Harry Potter et le Complot du Serpent
- Maintenant que nous avons toutes les preuves, nous allons pouvoir vous emmener dans le bureau de Mme McGonagall, intima Harry d’une voix qu’il voulait autoritaire.
Mais son ton ne sembla pas convaincre Mr Aquilibus et Anguis, dont le sourire narquois s’élargit de plus belle. Ils ne daignèrent pas esquisser le moindre mouvement, se contentant de lui tenir tête silencieusement.
Harry était tout à fait décontenancé par ce refus d’obtempérer. Comme ses trois amis, il braquait sa baguette sur le torse de leurs opposants. Cela aurait dû être une raison largement suffisante pour imposer son autorité.
Mais les armes pointées sur eux semblaient plutôt amuser les deux complotistes, qui les fixaient d’un air dédaigneux.
- Sortez immédiatement de ce cachot, nous vous suivrons pour vous escorter, répéta Harry d’un ton moins maîtrisé.
- VOUS L’ENTENDEZ, BOUGEZ ! le supporta Ginny avec plus d’entrain.
Mais elle ne reçut rien d’autre qu’un nouveau silence désapprobateur.
- On va être obligé de vous stupéfixer si vous ne faites pas ce qu’on vous dit, appuya Ron sans grande conviction.
Le rictus sardonique d’Anguis s’intensifia. Il semblait plutôt réjoui de cette intimidation, au contraire de l’effet escompté. Ron, quant à lui, ne paraissait pas enchanté à l’idée de devoir mettre sa menace à exécution. La baguette au bout de sa main tremblotait légèrement, trahissant son appréhension. Il restait simplement immobile, le regard inquiet, à attendre une docilité qui ne venait manifestement pas.
Harry jugea que c’en était trop, ils étaient en position de force et devaient se faire respecter. Si Ron n’était pas capable de s’imposer, il le ferait à sa place.
- Stupéfix ! clama Harry distinctement en visant le buste d'Anguis avec la pointe de sa baguette.
Un flash lumineux rouge s’échappa de son arme et frappa Anguis de plein fouet. Mais pour une raison inexplicable, ce dernier resta stoïque. Ses muscles ne s’étaient pas contractés comme ils l’auraient dû sous l’emprise du sortilège. Son visage ne s’était pas figé, et il était encore moins tombé à la renverse. Le sort n’avait simplement eu aucun effet sur lui.
Au contraire, la seule répercussion avait été d’élargir son sourire moqueur. Son visage rayonnant contrastait avec le teint livide d'Harry. Ce dernier était stupéfait. Il ne comprenait pas comment cela était possible.
- Stupéfix ! réessaya-t-il, cette fois en ciblant le corps de Mr Aquilibus.
Mais il n’obtint pas de meilleur résultat. Tout comme son acolyte juste avant lui, Mr Aquilibus ne broncha pas. Ils étaient insensibles au sortilège.
- Tu peux essayer autant que tu voudras sans jamais nous atteindre, nargua Anguis d’un rire goguenard.
- Comment est-ce possible ? s’ébahit Ginny.
- C’est simple, expliqua Mr Aquilibus avec dédain. Nous avons simplement pris nos précautions, nous nous doutions bien que quelqu’un allait venir contrarier notre plan avec Mr Loyd. Alors nous avons simplement bu une solution anti-paralysie, qui nous immunise contre toutes sortes de sorts de stupéfixions, comme Petrificus Totalus, Imobilis, ou Flipendo...
- Mais j’imagine que vous ne vous êtes pas immunisés contre ça, se précipita Hermione en exécutant de grands moulinets avec sa baguette. Wingardium Leviosa !
Elle fit s’élever dans les airs un pot en pierre très volumineux grâce à son enchantement. D’un nouveau mouvement brusque de baguette, elle envoya ce lourd récipient dans la direction de Mr Aquilibus.
Elle s’était exécutée avec une vitesse phénoménale, et Harry ne réalisa pas immédiatement ce qu’elle faisait. Il eut juste le temps de baisser la tête pour éviter l’objet qui fusa aux ras de ses cheveux.
Mais la vitesse d’Hermione ne surprit pas Mr Aquilibus. D’un réflexe salvateur, il tendit simplement la main devant son visage. Le pot se heurta à pleine vitesse dans sa paume ouverte. Pourtant, le professeur subit le choc sans broncher sans la moindre égratignure. La pierre éclata violemment en débris au contact de sa main qui n’eut même pas une égratignure.
- C’est surhumain, constata Ron, éberlué.
- Oh non, dit Mr Aquilibus avec une fausse modestie. C’est simplement l’aide de quelques potions, dont la solution de force qui m’a permis de résister facilement à ce vulgaire récipient.
Harry comprit alors pourquoi lui et Anguis étaient restés si sereins dans leur situation défavorable. Ils s’étaient tout bonnement dopés de potions pour résister à bon nombres d’attaques magiques et physiques.
Le rapport de force s’en trouvait totalement inversé. Livides, Harry et ses amis ne savaient plus quoi faire pour déstabiliser leurs adversaires. Ces derniers jubilaient.
