Non Déclaré

Chapitre 8 : Chapitre Huit

5170 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/12/2019 11:41

Snape ouvrit les yeux lentement. Il regarda Harry. « Chat. » Sa voix était teintée par le sommeil. « Tu es du genre voyeur, hein ? Ou alors, remarquablement blasé. » Il repoussa les draps et se leva. Son sexe avait perdu de sa vigueur, mais il était toujours long et légèrement gonflé. Harry ne parvenait pas à le quitter des yeux. Ce n'était pas le premier qu'il voyait en dehors du sien, il avait déjà été dans les douches au Quidditch après tout – mais c'était celui de Snape.

Snape se dirigea vers la salle de bain et s'y affaira sans même fermer la porte derrière lui. Harry pouvait entendre ses gestes, et l'eau couler dans le lavabo. Il retourna bientôt dans la chambre.

« Je suppose que tu es prêt à partir ? » Il détailla le Chat de manière un peu présomptueuse, se tenant devant lui, complètement nu.

Harry était encore trop en état de choc pour bouger.

« Eh bien, si tu préfères rester, commença Snape, faisant mine de retourner sous les couvertures. »

Cela donna un coup de fouet à Harry. Il n'avait définitivement PAS envie de rester. Il sauta rapidement au sol et sortit de la chambre avant Snape, allant immédiatement à la porte menant au bureau. Il regarda derrière lui, mais Snape ne l'avait pas suivi. Il était sur le point de revenir en arrière pour voir pourquoi, quand Snape émergea en portant une robe noire. Le professeur ouvrit la porte du bureau, et laissant le Chat passer. Harry se précipita directement vers la porte menant au couloir. L'homme mit sa main sur la poignée, mais n'ouvrit pour autant. Il baissa les yeux sur Harry, un sourire triste sur le visage.

« Il n'y a qu'une frontière mince entre l'amour et la haine, Chat, dit Snape comme s'il cherchait à justifier quelque chose auprès d'Harry. » Harry mit ses pattes sur la porte, pressé de pouvoir partir. « Oui, bien sûr. » Snape hocha la tête et tourna la poignée. « Allez, file. »

Et avec ça, Harry partit comme la foudre dans le couloir, courant sans voir où il allait, son corps rendu engourdi par le choc et la confusion.

Il ne s'arrêta pas de courir avant d'être à la Tour d'Astronomie. Il se retransforma en lui-même et mit ses mains sur ses genoux, essayant de récupérer une respiration normale après avoir traversé tout le château en courant. Il y avait un millier de pensées qui tournoyaient dans sa tête. Harry était si abasourdi qu'il ne parvenait pas à les ordonner. Quand il fut finalement en mesure de se lever, il s'avança jusqu'au parapet et observa longuement le parc.

Snape était gay. Ce fut la première pensée choquante qui fit son chemin jusqu'à la surface. Gay. Il n'avait pas beaucoup d'expérience avec les hommes gays, mais il ne pensait pas que Snape ressemblait à un homme "typiquement" homosexuel. Mais Snape était clairement gay.

Il avait été en train de rêver d'Harry. Cette pensée était encore bien plus choquante que la première. Harry était sûr que les professeurs rêvaient à un moment ou un autre de leurs étudiants, à force de les côtoyer. Mais il avait pensé que si Snape avait rêvé de lui, le sujet aurait davantage porté sur des retenues prolongées et des chaudrons à récurer. Et non pas avec… peu importe ce que ça avait été.

Peu importe ce que ça avait été… Harry rejoua les scènes dans son esprit. Il ne pouvait pas faire erreur sur ce qui s'était passé. Il ne pouvait pas avoir mal entendu son nom. Pas répétés autant de fois. Pas dit aussi fort. Harry avait fait jouir Snape. En pensée ! cria son esprit. La pensée d'Harry avait fait jouir Snape.

