James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1

Chapitre 8 : Le baraquement

6024 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/01/2024 13:09

La tour était encerclée en son sommet par d'épais nuages noirs. Aucune lumière ne semblait filtrer à travers ceux-ci. De ce que James pouvait apercevoir, les quelques arbres disposés autour n'avaient pas la moindre feuille, et, hormis le gris, aucune autre couleur ne semblait vouloir venir offrir ses contrastes en ce lieu désolé. Alfie ralentissait l'allure, afin de permettre à James d'admirer plus en détail l'île dévastée. 


L’édifice d’Azkaban occupait la majeure partie du sol immergé. Sur les flancs, et l’arrière du bâtiment, les murs semblaient même être stabilisés magiquement au-dessus des eaux, tant ils flirtaient dangereusement avec les flots déchaînés. Les vagues, sinistres rouleaux compresseurs venaient s’y abattre à un rythme effréné,déposant avec fracas, sel, écume, et coquillages sur les murs de pierre noire immaculés. La tour comportait de nombreuses ouvertures, minuscules, semblables aux meurtrières d’un château fort médiéval. Celles-ci se répartissaient sur neuf niveaux, si les yeux de James ne le trompaient pas. Et il ne put s’empêcher d’imaginer que les niveaux inférieurs devaient régulièrement être inondés au vu de la violence des vagues.


Le bateau avançait de plus en plus et James arrivait à distinguer la petite partie de terre immergée, à l’avant de la tour. Un baraquement métallique avait été installé entre deux miradors qui cerclaient le seul accès terrestre à la tour, et l’aspirant Auror put également distinguer qu’un grillage faisait le tour de l’île reliant le baraquement et les deux miradors, venant frôler la tour sur les côtés à fleur de mer avec, tout son long, de solides barbelés qui ornaient ce grillage. De plus loin, il aurait été impossible de distinguer la clôture, tant elle se confondait avec la noirceur de la pierre. Il vit également se dessiner des formes imposantes, au bas de la tour, masquées en partie par le baraquement qui lui faisait face, les formes jaunâtres, lui évoquaient des sortes de dunes imposantes. Probablement du sable ramené par le vent qui soufflait si fort. De chaque côté de ces dunes, et dans le champ laissé libre à sa vision, entre les miradors et le baraquement, il distinguait également des formes géométriques, minuscules en raison de la distance, et grises elles-aussi, elles dépassaient du sol dépourvu de la moindre végétation. 


-Les tombes des prisonniers dont personne n'a jamais réclamé le corps, pensa James. 


Le bateau approchait d'un embarcadère bancal, en bois, permettant d’accéder directement au baraquement. Quatre silhouettes se dressaient devant celui-ci et s’approchaient d’eux. James, se sentant épié, distingua également le sommet des miradors. Sur chacun des deux, un sorcier observait les nouveau venus en pointant leurs baguettes vers eux. 


-Les fameux gardiens d'Azkaban, expliqua Ron avec un sourire amer. Ils sont très ... chaleureux.


 Alfie s'attelait désormais à amarrer le bateau. Il stabilisa le bateau en bloquant une rame sur l'embarcadère. Ron descendit le premier et fit signe à James de le suivre. 


-Je reste dans le coin, annonça Alfie. Le temps est à la pêche. Je pense que je vais ferrer suffisamment pour pouvoir vous garder à dîner. Tu n'auras qu'à jeter des étincelles vers le ciel quand tu souhaiteras que je revienne, fiston. 


Et il leur adressa un dernier sourire aimable. Et James jura de nouveau que certaines de ses dents recommençaient à pourrir. Ron acquiesça d'un signe de tête, puis se tourna vers James. 


-Maintenant, sois très prudent James. Reste toujours très près de moi, et surtout, fais bien tout ce que les gardiens te demanderont de faire. 