- Furunculus ! Levicorpus ! Confundo ! tenta vainement Ginny.
Mais tous les sorts ricochaient sur ses cibles sans les atteindre. Médusé, Harry constata que n’importe quel enchantement sortant de leurs baguettes s’avérait inefficace.
- Vous résistez à tous les sortilèges existants ? bredouilla Ron en ne prenant même plus la peine de cacher son inquiétude.
- A quelques exceptions près, oui, confirma Anguis. Grâce à une potion de restitution mélangée à de la peau de salamandre (il désigna une petite fiole remplie d’un liquide violet), nous nous sommes immunisés contre la grande majorité des enchantements rudimentaires.
Anguis avait spécifié être résistant aux sortilèges rudimentaires, et restait vulnérables aux incantations dangereuses. Harry ne pouvait pas pour autant se résoudre à utiliser des sortilèges impardonnables. Mais avec des enchantements légaux, il était impuissant. Il était donc pris au piège.
- Ainsi vous constatez que nous sommes invincibles, poursuivit Anguis. Ce qui veut dire que nous n’allons ni vous suivre, ni vous laisser partir. Vous avez été trop curieux, et vous nous obligez à vous effacer la mémoire. J’ai pris un grand plaisir à vous détailler toute l’ingéniosité de mon plan, mais vous n’en aurez bientôt plus aucun souvenir.
Harry serra plus fort sa baguette dans son poing. Il ne comptait pas se laisser faire. S’il n’était pas capable d’attaquer ses adversaires, il pourrait au moins s’en défendre.
- Oubliettes !
Mr Aquilibus s’était saisi sur sa baguette pour jeter par surprise un sortilège d’Amnésie.
- Finite ! s’écria Ron dans un réflexe pour contrer le sort qui l’avait visé.
Harry repensa à leur premier entraînement d’Auror de l’année, où ils s’étaient exercés à la parade. Il n’aurait pas cru, ce jour-là, que cet exercice en particulier lui serait autant utile.
- Protego Duo ! incanta Harry en faisant virevolter sa baguette au-dessus de sa tête.
Un halo bleuté se forma autour de lui et de ses amis. C’était un bouclier magique les protégeant des maléfices de Mr Aquilibus et Anguis.
Ginny le remercia d’un signe de tête avant de se concentrer à nouveau sur leurs adversaires. La barrière magique ne tiendrait pas longtemps, et ils devaient se préparer à se défendre.
Mais à leur grand étonnement, Mr Aquilibus n’insista pas. Il ne tenta aucunement de briser leur protection, et se pencha plutôt sur Mr Loyd. Profitant de ce répit, Harry l’observa attentivement.
Le professeur de potions s’était saisi de deux fioles, qui contenaient respectivement des liquides écarlate et émeraude. Sur la verte était dessinée un œil dans un triangle, ce qui indiqua à Harry sa contenance. C’était une potion de l’œil-vif, qui permettait au buveur de reprendre connaissance.
C’est cette bouteille qu’Aquilibus décapsula en premier. Il la renversa délicatement au-dessus de la bouche du professeur Loyd. Ce dernier ouvrit doucement les yeux, et se redressa péniblement.
Avant qu’il sorte complètement de sa torpeur, Aquilibus glissa dans sa bouche trois gouttes de la deuxième potion rouge. Les yeux embrumés de l’Auror se teintèrent alors de la même lueur démente que celle qui brillait dans ceux d’Anguis.
Loyd se mit debout avec une vigueur nouvelle, et se retourna vers Harry. Il le fixait d’un regard mauvais, comme s’il rêvait de l’étriper. Son visage était lui aussi fendu d’un rictus vicieux. De toute évidence, il n’était pas dans son état normal.
- Le professeur Loyd tentera de vous tuer autant que nous, si ce n’est plus, prévint Anguis d’un ton acerbe. La boisson rouge que nous venons de lui faire boire est une potion de haine, dont l’efficacité a été décuplée par l’ajout de poils de centaures. Il s’est donc momentanément transformé en un meurtrier sanguinaire, et nous avons décidé de diriger sa rage sur vous. Les effets des deux potions qu’il a ingurgités ne durent qu’une vingtaine de minutes, mais vous serez déjà hors d’état de nuire depuis longtemps.
A mesure qu’Anguis parlait, Mr Loyd s’était crispé à la manière d’un bête sauvage prête à bondir sur sa proie. Il n’avait plus rien d’humain, et ce portrait inhabituel était vraiment intimidant.
Quant aux effets du bouclier magique, ils commençaient déjà à se dissiper. Harry était désormais en proie à une angoisse qui lui tiraillait les entrailles. Il fut même tenté de fuir pendant un instant. La porte du cachot était derrière lui, et il n’aurait eu aucun mal à s’échapper tant qu’il en était encore temps.
En effet, derrière le halo bleuté dont la lumière diminuait inlassablement, leurs trois agresseurs faisaient les cents pas, prêts à se ruer sur eux. Le bouclier n’allait plus tenir longtemps, et il faudrait leur faire face.
