Filament de lune

Chapitre 13 : La métamorphose de Ron

3312 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/05/2020 16:03

La dernière chandelle du château avait été soufflée depuis longtemps lorsqu’une ombre mouvante, quasi imperceptible, se glissa dans les couloirs silencieux de Poudlard.

Rasant les murs bien qu’elle ne puisse être perçue du commun des mortels, la silhouette indistincte se faufila discrètement au-dehors. Les pavés de la cour, encore humides de la pluie qui était tombée sans discontinuer toute la journée, brillaient faiblement au clair de lune. Une légère brise faisait onduler les branches décharnées des arbres de façon inquiétante, et le hululement d’une chouette sauvage retentit au loin, en provenance de la Forêt Interdite. Bien qu’il ne fasse pas particulièrement froid, l’ombre frissonna sous sa cape.

Sa détermination n’avait jamais été aussi forte. Pourtant, la peur lui cernait le cœur plus sûrement que le courage, et il sentait confusément que sa volonté l’abandonnait. Quoi qu’il arrive, il ne devait pas faillir. Il devait le faire, coûte que coûte. Il inspira un bon coup en laissant échapper un nuage de vapeur qui, traversant l’étoffe invisible qui le recouvrait, s’éleva un moment avant de s’évanouir dans les airs. Il se hâta en direction de la Volière, serrant fermement son parchemin à la main tandis qu’il gravissait un à un les degrés de l’escalier à colimaçon. Lorsqu’il se fut assuré que personne alentour ne pouvait le surprendre malgré l’heure tardive, il ôta la cape d’invisibilité et se dirigea résolument vers une chouette hulotte qui sommeillait paisiblement sur son perchoir. Il observa un moment le parchemin qu’il avait rédigé le soir même et enroulé serré à l’aide d’une cordelette. Ce message, il le savait, allait déclencher une véritable tempête. Et pour cause : c’était lui qui en était l’instigateur, lui qui avait pensé ce plan dans les moindres détails. Après une vague hésitation, qui ne dura qu’une seconde, il fixa le rouleau de parchemin à la patte du rapace et le mena ensuite auprès d’une fenêtre. La lune faisait étrangement briller ses cheveux d’un blond presque incandescent, son visage d’une pâleur cadavérique quasi évanescent dans la pénombre. Il laissa la chouette prendre son envol dans la nuit et la suivit un moment du regard, jusqu’à ce qu’elle ait totalement disparue à l’horizon.

- Le sort en est jeté, Potter…

Alors seulement, Drago Malefoy se fendit d’un sourire sans joie. Protégé par les ténèbres, il s’enroula avec délectation dans la cape appartenant à Harry et, son méfait accomplit, regagna son dortoir dans le plus grand secret.

***

Le soleil avait chassé les derniers nuages de la veille. Les prémices d’un printemps tout proche se faisaient jour, porteurs d’espoir.

Pourtant, Hermione était d’humeur boudeuse lorsqu’elle descendit prendre son petit-déjeuner en compagnie de Harry ce matin-là. Et son humeur ne fit qu’empirer à la vue de l’attroupement qui s’était formé au bout de la table des Gryffondors. La foule, essentiellement composée de filles de tous âges, se pressait, compacte, autour de nul autre que… Ronald Weasley.

Le jeune homme, rayonnant, bien qu’apparaissant relativement détaché face à cette débauche d’attention momentanée, adressait des sourires de sympathie à la ronde. La raison de ce succès ? C’était là un bien grand mystère qui avait pour un temps tenu Harry et Hermione à l’écart des affres de « l’affaire Malefoy ». L’attitude incompréhensible de Ron les préoccupait bien d’avantage que les manigances du blondinet qui, par ailleurs, s’appliquait à se faire oublier. Car, depuis deux semaines, Ron était tout bonnement méconnaissable.

Il passait un temps considérable avec Lavande, bien qu’il n’y ait rien d’officiel entre eux. Une cour d’élèves en furie le suivait partout où il allait, ne lui laissant que peu de moments de répit. Les filles étaient sous le charme – y compris Luna, ce qui s’avérait sans doute le plus déconcertant – et Seamus, Dean et Neville ne le quittaient plus d’une semelle. Ron n’était jamais apparu aux yeux de ses camarades aussi spirituel ni aussi séduisant. Il ne boudait plus jamais, ne s’emportait pas, faisait preuve d’un calme étudié… Un vrai dandy ! Il semblait, en somme, plus posé, plus mature, plus déterminé aussi, bien que toujours enjoué. Ses journées s’écoulaient au rythme des requêtes de son fan-club béat d’admiration que Ron comblait par toutes sortes de blagues élaborées et autres mots d’esprit qui ravissaient tout le monde. Sa gentillesse et ses attentions, dont il ne faisait nulle montre jusqu’ici, faisait fondre les filles, mais Ron ne s’en émouvait pas outre mesure. Si cette notoriété lui faisait à l’évidence extrêmement plaisir, lui qui avait toujours été dans l’ombre, d’abord de ses frères, puis de Harry, son brusque succès ne paraissait pas pour autant lui monter à la tête. L’inconvénient majeur était qu’il n’avait que peu de temps à accorder à Harry et Hermione, laquelle en concevait de plus en plus de vexation.