Mais Snape détestait Harry. Il ne pouvait pas avoir fait erreur là-dessus non plus. La manière dont Snape le traitait, et l'avait même toujours traité. Toutes ces choses qu'il lui avait dites pour qu'Harry ne puisse jamais se payer le luxe d'ignorer à quel point Snape l'exécrait. Et même toutes ces choses qu'il disait d'Harry quand il n'était pas là pour l'entendre. Il avait dit que le voir était une torture. Il avait dit qu'il serait soulagé une fois que l'année serait enfin finie et qu'Harry partirait. Il avait dit qu'il aurait préféré mourir que de devoir voir Harry pendant encore une année entière. Pourquoi aurait-il dit toutes ces choses et agit de cette manière s'il ne haïssait pas Harry ?

Oh. Oh…

Mais c'était… C'était impossible ! Harry secoua la tête, refusant d'y croire. Il ne pouvait pas y avoir la moindre possibilité pour que Snape aime Harry. Il n'y avait aucune chance que Snape aime Harry. Mais si c'était bien le cas… si c'était bien le cas et qu'il voulait que personne ne puisse – qu'il ne pouvait pas se permettre que qui que ce soit sache… Harry ne voulait pas y croire. Non, il ne voulait pas, mais pourtant toutes les preuves étaient là devant lui. Il avait pu le voir de ses propres yeux, il l'avait entendu de ses propres oreilles. Et autant il aurait aimé pouvoir croire que ça n'avait été qu'un rêve, ça avait pourtant été bien réel.

Et bon sang, si ça ne prenait pas toujours plus de sens à mesure que Harry y pensait. Snape aimait Harry. Harry remarqua qu'il n'était remarquablement pas dégoûté par ce fait. Peut-être qu'il était encore sous le choc. Peut-être que c'était parce qu'il venait de découvrir ce qui était le plus humain chez Snape, et ça ne semblait pas si mauvais, ni déplacé, que Snape puisse avoir de tels sentiments pour quelqu'un d'autre. Et puis quelle importance, sur qui ils portaient. Harry ne savait pas pourquoi il n'était pas dégoûté, mais il n'avait pas besoin de s'attarder sur la question, puisque…

Oh mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire ?

Il allait devoir voir Snape. Tous les jours. Ça avait déjà été suffisamment dur de savoir qu'il y avait deux Snape et de garder ça pour lui. Mais maintenant… maintenant ça allait devenir interminable. Et qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Il était un très mauvais acteur. Il savait déjà que ça ne prendrait pas longtemps avant qu'Hermione ne puisse sentir que quelque chose n'allait pas. Il allait devoir faire de son mieux pour ignorer complètement Snape. Il ne lui parlerait plus à moins d'y être définitivement contraint par les circonstances. Il ne regarderait même plus dans sa direction à moins que ça ne soit absolument nécessaire. Mais Snape le regarderait, lui. Et à chaque fois qu'Harry pourrait voir que Snape le fixait, il saurait ce que pensait Snape de lui. Ce qu'il pouvait imaginer. Harry sentit ses joues rougir. Mince. Ça allait devenir très difficile.

Harry n'avait même pas commencé à comprendre l'ensemble de ses sentiments, mais il savait qu'il avait besoin de retourner à son dortoir. Alors il se métamorphosa à nouveau en chat et se dirigea vers la tour de Gryffondor.

— O —

Le sommeil avait mis longtemps à venir, et même s'il avait dormi jusqu'au déjeuner, Harry ne se sentait pas du tout bien reposé.

« Dure nuit, mec ? demanda Ron entre deux bouchées de son large sandwich à la dinde.

— Tu as une mine terrible, Harry, ajouta Hermione.

— À quelle heure es-tu rentré ? lui demanda Dean avant de prendre une gorgée de son verre de jus de citrouille.

— Je ne sais même pas, admit Harry. »

Hermione lui lança un regard de réprimande. « Tu n'arriveras qu'à te faire du mal, à jouer comme ça avec ton cycle de sommeil, Harry. Les choses sont déjà assez stressantes comme elles sont. Tu devrais faire plus attention et te reposer si tu veux vraiment avoir toutes tes chances aux examens.