Harry balaya des yeux la salle, cherchant un motif de réconfort. A côté de lui, Ginny, Ron et Hermione attendaient tous d’un air inquiet, leurs baguettes toujours soigneusement braquées devant eux.
Le dôme magique s’épuisa finalement, libérant le passage entre les amis d'Harry et leurs opposants. Mais contre toute attente, ces derniers n’attaquèrent pas immédiatement.
Mr Aquilibus disposa plutôt quatre immenses chaudrons clos sur la table devant lui. Il posa sa main sur l’un d’eux sans ôter directement son couvercle.
- Il n’est pas trop tard pour vous rendre et vous laisser docilement oublietter, proposa-t-il en levant les yeux vers Harry.
- Pour qui vous nous prenez ? s’indigna Ron. Je vous rappelle qu’on est à quatre contre trois.
- Soyez raisonnables, ricana Mr Aquilibus. Nous sommes trois adultes expérimentés, dont un Auror, contre quelques adolescents. Sans mentionner que nos capacités ont été décuplés grâce à mes potions. Et si ça n’est pas encore assez pour vous décourager, le cadre de notre litige nous est également propice. (il balaya la pièce du regard). Croyez-moi, nous saurons pleinement tirer cette situation à notre avantage (il baissa cette fois les yeux vers sa main, toujours posé sur le chaudron).
- Ça ne change rien, affirma Ginny, malgré le regard inquiet avec lequel elle regardait le chaudron.
- Comme vous le voulez, s’exclama joyeusement le professeur de sa voix haut-perchée.
Aquilibus souleva le couvercle du chaudron dans un geste théâtral. Des volutes de fumées verdâtres s‘en échappèrent. En les voyant, Harry eut un haut le cœur. Il avait immédiatement reconnu ces vapeurs vertes caractéristiques.
- DU GAZ ÉTRANGLEUR ! hurla-t-il pour prévenir ses amis. CACHEZ VOUS !
Cette substance toxique faisait perdre connaissance à quiconque inhalait ses vapeurs. Pourtant, Mr Aquilibus et ses compères ne bronchèrent pas lorsque la fumée atteint leurs narines. Ils avaient dû s’y immuniser grâce à une autre potion protectrice.
Répondant au conseil d’Harry, ses trois amis se jetèrent dans la direction opposée pour se cacher au couvert des grandes étagères situées juste derrière eux.
Harry eut juste le temps d’apercevoir le visage radieux d’Anguis avant de plonger à son tour derrière les étagères. Il enfouit sa tête dans sa cape de sorcier alors que les premières volutes de fumée l’envahissaient.
Le tissu de son vêtement n’étant pas hermétique, il ne le protégeait pas parfaitement de l’atteinte du gaz étrangleur. Il sentit l’air toxique s’infiltrer dans ses narines en traversant les coutures de sa cape. Sa tête commença à tourner et il ressentit des picotements intenses dans les yeux. Sa gorge devint sèche et il commença à suffoquer.
Il lutta de toutes ses forces pour rester conscient, résistant contre l’envie pesante de se laisser aller au sommeil. Les effets du gaz étrangleur étaient tout de même atténués par le tissu qu’il plaquait fermement devant son visage, et il se sentait capable d’y résister.
Il lui suffisait de tenir. Il savait que la fumée se dissiperait bientôt, lui permettant à nouveau de respirer librement. Il devait simplement faire abstraction assez longtemps de ce bourdonnement insupportable dans son esprit, amplifié par le rire aigu de Mr Aquilibus.
L’hilarité moqueuse du professeur de potions paraissait lointaine à Harry, qui crut un instant avoir succombé au sommeil.
- Harry ! entendit-il de manière beaucoup plus claire, comme s’il allait se réveiller. Harry ! Harry !
C’était la voix d’Hermione, et elle lui apparaissait désormais parfaitement, voire même désagréablement forte. En ouvrant enfin les yeux, Harry constata que son amie était en fait penchée juste au-dessus de lui, son visage à quelques centimètres du sien.
Il était allongé sur le dos, un pli de sa cape lui recouvrant partiellement le visage. Le mur au-dessus de lui était toujours baigné d’une lueur verdâtre, mais le gaz avait disparu.
Harry se redressa brusquement, craignant d’être resté un long moment assoupi. Mais le rire persistant de Mr Aquilibus lui indiqua qu’il n’avait perdu connaissance qu’une poignée de secondes.
Hermione lui sourit tendrement, soulagé de le voir bouger à nouveau. Puis son visage s’assombrit lorsqu’elle jeta un regard à sa gauche, où Ron gisait sur le sol, évanoui.
- Je crois que le gaz l’a eu, souffla Hermione à l’adresse d'Harry. On a été assez rapide pour s’en protéger, avec Ginny. Mais vous vous êtes cachés juste après, vous deux, et c’était déjà trop tard pour Ron.
Le rouquin était parfaitement inconscient, un sourire béat sur les lèvres. Attelée à son chevet, Ginny tentait sans succès de l’éveiller à coups de grandes claques sur la joue.
