait seulement six mois que Voldemort est parti. Six mois que tu es mort. Et maintenant il y a tout ce stress avec les ASPICS, et ce qu’on fera après Poudlard. Je pense que tout le monde a besoin d’un peu de temps pour soi, d’un peu d’espace. Je pense qu’on a tous besoin de temps pour comprendre ce qu’on veut.

— Mais je t’aime, protesta Harry. » Et c’était vrai. 

« Je sais. » Elle hocha la tête. « Et peut-être même qu’au bout d’un moment, tu retomberas amoureux de moi. Peut-être qu’un jour je pourrais être ce dont tu as besoin. Mais nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre maintenant. »

Elle serra ses mains et puis les laissa tomber.

Harry lui fit un sourire triste. « Quand es-tu devenue aussi sage ? » Il leva la main et repoussa une mèche de cheveux qui était tombée devant son visage. 

Ginny le regarda avec tendresse. « J’ai appris des erreurs des autres. Avoir eu six frères et beaucoup d’amis – et quelques relations moi-même – cela donne beaucoup d’occasions d’apprendre.

— Donc, on rompt ? demanda Harry un peu brutalement. 

— On rompt, confirma-t-elle. Mais tu ferais mieux de rester mon ami. »

Harry lui fit un grand sourire. « Et comment pourrait-t-il en être autrement ? »

Elle fit un pas vers lui et le serra dans ses bras. Alors qu’elle le laissait partir et reculait, elle plaça un baiser chaste sur sa joue. « Je sais que tout va finir par aller bien, lui assura-t-elle. J’y crois. 

— J’espère que tu as raison, soupira-t-il. Même si j’ai l’impression que ça ne va pas être aussi simple. 

— Je sais, répondit Ginny d’un ton compatissant. Viens, allons étudier pour nos ASPICs. » Elle prit son bras et commença à l’entraîner à nouveau vers le château.

 

— O —

 

Harry avait été stupéfait par la réaction de Ron à l’annonce de sa rupture avec Ginny. Il s’était attendu à ce qu’il rentre dans une rage furieuse et en vienne à le menacer de mort. Mais Ron avait juste haussé les épaules. 

« Elle a rompu avec toi, c’est bien ça ? avait-il demandé. Que va-t-on faire ? »

Harry avait l’impression qu’Hermione approuvait leur séparation. Il avait bien compris qu’elle y avait joué un rôle clé, de toute manière. Mais ce n’était pas important, car il n’avait pas beaucoup de temps à consacrer à tout ça : les examens n’étaient plus que dans quelques semaines et il allait devoir faire de son mieux – surtout en potions. Il ne pouvait pas se permettre de se faire virer du cours. 

Ce fut donc beaucoup plus tard cette nuit-là qu’il se retrouva à étudier dans la Salle Commune. Il voyait flou à force de se concentrer sur les petits caractères d’imprimerie, et sa main était douloureuse d’avoir noirci des rouleaux et des rouleaux de parchemin. La Salle Commune avait été désertée, il ne restait plus que quelques-uns des étudiants de dernière année, isolés dans des coins de la pièce, occupés à étudier. Harry décida qu’il avait besoin de prendre une pause. Et pas seulement dans ses révisions, il avait besoin d’une pause de tout, pour quelques instants. Déambuler sous sa forme de chat l’aidait à oublier sa propre vie, alors il se dit que faire une petite promenade serait justement ce dont il avait besoin.

« Je vais faire un petit tour, annonça-t-il à Ron et Hermione, qui étaient installés à côté de lui.

— Moi aussi, fit Ron en s’étirant. 

— Euhm, grimaça Harry, j’aimerai juste être un peu seul pour l’instant. »

Ron sembla comprendre ce qu’il voulait dire. « Oh très bien. Pas de problème, mec. À plus tard.

 — Tu feras bien attention à rentrer avant le couvre-feu, n’est-ce pas Harry ? prévint Hermione sans même lever les yeux de son manuel d’Arithmancie. 

— Bien sûr, fit Harry pour la rassurer. » Il laissa ses amis et partit vers le passage du portrait. Une fois qu’il l’eût refermé derrière lui, il jeta un coup d’œil alentour pour s’assurer qu’il était seul et se transforma en chat.