- Je trouve tout ceci vraiment ridicule, déclara âprement Hermione en prenant place loin de la troupe tumultueuse, imitée par Harry, qui n’aspirait qu’à prendre son petit déjeuner au calme.

A l’autre bout de la table, Lavande ne cessait d’ébouriffer affectueusement les cheveux de Ron, au grand déplaisir de Hermione. Elle détourna la tête en pestant.

- Cette attitude ne lui ressemble pas, continua-t-elle en se servant un bol de porridge. Cette… lubie de notoriété couve quelque chose d’autre.

- Il n’a pas l’air de s’en porter si mal, lui fit remarquer Harry.

- Ah non ? Je ne le reconnais plus Harry !, s’écria-t-elle, désespérée. Franchement, est-ce que ce garçon (elle pointa Ron d’un doigt accusateur) est ton meilleur ami ? Est-ce que c’est vraiment Ron, sincèrement ?

Harry haussa les épaules, visiblement désireux de changer de sujet.

- Ron restera toujours Ron, Hermione. Il a sûrement besoin de tout ce battage pour se sentir mieux, pour oublier… quelque chose. C’est juste une phase, et…

- Une phase ? Tu en as de bonnes !

Harry s’abstint de lui répondre, de peur de lui envoyer à la figure ce qu’il pensait être à coup sûr les véritables raisons de tout ce chambardement autour de Ron. Hermione ne semblait vraiment pas – ou ne voulait pas – admettre qu’elle était en partie responsable de la métamorphose de Ron. De toute façon, c’était leur histoire, pas la sienne, et Harry s’était juré de ne pas interférer entre eux deux. Ron jeta un coup d’œil dans leur direction mais ne parvint pas à se débarrasser de sa meute pour les rejoindre. Il fit signe à Harry, qui lui répondit par un sourire un peu forcé, puis Hermione et lui finirent rapidement leur déjeuner pour se rendre au cours de Potions du professeur Slughorn.

L’après-midi leur laissa fort heureusement quelques heures de libres. Les élèves investirent avidement le parc pour profiter des premiers rayons de soleil depuis la rentrée. Harry et Ginny auraient tout donné pour passer un moment seuls à seuls, mais répugnaient à laisser Hermione ruminer dans son coin. Ils allèrent donc s’installer tous trois sur un banc à l’écart, peu motivés à l’idée d’étudier par une si belle journée. Hermione ouvrit rapidement un manuel d’herbologie et se plongea gravement dans l’analyse des caractéristiques propres aux plantes aquatiques de Nouvelle-Guinée. Harry et Ginny prirent cela pour une marque de pudeur de sa part, et se laissèrent aller à quelques câlins discrets à l’autre bout du banc.

En réalité, Hermione se servait de son livre comme d’un éventail, dissimulant son visage au couple qu’elle observait assidûment. En effet, à quelques dizaines de mètres en contrebas, sur les rives du lac, Lavande et Ron, qui étaient parvenus à échapper à sa horde de fans, s’étaient installés à l’ombre d’un arbre. Lavande s’était adossée au tronc avec, semblait-il, l’intention de lire. Mais son attention était d’avantage portée sur les cheveux chatoyants de son compagnon, qui s’était étendu paresseusement dans l’herbe, la tête calée contre le flanc de la jeune fille. Il mâchouillait un brin d’herbe, nonchalant, le regard tourné vers le ciel. Dans son coin, Hermione tremblait de rage. Dans sa tête, une voix forte lui criait : tu t’en fiches, il fait ce qu’il veut après tout ! Tu n’as pas besoin de lui ! Mais dans son cœur, loin, bien loin, une petite voix lui murmurait cruellement : c’est ta place, elle te l’a prise. Et toi tu restes là, à ne rien faire…Mais elle n’eût pas le temps d’approfondir d’avantage ses réflexions. Lavande avait passé sa main sur le visage du jeune homme, d’un geste tendre. Il ne broncha pas. Mais lorsqu’elle se hasarda à vouloir déboutonner le col de sa chemise, Ron lui saisit vivement le poignet en hochant négativement la tête, à la grande satisfaction de Hermione. Pourtant, Lavande ne parut pas s’en offusquer et recommença à triturer les cheveux de Ron, tandis qu’il se replongeait dans la contemplation du ciel, pensif. Hermione ne savait que penser de ce qu’elle venait de voir. Ron était-il oui ou non avec Lavande Brown ? Et dans ce cas-là, pourquoi refusait-il ses avances ?