Ron avait l'air stressé, ce qui était rare chez lui. Ceci contribua à rendre James de plus en plus anxieux. Son oncle, quant à lui, se dirigeait désormais vers les quatre gardes qui les attendaient sur le seuil du baraquement. Ils étaient tous vêtus du même uniforme. Une tunique entièrement noire constituée de bottes en cuir, d'un pantalon, d'un long manteau en fourrure, et un chapeau à large bord descendant très bas sur leur tête. Leur visage était lui complètement caché par un foulard anthracite remonté jusqu'à leur nez et par des lunettes noires à large monture entièrement opaques. L’un d’entre eux s’avança vers Ron. James restait en retrait, non loin du ponton de l’embarcadère.


-Noms, Prénoms, Motifs de la visite, énonça le garde d'une voix de Stentor. 

-Ronald Weasley, Auror et James Potter (il fit signe à James de venir à sa hauteur), apprenti Auror. Nous sommes ici pour interroger Bill Ethar, qui est emprisonné au Premier Niveau, si mes souvenirs sont exacts. 


Il se mit à tourner autour d'eux et à les observer attentivement de la tête aux pieds. 


-Pièces d'identité, demanda-t-il en tendant la main. 


Ron lui tendit sa baguette, le garde l'examina, puis sortit sa propre baguette qu'il pointa sur celle de Ron. Il murmura des paroles incompréhensibles, la baguette se mit à tournoyer dans ses mains, puis émettre des volutes de fumée multicolores. Sans le moindre signe positif ou négatif, il tendit la baguette à Ron. Puis fit de même avec celle de James. Après avoir de nouveau tourné autour d'eux, il énonça : 


-James Potter ne figure pas sur nos registres. Il n'a pas d'autorisation de laisser-passer. Et vous devez aviser de vos visites, quarante-huit heures à l’avance, ce n’est pas votre cas. Ronald Weasley. 

-Le Bureau des Aurors avait prévu, annonça Ron avec un léger ton narquois. J'ai une accréditation signée de la main de Iggy Greengrass, Directeur du Département de la Justice Magique. Nous pouvons accéder au détenu Ethar.


Le garde s'en saisit, l'observa quelques secondes, puis d'un coup de baguette magique la réduit en cendres. Ron prit une teinte écarlate, on voyait sa veine cogner contre sa tempe et sa main se crisper sur sa baguette. Selon James, il était évident que le garde venait de manquer de respect à Ron, mais avant tout, il voulait savoir pourquoi le garde s'était comporté de la sorte. 


-Le Commandement a été clair, Ronald Weasley, dit le garde. Pas d'autorisation d'entrée si elle n’est pas demandée à l’avance, même avec une accréditation, sauf en présence d'un haut-fonctionnaire du Ministère. Vous ne l’êtes pas, que je sache …

-Attendez, il y a urgence. Un meurtre a été perpétré et le prisonnier Ethar pourrait détenir des informations qui nous mettraient sur une piste … Ce n’était pas comme ça du temps …

-Où les Aurors supervisaient la garde de cette enceinte, coupa une voix rauque avec un accent d’Europe de l’Est.


Un autre gardien venait de sortir du baraquement métallique. L'homme était vêtu du même uniforme que ses collègues, les seules différences résidaient dans le fait qu’il ne portait ni lunettes, ni chapeau, ni foulard, et sur son épaule gauche étaient brodées des lanières de tissus dorées symbolisant sans doute ses galons. Il était beaucoup plus grand que les autres gardes et plus massif également. Il avait de longs cheveux bruns lui descendant jusqu'à la taille, un visage couvert de cicatrices, un nez en trompette, de grands yeux gris perçants et un collier de barbe encadrait sa mâchoire carrée. Il souriait d’un air froid en observant les deux Aurors.


-A chaque visite d’un Auror, nous y avons droit, continua-t-il. Néanmoins, nous sommes désormais tenus d’obéir au chef de la Brigade de Police Magique et le Commandant Smith a été très clair … Même avec une accréditation, un visiteur doit figurer sur nos registres, et s’annoncer quarante-huit heures à l’avance …Sauf si, bien sûr, Monsieur le Ministre ou un de ses collaborateurs directs venait en personne …


Ron se renfrogna, et observa tour à tour James et le chef des gardiens. Son regard venant de perdre toute détermination, il semblait encaisser le coup.