- Je vais essayer de trouver une autre potion de l’œil-vif pour réveiller Ron, poursuivit Hermione en scrutant les étagères. Mais dès que je vais me redresser, je pense qu’ils vont me bombarder de sorts (elle désigna d’un signe de tête l’autre côté du meuble, où Mr Aquilibus s’esclaffait toujours machiavéliquement). Alors il faudrait que vous me couvriez avec Ginny, pendant que je cherche un remède.
Harry acquiesça silencieusement et rampa jusqu’à Ginny. Il lui fit passer le message et elle approuva à son tour d’un air déterminé.
- MAINTENANT ! héla véhément Harry pour donner le signal à son amie.
Ils se redressèrent d’un même geste et brandirent leurs baguettes pour attaquer leurs adversaires, de l’autre côté de l’armoire.
Harry savait pertinemment que leurs sortilèges n’auraient aucun effet face à l’immunité de leurs opposants. Mais son but était simplement de faire diversion pour permettre à Hermione de chercher une potion sans risques.
En effet, les éclairs lumineux qui s’échappèrent de l’extrémité de leurs baguettes aveuglèrent momentanément Aquilibus, Loyd et Anguis. Hermione en profita pour saisir des poignées entières de fioles multicolores sur les étagères. Elle se baissa aussitôt, ramenant avec elle de nombreuses potions au hasard.
Après leur offensive, Harry et Ginny s’affaissèrent précipitamment pour se mettre à couvert. Et ils avaient bien fait, puisqu’une salve de sortilèges ne tarda pas à fuser juste au-dessus de leurs têtes, en réponse à la leur.
Ils jetèrent un œil inquiet à Hermione, qui consultait les bouteilles qu’elle avait récupérées. D’une grimace contrariée, elle leur indiqua qu’elle n’avait pas encore trouvé de potion de l’œil-vif.
Ils allaient devoir lui offrir une autre occasion de saisir des potions au hasard le long des étagères. Ils devaient lancer une salve de sortilèges pour gêner leurs opposants le temps qu’Hermione se redresse à nouveau. Mais ils devaient être assez prompts pour échapper à la contre-attaque de leurs ennemis.
Ginny et Harry s’observèrent d’un air complice, hochèrent la tête et se redressèrent simultanément. Ils eurent à peine le temps de prononcer une formule que des éclairs ennemis fusèrent dans leur direction. Dans un réflexe salvateur, ils s’agenouillèrent à nouveau pour éviter les tirs.
Un sortilège frôla le haut du crâne d'Harry, lui brûlant quelques mèches de cheveux. Il s’adossa au meuble, à l’abri, pour reprendre son souffle.
Au moins, leur diversion était efficace. A l’autre bout des étagères, Hermione avait encore pu récupérer bon nombre de bouteilles de tailles et de formes diverses. Leurs assaillants étaient trop occupés à répondre aux tirs d'Harry et Ginny pour se soucier de la recherche d’Hermione.
Mais celle-ci répondit encore négativement au regard implorant d'Harry, qui se demandait combien de fois encore il allait devoir tirer au hasard avant qu'Hermione ne trouve de potion de l’œil-vif pour réveiller Ron.
Ils durent répéter l’opération de nombreuses fois. Lui et Ginny bondissaient sur leurs pieds pour décocher des sortilèges, avant de se rabaisser aussi vite. Les tirs adverses passaient toujours plus près, rasant leurs têtes à chaque fois qu’ils sortaient du couvert de l’étagère.
Les maléfices fusaient dans tous les sens. Ils traversaient les rayons des étagères, détruisant tout sur leur passage. Des bouteilles éclataient bruyamment, et le sol se retrouva rapidement jonchés de débris de verres et de liquides multicolores. Dans un concert d’explosions assourdissant, Harry hurlait divers sortilèges qu’il savait voués à l’échec. L’odeur était pestilentielle, les destructions libérant toutes sortes d’ingrédients de potions, comme des yeux d’animaux ou des plantes vénéneuses.
Derrière l’étagère, Mr Aquilibus s’amusait beaucoup de la situation. Son rire nasillard était à glacer le sang. Ni lui, ni Loyd, ni Anguis n’étaient affectés par les sortilèges qui rebondissaient mollement sur eux. Harry avait juste le temps d’apercevoir leurs sourires moqueurs avant de replonger sous le couvert de l’armoire.
Pour couronner le tout, ils ne se contentaient plus de lancer des sortilèges. Mr Aquilibus faisait voler à travers la pièce des fioles bleues qui contenaient des potions explosives. Les bouteilles se désintégraient dans un vacarme insoutenable et projetaient des débris coupants dans tous les sens.
Parmi ce chaos, Hermione continuait d’arpenter les rayons pour trouver la potion de l’ œil-vif. Un amas de fioles couvrait maintenant le sol à ses pieds, et elle continuait d’en ramener à chaque fois qu'Harry et Ginny lui donnaient le temps de se redresser sans risques.
Mais Hermione n’avait toujours pas dégoté de potion de l’œil-vif parmi toutes ses acquisitions. Harry réalisa avec effroi qu’elles avaient sûrement toutes été récupérées par le professeur Aquilibus, en prévention du gaz étrangleur qu’il allait libérer.
