Aut vincere, aut mori

Chapitre 30 : Reliques

5040 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/01/2021 17:37

Un hibou parvint à la demeure des Potter dans l’après-midi de Noël, chargé des cadeaux de Lily. Il délivra également une lettre dans laquelle elle remerciait James et Hermione pour leurs attention. James avait passé plusieurs encriers avant les vacances à écrire à son père pour qu’il lui accorde un ouvrage ancien présent dans leur bibliothèque familiale et il avait obtenu gain de cause, offrant ainsi à sa dulcinée une édition de l’Histoire de Poudlard datant du XVIIIème siècle. La rousse avait été également ravie du cadeau d’Hermione. La jeune femme avait vu la pièce parfaite dans cette boutique du Chemin de Traverse. Elle s’était souvenue de la photo des parents d’Harry que son ami avait obtenue par Hagrid, où le jeune couple valsait dans les feuilles d’automne. Lily portait alors une casquette en velours sombre et Hermione l’avait tout de suite identifiée en entrant dans le magasin. Au point où son aventure en était, modifier le passé en lui offrant ce couvre-chef quelques mois plus tôt n’allait pas changer grand-chose.

             

Hermione reçut ainsi en retour une besace en cuir pour ses cours, qu’elle accumulait depuis la rentrée dans un sac gracieusement offert par Dumbledore. Remus, qui lui avait offert plusieurs vinyles de wizard rock, découvrit une sélection de chocolat moldus et sorciers, et James fut remercié par des ouvrages sur les contes moldus. Il sauta de joie et alla s’enfermer dans sa chambre sous les yeux ébahis des trois autres, qui ne l’avaient jamais vu s’exiler volontairement de cette sorte pour s’adonner à de la lecture. Ils ne manquèrent tout de fois pas la main de leur ami attrapant discrètement la lettre de Lily avant de sortir. Il allait certainement l’encadrer au-dessus de son bureau et rêver de son écriture calligraphiée pendant plusieurs semaines.

             

La jeune femme ignora plusieurs jours ses impératifs et sa mission, se consacrant à s’amuser avec les trois autres. Elle accepta même de jouer une partie de Quidditch sans cognards si Remus se joignait à eux, et ils volèrent tous les quatre pendant plusieurs heures, laissant des airs ravis sur les visages de James et Sirius et des airs faussement exaspérés sur ceux de leurs amis. Ils s’exilèrent également un après-midi dans les cuisines pour concocter des biscuits de Noël et finirent par redécorer l’ensemble de la pièce avec du glaçage, oubliant les pains d’épices. Heureusement que Twitty parvint à en sauver quelques-uns, leur donnant un semblant de forme humaine.

             

La pleine lune arriva le vingt-huit au soir. Les Potter étaient bien entendu au courant de la condition de Remus et avaient prévu cette nuit. Ils avaient isolé un coin du parc du manoir pour que le loup puisse sortir sans risquer de blesser quiconque, entourant l’endroit de nombreuses protections. Le loup passa une nuit correcte, comme c’était le cas depuis Halloween, même s’il n’avait pas eu ses amis pour l’accompagner. Le couple Potter était loin d’imaginer que leurs fils se transformaient mensuellement pour tenir compagnie à un loup-garou et il valait mieux garder cette information secrète et à l’abri de toute sanction parentale. Remus fut alité le lendemain mais ses trois amis lui tinrent compagnie sans faute. Euphémia dut toutefois éloigner ses deux fils un instant pour que le pauvre lycanthrope puisse se reposer, ne laissant qu’Hermione lisant à ses côtés.

             

Le lendemain en revanche, même si Remus était encore courbaturé, se tint une réunion au sommet dans la chambre de James. Hermione avait rassemblé toutes les informations qu’elle avait sur les deux derniers horcruxes et comptait mettre en place un plan d’action pour aller les récupérer dès leur rentrée à Poudlard.

             

- Bon, il nous reste deux atrocités à détruire, mais jusque-là, je savais exactement où les trouver, et les récupérer était relativement simple.

             

- Mione, tu as bu une potion créée par Voldemort, combattu des inferi, conversé avec un basilic et je pense ne savoir qu’une infime part de ce qui t’es arrivé. Simple ? On doit être rassurés par ce commentaire ?

             

- Siri, combattre Voldemort n’est pas une promenade de santé. Alors vu ce qui nous attend, je trouve que c’était plutôt aisé, en effet. Je vais vous expliquer.

