Filament de lune

Chapitre 10 : Season's Greetings

3621 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/05/2020 13:07

La dernière semaine de cours précédant les vacances de Noël s’écoula comme un rêve.

A l’approche des fêtes de fin d’année, et au grand soulagement d’Hermione, l’immense majorité des élèves de Poudlard étaient désormais bien plus préoccupés par les réjouissances à venir que par ses récentes frasques avec Malefoy… Un Malefoy qui, curieusement, cherchait dorénavant à se faire oublier, ce qui n’était guère dans ses habitudes… exception faite, bien sûr, de toutes les fois où il était occupé à fomenter un mauvais coup. En considération de son récent triomphe, à peine terni par la raclée que lui avait infligé Ron, Malefoy aurait dû pavaner à travers toute l’école, en clamant haut et fort comment il avait réussi à abuser cette insupportable je-sais-tout de Granger, et à percer les défenses de sa sainteté Potter. Au lieu de cela, il rasait les murs, comme s’il avait espéré se fondre en eux, se faisait tout petit en classe, et désertait autant que possible les lieux publics. Son comportement n’avait évidemment pas échappé à Hermione, et cela n’avait fait que la conforter dans l’idée que Malefoy n’avait évidemment pas l’intention d’en rester là. Maintenant qu’il était en possession de la carte du Maraudeur et de la cape d’invisibilité, il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Pour Hermione, pas de doute : Malefoy préparait un mauvais coup à l’encontre de Harry.

_ Cette histoire est loin d’être terminée, murmura-t-elle à Harry alors qu’ils étudiaient tous les deux à la bibliothèque.

Le jeune homme haussa les épaules, blasé, sans lever les yeux de son parchemin.

_ On verra bien…

Contre toute attente, Harry avait rapidement pardonné à Hermione. Non pas qu’il ne lui voulait pas, loin s’en faut ! De prime abord, il avait trouvé la faute commise par son amie inexcusable, et la colère l’avait emporté sur l’amitié. Harry avait toujours considéré Hermione comme la fille la plus intelligente du monde, et de loin. Aussi n’avait-il pas compris immédiatement comment elle, si brillante, avait pu se laisser berner à ce point par ce fourbe de Malefoy. Tout à la perte des précieux objets ayant jadis appartenu à son père, Harry avait donc pris la décision d’ignorer Hermione avec la ferme intention de ne pas lui chercher de circonstances atténuantes. Si elle voulait se faire pardonner, il lui faudrait beaucoup de patience et de plates excuses avant qu’Harry ne daigne la regarder en face à nouveau.

Mais, comme il s’y était attendu, Ron était venu lui parler, et les belles résolutions de Harry avaient commencé à chanceler. Ron lui avait expliqué combien elle s’en voulait, combien elle regrettait d’avoir été si naïve, et lui avait dépeint avec verve toute la haine qu’elle vouait à Malefoy. En définitive, ce n’était pas tant le plaidoyer de Ron qui avait fini par convaincre Harry, que Ron lui-même. Harry n’était pas sans savoir combien son meilleur ami avait souffert des amours assassines de Hermione avec le digne représentant de la maison Serpentard. Pourtant, il ne lui avait fallu que quelques heures à peine pour lui pardonner son écart et la défendre avec véhémence. Or, Ron pouvait s’avérer très rancunier : Harry en avait lui-même fait l’amère expérience au cours de leur 4ème année à Poudlard, lors du Tournoi des Trois Sorciers. Mais le fait est que le mal-être de la jeune fille n’avait pas échappé à Ron, qui s’était empressé d’en faire la démonstration à Harry. Hermione s’avérait tout simplement bien plus fragile qu’il n’y paraissait. Peut-être avaient-ils trop souvent omis, tous les deux, de la considérer comme une fille à part entière, sensible et réclamant quelques attentions, plutôt que comme leur camarade d’aventures, à l’esprit pratique doublé d’un sale caractère.

