A l'ombre d'un futur aux yeux violets : La Harpe qui jouait toute seule.

Chapitre 4 : Chapitre 4 : L'aiguille, les histoires et les étoiles

6981 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/04/2020 20:56

Excellente lecture !

A l'ombre d'un futur aux yeux violets

Première partie :

La Harpe qui jouait toute seule

Première année


Chapitre 4 : L'aiguille, les histoires et les étoiles



Le lendemain matin, lorsque Nina se réveilla, elle se sentait fraîche et dispo, prête à entamer sa première année de sorcellerie. La douleur de la veille était oubliée, elle avait hâte de commencer les cours.

Dans le dortoir des filles, Hermione était déjà levée, de même qu'une jeune fille aux longs cheveux noirs et à la peau brune, qui se tourna vers Nina, un sourire plein de dents blanches et une main tendue :

-Parvatil Patil. Salut.

-Nina. Elle serra la main tendue de bon cœur. Enchantée.

-Celle qui dort comme une marmotte là, c'est Lavande. Il va falloir la réveiller.

-Parvatil et moi nous sommes déjà passées à la douche, sourit Hermione Elle est libre, tu peux y aller.

A la droite de son lit, les affaires de Nina attendaient sagement. Elle se saisit de son uniforme, et avec une pointe fierté douce-amère, sa cravate rouge et or.

L'eau chaude lui fit du bien. Elle se frictionna le cuir chevelu et rinça toute les traces salées que les larmes d'hier avaient laissé sur ses joues. Remettre ses lunettes la rassura. En sortant de la douche, elle se sentait comme neuve. Dans le dortoir, Lavande était réveillé. C'était une petite fille au visage fin et aux cheveux frisottés qui devaient lui tomber sur les épaules en temps normal mais qui présentement, partaient dans tout les sens.

Parvatil déclara qu'elle allait attendre Lavande. Nina et Hermione descendirent donc dans la salle commune. Il y traînait quelques élèves qui s'attendaient les uns les autres. Hermione souriait beaucoup, Nina observait silencieusement.

-Le petit-déjeuner, c'est dans la Grande Salle, nan ? Demanda Hermione.

Nina hocha doucement la tête. D'escalier en escalier, et grâce au sens de l'orientation évidemment infaillible de Nina, elles ne se perdirent pas et arrivèrent dans une Grande salle moitié moins pleine que la veille, mais pas moins bruyante. Les deux petites filles s'assirent à la table des Griffondors, à côté de Potter et Weasley. A côté de Potter, les jumeaux rouquins. A côté de Weasley junior, le Préfet-roux-Weasley. Nina se sentit envahie.

Secouant la tête, elle se servit des toasts de beurre de cacahuète et de marmelade, avec un grand verre de jus d'orange. Elle appréciait le jus de citrouille, mais dès le matin, elle trouvait ça trop doux.

A côté d'elle, Hermione parlait vivement, sans que personne ne prête une oreille réellement attentive. Soudain, il y eu de l'agitation. Les préfets-en-chef distribuaient les emplois du temps. En recevant le sien, Nina sentit une excitation qui ne lui ressemblait pas grandir en elle. Aujourd'hui, histoire de la magie : deux heures en commun avec les Poufsouffles, puis, sortilèges, deux heures avec les Serdaigles. Repas. Et ensuite, métarmorphose, deux heures en commun avec les Serpentards, puis Défenses contre les forces du mal, deux heures, de nouveau avec les Serdaigles. Elle se sentait toute excitée, tout comme Hermione, Potter et Weasley et l'ensemble des premières années.

Le petit-déjeuner terminée, ils se dépêchèrent tous de trouver la salle d'histoire de la magie. Malheureusement, les escaliers semblaient n'en faire qu'à leur tête. Plus on leur demandait quelque chose, plus ils semblaient prendre un malin plaisir à faire tout l'inverse. Personne, même Nina, n'arrivait à leur faire entendre raison. Finalement, Nina, exaspérée, décida de trouver un autre chemin en se fiant à son intuition. Hermione la suivi et elles réussirent l'exploit d'arriver les premières dans la salle de cours. Le professeur n'était pas encore présent, aussi s'installèrent-elles et s'attirèrent les regards noirs de Gryffondors échevelés, en sueur d'avoir dû gravir escalier sur escalier au pas de course pour arriver à destination avant qu'ils ne changent d'avis. Les Poufsouffles, arrivèrent par petits groupes, en discutant et riant. Tout le monde s'installa et le professeur Binns entra dans la classe. En traversant le tableau. Beaucoup d'élèves laissèrent échapper un glapissement en le voyant entrer, dont Weasley. Nina, elle, était ravie. Ses frères lui avaient peu parlé du professeur d'histoire de la magie, mais elle avait toujours eu très envie de rencontrer ce fameux professeur ! Incapable de voir quoique ce soit sur lui, de par sa nature de fantôme, elle ne avait pas du tout à quoi s'attendre. Elle fut très vite déçue. Le fantôme parlait d'une voix monocorde, énonça à peine son plan de cours et commença directement à leur parler de l'usage de la magie à l'époque préhistorique. Le sujet était assez passionnant en lui-même, mais la voix ennuyeuse du professeur avait endormi la moitié de la classe avant le premier quart d'heure. L'autre moitié tentait en partie de rester éveillée tant bien que mal, sauf Hermione, qui écrivait à une vitesse fabuleuse absolument tout ce que le fantôme disait. Nina elle, tint jusqu'au début de la deuxième heure, mais abandonna totalement lorsque Binns énonça d'une lenteur abominable les différences entre les Homo Erectus Sorcilis et les Homo Sapiens Sorcilis, et commença à décrire l'éthymologie complète du mot savant Sorcilis.

