James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
-Grégory Goyle, 43 ans, fils d'Andrius Goyle et de Fiona Goyle. Mangemorts de leur état. Il a été retrouvé mort en début de matinée, aux alentours de 7 h 30 dans la masure qu'il occupait dans la banlieue de Newcastle. Il occupait cette maison depuis la fin de la guerre, puisque sa famille avait été dépouillée de sa fortune à l'issue de la guerre. Il vivait seul, ses parents sont morts, il ne s'est jamais marié et n'a jamais vraiment eu d'amis depuis sa sortie de Poudlard. Nous avons été alertés par sa cousine par alliance, Elvire Goyle, qui avait cheminé chez lui, comme tous les matins, pour lui apporter son exemplaire de la Gazette du Sorcier. Selon Elvire, il était trop pauvre pour se payer lui-même un abonnement au journal.
Vicky Vale détaillait ainsi la biographie de Gregory Goyle, le reste du Bureau des Aurors était amassé autour de la table ronde et observait le dernier cliché représentant la victime. La photo datait de près de trois ans, d’après la date inscrite à la plume en bas à gauche, elle fut prise à l’occasion de l'anniversaire de la fille d'Elvire Goyle. Grégory Goyle était un homme de l'âge de Harry d’après le portrait dressé par Vale, mais d'immenses cernes entouraient ses paupières, sa robe mangée aux mites lui donnait un air encore plus négligé. De larges rides sillonnaient son visage encore jeune et de la peau pendait à son menton et à ses joues, signe d'un amaigrissement soudain et intensif. A la vue de cette photo, James constata à quel point la description que son père faisait de son ennemi de Poudlard était désormais obsolète.
-Grégory Goyle a été retrouvé mort dans son salon, victime d'un sortilège de la mort, mais son corps était mutilé par, vraisemblablement, des Sectumsempra, et la seule pièce de sa masure était sens dessus-dessous, signe d'une lutte intense. La maison n'a cependant pas été forcée, ce qui prouve qu'il a laissé entrer son meurtrier. Sans doute le connaissait-il déjà. La lutte a laissé bien trop d'empreintes magiques qu'il nous est impossible de détecter. Nous avons simplement trouvé un morceau d'étoffe blanche ensanglanté. Ce morceau d'étoffe a été arraché par Goyle, d’après l’analyse de sa baguette, il aurait jeté un Sectumsempra, lui aussi, et a dû agripper son agresseur, ce qui expliquerait que le morceau d’étoffe se soit retrouvé dans sa main.
Vale continuait de décrire la scène du crime et tous les Aurors prenaient des notes en hochant la tête frénétiquement. Une fois que tout le monde eut relevé la tête, montrant qu'ils avaient noté tout ce qu'il était important de noter, ce fut Harry qui se leva et fit le tour de la grande table ronde.
-Iggy Greengrass lui -même a fini par admettre qu'il y avait très certainement un lien entre cette attaque et celle qu'a subi James la nuit dernière. Dans ce cas, si même les aveugles se mettent à voir, nous pouvons aisément faire le parallèle entre ces deux enquêtes. En accord avec Greengrass, j'ai placé toutes les familles ayant compté des Mangemorts dans leurs rangs sous la protection de la Brigade de Police ...
-Mais si Flint était dans le coup, ça vient forcément des Sang-Pur ! coupa Ron.
-Le seul mort que nous avons est un Sang-Pur, nous devons donc redoubler d'effort et protéger cette communauté qui a été beaucoup trop exposée ces derniers temps, répondit Seamus Finnigan -le père d'Owen, pensa James avec dédain- à la place d'Harry. Je suis d'accord avec la décision de Harry.
Ron lui adressa un regard médusé et se renfrogna. Harry reprit :
-Ron n'a cependant pas tout à fait tort, et celui-ci releva la tête et adressa un regard de défi à ses collègues autour de la table, nous avons un début de piste. Le fait que James ait échappé au Sortilège d’Amnésie cette nuit est une victoire capitale, c’est d’ailleurs pour ça que je souhaite que James, durant son stage, s’intègre pleinement à l’enquête. Nous avons pu commencer à enquêter sur ce groupe. Mon hypothèse est que, l’attaque sur Goyle vient d’un autre groupuscule, qui n’a pas nécessairement su que leurs camarades ont été vus par James chez Fortescue. De plus, James a vraisemblablement identifié un membre de l’équipe qui cambriolait Fortescue. Leroy Flint. La preuve que nous avons est minime, mais nous pouvons suivre Flint jusqu'à l'attraper sur le fait. Je doute cependant qu’il ose remettre le nez dehors. Flint a vu que James l’avait identifié, et malgré le sortilège d’amnésie lancé par Harper sur l’elfe, si Flint junior se cachait au manoir, il a vu qu’il avait eu de la visite. Cependant, ce serait bête de laisser passer cette piste. Fairbanks et Finnigan, vous serez chargé de retrouver sa trace et de surveiller Leroy Flint. Ne vous faites surtout pas prendre, autrement, Greengrass fermerait le service et vous vous retrouverez concierge chez Madame Piedoddu.
