James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 6 : Langue de Plomb et deuxième tête

6352 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/01/2024 23:56

James observa Benjamin. Après avoir prononcé cette phrase, l'Auror s'était tu, son regard perplexe fixant le vide.




James ne savait quoi penser de l'entretien. Le nom du supposé chef du groupuscule de mages noirs ne lui disait rien. Beaucoup de noms de famille parmi les sorciers revenaient. Après tout, c'était une petite communauté. Il n'était pas rare que lorsqu'on lui parlait d'une nouvelle personne, il lui était facile de faire le rapprochement avec un élève de Poudlard, un enseignant, ou voire même une carte de Chocogrenouille. Mais dans ce cas-là, il n'avait jamais entendu le nom de Shafiq. Peut-être pourrait-il demander à Hugo, qui se vantait de posséder la quasi-totalité des innombrables cartes de Chocogrenouille, à quoi s'attendre avec le nom Shafiq.




James fut sorti de ses pensées par le cliquetis signalant l'ouverture de la salle d'observation d'interrogatoire, où il se trouvait avec Harper. C'était Harry, il venait vraisemblablement de donner congé à Malefoy et il observait désormais son fils et son collègue d'un air grave.




-Décidément, Malefoy vient de faire considérablement avancer l'enquête. Il est désormais acquis que nous devons nous focaliser sur la piste des nostalgiques du régime de Voldemort. Et plus encore, nous devons retrouver ce Shafiq, lança-t-il.




Benjamin acquiesça.




-Harry, peut-être faudrait-t-il rappeler les groupes d'Auror qui sont sur des pistes qui ne nous intéressent plus. Peut-être même devrions-nous en laisser certains se reposer, je sens que les jours à venir vont être éprouvants. Shafiq, tu n'imagines même pas ce que ce nom représente chez ceux qui ont connu la première guerre ! avança Benjamin en baillant.




-Tu as raison, mais je vais rester ici pour la nuit, je dormirai une heure ou deux dans mon bureau. James ? Nancy, Lily, Albus et ta mère doivent se faire un sang d'encre. Je te laisse retourner à la maison. Dis leur que tout va bien, mais tu ne pourras pas trop en dire sur l’enquête en cours …




Harry retroussa ses manches, et d’un geste sec, il pointe sa baguette en bois de houx sur le visage de James.




-Qu’est ce que ? s’indigna James, surpris.




-Je t’ai soumis à un sortilège de Langue-de-Plomb. Même si tu souhaites répondre aux questions de la tribu à la maison, tu en seras incapable. Benjamin ? Tu devrais aller dormir toi aussi, demain matin à la première heure, je te veux sur le pied de guerre.




Les deux hochèrent la tête en signe d'acceptation et entreprirent de quitter la salle.




-James, interpella Harry dans son dos. Tu as eu une nuit et une journée intenses. N'hésites pas à rester au lit demain matin. Nous allons passer la matinée à débattre sur la tournure à donner à l'enquête, et surtout, je vais rédiger les formulaires ce soir, voire même toute la nuit pour que Greengrass nous donne tout le champ de compétences nécessaire pour l'enquête. Il viendra au Bureau demain matin et nous allons passer du temps à essayer de le convaincre. Je passerai te récupérer à la maison quand tout sera bouclé, j'en profiterai pour déjeuner avec vous et je t'expliquerai ce qui aura été décidé demain. Bonne nuit James, embrasse tout le monde pour moi.




Bien qu'il souhaitait rester avec son père, discuter encore et encore de ce qu'il avait entendu de l'interrogatoire, bien qu'il voulait plus que tout courir au département des archives pour effectuer toutes les recherches possibles sur Shafiq, James dut se résoudre à écouter son père. Voilà bientôt quarante-huit heures qu'il n'avait pas dormi, sa nuque était raide, ses paupières se fermaient d'elles même dès qu'il restait inactif et il avait de plus en plus l'impression que les pièces dans lesquelles ils se trouvaient n'avaient pas des murs « d'équerre » et que ceux-ci semblaient se refermer sur lui. Inquiet et conscient de ses impressions, il admit qu'il était bien trop fatigué et se retira vers l'atrium du Ministère, talonnant Benjamin Harper.




Il était vingt heures et le grand hall était quasiment désert. Seul le sorcier de garde à la loge des concierges était présent, il avait les yeux rivés sur un livre à la couverture vert criard. Il leva les yeux vers James et Harper et ne répondit pas au signe de tête poli que le jeune Potter lui avait adressé.




-A homme aigri, job aigri, ricana Harper en voyant que le salut de James était resté sans réponse.