Dans ce cas, la diversion qu'Harry et Ginny s’efforçaient d’offrir à Hermione était inutile. Leurs sortilèges ne pouvaient atteindre leurs opposants alors qu’eux pouvaient les blesser à tout moment.
Harry rampa donc jusqu’à Hermione, abandonnant Ginny seule à son combat.
- Il faut peut-être laisser Ron pour l’instant, souffla-t-il à son amie.
Hermione jeta un regard désespéré au corps inerte de Ron, et acquiesça à contrecœur.
Au même moment, ils entendirent Anguis hurler l’incantation d’un sortilège :
- SECTUMSEMPRA !
Ginny fut atteinte au torse et hurla de douleur. Elle s’était redressée au mauvais moment et le maléfice l’avait frappée de plein fouet alors qu’elle allait elle-même lancer une attaque.
Terrorisé, Harry se précipita sur Ginny. Il connaissait trop bien la formule qu'Anguis venait de prononcer. Ce dernier l’avait d’ailleurs probablement entendue dans un rêve d'Harry, puisque c’était un sort qu’il avait lui-même appris dans le carnet du Prince de sang-mêlé.
Il avait pour effet de blesser très violemment la victime. Et en effet, Ginny était couverte de profondes entailles qui saignaient abondamment. Elle gémissait de souffrance en grimaçant.
Harry était horrifié. Il chercha frénétiquement de quoi la soigner alentours, et trouva quelques vieux parchemins. Il les utilisa comme des bandages improvisés, qu’il appliqua soigneusement sur le corps meurtri de sa petite amie.
Mais les plaies étaient trop nombreuses et trop profondes pour que ce traitement de fortune ne stoppe l’hémorragie. Complètement désemparé, Harry sentit les larmes lui monter aux yeux tandis que Ginny se vidait de son sang dans ses bras.
Il était dans un état de panique ingérable. Il n’arrivait plus à se concentrer ni à esquisser le moindre mouvement. Il serrait simplement Ginny entre ses bras, tout en sachant que c’était inutile.
Son champ de vision était embué de larmes, et du sang qui abondait du corps de Ginny. Il ne voyait plus que du sang, du sang rouge pourpre qui embrouillait son esprit.
La fille qu’il aimait était en train de mourir devant ses yeux, à cause d’un sortilège qu’il avait lui-même inconsciemment renseigné à Anguis. Et Harry n’était pas capable de la sauver, son corps était dénué de force et son esprit était trop choqué pour réfléchir...
- J’avais vu quelque chose pour ça en cherchant la potion de l’œil-vif, bredouilla Hermione en accourant.
Une nouvelle vague d’espoir remplit le cœur d'Harry, et agit comme un électrochoc. Sa torpeur horrifiée faisait désormais place à un sentiment d’urgence tout aussi terrifiant.
- VITE !!!! implora-t-il à Hermione.
Cette dernière avait déjà commencé à remuer le tas de fioles entassées sur le sol. Elle réussit à en extraire une petite bouteille marron à la forme cubique.
- C’est de l’essence de dictame ! s’exclama-t-elle d’un air triomphal. C’est parfait pour soigner les plaies.
Harry lui arracha la bouteille des mains et versa quelques gouttes sur un parchemin, qui s’en imbiba rapidement dans une fumée verdâtre. Il appliqua tendrement le papier sur la chair déchirée de Ginny. Les plaies se refermèrent partiellement, couvrant les coupures béantes d’une nouvelle peau.
Harry respira un grand coup, comme s’il avait été en apnée durant plusieurs heures. Son soulagement était à la hauteur de son émoi préalable.
- Merci, chuchota Ginny dans un nouveau râle plaintif.
Elle tenta de se redresser mais n’en avait plus la force. Malgré les effets bénéfiques de l’essence de dictame, elle n’était pas parfaitement rétablie.
- Avec une potion de régénération sanguine et un philtre revigorant, elle sera à nouveau en état de combattre, je vais en chercher tout de suite, proposa Hermione avec bonne volonté.
- NON ! contesta Harry furieusement. Tu es folle ? Après ça, il est hors de question qu’elle se remette en danger.
Harry était injustement désagréable envers Hermione, qui venait de sauver la vie de Ginny. Mais il n’en avait que faire, sa seule préoccupation était d’éloigner sa petite amie de toute forme de danger.
- Mais, Harry… protesta Hermione sans vraiment oser le contredire. Nous ne serons que deux contre trois. Déjà que c’était compliqué, on ne pourra pas y arriver sans elle.
- Je veux me battre, ça va parfaitement, affirma Ginny d’une voix faible qui indiquait le contraire.
Soudain, Hermione se figea et renifla l’air, comme un chien détectant une odeur suspecte. Elle se tourna avec inquiétude vers Harry.
Celui-ci l’imita, humant l’air ambiant avec curiosité. Il décela une odeur plus forte que les autres parmi les senteurs nauséabondes dues aux multiples explosions de potions.
- Potion aveuglante ! s’écria Hermione.