— Et où est-ce que tu peux bien aller ? demanda Seamus.

— Oh, euhm, bredouilla Harry. Juste dans le coin. Nulle part en particulier.

— Comme j'aimerai avoir une cape d'invisibilité, fit Seamus, pensif. Tu as tellement de chance Harry. »

Hermione le fixa méchamment, en réponse. « Tu penses qu'il a de la chance, siffla-t-elle. De la chance que ses parents aient été tués et que la seule chose qu'il n'ait jamais eu de son père soit cette cape ? De la chance qu'il ait passé toute sa vie pourchassé par un fou furieux ? Je suis sûr qu'il abandonnerait bien cette cape si ça pouvait changer quoi que ce soit.

— Hermione, murmura Harry en se frottant la nuque.

— Désolé ! » Seamus leva les mains en geste de défense. « Ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Je sais, répondit rapidement Harry, avant qu'Hermione ne puisse poursuivre. Tout va bien.

— Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? demanda Ron, la bouche pleine. »

Hermione le regarda, incrédule. « Tu n'es pas sérieux, lâcha-t-elle platement.

— Quoi ? fit Ron perplexe.

— Les examens sont dans moins de cinq semaines, Ronald Weasley ! Nous avons des devoirs à rendre pour presque chaque cours cette semaine, et des révisions à faire ! Que proposerais-tu donc que nous fassions ? finit-elle sur un ton sarcastique, tout en croisant les bras.

Ron sembla pris de court. « Eh bien, commença-t-il, tout penaud. Je pensais qu'on pourrait aller s'entraîner un peu au Quidditch, admit-il. On a un match contre Poufsouffle Jeudi.

— Et alors ? » Hermione se tourna pour fixer Harry. « Tu es le capitaine. As-tu un entraînement de prévu pour aujourd'hui ?

— Euhm, non, murmura Harry, la mine abattue.

— Et est-ce que tu penses que l'équipe a vraiment besoin d'entraînement supplémentaire aujourd'hui, en plus de celui que tu as déjà prévu mardi, pour parvenir à l'emporter sur Poufsouffle ? demanda-t-elle. »

Harry lança un regard coupable à Ron. « Pas vraiment, répondit-il avec honnêteté. »

Ron fronça les sourcils.

« Bon, eh bien. » Hermione décroisa les bras et se tourna pour pouvoir fouiller dans son sac. « C'est décidé. Voyons-voir si je peux organiser notre temps pour cet après-midi.

— Traître, chuchota fortement Ginny depuis l'autre bout de la table, un sourire éclairant son visage. »

Harry lui sourit en retour. Il sentit que quelqu'un le fixait, et leva les yeux vers la table des professeurs. Snape le fixait furieusement. Pourquoi le fixait-il ainsi ? Qu'avait-il bien pu faire ? Il n'avait même pas regardé dans sa direction, et il n'y avait aucune raison pour que Snape agisse comme s'il haïssait Harry. Tout ce qu'il avait fait, c'était de sourire à Ginny.

Est-ce que Snape était jaloux ? Snape était positivement jaloux ! Cette pensée était si absurde qu'Harry failli éclater de rire, avant de se rappeler qu'il s'était promis d'ignorer Snape autant que possible. Il se força donc à se retourner et essayer de reprendre le monologue d'Hermione en cours de route alors qu'elle leur détaillait combien de temps ils allaient passer à étudier pour chaque matière pendant l'après-midi.

« …pour les potions, termina-t-elle.

— Hm ? fit Harry distraitement.

— Je disais, reprit-elle en roulant des yeux, est-ce que tu penses que le Professeur Snape pourrait nous laisser une salle de classe inutilisée dans les cachots pour brasser quelques potions cet après-midi ?

— Oh. » Harry n'était pas sûr. « Probablement pas si je le lui demande. » Il fit un petit sourire.

Ron renâcla avec dédain. « Oh oui, alors là, aucun doute là-dessus, accorda-t-il.

