TJ n'est pas seule

Chapitre 21 : Chapitre 18 : Les autres joueurs

6577 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/01/2021 22:46

Chapitre 18 : Les autres joueurs

 

Harry, Ron, Hermione et Ginny se dirigeaient vers le lac, ils suivaient en silence le professeur McGonagall. Ils se rendaient dans le parc, où des centaines de chaises avaient été alignées. Une table de marbre se tenait au bout de l’allée. C’était une belle journée d’été. Quelques heures après la rentrée, Poudlard perdait son directeur, le monde perdait son plus grand sorcier. Une assistante d’une extraordinaire diversité, s’était déjà installée sur la moitié des chaises. Les riches côtoyaient les pauvres, les jeunes se mélangeaient aux vieux. Harry reconnaissait certaines personnes, comme les membres de l’Ordre, Kingsley Shacklebolt, Maugrey Fol Œil, Tonks, avec son ventre arrondi. Et puis Sirius Black qui sourit tristement en croisant le regard de son filleul. Mrs Weasley et ses enfants. Bill et sa future femme Fleur, Fred, Georges et Charlie…. Tellement d’autres personnes présentes, qu’Harry connaissait plus ou moins. Il avait espéré, ou peut-être plutôt pensé que Nora aurait peut-être pu venir.

 

Le quatuor d’amis avait pris place au bout d’une rangée, près du lac, Cornelius passa près d’eux, il avait perdu du poids, et affichait une mine déconfite. Après la mort de Scrimgeours, le Ministère s’était trouvé un nouveau ministre, Pius Thicknesse, c’était sans toute un mangemort, au mieux soumis à l’impérium. Mais que ce soit l’un ou l’autre, cela placé le Ministère sous le contrôle de Voldemort. Nul doute que Fudge devait être terrorisé, surtout maintenant que ce qui aurait pu être le dernier rempart face à la fureur du mage noir venait de tomber. La diligence du Ministère était présente pour faire bonne figure, peut-être, il y avait Ombrage avec une expression chagrinée, très peu convaincante. Percy Weasley qui restait figé, rigide et le visage tendu, et Pius Thicknesse était assis sur une chaise du premier rang avec une mine neutre. Harry se demanda si quiconque parmi les personnes importantes du ministère, regrettait vraiment la mort de Dumbledore.

 

Une musique étrange s’éleva, alors, comme venue d’un autre monde. Le jeune survivant regarda autour de lui pour savoir d’où cela pouvait bien venir

-         Là-bas, murmura Ginny à l’oreille d’Harry.

Il distingua un chœur d’être de l’eau chantait dans une langue insolite, qu’il ne comprenait pas, malgré le frison sur sa nuque, le chant n’était pas désagréable pour autant. Il évoquait le deuil et le désespoir. Soudain, Ginny lui donna un nouveau coup du coude, et il se retourna. Hagrid remontait lentement l’allée qui séparait les chaises. Il pleurait en silence, le visage luisant de larmes. Dans ses bras, enveloppé de velours pourpre parsemé d’étoiles d’or, il portait le corps de Dumbledore. A cette vision, Harry sentit monter dans sa gorge, une terrible douleur. Ron était blême et bouleversé, Ginny et Hermione pleuraient de grosses larmes tombaient sur leurs genoux.

 

Le corps de Dumbledore reposa désormais sur la plaque de marbre. Un petit homme, les cheveux en épi, vêtu d’une simple robe noire, s’était levé et se tenait à présent devant le corps du vieux directeur de Poudlard. Il commença un discours. Dumbledore était mort, il était parti à jamais… Des larmes coulèrent sur les joues de Harry, il détourna la tête vers le lac pour que personne ne le voit pleurer… Il vit les Centaures venus rendre un dernier hommage à Dumbledore. Le petit homme en avoir avait cessé de parler de la grandeur, de la noblesse et de l’intelligence du vieux professeur. Des flammes blanches, éclatantes, avaient jailli autour du corps de Dumbledore. Un phénix s’envola dans le bleu du ciel, un instant plus tard, le feu s’était éteint. A la place, une tombe de marbre blanc refermait le corps de Dumbledore, et la table sur laquelle il reposait. Les centaures lancèrent une pluie de flèches qui retombèrent bien loin de la foule, les êtres de l’eau s’enfoncèrent dans le lac.

 

-         Ginny, écoute, murmura Harry, je ne peux pas rester avec toi ! Nous devons cesser de nous voir, nous ne pouvons pas continuer ensemble. Il y a des choses que je dois faire seul, maintenant !