Puis ils se dirigèrent chacun vers une des cheminées de l'atrium, James jeta une pincée de Poudre de Cheminette dans la sienneet prononça d'une voix claire : « 12 Square Grimmaurd ». Il atterrit dans la cuisine, à son grand bonheur,il vit que sa famille et Nancy étaient installés à table dans la salle à manger voisine et ils attaquaient le déssert : des tartelettes au citron confectionnées par Cosy, leur elfe. Le ventre de James gargouilla de plus belle à la vue des desserts toujours excellents de leur fidèle serviteur.




Lorsque les flammes vertes disparurent de la cheminée, toute la famille sursauta et leurs regards pointèrent tous en même temps sur James. Lorsque sa sœur Lily, ouvrit la bouche en premier pour bombarder James de questions, celui-ci la coupa avant même qu'elle ne commence.




-Bonjour à tous, moi aussi je suis content de vous voir. Mais ne m'en voulez pas, je suis super fatigué et je meurs de faim, alors laissez-moi m'installer et me restaurer avant de m'inonder de questions.




Il agrémenta sa requête d'un sourire aimable, Lily leva les yeux au ciel, mais Albus, Ginny et Nancy lui répondirent par un signe de tête approbateur.




-Je suis quand même heureuse de voir que tout va bien pour toi, lui souffla Ginny en lui serrant l'avant-bras. J’allais justement envoyer Cosy vous emmener de quoi dîner décemment à ton père et toi. D'ailleurs il n'est pas avec toi ?




James prit le temps de répondre, il avait la bouche remplie de tartelette au citron (il n'avait même pas pris la peine d’attendre que Cosy lui apporte du plat chaud, il s'était jeté sur les tartelettes et les enfournaient une à une dans sa bouche sous le regard écoeuré de Nancy et Lily). Après avoir dégluti, il répondit à sa mère :




-Comme tu te doutes, il a énormément de travail au bureau. Il ne rentrera sûrement pas cette nuit. Il dormira une ou deux heures dans son bureau. Il viendra me chercher pour aller au bureau demain en fin de matinée, il compte prendre le petit déjeuner avec nous tous.




-Vers quelle heure viendra-t-il ? demanda Albus.


-Voilà qu'il va falloir se lever tôt pour voir notre père ! s'indigna Lily.


-J'en sais rien, en tout cas, vous avez intérêt d'être levés. Greengrass n'arrête pas de venir nous rendre des petites visites au bureau. Papa est sur les nerfs, ça lui fera du bien de tous nous voir.




Ginny acquiesça, visualisant instantanément l’état émotionnel dans lequel devait se trouver son époux, elle pointa sa baguette sur l'horloge de la cuisine, marmonna des formules incompréhensibles et annonça :




-Voilà, l'horloge est réglée sur huit heures. Lily, tu pourras en profiter pour ranger ta chambre maintenant que Laurie et Hugo sont partis. C'est dingue le bazar que vous avez mis là-dedans. Même tarif pour toi, Albus. J'ai refusé d'envoyer Cosy pour nettoyer ta chambre pendant ton escapade à Paris avec Grand-Père. Elle a l'odeur d'une habitation de troll, et on dirait que tu as essayé d’y élever des Grapcornes. Tout est sens dessus-dessous.


-Tu exagères ... chuchota sous cape Albus en esquissant un vague sourire coupable.




Ginny ajouta :




-James, Nancy chérie, la sonnerie ne retentira pas dans vos chambres respectives (elle accentua bien ces trois derniers mots), je viendrai vous réveiller quand Harry arrivera.




James continuait d'ingurgiter à grande vitesse les tartelettes au citron, bientôt le plateau était vide et il eut l'impression que le reste de sa famille n'avait que très peu touché aux desserts. Il ne put s'empêcher de remarquer que l'avantage d'être Auror, c'est qu'il pouvait manger ce qu'il souhaitait sans que sa mère ne lui fasse de remarques désobligeantes, et surtout, il pouvait désormais éviter à loisir toutes les questions qu'il souhaitait. Bizarrement (Ginny avait dû les briefer, et il n’eut même pas besoin d’expliquer qu’il avait été soumis au sortilège de Langue-de-Plomb), personne ne posa de questions sur son premier jour de stage.




En fait, Albus venait de rentrer de son escapade à Paris avec Grand-Père Weasley, et James préféra lui demander comment ça c'était passé.




-Paris est une ville magnifique ! s'exclamait Albus. Il y a le côté Moldu, d'abord. Je n'ai jamais vu autant de bâtiments historiques, de musées, de mémoriaux rassemblés en un seul lieu. Il y a aussi bien des bâtiments de la Renaissance, que des constructions modernes et audacieuses. On a passé une après-midi avec Grand-Père à observer le bâtiment de la fondation Louis Vuitton. Grand-Père est persuadé qu'il tient par magie.