Elle laissa tomber sa tête sur son bureau et se mit à dessiner. A côté d'elle, Potter et Weasley faisaient un morpion et le jeune garçon au cheveux noirs lui proposa de jouer, ce qu'elle accepta avec joie. La fin de la deuxième heure passa ainsi plus rapidement que la première. C'est après que ça se gâta.

En sortant de la classe, les jeunes élèves durent faire face à un problème courant de cette école : Peeves, l'esprit frappeur. Il se tenait en embuscade derrière la porte, prêt à leur jeter des boules de papier imbibées d'encre à la tête. Nina et Hermione, sortit dernières de la classe, réussirent à éviter les projectiles, grâce à Nina qui préconisa avant de sortir de la salle de cours, de se protéger avec les capes. Une fois arrivées dans un couloir à l'abri, Hermione jeta un regard des plus suspicieux à son amie :

-Comment tu as pu prévoir ça ?

Nina se glaça, puis força un sourire faux :

-De quoi tu parles ?

-Peeves. Comment tu as fais ?

-J'ai juste vu les autres se faire attaquer voyons. Et puis, mes frères m'ont parlé de Peeves, je connais ses tours.

-Et pour trouver notre chemin ? Comment peux-tu aussi bien connaître le château ?

-Je... j'ai toujours eu un excellent sens de l'orientation ! Et puis... De toute façon, pourquoi ça t'intéresse ? Qu'est ce que ça peut bien te faire ?

Nina, en panique, ne trouva rien de mieux que de devenir agressive envers sa jeune amie. Les grands yeux bruns d'Hermione s'agrandirent de peur et elle rougit furieusement :

-Je... balbultia Hermione. Désolée, je ne voulais pas te froisser... Excuse-moi.

Et Nina se sentit affreusement mal. C'était elle qui aurait dû s'excuser, pour avoir été méchante sans raison, pour lui cacher des choses. Elle fixa Hermione, qui semblait réellement désolée, comme si elle avait vraiment fait quelque chose d'horrible. Elle se détesta. Mais, quand elle voulu faire sortir les mots d'excuses qui grondaient dans son estomac, ils restèrent coincé dans sa gorge et sa bouche devint sèche. En désespoir de cause, elle agita la main et dit :

-Bon, euh...viens, on va finir en retard au prochain cours.

Hermione hocha la tête, mais ne parla pas du trajet, gardant la tête baissée, derrière Nina, ce qui ne lui ressemblait vraiment pas.

Le reste de la journée, Hermione parla pour la plupart du temps en cours, particulièrement en métamorphose.

Le cours de métamorphose fut impressionnant. Le professeur McGonagall était parfaitement à la hauteur de sa réputation. Stricte, diablement intelligente, c'était une sorcière très douée, juste et impartiale. Dès le début du cours, elle arracha des exclamations d'admiration des élèves en transformant son bureau en cochon d'un simple coup de baguette magique. Mais évidemment, ce n'était pas aussi facile pour eux.

D'un autre coup de baguette, elle leur distribua des allumettes et leur demanda de le transformer en aiguille, avec une formule de métamorphose basique.

-La formule que vous allez utiliser ici provient du verbe latin « mutatio », qui signifie... ?

Hermione leva aussitôt la main.

-Oui Melle Granger ?

-En latin, le verbe « mutatio » signifie « changer ». Il est à l'origine des sorts de métamorphoses de base, mais également de nombreux mots dans notre langage courant comme « mutant », « mutation » et les autres.

-Cinq points pour Gryffondors, c'est très bien Melle Granger. La plupart des sorts, enchantements et sortilèges que vous utilisez ont des racines grecs et latines. Quelqu'un pour me dire pourquoi ?

Hermione leva la main, mais cette fois, le professeur interrogea un élève de Serpentard, que Nina identifia comme étant Blaise Zabini :

-C'est dans l'Antiquité que les sorciers commencèrent à chercher à canaliser leurs pouvoirs. Les sorciers grecs et latins formèrent la première Assemblée magique et créèrent les premières incantations, dont les nôtres sont aujourd'hui dérivés.

-Correct, mais inexact. Cinq points pour Serpentard si vous pouvez me citer un des sorciers présent à ces premières Assemblées.

Zabini fronça les sourcils, réfléchit intensément. C'était un garçon qui promettait déjà d'être beau, à la peau sombre et lisse, et aux yeux dorés en amande.

-Homère... ? Répondit-il enfin d'un ton hésitant.

McGonagall se se fendit de l'un de ses rares sourires.