-         Je ne peux pas prétende que je sois surprise. Je savais que ça finirait de cette façon. Je savais que tu ne serais pas heureux, si tu ne te laçais pas à la poursuite de Voldemort. C’était peut-être ce qui me plait tant chez toi.

Harry se leva, Hermione et Ron vinrent le rejoindre. Ils regardaient tous les trois le château.

-         Je ne peux pas supporter l’idée que nous ne reviendrons peut-être plus jamais ici. Comment pourrait-on fermer Poudlard ? demanda Hermione, mais si cela ne demandait pas particulièrement de réponses de la part de ses deux amis.

-         Je ne reviendrais pas, même si l’école rouvre ! annonça Harry.

-         Je savais que tu dirais ça. Mais que vas-tu faire ? interrogea la jeune fille.

-         Je pensais retourner à Godric’s Hollow. Pour moi, tout a commencé là-bas. J’ai l’impression que dois y revenir. J’aimerais bien me rendre sur la tombe de mes parents

-         Et ensuite ? demanda Ron

-         Ensuite, il faut que je retrouve les autres Horcruxes. C’était ce qu’il voulait que je fasse, c’est pour ce qu’il nous a tout révélé. Si Dumbledore avait raison, - ce qui est le cas, j’en suis sûr -, il en reste encore cinq. Je dois les retrouver et les détruire, après je partirais en quête du septième morceau de l’âme de Voldemort, la part qui est toujours dans son corps.

-         On vient avec toi, Harry ! promit Ron

-         On va t’accompagner, où que tu ailles, compléta Hermione

-         Non ! répliqua aussitôt Harry.

-         Tu nous as dit, un jour, qu’il était encore temps pour nous de revenir en arrière, si nous le voulions, le temps nous l’avons largement eu, non ? fit Hermione à voix basse.

-         Nous serons avec toi, quoiqu’il arrive, assura Ron.

En débit de tout, du chemin sombre et tortueux qui s’ouvrait devant lui, en dépit de sa confrontation finale avec Voldemort, qu’il savait inéluctable, dans un mois, dans un an, dans dix, en dépit de tout, Harry se sentit le cœur plus léger, à la pensée qu’il pouvait encore profiter d’une journée paisible et ensoleillée en compagnie de Ron et d’Hermione.

 

Plus loin, se tenait Mrs Weasley, Sirius, Tonks, tous les trois, en plus de Dumbledore, avait perdu quelqu’un de cher, de très cher. Molly avait perdu son mari, Tonks avait perdu le père de son enfant, et Sirius l’un de ses derniers amis d’enfance. Alors que les chaises étaient presque toutes vides désormais. Mrs Weasley, la mine affligée par tout ce qu’il était entrain de lui arriver, écoutait la conversation des autres d’une oreille, quand un « pop » retentit. Dobby, tenait le corps de Mr Weasley suspendu dans le vide, par le sort de l’elfe.

-         Arthur ! s’écria-t-elle en courant vers lui.

Dobby le fit reposer à terre.

-         Molly ! fit Fol Œil en l’attrapant pour l’empêcher de se jeter sur lui. Ce n’est pas peut être pas lui ! commenta Maugrey.

-         Monsieur l’Auror, Dobby a veillé sur lui depuis trois jours, c’est bien Mr Weasley ! dit le petit elfe.

-         Raconte-moi tout, Dobby ! demanda Alastor, l’Auror.

-         Monsieur, le jeune Malefoy est venu voir Dobby en cuisine et l’a prié de se rendre au manoir. Dobby y est allé, Mlle Nora a aidé Monsieur Weasley à s’enfuir, et elle a protégé Dobby, raconta le petit elfe de maison. En apprenant la mort de Mr Dumbledore, Dobby n’a pas voulu rentrer tout de suite au château, nous sommes restés cachés un moment ! Dobby connait plein de cachettes, nous avons ramené Mr Ollivanders dans sa famille.

-         Je vois ! commenta Maugrey. Conduisez-le à l’intérieur, fit-il.

Alors Sirius jetait un sort pour déplacer son corps. Il était suivi par Molly, et tout le reste de la famille Weasley, ainsi que Harry et Hermione, et les autres amis d’Arthur. A l’infirmerie, Mme Pomfresh s’activa à soigner Mr Weasley, le pauvre Arthur. Les conversations allaient bon train, pour comprendre ce qui avait bien pu se passer.

-         Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Bill en tenant Fleur dans ses bras.

-         Apparemment, Arthur est revenu ! répondit Sirius, mais il faut attendre son réveil, pour savoir s’il n’a pas de séquelles, et s’il n’a pas été soumis à l’impérium.