Je lui demanderai. » Elle roula à nouveau des yeux. Elle le faisait si souvent qu'Harry se demandait parfois s'ils n'allaient pas rester coincés...

« Me demander quoi, Miss Granger ? » La voix grave de Snape surprit tellement Harry qu'il sursauta de plusieurs centimètres sur son siège. Snape était arrivé juste derrière lui. Il était suffisamment proche pour qu'Harry puisse imaginer la chaleur irradier de son corps. Ses joues commencèrent à rougir. Heureusement, tout le monde était bien trop occupé à fixer le professeur, ou bien ses propres genoux, donc il ne pensa pas que qui que ce soit ait pu remarquer sa réaction.

« Professeur, nous avons prévu de passer l'après-midi à travailler sur nos devoirs et à étudier pour nos ASPICs. Nous aimerions pouvoir nous entraîner un peu à brasser les sujets de potions les plus fréquents aux ASPICS. Est-ce que vous voudriez bien nous laisser utiliser une salle de classe vide pour cela ? demanda-t-elle avec confiance, ne semblant pas intimidée le moins du monde. »

Snape se contenta de hausser un sourcil alors qu'il fixait Hermione de haut. « Vous laisser brasser des potions de niveau ASPICs, sans surveillance ? Je suis étonné que vous soyez parvenue à formuler une idée aussi monumentalement catastrophique. »

Hermione prit une mine défaite.

« Je pense que je préférerais encore être coincé sur une île déserte avec Potter que de vous laisser complètement libre avec des ingrédients et une salle de classe, ajouta-t-il avec un rictus. »

Harry essaya d'étouffer le rire qui menaçait de lui échapper. Il parvint à le camoufler en faisant mine de s'étouffer et de tousser.

« Honnêtement Potter, fit Snape d'un ton sec, pouvez-vous rester simplement assis, sans produire systématiquement une quantité de sons agaçants.

— Dé–désolé, monsieur, bégaya Harry.

— S'il vous plaît, professeur, plaida Hermione, nous avons besoin de nous entraîner. Je promets qu'on fera très attention. Je promets qu'on n'abîmera rien. »

Snape la détailla d'un œil critique pendant un moment. « Très bien, concéda-t-il. »

La joie d'Hermione en était presque tangible.

« Vous pourrez faire usage de la salle à côté de la mienne, si… » Et il insista fortement sur le mot. « …Vous me laissez choisir ce que vous allez brasser. »

L'expression d'Hermione se changea à nouveau en déception. « Mais vous nous laisserez nous entraîner sur des potions de niveau ASPICs, n'est-ce pas ?

— Oui, évidemment, dit-il d'un ton qui ne laissait aucun doute quant au fait qu'il aurait aimé ajouter qu'Hermione n'était qu'une fille stupide.

— Merci beaucoup, monsieur ! » Hermione lui sourit pleinement, avant de se reprendre et d'afficher une expression plus neutre. « Euhm, à quelle heure pourrons-nous utiliser la salle ?

— J'y serais à trois heures avec le matériel et les ingrédients nécessaires pour que vous soyez en mesure de brasser les potions que j'aurais choisi. Ne soyez pas en retard. » Harry avait la vague impression que Snape le fixait en disant ces mots. Et avec ça, le professeur tourna les talons et sortit de la grande Salle.

« Vous pensez qu'il va nous laisser brasser quoi ? demanda Ron.

— Je ne sais pas. » Hermione semblait inquiète. « Toutes les potions que nous avons déjà préparé au programme des ASPICs ont des ingrédients explosifs ou bien le potentiel de devenir définitivement désastreuses si une étape est oubliée ou que quelque chose est ajouté au mauvais moment.

— Eh bien, toute potion n'est pas déjà explosive de base ? rigola Seamus.

— Tu es le mieux placé pour le savoir, ajouta Dean en lui donnant un coup de coude.

— Allez, commanda Hermione en se levant. Allons dire aux autres ce qu'on va faire aujourd'hui.

— Mais je n'ai même pas terminé ! se plaignit Ron.