-Etes-vous au moins allés visiter du côté sorcier ? demanda Ginny d'un ton moqueur.


-Oh oui, répondit vaguement Albus. Le quartier Sorcier de Paris vaut aussi le coup d'œil. Un peu glauque quand on n'a pas l'habitude. Il se situe dans les catacombes, mais il est vraiment immense. Mais vu qu'il a été rasé sous l'ère de Grindelwald, il y a peu d'éléments historiques. Globalement, le même type de boutiques que sur le Chemin de Traverse et de nombreux « bistrots » comme ils disent. Bon sang, ce que les français boivent !


-Tu n'as pas visité le laboratoire de Flamel dans les catacombes ? demanda Nancy visiblement très intéressée. On dit que la Pierre Philosophale y est toujours cachée !




Tous les Potter se regardèrent et éclatèrent de rire. Le visage de la jeune fille brune vira instantanément à l’écarlate au vu de leur réaction. Elle se renfrogna et leur lança :




-Ben quoi ? Tous les touristes vont là-bas pour essayer de la trouver !


-Nancy, ricana Lily, la Pierre Philosophale a été détruite à l'issue de la première année de mon père. Flamel avait demandé à Dumbledore de la cacher à Poudlard parce que Voldemort voulait la lui subtiliser pour pouvoir reprendre forme humaine. Malheureusement, mon père, mon oncle Ron et ma tante Hermionne se sont mis en travers de son chemin. Voldemort n'a pas récupéré la Pierre, il n'a pas pu reprendre forme humaine cette fois-là et la Pierre a été détruite sur conseil de Dumbledore.


-Et les responsables du musée qu'est devenu le laboratoire de Flamel font courir cette rumeur pour essayer d'appâter des touristes, continua Albus. Et pour répondre à ta question, non, on n'y est pas allés. C'était prévu dans notre programme, mais on a passé plus de temps que prévu au musée de l'aéronautique. Grand-Père a passé la journée à demander au guide de lui expliquer en détail le fonctionnement d'un avion.




Tout le monde ricana de l'anecdote, et Nancy, reprit d'un faux air bougon :




-Je n'étais pas au courant pour la Pierre. J'en apprendrai toujours un peu plus sur les exploits de votre famille.


-Toutes les familles de sorciers nous rappellent les exploits d'Harry en temps normal, remarqua Ginny. Certains les racontent même avec plus de précision que Harry. Les déformant affreusement au passage. Si tu posais directement la question à Harry, il soupirerait et balaierait le sujet de la Pierre en invoquant qu’il a eu énormément de chance et que Ron et Hermione ont fait tout le boulot pour l’aider. D’ailleurs, si tu ne connais pas cette histoire, c’est parce que tes parents sont Moldus, Nancy ?


-Moitié-moitié, répondit Nancy. Ma mère est sorcière, mais elle est française justement. Et mon père est Moldu. Il était en voyage d'affaires à Paris quand il a vu ma mère rentrer dans les catacombes. Il l'a suivi en pensant qu'elle avait perdu quelque chose et lui a proposé son aide. Ma mère ne parlait presque pas un mot d'anglais, et mon père presque pas un mot de français. Finalement, ils ont réussi à s'entendre et ma mère est venue vivre en Angleterre. Mais du coup, même si ma mère connaît les exploits de votre famille, elle ne les connaît pas avec autant de précision qu'une famille anglaise.




Ginny sourit à l'anecdote et se tourna vers James et prit un air grave :


-Je comprends mieux. Un Potter et une sang-mêlée, du pain béni pour vos agresseurs. J'étais morte d'inquiétude, heureusement, Nancy m'a rassurée quand elle a cheminé ici. Ton père nous a envoyé un Patronus aussi. Je suppose que ta première journée de stage a été consacrée à l'enquête sur cette agression.


-C'est pas faux, répondit James d'un ton mystérieux.




Tout le monde était à présent tourné vers lui et attendait d'en savoir plus. Lily sursautait sur sa chaise, Albus regardait James sans ciller, le front plissé, et l'air concentré, et Nancy pianotait machinalement un clavier imaginaire sur la table. Seule Ginny, adopta un air dégagé.




-L'air mystérieux des Aurors Potter, soupira-t-elle narquoisement. La question est donc, que peux-tu nous dire ?




James hésita. Il leva les yeux au plafond d'un air absent et réfléchit. Il ne voulait pas trop en dire, mais d'un autre côté, il voulait les rassurer et leur prouver que l'affaire avait avancé et serait probablement bouclée dans les jours qui viennent. Et après tout, s’il en disait trop, le sortilège de Langue-de-Plomb l’empêcherait d’aller plus loin.