-Cinq points pour Serpentard donc. Ce que vous avez dit est correct, mais manque de précision. Les premières traces d'Assemblée magique que nous avons sont en Afrique, à une date bien antérieure à celle des grecs et des romains. Les formules basiques que nous utilisons de nos jours sont, de fait, issus de celles inventées par les sorciers de l'Antiquité greco-latine, mais elles ne sont pas universelles. Les sorts de base asiatiques, africains, sud-américains pour ne donner que quelques vastes exemples peu précis, sont eux, dérivés de formules inventés à des dates plus ou moins antérieures aux nôtres, dans un dialecte qui leur était propre.

Nina trouvait ça bien plus passionnant que le cours de Binns, comme à peu près tout le monde dans la classe. Elle prit des notes, et Hermione à côté d'elle leva la main :

-Oui Mlle Granger ?

-Et avant tout ça ? Avant les premières Assemblées, les premiers sorts, comment faisaient les sorciers ?

Nina n'en avait aucune idée. Avec la bonne nuit de sommeil qu'elle avait eu et la détermination qu'avait instillé en elle les paroles de Dumbledore, elle contrôlait plutôt très bien son pouvoir aujourd'hui. Elle tint donc à distance de son esprit la réponse. Elle s'étonna elle-même de la facilité avec laquelle elle parvenait à se maintenir dans l'ignorance, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que la réponse était si flou, si faible, que même si elle l'avait voulu très fort, elle n'aurait eu qu'une faible intuition.

Elle se saisit de sa plume et, sans écouter la réponse de McGonagall, prit un nouveau parchemin. D'une écriture rapide et brouillon, elle prit note de sa découverte sur son don. Sans aucune documentation ou savoir sur quelque chose, si c'était trop lointain, trop vaste, la vision serait faible.

-Bien, maintenant, nous allons commencer. Vous allez devoir métamorphoser l'allumette devant vous en aiguille. Pouvez-vous essayer de deviner, après ce que nous avons dit, la formule que nous allons utiliser ?

Après quelque seconde de réflexion, plusieurs élèves levèrent la main et McGonagall eut l'air satisfaite. Elle interrogea Dean Thomas, le sang-mêlé blond :

-Mutatio ?

-Bonne idée, mais vous ne précisez pas en quoi vous voulez que l'allumette se transforme. Vous devez insufflez à votre magie les directives nécessaires pour obtenir le résultat attendu. De plus, je ne crains que votre conjugaison soit mauvaise. Monsieur Nott, une idée ?

Un garçon brun de Serpentard baissa la main, l'air heureux d'être interrogé. Il a le même regard qu'Hermione, remarqua Nina. Et aussi les dents en avant.

-Muta Ferro ?

-Vous y êtes presque. La réponse est Mutate Ferro. Deux points à Serpentard et deux points à Gryffondor pour vous deux. Maintenant, passons à la pratique.

Nina mis de côté ses parchemins de notes pour dégager la table qu'elle partageait avec Hermione, Potter et Weasley.

-Bien, reprit le professeur McGonagall, pour le moment posez vos baguettes. Nous allons travailler la prononciation, très importante. Après moi : MuTAte FeRRo. Accentuez bien le « ta » et le roulement des r.

La classe répéta docilement les mots, plusieurs fois, jusqu'à ce que McGonagall soit satisfaite.

-Vous l'avez dans l'ensemble. Je passerai vous voir si vous n'y arrivez pas. Ensuite, le geste.

Le professeur leur expliqua le mouvement et finalement, la classe résonna des voix enfantines qui essayaient désespérément de transformer leur allumette en aiguilles.

A la vérité, l'exercice, bien qu'en apparence simple, était très dur. Il fallait persuader la magie de passer à travers la baguette, la contrôler pour la diriger vers l'allumette, et visualiser très clairement le résultat voulu. Potter et Weasley ne faisaient de répéter sans grande conviction la formule, avec des gestes mous. Hermione y mettait beaucoup plus de cœur. Sa voix était autoritaire, ferme. Peut-être un peu trop.

Quant à Nina, elle n'y arrivait pas. C'était très frustrant. Elle avait beau user de sa voix la plus ferme, son allumette restait la même. Elle avait l'impression que son tout petit filet de voix n'arrivait pas à atteindre la magie en elle.

-Je me serais pas douté que la magie ça serait si dur, soupira Potter au bout d'un moment.

Nina rit et Weasley approuva à grand coup de tête.

-Je ne trouve pas ça si compliqué, dit Hermione.

-Tout le monde ne lit pas les manuels scolaires durant les vacances... répliqua Weasley en levant les yeux au ciel.

Hermione haussa les épaules et se re-concentra sur son allumette.

-Tu ne faisais jamais de magie chez toi Ron ? Demanda Potter d'un air légèrement incrédule.

Ou alors était-ce un effet de ses grosses lunettes rondes. Weasley secoua la tête.

-Non, je n'avais pas le droit. Oh, bien sûr, j'ai déjà piqué la baguette d'un de mes frères pour essayer, mais ma mère m'a toujours disputé pour faire ce genre de chose.

-De toute façon, intervint Nina, faire de la magie avec une baguette qui ne nous a pas choisi, c'est toujours très difficile.

-Car « c'est la baguette qui choisit son sorcier, pas le contraire », dit Potter, les yeux un peu dans le vague.