-         Comment est-il revenu ? demanda Ron

-         Nora ! répondit simplement Sirius. Elle a envoyé Malefoy Junior pour prévenir Dobby qui est allé chercher Arthur au manoir des Malefoy.

-         Nora ! répéta Ron en fronçant les sourcils.

Harry ne savait que penser de la jeune fille, elle semblait vouloir continuer à les aider, mais parfois elle agit contre eux, sans savoir pourquoi. Le jeune homme n’avait parlé de personne de l’état de la petite sorcière, elle avait peut-être accouché maintenant.

-         Malefoy est allé, jusqu’à dire « s’il te plait » à Dobby pour l’envoyer chez lui ! précisa Hermione, c’est très surprenant de sa part, c’est pour ça qu’il est arrivé en retard au festin, ce n’est donc pas lui qui a ouvert la porte aux mangemorts, ajouta-t-elle.

 

Hermione, Ron et Harry avaient quitté l’infirmerie, et se trouvaient devant la porte dévastée du bureau directorial. Ils y entrèrent et firent le tour des lieux, une dernière fois avant de partir à la quête des Horcruxes. Hermione regardait la bibliothèque, il y avait de grands livres précieux et très rares, qu’elle aurait bien empruntés. Elle tomba sur les registres de Poudlard, elle ouvrit l’ouvrage de l’année 1991, elle y trouva son nom, celui de Harry, Ron, Neville, Drago et tous les autres de son année. Dans celui de l’année 1992, elle trouva le nom de Ginny, de Luna et des autres. Elle feuilleta les autres années et arriva à l’année 2008, c’est-à-dire les enfants qui sont nés avant le 1er septembre, et qui était inscrit à l’école Poudlard. Ses yeux tombèrent sur deux noms, assez familiers : Toma Honey et Anora Honey.

-         Venez voir ça ! s’écria-t-elle, les deux garçons s’approchèrent et regardèrent par-dessus son épaule. Là ! fit-elle en pointant du doigt les deux noms.

-         Ce sont les enfants de Nora ! commenta Ron, Harry ne put s’empêcher de se demander si leur père n’était pas Voldemort, c’était sans doute le cas.

-         Oui ! répondit Hermione.

-         J’ai trouvé autre chose, fit Harry, qui n’avait pas trop envie de parler de ça.

Hermione reposa le registre et suivit Harry, vers le bureau du directeur. Il ouvrit un tiroir, et en sortit une boite blanche, dedans il y avait un tas de bonbons au citron, ainsi que des dizaines de papier ouvert. Harry prit le petit parchemin, et l’ouvrit.

-         Vous aviez raison, et vous avez toujours raison, et vous aurez encore raison. Pardon et Merci ! Avec toute mon affection. Nora ! lut Harry.

-         Vous croyez qu’ils sont empoisonnés ? demanda Ron en reposant un des bonbons qu’il venait de prendre.

-         Peut-être que oui ! fit une voix, les faisant sursauter tous les trois.

-         Derrière eux, Sirius et Alastor se tenaient sur le pas de la porte. Le vieil auror s’avança vers le groupe et prit tous les bonbons qu’il étala sur le sol, puis se mit à marmonner des formules magiques en tournant autour, mais rien ne semblait se manifester. Horace Slughorn arriva à son tour, et vit les bonbons par terre. Il en prit et le mit à sa bouche, avec que quiconque ne réagisse. Ils se mirent tous à le regarder étrangement.

-         Quoi ? demanda-t-il

-         Les bonbons ! répondit Maugrey, abasourdi.

-         Quoi ? Les bonbons ! Ce sont ceux de Nora. Je préfère ceux à l’ananas, mais au citron, ils ne sont pas mauvais. Si je me souviens bien, Dippet avait ceux à l’orange.

 Oui, c’est bien ça ! répondit le portrait du professeur en question

-         Têtenjoie avait ceux à la menthe, commenta le professeur Dumbledore depuis son portrait.

-         Et moi, ils étaient à la groseille, fit la grosse voix de Hagrid. Ogg, le garde-chasse de l’époque en avait à la fraise, ajouta-t-il d’un ton nostalgique, un peu rêveur.

-         Personne ne savait d’où ça venait, c’est seulement quand Nora a disparu que nous avons tous compris, raconta Dippet.

Tous convinrent que les bonbons n’étaient pas empoisonnés.