-Capitaine Manyabal, implora Ron. Interroger Bill Ethar est capital pour notre enquête … Il y a eu un meurtre …

-Et donc ? Vous pensez que Bill Ethar l’a commis ? Vous insinuez que nous ne faisons pas notre travail ! Nous nous relayons nuit et jour ici, nous renouvelons chaque jour les maléfices qui entourent l’île, nos sph …


Le Capitaine donnait l’impression de vouloir sauter à la gorge de Ron. Outré par ce qu’il croyait comprendre de l’affirmation de l’Auror.


-Non, Capitaine, tempéra Ron. Ce n’est pas ce que j’insinue, mais il semble que les suspects aient pu avoir été en affaire avec Ethar par le passé …

-Soit, mais nous avons pour consigne de ne laisser entrer personne. J’en suis navré, Weasley …

-Capitaine, tenta James. A aucun moment, Ron n’a précisé que nous souhaitions “entrer” … Nous souhaitons juste “interroger” Bill Ethar.

-Vous ne figurez pas sur mes registres, petit garçon …


Désormais, c’était James qui fulminait sur place, surveiller la prison des sorciers était certes une responsabilité, mais ce n’était pas non plus, selon lui, un prétexte pour être ainsi piqué de zèle.


-Non, James a raison, soutint Ron. Nous souhaitons juste interroger Ethar, que ce soit dans sa cellule, ou dans la mangeoire des … Enfin … Peu importe …


Le sorcier chargé de la surveillance d’Azkaban semblait jauger ses interlocuteurs à travers ses yeux gris. Après s’être passé la main sur son collier de barbe, il hocha la tête, fit un signe aux quatre autres gardiens et annonça :

-Sachez, Mr Weasley, qu’aucune ligne du protocole ne m’y oblige. Disons, que je suis nostalgique du temps où nous partagions le même pudding de fin d’année …

-Nous apprécions beaucoup travailler avec vous tous, dans le même service. Harry regrette d’ailleurs souvent cette période, affirma Ron d’une voix de fausset.


Et sans un mot, le Capitaine se retira dans le baraquement pour laisser le relais à ses quatre collègues.


-Si vous voulez bien me donner vos baguettes, lança l’un d’eux.


Ron s’exécuta, et fit signe à James de faire de même, puis, il leur fut indiqué de les suivre à l’intérieur du baraquement. Comme James s’y attendait, celui-ci avait été étendu magiquement à l’intérieur, d’aspect misérable et minuscule à l’extérieur, l’intérieur, quant à lui était composé d’un très long couloir tellement illuminé, que les dalles de marbre blanc en faisaient mal aux yeux de James tant la lumière s’y reflétait. Au loin, Manyabal était d’ailleurs en train de progresser vers une grande ouverture vitrée sur la tour, son cimetière, et ses dunes.


De chaque côté du couloir, des minuscules box avaient été aménagés, séparés par une mince cloison, et y accédant par une simple porte battante, des gardes, vêtus du même uniforme fixaient des sortes de morceaux de parchemin. disposés sur un pupitre.


-Tu n’as pas idée de ce qu’il y a sur ces parchemins ? lui murmura Ron avec un sourire complice.

-Des dossiers pour Greengrass ? tenta James, maintenant au fait des pratiques bureaucratiques du Ministère.


Mais Ron se contenta simplement d’éclater de rire.


Arrivés au centre du couloir, les gardiens qui les guidaient pivotèrent sur leur droite. Entrant dans une immense salle, dallée de marbre également et qui se prolongeait jusqu’au bout du couloir central, au milieu de la salle, une petite table ronde trônait. Sur le mur face à eux, un immense morceau de parchemin était accroché, affichant un plan de coupe de la tour. Mais ce n’était pas un plan ordinaire. Plusieurs dizaines de petits points étaient en mouvement sur les différents niveaux. Et une petite étiquette accompagnait chacun, avec le nom de celui ou celle qui était représenté par ce point.