-C'est M. Ollivander qui t'a dit ça ? Demanda Weasley.

Potter hocha la tête. De son côté, Hermione ne prêtait pas beaucoup attention à la conversation, concentrée sur son allumette.

-Moi, je n'ai pas de baguette qui m'a choisi, continua-t-il d'un air dépité. Il leva la sienne, une vieille chose dont le bout brillait quelque peu.

Bien sûr que non, pensa Nina avec un sourire. Les Weasley étaient connus pour leur pauvreté notoire. Non contents de se reproduire à une vitesse défiant toute concurrence, ils s'enlisaient dans les problèmes financiers avec une facilité étonnante.

C'était ce que son père racontait à sa mère, le soir, en riant. Nina les espionnait souvent depuis sa chambre. Elle ne l'avait jamais dit à personne, même pas au psychomage. Elle s'allongeait sur son lit, fermait les yeux et s'imaginait descendre les escaliers, se diriger vers le salon et là, l'imagination s'effaçait et elle se laissait guider. Elle adorait entendre ses parents discuter, sans savoir qu'elle était là, en quelque sorte. Elle traversait les murs, les objets, les gens. C'était rassurant de les savoir là, de les voir. C'était uniquement dans ces moments là qu'elle voyait sa mère les cheveux détachés, son père en simple chemise, détendu. Elle les entendait rire, discuter de tout et de rien, parfois, ils s'asseyaient en silence sur le canapé, face aux flammes, enlacés.

Avec une petite claque mentale, elle revint à la conversation. Weasley continuait à parler :

-...aussi hérité de mon oncle Henry, mais du coup, quand il a eu ses ASPIC, il me l'a donné.

Nina ricana. Bien sûr que c'était un vieille baguette, passée de génération en génération, pour des sorciers trop pauvres pour économiser dix gallions pour s'offrir une simple baguette. L'héritage de baguette était la chose la plus stupide qu'elle n'ai jamais entendu. Il était pourtant courant, lorsqu'un sorcier décédait, que l'on enterre, ou incinère sa baguette avec lui. Bien sûr, les pratiques variaient d'un pays à l'autre : en Egypte par exemple, où l'usage de la baguette magique ne s'était répandu qu'avec les colonisations, les sorciers étaient momifiés avec leurs allumettes magiques. En Nouvelle-Zélande, pareil, les baguettes magiques n'étaient arrivées que très tard et encore aujourd'hui, la magie traditionnelle s'enseignait à travers les tatouages marqués sur la peau, qui bien sûr, ne pouvaient être transmis, hérités. C'était connu et reconnu : c'est la baguette, l'allumette, le tatouage, qu'importe, qui choisit son sorcier, pas le contraire. Hériter d'une baguette, c'était se mettre en toute connaissance de cause des bâtons dans les roues.

-Tu n'as pas des difficultés du coup, avec cette baguette qui n'est pas la tienne ? Demanda Nina avec un rictus de moquerie.

Les oreilles de Ron devinrent écarlates.

-J'arrive à m'en servir...

Potter haussa les épaules :

-Je suis sûr que tu vas très bien t'en sortir Ron.

Nina émettait des doutes. De sérieux doutes même. La chose qui brillait à l'extrémité était sans conteste du poil de licorne. Les baguettes issues de l'essence de licorne étaient les plus sensibles, peu puissantes, mais extrêmement fidèles à leur propriétaire d'origine. Potter avait tort. Weasley allait en baver.

-Mutate Ferro !! Mutate Ferro !! le rouquin commençait à s'énerver sur son allumette et faisaient des grands gestes avec les mains. Mais ça ne marche pas ! Se plaint-il.

Hermione leva les yeux au ciel :

-Arrête de t'énerver, tu dois persuader ta baguette de t'écouter, pas la terroriser.

-Pfff... plus facile à dire qu'à faire.

Il jeta un coup d'oeil envieux vers l'allumette d'Hermione, dont le bout s'amincissait à vue d'oeil. En soupirant, il prit sa baguette et la porta à hauteur des yeux, la regarda intensément puis, lança d'une voix faussement grave :

-Écoutes-moi bien jeune fille !

Potter et Nina explosèrent de rire, tandis que l'ombre d'un sourire passait sur le visage d'Hermione, ombre qui s'effaça bien vite lorsque e professeur tourna un regard soupçonneux vers leur table.

-Soyez sages, s'il vous plaît, leur chuchota-t-elle, sinon, nous allons faire perdre les points que Dean et moi avons fait gagner à Griffondor.

-Tu es trop tendue toi, dit Ron en haussant les épaules. C'est bon quoi, si on a plus le droit de rire...

Pour la première dois de sa vie, Nina était d'accord avec un Weasley. C'était très étrange. Hermione se redressa sur sa chaise en le fusillant du regard, mais en voyant que Nina hochait imperceptiblement la tête en acquiescement à ce que disait le garçon, elle ne dit rien, et baissa la tête, se re-concentrant sur son allumette. Potter ne dit rien, même si la situation le mettait clairement mal à l'aise.

-Mutate Ferr...