 

Quelques jours plus tard, Sirius était à nouveau recherché par le Ministère. Mais cette fois-ci c’était dans le camp des « gentils » qu’il se trouvait. Il s’était juré de ne jamais retourner à Azkaban, surtout tant qu’il n’aurait pas vengé la mort de ses amis. Les membres de l’ordre avaient pris contact avec un groupe qui se faisait appeler les révoltés. Sirius et Maugrey se firent les ambassadeurs de l’ordre du Phoenix lors de la rencontre avec ce groupe. C’est ainsi qu’ils firent la connaissance de Dimitri, le chef de ce groupe de résistants.

- Bonjour, je suis Dimitri.

- Alastor Maugrey, et voici Sirius Black, se présenta l’auror.

- C’est un honneur de vous rencontrer et de pouvoir travailler avec vous.

- Qu’attendez-vous de cette collaboration ? demanda Sirius.

- Un échange d’information, et nous battre côte à côte ! répondit Dimitri.

Les deux groupes s’échangèrent donc les premières informations et commencèrent à plutôt bien s’entendre. En tout cas, ce fut le cas pour Sirius et Dimitri qui semblaient avoir les mêmes ides et les mêmes envies de répondre aux attaques des mangemorts.

- La défense ça suffit, il faut passer à l’offensive ! furent les derniers mots de Dimitri lors de cette discussion.

 

Pendant ce temps, Harry, Ron et Hermione se rendirent à Godric’s Hollow ; là où les parents de Harry étaient morts et enterrés. C’était la mi-septembre et les trois amis se trouvaient à l’orée du village semi-sorcier qui avait vu la vie du Survivant changer à jamais. Les jeunes sorciers auraient dû se trouver à Poudlard pour finir leurs études. Au lieu de quoi ils se retrouvaient à parcourir le monde pour éliminer un mage noir et tenter de lui échapper. Le trio s’avançait tranquillement dans le village. La jeune fille avait insisté pour qu’ils s’y rendent sous le meilleur déguisement possible. Ils étaient parvenus à subtiliser des cheveux de moldus. Harry s’était donc transformé en un homme plutôt âgé avec des cheveux blanc tandis que Ron avait la tête d’un rouquin d’une quarantaine d’années. Hermione avait pris l’apparence d’une jeune femme d’une vingtaine d’années aux longs cheveux, son sac de perles contenant toutes leurs affaires accrochées à son épaule.

Tous les trois se tenaient dans une allée de gravier où des maisonnettes bordaient chaque côté du chemin. Harry regardait toutes les maisons en se demandant laquelle pouvait bien être celle de ses parents. Il espérait se souvenir de quelque chose bien qu’il sache que c’était impossible. Il avait tout juste un peu plus d’un an lorsqu’il avait quitté cet endroit pour toujours. De plus, il ignorait ce qui se passait quand les dépositaires d’un sortilège de Fidelitas mourraient. Le chemin sur lequel ils marchaient décrivit une courbe vers la gauche et le cœur du village leur apparut sous la forme d’une petite place. Elle était carrée et entourée par des réverbères aux lueurs dorés. Il y avait plusieurs boutiques, une poste, un pub, une petite église et, en son centre, un monument aux morts.

- C’est … C’est là qu’ils sont, non ? Ton père et ta mère ? Je vois le cimetière derrière, fit Hermione, le regard au loin.

Alors qu’ils s’approchaient du monument, ils le virent se métamorphoser peu à peu. Au lieu d’un obélisque couvert de noms, il y avait maintenant une statue représentant trois personnes : un homme avec des lunettes et les cheveux en bataille, une belle femme à la longue chevelure avec des traits bienveillants et un bébé qu’elle portait dans les bras. Harry contempla le visage de ses parents. Il n’avait jamais imaginé qu’il puisse y avoir une statue… Hermione et Ron se tenait un peu à l’écart, laissant leur ami contempler la sculpture seul.

- Venez ! dit-il en traversant la rue.

Arrivé de l’autre côté, il se retourna et vit que la statue était redevenue un simple monument.

Le trio s’approcha de l’église et poussa une petite porte étroite, sur le côté. Elle donnait sur un cimetière. La nuit commençait à tomber et de fines étoiles perlaient le ciel. Derrière l’église, des rangées de tombes se dressaient sur l’étendue du sol sombre. La main serrée sur sa baguette dans la poche de sa veste, Harry se dirigea vers la tombe la plus proche.

- Regarde, quelqu’un qui s’appelait Abbot, c’est peut-être un parent éloigné d’Hannah ? supposa-t-il.

- Ici, nous avons un Bones, un parent de Susan ! répondit Ron qui se tenait devant une autre tombe.

