Dollhouse

Chapitre 70 : Confiance

14598 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2025 15:57

Les tonalités effrayées qui accompagnaient la question de Pansy restèrent suspendues dans les airs, pesant lourdement sur chacun d’entre eux d’un nouvel avenir qu’ils n’avaient jamais envisagé. La nuit était sombre, éteinte de toute lumière, du moindre espoir restant pour les plans que les quatre Serpentard avaient élaboré avec la Gryffondor. Entre eux, les mets restants et verres vides de leur soirée décoraient les guéridons disposés dans la salle de réception, assombrissant l’espace d’un silence nouveau après les agitations passées. Les masques étaient tombés, tout ce qu’il leur restait désormais n’était plus qu’une nouvelle énigme impossible à résoudre. Un observateur attentif aurait pu voir leurs derniers espoirs s’évanouir dans chacun de leurs regards aussi abattus que fatigués de la vie qu’ils menaient. 

-       Peut-être que si…, tenta doucement la voix non assurée de Blaise avant d’être abruptement coupé par un Theodore décisif. 

-       Tais-toi, trancha ce dernier avec une sécheresse menaçante. 

Chaque corps, chaque conscience, chaque attention de la pièce se tourna vers lui. Theodore fixait gravement Drago, ce dernier immobile, arborant un air profondément vulnérable. Le Prince Héritier regardait son frère comme si tout leur avenir dépendait désormais de lui et des mots qui étaient sur le point de caresser la pulpe de ses lèvres. Le silence retomba sourdement sur eux, lourd de sa pesanteur. Dans les yeux de Theodore, deux éclats d’éther, mille et unes idées fusaient. Sages et patients, ils attendirent tous, et durant un instant étiré, rien ne se produisit. Puis soudainement, Theodore Nott chargea en la direction de Drago en des pas élancés qui séparèrent l’espace entre eux de quelques secondes anecdotiques. Drago ne recula, ni ne broncha pas lorsque l’aura intimidante d’un Theodore résolu fonça sur lui, et il ne flancha pas non plus alors qu’il le saisit avec vivacité par le bras. Drago le suivi même avec une confiance aveugle quand Theodore le tira derrière-lui en direction des chambres, remettant son destin entre ses mains sans la moindre protestation.  

-       Qu’est-ce que tu fais ? questionna Parkinson, demeurant néanmoins en retrait comme si elle ne voulait pas se trouver en travers de sa route. 

Ce fût comme si Theodore n’avait pas même entendu sa question. En tout cas, il ne lui répondit pas. D’un pas vif et décidé, il mena Drago jusqu’à sa propre chambre. D’un élan de son bras musclé, il projeta le corps de son frère à l’intérieur où il lui retira finalement son contact. Drago était à sa merci, inerte et complètement docile à la bonne volonté de son frère. Avec un regard grave, Nott exigea en se positionnant en leader implacable : 

-       Donne-moi ton carnet. 

Drago demeura immobile un instant, comme considérant l’ordre de son ami, puis sans un mot il se dirigea vers sa table de chevet, saisit le carnet de correspondance qui y siégeait, et l’offrit, là-encore avec une confiance aveugle, à la seule personne qu’il savait qu’elle ferait tout pour l’aider. Theodore réceptionna l’objet avant d’exiger, sa dernière main libre tendue vers Drago :

-       Ta baguette.  

Les yeux tristes de Drago, et pourtant emplis de confiance, ne lâchèrent pas Theo lorsqu’il tira sa baguette de sa manche pour la livrer à son frère. Theodore s’en saisit. Finalement il déclara, un mélange complexe de force et de douceur dans le ton de sa voix, comme la plus raffinée des potions : 

-       Je suis désolé, mais pour ta sécurité tu ne peux pas entendre la conversation qui va suivre. Je vais t’enfermer maintenant, et la seule chose que je te demande, c’est de me faire confiance. 

L’air flotta entre eux, lourd de questions suspendues à propos de ce qu’il se passait présentement, et plus encore sur ce qu’il allait se produire ensuite. La mine faible bien que sans un mot, Drago acquiesça doucement, laissant sa vie entre les mains de cet homme en qui il avait pleine confiance, probablement plus encore que ce dont il était conscient. En retour, Theodore acquiesça, puis il se retourna pour faire exactement ce qu’il avait dit qu’il ferait, comme à son habitude. Lorsqu’il saisit la poignée de la porte de la chambre de Drago, la voix plaintive de ce dernier y résonna finalement avec timidité, comme s’il se risquait une question incertaine qui appelait à recevoir réassurance : 

-       Je te verrai demain ?

De l’autre côté de la porte, Theodore lui sourit tendrement. Et de ces cinq petits mots qui contenaient toute la magie du monde, il apporta exactement ce dont son frère avait besoin :

-       Et tous les jours d’après. 

La porte qui les séparait se referma sur cette promesse. Theodore la scella de magie, tenant là son frère prisonnier, coupé de tout bruit pouvant provenir de l’extérieur de cette chambre. Complètement isolé, et sans défense. Sans capacité de pouvoir savoir quoi que ce soit qu’il se passerait, sans pouvoir sortir, et sans pouvoir se défendre contre quoi que ce soit qui pourrait potentiellement l’attaquer. Et pourtant, au fond de lui, Drago Malefoy avait pleine confiance. 

Lorsque Theodore était redescendu dans la salle de réception muni du carnet ainsi que de la baguette de Drago, les deux autres amis le questionnèrent sur le plan qu’il semblait avoir commencé à mettre en place. 

-       Il a prêté serment de ne pas le trahir de quelque façon que ce soit, expliqua-t-il alors. S’il fait quoi que ce soit, ne serait-ce que témoigner de nos plans et envisager un instant de se défaire du serment, il sera tué sur-le-champ. Il va falloir qu’on s’occupe de régler ce problème nous-mêmes, et il faut qu’on s’en occupe cette nuit. 

Effectivement, le temps leur était compté. Le lendemain soir, une importante rixe était programmée pour leur groupe, et Drago étant désormais le Grand Intendant, il ne pouvait demeurer caché éternellement. Ses services pouvaient dorénavant être réclamés à n’importe quel instant du jour ou de la nuit. Leur fenêtre d’opportunité était pour le moins fort réduite, aussi fine que leurs espoirs de trouver une solution. 

-       Alors qu’est-ce qu’on fait ? demanda Blaise. 

-       On se rend dans la bibliothèque, et on cherche quoi que ce soit qu’on puisse trouver sur les Serments Inviolables, déclara celui qui se positionnait en leader déterminé dans ce groupe dépassé. 

Ce fut ce qu’ils firent. Inlassablement, ces trois jeunes adultes épuisés passèrent de longues heures à éplucher les ouvrages les plus sombres de la large bibliothèque Malefoy. De temps à autre, ils appelèrent Mint pour être servis du café chaud, et qui se cherchait réconfortant sans parvenir à l’être. Le maquillage de Pansy brillait d’une trop longue portée sur son visage, les cernes noires s’assombrissaient autour des yeux de Theodore et la lumière dans le regard de Blaise s’éteignait un peu plus à chaque trop longue minute qui passait sans qu’ils ne parviennent à trouver la moindre piste. 

Des heures étirées passèrent, rythmées de bâillements qu’ils ne parvenaient pas toujours à dissimuler, leurs nez plongés dans trop de livres inutiles. Parfois, Pansy donnait un coup de coude dans les côtes de Blaise à côté d’elle lorsque sa tête tombait inconsciente dans le livre qu’il tentait de déchiffrer devant lui. 

Lorsqu’enfin Pansy s’écria qu’elle avait trouvé un livre qui mentionnait les Serments Inviolables, tous leurs visages s’allumèrent de lueurs d’espoir renouvelées. Avec hâte, elle se mit à lire la page qui était allouée au sortilège, les deux autres garçons debout derrière elle pour récolter les miettes d’informations qu’ils trouvaient enfin là pour libérer leur ami. 

-       Ça explique seulement comment l’faire, redescendit Blaise de la montée de joie qu’il avait ressentie quelques secondes plus tôt. 

-       Non, regarde, là, tapota Pansy de son index la fin de la page.  

Quelques mots, rien que quelques mots sur les rumeurs quant à la possibilité éventuelle de se défaire d’un Serment Inviolable. L’espoir retomba, mort, pour chacun d’entre eux. 

-       Ils disent qu’il n’est même pas certain que le fait de tuer celui à qui on a prêté serment soit efficace pour en annuler les effets, résuma Parkinson dans un soupir désespéré. 

-       Et si on tue celui qui a lancé le sortilège du serment ? continua de tenir bon un Theodore prêt à envisager de tuer son propre père sans l’ombre d’un moindre doute. 

Pansy fit non de la tête. 

-       Il est écrit qu’une fois le sortilège lancé, sa magie continue d’opérer dans le sang du sorcier qui a juré, indépendamment de la vie de celui qui a lancé le sort, ou de celui qui en profite. La magie du sortilège en elle-même continue d’exister une fois qu’elle est scellée dans celui qui prête serment, explicita-t-elle encore gravement. Ils disent que l’on peut seulement le contourner, en fonction des termes du contrat. 

-       Ouais, sauf qu’il a juré de ne pas faire quoi que ce soit qui pourrait être de la trahison, rappela Blaise en se laissant à nouveau tomber avachi dans sa propre chaise. Ça laisse pas beaucoup d’place au contournement, ça a beau être les pires enfoirés du monde, ils sont malheureusement pas complètement demeurés. 