Il prit une grande inspiration, et se sentit se détendre. Oui, c’était définitivement ce dont il avait besoin. Il entama ainsi son petit tour dans le château. Il croisa quelques étudiants, et même des professeurs, mais il resta dans les ombres et donc personne ne fit attention à lui. À l’exception d’une personne. 

« Chat, grogna la voix de Snape. On fait une petite promenade nocturne ? » Le professeur venait tout juste d’apparaître au bout d’un couloir et de tomber nez à museau avec Harry. 

Mais bien sûr , grogna Harry intérieurement. Il fallait que la seule personne qu’il n’avait définitivement pas envie de rencontrer pour l’instant – et qui avait le pouvoir de ruiner sa petite sortie détente – soit exactement celle qui le trouve. 

« Pourquoi est-ce que tu ne viendrais pas me rejoindre ? suggéra Snape. J’ai un cadeau spécial pour toi. »

Les oreilles d’Harry se redressèrent. Snape avait quelque chose de spécial pour lui ? Oui, bon, pas pour lui, mais pour le Chat. Malgré lui, Harry suivit Snape jusqu’à son bureau, puis ses quartiers privés. 

« J’ai pensé que tu te lassais peut-être du thon, fit Snape une fois qu’ils furent tous les deux dans la cuisine. » Il ouvrit la porte du frigo et se baissa pour attraper quelque chose sur l’étagère la plus basse. « Alors j’ai mis la main sur du saumon. »

Harry pouvait déjà affirmer, rien qu’à l’odeur, que le saumon allait être bien meilleur que le thon. Il se lécha les babines inconsciemment. Snape dressa les morceaux de poisson avec art dans l’assiette avant de marcher jusqu’au salon. Il posa le plat sur le canapé et Harry sauta à ses côtés immédiatement pour commencer à manger. Snape retira ses robes et les lança sur l’un des fauteuils qui faisait face au canapé, avant de s’asseoir et d’allumer un feu. Harry entendit un morceau de musique classique, doux, s’élever dans les airs quelques instants plus tard. 

Le saumon était merveilleux. Harry n’en avait jamais mangé, même en tant qu’humain, mais il voulait définitivement essayer, maintenant qu’il avait pu en avoir un aperçu en tant que chat. Il désirait en avoir plus, mais une fois qu’il eut terminé de manger tout ce qu’il y avait dans le plat, il était repu. Il poussa un petit miaulement de remerciement avant de se rouler en boule à l’autre bout du canapé. Harry vit Snape faire venir à lui un magazine et commencer à lire. Calmé par le bruit du feu et des pages qu’on tournait, Harry sombra rapidement dans les limbes du sommeil.

 

— O —

 

Quand il rouvrit les yeux, le feu s’était éteint. Il avait toujours chaud, mais ça semblait magique, comme si quelqu’un avait lancé un sort sur lui pour le réchauffer. Et il faisait aussi plutôt sombre. Il sentit son estomac se contracter – pendant combien de temps avait-il dormi ? Il n’avait pas eu beaucoup de temps avant le couvre-feu – l’avait-il manqué ? Il sauta à bas du canapé et fit un petit tour de l’appartement à la recherche du propriétaire des lieux. Si son cœur battait déjà à toute vitesse parce qu’il ne trouvait pas Snape, ce n’était rien comparé à l’accélération qu’il ressentit après avoir vu l’heure sur l’horloge du manteau de cheminée. Une heure de matin. Qu’allait-il faire ? Il entendit de légers bruits venant d’une pièce dont la porte était juste entrouverte. Il s’approcha pour enquêter et, une fois dedans, réalisa qu’il était dans la chambre de Snape, et que le professeur susmentionné était endormi. 