- Parlez plus bas, supplia Hermione en lançant un regard noir aux deux garçons.

Ils s’enfoncèrent dans le cimetière, se penchant pour regarder les inscriptions sur les pierres tombales et scrutant de temps à autre l’obscurité pour s’assurer qu’ils étaient toujours seuls.

- Harry, Ron, venez voir ! les appela Hermione.

Les deux garçons la rejoignirent et tous les trois scrutèrent un nom sur une pierre tombale en granit. Kendra Dumbledore avec ses dates de naissance et de morts mais aussi un autre nom, celui de sa fille, Ariana. Une citation y avait été gravée : Là où est ton trésor, sera aussi ton cœur.

 

Harry, Ron et Hermione restèrent un moment face à la tombe, surpris de découvrir que Dumbledore avait vécu ici et qu’une partie de sa famille y était enterrée.

- Tu es sûr, qu’il n’a jamais parlé… commença Hermione

- Non, coupa sèchement Harry, triste de constater que Dumbledore n’avait pas souhaité partager cette part de son histoire avec lui.

Il s’imaginait le lien qui se serait établi entre eux s’ils étaient venus ensemble visiter le cimetière. Mais il semblerait qu’aux yeux de Dumbledore, le fait que leurs deux familles reposent côte à côte dans le même cimetière n’était qu’une coïncidence sans importance, sans rapport peut-être avec la tâche qu’il voulait qu’Harry accomplisse. Il se remit en route et continua de marcher dans les allées du cimetière en fixant les pierres tombales. Quelques minutes plus tard, la voix d’Hermione se fit à nouveau entendre.

- Harry, ils sont là…

Harry marcha vers elle et Ron. Il sentit un poids s’abattre sur sa poitrine. C’était la même sensation que celle éprouvée juste après la mort de Dumbledore. Un chagrin qui écrasait le cœur, lui oppressait les poumons, l’empêchant presque de respirer. La tombe était en marbre blanc, comme celle du vieux professeur, ce qui rendait les inscriptions qu’elle portait facilement lisibles. Elles semblaient briller dans le noir. Harry n’avait pas besoin de s’agenouiller, ni même de s’approcher pour distinguer ce qui était gravé sur la pierre : James Potter, né le 27 mars 1960, mort le 31 octobre 1981. Lily Potter, née le 30 janvier 1960, mort le 31 octobre 1981. Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort.

Harry lut lentement ces mots pour en comprendre le sens et une horrible pensée lui vint alors en tête, accompagnée d’une sorte de panique.

- Ce ne serait pas une idée des mangemorts ? Pourquoi cette phrase est-elle écrite ici ?

- Allons, qu’est-ce que ferait une phrase de mangemorts sur la tombe de tes parents, Harry, répondit Ron

- Ce ne veut pas dire vaincre la mort à la manière des mangemorts, fit Hermione d’une voix douce mais foudroyant Ron d’un regard noir, ça signifie… enfin tu comprends… vivre au-delà de la mort, vivre après la mort.

Mais ils ne vivent plus, pensa Harry, ils étaient partis à jamais. Les restes de ses parents reposaient sous la terre. Indifférents, inconscients. Les larmes lui montèrent aux yeux et s’écoulèrent, brulantes, sur son visage. Les dépouilles de James et Lily gisaient dans le sol, étrangères à la présence si proche de leur fils survivant dont le cœur continuait de battre grâce à leur sacrifice. Pourtant, en cet instant, Harry aurait presque souhaité dormir avec eux sous la neige.

Hermione avait pris sa main et la serrait étroitement. Il lui rendit son étreinte. La jeune fille leva sa baguette et décrivit un cercle dans les airs. Ils virent alors éclore devant eux une couronne pour fleurir la tombe. Harry l’attrapa et la déposa sur la pierre tombale de ses parents. Main dans la main, les trois amis quittaient le cimetière en silence, prenant la direction opposée à celle d’où ils venaient. Hermione sortît la cape d’invisibilité dont elle les recouvrit, se préparant à transplaner. Harry regardait une masse obscure qui se dessinait tout au bout d’une rangée de maisons. Il se dirigea droit vers elle, accélérant le pas, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Hermione et Ron le suivirent, surpris.

- Harry…, commença Hermione.

- Regardez, regardez ça… coupa-t-il en se tenant devant la porte.