Les deux Aurors hochèrent la tête, rassemblèrent leurs notes et sortirent à pas feutrés.
-Devons-nous mettre en garde la population par le biais de la Gazette, Potter ? demanda Valiant, le mentor de Ron.
-Ce serait en effet judicieux, mais j'ai eu une entrevue avec le Ministre. Ce cher Archibald Fawley a déjà donné une interview dans la Gazette expliquant que la piste privilégiée est un fanatique anti sang-pur souhaitant se venger de sévices commis durant la guerre. Il explique que Goyle avait souvent violenté ses anciens camarades de Poudlard. En clair, Fawley ne veut pas que des Sang-Pur soient associés à ces attaques, puisque son parti serait automatiquement mêlé.
Tous hochèrent la tête d'un air dégoûté.
-Ron et Steven ? interpella Harry. Je vais vous demander d'aller à la Tête de Sanglier et d'interroger Salvator Lacrass (c'était le patron de la Tête de Sanglier depuis la mort d'Abelforth il y a dix ans). Tous les gens douteux se regroupent dans son bar, il a peut-être remarqué des tuniques blanches. S'il fait monter les enchères, arrêtez-vous à trente Gallions, rappelez-lui que la Brigade d'hygiène serait ravie de venir faire un tour dans son bar.
Ron et Steven Cornfoot se levèrent et se dirigèrent vers la sortie du Bureau pour filer vers le lieu de leur mission.
-Vale, tu as déjà constaté le lieu du crime, je te demanderai de faire le tour de la famille de Goyle et de les interroger. Peut-être qu'ils savaient si Goyle avait changé de comportement, avait parlé d’éventuels ennemis ces derniers temps. Dean, tu vas avec elle. Valiant, s'il y a eu lutte, il y a peut-être eu des blessés, peut-être qu'ils croupissent encore dans la forêt, je te demanderai de la fouiller. Coote, Robins, je vais vous demander de vous rendre au siège social du Collectif pour la Justice Sorcière et d'interroger Justin Finch-Fletchley, il ne faut pas non plus écarter cette piste. Benjamin, je pense que James doit être initié à la paperasserie, prenez le compte-rendu de l'enquête sur la scène de crime et faites les documents nécessaires pour le Magenmagot. Moi, je me charge d'aller détailler toutes nos pistes -sauf celle de Flint qui doit rester secrète- à ce cher Greengrass. Tous s'exécutèrent et James ne put s'empêcher d'être déçu. Son père ne le jugeait-il pas apte pour aller sur le terrain ? Pensait-il qu'il ne ferait pas l'affaire si on lui demandait de fouiller la forêt par exemple ? Lui qui avait toujours eu un sens de l'observation très développé.
James adressa un regard déçu à son père qui ne le remarqua pas puisqu'au même moment, il tournait les talons pour suivre les Aurors qui s'apprêtaient à partir en enquête. Les Aurors tenaient là leur premier dossier brûlant depuis de longs mois, et voilà que James devait se contenter de jouer les gratte-papiers. Benjamin remarqua l'air désespéré de James, il lui tapota amicalement l'épaule et l'invita à le suivre. Ils entrèrent dans un long couloir où étaient présentes une dizaine de portes, chacune avec le nom de l'Auror à qui le box appartenait. Au fond à gauche, ils s'arrêtèrent devant le Box qui indiquait Benjamin Harper, juste en face de Vicky Vale. James entra alors dans un vaste bureau, qui, il en était certain, avait été agrandi par magie. Les murs étaient recouverts d'affiches représentant les effets des sortilèges les plus néfastes sur des croquis animés d'humains. Il y avait également des affiches de sorciers recherchés par le passé, tous des anciens mangemorts, et James était satisfait de voir que tous les portraits portaient désormais l'inscription : Capturé ou même parfois Décédé.
Benjamin remarqua ce que James observait et il s'adressa à lui d'un air nostalgique : -Oui, la période des poursuites est terminée. Ils sont tous décédés en cavale ou ont pu être attrapés. C'était encore une sombre période, mais c'est l'une des dernières fois où j'ai eu l'impression que mon métier servait à quelque chose.
