Sauvetage imprévu

Severus aida le petit garçon à se rhabiller, se moquant bien du regard surpris des Malefoy. Il le fixa dans les yeux et prononça pour la première fois son prénom, avec une douceur qu’il n’aurait jamais cru posséder.

   — Harry. As-tu d’autres endroits où tu as mal ?

Après une longue hésitation, le gamin désigna sa jambe droite d’un geste vague, avec une grimace de douleur. Severus soupira.

   — Montre-moi.

Le petit garçon baissa son pantalon rapidement et Severus hoqueta en voyant son genou rouge et enflé. Il jura entre ses dents, et Harry recula, un peu effrayé. Immédiatement, le maître des potions masqua ses émotions, et murmura.

   — Comment t’es-tu fait ça ?

Le petit garçon se mordilla la lèvre puis répondit à voix basse.

   — C’est mon cousin, pour pas que je coure trop vite. Mais j’ai pas le droit de le dire. Je dois dire que je suis maladroit.

Narcissa lui posa une main sur l’épaule avec un sourire tendre.

   — Tu peux tout nous dire, Harry. D’accord ? Tu n’auras pas de problèmes, tu es en sécurité.

Drago qui était resté calme et étrangement silencieux, observant son parrain s’occuper de son nouveau camarade. Lorsque Harry avait ôté son pantalon, il s’approcha, curieux et écarquilla les yeux.

   — C’est un gros bobo, ça ! Pourquoi tu voulais pas le montrer tout à l’heure ?

Il y eut un lourd silence alors que les adultes observaient les deux enfants, perplexes. Lucius jura soudain, comprenant ce que son fils voulait dire.

   — Lorsque nous lui avons donné son bain… il n’y avait rien !

Le petit Harry rougit, et baissa la tête.

   — C’est que je voulais pas avoir des problèmes. Je voulais juste pas… que ça se voie.

Severus soupira avant de hocher la tête.

   — C’est peut-être ce que tu faisais dans ta famille avant, pour éviter les punitions injustes. Mais ici, nous avons besoin de savoir ce qui ne va pas pour pouvoir prendre soin de toi.

L’enfant fronça les sourcils, perplexe. Puis il pencha la tête.

   — Pourquoi ?

Ce fut une fois de plus Severus qui répondit tranquillement, sans la moindre hésitation.

   — Parce que chez nous, on prend soin des enfants. Tu es un enfant, Harry, et notre rôle est de s’assurer que tu as tout ce qu’il te faut.

Drago intervint une fois de plus, innocemment.

   — C’est le gros garçon, hein ?

En voyant Harry acquiescer en rougissant un peu, Narcissa laissa échapper un cri horrifié.

   — Le garçon qui a attaqué Drago, c’était ton cousin ?

Harry devint écarlate et baissa un peu plus la tête, hochant discrètement la tête, pensant qu’il serait rejeté. Cependant, Narcissa serra les poings, et siffla.

   — J’aurais dû ramener ce petit porc stupide pour lui apprendre la politesse. C’est pour ce genre de moldu que les sorts noirs ont été inventés !

Severus secoua la tête, tirant un regard amusé du gamin. Il examina le genou blessé et claqua la langue, agacé.

   — Je vais te masser avec la crème pour soulager la douleur, mais je vais devoir apporter une potion un peu plus puissante pour réparer tout ça…

Le maître des potions savait que masser la blessure serait désagréable et pourtant, le petit garçon ne montra pas la moindre trace de gêne. Il semblait immunisé à la douleur — ou alors si habitué à souffrir qu’il ne réagissait plus.

Lorsqu’il eut terminé, le petit garçon se jeta spontanément contre lui pour l’enlacer, nichant son visage dans son cou.

Immédiatement, Severus se tendit, n’étant pas vraiment habitué aux gestes de tendresse. Il passa maladroitement la main dans le dos du garçon avant de le repousser doucement.

   — Allez gamin. Rhabille-toi et va jouer. Je crois que tu as un camarade qui n’attend que ça…

Harry fronça les sourcils.

   — Jouer ? J’ai pas de corvées ?

   — Aucune corvée, jeune homme.

   — Mais…

Severus l’interrompit pour le distraire.

   — Dis-moi, Harry. Est-ce que tu sais lire ?

Le petit garçon se figea et hésita visiblement mal à l’aise. Il baissa la tête, mais Severus eut le temps de noter une lueur rusée passer dans les yeux verts de l’enfant et il frissonna, surpris. Cependant, ce fut si bref qu’il pensa avoir rêvé et il écarta ses pensées rapidement. Innocemment, Harry demanda.

   — Je vais pas être puni ?

Severus soupira, maudissant les moldus, surtout comme ceux qui avaient eu la charge du garçonnet. Puis il secoua lentement la tête.

   — Bien sûr que non. Je veux juste savoir quel est ton niveau. Drago apprend à lire, tu sais, et ça serait bien que tu suives des cours toi aussi. Pour découvrir de nouvelles choses.

Harry se pencha, les yeux brillants, visiblement intéressé. Le cœur de Severus se serra alors qu’il songeait qu’il ressemblait terriblement à Lily en cet instant. Elle aussi avait été terriblement curieuse et avide de savoir. Il repoussa ses souvenirs, pensant que ce n’était pas l’instant idéal pour parler au petit garçon de sa mère. Un jour, il pourrait lui raconter ses souvenirs peut-être. Mais il était trop petit, encore trop fragile après avoir été tiré d’une famille cruelle.

Finalement, le brun hocha la tête avec aplomb, ramenant Severus au moment présent.

   — Je sais lire. Mais je faisais semblant de pas savoir, parce que Dudley il sait pas. Et si j’ai de meilleures notes, je suis puni.

Narcissa s’approcha comme pour prendre le petit dans ses bras, mais Severus l’arrêta d’un regard noir. Il se pencha vers Harry pour le fixer droit dans les yeux.

   — Avec nous, tu n’as pas besoin de faire semblant. Tu as le droit de savoir, et tu as le droit d’apprendre tout ce que tu veux. Tu comprends ?

Harry jeta un bref regard en direction de Narcissa, puis de Lucius, avant de revenir vers Severus et de hocher la tête sérieusement. Severus se leva, et frotta ses robes de potionniste.

   — Très bien. Je repasserai pour te donner des potions qui te guériront d’accord ? En attendant, tu es en sécurité ici.

Le brun cligna des yeux, et murmura, l’air déçu.

   — Tu t’en vas ?

Drago intervint en prenant la main de Harry comme pour le consoler.

   — Parrain a un travail très important, tu sais ! Mais il va revenir nous voir.

Severus secoua la tête, essayant de cacher le choc de voir le fils de Lily réclamer sa présence. Il eut un sourire pincé et il hocha la tête avec sérieux.

   — Bien évidemment que je reviendrais. Après tout, je t’ai dit que j’avais des potions à te préparer pour te soigner.

Rassuré, Harry lui offrit un sourire lumineux, et laissa Drago l’entraîner un peu plus loin, autour de ses jouets.