BOUM

Il y eu une explosion à la table à côté de la leur. Nina éclata de rire. Elle ne savait pas ce qui était le plus drôle, entre le sursaut qu'avait eu tous les élèves, la tête du professeur McGonagall ou celle du garçons qui s’appelait Seamus, dont les cheveux se dressaient maintenant en pointes noircies. Weasley rit de concert avec elle, la surprise passée. Potter avait l'air choqué et Hermione secouait la tête, l'air de se demander comment pouvait-on rater un sort aussi simple de manière aussi extraordinaire. Dean Thomas riait tellement qu'il tomba de sa chaise et Londubat venait probablement d'avoir une crise cardiaque. De l'autre côté de la pièce, Zabini, Nott et Malfoy riaient aussi à en perdre haleine. McGonagall pinça les lèvres et réclama le silence, avant de vérifier que personne n'avait été brûlé. Le calme revint peu à peu.

Finalement, le professeur McGonagall arriva à leur table pour voir comment ils se débrouillaient. Elle rectifia le mouvement de Weasley et recommanda à Potter de ne pas chercher la magie, mais de au contraire, la laisser venir à lui. Elle s'extasia par contre devant l'allumette d'Hermione, qui avait pris d'une délicate couleur argentée et dont le bout piquait à présent.

Puis elle se tourna vers Nina.

-Melle Flintey, des résultats ?

-Aucun professeur.

La cloche sonna alors, marquant la fin du cours.

-Ne cherchez pas à être ce que vous n'êtes pas Nina, conseilla McGonagall tandis que les élèves autour rangeaient leurs affaires.

Nina se demanda pendant de nombreux jours ce qu'avait voulu dire le professeur McGonagall. Elle finit par arriver à métamorphoser complètement son allumette durant le quatrième cours de métamorphose, alors qu'Hermione, Nott, Parvatil et Zabini, pour donner quelques exemple, y étaient arrivé dès le deuxième. Elle pouvait se consoler en se disant qu'elle y était toujours arrivé avant Weasley. Un quart d'heure à peine avant lui, mais un quart d'heure quand même. Elle était plus douée en sortilèges. Elle fut la première à réussir le sort élémentaire de réparation, enfin, la deuxième, mais Hermione le connaissait avant même de commencer les cours, alors ça ne comptait pas vraiment. A elles deux, elles firent gagner au moins une bonne vingtaine de points à Griffondor en une semaine. Malheureusement, le cours que Nina attendait le plus, astronomie, fut annulé la première semaine, le professeur Sinistra ayant une petit accident de retour de ses vacances, qui retarda son arrivée à Poudlard.

Un des cours que tous le monde attendait, mais qui s'avéra plutôt décevant fut celui de Défense contre les Force du Mal. Le professeur Quirell était un des hommes les plus couard que Nina n'avait jamais rencontré. Pourtant... Pourtant, quelque chose retenait son attention. L'odeur d'ail qui saturait sa salle de classe l'étouffait et perturbait ses sens, au point où elle arrivait difficilement à se concentrer en cours. Mais, durant le troisième cours de Défense, elle croisa par inadvertance le regard bleu du professeur. Et immédiatement, un mal de tête intense la surprit et elle dû ne pas assister au cours d'Histoire de la Magie pour aller à l'infirmerie. Heureusement, Hermione prit gracieusement des notes pour elle et vint même la voir après la fin des cours.

Le cours de potions, bien que passionnant fut particulièrement désagréable. C'était un cours en commun avec les Serpentards et Nina se rendit alors compte à quel point ses frères avaient un avis biaisé. Jamais elle n'avait assisté à un cours si injuste. Elle se demanda si son avis aurait été différent si elle avait été à Serpentard. Elle espérait que non. Premièrement, le professeur Rogue lui faisait toujours aussi peur et elle n'était visiblement pas la seule. Des élèves et de Griffondor et de Serpentard se recroquevillèrent imperceptiblement lorsqu'il entra dans la pièce : Londubat, Nott, Dean pour ne citer qu'eux. Mais rapidement, il s'avéra que les élèves de Serpentard n'avaient rien à craindre de Rogue, à l'inverse de ceux de Griffondor. Il marqua une pose et un commentaire désagréable à l'appel du nom de Potter, ce que Nina trouva hautement déplacé, puis leur fit un discours à la fois terrifiant et fascinant sur l'art des potions. Nina pouvait sentir l'excitation de certains grandir en même temps que la sienne. Hermione était tendue sur sa chaise, visiblement peu refroidie par le professeur qui venait ouvertement de les insulter de cornichons. Nina se savait si elle devait rire et paniquer. Et soudain, le festival commença. Rogue commença par humilier publiquement Potter sans réel raison et personne ne savait si le plus surprenant était Hermione qui semblait connaître la réponse aux moindres questions pointues que le professeur posait à Harry ou le lynchage gratuit que le garçon subissait sans broncher. Dans un coin, Malfoy et ses deux gorilles d'amis étaient pliés de rire, mais c'étaient bien les seuls. Les Griffondors étaient simplement abasourdis par tant d'acharnement et les Serpentards, pour la plupart, semblaient trouver ennuyant que le cours prenne du retard.