Outre ces affiches professionnelles, James remarqua qu'Benjamin avait personnalisé son bureau en y disposant des photos de son épouse, Katie Bell, une amie Gryffondor de Harry qui était devenue la première femme arbitre professionnelle de Quidditch. Les murs étaient aussi jalonnés de photos de Suzanna, leur fille, désormais âgée de neuf ans. Et enfin, la porte du bureau était recouverte d'un grand poster représentant Vinnie Brent, le chanteur préféré de Benjamin. Ce dernier s'assit sur son fauteuil et fit venir un fauteuil similaire du bureau d'en face. Le fauteuil s'engouffra par la porte qui s'ouvrit avec fracas, vint frapper James derrière les genoux et l'obligea à s'asseoir face à Benjamin qui sortit la pile de dossier de sa besace en cuir.
-Tu vois James, lorsqu'un Auror est sur le terrain, il a pris la fâcheuse habitude d'utiliser une Plume à Papote. Au moins, il peut analyser la scène du crime, tout en dictant à sa plume ce qu'il est intéressant de noter. L'ennui, c'est qu'on se retrouve avec des pavés pas toujours lisibles pour ces vieux croutons du Magenmagot. Ils nous ont donc contraints à remplir toutes sortes de formulaires où il suffit de cocher et remplir certaines informations pour qu'ils puissent avoir un dossier lisible.
-Cela ne leur est pas venu à l'idée de prendre cinq minutes pour lire ? demanda James d'un ton écoeuré.
-Nous avions eu la même réflexion ici, mais à l'époque des procès des Mangemorts, Greengrass, qui était l'avocat de la majeure partie d'entre eux avait demandé à une uniformisation des dossiers pour faciliter le travail de ceux qui viendraient à les consulter. C'est comme ça qu'il a pu déceler un vice de forme dans le dossier du père Goyle justement. Greengrass a fait innocenter la plupart des anciens Mangemort considérés comme les moins dangereux, d'où l'importance de ce travail. Si nous ne le faisons pas correctement, un avocat véreux de la trempe de Greengrass pourra faire annuler le procès.
James hocha la tête, conscient que malgré tout, il devrait être rigoureux dans son travail. Il éplucha donc les compte-rendu de Vale et des Aurors lors de la réunion à la table ronde et il commença donc à remplir les cases :
Heure de découverte du corps : il écrivit 7 h 30
Rigidité artérielle : Oui Non (il raya le non, le cadavre était déjà rigide d'après les notes de Vale)
Il continua donc à détailler ainsi le meurtre et l'enquête en cours. C'était extrêmement long puisque les formulaires demandaient à ce que tous les détails soient remplis et James devait relire sans arrêts les trois pages qu'avaient dicté Vale à sa Plume à Papote, Benjamin regardait par-dessus son bureau et l'arrêtait lorsqu'il voyait que James allait se tromper, de temps en temps, il lançait une plaisanterie ou une remarque acide à propos de Greengrass, du Magenmagot, des femmes, ou parfois, même des trolls. Au bout d'une heure, James avait fini et Benjamin le regardait d'un air satisfait.
-Très bien, j'avais eu plus de mal que ça lors de mes premiers pas dans la bureaucratie. Si tu veux bien me suivre, je te donne un indice sur notre destination : nous allons voir quelqu'un de ta famille.
-L'ennuyeux c'est qu'ils sont partout, concéda James dans un sourire.
Les deux éclatèrent de rire et sortirent des locaux des Aurors. Ils avancèrent dans le large couloir du Département de la Justice Magique et s'arrêtèrent devant une porte dorée ornée d'une plaque indiquant :
Hermione Weasley
Secrétariat général du Département de la Justice Magique
Coordinatrice des différents services du département
Chargée des liaisons avec le Magenmagot
James sourit instantanément à la vue de la plaque de sa tante et marraine. Elle était une femme brillante, sans cesse occupée par un travail prenant qu'elle exerçait toujours avec justice et conscience. James admirait beaucoup sa tante, d'abord, parce qu'elle arrivait à supporter le côté farceur de Ron, Hugo et Rose, mais surtout, parce que malgré ses postes à responsabilités, elle restait toujours très simple, accessible et juste. Au moment où Kingsley avait décidé de ne plus se présenter au poste de ministre de la Magie, les membres du clan Potter-Weasley, les anciens de l’Ordre du Phénix, soutinrent le candidat désigné pour succéder à Kingsley : l’Oncle Percy. Mais James faisait partie de ceux qui, silencieusement, espéraient voir Hermione briguer le poste, mais l’histoire fut toute autre. Percy ne s’allia ni avec l’Honneur Magique, ni avec le Collectif pour la Justice, et la présence de trois candidats permit à Archibald Fawley de remporter l’élection. Hermione, qui était Secrétaire d’Etat de Kingsley revint en poste au Département de la Justice Magique, et Percy réussit, par sa connaissance des dossiers à demeurer en poste au Département des Transports Magiques.