— Honnêtement, Ron… » Hermione l'attrapa par sa manche et le tira sur ses pieds. « Le fait que tu ne fasses pas encore la taille d'une maison m'étonnera toujours. »

Harry rigola de Ron, qui faisait de son mieux pour suivre Hermione.

« Fermes-là, Harry ! murmura Ron.

— Allons-y, fit Ginny à Harry en se levant à son tour. »

Harry attrapa son sac et suivit son groupe d'amis jusqu'à la bibliothèque.

— O —

« Hermione ! geignit Ron quand ils sortirent enfin de la bibliothèque, deux heures plus tard. Il faut qu'on fasse une pause !

— Tu pourras faire une pause quand les examens seront passés, Ron, dit-elle d'un ton détaché. Nous allons nous entraîner pour les potions. Nous ne pouvons pas être en retard. »

Secrètement, Harry était d'accord avec Ron. Ils avaient besoin de faire une pause. Il avait l'impression qu'il venait de passer une éternité à fixer des manuels et à rédiger des devoirs. Il ne voulait rien de plus que de sortir dans le parc, et d'aller jusqu'au terrain de Quidditch pour voler pendant quelques temps. Mais si l'année précédente lui avait appris quelque chose, c'était bien que les responsabilités étaient importantes, et que parfois, il était nécessaire de faire des choses dont on n'avait définitivement pas envie, tout simplement parce qu'il fallait qu'elles soient faites. Est-ce que ça faisait de lui un adulte ? Harry secoua la tête et repoussa cette pensée étrange.

Harry et ses amis se rassemblèrent au fond de la salle de classe une fois qu'ils furent entrés. Snape avait installé plusieurs chaudrons autour des paillasses et avait laissé des ingrédients pour eux. Il se tenait à l'avant de la salle, et cela ne présageait rien de bon.

« Eh bien, ne restez pas debout là, aboya-t-il. Vous me faites perdre mon temps. »

Toute le monde se dépêcha de rejoindre un poste de travail et sortit son manuel, mais personne ne l'ouvrit parce que Snape n'avait encore rien inscrit au tableau.

« Qui peut me dire quelle potion je vous ai autorisé à brasser aujourd'hui, demanda-t-il sur un ton de défi, à part Miss Granger ? »

Hermione baissa immédiatement la main.

Harry observa les ingrédients. Racine de belladone, œil de scarabée, brins de queues de licorne, feuilles de jacinthe… Il connaissait cette potion. Il l'avait étudiée pendant l'été et ils l'avaient déjà préparée en cours une fois, quelques semaines plus tôt. Il avait réussi à plutôt bien s'en tirer, d'après ses souvenirs. Il allait lever la main quand il s'arrêta. Il était supposé ignorer Snape. Il n'allait pas attirer l'attention sur lui, surtout pas en sachant ce que Snape penserait pendant qu'il lui parlerait. Alors il garda la main baissée et regarda les autres autour de lui, espérant que quelqu'un allait dire quelque chose.

« Personne ? demanda Snape d'une voix traînante. Comme c'est… décevant. » Il commença à se diriger de nouveau vers son bureau, à l'avant de la salle, ses mains serrées l'une dans l'autre derrière son dos. « Vous ne commencerez pas votre préparation tant que personne d'autre que Miss Granger ne pourra me dire pour quelle potion ces ingrédients sont utilisés. »

Harry vit quelques étudiants ouvrir rapidement leurs manuels pour commencer à lire la liste des ingrédients. Étaient-ils vraiment les deux seuls à savoir de quelle potion il s'agissait ? Étudier, c'était vraiment payant !

« Monsieur Potter. » Snape s'arrêta abruptement juste à côté d'Harry. « Peut-être pouvez-vous nous en dire quelques mots ? »

Du coin de l'œil, Harry put voir l'expression inquiète de Ron. Il savait que Snape était à la recherche d'une raison pour faire un commentaire désobligeant, qui serait suffisamment méchant pour que tout le monde continue de penser qu'il détestait Harry, mais qui ne soit pas trop poussé pour que ça ne revienne pas jusqu'aux oreilles de McGonagall.