Impressionné par l’odorat et les connaissances de son amie, Harry ne remit pas en doute son jugement. Il couvrit à nouveau ses yeux de sa cape pour se protéger des nouvelles vapeurs toxiques qui s’approchaient.
Mais il se rappela subitement de Ginny, et ôta le tissu de ses yeux pour regarder l’état de son amie. Elle n’avait pas assez de force pour se couvrir le visage et la fumée mauve s’approchait dangereusement d’elle.
Harry se jeta en avant pour mettre son corps en opposition, entre le gaz et la tête de Ginny qu’il recouvrait autant qu’il pouvait. Malheureusement, ce sauvetage lui avait fait perdre un temps précieux, et les vapeurs aveuglantes avaient déjà atteint ses yeux au moment où il y rabattait enfin sa cape.
Harry sentit un intense picotement brûler ses yeux. Il gratta frénétiquement ses paupières rougies pour atténuer sa douleur insupportable mais cela eut l’effet inverse. L’irritation devenait insupportable.
Harry n’arrivait même plus à ouvrir les yeux. Il tâtonna aveuglement dans tous les sens, cherchant vainement à se raccrocher à quelque chose. Mais il s’appuya dans le vide et tituba. Sa tête s’écrasa contre le sol froid dans un choc douloureux. Mais cette souffrance n’était rien comparée à celle qui embrasait sa rétine.
Frustré, Harry balançait ses bras dans tous les sens pour tenter d’extérioriser sa fureur. La brûlure lui montait à la tête pour l’envahir d’un agacement irrépressible.
Harry sentit alors une main le saisir par le col et le tirer en arrière. Il se débattit pour échapper à l’étreinte de son agresseur, mais fut vite rassuré.
- C’est moi, lui souffla Hermione dans l’oreille. Laisse-moi t’aider.
Elle appuya une bouteille contre ses lèvres pour l’obliger à ouvrir la bouche. Harry avala quelques gouttes d’un liquide au goût infect, mais se sentit immédiatement soulagé. Ses yeux ne le brûlaient plus et il put recouvrir à la vue.
- C’est une potion oculus, le remède contre la potion aveuglante, expliqua-t-elle en souriant.
- Tu connais toutes les potions existantes ? s’étonna Harry, encore époustouflé des exploits d’Hermione.
- Pas toutes, mais quelques-unes qui sont bien pratiques dans ce contexte, dit modestement Hermione. Tiens, prend aussi celles-là.
Harry ingurgita docilement les trois autres boissons qu’elle lui versait maternellement dans la bouche (dont un succulent élixir doré). Il faisait entièrement confiance à Hermione, même s’il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle lui faisait boire d’autres potions.
- A quoi servent celles-là ?
- Tu vas voir, lui glissa malicieusement Hermione. Je crois avoir deviné certains de leurs prochains pièges.
Elle désigna l’autre côté de l’étagère. Anguis était pris d’un fou rire dément, visiblement très satisfait d’avoir blessé Ginny. Cela rappelait beaucoup à Harry l’attitude de Bellatrix Lestrange, ce qui était plutôt ironique.
Mais sa joie meurtrière enragea encore plus Harry. Le choc de la blessure violente de Ginny, où il avait craint de la perdre, le poussait à un désir de vengeance intrépide. Cette terreur combinée à l’irritation due aux gaz à répétition embrasa son esprit d’une haine féroce envers Anguis.
Harry se leva à découvert de l’étagère, sans se soucier des attaques adverses. Sa rage démesurée l’aveuglait et lui faisait oublier tout risque. Il ne se souciait plus d’être blessé ou même de mourir, il était simplement animé d’un désir ardent d’abattre ses ennemis.
- SECTUMSEMPRA ! hurla Harry à son tour.
Mr Aquilibus reçut le sortilège en pleine poitrine. Surpris par cette violence soudaine de la part d'Harry, il n’avait pas eu le temps de réagir.
Le professeur de potions s’écroula, pris de spasmes. Piteusement recroquevillé sur le sol, son corps se recouvrit rapidement de sang s’échappant des longues plaies qui lacéraient son buste. Le teint clair d’Aquilibus avait encore pâli davantage. Ses yeux étaient convulsés par la douleur, mais aussi par une surprise inédite.
Il s’était immunisé contre les sortilèges rudimentaires, mais un maléfice de magie noire comme celui qu’il venait de recevoir pouvait très bien le blesser. Il ne s’était manifestement pas attendu à ce qu'Harry ose en utilise un.
Anguis et Mr Loyd s’arrêtèrent simultanément pour le regarder avec étonnement. Eux non plus n’avaient pas prévu une réaction aussi violente.
La scène était comme figée pour que chacun puisse réaliser ce qu’il venait de se passer. Harry lui-même perdit sa rage incontrôlée en voyant Aquilibus agoniser au sol. Ses émotions l’avaient dépassé, le poussant à une agressivité inhabituelle. Ginny et Hermione étaient elles aussi choquées, et levaient des yeux étonnés vers lui.
Mais Anguis se reconcentra rapidement sur le combat. Il se désintéressa du professeur Aquilibus pour défier Harry.
- Endoloris !