             

Hermione s’enfonça un peu plus dans le fauteuil où elle était installée avec Sirius, qui resserra ses bras autour d’elle en un geste de soutien.

             

- Voldemort a une véritable obsession concernant les fondateurs de Poudlard. Nous avons détruit le diadème de Serdaigle et la médaillon de Serpentard, mais il nous reste un artefact à récupérer : la coupe d’Helga Poufsouffle.

             

- Et Gryffondor ? interrompit James.

             

- En fidèle Serpentard, Tom Jedusor n’aurait jamais choisi un artefact provenant de notre maison. L’épée de Gryffondor peut au contraire détruire les horcruxes si elle se trouve imbibée de venin de basilic, mais elle n’apparaît que dans d’extrêmes circonstances à qui s’en montre digne. Heureusement, nous avons notre ami basilic pour nous aider de ce côté.

             

- Et où se trouve la coupe alors ?

             

- C’est là où ça se complique, Remus. D’après mes informations, elle se trouve dans un endroit réputé imprenable. Gringotts.

             

La jeune femme reçut trois éclats de rire incrédules à cette annonce.

             

- Attendez la suite. La coupe est à Gringotts, mais en plus dans le coffre d’un charmant membre de la famille d’un de vous trois.

             

- Inutile de tergiverser trop longtemps, on sait tous qu’elle parle de la mienne, grinça Sirius. Laisse-moi deviner. Une accro à la magie noire, dévouée à son maître et complètement cinglée ?

             

- En effet.

             

- Bellatrix Lestrange, lâcha-t-il. Ma charmante et folle cousine.

             

- Elle a été envoyée à Azkaban depuis l’attaque de Pré-au-Lard, indiqua James. Comment tu espères entrer dans son coffre sans qu’on se fasse tous attraper ?

             

C’était le point sur lequel Hermione bloquait. La manière dont ils avaient cambriolé Gringotts avec Ron et Harry était impossible à remettre en place : ils n’avaient pas de cheveux de Bellatrix pour du polynectar, ni un goblin pour les amener à l’intérieur. Quoique le deuxième élément soit maintenant dispensable, étant donné qu’elle avait déjà pu voir les entrailles de la banque.

             

- Quel que soit notre plan, nous tomberons dans l’illégalité. Je ne vous en voudrai pas si vous ne voulez pas ruiner votre avenir.

             

- Hermione, il n’y aura pas d’avenir si nous ne le faisons pas. Et me concernant, je n’ai pas trop d’illusions sur mes opportunités de carrière, quoi que puissent en dire les autres Maraudeurs, répliqua amèrement Remus.

             

- Moony !

             

- Comment on procède, alors ? continua-t-il sans se soucier de leurs réactions.

             

- Laissez-moi vous parler du dernier horcruxe. Jedusor a ouvert la Chambre des Secrets lorsqu’il était encore à Poudlard et a commis son premier crime en la personne de Mimi Geinarde. C’est là qu’il a créé le premier horcruxe : un journal. Celui-ci est moins dangereux que les autres car tant que l’on n’écrit pas dans les pages, il ne peut rien contre celui qui le possède, mais il va être compliqué à récupérer. Il se trouve dans le Manoir Malefoy et je doute que nous puissions juste le demander à la blondasse qui le garde.

             

- J’ai accès au manoir, indiqua Sirius. Je suis peut-être renié chez mes propres parents, mais je doute que tous leurs relatifs aient pris le soin de m’exclure de leurs protections. Je dois encore être sur la liste des Vingt-Huit Sacrés. Et puis Cissy a toujours eu un faible pour moi.

             

- Mais comment y entrer ? La grille d’entrée ne nous laissera pas passer tous, et te laisser y aller seul relève du suicide.

             

- Comment tu sais pour la grille ?

             

Hermione retint sa respiration à la question de Sirius. Elle oubliait parfois qu’elle n’était pas censée connaître autant de choses à cette époque, et quelle frustration !

             

- La plupart des manoirs sang-pur sont construits sur le même principe, j’ai juste assumé.

             

Sirius hocha la tête distraitement, apparemment satisfait de sa justification.

             

- Si Sirius peut entrer au manoir, intervint James, je pense que je le peux aussi. Après tout, les Potter font partie des grandes familles. La grille sert à analyser le sang de ceux qui se présentent, et les Sacrés sont tous reliés lointainement ou non. Il reste donc à vous faire entrer Moony et toi.

             

- C’est un grand risque. Je n’arrive pas à croire que je vais proposer cela, mais il serait moins risqué que nous vous attendions dehors. Vous vous sentiriez d’y aller tous les deux ?