-C’est une Carte du Maraudeur … murmura James.


Et Ron, qui entendit la remarque de son neveu, ne put s’empêcher d’éclater de rire.


-Ton père a beaucoup inspiré Kingsley, quand il a été question de remplacer les Détraqueurs. Il y a neuf box de gardes chacun ayant vue sur un plan de chacun des neuf niveaux de la tour. Et ici, au bureau principal, ils ont une vue d’ensemble. Et en effet, toute la surveillance repose sur les même sortilèges que la Carte …


L’un des quatre gardiens tapota d’ailleurs sur la carte affichée au mur, pour ne faire apparaître que le “Neuvième Niveau”, d’après la légende. James eut simplement le temps de voir un point immobile représentant “Dolorès Jane Ombrage” avant que l'un des trois autres gardiens ne jette un sort de fumée pour que les visiteurs n’aient pas accès aux informations de la prison. Ce qui permit à James de s’attarder sur le mur gauche de la pièce et de voir que le bureau principal disposait également d’une immense fenêtre donnant sur la tour, son cimetière, et son entrée. La silhouette de Manyabal se tenait désormais au pied des dunes, et, chose incompréhensible pour James, il jetait sur la plus massive des quatre une pluie d’étincelles rouges..


Mais avant que James n’ait pu poser la question, les trois autres gardes, longèrent l’écran de fumée, et se postèrent à la vitre.


-C’est toujours impressionnant, marmonna l’un d’eux.

-Mouais, c’est quand même pas pratique pour celui qui est de corvée des repas …

 


Et pour être impressionnant, ça l’était ! pensa James. Car la dune que Manyabal arrosait d’étincelles se mit à bouger, James commença par distinguer une patte, puis deux, puis une troisième et enfin une quatrième. Enfin, la créature, qui sûrement dormait, blottie en boule à l'entrée de la tour laissa sortir sa tête qui était auparavant lovée entre ses pattes avant. La créature avait en fait un corps de lion et une tête humaine. Jamais James ne pensait en voir un jour, tant ces animaux étaient rares et indomptables. Le Sphinx s'assit sur ses pattes arrière, poussa un hurlement guttural, résonnant sur toute la surface de l’île et qui entraîna le réveil des trois autres Sphinx qui dormaient en boule et ressemblaient jusqu’alors à des amas de sables. Ils contemplaient alors le Capitaine avec un air de détermination féroce. Le premier à s'être réveillé se lança dans une tirade, qui résonna comme si sa voix grave et gutturale venait des profondeurs de l’île :


-Mon premier a des plumes et pas de poils. 

Mon deuxième a des poils et pas de plumes. 

Mon troisième a des plumes et pas de poils. 

Mon quatrième a des poils et pas de plumes. 

Mon tout n'a ni plumes ni poils. 


James avait oublié que les Sphinx étaient avant tout des créatures férues d'énigmes. Peut-être après tout, que même Manyabal n'avait aucun contrôle sur eux, et, qu'en trouvant une réponse, il leur serait possible d'éviter un duel sanglant. Car, tel était le propre du Sphinx. Capable de rentrer dans une rage pouvant même terrasser un dragon. Mais la silhouette du gardien en chef agita de nouveau sa baguette et s'écria, avec, lui aussi une voix magiquement amplifiée : 


-Nous n'avons pas le temps pour des charades stupides, Noble Sphinx. En tant que chef de la prison d'Azkaban, je te demande à toi gardien des clefs, de nous donner accès à la tour et au premier niveau.


Celui-ci hocha la tête, ferma les yeux, les rouvrit, puis se mit à les cligner précipitamment. Au même moment, une chaîne en or apparut autour de son cou. Un trousseau d'immenses clefs en fer blanc faisait office de médaillon. La Sphinx agita la tête et deux clefs se détachèrent du collier et lévitèrent gracieusement vers Manyabal. Elles semblaient ouvragées, mais à une telle distance, James ne pouvait en distinguer les détails. Le Capitaine de la garde s’en saisit, et disparut après avoir ouvert l’immense porte en fer forgé que gardaient les Sphinx. 