Le charme de Fidelitas avait dû mourir avec ses parents. La haie, l’herbe, tout était laissé à l’état sauvage et avait poussé dans tous les sens au cours des seize années écoulées. Ils contemplaient les ruines de ce qui avait dû être une petite maison. La plus grande partie du cottage était restée debout, entièrement recouverte de lierre, mais l’aile droite du dernier étage avait été détruite. Harry saisit la poignée de la porte, couverte d’une épaisse couche de rouille. Il voulait simplement toucher quelque chose qui appartenait à la maison, leur maison. Le polynectar ne faisait plus effet. Hermione prit la main d’Harry, le tirant vers elle pour se cacher sous la cape, mais c’était trop tard.

- Oh…oh… Regardez qui va là ? Qui rentre à la maison bien sagement ! fit une voix fluette et glaciale.

Une femme se tenait derrière eux, accompagnée de Crabbe et Goyle Junior. Harry sortit et pointa sa baguette vers le trio de mangemort, sachant que Ron et Hermione avaient fait de même. Le duel entre les six sorciers s’engagea. Ron se battait contre Goyle, Hermione affrontait Alecto Carrow tandis qu’Harry faisait face à Crabbe Junior. Les sorts fusaient de partout. Le jeune Weasley évita un éclair vert en se jetant sur le parterre en galets. Hermione se précipita vers lui, Ron était assommé.

- Harry ! cria Hermione.

Le survivant recula vers ses amis, Hermione et lui se retrouvèrent face aux trois mangemorts.

- Experlliarmus, s’écria Harry.

La baguette de Crabbe Junior lui sauta des mains et un sort d’attraction l’amena dans la main d’Harry. Hermione en profita pour lui jeter le sort du saucisson et il tomba le dos contre le sol. Alecto Carrow posa son doigt sur sa marque des ténèbres, une tête de mort entourée par un serpent. Le jeune Potter sentit sa cicatrice le brûler atrocement. Il porta sa main à son front, grimaçant sous la douleur devenue familière. Goyle choisit ce moment pour lui lancer un sort, un éclair vert qui traversa la place et filait droit vers Harry.

- Protego ! fit une voix derrière Harry.

Le jeune Weasley, toujours allongé, était parvenu à briser le sort et se réveillait juste à temps. Le sort fut dévié, retournant à l’envoyeur qui fut catapulté avant de s’écraser sur le sol avec violence. Alecto se retrouva ainsi seule face aux trois amis. Ron se releva, soutenu par Hermione. Harry continuait d’enchaîner les sorts, mais c’est Hermione qui parvint à toucher sa cible d’un Stupefix. Brisant le sort anti-transplanage, les trois amis parvinrent à s’échapper alors que Voldemort arrivait et découvrait ses trois mangemorts au sol, inconscients. Il poussa un cri de rage qu’Harry ressentit en lui, à plusieurs centaines de kilomètres du mage noir.

 

Harry, Ron et Hermione arrivèrent dans une grande forêt de Grande Bretagne. Hermione mit les protections habituelles en place pendant que les garçons montaient la tente magique. Les trois amis s’endormirent assez vite ce soir-là, éreintés de leur journée et leur duel. Le lendemain soir ; après le repas qu’Hermione avait confectionné de son mieux ; Ron jouait avec la vieille radio-magique qu’ils avaient apporté, ou plutôt que la jeune Granger avait pensé à mettre dans son sac. Il tapotait la radio avec sa baguette magique, sur des rythmes divers, en faisant tourner le cadran des longueurs des ondes. En même temps qu’il agitait sa baguette, il essayait de trouver le mot de passe, marmonnant une suite de mots choisis au hasard.

- Bill a dit qu’il y avait une station magique qui n’était pas sous le contrôle de Tu-Sais-Qui… Il a ajouté qu’il fallait un mot de passe, je finirais bien par en trouver un …

Quelques jours plus tard, il finit enfin par trouver le mot de passe.

- Ca y est, je l’ai, je l’ai ! Le mot de passe, c’était Dumbledore ! Venez vite ! s’écria-t-il sur un ton surexcité.

Le minuscule haut-parleur se mit à parler avec une voix familière.

- Bienvenue à Potterville, la seule radio encore libre.

- C’est Lee Jordan ! se réjouit Hermione en reconnaissant la voix qui avait commenté les matchs de Quidditch pendant quatre ans.

- J’ai le plaisir de vous annoncer que deux collaborateurs se sont joints à moi, ce soir. Bonsoir, les amis.

- Salut !

- Bonsoir Rivière.