Au final, l'impertinence de Potter coûta un point à Griffondor. Nina était soufflée. Elle trouvait le professeur beaucoup moins sympathique que dans les récits que ses frères lui racontaient. Il les répartit par deux et Nina se retrouva avec Dean pour préparer un potion destiné à soigner les furoncles. Comme un coup de vent noir, le professeur passait entre les rangs pour critiquer les élèves. Chacun eu le droit à sa part de reproche, même Hermione et Nott, pourtant reconnus comme les meilleurs élèves de leur classe respective. Nina eut le plaisir de recevoir un « Avec un feu aussi faible, vous avez plus de chances de faire pousser vos furoncles que de les éradiquer ! Vous voulez vous retrouvez avec un élevage ? Faites preuve d'un peu de bon sens, voyons ! » à mi-chemin entre la hargne et l'exaspération.

Et quand Neville fit malencontreusement fondre le chaudron de Seamus, Nina attendit dans l’appréhension l'explosion du professeur, qui ne se fit malheureusement pas attendre :

- Imbécile ! J'imagine que vous avez ajouté les épines de porc-épic avant de retirer le chaudron du feu ?

Il fit disparaître d'un geste de la main la potion répandue sur le sol, qui rongeait déjà les pieds de tabourets sur lesquels les élèves étaient perchés. Neville était en larmes : aspergés de potion, d'énormes furoncles lui poussaient sur les bras et le visage. Rogue lui jeta un regard chargé de mépris et ordonna sèchement à Seamus de l'emmener à l'infirmerie.

Il se tourna ensuite vers Potter et Weasley qui préparaient leur potion juste à côté :

-Potter, pourquoi ne lui avez-vous pas dit qu'il ne fallait pas ajouter les épines tout de suite ? Vous pensiez que s'il ratait sa potion, vous auriez l'air plus brillant ? Voilà qui va coûter un point de plus à Gryffondor.

Nina avait envie de hurler tellement c'était injuste, et apparemment, Potter était démangé par la même idée. Les Griffondors quittèrent les cachots sur les dents :

-Mais quel enflure ce prof !! s'exclama Dean alors qu'ils remontaient tous ensembles les escaliers. Vous avez vu comme il a traité Harry ?

-C'est totalement injuste, renchérit Lavande en secouant ses boucles châtain. Pauvre Neville, j'espère qu'il va bien.

-C'est surtout Seamus qui va devoir se racheter un chaudron, dit Parvatil, pragmatique.

-Il n'en avait que après les Griffondors ! S'indigna Hermione. C'est tout de même dingue ! Ma potion était du même niveau que celle de Nott, mais uniquement parce qu'il était à Serpentard, il a eu le droit à des félicitations et pas moi !

Nina ne disait rien. Elle se sentait... déçue et soulagée à la fois. Le professeur était loin de l'image passionnée que ses frères lui avaient dépeint, mais elle était diablement soulagée d'avoir quitté le cachot. Quelque chose entourait le professeur qui la terrifiait. Ou du moins quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Elle décida de ne plus y penser et accompagna Hermione voir Neville à l'infirmerie.


La vie à Poudlard était bien remplie, Nina n'avait pas eu le temps de voir ses frères depuis le soir de la Répartition.

Enfin, le deuxième mercredi après-midi, alors que tous les premières années étaient dans la salle commune, en train de travailler (Hermione, Seamus, Parvatil) ou de ne rien faire (Weasley, Potter, Lavande), elle se décida d'aller explorer le château. Elle demanda à la cantonade qui voulait bien l'accompagner. Sans surprise, Hermione répondit qu'elle aurait adoré, mais qu'elle devait absolument finir le parchemin demandé par le professeur Binns pour la semaine suivante. Mais Potter, qui somnolait à côté d'un Ron complètement endormi, se redressa et dit qu'il l'accompagnerait volontiers. Ils quittèrent donc la salle commune ensemble et marchèrent en silence pendant quelques minutes, jusqu'à ce que le garçon rompt le silence :

-Je vais te semblait... impoli mais... Pourquoi tu as les yeux violets ?

Nina avait envie de rire. Comme s'il était la première personne à lui demander cela, mais il avait au moins le mérite d'être franc et direct. Elle détestait l'idée de mentir, mais elle était obligée :

-Je n'en sais rien. Je suis née comme ça.

-C'est étrange la magie nan ? Je ne suis pas très doué moi !

Nina ricana.

-Moi non plus tu sais !

-Hermione par contre, qu'est ce qu'elle est douée !

Potter admirait très clairement la jeune fille.

-Mais elle peut être énervante parfois, continua-t-il.

Nina avait très envie de le contredire, mais elle devait admettre qu'il y avait aussi des moments où elle avait envie de lui sortir un « ferme-là » bien mérité. Elle ne répondit donc rien.

-Je sais que tu es amie avec elle et tu sais, quand elle n'est pas en train de nous réprimander pour n'importe quoi, je l'aime bien !

Il avait un large sourire et était sincère, se rendit compte Nina.

Ils discutèrent de tout et de rien en se promenant au hasard dans les couloirs. Potter, que Nina avait commencé à appeler Harry, était un garçon enjoué, volontaire et curieux, qui ne manquait pas d'essayer d'ouvrir toutes les portes et cassait volontairement des choses pour exercer sa maîtrise du sortilège de réparation. Lorsqu'il n'y arrivait pas, Nina venait à sa rescousse en riant. Ils passaient un meilleur moment que Nina ne se serait douté.