Les gardes du bureau principal continuaient d’ignorer royalement Ron et James. Ils discutaient entre eux des heures de nuit mal payées ces derniers temps, du retard du Portoloin de relève, et des résultats du Quidditch.


Au bout d’un bon quart d’heure, James aperçut la porte de la tour se rouvrir, et une silhouette, ligotée par des liens magiques la franchit le premier en lévitant, tandis que Manyabal sur ses talons, le guidait en effectuant des gestes de chef d’orchestre.


Lorsqu’il fit pénétrer le prisonnier dans la salle, James put le détailler pendant que Manyabal levait son maléfice anti-transplanage. Il était vêtu d’une tenue noire et blanche rayée horizontalement et mangée aux mites. James constata que ses favoris châtains étaient parfaitement délimités au rasoir, sa houpe parfaitement fixée par de la laque, laissait apparaître un front bombé et prématurément ridé. Lorsqu’il aperçut Ron, il laissa découvrir ses dents blanches dans un rictus amer.


-Monsieur Weasley, je n'aurai jamais cru que vous viendriez m'apporter des oranges !

-Je suis désolé, Mr Ethar. Le poste de sécurité m'a confisqué vos oranges. Je me présente donc à vous les mains vides, ironisa Ron d'un air mauvais.


Et tandis que Bill Ethar observait désormais James d’un oeil interrogateur, Manyabal fit s’installer l’américain sur un siège autour de la table ronde, face à Ron et James, puis invoqua, d’un coup de baguette magique, un cercle de fumée garantissant la confidentialité de l’échange aux deux Aurors et au prisonnier.


-Serait-ce mon futur compagnon de cellule ? demanda l'américain en montrant James d'un signe de tête. 

-Oh pardon, je ne vous ai pas présentés, s'excusa Ron ironiquement. James Potter (et il insista bien sur le nom de famille), est ici pour sa formation d'Auror. Croyez-moi que nous tenons là un élément encore plus coriace que tout le reste de sa famille. 

-Dans ce cas, je devrais quitter l'Angleterre au plus vite à la fin de ma peine, répondit Ethar en conservant son air sournois et sarcastique que James commençait à sérieusement détester. 

 -Oui, continua Ron d'un air mauvais. Il vaut mieux pour vous, en effet. Pourquoi ne pas rejoindre l'Egypte ? Vous y avez sûrement de nombreux amis grâce à vos petites manigances. Un groupe de fanatiques égyptiens du nom de Rame Tep, si je ne m’abuse …

-D'après vos journaux, ici, en Angleterre, ils ont tous été arrêtés. 

-Donc vous confirmez que vous étiez amis ? demanda Ron en n'arrivant guère à masquer son air intéressé. 

-En réalité non, pas vraiment, confessa Ethar d'un air vague. 

-Pas vraiment ? répéta Ron, en lui faisant signe de continuer. 

-Tous mes interlocuteurs étaient masqués. La seule chose qui les intéressait chez moi, c'était la taille de mon porte-monnaie, on ne peut pas dire que j’ai eu avec eux des relations, autres que commerciales .... 

-Tout ce qui intéressait les Rame Tep était donc l'argent que vous leur fournissiez pour écouler leur stock de produits de magie noire. C'est bien ça ? reformula l'Auror. 

-Pourquoi venez-vous me poser ces questions maintenant, Mr Weasley ? Travaillez-vous pour le gouvernement égyptien désormais ? Les Rame Tep n’agissaient vraiment qu’en Egypte. Et d’après les correspondants de la Gazette du Sorcier, ils ont vraisemblablement tous été arrêtés.

-Cette affaire n'intéresse que le bureau des Aurors, Mr Ethar, et je ne pense pas qu'il soit dans votre intérêt de vous mettre les Aurors à dos. 

-Vous souvenez-vous de ce que je vous avais dit, à l'issue de mon procès, Mr Weasley ? demanda le prisonnier, un grand sourire plaqué sur son visage. 