Harry eut le réflexe de contrer son sortilège impardonnable :
- Finite !
Hermione et lui s’étaient désormais extraits du couvert de l’étagère et faisaient face à Anguis et Loyd.
- Sectumsempra ! réessaya Anguis.
Mais cette fois, Harry fit un mouvement de côté pour éviter l’attaque. Le maléfice fusa à sa droite pour mourir contre le mur opposé.
- Expelliarmus ! tenta Hermione à son tour.
Anguis esquiva lui aussi le sortilège en baissant vivement la tête.
- Incarcerem ! enchaîna Harry.
Des cordelettes s’échappèrent de l’extrémité de sa baguette pour lier les poignets de Loyd. Mais ce dernier n’eut aucun mal à s’en libérer, sûrement aidé par une potion de force. Son visage toujours possédé se tourna vers Harry avec avidité.
- Endoloris !
- Protego !
Concentré à l’extrême, Harry avait dévié le tir d’un mouvement de main. Les quatre combattants se rendaient coups pour coups, incapables de percer la défense de leurs adversaires.
Constatant que le duel s’équilibrait, Anguis changea de stratégie. Il se retourna vers les quatre chaudrons disposés sur la table. Les deux premiers étaient ouverts, et avaient libérés le gaz étrangleur puis les vapeurs de potion aveuglante. Mais deux autres étaient encore fermés, prêts à libérer leurs fumées toxiques.
En effet, lorsqu'Anguis ôta les couvercles, des vapeurs turquoises et jaunâtres s’échappèrent des récipients.
Harry allait s’enfuir à nouveau, mais Hermione le retint par le bras. Il s’arrêta et lui jeta un regard interrogateur, croyant qu’elle était devenue folle. Mais ses yeux malicieux indiquèrent qu’elle savait très bien ce qu’elle faisait, au contraire.
Elle attendit patiemment que les volutes de fumée arrivent jusqu’à ses narines et les respira sans broncher. Harry s’émerveilla de constater que les poisons n’avaient plus aucun effet sur eux. Les potions supplémentaires que lui avait fait boire Hermione l’avaient immunisé lui aussi.
Anguis était estomaqué. Son sourire machiavélique à l’idée d’intoxiquer à nouveau ses victimes s’était effacé au profit d’une incompréhension risible.
- Eh oui, vous êtes pris à votre propre jeu, s’amusa Hermione face à son air hébété. Goutte du sommeil et gaz hilarant, vous auriez pu choisir des poisons plus originaux, quand même.
Mais Loyd n’était pas du tout amusé, et profita de l’inattention d'Hermione pour l’attaquer par surprise. Il se jeta sur elle et lui saisit les bras. Occupée à narguer Anguis, Hermione fut prise au dépourvu.
Loyd la neutralisa d’une clef de bras et appuya l’extrémité de sa baguette sur la tempe de la jeune femme.
- C’est fini, ricana l’Auror possédé en toisant Harry. Si tu ne te rends pas, je la tue.
Harry était pris au piège. Il n’avait aucun doute sur l’intransigeance de Mr Loyd. Sous emprise d’une potion de haine, il n’aurait aucune pitié à abattre une prisonnière désarmée, et son regard bestial en était un bon indicateur.
Hermione baissa les yeux honteusement, mesurant les conséquences de son erreur d’inattention. Elle qui les avait sauvés jusque-là par ses connaissances et son anticipation s’était laissée aller à sa moquerie, trop contente d’inverser les rôles.
Harry posa à contrecœur sa baguette sur la table. Anguis s’en saisit aussitôt, et tint Harry en joue avec celle-ci et sa propre arme. Hermione avait également été contrainte à lâcher la sienne.
Tout en gardant la baguette d'Harry braquée sur ce dernier, Anguis fixa la deuxième sur Mr Loyd. Avant que celui-ci n’ait pu s’en étonner, Anguis l’attaqua par surprise :
- Petrificus totalus !
Les membres de Mr Loyd se fixèrent contre son corps et se figèrent subitement. Il tomba à la renverse dans un bruit sourd, paralysé.
Menaçant toujours Harry de sa main gauche, Anguis braqua son autre baguette sur Hermione. Il était désormais seul maître de la situation.
- Pourquoi ? demanda Harry, dérouté par la trahison d’Anguis.
- Je ne voulais pas qu’il me dérange, l’éclaira ce dernier dans un rictus manipulateur. Il y a toujours un risque qu’il se libère partiellement de l’emprise de notre possession. Et je dois vous rappeler que la potion de l’œil-vif n’allait le tenir éveillé que durant vingt minutes. Je pensais que cela serait largement suffisant à vous mater, mais je dois dire que vous m’avez opposé une vaillante résistance.
Il contempla avec dédain les corps de ses deux acolytes au sol. Il ne semblait pas pressé de porter secours à Mr Aquilibus dont les plaies ouvertes le vidaient progressivement de son sang. Il avait déjà perdu conscience et n’allait pas tarder à mourir de ses blessures, si ce n’était pas déjà le cas.