-Déjà, je vous préviens, mais Papa m’a lancé un Sortilège de Langue-de-Plomb … Donc je vais essayer de vous dire ce qu’il s’est passé, mais si j’arrête mon discours, ne vous étonnez pas … Bien, donc après l'agression, tous les Aurors ont été envoyés sur le terrain pour étudier différentes pistes. Toutes les pistes possibles ont été épluchées, raconta James. Un groupe de jeunes voyous, les Pro Sang-Pur, ... Nancy a dû vous en parler. Vous savez que j'ai reconnu un des agresseurs.




Tout le monde hocha la tête.




-Donc, reprit James, avec Benjamin Harper nous avons rendu une visite à …




Mais il fut incapable de prolonger le récit de la visite de Flint dans son manoir, ni de leur rencontre avec l’elfe de maison.




-Désolé, marmonna James, en faisant fi de l’air profondément contrarié de Lily. Nous avons enquêté sur celui que j’ai reconnu … Les choses n’ont pas très bien tourné, mais Benjamin a fait en sorte que nous nous en sortions bien. Il a oublietté notre interlocuteur. Et dans le même temps, Papa nous demandait de revenir au Bureau en urgence.




James hésita de plus belle, étaient-ils au courant de la mort de Grégory Goyle ? Il savait qu'il leur ferait peur en disant que les hommes en blanc avaient fini par tuer. Il préféra rester vague alors que tout le monde buvait ses paroles.




-Et donc, branlebas de combat ! (Lily sursauta, excitée comme une puce) Une autre « agression » (il accentua le mot), venait d'avoir lieu dans une maison perdue dans la forêt. Les agresseurs avaient laissé des traces d'étoffe blanche. On a donc compris que c'était lié.


Vu que la cible était un sang pur (il calculait à présent chacun des mots qu'il employait) et que la magie noire a été employée, Greengrass nous a donné officiellement l'enquête, on n'avait aucun mandat officiel pour enquêter précédemment, mais il a demandé à ce qu'elle soit orienté sur les membres du « Collectif pour la Justice ».




James ne fit pas attention aux yeux ronds d'Albus et reprit :




-Avec Benjamin, j'ai passé la journée à faire des paperasses pour le Magenmagot.C’est d’ailleurs Tante Hermione qui a traité nos dossiers.


-Comment allait-elle ? demanda Ginny.


-Elle semblait fatiguée, mais plutôt positive. Elle préparait une audience exceptionnelle que donnait le Magenmagot à Norbert Dragonneau, l’arrière grand-père de Lorcan et Lysander.


-Wouah ! s’exclama Albus, tu sais si l’audience est publique ?


-J’en sais rien, répondit James, à la base, il voulait seulement s’entretenir avec le chef du Département des Créatures Magiques, mais il a ignoré tous ses courriers visiblement …


-Ce crétin, marmonna Ginny sous cape.


-Ses apparitions publiques sont extrêmement rares, ce qu’il a à dire doit être important, remarqua Nancy …


-Bref, Alb, tu peux prendre contact avec Rosie par cheminée, elle doit sûrement en savoir plus que moi, et si l’audience est publique, tu n’auras qu’à venir avec Papa et moi au Ministère demain matin.




Nancy affirma que s’il était possible d’assister à l’audience, elle aimerait beaucoup en être. La jeune Poufsouffle était d’ailleurs l’une des rares connaissances de James, avec la cousine Lucy, à avoir continué les Cours de Soins aux Créatures Magiques avec Hagrid en ASPIC. Tandis que Lily ne voyait pas d’objection à les accompagner à la condition qu’il ne faille pas se réveiller encore plutôt, Mais Ginny demanda à ce que James reprenne son récit.




-Oui, M’man, je reprends. A la fin de la journée, un informateur anonyme est venu. Il nous a expliqué qu'il savait des choses sur les agresseurs. On a désormais des noms et un mobile. L'enquête commencera vraiment demain. Papa prépare le compte rendu de l'interrogatoire de l'informateur et va tout faire pour que Greengrass nous laisse les pleins pouvoirs sur l'enquête. Je pense que c’est fort probable que l’enquête soit bouclée dans les jours qui viennent.




La famille Potter et Nancy hochaient la tête lentement, et semblaient se remémorer du récit pour mieux s'en souvenir, James en avait dit beaucoup, sans toutefois en dire trop et être bloqué par le sort de Langue-de-Plomb. Il était content de son récit. Mais ce fut Albus, qui brisa le silence et demanda lentement :




-L'autre agression ? Que s'est-il passé ?