Puis, Harry ouvrit la mauvaise porte. La fille poussa un hurlement, Harry rougit et se confondit en excuse, le garçon sortit sa baguette d'un air menaçant et Nina explosa de rire.

-Nina !! Par Merlin !

Harry évitait à tout prix de regarder les seins que la septième année cachait tant bien que mal d'un air furieux tandis qu'Alexandre Flintey, baissait sa baguette et fixait sa sœur, hors de lui.

-Dégage Nina, t'es vraiment chiante !

-Pardon, pardon !

Elle saisit Harry par la manche et le traîna hors de la salle. Lui toujours rouge de honte et elle toujours pliée de rire, ils s'éloignèrent en courant.

-Tu le connaissais ? Dit Harry alors qu'ils s'asseyaient, hors d'haleine, dans une salle de trophée.

-Oui. C'est mon frère.

-Tu as un frère ?

-Deux. Des jumeaux. Ils sont en septième année.

-Dans quelle maison ?

-Serpentard.

Harry ne répondit rien. Il sembla réfléchirent quelques instants, avant de se retourner vers Nina :

-Le Choixpeau a failli m'envoyer à Serpentard.

Nina arqua un sourcil.

-Et ?

Il haussa les épaules. Elle comprit. Il avait une mauvaise opinion de Serpentard et pour le moment, rien de ce qu'elle pourrait lui dire ne le fera changer d'avis. Alors elle décida de ne rien dire. Elle avait remarqué l'animosité qu'il manifestait à l'intention de Malfoy et réciproquement. Elle se sentait déçue. Mais elle mit ce sentiment de côté et ils rentrèrent à la salle commune en temps qu'amis.


-Dis Hermione, commença Nina le soir même en se servant un peu de poulet. Comment tu as su que tu étais une sorcière ?

Elle avait posé la première question qui lui venait à l'esprit. Elle leva les yeux vers Hermione, dont le regard, perdu dans le vague, fixait distraitement son assiette encore vide. Elle vit, sans faire vraiment exprès. Une chambre remplie de livres. Beaucoup de livres. Elle détourna vite le regard. Elle avait la ferme intention d'appliquer les conseils du professeur Dumbledore à la lettre et de ne laisser en aucun cas son pouvoir prendre l'ascendant sur elle. Elle voulait absolument être capable de gérer son don.

-Et bien... répondit Hermione avec hésitation. La première fois, je ne m'en suis pas vraiment rendue compte. J'étais allongée sur mon lit, je lisais. Au-dessus de mon lit, il y a une étagère pleine de livres et ce jour là... Un clou a cédé et les livres me sont tombés dessus. Mais en fait pas vraiment. Ils sont tombés comme au ralenti, très doucement, autour de moi.

Nina la regarda cette fois et laissa la vision venir à elle. Hermione était très jeune, beaucoup plus jeune que ce à quoi elle se serait attendu. Quatre ans ? Ou lors à peine cinq. C'était une petite fille perdue sous sa masse de cheveux, aux yeux brillants. Elle lisait sur son lit et de fait, l'étagère au dessus, pleine à craquer de bouquins, branlait doucement.

-La deuxième fois, -Nina revint à la réalité avec un petit sursaut-, j'étais plus vieille. Je venais de lire « Mathilda » de Roald Dahl. Tu connais ?

Nina secoua la tête.

-C'est un auteur Moldu ! Tu devrais absolument le lire, je suis sûre que tu adorerais ! Il a un style vraiment unique et ses histoires sont toujours très poétiques et drôles !

Lorsqu'elle parlait de livres, les yeux d'Hermione se mettait à briller et ses mains bougeaient toute seules.

-Et donc je venais de finir ce livre et je voulais vraiment faire comme l'héroïne. Parce que, tu vois, dans « Mathilda », la petite fille a des pouvoirs de télékinésie ! Donc, j'ai mis un livre sur mon bureau et je me suis assise sur le lit et j'ai fait comme dit dans le livre. J'ai fixé l'objet et je pensais très fort « bouge, bouge ». Et là, je m'y attendais pas du tout, mais le livre a bougé !! J'étais tellement surprise que j'ai crié ! Le livre est retombée et mes parents n'avaient heureusement rien entendu. J'ai voulu voir si je pouvais le refaire. Et je l'ai refait. D'abord avec un livre, puis avec plusieurs. C'était... magique.

Nina écoutait, fascinée.

-Tous les soirs, après l'école, je m’entraînais. Je n'en parlais à personne. Je... je n'avais pas beaucoup d'amis alors et c'était un secret entre moi et les murs de ma chambre.

Aucun ami. Elle n'avait aucun ami.

Nina frissonna et fut prise d'une soudaine envie de fourrer sa tête dans les épaisses boucles brunes, de serrer son amie très fort dans ses bras.

-Un jour, mon père est entré dans ma chambre et m'a surpris. Le lendemain, le professeur McGonagall est venue nous rendre visite et nous a tout expliqué. J'étais vraiment très surprise, et très excitée aussi !

-Tes parents, ils étaient contents ?