- Avant d’écouter Royal et Canis, poursuivit Lee, nous allons consacrer quelques instants à vous parler des morts que Sorcellerie-Infos et La Gazette du sorcier n’ont pas jugées suffisamment importantes pour les mentionner. Nous sommes dans le regret de vous annoncer le décès de Dick Cresswell. Dans le même temps, à Browntown, trois moldus ont été retrouvés morts à leurs domiciles. Les autorités moldus attribuent ces décès à une fuite de gaz mais les membres de l’ordre du Phoenix nous font savoir qu’ils ont en fait succombé à un sortilège de mort. Une preuve de plus que le massacre de moldus est devenu une sorte de loisir sportif sous le nouveau régime…. Maintenant, reprit la vois de Lee, nous allons nous tourner vers Royal qui va nous rapporter les dernières informations du nouvel ordre de la sorcellerie.

- Merci, Rivière, dit une voix grave, mesurée et rassurante qu’on ne pouvait confondre avec aucune autre.

- Kingsley ! s’exclama Ron.

- On sait… coupa Hermione en le faisant taire.

- Nous apprenons la nomination de Severus Rogue au poste de directeur de Poudlard.

- Quoi ? s’indigna Harry.

- Chut ! fit Hermione.

- … L’école de sorcellerie va donc rouvrir ses portes, et tous les élèves d’Angleterre sont invités à s’y rendre. Je conseille à nos auditeurs d’être très prudents pour la scolarité de leurs enfants. La rentrée aura lieu le 1er décembre.

- D’autres nouvelles ? demanda Lee

- Oui, nous avons une bonne nouvelle, Arthur Weasley est en sécurité et semble bien se porter, annonça Kingsley.

Hermione et Harry firent un petit sourire à Ron. C’était une meilleure nouvelle que la nomination de Rogue.

- Maintenant, sur ces nouvelles, je passe la parole à Canis pour notre rubrique « les copains de Potter. »

- Merci, Rivière, répondit une autre voix familière.

- C’est Sirius ! s’écria Harry.

- Canis, continuez-vous d’affirmer que Harry Potter est toujours vivant ?

- Je l’affirme, dit Sirius d’un ton ferme, pour moi il ne fait aucun doute que sa mot, si elle survenait, serait annoncée aussi largement que possible par les mangemorts car elle porterait un coup fatal au moral de ceux qui s’opposent au nouveau régime. Le survivant reste le symbole de tout ce pourquoi nous nous battons. Le triomphe du bien, le pouvoir de l’innocence et le besoin de résister.

- Quel message voudriez-vous transmettre à Harry, si vous étiez sûr qu’il nous écoute ?

- Je voudrais lui assurer que nous sommes de tout cœur avec lui … Je lui conseillerais aussi de suivre son instinct qui est excellent et qui lui indique presque toujours la bonne voie.

- Et maintenant, passons aux nouvelles concernant l’autre sorcier aussi insaisissable qu’Harry Potter. Nous l’appellerons le Chef Mangemort, Et voici pour nous donner son point de vue sur les rumeurs les plus démentes qui circulent au sujet de ce personnage, un autre invité que je suis heureux de vous présenter, Rongeur.

- Rongeur ? répéta une autre voix familière.

- Fred ! firent Ron, Hermione et Harry d’une même voix.

- Je refuse d’être rongeur, il n’en est pas question, je vous aie dit que je voulais être appelé Rapière !

- Très bien, alors Rapière, pouvez-vous nous donner votre sentiment sur les diverses histoires qu’on peut entendre circuler à propos du Chef Mangemort.

- Oui, Rivière, je le peux, répondit Fred.

- Plusieurs personnes affirment l’avoir vu à plusieurs endroits. Si ils disaient vrai, nous aurions au moins dix-neuf Vous-Savez-Qui en train de se promener un peu partout.

- Ce qui est bien pratique pour lui, bien sûr, fit remarquer Kingsley. En laissant planer le mystère, il répand une plus grande terreur que s’il se montrait au grand jour.

- Et les rumeurs selon lesquelles on le verrait souvent à l’étranger ? questionna Lee.

- Qui ne souhaiterait pas partir un peu en vacances après avoir accompli un si dur travail ? répliqua Fred.

- D’autres rumeurs ?

- Oui, l’idée que Vous-Savez-Qui serait désormais capable de tuer quelqu’un d’un simple coup d’œil. Rappelons aux auditeurs que ce sont les Basilics qui possèdent ce pouvoir. Voici un test très simple, vérifiez si la chose qui vous observe est pourvue de jambes. Si oui, vous pouvez la regarder dans les yeux. Mais s’il s’agit vraiment de Vous-Savez-Qui, il y a de forte chance pour que ce soit la dernière chose que vous aurez l’occasion de faire dans votre vie.