-       Ouais, confirma Pansy absentement, le nez toujours dans le livre. Il est écrit que le seul moyen connu de s’en défaire est la mort de celui qui a prêté serment, parce que…, eh bien il peut plus rien faire, puisqu’il est mort. 

Elle soupira à son tour, laissant son dos rencontrer le dossier de sa chaise et son visage basculer en arrière, là où Theodore se tenait toujours haut derrière elle. Lors d’un souffle suspendu, leurs regards se rencontrèrent, familiers et confortables l’un dans l’autre. Il s’étalait au-dessus d’elle, cet homme fort trop fatigué, et cette femme épuisée qui cambrait l’intégralité de son dos ainsi que de sa nuque dans un arc de cercle parfait pour pouvoir recevoir plus de lui. La fatigue avait emporté avec elle le peu de faux-semblants qu’il leur restait depuis que Theodore s’était montré à elle dans toute sa parfaite vulnérabilité, et dans un instant dérobé à cette nuit tourmentée, chacun prit ce dont il avait besoin dans les yeux enamourés de l’autre. Les anges auraient pu leur chuchoter de s’embrasser en cet instant, mais aucun n’en fit quoi que ce soit. A la place, Theodore s’en alla soudainement de la librairie qu’ils semblaient avoir épuisée au moins autant que leur propre énergie vitale. 

-       Eh, où tu vas l’fantôme ? le questionna Pansy en se retournant vers lui. 

Theodore avait déjà quitté la pièce. Blaise et son acolyte sur ses talons, ils suivirent Nott jusque dans la salle de réception où le carnet de Drago siégeait toujours à côté de sa baguette. Theodore l’ouvrit, et commença à écrire dedans quand sa moitié égarée lui demanda encore, une tension dans la voix : 

-       Qu’est-ce que tu fais ? 

Theodore ne releva pas même le nez vers eux, transmettant son message avec une concentration qui égalait sa rapidité lorsqu’il leur répondit néanmoins : 

-       Vous avez une meilleure idée ? 

Aucun d’eux n’osa répondre quoi que ce soit. Le silence régna, pesant, jusqu’à ce qu’il ait terminé d’envoyer son message, et qu’il referme le carnet pour se retourner vers ses deux amis. Finalement, il acquiesça vers eux. 

-       Moi non plus, ajouta-t-il alors avec une tension grandissante. 

Face au sérieux léthal de la situation, même Pansy Parkinson ne râla pas. A chaque heure qui passait, leurs déjà trop fins espoirs s’amaigrissaient encore, comme s’ils se vidaient petit à petit de toute vie dans un sablier angoissant. Ils n’avaient rien, absolument rien qui pouvait leur permettre de trouver ne serait-ce qu’une brèche, la moindre faille dans laquelle se glisser. Et à mesure que la fatigue et le désespoir grandissait, la tension, elle-aussi, se nourrissait. Elle se remplissait de chaque grain de sable de leur désespoir pour grossir encore et encore à chaque dangereuse seconde qui s’écoulait injustement. Ce fut Blaise qui leur proposa de prendre un verre dans le salon où ils pourraient attendre la venue d’Hermione Granger, et face à leur impuissance, ils acceptèrent. Theodore, néanmoins, refusa la moindre goutte d’alcool, et pour une fois, les deux autres ne firent que prendre de très légères gorgées de leurs breuvages. 

Ils n’eurent pas à attendre longtemps. En fait, ils n’eurent pas à attendre longtemps du tout, mais aucun d’entre eux ne savait que cela était dû au fait qu’Hermione avait ensorcelé son propre carnet pour qu’il vibre silencieusement lorsqu’elle recevrait un message de son destinataire préféré. Et ils ne savaient pas non plus qu’autant qu’elle le pouvait, elle le gardait toujours avec elle, juste au cas où. Ils eurent à peine le temps de prendre deux gorgées de leurs verres que la porte d’entrée du manoir s’ouvrit à la volée, faisant trembler les tableaux qui ornaient les murs du salon dans lequel ils étaient tous les trois écroulés en les soldats épuisés qu’ils étaient. 

L’air paniquée, vêtue d’un manteau qui ne cachait pas grand-chose de l’épais pyjama qu’elle portait et ses cheveux désordonnés dans un chignon qui avait déjà traversé quelques heures de la nuit, Granger pénétra le salon en catastrophe. Rapidement, ses yeux analysèrent les personnes qui se tenaient devant elle, et elle ne put faire autrement que de constater celui qui manquait à l’appel. 

-       Il va bien, la rassura directement Theodore. 

Après tout, son message n’avait été que « C’est Drago. Urgence. Manoir, immédiatement. – Theodore ». Il s’en serait excusé s’il n’avait pas fait cela intentionnellement. Une urgence, c’en était une. Il n’avait pas de temps à perdre en sentiments, ni en excuses qu’il ne pensait pas vraiment. Il faisait ce qu’il avait à faire, c’était tout. Les sentiments des autres, surtout en ce qui concernait la vie de son frère, était le dernier de ses problèmes. 

Ils lui expliquèrent alors la situation. Theodore commença par expliquer que Drago était bien présent et en bonne santé, seulement enfermé dans sa chambre pour s’assurer qu’il ne puisse ni commettre, ni témoigner de la moindre trahison qu’ils étaient indéniablement en train de désespérément essayer de commettre. Tous les trois, ils lui expliquèrent ensuite les derniers événements qui leur étaient tombés dessus, leur tentative vaine de trouver une solution dans les livres de la bibliothèque et leurs faibles, peu engageantes trouvailles, puis exprimèrent leur indéniable besoin d’aide. Il fallut un instant pour que la Gryffondor digère la nouvelle, quand bien même elle savait que cela allait se produire, que celui qu’elle aimait était officiellement devenu le Grand Intendant de l’armée contre laquelle elle se battait, puis ses yeux reflétèrent les réflexions de son cerveau brillant. 

-       Oui, confirma Hermione qui faisait les cents pas, son pyjama rayé balayant le salon tandis que les trois autres demeuraient avachis dans les canapés. La seule issue à un Serment Inviolable est la mort. 

-       On le sait ça, on vient de te l’dire, pesta une Pansy épuisée. Si tu pouvais essayer de suivre un peu, ça s’rait généreux d’ta part. 

-       Eh bien c’est la solution, déclara la lionne comme si c’était une évidence parfaite. Drago doit mourir, livra-t-elle avec tout le naturel du monde. 

Un ange passa, ou peut-être un démon, compte tenu de l’ambiance mortifère de la conversation qu’ils avaient. Les trois autres demeurèrent silencieux un instant, fixant tous Granger, abasourdis, leurs cerveaux tentant désespérément de comprendre là où elle tentait d’en venir si nonchalamment. Ils étaient si fatigués, peut-être hallucinaient-ils ? 

-       Quoi ? lâcha finalement Pansy. 

-       Pour se libérer du serment, il faut que Drago meure, répéta-t-elle, aucune émotion audible dans sa voix ni lisible sur les traits encore endormis de son visage. 

-       Ok c’était super instructif, merci de ta précieuse contribution princesse, mais j’crois qu’on va se débrouiller sans toi maintenant, trancha Pansy avec un sarcasme excédé qui dégoulinait de ses lèvres encore à moitié maquillées. 

-       Vous ne comprenez pas, défendit-elle alors son idée, il nous suffit de le tuer puis de le ramener à la vie. 

Pansy pouffa. 

-       Ben oui, pourquoi on n’y avait pas pensé avant ? ironisa-t-elle, l’énervement grandissant en elle. 

Les sourcils froncés de la réflexion intense qui tentait de l’amener là où Granger voulait aller, Theodore leva une main vers Pansy pour lui indiquer de cesser. Concentré sur Granger, il l’invita à expliciter : 

-       Explique-toi.

-       Bien sûr, il ne s’agit pas de lui lancer un Avada ou de faire quoi que ce soit d’irréversible, expliqua-t-elle alors, mais la médecine moldue est remplie de cas de personnes qui font des arrêts cardiaques, qui sont biologiquement en état de mort dans le sens où leur cœur cesse de battre, et qui sont ramenés à la vie lorsqu’ils sont pris en charge à temps. Mais il y a ce petit laps de temps durant lequel le cœur cesse de battre, continua-t-elle alors que ses mains parlaient avec elle, et où, en soit, ils sont morts, sauf que l’on sait aujourd’hui faire redémarrer les cœurs. 

-       Et nous on est des médecins moldus qui savent faire ça, ironisa Blaise en pouffant à son tour. 

-       Moi, je saurai faire ça, avança alors la Gryffondor avec une confiance débordante qui était vue d’un mauvais œil par tous les observateurs présents. 

-       On parle de la vie de Drago là, rappela gravement un Theodore lui-même sceptique. 

Il n’existait que très peu de choses qui lui étaient plus chères que cette vie-là, s’il en existait. 

-       Je sais, confirma Hermione avec la même gravité, et pourtant toujours aussi sereine. 

-       T’es sûre ? la confronta Pansy. Parce que t’as pas l’air ne serait-ce qu’un peu inquiète, tu pourrais au moins essayer d’faire semblant. 

-       Écoutez, se défendit encore la lionne, mon père est dentiste, c’est un médecin, et la médecine moldue m’a toujours fascinée. Ils sont capables de magie, sans magie ! s’extasia-t-elle désormais presque. C’est quelque chose que j’ai beaucoup étudié dans les livres… 

-       … C’est pas un putain d’livre là Granger, c’est la réalité ! s’énerva alors la Serpentard en se redressant sur son assise. C’est la vie du type que t’arrêtes pas de proclamer qu’tu aimes dont on parle !