« C'est une potion pour soulager la douleur de niveau deux, céda finalement Harry, son regard refusant de se poser sur Snape. »

Le professeur resta silencieux pendant un moment. « Et comment savez-vous, Monsieur Potter, continua-t-il sur le même ton que précédemment, clairement contrarié d'avoir manqué une occasion de montrer que sa haine envers Harry n'était pas partie, que ce n'est pas une potion de niveau un ? »

Harry leva les yeux avec hésitation vers Snape. Il s'attendait à y voir un regard meurtrier, ou alors cette façade de marbre, impassible, que Snape aimait porter. Mais au lieu de cela, il ne vit que ce qu'il ne pouvait interpréter comme de la surprise, et peut-être même un peu de fierté.

« Eh bien, monsieur, continua Harry en prenant courage. La potion de niveau un n'est pas au programme des ASPICs. Et je sais que ça ne peut pas être une potion de niveau trois, parce que celle-ci est bien trop lourdement réglementée par le Ministère. »

Snape plissa les yeux et étudia Harry pendant un moment. Il ne détourna pas le regard une seule fois. Finalement, Snape se tourna et continua sa route dans la salle. « Et pourquoi, monsieur Potter, dit-il à voix haute, pensez-vous que j'ai choisi cette potion pour que vous vous entraîniez aujourd'hui ?

— Parce que vous avez prévu de nous torturer ? sortit Harry avant d'avoir pu s'en empêcher. » Il entendit Hermione et toutes les autres personnes dans la salle retenir leur souffle.

Snape tourna vivement les talons pour lui faire face, ses yeux lançant des éclairs. Il resta silencieux alors qu'il se glissait vers la table d'Harry. Il s'arrêta lorsqu'il fut à une poignée de centimètres de son visage, et se pencha un tout petit peu en avant, donnant l'impression que seul Harry allait pouvoir entendre ses mots. « Je crois que vous venez tout juste de vous payer une retenue, monsieur Potter, dit-il sur un ton complètement normal, bien que sa voix soit froide comme la glace. » Il se redressa et se retourna pour marcher vers l'avant de la pièce. « Je resterai pour surveiller votre travail, dans le cas où l'un de vous, aussi surprenant que ça puisse être, soit à l'origine de la moindre catastrophe. »

— O —

« Harry ! chuchota Hermione alors qu'ils quittaient la salle de classe. Je n'arrive pas à croire que tu aies parlé comme ça au Professeur Snape ! »

Ron lui avait murmuré dans un souffle aussitôt que Snape s'était éloigné d'Harry : « Wow, t'en as une sacrée paire, mec. »

Harry avait parfaitement brassé sa potion, obtenant ainsi un « humph » de Snape quand il était venu inspecter son chaudron, avant qu'il n'ajoute : « Mon bureau demain soir, sept heures et demie, immédiatement après le repas du soir. Ne soyez pas en retard.

— Je ne pensais pas ce que j'ai dit, répondit Harry à Hermione avec honnêteté. C'est juste sorti comme ça.

— Tu as de la chance qu'il ne t'ait pas envoyé un bon sortilège, dit Ron. Merlin sait ce qu'il va vouloir te faire faire pendant cette retenue.

— Probablement rien de plus que de nettoyer des chaudrons sans utiliser la magie, devina Harry.

— Peut-être que si tu le lui demandes poliment, il voudra bien te laisser étudier, suggéra Hermione. »

Ron grogna.

« J'en doute, fit Harry avec un sourire en coin. Peut-être que je devrais essayer d'avoir plus de retenues, histoire de pouvoir enfin faire des pauses entre les révisions.

— Harry ! cria Hermione en essayant de rester sérieuse.

— Tu penses que je devrais faire quoi pour obtenir une retenue, alors ? blagua Ron.

— Arrêtez ! Tous les deux ! » Hermione secoua la tête de gauche à droite. « Honnêtement… Allez vous rafraîchir avant le dîner.

