Les visiteurs du passé

  Harry sentit la peur l’envahir. Mais que devait-il faire ? Partir et les laisser en plan ? Il lui semblait que c’était une bonne idée. Pourtant, il avait le sentiment qu’il le regretterait. Tout leur dire ? Ce n’était pas une mauvaise supposition : il pourrait alors parler librement avec ses parents sans avoir besoin de faire le cachottier et de vérifier ses mots. D’un autre côté, Dumbledore lui avait formellement interdit de leur parler de quoi que ce soit…

Aussi loin qu’il s’en souvienne, il ne s’était jamais trouvé dans une situation aussi déroutante, ce qui était, quand on y pense, plutôt déconcertant, lui qui vivait avec les Dursley… Il regarda tour à tour ses amis, soupira, et pour toute réponse, prolongea son silence. Il sentit alors une présence à sa droite et tourna la tête : James était venu s’asseoir à côté de lui.

-Harry… On est peut-être tes parents mais là, on a le même âge donc nous sommes amis et tout ce qu’on veut, c’est t’aider. Tu ne penses pas que tu te sentirais mieux après nous avoir parlé ? A mon avis, ce serait la meilleure des solutions. Je crois avoir ce que tu ressens, et je sais combien c’est dur d’être face à un dilemme pareil. Nous sommes désolés de te le poser. Or, nous avons absolument besoin d’être mis au courant des événements.

-Pour une fois, je suis d’accord avec Potter, intervint Lily. Ce serait mieux si tu nous racontais tout.

Harry releva les yeux et déclara :

-J’accepte de tout vous révéler. Seulement… je ne peux pas parler en présence de Sirius et Remus. Je suis navré, mais autrement, je ne peux rien dire.

-Mais… protesta faiblement Sirius.

-Non. riposta Harry. Je ne peux strictement rien dire si vous êtes là, vous deux. Donc, soit vous sortez, soit c’est moi qui sors et personne ne saura rien.

Remus s’était déjà levé et semblait attendre que Sirius le suive, mais ce dernier ne se donnait même pas la peine de bouger : il se contenta de croiser les bras.

-Sirius, s’il te plaît... commença James.

-Il n’en est pas question.

-D’habitude, tu n’es pas aussi tête de mule…

-C’est vrai ? Eh bien, j’ai sûrement changé de caractère, car tous les arguments du monde ne suffiraient pas à me faire changer d’avis. Je ne sortirais pas d’ici tant que Harry ne m’aura pas expliqué pourquoi.

-Tu veux savoir pourquoi ? s’emporta Harry. Eh bien, c’est simple : je ne peux rien te dire, voilà tout.

-Bon, d’accord, grogna Sirius. Mais attention : James, je compte sur toi pour faire le perroquet, je compte sur toi pour tout me répéter. C’est clair ?

-C’est clair, répondit James, qui ne savait plus très bien ce qu’il approuvait.

-Tu peux sortir, maintenant ? demanda Harry, qui commençait sérieusement à perdre patience.

-Ok. James ?

-Oui, oui, je sais.

Après s’être assuré que la porte était bien refermée, Harry revint s’asseoir mais resta silencieux.

-Bah, alors ? s’étonna Lily.

-Je ne sais pas par quel bout commencer, soupira Harry. Il y a tellement de choses à dire…

-Justement, avant de commencer, l’interrompit James. Tu peux nous expliquer pourquoi as-tu expulsé Sirius et Remus ?

-Je ne les ai pas expulsés, se défendit Harry, souriant légèrement. C’est juste que leur passé est très compliqué. Ou plutôt, c’est surtout Sirius qui a un passé rempli de choses très étranges, la plupart même horribles…

-Si tu fais référence à sa mère, alors…

-Non, ce n’est pas ça que j’entendais par-là, sourit Harry, se souvenant du portrait de Mrs Black au 12 Square Grimmaurd. Je t’expliquerais après, ajouta-t-il à l’adresse de James. En fait, ça ne m’aurait pas dérangé que Remus reste, il n’y a pas tellement de choses à dire sur lui, mais ça aurait paru suspect de ne faire sortir que Sirius. De toute façon, je préfère ne parler qu’à vous deux.

-Merci pour cette explication ! s’exclama James en tapant des mains. Et maintenant, c’est parti !

-Je t’ai dit que je ne savais pas par quel bout commencer ! répéta Harry.

-Bah j’sais pas moi, tu peux déjà nous dire des choses basiques, pour te mettre dans le bain ! Des choses simples, quoi, limites inutiles ! Voilà, par exemple, qu’est ce qu’on fait, comme métier, Lily et moi ?

-Oh…

Harry réalisa qu’il n’avait jamais cherché à se renseigner sur la profession qu’exerçaient ses parents avant qu’ils ne meurent.

-Je suis chef des Aurors, c’est ça ? s’écria James en levant le point en l’air. Mon destin est tout tracé. A propos, j’aimerais bien me rencontrer adulte. Je suis sûr que toutes les filles doivent tomber à genoux devant moi !

-Et moi ? demanda Lily, soudain intéressée. J’espérais devenir Médicomage…

-Bah alors, tu réponds pas ? s’inquiéta James. Il n’est quand même pas arrivé quelque chose ? Mais tu nous l’aurais dit, non ?

-Sachez… La voix d’Harry tremblait. Que vous ne pourrez jamais réaliser ce que vous m’avez cité.

-Bah qu’est- ce qu’on va devenir, alors ?

-Rien. Ou alors peut-être que vous exercerez ce qu’il vous plaira, mais seulement une année ou deux. Car… vous n’êtes tout simplement pas en vie.