-Je ne sais pas si « contents » est le bon mot. Ils étaient sous le choc bien sûr, mais je crois qu'ils étaient soulagés d'apprendre que j'allais aller dans une école spécialisée. Que, je ne serais pas seule en fait.

Nina approuva. Elle pouvait imaginer le choc que ça devait représenter pour des parents Moldus. C'est drôle de n'y avoir jamais pensé avant, se dit-elle.

-Et toi ?

-Moi ? J'ai toujours su que j'étais une sorcière...

-Oui, d'accord, mais quel a été ton premier acte de magie ?

La météo, avait envie de lui répondre Nina, mais c'était de la divination ça.

-Euh... Quand j'avais aux alentours de six ans, je me suis fait disputée par Anna...

-Qui est Anna ? Ta sœur ?

-Non, ma gouvernante.

Hermione parut choquée.

-Bref. Anna me réprimandait sévèrement pour je ne sais plus quelle raison, mais je trouvais ça très injuste. Je n'ai rien dit, j'étais juste debout devant elle dans la cuisine, je ne la regardais même pas. Je me souviens très clairement, j'avais les poings tellement serrés que j'avais mal aux jointures. Et d'un coup, toute la vaisselle a juste explosé.

-Ouah. Ç'a dû être très impressionnant !

-Ç'a surtout aurait pu être très dangereux. Les éclats de verre et de porcelaine ont volé partout et ils étaient très coupants... Mais heureusement, ni moi ni Anna n'avons été touchées.

-Tu t'es fait disputée ?

-Non. La première manifestation de magie est célébrée dans les familles de sorciers sang-pur.

Hermione haussa les sourcils, mais Nina ne remarqua rien.


La nuit même, les Griffondors avaient leur premiers cours d'astronomie. Nina était très excitée. Elle bâcla son devoir de potions et resta debout toute la soirée dans le dortoir, à discuter avec Hermione. La plupart des élèves de première année préféraient dormir le temps qui les séparait du cours d'astronomie. Avec la montagne de travail qu'ils avaient à faire, chaque parcelle de sommeil était bonne à prendre.

Enfin, l'heure de se rendre à la Tour d'Astronomie arriva. Nina se sentait prête à sauter sur place, mais garda son calme. C'était un cours en commun avec les Poufsouffles et les deux maisons grimpèrent ensembles les multiples marches de la haute tour.

Ils furent accueillis par Mrs. Sinistra. C'était une grande sorcière à la peau sombre, aux yeux très maquillés et à la robe noire en dentelle très élégante. Nina sut à l'instant même où elle la vit qu'elle adorerait cette professeur. Le regard qu'elle posait sur les élèves, la façon dont elle marchait, ses longues doigts aux ongles parfaits, sa voix douce, presque diaphane, tout, absolument tout chez elle, la fascinait.

Ils commencèrent par tous s'asseoir au sommet de la Tour. Nina, au désespoir d'Hermione, tint absolument à s'asseoir près du bord.

Elle adorait la hauteur. Adorait sentir le vent sur son visage. Adorait voir le parc depuis si haut. Adorait le sentiment de ne faire qu'un avec le ciel noir, noir et pourtant si brillant. Brillant de milliers d'étoiles qui scintillaient comme des gouttes de diamants. C'était si beau, elle avait presque envie d'en pleurer.

Elle aimait, chez elle, passer des nuits entière à sa fenêtre, à fixer le ciel. Sans rien lire. Sans vision. Juste elle et le ciel, à rêver qu'elle pouvait voler.

La voix du professeur la ramena à la réalité :

-Bonsoir chers première années. Griffondor et Poufsouffle, n'est-ce pas ?

Quelques élèves acquiescèrent en silence. L'ambiance était si feutrée, si irréelle, dans le calme ténébreux de la nuit encore chaude de ce début de septembre, que personne n'osait prononcer un mot.

-Bienvenue pour ce premier cours d'astronomie. Je m'excuse pour mon absence de la semaine dernière. L'administration sorcière de France est un véritable enfer. Passons.

La voix du professeur glissait, lisse et mélodieuse, chaque mot devenait une chanson dans sa bouche.

-L'astronomie. Telle est la noble matière que j'enseigne. Une petite définition ? Oui Melle Granger ?

-L'astronomie, selon la définition officielle de 1923, rassemble la connaissance des différentes cartes du ciel et de leur influence sur...

-Merci, c'est déjà bien suffisant. Trois points pour Griffondor. Prenez un parchemin s'il vous plaît.

Le reste du cours, ils ne touchèrent pas aux télescopes qui leur faisaient de l’œil de l'autre côté, ils passèrent leur temps à prendre des notes sur l'utilisation des instruments d'astronomie, ils n'échangèrent pas un mot, ils observèrent le ciel sans bouger, ils écoutèrent sans broncher.

Mais ce fut le cours que préféra Nina. Le calme. La tranquillité du lieu. La douceur du professeur. Le ciel. Le vent. La lune. La nuit. L'odeur de pin de la forêt.

En rentrant à la salle commune, vers une heure du matin, elle jeta un dernier regard à l'immensité du ciel et à la silhouette fine de Mrs Sinistra qui se découpait en haut de la Tour.

En fermant les yeux, elle pouvait entendre les étoiles.


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