Peu à peu, la colère du jeune homme se mua en pitié. Lui, le survivant, avait été marginalisé toute sa vie, faisant les frais d’une renommée qu’il ne pensait pas mériter et, pire : qu’il rejetait de tout son être. Etre reconnu pour des qualités extérieures qui, a priori, n’ont pas grand chose à voir avec la personne que l’on est réellement, au fond de soi, Harry en faisait chaque jour le désagréable apprentissage. Aussi comprenait-il désormais à quel point Hermione avait dû se sentir seule, au point de se jeter dans les bras de son pire ennemi, pour avoir déjà – et maintes fois – ressenti ce sentiment profond de solitude auparavant. Ron et lui avaient décidément dû être bien négligents pour la pousser à de telles extrémités…

Le repentir sincère de son amie avait achevé de le convaincre, et Ron, Hermione et Harry s’étaient juré de nouveau une amitié éternelle pour sceller leurs retrouvailles.

Pour Harry, l’incident était clos, même si, comme venait de le lui faire remarquer Hermione, le pire était à craindre. Tous deux s’étaient barricadés derrière une muraille infranchissable de vieux grimoires tous plus poussiéreux les uns que les autres, afin de pouvoir bavarder sans être dérangés. Pour plus de sûreté, Harry avait jeté un sortilège d’assourdissement tout autour d’eux afin de tenir Mme Pince à l’écart de leurs confidences.

_ Tu ne devrais pas prendre Malefoy à la légère, le sermonna Hermione, stupéfaite de la décontraction de son ami compte tenu des circonstances.

_ Et c’est toi qui me dis ça ?, fit remarquer Harry, amusé.

_ Oui, justement, souffla-t-elle, en rougissant légèrement. J’ai commis l’erreur de ne plus le prendre pour ce qu’il a toujours été : un manipulateur, un conspirateur ! Tu devrais en prendre de la graine, Harry !

_ Je sais, soupira-t-il. Tu me l’as déjà répété cent fois depuis…

Mais Hermione ne lui laissa pas le temps de développer sur ses sempiternels sermons et continua sur sa lancée :

_ Je ne suis pas tranquille… Il va essayer de s’en prendre à toi… Après ce qu’il a déjà manigancé, ça me semble évident, non ?

Harry s’étira paresseusement sur sa chaise, refusant d’entrer dans son jeu.

_ Sûrement, oui. C’est ce qu’il fait toujours, n’est-ce pas ? En tous cas, il ne pourra rien tenter pendant les vacances, assura-t-il en bâillant d’ennui.

_ Si tu le dis.

Maussade, Hermione se replongea dans « Le Grand Bestiaire des contrées du Nord : enjeux culturels et géopolitiques de la faune nordique». Elle devait rendre un exposé à Rogue avant la fin de la semaine, et désespérait de le terminer à temps, sous peine de devoir passer les fêtes coincée en retenue avec le sinistre professeur. Etrangement, depuis sa mésaventure avec Malefoy, l’ancien maître des potions semblait s’acharner sur elle plus que de coutume…

_ Au fait… Ron t’a invité pour les vacances, non ?, glissa innocemment Harry pour détourner la conversation et l’amener vers un terrain plus intéressant.

Hermione acquiesça distraitement.

_ Et… Tu as accepté ?

_ Je n’ai pas vraiment eu le choix, marmonna-t-elle sans lever le nez de son livre. Mes parents partent fêter Noël aux Baléares, en amoureux, précisa-t-elle avec une moue dégoûtée. Bref, c’était le Terrier ou ma tante Clarisse… Le choix était vite fait ! Et puis, la mère de Ron tient beaucoup à ce que je sois là, ajouta-t-elle précipitamment en rougissant légèrement.

_ Parfait !, s’exclama Harry, ravit. Plus on est de fous… Et puis, ça n’aurait pas été pareil sans toi.

Hermione, attendrie, le gratifia d’un regard empreint de reconnaissance. Mais elle fronça bien vite les sourcils devant le sourire éloquent de son ami.

_ Quoi ?

_ Non rien…, répliqua Harry sur le ton de l’innocence. J’étais juste en train de me faire la réflexion que Ron aussi devait être content que tu viennes…

Ignorant l’insinuation, elle griffonna fébrilement quelques mots sur son parchemin avant de relever la tête.

_ Ron aurait mieux fait de venir étudier avec nous au lieu d’enfourcher son balai par un temps pareil, fit-elle remarquer en jetant un coup d’œil critique au-dehors.

Et en effet, le ciel était plombé de lourds nuages. De violentes bourrasques balayaient le parc, tandis qu’une pluie diluvienne tombait en rideaux successifs.

