L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Chapitre 11

2932 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/03/2022 16:45

Il était presque minuit quand Hermione se déplaça difficilement vers les toilettes du bar où ils se trouvaient. Difficilement, car la tête commençait à lui tourner. Mieux valait rentrer maintenant.


- Malefoy, déclara la jeune femme, en se tenant à sa chaise, j'ai assez bu pour ce soir, et je ne veux pas en abuser encore plus, je vais rentrer.


- Comme tu veux... soupira-t-il. Je rentre aussi alors.


Les rues étaient de plus en plus animées, ils croisaient des étudiants alcoolisés qui se dirigeaient à grands pas vers des pubs ou des clubs. Hermione se concentrait pour marcher droit et ainsi éviter que son compagnon ne voit à quel point les effets de l'alcool l'affectaient. Mais son corps en avait décidé autrement. Elle trébuchait parfois, ou bifurquait doucement d'un coté à l'autre du trottoir. Évidemment, lorsque cela arrivait, sa main frôlait dangereusement celle de Drago, qui marchait, impassible. Les frissonnements reprirent Hermione. Chaque fois que le dos de leurs mains se frôlaient, se touchaient, elle ressentait des fourmillements qui montaient le long de son bras avant de redescendre dans son ventre. Inquiète qu'il le remarque, elle osa lui jeter un regard. Il ne semblait pas réagir comme elle. Mais il avait beaucoup de choses en tête, se dit Hermione. La sortie de sa mère dans quelques heures par exemple. Après quelques minutes à marcher en silence, ils arrivèrent enfin devant l'immeuble de Drago.


- Bon, … et bien bonsoir Malefoy, hésita Hermione, ne sachant que dire après cette soirée surprenante.


- Je vais te raccompagner, on ne sait jamais, répondit le jeune homme.


- Ce n'est pas la peine, j'ai ma baguette, je suis une grande fille tu sais, soupira-t-elle, exaspérée et amusée de cette proposition.


- Je ne veux rien entendre, je t'accompagne, répliqua-t-il en continuant sa route.


Leurs immeubles étaient très proches, et ils se retrouvèrent devant la porte du bâtiment où vivait Hermione en à peine deux minutes. Ils se faisaient face, sans un mot. Elle n'osait pas lever le visage, et chercha ses clefs pour se donner une contenance. Voyant qu'il ne bougeait pas d'un pouce, elle leva doucement la tête et finit par le regarder. Leurs yeux se rencontrèrent pendant ce qui parut une éternité à Hermione. Une douce chaleur l'envahit, et le rouge lui monta aux joues. Sans qu'elle s'en rende compte, leurs corps s'étaient rapprochés subtilement. Elle devait lever le visage pour le regarder, derrière sa mèche de cheveux. Le cœur d'Hermione se mit à battre la chamade. A cet instant, Drago détourna le regard, et se racla la gorge, gêné.


- Bonne fin de soirée Granger, réussit-il à articuler.


- Merci... Et... Pour demain... Bonne chance, dit-elle doucement au blond qui commençait à s'éloigner lentement.


Une minute plus tard, Hermione arriva dans son appartement, et alla à la fenêtre. Elle vit Drago marcher vers son propre immeuble. Il s'arrêta et regarda en direction de sa fenêtre. Surprise, elle ferma vivement le rideau, et alla se coucher, ne sachant que penser de cette folle soirée.





La lumière froide du mois de décembre réveilla doucement Hermione. Elle peina à ouvrir les yeux, et immédiatement, elle porta les mains à sa tête douloureuse. Elle sentait le sang taper dans ses tempes. Maudit alcool. Avec difficulté, elle réussit à se lever et à prendre un médicament contre le mal de tête. Cela allait bien plus vite que de trouver et préparer une potion. L'eau chaude de la douche lui fit du bien, et elle se prépara pour son après midi avec les Potter. Elle n'avait qu'à peine déjeuné, lorsque quelqu'un frappa à sa porte. Hermione, surprise, alla ouvrir.


- Ginny ?


- Bonjour ! Oui je sais, je suis en avance, il n'est que midi, mais j'ai de quoi manger, et Harry nous rejoint bientôt ! s'exclama la rousse en entrant et déposant ses victuailles sur le bar de la cuisine.


Hermione fut ravie de voir son amie, ce qui lui permettait de moins penser à sa soirée de la veille. Pourtant, son esprit était encore plongé dans ses souvenirs.