Content de croiser sa tante, James donna donc trois coups à la porte du bureau et la meilleure amie de ses parents lui ouvrit, sa tignasse ébouriffée, le front plissé signifiant qu'elle devait surement être en train de se concentrer sur quelque chose, elle sourit à la vue de James et Benjamin et leur fit signe d'entrer. Elle les guida dans un immense bureau, sans doute lui aussi magiquement agrandi, Hermione avait, semble-t-il, enchanté le plafond de la même manière que la Grande Salle de Poudlard, et sur les contours de la pièce, des immenses bibliothèques, remplies de toutes sortes de livres, grimoires, anciens ou contemporains s’étendaient à une hauteur vertigineuse. Elle les fit s'installer confortablement sur deux gros fauteuils en schintz face à son bureau et s'adressa à eux d'un air grave :
-Le meurtre de Goyle, c'est ça ? Ron m'a prévenu avant de partir ... Et toi, James ? Comment ça va ? Tu as eu une chance inouïe …
James et Benjamin hochèrent la tête en même temps d'un air aussi grave que Hermione.
-Il se passe des choses très étranges en ce moment, souffla-t-elle. Des agressions, des cambriolages, des meurtres, le retour d'une haine entre sang-pur et sang-mêlé … Greengrass et Fawley ne le reconnaîtront jamais, mais tout cela n'est pas bon signe. En seulement deux jours, nous retrouvons tous les signes de l'ère Voldemort.
Harper frissonna à l'évocation de ce nom, mais James resta impassible, il avait toujours été habitué à entendre et prononcer ce nom qui était devenu plus courant depuis que son père l'avait vaincu.
-Tu t'alarmes peut-être trop vite, Hermione, lança Harper. Goyle était faible, ils n'ont rien volé chez Fortescue et d'après nos sources, le profil type de cette bande semble être des jeunes en manque de sensations fortes. Je pense que l'affaire sera vite bouclée et que le Bureau des Aurors pourra replonger dans sa léthargie.
Hermione le toisa un moment du regard puis avoua :
-Je prie pour que tu aies raison, Benjamin. Mais trêve de bavardages, vous étiez venus pour me dire bonjour ou parce que vous aviez besoin de moi ?
-Moi pour dire bonjour, dit Benjamin aimablement, mais l'aspirant Potter a quelque chose pour toi, annonça-t-il en prenant un ton faussement pompeux.
-Nous avons rédigé les formulaires pour le Magenmagot, nous avons détaillé la scène du crime et les pistes de l'enquête, si tu veux en savoir plus sur l'enquête tu n'as qu'à y jeter un coup d'œil, suggéra James.
-J'en suis obligée, je dois vérifier avant de transmettre à l'Assemblée.
Elle commença à parcourir le document du regard et leva un sourcil :
-Justin Finch-Fletchley va être interrogé ? demanda-t-elle très étonnée.
-Oui, répondit Benjamin, Greengrass et Fawley pensent que c'est une vengeance de la guerre. Ils font tout pour éloigner les sang-pur de l'affaire et ils ont privilégié cette piste auprès de la presse. Nous sommes donc obligés de la suivre un minimum.
-Ce n'est pas totalement idiot non plus, reconnut-elle. Bien que la manière d'agir ne laisse pas de doutes sur l'identité des malfaiteurs, Sectumsempra, uniformes, symboles, …
James et Benjamin hochèrent la tête.
-Il y a autre chose qui n’est pas sur le dossier, tante Hermione, commença James. Fair …
-Tu veux parler de la piste que suivent Fairbanks et Finnigan ? coupa Hermione amusée. Ron et Harry m’ont prévenue, oui. Il faut que cela reste confidentiel. Si les membres de “L’Honneur Magique” l’apprennent, je ne donne pas cher de notre peau … Tu es sûr de toi, James ?
-Certain, il s’est approché de moi pour me rendre ma baguette.
-C’était une erreur de leur part de s’être montré à toi, et, James, je dois dire que je suis agréablement surprise que tu aies su utiliser le transplanage d’escorte dans de telles circonstances et sans expérience.
Elle gratifia son neveu d’un sourire, resta un moment silencieuse en l’observant, puis reprit la parole :
-Sur ce, je suis désolée, mais Norbert Dragonneau vient en audience au Magenmagot demain matin et je serai Rapporteuse, je dois donc préparer les Ordres du jour pour l’assemblée.
