Sauvetage imprévu

Trop choquée pour réagir, Narcissa resta immobile, observant le petit garçon recroquevillé au sol. Drago s’avança à quatre pattes, les yeux écarquillés. Puis, arrivé près de son camarade, il le prit dans ses bras, sans la moindre hésitation.

Ce fut probablement la réaction de son fils qui sortit Narcissa de sa stupeur. Elle se laissa tomber à genoux, ignorant la bienséance et toutes les leçons d’étiquette qu’elle avait reçues dans sa vie. Le ciel pouvait bien lui tomber sur la tête parce qu’elle se traînait au sol comme une vulgaire pauvresse, elle s’en moquait bien. Il y avait un enfant en détresse devant elle, et chacune de ses larmes lui lacérait le cœur.

Près des enfants, elle les enlaça tous les deux, les serrant contre elle, murmurant pour Harry des paroles de réconfort. Elle sentait l’odeur de son fils, encore un bébé presque, et celle plus discrète de Harry.

Ils étaient si petits, si fragiles… Elle sentit une larme couler sur sa joue et elle ferma les yeux, serrant les deux garçons un peu plus contre elle, se balançant légèrement pour apaiser la crise de panique de Harry, sans jamais cesser de parler doucement.

Elle croisa le regard inquiet de Drago et elle lui sourit doucement, pour le rassurer. Son fils fronça un instant les sourcils, avant de reporter son attention sur Harry, visiblement inquiet.

Il fallut un long moment pour que le petit garçon se calme, et Narcissa le garda contre elle. Drago s’installa à ses côtés, collé à sa mère, tenant la main de Harry dans la sienne.

Il sourit au brun, et lança un regard implorant à sa mère.

   — Fais les oiseaux, maman ! Fais venir les oiseaux !

Narcissa eut un rire amusé et sortit sa baguette. Avant de lancer le sort, cependant, elle serra Harry un peu plus contre elle.

   — Regarde Harry… Avis !

Levant sa baguette, elle murmura un sort et aussitôt des oiseaux colorés apparurent, chantant joyeusement et volant en cercle autour d’eux.

Harry avait les yeux écarquillés, immobile, observant les minuscules volatiles qui tourbillonnaient autour d’eux.

Doucement, Narcissa tendit la main, et un des oiseaux fait de magie pure se posa sur ses doigts. Le petit brun était totalement détendu, ne semblant pas effrayé par l’apparition soudaine d’oiseaux, bien trop colorés pour être naturels.

Elle sourit, et passa la main dans les cheveux noirs, avant de murmurer.

   — Tu ne trouves pas que c’est de la belle magie ?

Le petit garçon cligna des yeux, émerveillé, et finit par hocher la tête doucement. Narcissa leva la main et l’oiseau s’envola, lançant un trille joyeux.

Harry gloussa doucement, presque silencieusement. Ses yeux brillaient et il ne quittait pas les oiseaux des yeux. Narcissa eut un sourire malicieux, et lança un nouveau sort, faisant naître une gerbe d’étincelles colorées, comme un petit feu d’artifice.

Après avoir laissé au petit garçon le temps de se détendre et de cesser d’avoir peur, Narcissa dissipa son œuvre d’un geste adroit du poignet. Toujours installée au sol, tenant Harry contre elle, Drago collé à son flanc, elle reprit la parole, chuchotant presque.

   — Tu vois Harry, c’était de la magie. Nous sommes des sorciers. Un jour, tu pourras faire ça, si tu veux.

Narcissa nota que Drago tenait la main de Harry et que le petit brun s’y agrippait de toutes ses forces comme s’il y trouvait du réconfort. Le petit garçon fronça les sourcils, et demanda innocemment.

   — Ce n’est pas mal ? De faire de la magie ? Mon oncle, il dit que c’est anormal.

Elle secoua la tête, s’obligeant à ne pas montrer son agacement pour ne pas effrayer l’enfant.

   — Tu n’y retourneras plus, Harry. Maintenant, tu es en sécurité, d’accord ?

*

Après la conversation sur l’existence de la magie, Narcissa laissa les deux garçons ensemble. Elle avait voulu aborder le sujet pour savoir si le petit garçon avait déjà eu à faire face à des accidents de magie instinctive, propres aux jeunes enfants. Mais visiblement, c’était un sujet sensible et elle allait attendre que le petit garçon soit moins craintif pour lui poser de nouveau la question.

Elle observa pensivement les deux enfants avant de se rendre compte que Harry dodelinait de la tête, visiblement épuisé. Elle les appela doucement, décidant d’ajouter un lit magiquement dans la chambre de son fils. Drago semblait réussir à communiquer avec le jeune garçon, à l’apaiser d’une certaine manière.

Pour une fois, son fils ne chercha pas à différer l’heure du coucher. Il s’installa dans son lit sagement, tandis que Narcissa installait un endroit pour Harry.

Le petit brun hésita longuement, comme s’il doutait d’avoir le droit de dormir dans un lit si confortable. Mais à force de douceur, Narcissa réussit à l’installer et à le border.

Elle déposa un baiser sur son front, comme elle l’avait fait avec son fils. Harry se figea, les yeux écarquillés, étrangement brillants. Narcissa lui sourit, le cœur serré, et sortit de la chambre, laissant la petite veilleuse en forme de licorne que Drago aimait tant allumée.

*

Narcissa ne dormait pas encore, lorsqu’elle sursauta, alertée par des hurlements terrifiés. Immédiatement, elle se redressa et se précipita en direction de la chambre de Drago. Lucius jaillit de son bureau, sa baguette en main, visiblement inquiet.

Lorsqu’elle ouvrit la porte de la chambre, Narcissa se doutait déjà de ce qu’ils allaient trouver.

Harry dormait encore, mais il se débattait, visiblement en plein cauchemar. Il poussait des hurlements déchirants, ses joues baignées de larmes, tout en se débattant. Ses cris avaient dû réveiller Drago, qui s’était glissé dans le lit de son camarade et tentait de le réveiller en douceur, le serrant maladroitement contre lui.

Narcissa se précipita et secoua Harry pour le réveiller, effrayée par le désespoir qu’elle pouvait entendre dans ses plaintes déchirantes. Lucius était blême, arrêté à la porte de la chambre, n’osant pas bouger.

Lorsque le petit brun s’éveilla, ouvrant les yeux brusquement, le souffle coupé, son premier réflexe fut de se recroqueviller, comme pour éviter un coup.

Cependant, la voix douce de Narcissa qui le rassurait et l’étreinte de Drago lui permit de reprendre pied, et il cligna des yeux, se réveillant tout à fait. Il rougit et s’excusa d’avoir fait du bruit, mais refusa d’évoquer son cauchemar malgré les questions de Narcissa.

Après l’avoir bordé de nouveau, Narcissa eut un sourire tendre en voyant le regard têtu de Drago qui s’agrippait à son camarade comme un koala. Avec un soupir résigné, elle finit par accepter de les laisser dormir ensemble, au moins pour prouver à Harry qu’il ne risquait rien avec eux…