Sauvetage imprévu

Chapitre 13 : L'étendue de l'horreur

1245 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/03/2022 20:19

Plus perturbé qu’il ne voulait l’avouer, Severus avait tendu la main au petit Harry, observant attentivement chacune de ses réactions.

Après un long moment de réflexion, le petit garçon prit la main, tête penchée, attendant calmement la suite.


D’une voix douce, Severus s’adressa à lui, ignorant les Malefoy.

   — Bonjour, jeune homme. Je suis… une sorte de docteur. Est-ce que tu es d’accord pour que je t’examine ?


Le gamin se mordilla la lèvre, puis hocha timidement la tête. Severus hocha la tête, se forçant à sourire pour ne pas l’effrayer.

   — Très bien. Tu veux me montrer ton ventre et ton dos ?



Le petit tripota le bas de son tee-shirt de pyjama et Narcissa avança pour l’aider à l’ôter. L’enfant se raidit, mais ne broncha pas. Severus quant à lui ne le quittait pas des yeux avec l’impression de tomber dans un abîme sans fond.


Le torse maigre était parsemé de bleus, à divers stades de guérison, formant une palette allant du violacé au jaune. Il y avait quelques cicatrices, et ce n’était pas des marques accidentelles s’il se fiait à leur apparence. Quelqu’un avait blessé intentionnellement le gamin, pour lui faire du mal.


Cachant l’horreur qu’il ressentait, alors que le visage de Lily se superposait à celui de son fils, Severus retraça du doigt la cicatrice la plus épaisse, qui partait de son épaule en diagonale pour rejoindre le ventre.

   — Comment as-tu eu cette marque ?


Le gamin baissa la tête et haussa les épaules, résigné.

   — C’est quand Dudley joue.

Il avait murmuré ces mots un peu craintivement, avant de se tendre, attendant un coup qui ne vint jamais. Narcissa demanda des précisions, douce et réconfortante.

   — Qui est ce Dudley, mon chéri ?

Cette fois, le petit répondit immédiatement.

   — Mon cousin. Il… il joue tout le temps à la chasse au monstre et si je cours pas très très vite il me fait mal.


Narcissa soupira en lui caressant la joue.   

   — Il ne peut plus t’attraper, d’accord ? Tu es en sécurité maintenant.



Le petit Harry cligna des yeux, un peu étourdi, et il hocha la tête d’un air incrédule, comme s’il ne comprenait pas ce qui se passait et qu’il ne croyait pas réellement en ces mots de réconfort.


Silencieux, Severus le fit se tourner, et la tête lui tourna en découvrant les marques dans le dos. Outre les bleus, il y avait des cicatrices caractéristiques, indiquant que quelqu’un avait battu le gamin à coup de ceinture.

Au milieu de tout ça, un mot était gravé dans la chair, probablement avec un couteau.

Monstre. Il toucha l’inscription, avec l’impression qu’il allait étouffer sous la colère contre l’être ignoble qui avait infligé ça à cet enfant.

   — Et ça ? Qui t’a fait ça ?


Le garçon répondit plus rapidement, en haussant les épaules comme si c’était anodin.

   — Mon oncle. Pour pas que j’oublie mon nom.


Au ton mécanique de l’enfant, si jeune, Severus comprit que c’était probablement un automatisme acquis à force de l’entendre répété encore et encore.



Narcissa vacilla, mais Severus l’ignora, concentré sur ce petit garçon. Il fouilla sa poche, et en sortit un petit pot.

Il murmura de sa voix grave, ne laissant pas transparaître ce qu’il ressentait.

   — Je vais te mettre de la crème sur ton dos, d’accord ? Ça va guérir tout ça et on trouvera un moyen d’enlever ces vilaines marques.


Severus ouvrit le pot, celui qu’il avait toujours sur lui par habitude. Il n’avait jamais pensé qu’il l’ouvrirait à nouveau un jour, pas après que Voldemort soit tombé face à un bébé. C’était un baume cicatrisant et apaisant et il l’avait largement utilisé pendant l’époque où il était aux ordres du mage noir. Parfois, ses punitions étaient créatives et particulièrement douloureuses.

L’odeur lui monta aux narines, alors que son odorat expert reconnaissait les plantes, son esprit lui envoya toute une série de souvenirs à la stimulation olfactive. C’était des réminiscences de son passé, alors qu’il en voulait à Lily de l’avoir abandonné, quand il avait pris la marque pour appartenir à un groupe. Pour ne plus être seul. De cette époque, il n’y avait plus comme souvenirs que le sang et les cris, les attaques, la torture…


Sa brève hésitation passa inaperçue et il commença à masser le dos maigre, notant dans son esprit qu’il devrait brasser des potions pour suppléer les carences et pour lui faire prendre un peu de poids. Il allait aussi devoir faire un baume puissant pour estomper les cicatrices.

Une part de lui refusait que le gamin reste marqué à vie. Il voulait que cette période sombre de sa vie soit effacée, et qu’en grandissant le petit l’oublie totalement.



Au début, l’enfant était crispé, ne comprenant visiblement pas ce qui se passait, comme s’il n’avait jamais reçu de gestes de tendresse et de soin. Severus ferma les yeux un instant et corrigea malgré lui : comme s’il ne se souvenait plus des gestes de tendresse qu’il avait dû recevoir étant bébé.

Severus haïssait James Potter de toute son âme, mais il savait que son ancien bourreau n’aurait jamais blessé son enfant. Pas volontairement en tout cas.

Finalement, le petit se laissa aller, offrant son dos en toute confiance alors que Severus massait avec douceur chaque centimètre de peau, s’assurant que les bleus soient recouverts.


Lorsqu’il eut terminé, il fit tourner l’enfant face à lui. Toujours avec douceur, il commença à badigeonner la poitrine et le gamin laissa échapper un gloussement avant de plaquer les mains sur sa bouche. Severus continua à le soigner, souriant juste d’un air complice.

   — Je te chatouille ?

Le fils de Lily hocha timidement la tête, avant de changer rapidement de sujet.

   — Ça sent bon !


Severus ne réfléchit même pas en répondant au jeune garçon.

   — Et bien si tu veux, je pourrais te montrer comment je le fabrique ?


Le petit garçon écarquilla les yeux et contempla l’homme avec une admiration sans bornes. Finalement, il murmura.

   — C’est toi qui le fais ? Tu es drôlement fort alors !



Quelque chose s’agita dans la poitrine de Severus, alors qu’il prenait soin de cet enfant, avec une douceur qu’il n’était pas conscient d’avoir. Lorsqu’il eut terminé, il attrapa un bras fin, et massa les petits poignets avec précautions, comme s’il craignait briser les os si fragiles à cause de la malnutrition. Concentré sur sa tâche et essayant de masquer la rage qu’il ressentait en voyant les ecchymoses, il ne vit pas le regard admiratif de l’enfant, pas plus qu’il ne se rendit compte que ce dernier s’était totalement détendu, lui accordant sa confiance.


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