R.A.B

Chapitre 19

1263 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/07/2022 20:13

Régulus retint une réflexion moqueuse au sujet du garçon qui affrontait un basilic sans frémir, ou qui parlait de Voldemort comme d’un criminel de bas étage, et qui était pétrifié par la peur des changements qui pouvaient avoir lieu chez ses amis.


Finalement, Harry se reprit, levant la tête, un air décidé affiché sur son visage.

   — Un mois ? Donc il va falloir que je trouve un endroit où loger. J’avais prévu un peu d’argent au cas où, heureusement. Je ne dois pas attirer l’attention sur la cabane hurlante…


Régulus soupira.

   — Tu comptes agir ?


Le jeune homme face à lui se mordilla la lèvre, avant de secouer la tête, résigné.

   — Non. Juste observer. Je ne peux pas… risquer de changer trop de choses. Je n’ai pas tous les détails de ce qui s’est produit à cette époque et même si je voulais éviter la mort de mes parents ou l’emprisonnement de Sirius…




Régulus se rendit soudain compte du courage de Harry Potter. Il se tenait face à lui, défait et incertain, prêt à laisser ses parents mourir, son parrain être emprisonné. Prêt à se condamner lui-même à une enfance de misère, tout ça pour permettre au monde magique d’avoir un répit dans la guerre qui grondait.


Avec le sort qu’il avait lancé, il devenait tout puissant sur les évènements. Il pouvait changer le cours du temps et dans le passé bien des sorciers avaient cédé au chant des sirènes. Mais lui semblait fait d’un autre bois… Il ne semblait pas se rendre compte du pouvoir immense qu’il détenait.



Harry lui offrit un sourire sans joie, souffrant de sa décision, mais prêt à faire ce qu’il pensait juste. Il murmura, un peu hésitant.

   — Peut-être pourrais-tu m’aider à y voir plus clair ? Je veux dire… Je sais que tu étais dans les favoris de Voldemort, et tu dois avoir connaissance de certaines choses ?




Régulus regarda autour d’eux, et pinça les lèvres.

   — Je veux bien répondre à toutes tes questions, mais pas ici. Autant s’installer confortablement pour le mois qui vient, non ?

Harry sembla surpris de ses paroles, mais il n’y avait aucune hésitation lorsqu’il hocha la tête. Un bref instant, Régulus se demanda combien de solitude avait enduré le garçon face à lui pour accepter la compagnie d’un inconnu. D’autant plus que Sirius avait dû dépeindre un portrait bien sombre de lui dans l’avenir…

Il repoussa ses pensées, ignorant le pincement familier au cœur lorsque ses pensées dérivèrent vers son frère, et tendit la main en direction de Harry.

   — Je peux nous faire transplaner dans l’endroit idéal. Savais-tu que la famille Black avait plusieurs propriétés ? La maison square Grimmaurd est l’endroit où nous vivons, mais… nous sommes une très ancienne famille, et nous avons un héritage conséquent.


Harry secoua la tête, perplexe.

   — Je l’ignorais. Je croyais que Sirius n’avait que le Square. Il semblait si malheureux d’y rester…


Régulus haussa les épaules, refusant de suggérer que son frère avait peut-être enfin appris de ses erreurs et qu’il se forçait à rester dans l’endroit qu’il haïssait le plus au monde pour se punir. Il continua, fixant Harry.

   — Nous possédons une île, au nord de l’Écosse.


Harry hoqueta.

   — Une île ?


Régulus ricana, moqueur.

   — Ne t’emballe pas à imaginer un truc paradisiaque avec du sable fin et du soleil. C’est juste un caillou battu par la mer, désert et désolé. Aux yeux des moldus, c’est abandonné depuis la fin des années trente. Il y a eu quelques habitants dans le passé, une poignée, puis ils ont quitté l’île pour rejoindre le continent en laissant leurs moutons. Nous y avons une maison, elle semble en ruines, mais ce n’est qu’une illusion pour repousser les curieux. Elle n’est pas très grande, mais suffisante pour y vivre confortablement. C’est totalement isolé, et personne d’autre ne peut venir sans que nous soyons alertés. Après tout, l’île doit faire cent quarante hectares au maximum.


Harry cligna des yeux.

   — Une île en Écosse ? C’est plutôt inattendu…


Régulus secoua la tête.

   — C’est surtout un endroit… peu importe. Ne t’attends pas à un séjour agréable, le soleil s’y montre rarement j’en ai peur. Eilean Nan Ròn n’est pas un lieu de vacances, plutôt une retraite.


Harry gloussa.

   — Eilean quoi ?

   — Le nom de l’île. Eilean Nan Ròn. Elle appartient aux Hébrides. Ça se traduit par « L’île des phoques » parce que ces bestioles viennent s’y reproduire.


Cette fois, Harry eut un rire franc.

   — Et bien, j’ai hâte de voir ça !


Confiant, il attrapa la main tendue de Régulus pour le laisser transplaner, lui faisant confiance. Ce dernier, au moment de disparaître de la cabane hurlante, pensa soudain qu’il pourrait l’emmener directement devant le seigneur des ténèbres sans que Harry se débatte.


Cependant, il avait vu la folie de celui qu’il avait rejoint, et il ne comptait certainement pas retourner s’agenouiller face à lui.



Harry trébucha à l’arrivée et Régulus passa le bras autour de sa taille pour le stabiliser. Il ne le lâcha pas et Harry ne s’écarta pas, restant juste près de lui, regardant avec curiosité autour de lui.


La maison était plus petite que le square Grimmaurd, cependant elle était loin d’être une ruine comme la cabane hurlante. Ils étaient arrivés dans une grande pièce qui devait servir de salon. Il y avait une cheminée et deux fauteuils installés devant l’âtre. Une table était installée un peu plus loin, devant la seule fenêtre de la pièce. Les rideaux fermés masquaient l’extérieur, mais le vent soufflait visiblement fort. Une porte ouvrait sur un long couloir sombre, et la seule autre ouverture était une porte d’entrée.


Harry hocha la tête d’un air appréciateur et il murmura.

   — Tu me fais visiter le reste ?


Régulus acquiesça et il attrapa la main du jeune homme pour le conduire dans le couloir.

   — D’après mes souvenirs, il y a deux chambres et une salle de bains de ce côté. La cuisine est sous le salon. C’est une maison sorcière et c’étaient les elfes qui cuisinaient. Mais il y a un accès juste ici…


Le jeune homme souleva une tapisserie poussiéreuse qui semblait représenter l’île sur laquelle ils étaient et dévoila une porte cachée. Harry hocha la tête une fois encore, avec un sourire ravi, et il le suivit pour découvrir les petites chambres qui, bien que spartiates, semblaient confortables.


Finalement, Harry sourit, soulagé.

   — C’est l’endroit parfait pour se cacher.

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