             

Les deux frères se jaugèrent, une lueur dans le regard. Les missions en duo les excitaient apparemment, même lorsqu’il s’agissait de récupérer un horcruxe. Hermione sentit le coin de ses lèvres se relever.

             

- J’aime votre enthousiasme, mais il faudra faire attention. Lucius Malefoy n’a pas conscience de la valeur de ce que son maître lui a confié, donc je pense qu’il l’a soit caché dans son bureau, soit dans sa bibliothèque. C’est un carnet noir en cuir aux coins dorés, sans aucun texte à l’intérieur. Le nom Tom Elvis Jedusor est inscrit au revers.

             

- On va gérer, Mione, ne t’inquiète pas. On ne ressortira pas du manoir sans.

             

James hocha fermement la tête, bien d’accord avec son frère.

- Bien. Il nous reste donc à figurer comment cambrioler Gringotts. Un jeu d’enfant.

- Seuls Bella ou Rodolphus peuvent accéder à leur coffre, non ? A moins d’aller chercher directement à Azkaban la clef, je vois mal comment on pourra même dépasser le guichet d’accueil… s’inquiéta James.

- La seule solution serait de prendre son apparence grâce au Polynectar. Mais je ne possède pas de cheveux de Bellatrix ou quoi que ce soit d’autre.

- Et Cissy ? intervint Sirius.

- Quoi, Narcissa ?

- Elle et Bellatrix sont très liées. Elle a accès au coffre, même si je doute qu’elle en ait besoin.

             

- En es-tu certain ? Il n’y aura pas de seconde chance si l’on se trompe.

             

- Absolument. Ma cousine Andromeda a été reniée lorsqu’elle a épousé Ted Tonks, un né-moldu, et les deux autres sœurs se sont d’autant plus rapprochées après cela. Elles partagent absolument tout, et je me doute que l’emprisonnement de Bellatrix n’a pas dû la laisser de marbre. La famille chez les sang-purs, c’est quelque chose. Elle aurait pu assassiner la moitié de la population moldue que Narcissa trouverait un moyen de lui pardonner à cause de leurs liens du sang. Si quelqu’un peut nous faire entrer, c’est bien elle. Il suffit qu’on trouve sa chambre et qu’on subtilise quelques cheveux dans son cabinet de toilette.

             

- Ça serait un miracle. Merlin, ça pourrait vraiment marcher ! s’exclama Hermione. Je prendrai son apparence, et on déguisera quelqu’un d’autre. En revanche, je ne vois pas comment on pourrait tous y entrer.

             

- Et si je te disais, Hermione que je possède un moyen ?

             

Le visage de James s’éclaira de malice. Intérieurement, Hermione pria pour qu’il dévoile sa relique familiale.

             

- J’ai une cape d’invisibilité, confessa-t-il alors qu’elle souriait intérieurement, elle est présente dans ma famille depuis des générations. Elle n’est pas comme les capes que tu peux trouver chez Zonko, sa magie est différente, plus puissante. Aucun risque que le sortilège ne s’annule en plein milieu de la mission.

             

- Vraiment ?

             

La jeune femme rit intérieurement du jeu d’acteur qu’elle allait devoir mettre en place durant les prochaines minutes. James se leva pour aller fouiller dans sa malle, en ressortant quelques secondes plus tard un tissu argenté qu’Hermione reconnut avec nostalgie, mais s’efforça de paraître impressionnée.

             

- Elle est magnifique, James. Mais aucune cape ne dure aussi longtemps. Elle est depuis des générations dans ta famille, c’est cela ?

             

- Absolument.

             

La brune retourna s’asseoir, sous le regard curieux de ses trois acolytes.

             

- Avez-vous déjà entendu parler des reliques de la mort ?

             

Les froncements de sourcils qu’elle obtint furent éloquents.

             

- Vous avez tous déjà lu les Contes de Beedle le Barde lorsque vous étiez enfants, n’est-ce-pas ?

             

James et Remus acquiescèrent, mais Sirius se rembrunit imperceptiblement.

             

- Ce n’était pas mon horrible mère ou cette saleté d’elfe de maison répondant au nom de Kreattur qui allaient m’aider à m’endormir.

             

- Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule…

             

Hermione leur narra l’histoire de tête. Elle avait lu et relu les contes avant d’en saisir le réel sens et avait retenu mot à mot le conte des trois frères lors de leur année de cavale. Lorsqu’elle eut achevé, ils la regardaient avec curiosité.