Harry éclata de rire pour la première fois depuis plusieurs semaines. Il sentait le poids de la tension des derniers temps le quitter.

- Merci beaucoup Rapière pour ces paroles, conclut Lee. Et voilà, nous arrivons à la fin de la seconde émission de Potterveille. Nous ne savons pas quand il nous sera possible d’émettre à nouveau mais vous pouvez être surs que nous reviendrons. Continuez de chercher la fréquence et le prochain mot de passe sera Phoenix. Protégez-vous les uns et les autres et gardez confiance. Bonne nuit !

Le cadran de la radio tourna tout seul et la lumière qui éclairait les longueurs d’ondes s’éteignit. Les trois amis avaient un sourire radieux. Entendre des voix familières et amicales constituait un extraordinaire stimulant. La pensée que d’autres résistait également à Voldemort les accompagna jusque dans leurs rêves.

 

Molly et Arthur se trouvaient à la chaumière aux Coquillages à côté de Tinworth. C’est là que Fleur et Bill habitaient. Le couple s’était marié récemment en petit comité. Weasley-Père avait reprit des couleurs, ça faisait deux mois qu’il était libre. Il avait d’abord passé un mois à Poudlard mais avec la nomination de Rogue en tant que directeur, le couple avait dû quitter l’école. Molly faisait la navette entre le terrier pour retrouver ses enfants ; Ginny et Charlie qui était revenu auprès de sa famille, et bien sur la Goule changée en Ron pour faire croire que le jeune garçon était toujours là.

Arthur avait repris connaissance assez vite mais il souffrait d’un traumatisme dû à son emprisonnement. De nombreux sortilèges avaient été lancés pour s’assurer qu’il n’était pas soumis à l’impérium. Ce qui n’était heureusement pas le cas. Aujourd’hui, en ce début novembre, sa santé physique était parfaitement rétablie grâce aux bons soins de sa femme. Malheureusement son esprit en avait pris un coup mais Arthur était un homme fort et partageait son temps entre sa famille et ses expériences sur les objets moldus.

- Arthur ! appela Molly en pénétrant dans le vieux hangar non loin de la maison de son fils.

- Oui, Molly-chérie ! répondit-il dans un sourire.

- Tu es là ! Ginny voudrait retourner à Poudlard ! Elle dit que sa place est là-bas, annonça Mrs Weasley très anxieuse.

- Oui, je pense que sa place est là-bas, à Poudlard. De toute façon, elle sera bientôt majeure, expliqua-t-il. Voyant le visage paniqué de sa femme, il lui assura son inquiétude pour leur fille unique. Au pire, elle n’y retournera pas après Noël, ajouta-il.

Molly acquiesça en silence tout en continuant d’espérer que sa fille change d’avis et n’aille pas du tout à Poudlard. Elle ne pouvait s’empêcher d’être rassurée du fait que Ginny soit une sang-pure et qu’elle soit une fière et courageuse Gryffondor. Arthur et Molly quittèrent le hangar bras dessus-dessous, heureux de s’être retrouvé. Elle ne pouvait pas savoir combien il s’était morfondu dans sa cellule, à chaque instant. Et il ne pouvait pas savoir combien elle s’était désespérée de le revoir vivant auprès d’elle.

Une fois de retour dans la chaumière, ils y retrouvèrent leurs fils Fred ainsi que Lee et Sirius.

- Nous allons faire une émission de Potterveille ici ! s’exclama Lee pour expliquer leurs présences en ces lieux.

- Kingsley n’a pas pu venir, les mangemorts lui court après. Apparemment un tabou a été lancé sur le nom de Vous-Savez-Qui. Le simple fait de prononcer son nom annule tous les sortilèges de protection et dévoile votre présence ! les informa Sirius, nous allons l’annoncer ! ajouta-t-il peut-être un peu surexcité. Mais avec cette émission il avait l’impression d’agir pour aider Harry et de combattre Voldemort.

- Bien, Bien ! fit Arthur d’un ton vague.

Lee et Fred installèrent le matériel dans le salon et se branchèrent pour envoyer les ondes à travers tout le Royaume-Uni. D’ailleurs quelques centaines de kilomètres plus loin, dans une grande chambre bien meublée et rangée, se tenait une jeune fille assise sur son lit prête à écouter la station Potterveille. C’étaient les seules voix humaines, mise à part la sienne et les gazouillis de ses enfants, qu’elle avait entendu depuis des semaines voir des mois. Elle tourna les boutons, sur la radio magique, et prononça le nouveau mot de passe :

- Espoir ! et la voix de Rivière se fit entendre.

 


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