_ Il tenait absolument à s’entraîner une dernière fois avant de partir, expliqua Harry, moqueur. Je crois qu’il a peur d’affronter Charlie et Bill. D’autant que Fred et George ont promis de diriger le cognard exclusivement sur lui, cette fois! Ils disent que c’est pour perfectionner sa technique et faire de lui un meilleur gardien…

_ Vous n’arrêterez donc jamais avec le Quidditch ?, grogna Hermione, exaspérée.

_ J’espère bien que non !, s’exclama Harry, la mine réjouie.


Comme chaque année à la même époque, le château était plongé dans une véritable frénésie. Tout un chacun s’empressait de faire ses valises pour quitter Poudlard le plus tôt possible après la fin des cours. Peu d’élèves restaient à l’école, la plupart préférant fêter Noël en famille, a fortiori depuis le retour annoncé de Voldemort. Le noyau familial n’avait jamais été aussi important qu’en ces temps troublés.

En ce vendredi soir donc, le hall était bondé. La masse de jeunes sorciers se pressait vers la sortie, tirant leurs lourdes malles derrière eux. Harry, Ron, Hermione et Ginny avaient décidé de rejoindre Pré-au-lard pour emprunter le réseau des cheminées plutôt que le Poudlard Express. N’ayant pas encore leur permis de transplaner, et les multiples cheminées de l’école ne se prêtant malheureusement pas aux transports inter-foyers en raison de la sécurité optimale en vigueur à Poudlard, ils ne disposaient que de cette solution pour regagner le Terrier au plus vite.

_ S’ils n’accélèrent pas le mouvement, on est bons pour passer la nuit ici, grommela Ron qui trépignait d’impatience, fusillant du regard les plus jeunes élèves qui semblaient prendre un malin plaisir à boucher le passage.

_ Du calme, Ron, répliqua Ginny. Ça ne fera pas avancer les choses de s’énerver de la sorte.

_ Il n’a pas tort, objecta Harry qui, tout comme Ron, ne voulait pas perdre une soirée au Terrier. Si ça ne se débloque pas plus vite, Hagrid va finir par fermer les grilles du domaine pour la nuit et nous serons bloqués ici jusqu’à demain.

_ En quoi est-ce si grave ? Du moment que nous restons ensemble, murmura doucement Ginny en prenant la main de Harry.

Ron et Hermione échangèrent un regard gêné, puis détournèrent vivement la tête, se fuyant des yeux. Ils reportèrent leur attention sur deux élèves de première année qui venaient d’empêtrer leurs valises respectives juste devant la porte, bloquant l’accès au parc. Autour d’eux, les cris fusaient. Les deux pauvres diables s’en prenaient l’un à l’autre, d’avantage enclins à désigner un coupable qu’à déblayer leurs bagages. Ron, exaspéré, leva les yeux au ciel.

_ Retenez-moi ou je les tue !

_ Garde ton calme, on va trouver une solution, dit Hermione en posant une main rassurante sur son bras.

Son contact le fit tressaillir. Hermione dû s’en rendre compte car elle enleva précipitamment sa main en toussotant.

_ Rien à faire ! S’ils ne se décident pas à pousser leurs valises, on va droit à la catastrophe, gémit Harry.

Hermione réfléchissait à une vitesse ahurissante. Ses yeux allaient frénétiquement de la porte à la foule, en passant par Rusard, debout à côté de la grande porte, jaugeant la masse des élèves avec répulsion, les bras croisés, son éternelle grimace de dégoût fichée en travers du visage. Le sinistre concierge semblait résolu à laisser les élèves s’étriper plutôt que de restaurer l’ordre. Soudain, les traits de Hermione s’égayèrent.

_ Je crois que j’ai une idée, souffla-t-elle à Ginny en lui adressant un clin d’œil.

Et, avant que la rouquine ait pu répliquer quoi que ce soit, Hermione poussa un soupir exagérément sonore en portant la main à son front, puis se laissa choir au sol, les yeux clos.

_ Hermione !

Harry et Ron se hâtèrent autour d’elle, inquiets, mais Ginny, qui venait subitement de comprendre la tactique mise au point par Hermione, se mit à hurler comme une démente, faisant signe aux élèves alentours de se pousser.