Un flash crépita au loin : Colin Crivey venait de surgir d’un bosquet et entreprenait de photographier Ron sous tous les angles. Celui-ci se redressa d’un air mécontent et l’exhorta à quitter les lieux, et le jeune photographe finit par obtempérer à regret. Ron allait se rallonger lorsqu’il croisa le regard de Hermione, au loin. Il lui adressa un signe de la main, apparemment serein. Hermione y répondit, rougissante, puis se hâta de rassembler ses affaires sous l’œil assassin de Lavande.

- Je vais étudier à la bibliothèque, le soleil me brûle les yeux, expliqua-t-elle à Harry et Ginny. On se retrouve plus tard, d’accord ?

Et avant que les deux tourtereaux aient put répondre, Hermione avait disparu en direction du château.

Le soir même, alors que Hermione était encore en train de se morfondre dans la salle commune, confortablement assise devant la cheminée, Harry s’approcha d’elle, incertain.

- Comment ça va ?

- On ne peut mieux, mentit la jeune fille. Et toi ?

- Tu sais de quoi je veux parler Hermione, insista Harry avec réticence. Tu as parlé à Ron ?

Elle se tourna vers lui, à la fois surprise et offusquée.

- Parce que ta demande de l’autre fois tient toujours malgré… Enfin, maintenant ?

- Le fait que Ron s’éclate de son côté ne signifie pas que le problème est résolu entre vous, si ?, demanda Harry ironiquement.

- Je n’ai aucune envie de ramener notre… différend sur le tapis. Non pas que nous en ayons un, d’ailleurs, s’empressa-t-elle de corriger, les joues rouges.

- Comme tu veux, dit Harry en s’éloignant d’un air bougon. Mais ça ne sert à rien de te voiler la face, Hermione : tu es en train de le perdre. Et je ne parle pas que d’amitié, lui asséna-t-il avant de regagner son dortoir.

Hermione resta un long moment assise là, le regard perdu dans les flammes, à fulminer contre Ron. Mais quoi qu’elle fasse, tout restait confus dans sa tête. Elle ne parvenait pas à se décider. Harry avait raison cependant : si elle ne faisait rien, elle allait perdre Ron, et définitivement. La distance entre eux augmentait de jour en jour, et le temps ne ferait rien à l’affaire, bien au contraire.

L’occasion se présenta pour Hermione de s’entretenir avec son ami le samedi suivant. Gryffondor avait remporté le match de Quidditch contre Serdaigle et, bien que ce fut Harry qui ait attrapé le Vif d’Or, Ron fut encensé tel un héros. Il avait bloqué la majorité des tirs de l’équipe adverse, assurant une confortable avance à Gryffondor avant la fin du match. Même Ginny, pourtant avare de compliments à l’égard de son frère, l’avait félicité avec chaleur. Le gardien, auréolé de gloire, était donc de fort bonne humeur, tandis que dans la salle commune, on s’activait pour fêter dignement cette victoire à grand renfort de Bièraubeurres. Dans son coin, Hermione attendait le bon moment pour engager la conversation, c’est à dire que Lavande ait lâché Ron, auquel elle s’accrochait comme un crampon.

La fête battait son plein à présent. La Bièraubeurre coulait à flots, et montait à la tête de certains. Dean Thomas avait invité Luna Lovegood à danser, et Harry et Ginny semblaient avoir oublié qu’ils se trouvaient dans une salle pleine de monde. Lavande Brown, quant à elle, riait à n’en plus pouvoir, assise sur les genoux de… Neville ! Ron débattait des aspects techniques du match avec Seamus et Ernie McMillan, très à son aise. Hermione jugea que le moment était opportun et saisit l’occasion. Elle tapota l’épaule de Ron, qui se tourna vers elle, vaguement surpris.

- Je peux te parler un instant ?, demanda-t-elle en tentant de moduler le son de sa voix qui tremblait affreusement à son goût.

- Bien sûr ! Tu me tiens ça une minute ?, dit-il à Ernie en lui flanquant dans les mains sa Bièraubeurre entamée.

Il suivit Hermione jusqu’au portrait de la grosse dame, qu’ils franchirent. Ron avait pensé qu’ils resteraient devant l’entrée mais Hermione ne s’arrêta pas immédiatement. Sans qu’il comprenne bien pourquoi, elle l’entraîna jusqu’à un balcon du quatrième étage. Le vent soufflait légèrement et, à cette heure de l’après-midi, le soleil se reflétait violemment sur le lac, en faisant scintiller les eaux placides. Ron jeta un coup d’œil autour d’eux, amusé.