Après tout, il devait tenter de dire la vérité et ils finiraient par savoir. Quand il fut décidé à parler, il vit que rien ne viendrait l’empêcher d’articuler. Cet élément n’était pas confidentiel.




-Ils l'ont tué. Grégory Goyle. Il était à Poudlard avec Papa. Sang Pur, Serpentard, et pro Voldemort.




Ginny parut horrifiée, Albus resta impassible et Lily et Nancy paraissaient contenir une certaine panique.




-Tu t'imagines qu'ils auraient pu faire de même avec vous deux ? remarqua Lily paniquée. -Mais ce n'est pas le cas, répondit Nancy. Ils l'ont dit eux même. Ils ne voulaient pas se faire remarquer et disaient ne pas être leurs ennemis. Ils voulaient juste nous oublietter. Et ce fut un échec. La mort de cet homme doit être leur deuxième. Vous connaissez le mobile donc ?


Mais James sourit tristement. Cette fois encore, il ne put ouvrir la bouche pour parler, une force magique lui retenant sa mâchoire. Alors, sans plus attendre, il se leva, souhaita bonne nuit à tout le monde et se dirigea vers sa chambre. Malgré son état de fatigue avancé, James ne dormait pas.




Les questions fusaient toujours dans sa tête à une vitesse inouie. « Qui pouvait être les partisans de Shafiq ? Flint était-il le seul élève de Poudlard à l'avoir rejoint ? Quel était leur projet ? Allaient-ils commettre d'autres meurtres ? » Il trembla à cette dernière idée. D'autant plus que sa famille, de par la fonction de son père et de son oncle au bureau des Aurors, et par le symbole anti magie noire que les Weasley, Potter et affiliés représentaient, serait sûrement dans les cibles privilégiées. Minuit approchait et James ne dormait toujours pas. D'un air coupable, il se dit qu'il aurait pu passer la soirée avec Nancy, mais il ne voulait pas discuter à nouveau de leur agression. Il savait que celle-ci avait choqué Nancy et il ne pouvait se résoudre à lui dire que tout comme elle, il ignorait pourquoi les hommes en blancs étaient là et pourquoi ils les avaient laissés partir. James changea une nouvelle fois de position dans son lit quand il sentit de la lumière pointer sur ses yeux clos. La porte de sa chambre venait de s'ouvrir, rapidement, il tâtonna sur sa table de nuit pour se saisir de sa baguette et la pointa vers les nouveaux venus.




-Du calme, vieil Auror parano, ce n'est que nous ! lança la voix d'Albus qui alluma la lumière au même moment d’un coup de baguette. En effet, Albus, Lily et Nancy se tenaient devant la porte. James soupira de soulagement, reposa sa baguette et se dit que, décidément, sa réaction avait été démesurée. Digne d'un ami de ses parents dont Harry parlait souvent. Un certain Maugrey Fol Œil.




-Devant M'man je veux bien que tu joues les mystérieux. Elle irait répéter à Papa que tu ne respectes pas le « secret professionnel », mais à nous, tu peux nous faire confiance ! Et un sort de Langue-de-Plomb, ça peut se contourner, commença Albus.




James réfléchit, tous les trois le regardaient avec un air déterminé, il dût saluer leur patience d'avoir attendu calmement minuit pour monter sans que Ginny ne se doute qu'ils iraient bombarder James de questions. Après tout, Albus et Lily étaient son petit frère et sa petite sœur. Toujours là pour lui dans les moments difficiles, Albus avait plusieurs fois joué de son rôle de préfet pour couvrir James lorsqu'il était dans de sales draps après une mauvaise blague ou une escapade nocturne. Lily avait envoyé une Beuglante lorsqu'en première année, Leroy Flint avait fait tomber James de son balai. Et Nancy avait vécu l'agression avec lui, elle avait fait preuve d'une hargne et d'un courage considérables pour faire face aux agresseurs en blanc. James hocha la tête en signe de défaite et décida qu’il essaierait de tout leur expliquer tout en détail. Notamment concernant l'entrevue de Harry avec Malefoy sur l'identité du chef du groupe.




-Si je veux parler de l’informateur anonyme, ma langue en est incapable … expliqua James.


-Le connait-on ? coupa Albus.




James leva le pouce pour indiquer que c’était le cas. Puis à tour de rôle, Lily, Nancy et Albus lui posaient des questions fermées. Albus était particulièrement doué pour resserrer le sujet. Il réussit à faire dire à James que l’informateur était de l’âge de Harry, de la maison Serpentard, ce qui lui fit trouver le nom de Drago Malefoy, qu’il ne connaissait que trop bien car son fils, Scorpius était de l’année d’Albus et Rose. Ils avaient d’ailleurs essayé d‘intégrer à leur binôme le jeune homme hautain, il fut un temps.