_ Place ! Place ! Quelqu’un se sent mal ! Faites de la place !

Les gamins s’affolèrent tout autour, s’écartant en tous sens dans un désordre indescriptible, bouchant un peu plus le hall si c’était possible.

_ Stop ! Un peu de calme, s’il vous plaît !, s’époumona-t-elle.

Mais rien n’y fit. Les élèves se pressaient plus que jamais vers la sortie en troupeau désordonné, comme pris de panique, feignant d’ignorer le but premier de la manœuvre, qui était de dégager le passage. Harry avait calé la tête de Hermione sur ses genoux tandis que Ron tentait vainement de la ramener à elle en lui tapotant la main.

_ Hermione ? Ouhouh ? Hermione, réveille-toi !

Comme elle ne réagissait toujours pas, Ron s’enhardit à lui tapoter les joues.

_ Hermione ? On se réveille ! C’est l’heure !

Mais, à part la coloration rose vif qu’avaient prises ses joues, le changement d’état chez la jeune fille était minime. Ron leva vers Harry un visage inquiet.

_ Tu crois qu’elle est… ?

_ Ne dis pas de bêtises, Ron ! Elle s’est évanouit, c’est tout. Il lui faut de l’air ! s’exclama Harry.

Ron bondit sur ses pieds et mit ses mains en porte-voix, furieux.

_ BOUGEZ-VOUS, TAS DE SCROUTTS A PETARD ! Dégagez-moi le passage et plus vite que ça, ou vous aurez affaire à moi, c’est clair ? !

Les étudiants les plus proches se figèrent en considérant Ron d’un air éberlué, à la fois choqués et impressionnés, se demandant pourquoi diable se grand rouquin à l’air grognon et aux oreilles écarlates s’énervait de la sorte. Ron les dévisagea à son tour d’un air vaguement étonné, rouge de honte et de colère.

_ VOUS ALLEZ VOUS BOUGER, OUI ?!

Mais il se renfrogna de plus belle en constatant que son interruption intempestive n’avait en rien enrayé la progression du capharnaüm environnant. Il baissa la tête d’un air dépité, jetant un pauvre coup d’œil à Hermione, toujours étendue sans connaissance, lorsqu’un bruit pareil à un grondement emplit soudainement le hall.

_ SIIIIIIIIIIIIIILEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENCE ! ! !

Toutes les têtes se tournèrent d’un bloc vers le demi-géant qui venait de faire une entrée formidable, matérialisant sa présence d’une voix de stentor. Rusard se tenait un peu en retrait derrière Hagrid, scrutant les élèves d’un œil noir. Il s’écarta de l’ombre du gardien des clés et des lieux et s’adressa à eux d’une voix doucereuse.

_ Vous allez me faire deux colonnes bien droites de part et d’autre de cette porte en un temps record et dans le silence le plus total, susurra le concierge. Le premier qui dépassera du rang aura l’extrême privilège de passer les fêtes en ma compagnie.

Le sourire dément de Rusard suffit à convaincre les plus turbulents. En quelques secondes, les élèves se rangèrent en file indienne de chaque côté du hall, le silence quasi surnaturel après un tel capharnaüm à peine rompu par quelques murmures terrifiés. Hagrid s’avança vers Harry, Ginny, et Ron qui encerclaient toujours Hermione, encore inconsciente.

_ Poussez-vous tous les deux, dit-il à l’adresse de Ron et Harry d’un air bourru.

Alors, délicatement, il souleva Hermione du sol, avec autant d’efforts que s’il avait ramassé une simple plume. La jeune fille paraissait minuscule dans les bras du demi-géant.

_ Suivez-moi, on sort, dit-il aux trois adolescents de sa voix de basse.

Sans piper mot, ils emboîtèrent le pas du garde-chasse, tentant d’ignorer les regards d’envie qui se posaient sur eux et celui, toujours aussi féroce, de Rusard.

_ Faites attention à la dinde de Noël, les enfants, grinça-t-il lorsqu’ils passèrent près de lui. On a vite fait de s’étouffer avec cette bestiole-là !

Ginny, les yeux ronds, parut choquée de la remarque, mais Harry pinça les lèvres pour ne pas rire et l’entraîna au-dehors avant qu’elle ait eu le temps de répliquer.