-Quelque chose à propos d'atouts à garder dans sa manche, il me semble, répondit Ron, pensif. Et alors ? 

-Je vous avais aussi dit que je demeurais, un excellent négociateur. Dans quatre ans, quand je sortirai, ma fortune aura encore plus fructifié sans que je ne fasse rien. Je sais toujours où je dois placer mes billes. A qui je peux faire confiance ou non, ce que je dois concéder ou ne jamais céder dans une négociation.


Ron devint lentement livide, il jeta un coup d'œil paniqué à James puis à Ethar qui reprit son monologue d’un air plus déterminé que jamais. 


-Vous ne fermez pas votre esprit, Mr Weasley, annonça l'homme d'affaires d'un air encore plus mauvais. Et vous savez que désormais, c'est moi qui mène la négociation. Parce que maintenant, vous savez d'où viennent mes talents pour la chose. 

-Un légilimens, murmura Ron entre ses dents. 


James comprit instantanément. L'homme était si sûr de lui. C'était pourtant évident, voilà qu'il savait lire dans les pensées, sans doute devait-il savoir pour le meurtre de Goyle et pour Shafiq l'égyptien. 


-Donc à moi de reformuler, reprit le prisonnier. Il y a eu un meurtre récemment. Vous enquêtez dessus et apparemment vous vous demandez s'il n'y a pas un lien avec un de mes fournisseurs égyptiens. C'est bien ça ?


 Ron le fixa d'un air mauvais, sa main se crispant de plus en plus sur la table. Il semblait se poser un millier de questions en même temps, tandis que sa veine cognait très fort sur sa tempe. Lentement, il inspira un bon coup, puis hocha la tête d'un signe affirmatif.


 -Si je vous dis que je crois avoir un début de piste pour vous, est-ce que cela vous intéresse ? questionna le négociateur. 


Ron le fixait toujours sans ciller, et cette fois, il ne consentit même pas à hocher la tête. Et le prisonnier reprit aussi sec : 


-J'ai quelque chose qui vous intéresse, et vous avez quelque chose qui m'intéresse.Faisons du gagnant gagnant. Cinq ans de prison pour avoir simplement fait fructifier mes affaires, avouez que c'est cher payé. Je n’ai jamais été un aspirant mage noir. Vous le savez très bien … 

-Vous n'aurez rien, pas de ma part en tout cas, Ethar. 


Le détenu sourit de plus belle à l'écoute du ton catégorique de l'Auror. Il fit mine de réfléchir un instant, les yeux levés au plafond, puis il observa de nouveau son interlocuteur, et reprit la parole en faisant mine de fouiller dans sa mémoire.


 -Oui, j'avais souvent affaire à un drôle de type. Votre âge à peu près. Il parlait un anglais impeccable. Sans fioritures. Il me demandait souvent des numéros de la Gazette du Sorcier. Sans cesse, il voulait savoir comment cela se passait chez nous. La paix, la chute de Vous-Savez-Qui. La fin du règne des Sang-Pur, ce que valait vraiment Potter. Il disait que tout ça, c'était une belle mascarade. Que viendrait un jour, où les Sang-Pur reprendraient ce qui leur était acquis de droit. Je vous ai donné l’eau à la bouche, n’est-ce pas ?


Ron l'observait d'un œil avide,tandis que James sentit son cœur manquer un battement, sans doute tenaient-ils quelque chose, mais l’américain ne semblait pas vouloir le lâcher facilement. 


-Nous sommes coincés, reprit Ron d’un air exagérément défaitiste. Vous avez réussi à rendre vos renseignements indispensables pour nous. Combien en voulez-vous ? Une diminution de moitié de votre peine, c'est bien ça ? Vous avez déjà purgé un peu plus d’un an. Si on examine la bonne conduite, vous pourrez sortir d’ici l’été prochain ..