-Ok, donc Malefoy père avait des pistes pour le meurtre de Goyle, récapitula Albus. Avait-il des noms en tête ? A-t-il confirmé pour Flint ?




James leva le pouce pour la première question, il le baissa pour la seconde.




-Ok, est-ce qu’il a donné des noms connus ? demanda à son tour Lily, visiblement amusée par l’exercice.




James remua la main, comme pour signifier que c’était ni l’un, ni l’autre.




Albus mit beaucoup de temps à trouver le nom de Shafiq. Il dut citer tous les noms de famille de Sang-Pur qu’il avait trouvé dans la bibliothèque de la maison et qui contenait encore certains livres ayant appartenu à la famille Black.




-Croupton ?


James baissa le pouce.


-Bullstrode ?


Même réponse.


-Pas Shackelbolt tout de même ?


Pouce baissé.


-Shafiq ?


Pouce levé.




-C’est quand même dingue qu’un sortilège de Langue-de-Plomb soit si difficilement contourné, s’esclaffa James.


-Pas si étonnant que ça, réfléchit à voix haute Nancy. Le Professeur Hamish en avait parlé l’an dernier …


-Certainement, expliqua Albus. Le sortilège de Langue-de-Plomb a été inventé pour les fonctionnaires du Département des Mystères. L’idée n’était pas de les faire taire purement et simplement, il aurait fallu les oublietter chaque soir pour arriver à ce résultat. En fait, le sort sert plutôt à informer celui qui l’a subi que certains éléments ne doivent pas être répétés. Le lanceur fait appel au sens des responsabilités du receveur. Donc, un Shafiq est à l’origine des agressions …




Tous se mirent à réfléchir en silence. Une fois n'est pas coutume, ce fut Albus qui prit la parole en premier :




-Shafiq, ce nom-là me dit quelque chose. Je suis persuadé de l'avoir entendu autre part que dans le “Traité du Sang-Pur” de Teignous Nott, mais je n'arrive pas à me souvenir où et quand.




-D'après Benjamin, la personne porte le même nom qu’un ancien lieutenant de Voldemort très connu pour ses crimes pendant la première guerre. Mais il est sensé être mort sans descendance à la fin de la première mort de son maître.


-Peut-être qu'il s'agit d'un lointain cousin, suggéra Nancy.


-Ou de quelqu'un qui se fait passer pour son descendant en son hommage, proposa Lily, à son tour. Après tout, si c'était un Mangemort craint et respecté, peut-être qu'il a inspiré un fou furieux qui passait par là.




Les autres hochèrent la tête et gardèrent un air inquiet. Le reste de la conversation déboucha sur l'exposition de théories de plus en plus poussées sur les moyens qu'allaient mettre en place le Ministère.




-Peut-être qu'ils vont lancer les Détraqueurs à leur poursuite.


-Lily, les Détraqueurs ont été bouclés sur une île dont seul Kingsley connaît l'emplacement, et le Secret est bien mieux protégé qu’avec un sort de Langue-de-Plomb, persifla Albus. De plus, le Professeur Everett nous a montré qu'ils étaient liés de manière intrinsèque à la magie noire.


-Ce serait du suicide, complèta James.


-En tout cas, je préfère les savoir le plus loin possible, avoua Nancy.




Et c'est sur cette dernière phrase que tous se retirèrent, alertés par les bâillements de plus en plus réguliers de James. Albus sortit en dernier, il observa James et lui dit :




-Je trouverai où j'ai entendu parler du nom de Shafiq. Tu me donnes la permission de demander à Rosie ? Elle a toujours eu meilleure mémoire que moi.




James sourit à Albus et lui fit un signe de tête affirmatif. Rose était une jeune fille brillante, et sa loyauté était peut-être encore plus importante chez elle que chez tous les autres cousins Weasley. Il lui arrivait aussi de jouer de son rôle de Préfète pour tirer ses cousins d'un sale coup. Et James savait que dès qu'Albus lui poserait la question, Rose plongerait la tête dans ses livres jusqu'à avoir toutes les informations possibles sur la famille Shafiq. Albus commençait à sortir quand James lui lança :




-Si le Ministère ne veut plus d'Auror, on pourrait monter un cabinet privé avec tous les cousins Weasley.