La fraîcheur qui était tombée en même temps que la nuit était la bienvenue après la bousculade dans le hall. Une fois qu’ils se furent raisonnablement éloignés, Hagrid déposa doucement Hermione dans l’herbe, puis recula pour la laisser respirer. Alors, miraculeusement, elle se mit à battre des paupières.

_ Hermione ? Est-ce que ça va ?, s’enquit Ron, sincèrement inquiet, en posant un genou à terre pour se mettre à sa hauteur.

Hermione entrouvrit les yeux d’un air circonspect, vérifiant qu’ils étaient assez loin de Rusard et du reste des élèves avant de se redresser. Quand elle fut tout à fait rassurée, elle se leva d’un bond et éclata de rire. Ginny ne tarda pas à l’imiter, sous le regard stupéfait des garçons. Hagrid émit un grognement d’un air faussement bougon.

_ Humpf… Je crois qu’il y a du complot dans l’air, fit-il remarquer. A mon avis, vous pouvez leur dire merci. Sans elles, vous seriez encore en train de faire la queue à l’intérieur.

Hagrid se fendit d’un large sourire, presque entièrement dissimulé par sa grande barbe hirsute. Hermione n’en pouvait plus de rire et se tenait les côtes à présent.

_ Merci… Hagrid…, parvint-elle à articuler entre deux éclats de rire. Et Joyeux Noël !

_ A vous aussi, les enfants ! Passez un bon Noël ! Et soyez sages, surtout, hein ?

Le demi-géant s’éloigna vers sa cabane devant laquelle l’attendait Crockdur, tandis que les filles tentaient vainement de reprendre leur souffle, hilares.

 _ Vous… Tu… Tout ça c’était ?

_ De la comédie ! Oui !, approuva Ginny.

_ Bien joué, admit Harry avec un sourire.

Hermione avait les larmes aux yeux tant elle avait rit. Ron, lui, était redevenu rouge de colère.

_ Tu trouves ça drôle ?, s’emporta-t-il.

Raide comme un piquet, il fustigeait Hermione du regard.

_ Il vaut mieux en rire, non ?, se moqua la jeune fille. Détends-toi donc un peu, Ronald !

_ Et si tu… ? Tu imagines si… Enfin réfléchis ! Tu aurais pu être…, balbutia Ron, vexé. Ils auraient pu te marcher dessus !

Hermione s’approcha de lui, un sourire radieux aux lèvres, et lui plaqua un baiser sur la joue.

_ Pas alors que tu montais la garde à côté de moi. Merci de t’être autant inquiété pour moi, Ron. C’était adorable. Vraiment, ajouta-t-elle le plus sérieusement du monde.

Flatté, Ron fit la moue mais ravala la réplique cinglante qu’il avait d’ores et déjà préparée, et laissa Hermione s’accrocher à son bras, rayonnante.

Et, bras dessus, bras dessous, ils se dirigèrent tous vers Pré-au-lard en rigolant ensemble du tour que leur avait joué Hermione et qui leur avait permis de s’échapper au nez et à la barbe de Rusard. Ils firent ensuite des pronostics sur la façon dont Rusard et Rogue pouvaient bien passer les fêtes de fin d’année, estimant une telle scène aussi étrange qu’incongrue : Rogue, découpant la dinde, un chapeau bariolé sur ses cheveux graisseux, pendant que Rusard éloignait les fantômes en faisant tourbillonner un balai au-dessus de sa tête… Ils éclatèrent de rire à l’évocation du concierge suspendant une chaussette pour Miss Teigne au-dessus de la cheminée, puis résolurent d’un commun accord qu’ils étaient tous très chanceux de pouvoir passer les fêtes de Noël dans la chaleur d’un vrai foyer.

Les vacances s’annoncent réellement sous de bons auspices, pensa Ron, les yeux rivés sur Hermione. La lune enveloppait son visage d’une lueur diaphane, et elle riait à gorge déployée, sans se soucier de rien. Comme avant.

Oui, décidément, de bien belles journées s’annonçaient à l’abri du Terrier…

Et il poussa énergiquement la porte de la Tête de Sanglier, en s’effaçant devant Hermione pour la laisser passer d’un geste galant.

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