- C’est important au point de nous couper du monde ?, plaisanta-t-il, intrigué.

Mais Hermione n’avait pas envie de rire. Du tout. Appuyée sur la balustrade, elle respirait à pleins poumons, observant la cabane de Hagrid en contrebas. Ron resta silencieux, les mains dans les poches, attendant une quelconque réaction de la part de Hermione, qui se décida au bout d’un long moment.

- Ron, je… Je voulais que l’on parle de… Du… Enfin tu sais !

Ron sourit malgré lui.

- Non. Présenté comme ça, c’est assez confus, fit-il remarquer avec une moue moqueuse.

Hermione s’empourpra, gênée.

- Le soir du réveillon, tu te rappelles ?

Ron fit mine de ne pas comprendre, se délectant du trouble qui l’avait gagnée. Hermione tapa du pied, exaspérée.

- LE BAISER !, s’écria-t-elle en rougissant de plus belle. Le baiser qu'on a échangé, tu te souviens ? Toi et moi valsant sous la neige, dans le jardin chez tes parents, ça te revient ?

Ron, étonnement calme, ne lâchait pas Hermione des yeux. La panique qui s’emparait d’elle le ravissait et l’ennuyait tout à la fois. Il ne voulait pas qu’elle se mette dans des états pareils, ça n’en valait pas la peine. Ça n’en valait plus la peine…

- On s’est embrassés, oui, se força-t-il à répondre d’un ton détaché. Et après ?

Hermione resta bouche bée.

- Donc… ça ne représentait rien pour toi ?, demanda-t-elle d’une toute petite voix.

- Est-ce que j’ai dit ça ?

Il avait détourné les yeux. La douleur qui lui étreignait le cœur, celle qu’il avait mis tant d’acharnement à refouler, se fit plus lancinante. Il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, tout autant que de prendre ses jambes à son cou, mais elle ne comprenait toujours pas.

- Tu le penses au moins un petit peu, murmura-t-elle, sinon tu ne sortirais pas avec Lavande, encore… Je ne te reconnais plus, Ronald.

Ron inspira profondément pour ne pas s’énerver.

- Qu’est-ce qu’il y a, Hermione ? Mon mode de vie ne te conviens pas, sans doute ? Je n’ai pas le droit de prendre un peu de bon temps, moi aussi ?

- Toutes ces filles, ça ne te ressemble pas, et tu le sais, argumenta la jeune fille. A quoi tu joues ?

- Je fais ce qui me plais, et je suis désolé que ça te contrarie, vraiment, dit-il sincèrement. Mais pour une fois, c’est à moi qu’on s’intéresse, c’est moi qu’on regarde, c’est moi qu’on veut avoir pour ami… Tu peux comprendre que, pour la première fois de ma vie, je n’ai pas besoin d’être en retrait pour être à ma place ? Harry le gère très bien, alors pourquoi pas toi ?

- Parce que je…

Les mots se coincèrent dans sa gorge. Hermione refoula ses larmes à grand peine.

- Je suis en train de te perdre, dit-elle dans un souffle.

- A qui la faute ?

Ron avait dit ça presque malgré lui, sans réfléchir. Hermione se mordit la lèvre, honteuse.

- Je n’ai pas voulu ça, Ron.

- Mais ce qui s’est passé, et il faut que tu fasses avec, maintenant, répliqua-t-il d’un air sombre. Je ne peux rien pour toi…

- Est-ce ma faute à moi si tu ne sais pas ce que tu veux ?, s’écria-t-elle, bouleversée.

Les traits de Ron se durcirent. La mâchoire contractée, il serrait les poings pour ne pas hurler.

- C’est moi qui ne sais pas ce que je veux ? Je ne t’ai pas repoussé, moi, dit-il d’une voix blanche. Tu as déraillé quand je t’ai embrassé. Je pensais pourtant que c’était ce que tu voulais.

- Je ne sais pas, Ron ! Je ne sais plus…, s’exclama Hermione, au bord des larmes.

- Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire, peut-être ?

Déjà, il s’était rapproché d’elle et avait attiré son visage au sien, impétueusement. Il allait l’embrasser quand Hermione se dégagea de son emprise, pétrifiée de peur. Un sourire désabusé aux lèvres, Ron recula à son tour, blessé.

- Tu vois ? Ce n’est pas moi qui ne sait pas ce qu’il veut. C’est toi.

Il tourna les talons, tandis que Hermione s’exhortait au calme. Avant de quitter le balcon, Ron se retourna, le visage fermé.

- Pour ta gouverne, sache que je ne sors pas avec Lavande Brown. Pas encore, du moins, ajouta-t-il d’un ton amer.

Et tandis qu’il disparaissait derrière le rideau de velours pourpre qui barrait la fenêtre, Hermione éclata en sanglots, désespérée.


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