Albus pouffa de l'idée, puis sortit de la chambre à pas feutrés. Le lendemain matin, Harry était arrivé au 12 Square Grimmaurd aux alentours de neuf heures. Ginny avait tenu sa promesse et n'avait pas réveillé James, mais les gloussements de Lily, toute heureuse de voir son père eurent raison du sommeil fragile de James. Celui-ci se réveilla, enfila ses chaussons et rejoignit sa famille dans la cuisine. Les yeux cernés, le teint pâle, Harry croquait à pleines dents dans un toast au bout de la table. Il sourit quand il vit James et s'adressa à lui sur un ton apaisant :


-Tu aurais pu dormir James, nous ne partirons pas tout de suite. Greengrass ne sera disponible qu’en fin de matinée pour nous attribuer officiellement l’enquête. Il doit assister à l’audience du Magenmagot d’abord.


-J'étais réveillé, mentit James. Du coup, le vieil Iggy n’a encore rien validé ?


-Seulement verbalement, il doit encore me transmettre les mandats de perquisition et les accréditations, pour ces dernières, c’est si nous voulons accéder aux archives ou à Azkaban, répondit Harry avec un sourire. Ça a été difficile, mais ce matin à la première heure, il a eu droit à tous les formulaires de compte-rendu remplis. Ils étaient conformes à la virgule près.




James fit des yeux ronds, il savait que son père n'était pas très doué pour la paperasse, en temps normal.




-Je mentirai si je disais que je n'avais pas envoyé un Patronus désespéré à Hermione. C'est elle qui les a remplis, confia Harry avec un sourire gêné. Enfin passons, Iggy Greengrass s'est résigné. La piste des fanatiques Sang-Pur est la seule retenue grâce à notre témoin. Depuis ce matin, des enquêteurs prennent en filature les principaux sorciers susceptibles de rejoindre un groupe de nostalgiques de Voldemort, pour à la fois protéger, et surveiller.



James sourit face au progrès considérable que constituait ce point. Désormais, les Aurors étaient libres de mener l'enquête comme ils l'entendaient. Peut-être même qu'ils pourraient aller faire une perquisition chez Flint. James ignorait ce que Harry avait expliqué officiellement à la famille. Il n'osait pas demander pour Shafiq, peut-être que cela devait rester secret. Mais le Directeur du Bureau des Aurors sembla lire dans les pensées de son fils et il reprit :




-Nous enquêtons aussi sur leur leader présumé. Un certain Marek Shafiq.




De surprise, Ginny (qui était la seule à ne pas être au courant) renversa son verre de jus d'orange.




-Shafiq ? souffla-t-elle. Tu veux dire, comme Tarik Shafiq ?


-Le lien entre les deux hommes n'est pas prouvé, trancha Harry. Peut-être que ce n'est qu'un pseudonyme. En tous les cas, certains d'entre nous vont voyager, Valiant et Vale partent en Egypte. Là où la veuve de Tarik Shafiq a trouvé refuge à la fin de la première guerre.


-L'Egypte ? demanda Albus les yeux brillants. Le rêve ! il y a tellement de choses à voir là-bas. On devrait y aller un été. Pas vrai ?


-Ce ne sera pas une visite touristique, Albus. L'Egypte est aussi connue pour ses nombreux adeptes de la magie noire. Vale et Valiant seront au beau milieu de nos pires ennemis. Surtout qu'ils sont remontés après les anglais depuis que Ron a démantelé leur réseau d'exportation.




Les trois enfants Potter eurent un sourire satisfait, fiers du grand coup qu'avait frappé leur oncle.




-D'ailleurs, quand nous aurons les mandats et accréditations, tu feras équipe avec lui, aujourd'hui. Mais je t’en dirai plus en chemin. En attendant, l’audience de Norbert Dragonneau commence à dix heures trente. Qui d’autre qu’Al’ souhaite y assister ?




Nancy affirma son intention d’écouter le célèbre magizoologiste, Ginny trouva là une bonne occasion de croiser leur amie Luna, puis de se rendre au Ministère pour ensuite aller interroger des fonctionnaires des Jeux et Sports Magiques pour les nouvelles règles de sécurité à venir sur la Ligue professionnelle de Quidditch, James estima qu’il n’y avait pas d’inconvénient à écouter une voix qui comptait autant dans son milieu, et Lily, estimant qu’elle était désormais suffisamment réveillée accepta d’accompagner la tribu Potter à l’audience.




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Hermione Weasley-Granger se tenait déjà au pied de la Fontaine de la Fraternité Magique de l’atrium du Ministère quand la tribu Potter fit irruption. La haut-fonctionnaire s’était penchée pour écouter un très vieux sorcier installé sur un fauteuil roulant poussé par un homme de haute taille, aux cheveux auburns en bataille et vêtu d’un costume trois pièces d’une coupe qui devait sans doute être à la mode au siècle dernier. Rolf Dragonneau était accompagné de son épouse, Luna, marraine de Lily, qui avait troqué son collier en bouchons de Bièraubeurre contre un en perle un peu plus discret. A l’image de sa robe-tailleurs couleur bronze des plus sobres et distinguées, dénotant avec les tenues criardes dont elle s’affublait habituellement. Elle fut la première à apercevoir la tribu Potter et à s’avancer vers eux pour les saluer.