             

- J’ignorai que l’une de tes passions était d’apprendre des contes sorciers pour enfants, Mione. Mais j’ai adoré.

             

- Siri… Ce n’est pas juste un conte. Ce sont les reliques de la mort. La baguette de sureau, la pierre de résurrection et la cape d’invisibilité.

Comme l’avait fait Xenophilius Lovegood lors de leur visite, elle fit venir à elle un morceau de parchemin pour en dessiner le symbole.

- James, connais-tu le nom des Peverell ?

- Oui… Ce sont les ancêtres de plusieurs familles de sorciers. Ignotus Peverell est l’un des miens.

- Ignotus Peverell était le benjamin des trois frères. Tu possèdes sa cape d’invisibilité, offerte par la Mort elle-même.

Le fils Potter devint livide et laissa tomber la cape à ses pieds.

- Je vous ai parlé de la bague des Gaunt que j’ai récupéré peu avant de vous mettre dans la confidence. Les Gaunt descendaient des Peverell, plus exactement du deuxième frère, Cadmus. La pierre noire de la bague était la pierre de résurrection.

- Mais… C’est impossible…

- Nous vivons dans un monde de magie, Remus. Tout est possible. Mais souviens-toi du conte : si le deuxième frère avait réussi à faire revenir sa bien-aimée, elle restait froide et inaccessible, car elle n’appartenait déjà plus à ce monde. La pierre ne doit pas être utilisée sous peine de se perdre dans une illusion.


- Et la baguette de sureau ?


- Elle était le propriétaire de l’un des plus grands mages de ce siècle, bien qu’il ait fait des choses terribles. Gellert Grindelwald.


- Mais il est à Nurmengard, maintenant. Dumbledore l’a vaincu.


- Justement.

             

Leurs yeux devinrent ronds comme des soucoupes.

             

- Grindelwald était obsédé par les reliques et voulait les posséder à tout prix. Il avait volé la baguette à Gregorovitch et cherchait activement les deux autres avec l’aide de son ami et amant, Albus Dumbledore. Jedusor n’a fait que reprendre sa quête. Heureusement, il n’a possédé que la pierre, qui est maintenant détruite. La cape est entre tes mains, James, enfin à tes pieds, et la baguette est possédée par Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, président du Magenmagot, ordre de Merlin, première classe.

             

Elle leur laissa deux minutes pour assimiler ces informations.

             

- Le but de Voldemort est de mettre la main sur la baguette de sureau, à terme. Je me laisse à croire que nous avons quelques années de répit avant qu’il ne découvre l’identité de son propriétaire, mais si les choses s’accélèrent il faudra s’en occuper.

             

- Dumbledore est le seul sorcier que Voldemort n’ait jamais craint ! La baguette est en sécurité ! s’exclama James.

             

- Personne n’est immortel, répliqua amèrement Hermione. Je voulais que vous sachiez ce que sont les reliques car celui qui les possède toutes devient le maître de la mort. Et si je ne suis plus là pour me battre, il faut qu’au moins l’un d’entre nous soit au courant.

             

- Tu y arriveras, Mione, murmura Sirius à son oreille. Je te le promets.

             

- L’heure n’est plus aux fausses espérances. Il faut penser à tout. Je ne me soucie pas de cela, l’important est que quelqu’un puisse reprendre le flambeau au cas où.

             

Ils frôlèrent la crise cardiaque lorsque Twitty transplana dans la pièce pour annoncer le goûter. Le pauvre elfe ne comprit pas l’émoi qu’il avait causé et dut être rassuré par les quatre amis pour l’empêcher de fondre en larmes. Ils déclinèrent la proposition de rejoindre les parents Potter mais furent fournis en gâteaux de Noël, qu’ils grignotèrent avec distraction dans un silence pesant.

              

Le soir, Sirius vint se glisser dans la chambre d’Hermione, sans bruit. Elle l’accueillit paisiblement alors qu’il l’entourait de ses bras et ils s’endormirent ainsi, sans prononcer une parole.

             

Le sommeil d’Hermione fut agité. Elle revivait la bataille de Poudlard. Elle voyait Neville combattre les Mangemorts, Luna à ses côtés alors qu’ils battaient en retraite. Ron. Harry. Tonks, son beau visage sans vie, ses yeux déjà couverts d’un voile. Minerva McGonagall, mise à terre par les Carrow au bout d’une bataille acharnée. Elle s’acharnait sur sa cicatrice sans pouvoir s’arrêter, ses ongles griffant sa peau jusqu’au sang. Et elle revit Remus, son visage résigné lorsqu’il était lui aussi mort sous ses yeux sans qu’elle puisse l’empêcher. Il lui sembla qu’elle criait alors que quelqu’un tentait de lui souffler des paroles rassurantes, sans succès. Finalement, elle se réveilla en sursaut, découvrant le visage douloureux de Sirius qui n’avait rien pu faire pour l’apaiser. La lionne fondit en sanglots dans ses bras, ne pouvant se retenir.