Harry commença immédiatement par paniquer. Que pouvait-il faire ? Comment allait-il pouvoir sortir d’ici ? Il était sûr que Snape avait placé des sorts de protection sur ses appartements, donc si Harry se transformait à nouveau et essayait de partir, il les déclencherait et réveillerait Snape. Et si ses compagnons de dortoir remarquaient qu’il était parti ? Il était sûr qu’ils avaient dû remarquer qu’il n’était jamais retourné dans le dortoir pour dormir. Est-ce que Ron irait voir le Professeur McGonagall ? Probablement pas. Harry sortait pour se promener après le couvre-feu tout le temps ; Ron ne penserait pas que c’était un comportement suspect. Mais que se passerait-il quand ils se réveilleraient le matin et qu’Harry ne serait pas là ? Oui, enfin, c’était Samedi soir, et le lendemain matin, tout le monde ferait la grasse matinée. Snape aussi ? Peut-être qu’il se réveillerait assez tôt pour qu’Harry puisse être de retour dans son dortoir avant que qui que ce soit ne remarque qu’il était parti pendant la nuit toute entière. 

Harry prit une profonde respiration. Eh bien, il ne pouvait rien y faire pour l’instant. Il n’avait plus qu’à rester dans les quartiers de Snape jusqu’à ce que l’homme se lève et le laisse sortir.

Il allait retourner dans le salon et se rouler à nouveau sur le canapé quand il entendit Snape murmurer quelque chose. Est-ce qu’il parlait dans son sommeil ? Harry aurait souhaité que les chats puissent sourire. C’était excellent. Il fit le tour du lit, et sauta aussi discrètement qu’il le put sur le côté inoccupé. Snape bougea, mais ne se réveilla pas pour autant. Il dormait, allongé sur le côté, et Harry pouvait voir son dos nu. Les couvertures n’étaient remontées que jusqu’à sa taille. Harry eut une pensée étrange. Est-que Snape était nu ?

Il l’entendit murmurer à nouveau quelque chose, mais il ne pouvait pas comprendre ce que Snape disait, puisqu’il lui tournait le dos. Harry monta sur un oreiller et commença à le patouner avec ses pattes. Soudainement, Snape se retourna sur le dos. Harry s’immobilisa, il avait peur de l’avoir réveillé, mais il se détendit à nouveau quand il vit que l’homme avait toujours les yeux fermés. Snape repoussa la couverture de telle sorte qu’il n’y avait plus que les draps pour le couvrir. Ils étaient tout simples et entièrement blancs. Harry ne savait pas exactement pourquoi ça le surprenait. Il s’était imaginé plutôt des draps noirs, ou peut-être même vert sombre. Mais non, c’étaient juste des draps simples en coton blanc. Doux, mais communs. Harry se demanda s’ils étaient fournis par Poudlard pour tous les professeurs. Snape laissa s’échapper un son grave, ce qui fit sortir Harry de sa rêverie. Ses yeux voyagèrent sur le corps de l’homme, et il se sentait vraiment bizarre, à observer le torse dénudé de Snape. Il était finement musclé avec un fin duvet sombre. Encore une fois, ce n’était pas exactement ce à quoi Harry s’attendait, même s’il était sûr qu’il ne s’était jamais demandé à quoi le torse de son professeur pouvait bien ressembler. Les yeux d’Harry voyagèrent plus loin, et il sentit une chaleur se répandre en lui, une chaleur qui aurait fait rougir violemment ses joues s’il avait été lui-même, quand il remarqua l’érection indéniable de Snape qui tendait les draps. 

Celui-ci poussa un gémissement guttural et Harry remarqua alors que sa main se faufilait sous les draps. Ils commencèrent à bouger, et il était évident que Snape se caressait. 

Je suis en train de regarder Snape se branler , pensa Harry tout en se sentant pervers. Dans son sommeil !

La respiration de Snape se faisait plus rapide et haletante, et ses gémissements gagnaient en intensité. 

« Uhn… grogna Snape, H… oh, Har… mmm. » La main de Snape accéléra ses mouvements. « Har…Harry…mmmm, oh, Harry… »

Harry entendit son nom être chuchoté sur les lèvres de Snape. Il n’aurait pas pu respirer même si Merlin en personne le lui avait ordonné.

« Ohhh, Harry, Har…Harry, oui ! Oh, Harry… » Snape répétait son nom encore et encore entre deux halètements. 

Tout à coup, le dos de Snape s’arqua contre le matelas et sa tête s’enfonça dans son oreiller. Harry se mit à fixer l’endroit où une tâche humide se formait sur les draps, juste là où était caché le sexe de Snape, et il l’entendit crier son prénom à voix haute avant de soupirer une dernière fois et de commencer à se détendre. 

Le monde d’Harry venait de basculer.

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