-Le … L’auteur des Animaux Fantastiques ? demanda Harper étonné
-Lui-même, répondit Hermione. Nous sommes amis avec son petit-fils et son épouse, Luna, j’échangeais moi même quelques hiboux avec lui lorsque je travaillais pour le Département des Créatures Magiques.
-Je le croyais mort, remarqua Harper.
-Oh, Norbert a fêté ses 126 ans cette année, mais malgré l’âge, il est d’une rare vivacité pour ce qui concerne son domaine, répondit Hermione. Dans tous les cas, il est très inquiet, et vu que McLaggen refusait toutes ses demandes de rendez-vous, il m’a écrit personnellement. Le Magenmagot est tenu de se déplacer, mais je doute qu’on lui prête une oreille attentive …
-Qui est McLaggen ? demanda James, il connaissait bien entendu, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré, l’arrière grand-père des jumeaux Dragonneau, les enfants de Luna et Rolf, des amis de sa famille.
-Cormac McLaggen, Chef du Département des Créatures Magiques. Un Gryffondor, imbu de sa personne, inculte et flagorneur.
-Tu as bien résumé, Benjamin, pouffa Hermione. McLaggen ne respecte pas grand monde. Malgré son poste, je crois qu’il n’a jamais, ne serait-ce que feuilleté le livre de Mr Dragonneau qui demeure pourtant une référence …
-Tu vois James, persifla l’Auror, même chez les Gryffondor on peut trouver des gens tordus.
Et tandis que sa tante expliquait, qu’effectivement, juger sur la seule maison de poudlard était assez dépassé, Benjamin annonça alors à Hermione qu'il était temps pour eux d'y aller, il la remercia, James embrassa sa tante et ils retournèrent en silence au Bureau des Aurors. Ils se dirigèrent vers la salle de pause car James, qui n'avait pas dormi, commençait à lutter pour ne pas s’effondrer immédiatement. Benjamin lui recommanda le café du bureau des Aurors qui selon lui, réveillerait « un rat piétiné par un géant ». Benjamin laissa James devant la salle de pause et lui annonça qu'il avait un dossier à rédiger sur une affaire précédente et qu'il profiterait de la pause de James pour s'exécuter. James ouvrit donc la porte de la salle de réunion et il tomba sur Harry, le regard concentré sur le contenu de sa tasse, la jambe convulsive, il pianotait sur la table d'un air stressé. James claqua un peu la porte pour signaler sa présence et Harry releva instantanément la tête :
-Ah c'est toi ! Je ne t'avais pas vu entrer.
-Comment s'est passé l'entretien avec Greengrass ? demanda James.
-Très mal, il a critiqué mes méthodes une fois de plus, répondit Harry d'un air las. D'après lui, l'enquête ne devrait s'orienter que sur les membres du parti de Finch-Fletchley. Et encore, je ne lui ai pas dit que Fairbanks et Finnigan pistaient le fils de Flint.
James hocha la tête d'un air compréhensif. Son père rentrait souvent énervé du travail depuis que Greengrass était devenu le chef du département. Il comprenait pourquoi. Cet homme savait se rendre détestable en l'espace de dix secondes, James lui tapota donc l'épaule d'un air compréhensif et murmura à son père :
-Ne t'inquiètes pas, c'est un crétin et tout le monde le déteste, toi aux yeux des sorciers, tu demeures “l’Elu”.
Harry pouffa et adressa un sourire reconnaissant à son fils, il l'observa quelques secondes comme s'il le passait aux rayons X, puis son sourire s'évanouit :
-Tu m'en as voulu toute à l'heure James.
Ce n'était pas une question, mais une remarque à laquelle James ne préféra pas répondre en raison de l'état de stress avancé de son père.
-Tu sais, je savais que tu aurais fait du bon travail sur le terrain, mais les missions de ce genre deviennent rares, les Aurors confirmés s'ennuient et je ne pouvais pas te laisser leur prendre le peu d'action qu'ils pouvaient rencontrer alors que tu n'es pas encore des leurs. Et puis, malheureusement, Benjamin a dû t'expliquer que la paperasse, c'est devenu le lot quotidien d'un Auror. Tu as donc vu une part importante du métier, lui confia-t-il avec un sourire sans joie.
James ne savait pas si son père était sincère, en tout cas, les raisons qu'ils lui avaient exposées étaient crédibles. Il décida de ne plus tenir rigueur de la décision de son père, qui, après tout, savait ce qu'il faisait. James allait se lever pour se servir un café quand ils furent interrompus par Benjamin qui rentra à pas précipités dans la pièce.