             

- Mon cœur, ça va aller. Je t’en prie, Mione, je suis là, je ne te lâche pas. Je suis là pour toi. Mione…

             

Ses spasmes se calmèrent suffisamment pour qu’elle reprenne conscience de l’endroit où elle se trouvait. Elle était dans son lit au manoir Potter. Plus sur ce champ de désolation.

             

- Viens.

             

Le brun la porta sans difficultés dans ses bras. S’il la trouvait magnifique, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter quant à son poids. Elle était aussi légère qu’une plume. Il l’avait de nombreuses fois admirée lorsqu’elle était l’objet de ses attentions, mais en dehors voyait bien qu’elle ne mangeait pas autant qu’elle aurait dû. Comment pouvait-il se douter qu’elle avait passé presque un an à survivre de maigres rations, se sacrifiant pour son meilleur ami pendant l’hiver, lui offrant une part de sa nourriture pour qu’il mange à sa faim et se fortifie pour faire face à Voldemort ? Il allait s’attacher à la soutenir pour qu’elle reprenne un rythme normal, quitte à supplier Pomfresh de lui fournir discrètement des potions de nutrition.

             

Il la conduisit à la salle de bain avant de faire couler l’eau chaude dans la douche sans la lâcher un instant. Il s’assit avec elle sur le carrelage blanc et entreprit de la réchauffer. Il n’avait pas osé lui ôter ses sous-vêtements et n’avait pas pris la peine de retirer son propre pantalon de pyjama.

             

- Détends-toi, mon cœur, je suis là.

             

Sirius lui frictionnait les bras et le dos alors qu’elle était toujours dans un état second, secouée par son cauchemar. Il s’attela à soigner son bras en faisant venir à lui une bande de tissu d’un tiroir de la salle de bain et entoura soigneusement la cicatrice après avoir marmonné un sortilège de guérison rapide. Hermione vint poser sa tête sur son épaule au bout de cette tâche et resta ainsi de longues minutes, sans piper mot.

             

- Je suis là.

             

La litanie de Sirius lui fit lentement reprendre conscience. Elle bougea sa main pour entrelacer leurs doigts, se repaissant de sa présence. Sa respiration se calma et elle parvint à sortir un mot pour rassurer le brun.

             

- Merci.

             

Pour toute réponse, il la serra encore plus fort contre lui.

             

- Ce rêve…

             

- Tu n’as pas à te justifier ou à me raconter quoi que ce soit que tu ne veuilles. Je serai là quoi que tu décides.

             

- Je veux en parler.

             

Il acquiesça en silence, la laissant formuler sa pensée. Seule l’eau de la douche venait troubler ses propos.

             

- Je les ai vus. Tous.

             

Une larme glissa sur sa joue, se mêlant aux gouttes d’eau tombant sans relâche.

             

- Je les revois mourir devant mes yeux. Parce que je n’ai pas été assez forte. Parce que j’aurais dû faire plus. H… Harry. Il était comme un frère pour moi. Et je n’ai rien pu faire. Le rayon vert a filé contre lui et il est tombé. Sans se relever.

             

Sirius lui caressait la joue, tourmenté par ses aveux.

             

- Ron… Je l’aimais, mais j’ai été tellement sotte… Je n’ai pas osé lui dire ce que je ressentais et ça a été trop tard. Je l’ai vu transpercé par un sort alors qu’il tentait de fuir avec moi. J’ai réussi à m’échapper et à venir à Poudlard, mais j’aurais dû continuer à me battre. La panique… Plus personne ne savait quoi faire. Après qu’Harry soit tombé, tout le monde a perdu espoir.

Elle n’ajouta pas une parole. Le brun ne comprit pas tous les aspects de sa confession, mais ne demanda rien. Il la serra dans sa bras, sans mot dire. Bien des minutes après, il la sortit délicatement, arrêtant l’eau de la main, et la sécha rapidement avant de la déposer sur son lit pour veiller à ses côtés. Ils se rendormirent ainsi, épuisés, jusqu’au matin.

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Bonne année à tous !

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