-       Justement, acquiesça Hermione sans se laisser démonter. Ça devrait vous en dire long, que je ne sois pas inquiète. 

Elle chercha ensuite du soutien dans les yeux de Theodore. 

-       Tu sais que je ne ferais jamais rien pour le mettre en danger si je n’étais pas sûre de moi, plaida-t-elle vers lui. 

Theodore demeura silencieux, la sondant gravement. L’air semblait flotter entre eux, l’instant étiré durant une éternité pendant laquelle les deux protagonistes s’analysaient silencieusement. Chacun était à la recherche d’une confiance qui leur permettrait de pouvoir retrouver un peu d’espoir. 

-       Imaginons qu’on soit d’accord pour essayer ton plan, décris-moi en détail chaque étape, exigea finalement Theodore. 

-       T’es pas sérieux là ?! s’emporta encore une Pansy en réalité plus inquiète qu’en colère. 

Le visage mortellement sérieux et concentré de Nott se tourna vers la Serpentard. 

-       Pansy, sévit-il sèchement vers elle. On a approximativement jusqu’au petit matin pour libérer Drago d’un Serment Inviolable, et on n’a aucune autre piste que celle que Granger amène. Drago a confiance en elle, et j’ai confiance en Drago, établit-il sans détour. Alors on va écouter ce qu’elle a à dire, parce que je pense que tout le monde ici, s’il fait preuve d’un peu de bonne foi, appuya-t-il vers sa moitié, sera d’accord pour dire qu’elle nous a sorti de la merde plus d’une fois. 

Pansy fit claquer les paumes de ses mains sur ses cuisses en signe d’exaspération avant de se laisser retomber au fond du dossier du canapé, mais elle demeura muette. Les yeux intimidants de Theodore retrouvèrent Granger. 

-       On t’écoute, se prononça-t-il pour l’assemblée. 

Hermione humidifia le bout de ses lèvres, prit une profonde inspiration pour préparer son récit tandis qu’elle demeurait la seule personne debout dans la pièce, puis elle commença à livrer : 

-       Il existe un anesthésiant moldu, comme une sorte de potion sauf que c’est une injection dénuée de magie mais simplement médicinale, qui, ingérée en trop grande quantité, peut provoquer un arrêt cardiaque. Le propofol, explicita-t-elle alors. Mon père en a à son travail, puisqu’il est médecin. Il devrait suffire d’en faire ingérer deux doses au lieu d’une à Drago pour parvenir à… 

-       Devrait suffire ? ponctua un Theodore méticuleusement attentif. 

-       On cherche juste l’overdose, ce qu’on veut c’est que son cœur s’arrête, précisa-t-elle. Si deux ne suffisent pas, nous lui en feront ingérer une troisième. Ce n’est pas la partie délicate, dénia-t-elle avec un haussement de tête. Ce qu’il nous faudra surveiller particulièrement attentivement, c’est le moment précis où son cœur cessera de battre, reprit-elle avec ses mains comme partenaires de discours. Quoi qu’il advienne, son arrêt cardiaque, et donc sa mort physique ne doit pas, sous aucun prétexte, dépasser les deux minutes. Au-delà, son cerveau risque des lésions irréversibles. Donc dès que nous constatons que son cœur a cessé de battre, pendant une minute au moins afin d’être sûr qu’il peut être magiquement considéré comme mort, nous pourrons combiner trois choses pour nous assurer que son cœur reparte : quelqu’un devra lui faire un massage cardiaque physique, appuya-t-elle sur son index, c’est une technique moldue pour faire repartir le cœur, pendant que je combinerai un Rennervate, appuya-t-elle ensuite sur son majeur, qui ranime l’inconscient, et un Vulnera Sanentur pour réparer les éventuelles blessures internes qu’il pourrait avoir, et finalement quelqu’un d’autre lui ferait ingérer un Bézoard, posa-t-elle sur son annulaire, pour neutraliser les effets du médicament immédiatement. 

-       Quels sont les risques ? demanda encore Nott. 

-       Puisque nous surveillerons de façon assidue, il n’y en a pas, avança-t-elle avec confiance. 

-       Alors pourquoi t’aurais besoin de faire un Vulnera Sanentur ? continua un Blaise tout aussi attentif, et particulièrement studieux.

Beaucoup avaient tendance à oublier que Blaise Zabini était un élève profondément assidu, et en vérité, particulièrement doué. Lui-même l’oubliait parfois. 

-       Par pure prévention, répondit-elle directement. Si nous venions à dépasser les deux ou trois minutes d’arrêt cardiaque, on risque des pertes de mémoire pour Drago, de la confusion, des troubles du langage, du comportement ou de la motricité, et dans un cas extrême, une mort cérébrale. 

-       C’est-à-dire ? continua Theodore. 

-       C’est-à-dire que son corps serait encore théoriquement en vie, son cœur continuerait de battre, mais son cerveau serait mort. Il serait en état végétatif. 

-       C’est-à-dire mort, explicita gravement Pansy. 

-       Pas exactement, mais oui, il ne serait plus là, admit finalement Granger. 

-       Comment est-ce qu’on saura si ça a fonctionné, pour annuler le Serment Inviolable ? s’enquit encore un Blaise tout aussi concentré, son cerveau envisageant profondément le plan de Granger. 

-       Avec un sort de détection de magie, je pourrais voir s’il est toujours actif en lui, ou si je n’en décèle plus la moindre trace dans son sang. 

-       Quel est le pourcentage de réussite de ce plan que tu proposes ? questionna un Nott profondément concentré. 

-       Avec le plan que je propose, 99,9%, avança la stratège. Combiner la réanimation moldue et les soins magiques avec une surveillance accrue couvrent toutes les éventuelles complications ou séquelles qu’il pourrait potentiellement y avoir. En théorie, si nous effectuons un massage cardiaque moldu une minute après l’effet du médicament, cela devrait être suffisant pour continuer d’oxygéner ses organes, et donc le maintenir en vie. Tout le reste est à vocation d’être certains de la bonne réussite du plan. 

-       C’est quoi, ce 0,1% restant ? ne lâcha pas Theodore, déterminé à connaître le moindre tenant et aboutissant du plan dangereux qu’elle proposait-là. 

-       Le pourcentage que je tolère d’accorder à la très peu probable éventualité que je me trompe sur la moindre information que je viens de vous donner, positionna-t-elle encore avec une fermeté rassurante. 

Lors d’un instant, ils analysèrent tous avec sérieux les mots de la Gryffondor. 

-       Est-ce que tu as le moindre doute de toi sur ce coup-là Granger, en sachant qu’on parle de tuer Drago ? continua Nott avec une gravité basse, ses yeux ne cessant de la sonder avec une profondeur intimidante. 

Elle considéra sa question en lui rendant l’intensité de son sérieux. Elle le lui devait bien. 

-       Non, pas le moindre, conclu-t-elle finalement. 

-       Ah non ? ponctua Pansy, du piment dans la tonalité de sa voix. Dis-moi, tu as déjà utilisé ton propotruc ? 

-       Non mais…

-       … Et tu as déjà combiné un Rennervate avec un Vulnera Sanentur ? enchaîna-t-elle sans lui laisser le moindre répit.  

-       Non, je ne l’ai jamais fait, admit finalement Hermione. 

-       Ah, mais tu n’as pas le moindre doute, cracha Pansy dont l’énervement grandissait sourdement en elle. C’est sûr, qu’est-ce qu’on risque ?! s’exclama-t-elle en ouvrant grand les bras. Après tout, on ne joue que la vie du grand méchant Drago ! 

La voix de la sorcière fin stratège se fit plus basse lorsqu’elle déclara doucement : 

-       Je ne jouerai jamais sa vie. 

-       Ah bon ? Alors qu’est-ce que tu es en train de faire ? défia encore Parkinson sans la laisser se défiler à son regard perçant. 

-       Je m’assure de le libérer de la prison dans laquelle il est actuellement, dans les conditions les plus optimales possibles. 

-       Putain Granger, tu parles de le tuer ! s’inquiéta Pansy. 

-       Elle a raison, ponctua gravement Theodore. 

-       Je sais, acquiesça Hermione avec considération. Et je vous dis que je suis sûre de moi. 

-       Alors que tu ne peux pas l’être parce que tu n’as jamais réalisé la moindre étape de ton putain de plan ! nota encore une Pansy insatisfaite. 

Hermione soupira, son visage désormais bas à la recherche des mots qui lui permettraient de rassurer les amis de l’homme qu’elle aimait, et qui, de façon légitime, s’inquiétaient pour sa vie. Au fond, elle pouvait tout à fait le comprendre. 

-       Écoutez, reprit-elle plus bas, si on ne tue pas Drago dans des conditions optimales pour le ramener à la vie, il ne reste plus qu’à le tuer tout simplement. Et ça, ce n’est pas une option pour moi, et je suis sûre que ça n’en est pas une pour vous non plus. 

Elle marqua là une pause pour laisser la véracité de ses mots résonner en eux avant de reprendre :

-       Vous me demandez mon aide, et c’est la seule que je puisse vous apporter, parce que c’est la seule solution qui puisse fonctionner pour le tuer, et le ramener à la vie. Vous avez dit que nous n’avions que cette nuit pour nous en occuper, alors soit on continue à se disputer, soit on agit maintenant, et on le libère.

Il y eu encore besoin d’un peu de temps, quelques autres questions, et un certain nombre d’autres piques acerbes qui cherchaient réassurance avant qu’ils ne se rendent tous à la même évidence : ils n’avaient pas de meilleure option en vue, et celle-ci semblait pouvoir fonctionner. Alors finalement ils acceptèrent le plan de Granger qu’ils répétèrent ensuite, certains plus à contre-cœur que d’autres.