- Tu as l'air épuisée Hermione ! Ne le prend pas mal ! remarqua Ginny. Ne me dis pas que tu as veillé tard sur tes cours ? Tu vas finir par te tuer au travail pour cette école.


- Non non … répondit-elle, évasive.


- J'aime beaucoup les dernières décorations que tu as faites, continua la jeune femme en regardant autour d'elle. Quelle trouvaille cet appartement quand même ! Tu payes combien de loyer déjà ?


- Euh... un prix ridiculement bas... hésita Hermione, gênée.


- Qu'est ce qu'il y a ? s'étonna Ginny devant le malaise provoqué par sa question. Si tu ne veux pas parler d'argent, ce n'est pas grave, je suis surprise c'est tout...


- Non ce n'est pas ça... soupira son amie. Bon... En fait, j'ai découvert pourquoi je payais si peu. Les appartements ici coûtent vraiment vraiment chers Ginny. J'ai donc fait une petite recherche et découvert que cet appartement, enfin cet immeuble en fait, appartient à une boite moldue... qui appartient à Malefoy. Et oui je sais, c'est ridicule, mais c'est vrai, et il ne voulait pas que je le découvre, c'est lui qui a dit à sa société que je devais payer ce prix, mais tu comprends, je suis gênée, je lui dois de l'argent ! se lamenta Hermione.


- C'est... étonnant, surtout.


La jeune femme était très surprise de cette révélation.


- Mais après tout, je pense qu'il te doit bien ça, après Poudlard... Profite Hermione !


- C'est aussi ce qu'il a dit...



Après quelques longues minutes à parler de l'équipe de Quidditch de Ginny, Hermione profita de la fin de la conversation pour avouer quelque chose à son amie.


- Je suis sortie, hier soir, prendre un verre avec …un homme, lâcha-t-elle, hésitante. Et je ne sais pas trop me l'expliquer, à certains moments j'ai ressenti comme des frissons, des fourmillements quand... je le regardais dans les yeux par exemple... Je ne sais pas trop ce que c'était. Enfin, ça ne doit être rien du tout, je ne sais pas pourquoi je parle de ça...


Ginny sourit du malaise de son amie. Elle n'était décidément pas douée pour parler de ce genre de chose.


- Pourquoi donc Malefoy déclencherait-il ces effets sur toi ? C'est curieux ? lui demanda-t-elle, avec une pointe d'ironie.


Comme prévu, Hermione releva brusquement la tête vers elle, effarée.


- Pourquoi tu penses que c'est Malefoy ?


Sa question eut le mérite de faire rire Ginny.


- Oh je ne sais pas, peut être parce que tu passes tes semaines avec lui depuis des mois, et que c'est la seule personne dont tu me parles à chaque fois qu'on se voit ?


Hermione rougit brusquement. Elle avait honte.


- Mais puisque que visiblement tu ne me diras rien d'autre, sache quand même qu'à chaque fois qu'Harry venait passer quelques jours au Terrier lorsque nous étions adolescents, je ressentais ce que tu décris, des frissons, quand il me regardait... A Poudlard aussi, avant qu'on ne se mette ensemble. D'ailleurs, je ressens toujours ça aujourd'hui,... Entre autre chose, ajouta-t-elle en rigolant.


- Mais … Non, on ne parle pas de la même chose Ginny, je ne ressens rien pour Malefoy, alors que toi tu étais amoureuse de Harry, ça n'a donc rien à voir, ça doit juste être... Je ne sais pas, le manque d'affection ? se hasarda-t-elle. En plus, je n'ai jamais rien ressenti de semblable avec Ron, je ne me trompe donc pas.


- Soit... Si tu le dis, sourit Ginny.




Quelques heures plus tard, Harry les rejoignit. Les amis discutèrent de tout et rien, mais Hermione n'arrivait pas à penser à autre chose que Drago retrouvant sa mère...


- Tiens, j'avais oublié, tu as lu l'article Hermione ? demanda Harry, qui feuilletait la Gazette du Sorcier.


- Je t'avoue qu'en ce moment je ne préfère pas lire ce torchon, de peur de voir encore un article sur moi...


- Oh ces derniers temps c'est plutôt calme à ce niveau là, se moqua Harry. Non, je te parlais du petit encadré, qui parle de la sortie de Narcissa … En fait ils indiquent simplement qu'elle sort aujourd'hui et qu'ayant purgé sa peine, elle est automatiquement réintégrée dans la communauté sorcière. Pas un mot de plus.


- Je... Malefoy m'en a parlé, répondit simplement Hermione.


