Sauvetage imprévu

Chapitre 15 : Traumatismes profonds

1242 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/03/2022 21:04

Alors que Severus allait partir, silencieux et perturbé, Narcissa avança vivement vers lui et attrapa son poignet, le serrant suffisamment pour le faire grimacer.

   — Que comptes-tu faire Severus ?


Il haussa un sourcil, mais il avait du mal à afficher son habituel air méprisant. Après quelques secondes, il murmura, cessant de lutter.

   — J’ai des potions à brasser pour le remettre sur pieds. Sans compter qu’il a besoin d’un baume plus concentré pour son genou. Ne le laisse pas trop courir en attendant.


Narcissa plissa ses yeux gris, l’air menaçant.

   — Tu vas parler de lui à Dumbledore ?



Il y eut un lourd silence puis Severus ricana.

   — Même si je le voulais ton mari a exigé de moi un serment. Mais rassure-toi, je n’avais pas l’intention de dire quoi que ce soit. Ce gamin… j’ai juré à sa mère de le protéger et vois dans quel état il est.

La femme soupira en le dévisageant.

   — Essaie au moins de savoir que ce le vieux fou qui se dit de la lumière avait prévu pour ce pauvre gosse. Il ne connaissait pas son propre prénom, Severus ! Il était persuadé s’appeler « Monstre » !


L’homme ferma les yeux, l’air soudain épuisé et plus vieux. Il murmura avec une détermination tranquille.

   — Je vais faire de mon mieux.



Il prit une poignée de poudre de cheminette, la lança dans l’âtre et y pénétra, mais il prit le temps de dévisager l’enfant qui souriait timidement en regardant Drago jouer. Puis, il soupira, épaules basses et prononça sa destination d’une voix claire et assurée.

   — Cachots de Poudlard.




Lorsqu’il eut disparu, Lucius secoua la tête.

   — Tu as été dure avec lui, Cissa.

Elle haussa les épaules, sans avoir l’air désolée.

   — Peut-être. Mais je n’ai pas oublié la haine qu’il vouait à James Potter et ses amis. Ce petit est le fils de son pire ennemi de Poudlard. Il est le fils de celui qui l’a poussé à prendre la marque. Je refuse de prendre le risque qu’il cherche à venger son adolescence !


Son époux pinça les lèvres, puis il roula les yeux.

   — Tu exagères. Il nous a rejoints parce qu’il croyait nos actions justifiées.



Narcissa observa Lucius, incrédule. Puis elle laissa échapper un ricanement moqueur.

   — Ce que tu peux être aveugle, mon cher ! Severus est un Sang-mêlé. Te souviens-tu de ce qu’il a enduré à tes côtés ? Combien de fois a-t-il été torturé pour son sang impur ? Combien d’humiliations a-t-il subies par le seigneur des Ténèbres en personne, parce qu’il était indigne de son attention ?

   — Ce n’était pas si…

   — Si tu termines cette phrase, mon cher époux, je te frappe. Veux-tu que je te raconte chaque fois que j’ai dû le soigner à vos retours de réunions ? Lorsqu’il ne tenait plus debout, presque mené aux portes de la folie par ma chère sœur ? Si j’ai voulu que ce soit Severus qui soigne cet enfant, c’est parce que je savais que ses cicatrices lui seraient familières et je savais qu’il saurait comment lui parler.



Lucius sembla mal à l’aise, baissant la tête vers son bras marqué. Après un soupir résigné, il quitta la pièce à pas lents.

Elle se tourna vers les enfants, essayant de cacher sa tristesse, mais elle nota immédiatement le regard du petit Harry fixé sur elle. Elle lui sourit et après un long moment, il lui rendit son sourire, se détendant un peu.


Elle s’approcha d’eux, regardant son fils avec fierté. Lui qui était un enfant si exclusif semblait avoir compris que son nouvel ami avait besoin des adultes parce qu’il s’était mis en retrait, observant silencieusement et laissant la priorité à Harry.


Elle passa la main dans les cheveux de Harry, sentant son cœur se serrer en le voyant se recroqueviller, craignant visiblement qu’elle ne le blesse. Elle se força à faire comme si elle n’avait rien remarqué et elle eut le même geste pour Drago avec un sourire tendre.

Son fils se tortilla en râlant, protestant qu’elle allait le décoiffer et elle ne put s’empêcher de rire.


Harry les observait pensivement, le regard perdu dans le vague. Narcissa soupira et s’installa gracieusement dans le fauteuil près des enfants. Elle appela le petit brun d’une voix douce, mais malgré ses précautions il eut un mouvement de peur.

Elle lui tendit la main, et il avança vers elle, crispé.


Patiemment, elle attendit quelques secondes pour le laisser se détendre un peu, puis le souleva pour l’asseoir sur ses genoux. Au début, il se tint raide, n’osant pas bouger, les yeux écarquillés. Elle lui caressa le dos lentement.

   — Tu te sens mieux, Harry ?

Il se mordilla la lèvre et lui jeta un coup d’œil en coin avant de hocher la tête.

   — Pour cette nuit, tu peux avoir ta chambre, ou dormir dans la même chambre que Drago si ça te rassure.


Le petit garçon sembla un peu effrayé et il regarda autour de lui, comme pour chercher où fuir. Il murmura qu’il pouvait dormir partout, et qu’il ne bougerait pas dans le placard.

Narcissa pria pour avoir mal entendu, mais elle avait conscience qu’elle n’avait pas terminé d’entendre des horreurs sur la non-éducation de ce pauvre enfant innocent. Elle lui sourit.

   — Dis-moi, tu voudrais des draps de quelle couleur ? Qu’est-ce que tu préfères ?


Harry cligna des yeux, comme s’il ne comprenait pas. Narcissa insista doucement.

   — Quelle est ta couleur préférée, Harry ?

Cette fois, il eut un discret sourire et il répondit presque immédiatement.

   — Vert ! Comme les yeux de ma maman !



Narcissa cacha sa tristesse et sourit, continuant de caresser le dos du petit, satisfaite de le sentir se détendre et s’appuyer contre elle. Elle poursuivit.

   — Nous pourrions aussi t’acheter quelques vêtements à ta taille ? Tu pourrais nous aider à choisir. Je crois que des tee-shirts verts seraient parfaits, tu en penses quoi ?

Il hocha la tête mécaniquement, visiblement dépassé par ce qui lui arrivait.


Finalement, elle en arriva au sujet qu’elle avait prévu d’aborder avec le petit garçon.

   — Harry… As-tu déjà entendu parler de la magie ?

Le petit garçon eut une réaction violente. Il se tendit brutalement, avant de bondir des genoux de Narcissa pour se rouler en boule au sol, les mains sur la tête, les genoux protégeant son torse. Comme s’il protégeait les zones les plus fragiles de son corps, inconsciemment.


Affolé, il se mit à répéter en boucle, les larmes coulant sur ses joues.

   — La magie n’existe pas. La magie n’existe pas.



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