Le détenu l'observait désormais d'un air avide, ses grand yeux se plongèrent dans ceux de Ron, qui avait le front plissé de concentration, certainement pour enregistrer les informations déjà grapillées, et Ethar lui répondit instantanément dans l'affirmative. Sans avoir réussi à percevoir l'éclair de triomphe dans les yeux de Ron. 


-C'est donc ça ! s'exclama Ron. Vous vous fichez d'être ici, parce que vous avez investi la quasi-totalité de votre fortune juste avant le procès. Un montage financier sûr, qui vous rapportera le double de votre mise d'ici un an. Un excellent conseiller en placements, ce Drago Malefoy ! 


Au vu de l'air paniqué de l'homme d'affaires, James comprit que Ron avait visé juste. Et James ne put qu'être surpris par la soudaine perspicacité de son oncle. 


-Vous êtes un excellent légilimens, Mr Ethar. Mais vous êtes un bien piètre occlumens, remarqua Ron en adoptant le même ton amer qu'utilisait auparavant l'américain. Vous n'êtes pas sans savoir, que dans le cadre de condamnations pour acte de magie noire ou recel de produits de magie noire, et dans votre cas, nous pouvons tabler sur les deux. Le Ministère est en droit de confisquer les biens des condamnés. Et Mr Malefoy, qui voit sa famille menacée par votre ami l'égyptien, se fera un plaisir de nous montrer où vous avez caché votre fortune. 


Le détenu donnait désormais l'impression d'avoir avalé quelque chose de particulièrement volumineux et de l'avoir coincé au milieu de la gorge. Il déglutit avec difficulté et plaida : 


-Je n'ai jamais eu d'attrait particulier pour la magie noire. Vous devez comprendre que tout ce qui est interdit est rare. Et donc, ce qui est rare est cher. Je ne suis pas un mage noir, je suis simplement un négociateur, Mr Weasley. Tout ce qui m’intéressait dans les articles douteux, c’était leur capacité à m’enrichir. J’aurais pu tout aussi bien faire du commerce de Boursoufs, pour peu que cela se vende bien …


Désormais, il adoptait un ton presque implorant, toute amertume et ironie avaient à présent disparu. 


Ron menait désormais le dialogue, son air satisfait montrait que l'Auror le savait bien. Il reprit donc : 


-Vous connaissez peut-être des informations capitales sur un mage noir qui erre en Angleterre. Et un refus d'obtempérer vous coûterait bien plus cher que les cinq ans que vous purgez actuellement. De plus, vous venez d'utiliser la légilimancie, qui est interdite, sur un fonctionnaire du Ministère et vous avez caché votre argent en sachant que vous allez être condamné à de la prison et avoir des dettes à rembourser. Si vous me dites, tout ce que vous savez, je fermerai les yeux sur la légilimancie et l'argent caché. Et, si vos renseignements s'avèrent être de premier ordre, je m'engage également à réviser votre dossier. Alors, je vous écoute, Bill Ethar. 

-Bien, très bien, concéda le prisonnier. Parmi mes nombreux interlocuteurs, je vous l'ai dit, il y en avait un qui se démarquait des autres. Anglais parfait, intérêt pour notre société. 


Ron acquiesça d'un signe de tête et l'incita à continuer d'un geste de la main. 


-Il se fichait des Rame Tep, et n'était jamais très regardant sur le prix que je lui donnais pour sa marchandise. Vous savez, dans les années 2010, les Rame Tep étaient dangereux. Ils avaient manipulé les moldus de pays nord africains et avaient mené des guerres civiles un peu partout sur ces territoires. Leur idéologie première, c'était le chaos, bien sûr, leurs chefs se sont fait prendre un par un, et la nouvelle génération utilisait désormais ce nom si craint pour faire du profit et s'assurer une vie de rentier confortable. 

-Et lui dans tout ça ? demanda Ron. Savez-vous au moins son nom ? 