- Ah oui ? Je me demande vraiment ce qu'ils doivent ressentir … réfléchit Harry à voix haute.


- Oh oui Hermione, que doit ressentir Malefoy ? reprit Ginny, moqueuse.


Hermione ne se donna pas la peine de répondre autrement que par un geste grossier envers son amie. Harry, quant à lui, fit mine de ne rien remarquer, toujours plongé dans son journal.




Les Potter dirent au revoir à Hermione en fin d'après midi. Elle se retrouva donc seule, comme à son habitude, et se mit enfin à travailler. Elle ne devait pas prendre de retard ! Les articles et ouvrages bien organisés autour d'elle à son bureau, elle s'installa et commença sa lecture et sa prise de note. Seulement, son attention et ses pensées se dirigèrent vers d'autres préoccupations …



Elle repensait à ce qu'Harry avait demandé... Que devaient ressentir Malefoy et sa mère ? Après plusieurs années séparés, à se voir rarement, dans cette horrible prison... Et la découverte de la vente du Manoir pour Narcissa... Elle devait être perdue. Et lui... Ses pensées remontèrent à sa conversation avec Ginny, à propos des effets que Malefoy provoquait chez elle... Cela ne pouvait pas être ça. Malefoy ne l'avait jamais attiré. Certes, elle s'était rendu compte qu'il était plutôt … bel homme, avec ses cheveux retombant sur ses yeux, sa peau d'albâtre, ses joues probablement rugueuse de sa barbe de quelques jours... Des frissons la parcoururent, et Hermione reprit ses esprits. Elle secoua la tête vigoureusement, et laissa tomber ses cours. Elle devait s'occuper pour ne pas penser à ce qui devait se passer dans l'immeuble en face du sien.

Après avoir fait le ménage de son appartement, trier ses affaires de cours, les organiser, elle finit par s'installer sur son canapé, épuisée. Mais rien à faire. L'ancien Serpentard revenait plus vite dans son esprit. Est ce que tout se passait bien avec sa mère ? Elle était si curieuse ! Cela ne la regardait aucunement...



Plus tard dans la soirée, Hermione, n'y tenant plus, prit un parchemin et y inscrivit quelques mots. Le bruit que fit ce message lorsqu'elle le déchira semblait résonner bien plus fort dans le silence de son appartement. Elle recommença deux fois avant d'être satisfaite et de surmonter son hésitation.


Malefoy, je me permets de te demander si tout va bien ? Ne prend pas cela pour de la curiosité mal placée.

Hermione Granger.



Sa chouette fut ravie de pouvoir aller faire son travail, et elle la regarda se diriger vers l'immeuble de son ancien ennemi. Elle ne savait pas quel appartement il habitait et préférait ne pas le savoir. Elle ne voulait pas se surprendre à épier ses fenêtres ! Elle retourna donc sur son canapé avec une infusion bouillante. Elle décida de prendre un livre pour se détendre, et choisit immédiatement son roman moldu préféré, Orgueil et Préjugés. Sa chouette revint rapidement, mais sans réponse.


Hermione la laissa voler à sa guise en cette nuit de décembre. Elle ne se ferait pas remarquer.


Une fois dans son lit, ses pensées continuèrent de l'assaillir. Etait-ce normal si Malefoy n'avait pas répondu ? Il aurait pu lui dire simplement que oui, tout allait bien. Pourquoi ne pas lui répondre... ? Et si il était arrivé quelque chose ? Peut être sa mère s'était-elle mise en colère, peut être s'étaient-ils battus ? Ou alors, des sorciers malveillants les auraient attendus à leur retour d'Azkaban pour les attaquer ? En tournant et se retournant pour trouver une position confortable pour dormir, Hermione imagina les pires scénarii possibles. Si bien que le dimanche matin, n'ayant toujours aucune nouvelle, elle était morte d'inquiétude. Les heures passèrent, et son angoisse ne fit qu'augmenter.



- Bon, ça suffit ! s'exclama-t-elle pour stopper le flot de ses pensées.


Et si … Non, se morigéna-t-elle, outrée de son idée. Quoique... L'immeuble de Malefoy était à deux pas, cela ne coûtait rien d'aller vérifier que tout allait bien. De toute façon, Narcissa devait être chez elle à l'heure qu'il était, et puis si jamais il n'était pas là, elle pourrait s'y rendre dans l'après midi pour s'assurer qu'il allait bien ? Oserait-elle ?



Hermione hésita. Après s'être habillée et avoir mis son manteau, elle le reposa. Non, elle ne pouvait pas faire ça. Presque dix enfilages de manteau plus tard, elle claqua la porte de son appartement, décidée à se rendre chez lui.