-Harry, quelqu'un veut te voir, il dit qu'il a des renseignements de la plus haute importance sur l'affaire Goyle. Il est là, je l'ai installé dans la salle d'interrogatoire.
-James, tu voulais que je te prouve ma confiance ? Suis Harper.
James suivit Benjamin et sortit de la salle de pause, ils atteignirent le hall du bureau des Aurors, mais au lieu de tourner à droite de suite après la salle de pause pour aller vers les bureaux et la salle de réunion, il continua tout droit pour descendre un vieil escalier de pierre. James le suivit et ils arrivèrent dans de vieux cachots ancestraux où de vieilles cellules délabrées et sentant la moisissure s'alignaient. Benjamin attendit James et lui fit signe d'aller droit devant. Ils arrivèrent devant un pan de mur vide et une porte à sa droite. Benjamin retint James par l'épaule, passa devant lui, et tâtonna sur le mur vide à gauche de la porte. James entendit alors un cliquetis, et une porte secrète apparut et s'ouvrit. James et Benjamin rentrèrent, ils se retrouvèrent dans une vieille salle exiguë et confinée dont un pan de mur entier -un miroir sans teint, sans doute, pensa James- donnait sur une petite salle toute aussi exiguë et confinée mais disposant d'un pupitre et de deux chaises. Assis devant le pupitre, un homme à la silhouette élancée et au visage pâle se tenait. Il était richement vêtu d'habits noirs de l'ancienne mode mais dont les finitions et les boutons ou fermetures dorées ou argentées ne faisaient aucun doute sur la valeur du vêtement. Sur son visage, on pouvait distinguer un air hautain et ses cheveux d'un blond blanc étaient moins denses que lorsque son père lui avait montré une photo de lui lors de son procès après la guerre.
Mais malgré les signes de l'âge qui envahissaient son visage, James reconnut en Drago Malefoy le portrait craché de son fils, Scorpius, qui était de la même année qu'Albus, mais à Serpentard. Néanmoins, James n'arrivait pas à comprendre pourquoi Drago Malefoy souhaitait parler à Harry. Benjamin semblait être aussi déboussolé que James, mais il saisit une plume, un bloc-notes et lui expliqua qu'il était chargé de noter le déroulé de l'entretien qui serait lui aussi transmis au Magenmagot. Harry entra alors dans la salle et il sembla lui aussi surpris de voir son ancien rival de Poudlard installé devant le pupitre. Il se reprit en lui adressant un sourire crispé et lui tendit une main que Drago serra après un moment d'hésitation.
-Malefoy ! ça pour une surprise ...
-Ce qui est surtout surprenant, c'est d'avoir droit au même traitement que les criminels, la salle d'interrogatoire, les cachots, le miroir sans teint, ... le coupa Malefoy d'un ton glacial. -Je ne fais qu'appliquer les principes édictés par ton beau-père, lui répondit Harry du tac au tac.
James ouvrit la bouche en signe d'incompréhension :
-Son beau-père ? Greengrass ?
-Oui, répondit Benjamin d'un air sombre, Malefoy s'est marié avec la fille de Greengrass, il la courtisait pendant que le vieil Iggy préparait sa défense lors des procès. Quand les Malefoy ont été innocentés, l'amende qu'ils devaient payer était lourde, et tout le monde se félicitait de ne bientôt plus les voir se pavaner et exhiber leur fortune. Mais Drago, une fois innocenté, assurait son avenir en se mariant avec l'héritière de l'une des seules familles pouvant prétendre égaler la fortune des Malefoy.
James écouta d'un air dégoûté la réponse de Benjamin et se retourna vers son père et Malefoy qu'il voyait de l'autre côté du miroir.
-Mariage d'amour ? Tu parles ! lança Harper avec sarcasme.
Mais après avoir observé un instant Harry d'un air mauvais, décontenancé par sa pique sur son beau-père, Malefoy se reprit et demanda :
-Sommes-nous seuls ?
-Le vieil Iggy a été clair, c'est nous qui posons les questions. Mais je t'accorde la réponse à celle-ci, non, nous ne sommes pas seuls, deux Aurors relèvent le contenu de l'entretien pour le transmettre au Magenmagot, répondit calmement Harry.
-La mention de « vieil Iggy » y sera ? demanda Malefoy une once de mépris dans la voix. -Je pense qu'ils oublieront cette intervention puérile de la part de leur directeur, se reprit Harry avec un sourire et James aurait juré que les lèvres de Malefoy avaient également tressailli.
-Je veux que mon témoignage reste anonyme, c'est important, je ne veux pas que moi et ma famille soyons mêlés à ça.