Mint fut envoyée chercher une quantité suffisante de Propofol dans le cabinet de dentiste du père de la Gryffondor. Hermione apprit à Theodore à effectuer un massage cardiaque. Blaise se chargea d’aller chercher un Bézoard dans la pharmacie du manoir. Et lorsqu’ils furent tous aussi prêts qu’ils pouvaient l’être, Theodore alla chercher Drago pour ne faire rien de moins que l’assassiner. 

Le nouvellement fait Grand Intendant ne demanda rien lorsque Theodore lui banda les yeux avant de le faire entrer dans le salon. La simple présence de Granger dans le manoir pouvait constituer en soi une trahison envers le Seigneur des Ténèbres, et ils n’étaient pas prêts à prendre le moindre risque. Les autres aussi se tenaient parfaitement silencieux alors que Nott aidait son frère à s’allonger silencieusement sur le sol du salon, un coussin de canapé disposé sous son crâne. L’air ambiant était glacial, parsemé d’une tension électrique qui tendait chacun de leurs corps aussi épuisés qu’anxieux. 

S’ils avaient un jour questionné la confiance aveugle que Drago Malefoy plaçait en eux, ils trouvaient là une réponse silencieuse qui pesait bien plus lourd que n’importe quel mot d’affirmation. Il n’y avait que le bruit de ses vêtements qui rencontraient le sol, ses yeux bandés et ses lèvres fermées à la moindre question anxieuse. C’était sa vie qui se jouait. Il ne leur demandait rien. Pas la moindre question. Pas le moindre mot. Sa famille l’entourait, à genoux autour de lui. Hermione et Theodore l’un en face de l’autre, chacun d’un de ses côtés. Blaise se trouvait au-dessus de son visage, le Bézoard à côté de lui. Anxieusement, Pansy rongeait ses ongles à côté de Theodore. Même Mint, l’elfe de maison, restait dans l’encadrement de la porte. Les sons légers de leurs mouvements étaient la seule musique qui berçait la pièce d’une ambiance anxiogène. Ils s’échangeaient des regards graves, le corps à leur merci de Drago allongé devant eux, le soulèvement anxieux de son poitrail donnant le rythme au moindre de leurs mouvements. 

Une inspiration, celle d’Hermione. Un acquiescement en direction de Theodore. Les doigts fins de la sorcière qui saisirent la seringue de Propofol sur le sol, et le bruit de la fiole qu’elle saisissait de son autre main. Le craquement d’un ongle mangé par Pansy. Les mains de Theodore qui se positionnèrent au-dessus du poitrail qui se soulevait encore de Drago. Le frottement anxieux des paumes de Blaise sur son pantalon. Le liquide de l’anesthésiant qui se répandait dans la seringue. Une expiration tremblante, celle de Pansy. Une autre, plus longue, d’Hermione. Le bruit de la fiole qui retrouvait le parquet. La manche de Drago qu’elle lui relevait sur son avant-bras droit. Les frissons sur le bras de ce dernier au contact de sa peau familière. La seringue qu’elle enfonçait doucement en lui. Le produit qui se répandait dans ses veines. Une nouvelle expiration saccadée de Pansy. La seringue retirée qui rencontrait le sol à nouveau. Le tissu du pyjama de Granger alors qu’elle se pliait en avant, son visage posé contre le torse de Drago à l’écoute du moindre battement de son cœur. Lentement, la main gauche de Drago qui se leva jusqu’au visage d’Hermione. Une profonde inspiration de sa part tandis qu’il laissait la paume de sa main sur la joue de cette dernière. Puis le silence. 

Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Quatre, cinq, six. Dix-neuf. La main de Drago qui glissa du visage d’Hermione pour retomber sur le parquet dans un bruit sourd. Le silence. Une grimace que personne ne vit sur le visage de Theodore qui sentait son lien à son frère se déchirer douloureusement en lui. Ses mains qu’il maintenait suspendues au-dessus d’eux malgré la douleur infâme qu’il ne communiquait pas à l’intérieur de lui. Les yeux d’Hermione rivés dans ceux de Pansy depuis le torse de Drago qui ne soulevait plus. Un mouvement d’acquiescement en sa direction. 

-       Un, chuchota alors Pansy. Deux. Trois. Quatre. 

Le corps d’Hermione qui se releva. 

-       Dix. Onze. Douze. 

Sa baguette qu’elle saisit sur le sol. 

-       Vingt. Vingt-et-un. Vingt-deux. 

Theodore qui inspira profondément. 

-       Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. 

Ses mains qu’il posa sur le poitrail inerte de son frère. 

-       Quarante-six. Quarante-sept. Quarante-huit. 

Ses yeux qui se fermèrent pour se concentrer sur la sensation de son cœur qu’il ne sentait pas battre plus que sur sa propre abominable douleur physique. 

-       Cinquante. Cinquante-et-un. Cinquante-deux. 

La voix basse et parfaitement rhythmique de Pansy. Blaise qui saisit le Bézoard depuis le sol. 

-       Cinquante-neuf. Soixante, acheva Pansy plus haut. 

Les mains jointes de Theodore qui appuyèrent une première fois sur le torse de son frère. Le bruit sourd du corps de Drago qui s’écrasait sur le parquet et en sursautait légèrement. Le murmure de la voix d’Hermione. 

-       Rennervate

La lumière jaune orangée qui s’échappait de la baguette de Granger qu’elle parsemait sur le torse de Drago. Le bruit sourd du corps de Drago qui s’écrasait sur le parquet à intervalle régulier. Le chuchotement de la voix d’Hermione. 

-       Vulnera Sanentur

Une nouvelle lumière, argentée, qui se mélangeait à celle, orangée, qui continuait de s’échapper de la baguette de Granger. Le craquement intimidant d’une côte. Le tambourinement violent du corps vide de Drago sur le parquet. Une larme qui perlait sur la joue de Pansy. 

-       Rennervate.

Un nouveau craquement d’os. Le crâne de Drago qui rebondissait sur le coussin. Son dos qui s’écrasait contre le parquet. Une expiration courte et saccadée de Pansy. Blaise qui tenait le Bézoard au-dessus de la bouche de Drago en l’attente d’un souffle de vie. 

-       Trente secondes, avertis la voix tremblante de Pansy. 

La lumière tantôt plus orangée, tantôt plus argentée de Granger. Sa baguette qui caressait le torse de Drago là où les mains de Theodore n’étaient pas. Le bruit sourd du corps mort de Drago qui sursautait sur le sol. La voix calme et basse d’Hermione. 

-       Vulnera Sanentur. 

Sa magie qui s’insérait dans le corps de Drago. Le tambourinement violent du corps de Drago sur le parquet. Les muscles tendus des bras de Theodore. Une déglutition de Blaise. La voix d’Hermione. 

-       Rennervate.

Le craquement intimidant d’une nouvelle côte. Un ongle cassé de Pansy. Le rythme plus soutenu, plus pressé du tambourinement violent du corps de Drago sur le sol. Un grondement guttural venant des entrailles déchirées de Theodore. 

-       Une minute, trembla la voix de Pansy. 

-       Vulnera Sanentur. 

Le bruit horrifiant d’une nouvelle côte brisée. La langue anxieuse de Blaise qu’il passait sur ses lèvres. Le corps de Drago violenté sur le sol. La magie de Granger qui se répandait en lui. Le torse de Drago qui se surélevait et retombait, toujours aussi inerte, sur le parquet. 

-       Vous avez entendu ? pressa Pansy. Ça fait deux minutes, s’angoissa-t-elle. 

La voix d’Hermione, basse et concentrée. 

-       Rennervate.

Sa baguette qui commença discrètement à trembler sur le torse en mouvement de Drago. Le bruit sourd du corps mort de Drago qui s’écrasait violemment sur le sol. La voix d’Hermione. 

-       Vulnera Sanentur. 

Une côte brisée. Le tambourinement du corps de Drago violenté sur le sol. La voix d’Hermione.

-       Rennervate.

Le bruit fracassant du corps de Drago sur le sol. La voix d’Hermione, tremblante. 

-       Vulnera Sanentur. 

-       Pourquoi il ne revient pas ? 

La panique de Pansy. Le tambourinement violent du dos de Drago sur le parquet. La voix d’Hermione, plus forte. 

-       Rennervate.

Une côte brisée. Un large sourire qui se dessinait sur les lèvres pleines de Theodore. 

-       Je le sens, murmura-t-il dans une expiration saccadée. 

-       Vulnera Sanentur. 

La voix plus calme d’Hermione. Le bruit sourd du corps de Drago écrasé sur le sol.

-       Je le sens, répéta Theo tandis que le sourire sur ses lèvres s’élargissait grandement, la lueur dans ses yeux reprenant vie au même rythme que son frère. 

Hermione maintenait ses efforts, et Pansy et Blaise se penchèrent sur le corps de Drago avec une attention anticipatoire pleine de tous les espoirs qu’ils se permettaient enfin de s’accorder. Une dernière fois, le corps de Drago s’écrasa violemment sur le sol, et enfin, une profonde inspiration entre ses lèvres. Theodore se recula, essoufflé. Pansy laissa un gémissement de joie s’échapper de ses lèvres. Blaise remplit son rôle, et mit le bézoard dans la bouche entre-ouverte de Drago, ses yeux toujours bandés, et le lui fit avaler. Hermione cessa sa magie. 

-       Inspecte-le, ordonna gravement Theodore. 