- De toute façon, je serai plus tranquille tout seul, poursuivit Anguis sans manifester le moindre signe d’inquiétude pour son ancien allié mourant. Le professeur Aquilibus m’a été bien utile pour ses potions, mais il commençait à se montrer encombrant. De cette façon, je serai le seul à recevoir les lauriers.
- Quels lauriers ?
- Ceux qui me seront attribués pour mon courage, annonça Anguis le plus naturellement du monde. Quand j’expliquerai que j’ai neutralisé Mr Loyd, le faux Auror infiltré qui se faisait en fait appeler le Serpent.
- Mais personne ne te croira ! s’indigna Harry.
- Bien sûr que si, rétorqua Anguis. Mon histoire est parfaite. J’expliquerai que je suis arrivé au dernier moment pour l’immobiliser alors qu’il vous avait déjà tous vaincus. Et que malheureusement, il était trop tard pour éviter à ce très cher Mr Aquilibus une mort tragique dans un bain de sang.
- Si tu crois qu’on va te laisser mentir comme ça, tu te méprends, siffla Hermione.
- Mais vous ne serez plus là pour témoigner, ricana cruellement Anguis. Je vais être obligé de vous tuer, c’est bien plus sûr que de vous oublietter. J’en suis navré, car vous ne m’étiez pas désagréables, mais c’est la seule solution. J’aurais préféré que vous ne vous mêliez pas de mes affaires, cela m’aurait dispensé de tuer Harry Potter et ses amis. Vous étiez des Gryffondor, vous ne méritiez pas ça. Mais comme Eliott, vous avez été trop curieux pour garder la vie sauve.
Harry bouillonna intérieurement à la mention d’Eliott, mais jugea qu’il n’était plus en bonne position pour reprendre Anguis.
- Même si tu y arrivais, Mme McGonagall n’y croirait jamais, se contenta-t-il d’objecter.
- Mais elle ne pourra pas faire autrement, raisonna Anguis. Il n’y aura plus aucun témoin vivant. Et d’ailleurs, je ne mentirai pas en disant que c’est le Serpent qui vous a tués. Je raconterai simplement que c’est Mr Loyd et pas moi.
- C’était votre objectif depuis le début ? Faire porter le fardeau à Loyd ? C’est pour ça que vous l’avez capturé dans le cachot ?
- C’est l’idée que j’ai eue quand je l’ai soumis à l’Imperium en haut de la tour d’astronomie, se flatta Anguis. Il fallait bien en faire quelque chose, alors autant le rendre utile. Il suffisait de lui administrer des sérums d’oublis assez puissants pour l’utiliser comme coupable. Comme ça, on le livrait avant la fin de la semaine, et l’école ne fermait pas. Le ministère nous récompenserait même d’avoir attrapé le Serpent. C’est d’ailleurs exactement ce qui va se passer, à la seule différence que je vais récolter tout seul les honneurs. Mr Aquilibus ne sera plus qu’une victime collatérale parmi d’autres.
- Mais Mr Loyd est un Auror, personne ne le considérera capable de tout ça, réfuta Hermione.
- Je crois au contraire qu’il est le suspect idéal, répliqua Anguis. Tout le monde comprendra qu’il était le leader logique des Serpentard dans leur complot. A part toi, Hermione, les gens ne cherchent pas plus loin. Ils croient au plus simple, et en l’occurrence, c’est Mr Loyd qui représente le référent de Serpentard. Certains ont même déjà émis des soupçons sur lui quand il a disparu. Ma version sera unanimement approuvée. Peut-être que Mme McGonagall aura des doutes, mais elle sera vite obligée de se soumettre à l’avis populaire.
Il marqua une pause, savourant chaque syllabe. A en juger par ses yeux étincelants, il se voyait déjà porté en triomphe comme le héros ayant résolu le complot du Serpent.
- Bon, assez parlé, s’impatienta Anguis. Vous vous êtes admirablement défendus, mais la bataille des potions aura fini par tourner fort logiquement à mon avantage. Et il est maintenant temps de vous tuer.
Harry ferma les yeux, bouleversé. Il ne pouvait se résoudre à mourir comme cela, mais ne voyait aucune solution pour s’en sortir. Il aurait fallu un miracle, un coup de chance incroyable.
Harry était complètement désemparé. Il ne voulait pas y croire. Il ne pouvait mourir dans ces circonstances. Ce n’était pas possible. Pas après avoir résisté à Voldemort et à son armée de Mangemorts. Pas après avoir cru être enfin débarrassé de la magie noire. C’était trop bête.
Mourir de la main d’un adolescent revanchard, c’était impossible. Face à Voldemort, la menace que représentait Anguis paraissait dérisoire. Et pourtant, ce dernier était plus près de tuer Harry que le Seigneur des Ténèbres ne l’avait jamais été.
C’était donc vraiment fini ? La vie du célèbre Harry Potter pouvait-elle vraiment s’éteindre de cette façon ? Avec un pincement au cœur, Harry ouvrit les yeux, attendant sa sentence.
Le regard injecté de sang, Anguis le fixait avec animosité. Il ouvrit la bouche, prêt à incanter la formule du sortilège de Mort.