-C'est ton droit, toujours grâce à cette sacro-sainte procédure. Alors maintenant, sois rassuré, sur nos rapports, tu seras Mr X., tu peux parler sans crainte. Tu étais ami avec Grégory Goyle, c'est bien ça ? *
-Oui, répondit Malefoy, enfin ... C'est plus compliqué que ça. Nous nous sommes perdus de vue pendant de longues années.
-Perdu de vue ?
-Oui, après Poudlard, enfin, après tout ça ... Tu vois ce que je veux dire. Goyle était devenu un vrai fanatique, « mon retournement de veste », comme ils disaient avec Crabbe, leur
avait moyennement plu.
-Mais Grégory Goyle n'a jamais été un Mangemort, contrairement à toi ... remarqua Harry.
Le Directeur des Aurors parlait d’un ton très calme, et pourtant, la façon dont il remettait Malefoy face à ses erreurs passées était terriblement glacial. Et cela faisait son effet. Malefoy devint écarlate, à l'expression de son visage, James ne put savoir s'il s'agissait de colère ou de honte, mais le Mangemort repenti en revint au sujet :
-Il comptait le devenir, il voulait te livrer à ... à ... à lui, pendant la bataille.
-Vous étiez trois à le vouloir, remarqua de nouveau Harry.
-Je connais moi aussi la procédure Potter ! s'exclama Malefoy hors de lui. J'ai déjà été jugé pour ça et innocenté, tu m'as même appuyé, tu avais témoigné !
-Je suis désolé, mais j'ai du mal à comprendre en quoi Goyle était plus mauvais que toi à cette époque. Enfin, je ne vois pas la raison de votre rupture, dit-il en accentuant le dernier mot ironiquement.
-Goyle voulait ma place auprès des Mangemorts alors que je n'en voulais plus. Quand Tu-Sais-Qui a disparu, Goyle m'a tourné le dos, il a estimé que je n'avais pas servi correctement Tu-Sais-Qui et que ma famille y était pour beaucoup dans sa disparition. Il a ensuite vu sa famille se ruiner pour payer les amendes aux victimes, il a dû vivre dans une pauvre masure en forêt, pendant que moi, je me mariais et songeais à fonder une famille. J'avais des nouvelles de lui par sa cousine Elvire, qui le voyait régulièrement. Mais il ne voulait plus entendre parler de moi. Bien qu'au bout d'un certain temps, surtout après la mort de ses parents, il se soit mis à regretter ses positions et ses agissements.
-As-tu revu Goyle un jour ?
-Oui, il y a environ une semaine. Je sortais de mon bureau à Gringotts, où je travaille comme conseiller en placements financiers, et je devais faire un saut sur le Chemin de Traverse pour m'acheter des plumes, les gobelins sont très pingres en ce qui concerne le matériel de bureau, dit Malefoy en reprenant contenance et esquissant même un sourire à sa remarque sur les gobelins.
Harry hocha la tête et lui fit signe de continuer.
-J'ai alors vu Goyle, de loin, il était méconnaissable je ne l'avais pas reconnu au début, je ne l'avais jamais vu aussi maigre, alors je l'ai regardé et je l'ai interpellé. Il semblait paniqué lorsqu'il m'a entendu crier son nom et puis il m'a vu, il m'a reconnu et il m'a rejoint. Je l'ai invité à boire un verre dans un bar de l'Allée des Embrumes. Il semblait pressé et j'avais l'impression qu'il ne voulait pas être vu en public. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas, et après avoir insisté, il a fini par me le dire. Il m'a avoué que depuis peu, il était suivi par des hommes en blanc. James et Benjamin s'approchèrent un peu plus du miroir, ne voulant pas perdre une miette de ce que dirait Malefoy.
-Je pensais qu'il devenait fou, continua Malefoy. Il m'a dit que pour leur échapper, il comptait trouver du Polynectar en quantité suffisante, prendre l'apparence d'un autre et s'enfuir loin d'ici en prenant un Portoloin international. Il avait l'air sérieux. Alors je lui ai demandé qui étaient ces hommes en blanc, il m'a dit qu'il n'en savait rien, ils venaient le voir toujours masqué. Ils avaient de grands projets, mais ils ne pouvaient pas lui dire quoi puisqu'il n'était pas encore des leurs. Ils venaient le voir régulièrement et se faisaient de plus en plus insistants. Il se doutait, d'après ce qu'il m'a dit, que l'organisation ressemblait aux Mangemorts. Mais il ne voulait plus être mêlé à des histoires pareilles. Il a alors refusé, et ils lui ont ramené le chef de l'organisation qui lui, avait présenté sa vraie identité. Il s'agirait d'un certain Marek Shafiq.
-Marek Shafiq ? demanda Harry, ne connaissant visiblement pas ce nom.