La Gryffondor fit passer sa baguette, les yeux fermés, au-dessus du corps de Drago qui avait toujours les yeux bandés. Il avala difficilement le bézoard, et Blaise continua de surveiller son état. Le silence n’était entre-coupé que des respirations profondes que prenait Drago, vivant. Tous attendaient le verdict d’Hermione. Finalement, elle rouvrit les yeux. Un sourire se propagea sur ses lèvres fines.

-       C’est bon, annonça-t-elle alors. C’est fini, il est libre. 

-       Oh mon dieu, murmura Pansy en plaquant une main sur sa bouche alors qu’une nouvelle larme s’écoulait sur son visage souriant. 

Theodore retira d’une main finalement tremblante le bandeau des yeux de Drago avant de s’écrouler sur son torse, son oreille gauche collée contre son cœur qu’il pouvait entendre battre. Drago toussa avant de porter une main aux cheveux de son frère, un faible sourire sur ses propres lèvres. Il tourna le visage vers Hermione, et lui fit cadeau de son sourire. 

-       Merci, le crac, chuchota la voix tremblante d’un Theodore qui demeurait couché sur son frère. Merci.  

Hermione se laissa retomber sur ses fesses dans un soupir soulagé. Blaise et Pansy l’imitèrent, l’intensité de leurs soulagements réverbérés dans les grands sourires et les profondes inspirations qu’ils s’autorisèrent tous enfin. Drago étendit sa main libre vers Hermione, et entremêla ses doigts avec les siens. 

-       Bande de génies, murmura-t-il faiblement. 

Une larme unique perla sur sa tempe. « Merci », chuchota-t-il tout bas. Oui, Drago Malefoy leur confiait sa vie, sans l’ombre d’un doute. Sans la moindre question. Sans besoin de la moindre explication. Ils restèrent tous là un instant, savourant la victoire dont ils avaient bien besoin. 


Mes amis avaient pris le temps de m’expliquer, leurs visages épuisés et leurs corps soulagés, le plan que Granger avait bien sûr trouvé, et qui leur avait permis de me libérer. Tout du long mon cœur avait battu si fort dans mon poitrail, empli d’une gratitude et d’un amour sans pareil qu’il m’en faisait presque mal. Pansy m’avait questionné sur l’après-vie, comme celle qu’elle avait vécue elle-même, mais pour moi il n’y avait rien eu. Je ne savais pas si c’était parce que je ne le méritais pas, si contrairement à elle il n’y aurait pas de paix ou de lumière au bout du tunnel pour moi, ou bien si c’était parce que cela n’avait pas duré assez longtemps, mais il n’y avait rien eu d’autre que… le néant. Absolument rien du tout. J’avais senti la peau de Granger contre la mienne, son odeur dans mon nez, une sensation désagréable dans le bras, et quelques secondes plus tard, simplement plus rien. Je me demandais si c’était cela qu’il se passait, pour tous ces gens que j’avais assassinés. Si ce n’était rien d’autre que ça, et cela ne me semblait pas si terrifiant que ça. Juste, rien. 

Je savais par contre la douleur que mon frère, lui, avait ressenti, parce que je l’avais expérimentée moi-même quand il avait attenté à sa vie. Et cela me faisait mal. Je savais l’infâme déchirement physique, la pire douleur que je n’avais jamais ressentie, de sentir son âme se déchirer à l’intérieur de soi. De sentir l’autre partir. Et je l’avais senti lorsqu’il s’était écroulé sur moi, dans le besoin qu’il avait eu dans son contact avec moi, dans son écoute des battements de mon cœur, qu’il réparait son âme, notre âme, en cet instant. 

Oui, profondément reconnaissant, il n’y avait pas d’autre mot pour l’exprimer. Ils avaient passés la nuit à chercher à me libérer. Ils s’en étaient remis à la brillante femme que j’aimais, et ils lui avaient fait confiance. Ils ne me l’avaient pas racontée, la façon dont ils s’étaient mis d’accord, mais je les connaissais tous assez pour savoir que c’était mon frère qui avait rendu cela possible. Ensemble. La femme que j’aimais, et ma famille, ensemble pour moi. Oui, cela avait fait battre mon cœur plus que quoi que ce soit d’autre ne pouvait s’en vanter, même le massage violent de mon frère. Heureusement pour moi, les sortilèges de Granger avaient réparé ce que lui avait brisé en me sauvant la vie. Mon corps m’était encore un peu douloureux, et lorsque j’irai enfin me coucher je ne doutais pas que mon torse serait rempli d’hématomes propensionnels à la force de Theo. Je les verrais comme les traces de son amour pour moi, quelque part même attristé de savoir que ces traces me quitteraient un jour. J’aimais l’idée que lors d’un instant, c’était lui qui avait fait battre mon cœur, littéralement. 

Je m’émerveillais de la confiance qu’ils avaient tous accepté de placer en la femme que j’aimais. Mon cœur qui avait trouvé la mort ce soir revivait de ce constat. Ils avaient remis ma vie entre ses mains. À cette réalisation, des larmes m’étaient montées aux yeux. Indépendamment du contexte, je savais que j’avais fait le bon choix. Eux, et elle. Je n’aurais jamais pu rêver mieux. Et je les avais regardés, alors qu’ils m’avaient livré leur récit. 

L’épuisement total sur chacun de leurs visages, et le soulagement heureux qui illuminait malgré tout chacun de leurs regards. Les yeux rouges de Pansy des quelques larmes qu’elle avait pleurées pour moi, parce qu’elle m’aimait. Parce que je comptais pour elle, probablement plus que je ne le savais. Le sourire chaleureux de Blaise de me savoir vivant et libre, parce qu’il m’aimait. Parce que je comptais pour lui, peut-être plus que je ne le savais. La tendresse démesurée dans le regard épuisé de Granger, parce qu’elle m’aimait. Parce que je comptais tellement pour elle qu’elle était prête à beaucoup plus de choses que ce que je ne savais réellement. Et les cheveux décoiffés de mes mains de mon frère. Il avait accepté de laisser Granger me tuer. Il l’avait laissée me tuer, et lui avait fait confiance avec ma vie. Il ne pouvait exister plus grande preuve de confiance. Et je savais, quand bien même ils ne me le disaient pas, que sans lui les deux autres n’auraient jamais laissé ma sorcière faire. 

Oui, mon cœur était rempli. Alors, lorsque les trois membres de ma famille étaient finalement partis se coucher tandis que le jour se levait, j’avais raccompagné Granger jusqu’au portail d’un pas lent, étirant chaque enjambée comme pour la faire rester un peu plus longtemps. Je n’étais pas censé le faire, je le savais. J’étais trop fatigué. Ce soir, elle nous avait sauvé la vie, encore. Je ne trouvais pas en moi la force de ne pas me languir de sa présence, ni la dureté nécessaire pour ne pas l’apprécier. Je la regardai, dans son pyjama rayé. Ses longues boucles attachées dans un chignon qui avait bien trop vécu. Une vision divine. Je me demandais, encore, ce que j’avais bien pu faire pour la mériter. Elle, et eux. Cela me semblait complètement insensé, mais ce matin-ci je ne me battrai pas contre son amour. Il m’avait sauvé la vie. Elle m’avait sauvé la vie. 

Dans un silence qui ne nécessitait pas de mots, nous nous arrêtions tous deux devant le portail. Je ne pouvais quantifier à quel point j’éprouvais le désir de lui demander de rester, mais elle devait retourner auprès des siens, et moi des miens. Elle humidifia ses lèvres du bout de sa langue que je voulais lui voler.

-       Alors ça y est, murmura-t-elle tout bas. 

Et je savais de quoi elle parlait. Oui, j’étais le Grand Intendant du Seigneur des Ténèbres. Le commandant officiel de l’armée contre laquelle elle se battait. J’acquiesçai discrètement. 

-       Ça y est, confirmai-je doucement. 

Avec une profonde inspiration, elle acquiesça à son tour. 

-       Tant que je suis là, est-ce que tu as des informations à me donner ? questionna-t-elle alors soudainement. 

Le retour à la réalité était douloureux. Aujourd’hui, j’allais dormir. Ce soir, mon équipe et moi avions une importante rixe prévue dans une grosse ville anglaise. Pas un petit village. Et si je le lui disais, si je lui livrai cette information, elle risquait de s’y rendre. Je me perdais un instant dans ses yeux, mon cœur désormais tourmenté. Nous faisions alliance. Je lui avais promis des informations. Enfin, j’avais promis ces informations avant de savoir qu’elle ferait activement parti du clan adverse. J’étais censé lui donner cette information, du moins je le supposai. Mais mon équipe était parmi les plus puissantes de celles dont nous disposions, et elle n’était plus à Poudlard. Elle y enverrait au mieux des membres de l’Ordre - qui se feraient assassiner et elle le regretterait - et au pire, elle viendrait elle-même. Non, je ne pouvais pas prendre le risque de lui livrer cette information. Il y en aurait d’autres. Il y en aurait bien d’autres. Oui, je lui parlerai des autres. Une étrange boule au ventre se matérialisant en moi alors que je lui mentais effrontément, je fis non de la tête. 

-       Non, pas encore. Nous avons été occupés avec la cérémonie, mais je vais tenir une réunion importante avec les têtes de mes différents groupes d’action prochainement, lui cédai-je néanmoins avec véracité. 

Nous passions à la vitesse supérieure, et pour cela j’allais m’entretenir avec les têtes que nous avions au Ministère, à l’armée, et dans les médias. Oui, tout allait aller très vite désormais. 