— Je pense que c'est la seule pause à laquelle on aura droit, Ron, fit Harry avec un sourire triste. »

— O —

Harry avait quitté la Grande Salle tôt juste pour être sûr qu'il ne serait pas en retard pour sa retenue. Il cogna à la porte à 7h29. Elle s'ouvrit toute seule pour lui.

« Entrez, Potter, aboya Snape. Venez ici. »

Harry s'avança jusqu'au bureau de Snape. Il pouvait voir les piles de devoirs amoncelées dessus, la plupart d'entre eux portant tellement de marques rouges qu'on aurait pu croire qu'il les avait flagellées avec un fouet.

« Que voulez-vous que je fasse, monsieur ? demanda-t-il timidement. »

Snape le détailla suspicieusement. « Vous devrez nettoyer ma salle de classe. Sans magie.

— Même les chaudrons ? » Harry demanda avant de pouvoir s'en empêcher. Pourquoi donnait-il donc des idées à Snape ?

Les lèvres du professeur se retroussèrent en un sourire diabolique. « Si vous en avez le temps. »

Harry hocha la tête, avant de se tourner pour aller dans la salle de classe. Il était parvenu à mi-chemin quand il entendit la voix de Snape.

« Que pensez-vous donc être en train de faire, Potter ? »

Harry se retourna. « Je vais nettoyer la salle de classe, monsieur.

— Vous ne me pensez quand même pas suffisamment stupide pour vous laisser dans ma salle de classe seul, même pour un instant ? » Le ton employé par Snape était clair quant à une chose, c'était bien Harry et non Snape qui était stupide dans cette histoire.

« Euhm, balbutia Harry. Non, monsieur.

— Asseyez-vous. » Snape fit un geste de la tête vers une chaise à côté d'Harry. « Nous y irons une fois que j'aurais fini de corriger ce devoir. »

Harry se glissa vers le siège et commença à détailler ses ongles.

« Et soyez silencieux ! »

Comme si Harry aurait pu oser vouloir être autre chose.

Seulement quelques minutes étaient passées avant que Snape ne se lève, prenant une pile de papier dans ses mains et contournant son bureau. « Venez, ordonna-t-il en passant devant Harry. » Harry se leva et le suivit à travers la salle de classe.

« Vous commencerez par les vitrines, ordonna Snape. » Le professeur ne s'inquiéta même pas de le regarder alors qu'il traversait la pièce pour aller s'installer au bureau.

« Avec quoi, monsieur ? demanda Harry poliment. »

Snape fit un grand geste de sa baguette et du matériel de ménage moldu apparut sur la table la plus proche de lui.

« Et silencieusement, Potter, spécifia Snape. »

Harry récupéra les affaires et s'avança jusqu'aux vitrines dans le coin le plus éloigné de la salle. Quand il en fut au second meuble, il put sentir les yeux de Snape posés sur lui, et quand il se retourna pour mouiller à nouveau son chiffon, il lança un regard vers lui. Snape prit immédiatement un air renfrogné quand Harry le regarda dans les yeux.

« Monsieur, est-ce qu'il y a quelque chose que je fais mal ? demanda Harry innocemment.

— Si j'avais pensé que vous puissiez vous en sortir avec une tâche aussi simple sans être surveillé, Potter, lui dit Snape avec condescendance, je vous aurais envoyé ici tout seul. Je m'assure seulement qua vous ne fassiez aucun dégât dans ma salle de classe.

— Très bien, alors. » Harry hocha la tête, réprimant un sourire, et se retourna pour terminer de nettoyer la seconde vitrine.

Il ne fallut pas tellement plus de temps pour que Harry en vienne à un point où l'angle dans lequel il travaillait lui permettait par la même occasion de surveiller Snape du coin de l'œil. Il remarqua assez rapidement que Snape passait plus de temps à le fixer qu'à corriger ses copies. Lorsqu'il vit pour la quatrième fois Snape détacher son regard de son corps pour en retourner à ses papiers, ses épaules se mirent à trembler du rire qu'il essayait de contenir à l'intérieur de lui.