James était tout aussi perdu que son père, seul Benjamin réfléchissait à grande vitesse. Il marmonnait :
-Déjà entendu ce nom, mais où ?
-Pas étonnant que tu ne le connaisses pas, la famille est sensée s’être éteinte après la première guerre. C'était une famille de Mangemorts, le plus important d'entre eux, Tarik Shafiq était un fidèle bras-droit de Tu-Sais-Qui. Il était présent, entre autres, lors de l'attaque du Manoir McKinnon et de la mort des Frères Prewett. C'était un destructeur, et son nom faisait presque autant trembler que celui de Tu-Sais-Qui. Mais ce qui est étrange, c'est que Tarik Shafiq était le dernier de sa lignée, une lignée de Sang-Pur très noble. Lui et son épouse n'avaient pas d'enfants et Tarek Shafiq a été tué par un Auror alors qu'il tentait de fuir. Le dernier Shafiq était alors mort.
-Alors comment un Shafiq pourrait réapparaître, puisque nous parlons d’un certain Marek ? -Là est la question, Goyle ne lui a pas demandé, il n'a jamais été très vif d'esprit et il n'a pas fait le rapprochement entre lui et le terrifiant bras-droit de Tu-Sais-Qui, répondit simplement Malefoy. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il cherche en ce moment même des serviteurs au sein des héritiers des familles de Sang-Pur, mais j'ignore dans quel but. Il semble être ambitieux et on a vu qu'il était prêt à tout pour arriver à ses fins. Il faut les protéger. Goyle a été tué parce qu'il refusait son offre, il ne voulait plus être mêlé à ça.
-Ce n'est quand même pas très malin de leur part, ils auraient pu se faire plus discrets pour commencer. Sont-ils venus te voir à toi Malefoy ? demanda Harry.
-Non, et je ne pense pas qu'ils viendront, mon nom de famille a désormais la même résonnance que celui des Weasley dans leur milieu.
Harry le regarda d'un air las, pendant que James voulait traverser le miroir pour gifler ce crétin de Malefoy.
-Tu n'as pas renouvelé ton stock de blagues Malefoy, c'est fâcheux, on m'avait dit que tu étais devenu presque fréquentable.
Malefoy ne releva pas la remarque d'Harry et continua :
-Si je peux me permettre un conseil, je te dirais d'envoyer des enquêteurs en Egypte. L'épouse de Tarik Shafiq était allée vivre au Caire après la mort de son époux. Si un héritier de Shafiq existe vraiment, c'est bien de là-bas qu'il doit venir, la question est de savoir, comment ?
-Merci, mais nous autres ici, savons comment faire notre travail. Maintenant, permets-moi, à mon tour, de te donner un conseil, tu as pris d'énormes risques en venant nous dire ce que tu savais. Et je t'en remercie. Ce que tu m'as dit m'inquiète fortement et cela rappelle une certaine époque sombre. Je t'annonce que toi et toutes les autres familles liées de près ou de loin à Voldemort par le passé seront placées sous protection. Ne commets pas d'imprudences avec ces hommes en blanc s’ils venaient à t’approcher. Et pour ceux qui seront là pour assurer ta protection, ce sera positif, la Brigade de Police Magique se fera un plaisir de lécher les bottes au gendre de leur patron.
-Merci, Potter ! remercia simplement Malefoy.
-Il y a autre chose, Drago … reprit Harry.
James fut étonné, pour la première fois, Harry appelait l’ancien Mangemort par son prénom. Celui-ci lui fit signe qu’il l’écoutait, et Harry continua :
-Est-ce que … ton beau-père a été mis au courant ?
-Je sais que votre relation est … tumultueuse … Je lui ai simplement dit que j’avais la certitude que les affaires étaient liées à la magie noire. Ce qui explique qu’il vous ait laissé enquêter. Mais, à vrai dire, j’attendais de connaître ta position …
-C’est noble de ta part … remarqua Harry. Je pense que tu peux lui en témoigner directement, oui. Cela nous économisera de mobiliser des enquêteurs sur les sympathisants du Parti de Finch-Fletchley.
Sans tenir compte de l’expression de révulsion de Malefoy lorsque Harry prononça le nom de Finch-Fletchley, Harry remercia de nouveau Malefoy pour son témoignage et le raccompagna vers la sortie. Les deux hommes se serrèrent une nouvelle fois la main, et Malefoy marmonna un bref : “Merci, Harry …” avant de prendre congé. Benjamin, de l’autre côté du miroir, terminait de retranscrire le résumé du compte-rendu et ricana, plus pour lui-même :
-Qui l’aurait cru ? Potter et Malefoy qui coopèrent …