-       Je te tiendrai au courant à ce moment-là, promis-je alors. 

Cela, je pouvais le lui promettre. 

-       D’accord, acquiesça-t-elle donc. Alors, hésita-t-elle, le regard porté bas, repose-toi bien aujourd’hui. Tu ne devrais pas avoir le moindre effet secondaire une fois que tu auras bien dormi, si ce n’est un peu mal au niveau de ton poitrail à cause du massage cardiaque, commença-t-elle ensuite. J’ai demandé à Mint de te mettre un baume guérisseur sur ta table de chevet, mets-en un peu avant de dormir, ça te fera du bien, et si jamais ça te gêne dans la nuit, remets-en un peu. Pas plus d’une noisette trois fois dans la nuit, enfin, se reprit-elle tandis que je souriais comme un idiot, dans la journée. C’est un baume très fort, tu risquerais de trop fatiguer ton corps. Et s’il y a quoi que ce soit d’anormal, si tu as des douleurs au cœur, comme un pincement ou quoi que ce soit d’anormal, tu m’écris sur-le-champ, d’accord ? insista-t-elle vers moi. 

Par les Dieux, qu’elle était adorable. 

-       Il n’y a aucune raison que ce soit le cas, mais on ne sait jamais, il vaut mieux prévenir que guérir. Tu n’attends pas d’avoir insupportablement mal, tu m’écris immédiatement, c’est clair ? exigea-t-elle avec une fermeté terriblement attendrissante. 

Je lui souriais tendrement, acquiesçant à ma cheffe. 

-       Très clair Granger, murmurai-je chaleureusement. 

Je fis un pas vers elle pour lui dire au revoir. 

-       Et si tu éprouves des douleurs de ton côté… 

J’accueillais sa joue dans la paume de ma main gauche, et volai les derniers mots de ses lèvres, les avalant sans l’ombre d’une honte. C’était un baiser doux. La pulpe de ses lèvres contre la mienne, tendre et chaste. Un baiser qui traduisait bien plus de l’amour et de la gratitude que je ressentais pour elle que les mots que je ne savais pas prononcer. Elle se détendit à mon touché. Lorsque je lui rendais sa bouche sans ne parvenir à séparer ma main de son visage pour autant, elle appuya sa joue contre celle-ci, cherchant plus de ce contact chaleureux. S’y ressourçant tendrement. Je me noyai dans sa douceur. Si précieuse. Elle était si précieuse, là, dans le creux de ma main. Par les Dieux, qu’est-ce que j’aimais cette femme. Mon cœur se pinça. Je ne pouvais pas exprimer à quel point je la voulais pour moi. Loin de tout cela. Très loin de tout cela. Elle était là, dans le creux de ma main, ses cheveux attachés en bataille et son visage fatigué trouvant du repos contre ma peau, et tout ce que je voulais, c’était la protéger. La garder là, juste pour moi, bien au chaud contre moi. Pouvoir l’emmener dans mes draps, coller mon corps contre le sien. Sentir son cœur battre contre le mien, ce cœur si pur. Ce cœur dont je ne voulais qu’il ne connaisse jamais la souffrance. Ce cœur si innocent. Mon estomac se tordit à l’intérieur de moi alors que ses yeux ambrés se levèrent vers moi, sa joue reposant toujours lassement dans ma paume, m’offrant l’intégralité du poids de son cerveau dans ce geste doux. Mon estomac se tordait, et mon cœur explosait. J’en aurais presque pleuré, à quel point je voulais la protéger. A quel point je voulais qu’elle ne voie rien de la guerre. Rien de l’horreur. Qu’elle ne connaisse rien de tout cela. Qu’elle n’en entende même jamais parler, elle était trop précieuse pour cela. Bien trop précieuse pour tout cela. Elle était tout ce qu’il pouvait y avoir de meilleur dans ce monde, un ange, un véritable ange, et je refusais qu’elle soit abîmée. Mon ange, à moi. Je m’abaissai à nouveau vers elle, et déposai un baiser appuyé sur son front. Là, j’y laissai une trace de mon amour. La magie de ma protection. J’étais le Grand Intendant désormais. J’allais la protéger, elle aussi. Non, elle ne saurait pas ce que je ferai ce soir. Oui, elle serait en colère quand elle le saurait. Peu importait. Je la protégeai. Elle devait être protégée. Elle était bien trop précieuse pour tout cela. Bien trop divine pour mettre ne serait-ce qu’un pied dans les tréfonds des enfers. 

-       Merci Granger, chuchotai-je à son visage. 

Une dernière fois, elle se remplit de ma peau contre son visage. 

-       Écris-moi pour me dire que tu es bien rentrée, murmurai-je avec un sourire attendri qu’elle me rendit. 

Quelques secondes plus tard, il ne resta plus qu’un vide froid là où son corps avait rendu l’espace si chaleureux, et je me rappelai la vitesse effarante à laquelle tout pouvait basculer en un battement de cils. 

J’avais obéi à Granger en trouvant mon lit. J’avais d’abord constaté avec un sourire de l’imposant hématome violet qui siégeait fièrement au plein milieu de mon torse, large et aux teintes tantôt rosées, tantôt bien plus sombres qui marquaient la force avec laquelle mon frère avait fait battre mon cœur. Comme elle me l’avait promis, un baume cicatrisant était sagement posé sur ma table de chevet. Et puisque j’étais un bon garçon, j’en avais appliqué sur mon torse – pas plus d’une noisette bien entendu – avant de me coucher, le cœur rempli de bien plus d’amour qu’il ne pouvait réellement en contenir. Je souriais bêtement aux moulures de mon plafond. Je n’avais pas douté d’eux une seule seconde. Ils avaient eu confiance en Granger. Pire encore, ils l’avaient mobilisée comme une ressource. Pas seulement comme ma ressource à moi, mais comme la leur désormais. Il y avait une part à l’intérieur de moi qui aimait bien trop ce constat. Je m’étais endormi en paix. Ma famille était en sécurité. Granger m’avait écrit pour me dire qu’elle était rentrée en sécurité. Je portais sur moi la marque de l’amour de mon frère, et j’étais désormais non seulement en capacité de tous les protéger, mais j’étais en plus libre de le faire. Oui, l’espoir était à nouveau permis. Nos plans tenaient. Nous étions assez forts. Nous étions assez intelligents. Nous étions assez puissants. J’allais les protéger. J’allais tous les protéger. 


Je m’étais réveillé à temps pour me préparer pour l’importante rixe que nous avions prévu ce soir-là. Ma première en tant que Grand Intendant officiel. Mon poitrail m’était encore un peu douloureux, mais c’était une douleur anecdotique. J’étais ressourcé. J’avais ma famille sur qui compter. J’avais Granger sur qui compter, et sur qui ma famille pouvait compter. Aujourd’hui, autant que je le savais, elle était en sécurité. Ce n’était qu’une rixe de plus. Nous étions puissants. Nous avions tous dormi aujourd’hui. J’avais confiance en eux, et ils avaient confiance en moi. J’étais le Grand Intendant, et j’étais libre d’agir à ma propre volonté. Oui, Voldemort avait commis sa deuxième plus grosse erreur dans cette guerre. La première avait été de me prendre Theodore, ce soir-là quand il l’avait enfermé dans cette cage. Sa deuxième, plus conséquente encore, était de m’avoir donné le pouvoir de commander l’intégralité de son armée, et la liberté d’établir la stratégie qui me permettrait de le faire tomber. Là où il pensait que sa sévérité, sa cruauté lui permettrait de conquérir le monde, il ne se rendait même pas encore compte que c’était exactement ce qui causerait sa perte. Je souriais en enfilant ma tenue de combat. Non, il ne savait vraiment pas à quel point il avait commis une grave erreur. J’étais confiant, à nouveau. Le Grand Intendant était là, à nouveau. Cette nuit, nous allions sévir encore. Cette nuit, beaucoup d’innocents allaient périr. Peu m’importait. En fait, je considérai même que c’était une bonne chose. Désormais, à chaque jour qui passait, je me rapprochais un peu plus de mon but. À chaque vie que nous prenions, nous nous rapprochions de notre liberté. De celle de ma famille. De la protection de Granger. Ensuite, je tiendrais une importante réunion. Nous conviendrions des étapes détaillées de la prise de contrôle de l’Angleterre. Tout allait aller beaucoup plus vite désormais. Il allait tomber. Et à chaque nouvelle journée qui passait, à chaque nouvelle vie que nous prenions, celles de cette nuit incluses, je nous rapprochais un peu plus de notre objectif. 

Avec un regain de confiance dont nous avions eu désespérément besoin, ma famille et moi nous rejoignions dans le hall d’entrée du manoir. Prêts. Nos Masques en main, et nos tenues de Mangemort parfaitement cintrées sur nous. Nous étions tous sereins. Tous confiants. Nous allions y arriver. Non, nous étions en train d’y arriver. Nous y arrivions. Oui, nous allions nous en sortir, et cela nous le ressentions tous ce soir. Avec un sourire taquin, Theodore piqua Pansy tandis que nous revêtions nos Masques dans une ambiance qui n’avait que peu de lourdeur : 

-       Essaye de ne pas avoir besoin que je te sauve le cul ce soir. 

Pansy l’avait vainement frappé à l’épaule, sans beaucoup de conviction. Même ses mots ne pouvaient pas affecter son humeur ce soir. Oui, nous étions tous pleins d’espoir. Nous y arrivions. Et sur ces mots, Theo et moi avions rejoint nos dragons pendant que les deux autres s’apprêtaient à transplaner pour rejoindre notre nouveau champ de bataille. 