C'était la mi-novembre, et pourtant il faisait chaud dans la salle de classe. Harry fit une pause quand il en fut à peu près aux deux tiers du nettoyage des vitrines et retira à la fois son pull et sa cravate. Il espérait que Snape ne lui ferait pas de commentaire mesquin pour ne défaut de port d'uniforme. Il leva les yeux vers le professeur, mais celui-ci ne semblait pas faire attention le moins du monde à lui pour le moment, alors il retourna à son nettoyage.

Il termina enfin de nettoyer les vitrines et décida de passer au nettoyage des tables. Il savait déjà qu'il lui faudrait beaucoup plus de temps pour en venir à bout et qu'il aurait besoin de plus d'huile de coude, alors il défit ses boutons de manchettes et roula les manches de sa chemise. Quand il eut terminé la première table, il avait déjà commencé à transpirer. Il essuya son front avec l'avant de son bras. À ce geste, Snape leva les yeux vers lui. Pendant un moment, ses yeux s'écarquillèrent, avant qu'il ne force brusquement son regard à revenir sur les papiers qui lui faisaient face.

Oh, pensa Harry malicieusement, ça va être tellement amusant…

Il savait que les yeux de Snape vacillaient vers lui toutes les quelques secondes, alors il n'avait aucun doute que s'il tournait le dos au professeur, il aurait immédiatement toute son attention. Il s'avança donc jusqu'aux premières tables à l'avant de la salle, et se pencha pour nettoyer depuis l'autre côté des tables, donnant une belle vue à Snape sur son fessier, dont les courbes étaient clairement dessinées sous son pantalon. Il entendit Snape s'éclaircir la gorge.

« Oui, monsieur ? demanda Harry en se retournant.

— Ri–rien, grogna Snape. Remettez-vous au travail. »

Harry hocha la tête, et se retourna à nouveau. Lorsqu'il eut terminé de laver la dernière table, il avait défait les deux premiers boutons de sa chemise, et il y avait de larges marques laissées par la transpiration sur l'avant et l'arrière de sa chemise. Il l'avait aussi tirée de son pantalon. Il savait qu'il avait l'air positivement défait, mais pourtant, Snape ne lui avait pas fait la moindre réprimande. Il jeta l'éponge dans le seau et s'étira, étouffant à peine un gémissement. Il pouvait voir que Snape avait les yeux fixés sur lui, mais Harry prétendit n'avoir rien remarqué. Il prit le bas de sa chemise et la leva à son visage pour s'essuyer avec. Il savait que ça donnerait à Snape un aperçu de ses abdos dénudés. Il le vit aussitôt se remettre dans une position plus confortable sur sa chaise.

« J'ai terminé de nettoyer les vitrines et les tables, monsieur. Dois-je m'occuper également des chaudrons ? fit Harry en levant enfin les yeux vers Snape.

— Non, répondit-il abruptement. Je ne peux pas jouer au baby-sitter plus longtemps. J'ai d'autres affaires qui requièrent mon attention. Vous êtes libre de partir. »

J'ai ma petite idée de ce que peuvent être ces affaires urgentes. Harry eut un sourire intérieur, raisonnablement certain que Snape allait se précipiter vers ses appartements pour pouvoir aller relâcher la pression en repensant à Harry en train de nettoyer la salle de classe, en sueur, et avec son uniforme débraillé. Ça ne dérangeait même pas Harry autant qu'il pensait que ça devrait. Il se rendait compte que ça n'importait pas pour lui. Non, en fait, il réalisait qu'il était plutôt intéressé par ce que Snape pourrait dire au Chat à propos de la retenue de ce soir.

« Très bien, monsieur, répondit Harry. » Il quitta la salle de classe, tout en ayant pour seul projet de prendre une douche rapide avant de retourner dans les cachots, en Chat, pour voir si Snape allait révéler encore quelques-uns de ses secrets.

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