En arrivant en bas de son immeuble, une personne âgée sortit du bâtiment, et lui tint la porte de la résidence. Hermione ne se fit pas prier et entra. Elle parcouru chaque étage en regardant les noms sur les portes des appartements. En montant les escaliers vers le dernier étage, son cœur battait la chamade. Qu'allait-il dire ? Qu'allait-elle trouver ? Elle fut surprise de ne trouver qu'un tout petit couloir de quelques mètres à cet étage. Et une seule porte. Au nom de Drago Malefoy. Comment était-ce possible ? Puis Hermione comprit. Son appartement n'était pas au dernier étage, non, son appartement ETAIT le dernier étage ! Elle s'approcha doucement de la porte, pour toquer. Puis se ravisa, et s'insulta mentalement. Elle reprit courage et leva son bras une deuxième fois... Non elle ne pouvait pas faire ça !



Au même moment, la porte s'ouvrit, et Hermione se trouva nez à nez avec Narcissa Malefoy et son fils, qui comptaient visiblement sortir. Avant même qu'elle ait pu prononcer un mot, Narcissa s'exclama :


- Miss Granger !?


L'ancienne détenue, malgré quelques rides et marques de son emprisonnement, était toujours très altière, et regarda Hermione avec la plus grande curiosité.


- Granger, qu'est ce que tu fais là ? la devança Drago, très surpris de la trouver là.


Hermione était rouge de honte et admira aussitôt ses chaussures, trop gênée pour relever le visage.


- Euh.. Et bien, mon message n'a jamais eu de réponse... J'ai... Je voulais m'assurer que tout allait bien, mais je me rends compte que oui, bredouilla-t-elle en rebroussant chemin le plus rapidement possible. Au revoir Mme Malefoy, lança-t-elle timide, en dévalant les escaliers, les laissant seuls, abasourdis.



En rentrant chez elle, Hermione se jeta sur son lit et hurla dans son oreiller tout le malaise qu'elle venait de ressentir. Qu'est ce qui lui avait pris ! La honte l'envahit, et elle se sentit idiote. Pourquoi avait-elle fait tout ça ? Cela n'avait aucun sens.

Après une bonne douche chaude pour remettre ses pensées en ordre, Hermione se remit au travail, anxieuse du comportement de Drago pour le lendemain. Allait-il lui en vouloir ?






Alors qu'elle se brossait les cheveux dans sa petite salle de bain, prête à aller dormir pour se remettre de toutes ses émotions, elle entendit quelqu'un toquer à la porte. Étonnée et inquiète, Hermione se décida à ouvrir, sa baguette à la main. Elle entrouvrit la porte doucement.


- Malefoy !? Qu'est ce que tu fais là ? s'étrangla-t-elle en se cachant à moitié derrière sa porte.


En effet, la jeune femme portait en tout et pour tout qu'un long tee shirt usé et informe ayant appartenu à Ron, qui lui faisait office de pyjama.


- C'est ce que j'ai dis aussi, répliqua-t-il, narquois.


Il avait l'air fatigué, mais son agitation des derniers jours semblait s'être envolée. Hermione ne sut quoi dire, trop mal à l'aise de le voir là, à cette heure.


- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas demander à entrer, ajouta-t-il devant son trouble. Je tenais simplement à t'informer que ma mère s'est installée dans son cottage, qu'elle n'a pas très bien pris la vente du Manoir mais qu'elle a fini par comprendre.


L'étonnement d'Hermione était à son comble à cet instant. Elle n'en revenait pas qu'il se soit déplacé pour lui dire tout ce qu'elle avait voulu entendre depuis la veille.


- J'ajoute également que je tenais à te dire de vive voix que j'étais bien vivant et en bonne santé, pour t'éviter un nouvel aller retour à mon appartement, dit-il, arborant son sourire en coin.


Il termina sa tirade par un clin d'œil, lui signifiant qu'il se moquait d'elle. Elle releva doucement ses yeux pour rencontrer les siens et sourit timidement. Comme à chaque fois, le contact dura plus qu'il n'était nécessaire. Une fois encore, ce fut lui qui détourna le regard.


- Je vais te laisser, on se voit demain en cours.


Hermione le regarda s'éloigner dans le couloir. Il se retourna une dernière fois et lui lança :


- Au fait, jolies jambes Granger !


La jeune femme referma la porte, morte de honte, et fila se coucher. Toutes ces émotions en une seule journée !

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