Comme toutes les autres. Cette rixe avait commencé comme toutes les autres. Certes, c’était une plus grande ville. Il y avait plus de monde. Parmi l’armée moldue, des sorciers. Néanmoins, comme toutes les autres, nous les écrasions. Nos dragons encerclaient, ils cramaient. Dans les airs, nous étions intouchables. Sur le sol, le reste de notre équipe attendait, et resserrait le piège. Les habitants sans intérêt mourraient. Leurs cris perçants transperçaient nos tympans plus que le grondement des flammes. Comme toutes les autres, les plus faibles tombaient, et ceux qui étaient capables d’une magie qui n’était pas minable étaient faits prisonniers. Comme toutes les autres, les flammes brûlaient la ville, quelques vies cramées au passage. Comme toutes les autres, Theodore se posa près de Pansy, et moi près de lui. Comme toutes les autres, nous étions les plus beaux danseurs. Comme toutes les autres, les pas de Pansy faisaient écho à ceux de Theo, et ceux de Theo faisaient écho aux miens. Comme toutes les autres, c’était facile. La douleur de leur mort ne m’atteignait plus. La compassion non plus. Le remord, la culpabilité, l’empathie, tout cela m’était devenu inaccessible. Je savais pourquoi je le faisais. Je savais que cela en valait la peine. Il n’y avait en moi plus de place pour la souffrance des autres, j’avais assez à faire de celle des miens. Comme toutes les autres, nous dominions largement le terrain. 

Puis soudain, une explosion. Une explosion légère, comme le bruit d’un coup de pistolet tiré. Mais ce n’était pas une balle qui était envoyée. Les balles venaient à nous en un son caractéristique lourd, fort, puissant. Le bruit qui suivit cette petite explosion était un sifflement. Plus bas, plus doux, quelque part et étrangement, bien plus menaçant. Je vis mon frère tourner l’oreille vers l’arrière, m’imitant sur le champ de bataille. Lui aussi, il avait entendu ce bruit étranger. Ce bruit qui n’était pas normal. Qui n’était pas comme toutes les autres fois. Qui était quelque chose que nous ne connaissions pas. Derrière nous, à une vingtaine de mètres, Blaise. Son corps effectuant un sursaut peu naturel, touché. Un fil de fer reliant l’arme d’un moldu à lui, arroché à son corps. Mon cœur manqua un battement, et je demeurai bouche bée, complètement immobile. Je sondai les traits de mon ami, il semblait hébété. Il n’effectua pas le moindre mouvement. Je sondai son corps à la recherche d’une tache de sang sur son torse ou ailleurs, quelque chose. Il n’y eut rien. Il leva le regard vers nous, ses yeux choqués, presque suppliants en notre direction. Le temps sembla s’étirer alors que j’attendais de voir son corps s’écrouler sur le sol. Il ne le fit pas. Soudain, il tenta de lever sa baguette, sans succès, son bras tremblant. Rapidement, un sorcier du côté de l’Ordre, visiblement allié avec les moldus, couru jusqu’à notre ami. Je courrai vers eux, prêt à défendre ce qu’il restait de mon ami, quoi que cela fut. Un autre sifflement retenti. Une sorte de flèche métallique, fine et toute petite m’atteignit sur le haut de mon torse alors que toute mon attention était sur Blaise. Dès qu’elle s’enfonça dans ma peau, je me sentis paralysé, moi, mais pas seulement. J’étais touché. Un fil de fer reliait cette flèche en moi à un militaire moldu. Je n’étais plus qu’à cinq mètres de Blaise qui me regardait toujours, implorant, effrayé. Je détestais voir ces yeux-là. Mon estomac se retourna. Nous étions deux à être touchés. Et non seulement j’étais paralysé moi, mais surtout, ma magie. Je ne la sentais plus disponible. Comme bloquée, inaccessible en moi. Pourtant j’allais bien. Je ne me sentais pas touché au point d’être sur le point de mourir, moins encore blessé. Simplement neutralisé, magiquement parlant. Je comprenais le geste de mon ami. J’essayai d’utiliser ma baguette, d’y faire circuler de la magie. Rien ne se produisit. Un autre sorcier couru en ma direction cette fois, celui qui était arrivé jusqu’à Blaise l’ayant neutralisé. Autour de nous, notre équipe continuait de se battre, elle encore vainqueure. Il n’y avait que nous. Que Blaise et moi. 

Je tournais des yeux anxieux vers mon frère. Son regard exorbité, terrorisé comme il l’était rarement était rivé dans le mien. Mon rythme cardiaque était si violent qu’il en était douloureux. Theodore ne comprenait pas, et il cherchait, comme moi je l’avais fait, le moindre signe qui lui permettrait de comprendre à quel point nous étions blessés. Si nous allions mourir ou non. Et lors de la courte seconde durant laquelle il chercha en moi ces réponses terrorisantes, une nouvelle flèche métallique. Une nouvelle flèche, droit sur son cœur. Je sentais derrière-moi un sorcier neutraliser mes mains, les maintenant dans mon dos. Derrière-moi, les sorciers hurlaient des ordres aux militaires moldus. Le regard masqué de Theodore se baissa sur sa baguette, plein d’une incompréhension qui ne lui allait pas à la recherche de réponses alors qu’il découvrait ce que Blaise et moi venions de comprendre. Et alors qu’il comprenait que notre magie était neutralisée, ses yeux anxieux se tournèrent vers l’arrière, où Pansy continuait encore de se battre, de la lumière sortant de sa baguette alors qu’elle était la seule d’entre-nous qui pouvait continuer. 

Les pensées se bousculaient en moi, me déstabilisant de leur force violente. Est-ce que nous étions finis ? Je regardais autour, le reste de notre équipe tenait bon. Si Blaise n’avait pas été touché, nous n’aurions pas été distraits, et nous n’aurions pas été touchés, nous non plus. Nous avions commis l’erreur de nous laisser surprendre, de nous laisser déstabiliser. Les autres semblaient s’en sortir parfaitement, parce qu’ils n’étaient pas surpris de la sorte. Pas touchés de la sorte par la potentielle perte de Blaise. Un militaire moldu courrait sur Theodore pour le neutraliser physiquement à son tour. 

-       VA-T’EN ! hurla-t-il de toute sa force en direction de Pansy, la terreur vibrante dans sa voix.

Pansy continuait de se battre. Non, nous ne pouvions pas tomber ainsi. Ce n’était pas possible. Nous ne pouvions pas être pris aussi simplement que cela. Aussi idiotement que cela. Je tentais de me dégager physiquement, mais la clé de bras que l’homme derrière-moi tenait sur mon corps était trop bonne. Sans faille. A côté de moi, Blaise beuglait à son tour, la même peur panique dans la voix que celle de mon frère : 

-       PANSY, VA-T’EN ! 

Elle continuait de se battre. Autour d’elle, quelques sorciers. Elle ne nous adressait que des regards en coin qui ne risquaient rien de sa concentration. Elle gardait sa baguette tendue sur ses ennemis, son esprit clair et son corps prêt. Mon esprit de Grand Intendant prit le dessus, et je cherchais autour d’elle. Nous devions être libérés. Au loin, trop loin, je notai la présence de Maximus Feign sur le champ de bataille, notre ancien militaire retraité. Il se battait parfaitement bien, mais il était trop loin pour pouvoir nous venir en aide à temps. Plus près, le masque rouge de Cyprus Maxwell. Plus loin de nous que Pansy, mais plus près que Feign ne l’était. 

-       MAXWELL ! appelai-je alors d’une voix commanditaire. 

Rien dans son comportement me permettait d’être certain qu’il m’avait entendu. Je répétais mon ordre désespéré, plus fort, tandis que l’homme derrière-moi resserrait sa prise douloureuse sur moi en avertissement. Cyprus ne se tourna pas vers nous, trop occupé. Soudain, dans les airs, nos deux dragons au-dessus de nous. Ils cramèrent les ennemis autour de nous, grondant des flammes épaisses qui firent des dégâts sur leur armée moldue. Certaines étaient repoussées par la magie des sorciers alliés parmi eux. Et en face, Pansy se battait toujours. Ragnar et Sekhmet descendirent plus bas dans le ciel, prenant le risque d’être touchés à leur tour. Je vis les sorciers étendre leurs baguettes vers eux. Non, nous ne pouvions pas perdre cette force aussi. 

-       NON ! hurlai-je à Ragnar à travers notre lien, et je savais que Theodore faisait de même avec Sekhmet. 

C’était trop risqué. Nous étions tenus au corps, ils ne pouvaient pas nous aider sans risquer de nous blesser, et ils ne pouvaient pas venir si bas alors qu’il y avait des sorciers autour de nous, ils risquaient eux-aussi d’être blessés. 

-       REPRENDS DE LA HAUTEUR, C’EST UN ORDRE ! grondai-je à mon dragon. 

Il grogna, le ronronnement sourd de sa voix comme un tonnerre au-dessus de nous. Sekhmet elle-même se baissa trop bas, envoyant des rafales de vent autour de nous. Des sorts volèrent en leur direction, et ils les évitèrent de justesse. 

-       Si je ne te sors pas de là tu vas être fait prisonnier, humain pleurnichard ! grogna Ragnar. 