-Tu as un air de tête de droite, Harry, remarqua Luna en saluant l’Auror.


-Un air de quoi ? demanda Albus décontenancé.


-Et toi, tu as un air de tête du milieu, rajouta Lily hilare.


-Les trois têtes du Runespoor, expliqua Luna. Sa troisième tête est celle qui est toujours prête à bondir à la première menace. La seconde …


-Est toujours dans la lune, compléta Lily en souriant à sa marraine.


-Je sais ce qu’est un Runespoor ! Mais QUI utilise ces expressions ? s’indigna Albus


-Moi, je les utilise, souffla une voix derrière Luna.




Rolf s’affairait désormais à pivoter le fauteuil roulant de son grand-père, l’illustre Norbert Dragonneau. Le vieil homme installé sur son fauteuil, était vêtu d'un pardessus de laine bleu roi qui couvrait une chemise brune. Il avait ses jambes recouvertes par un plaid en laine aux motifs de la maison Poufsouffle, ce qui fit rayonner de fierté Nancy. Son visage était constellé d’un mélange de tâches de rousseurs et de rides si profondes qu’on avait l'impression que son visage était grêlé et constitué d'une couche de protection en toiles d’araignées. Ses yeux, voilés par la cataracte, étaient similaires à deux sphères blanches complètement opaques, tandis que sa chevelure, que James s'imaginait jadis similaire à celle auburn et en bataille de son petit-fils, n’était plus qu’un pauvre hamas de touffes argentées clairsemées ça et là autour de son crâne grêlé.




Harry s’approcha pour saluer le vénérable magizoologiste, et lui expliquer qu’il devait aussitôt prendre congé pour s’occuper des affaires du Bureau, et bien que Harry se soit suffisamment approché de lui pour que le vieil homme puisse ressentir sa présence et l’emplacement de son visage, il lui répondait d’une voix très basse, son regard d’aveugle fixé sur sa couverture jaune et noire.




-Albus Potter, sourit le vieil homme lorsque le cadet des Potter s’approcha de lui et s’annonça à haute-voix. Je suis heureux de vous rencontrer. Tina n’a pas trop perdu au niveau de la vue. Elle me lit encore vos lettres à vous et votre cousine Rose, c’est aussi elle qui me sert de plume pour vous répondre, désormais …




Il leva ses mains crispées de rhumatismes pour expliquer son propos et eut un léger sourire gêné.


-C’est l’un des effets secondaires d’un contact trop prolongé avec des Murlaps, rajouta le savant.




Il gardait la même posture, regard fixé sur sa couverture, et voix très basse, comme s’il n’était pas du tout à l’aise en société. Surtout quand il sentait tant de regards braqués sur lui.




-Rose n’est pas là, d’ailleurs ? demanda Ginny.


Hermione qui s’était approchée et avait fini de saluer les Potter lui répondit :




-Tu parles, elle a cheminé avec moi depuis six heures ce matin, elle est excitée comme une puce. Elle nous a déjà gardé des sièges dans la salle d’audience.


-Il va y avoir foule ?


-Hmmm, Nancy, c’est bien ça ? présuma Hermione. (elle baissa la voix) C’est l’été … Et rares sont ceux qui se déplacent encore pour … écouter un vieil homme parler de créatures dont pas grand monde se soucie … C’est bien dommage …




Et tandis que Hermione soupirait, James observait son frère. Il était littéralement pendu aux lèvres de Norbert Dragonneau. Il tâchait désormais de lui poser des questions sur les résultats des récentes tentatives de réintroduction du Vivet Doré dans les forêts françaises. C’était assez troublant de voir que, lorsqu’il parlait d’animaux fantastiques, le vénérable magizoologiste semblait soudain reprendre consistance. Il parlait toujours d’une voix très douce, mais sa nuque se redressait pour tenter de fixer son interlocuteur, et il semblait entamer une longue explication du processus et des résultats de l’opération.




Ils furent bientôt tous coupés dans leurs discussions par Hermione qui leur intima de se mettre en chemin pour l’audience, James put ainsi échapper à l’interrogatoire de Luna et Rolf, qui avaient, bien évidemment été informés de l’attaque sur James et Nancy, puis l’assassinat de Grégory Goyle, et voulaient connaître plus de détails.



Ainsi, ils se dirigèrent tous vers l’ascenseur qui les descendrait au neuvième niveau, celui qui accueillait le Département des Mystères et la salle d’audience du Magenmagot où le magizoologiste devait s’exprimer.

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