Je lui ordonnai encore de reprendre de la hauteur, en vain. Lui et le dragon noir de mon frère continuèrent d’essayer de nous atteindre, sans succès alors qu’ils évitaient les attaques des sorciers et des moldus nouvellement équipés. Je ne savais pas si leur nouvelle arme pouvait neutraliser la magie d’un dragon, mais je n’avais aucunement l’intention de le découvrir. En face, Pansy continuait de se battre. Cyprus, plus loin, semblait continuer sa propre bataille sans se rendre compte de ce qu’il se passait pour nous. Quelqu’un devait venir nous aider. Les secondes s’écoulaient, et nos dragons réalisaient que leurs efforts étaient vains. Ils ne pouvaient pas s’approcher assez près pour nous libérer. Ils causaient des dégâts sur les ennemis alentours, mais pas sur la poignée de ceux qui nous tenaient tous les trois. J’appelai encore Maxwell, sans succès. Désespéré, je fixai mon regard sur Pansy. Elle ne pouvait pas être touchée, elle aussi. 

À environ dix mètres de nous, le masque argenté de Pansy étincelait dans la nuit à la lumière de la magie qui s’échappait sans fin de sa baguette d’une précision léthale. Autour d’elle, plus que cinq hommes. Elle en avait déjà vaincu tellement, seule. Trois sorciers, et deux moldus qui tentaient de l’atteindre de leurs flèches métalliques. Elle lança son bras armé en la direction d’un moldu alors qu’elle évitait sa flèche en effectuant une roulade sans effort sur le goudron. Sa magie verte le frappa de plein fouet, et il tomba sur le sol, mort. À trois mètres de moi, le regard anxieux de mon frère suivait le moindre de ses mouvements avec une attention féline. Il avait cessé d’essayer de lui hurler de fuir, et Blaise également. Elle ignorait royalement leurs supplications, comme si nous abandonner à notre sort avait été une option pour elle ne serait-ce que l’espace d’une seconde. Non, Pansy ne fuirait pas en nous laissant-là. 

Un des sorciers qui l’attaquait lança un sort rouge en sa direction. Elle le bloqua à la seconde d’un bouclier magique tandis qu’elle ne s’était pas même encore relevée du sol. Elle profita du temps qu’il fallut au sorcier pour dégainer à nouveau pour l’attaquer, et l’atteignit encore de plein fouet. Plus que trois. Mon cœur battait la chamade. Pouvait-elle nous sauver, seule ? Si elle ne perdait pas sa concentration, si elle ne paniquait pas, pouvait-elle nous sauver ? L’espoir anxieux grandissait en moi. À mon tour, je suivais le moindre de ses mouvements. Ses jambes fines se relevèrent du sol en une extension légère. Elle tourna sur elle-même en une pirouette magistrale alors qu’elle évitait de justesse un sortilège qui lui arrivait dans le dos, ses cheveux volant derrière-elle. Alors qu’elle finissait sa pirouette, elle lança discrètement sa baguette en la direction de son attaquant, et le frappa de plein fouet. Plus que deux. 

Putain, elle était magistrale. Mes lèvres s’entre-ouvrirent devant le spectacle qu’elle offrait. Elle ne perdait rien, pas une miette de sa concentration dans la situation critique dans laquelle nous nous trouvions. Rien de son calme, rien de sa force, rien de son déterminisme. Rien de son professionnalisme. Je la regardais avec une fierté débordante. Mon soldat. Le cœur qui battait dans mon poitrail battait désormais d’autre-chose que de l’angoisse. Alors qu’une autre flèche métallique arrivait vers elle, elle arqua gravement son dos, en un appui qu’elle avait travaillé avec Theodore sur ses jambes pour l’éviter. Elle n’avait pas besoin qu’il la soutienne pour qu’elle évite cette balle-là. Je sentais l’espoir grandir encore en moi. Elle n’avait pas été touchée. Lorsqu’elle se redressa, je pouvais presque la voir sourire sous son Masque. Elle bloqua ensuite l’attaque qui venait du dernier sorcier sur sa droite, avant de lui en retourner une, elle léthale. Il tomba, mort. Plus qu’un, un moldu. Je pouvais entendre ma respiration se faire plus courte sous mon Masque. Pansy allait nous sauver. Mon soldat. Elle était encore à une dizaine de mètres de nous. Il n’en restait qu’un sur elle. Les autres étaient plus dispersés, au loin. Ceux derrière nous étaient en majorité tombés sous les flammes de nos dragons. Ensuite, il n'y aurait plus que les trois qui nous tenaient, s’ils prenaient le risque de nous lâcher. Le fait qu’ils aient attendu si longtemps pour agir m’apprenait qu’ils ne voulaient pas se satisfaire de nous, et avaient pensé pouvoir capturer Pansy aussi. Ils l’avaient sous-estimée. Nous l’avions tous fait. 

Le dernier moldu face à elle tira une nouvelle flèche métallique en sa direction, le fil de fer s’étendant dangereusement vers elle. Elle le vit venir. Au lieu de le fuir, elle chargea en sa direction. D’un mouvement discret sur le côté, elle évita la flèche à un millimètre près sans ralentir sa course. À un mètre de lui, Pansy s’élança dans les airs. Elle vola derrière lui, appuyant les paumes de ses mains sur les épaules du moldu dépassé. Les cuisses de Pansy se renfermèrent sur les épaules de l’homme qu’elle dominait désormais, tel un serpent qui étoufferait sa proie, et d’un mouvement aussi rapide que mortel, elle lui brisa la nuque en un mouvement vif de ses mains habiles. L’homme tomba mort alors qu’elle sautait de son cadavre. Mon soldat. Fléchie sur le sol, Pansy retira son Masque de sa baguette. Elle nous souriait d’un sourire diabolique. Mon cœur manqua un battement de fierté. Depuis le sol, elle tira de ses hanches l’arme moldue qu’elle portait à sa ceinture, et un coup puissant en direction de Theodore, elle tira sans trembler. Elle atteignit en plein front le moldu derrière-lui qui tomba mort sur le sol. Les yeux de mon frère étaient si enamourés sous son Masque qu’ils le transperçaient. L’homme derrière-moi me lâcha, et je ne sentis plus sa présence dans mon dos. Il sembla partir en courant, ou se volatiliser, je ne le savais pas. Je tournais le visage vers Blaise. Son sorcier, lui aussi, ne le retenait plus. Je me défaisais de la flèche métallique, me libérant de la paralysie de ma magie. Je regardai Pansy, mes yeux emplis d’admiration. Elle était là, figée dans un instant rempli de tension, un genou plié et son autre jambe étendue en appui sur le goudron, dévoilant la longueur fine de ces armes mortelles qui la portait. Elle écrasait une main sur le sol, celle qui tenait sa baguette, gardant-là son équilibre félin alors que son pistolet fumant était toujours tendu de son autre main, droit sur Theodore. Le haut de son corps fin et pourtant fort était penché sur ce genou replié qui la soutenait, l’image qu’elle offrait parfaitement à mi-chemin entre l’élégance gracieuse d’une danseuse, et la menace léthale d’une prédatrice. Ses cheveux aussi noirs que la nuit dansaient encore de la vivacité violente de son enchaînement de mouvements, les deux émeraudes de ses yeux fixés sur Theodore avec cette intensité chaude et arrogante que l’on ne retrouvait que chez elle. Un souffle saccadé s’échappa de sa bouche, faisait voler une mèche de ses cheveux qui caressait ses lèvres. Un sourire félin retroussant fièrement les coins de sa bouche, elle nargua d’une voix basse et prédatrice : 

-       Alors les filles, qui c’est qui sauve le cul de qui maintenant ? 

Notre héroïne. Je souriais outrageusement, nous le faisions tous. Notre putain d’héroïne. À la hâte, Theodore retira son propre masque d’un mouvement de baguette, puis dans un bond il s’élança vers elle, la fierté et le soulagement dégoulinant de ses traits. Pansy se releva du sol avec un sourire anticipatoire. Comme si elle l’attendait, prête à l’accueillir. Son sourire s’élargit sur ses joues, peignant sur son visage une véritable joie que je n’y avais plus vue depuis des mois. Trop de mois. Il n’était qu’à cinq petits mètres d’elle désormais. Dans l’élan de son corps, je me demandai s’il allait l’enlacer, ou bien l’embrasser, ici et maintenant. Ses muscles se tendaient et s’étendaient vers elle dans une course pressée qui ne pouvait plus être retenue. Comme s’il avait attendu trop longtemps, lui aussi. Et à chaque nouveau pas qu’il faisait vers elle, l’arrogance de Pansy disparaissait de ses traits pour laisser plus de place à autre chose. Quelque chose de plus fort, de beaucoup plus profond, et de cent fois plus vulnérable. Mon cœur battait la chamade dans mon poitrail. Il la rejoignait, enfin. Il allait la chercher, enfin. Il la récupérait, sa Pansy, enfin. Et en un quart de seconde, les deux sorciers qui avaient retenu Blaise et moi prisonniers se matérialisèrent de chaque côté de Pansy, la prenant au dépourvu. Une flèche métallique l’atteignit, venant de plus loin derrière nous. Je me retournais vers l’homme qui avait tiré, et élançait un Avada en sa direction. Avant qu’il ne l’atteigne, un autre sorcier attrapa l’homme, et transplana avec lui. Je me retournais vers Pansy. Les mains des sorciers se renfermèrent sur elle. Mon souffle se coupa. La seconde suivante, ils avaient disparu, ayant transplané quelque part où nous ne pouvions pas les voir. Là où Pansy s’était tenue en héroïne une seconde plus tôt, il ne restait rien. Notre reine, volée. Le corps de Theodore s’arrêta brusquement dans son élan, abasourdi, comme frappé par la foudre. Ses yeux étaient perdus, vitreux dans le vide que Pansy laissait-là. Il ne l’avait pas atteinte à temps. 


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