-Je vous ai dit qu'il était masqué, une robe noire avec un capuchon qui couvrait toute sa tête. Les Rame Tep cultivent, entre autres choses, le culte du secret. Mais il se fichait d’eux, on le sentait, enfin, JE le sentais grâce à mes dons. Je descendais les prix un maximum, il acceptait toujours en dénigrant ses supérieurs. Au fil de nos rencontres, il a fini par m'expliquer que les Rame Tep avaient oublié tous leurs idéaux et qu'il en était très déçu. Il se préparait à quitter le groupe et à "voler selon ses propres ailes", disait-il. C'est là qu'il a commencé à aborder le fait que les Sang-Pur étaient désormais des parias alors que des siècles durant, ils ont maintenu la société magique à flot pendant que les Moldus cherchaient à les mettre sur un bûcher. Il détestait les Moldus et les Sang-Mêlé. Moi-même, je ne lui ai jamais avoué que je suis né-Moldu, on ne sait jamais comment il l’aurait pris ... 

-Mais encore ? demanda Ron. Nombreux sont les sorciers à détester les Moldus. Mais pensez-vous que cet homme soit venu en Angleterre ? Et pourquoi l'Angleterre l'intéressait tant ? 

-Mon contact égyptien, reprit l'américain. Peut-être qu'après tout, il n'y est pour rien dans le meurtre pour lequel vous enquêtez. Peut-être qu'il a été arrêté avec les autres Rame Tep. Mais soyez surs d'une chose, c'est que quoi qu’il arrive, un jour, il viendra en Angleterre. 

-Et pourquoi devrions-nous en être si sûrs ? reprit l'Auror.

-Eh bien, figurez-vous qu'au détour d'une conversation. Mon homologue m'a expliqué que ses parents étaient anglais. Ils sont, certes, une vieille famille égyptienne, il prétend descendre de Ptolémée. Mais sa famille au Sang-Pur immigra en Angleterre au Moyen-Âge et ils y ont tous vécu jusqu’à ce que ses parents fassent le chemin inverse. Il m’a aussi soutenu que son nom de famille me ferait dresser les cheveux sur la tête tant celui-ci inspirait la crainte aux sorciers britanniques. Je lui ai dit que ça m'importait peu puisque j'étais américain et que j'étais arrivé à Londres après la chute de Vous-Savez-Qui. Mais j'ai jugé utile de le questionner un peu plus sur son intérêt pour l'Angleterre. Pourquoi vouloir y revenir alors que sa famille était désormais établi en Egypte ? C'est là qu'il m'a expliqué que lors de la Deuxième guerre des Sorciers, il était trop jeune pour voyager jusqu'en Angleterre. Et Vous-Savez-Qui est mort juste avant sa majorité. Il m'a raconté que sa famille avait toujours rêvé de le voir triompher et que lui, même s'il n'avait à l’époque que quinze ans, était plus que jamais prêt à l'aider. Alors il s'était engagé chez les Rame Tep, il a appris leurs techniques de combat, leurs moyens de semer le chaos. Et au moment où il me rencontrait pour affaires, il attendait patiemment dans l'ombre que son heure vienne. Car il me l'avait avoué, Vous-Savez-Qui n'était plus, certes, mais il lui demeurait un serviteur dévoué à sa cause et qui perpétuerait sa volonté. En plus de tout ça, il essayait de me questionner sur mes clients en Grande-Bretagne et Irlande, il me disait qu'il avait besoin de nostalgiques des anciennes coutumes, bien sûr, je ne lui disais rien … Secret professionnel. 


Perdu dans ses pensées, Ron fixa un instant dans le vide et James ne put s'empêcher de constater que nerveusement, ses sourcils tressaillaient à l'évocation de l'égyptien par le prisonnier américain. 


-Très bien, conclut Ron. Et vous ne savez rien d'autre sur lui ? Pourquoi avait-il migré en Egypte par exemple, enfin, ses parents ? 

-Oh, ça bien sûr, il ne me l'a pas dit. Mais il ne se méfiait pas de mes talents de légilimens. Son esprit s'ouvrait un peu plus chaque fois que je lui parlais de l'Angleterre. J'arrivais chaque fois à sonder son esprit un peu plus profondément. Je voyais un homme avec un long catogan brun et un bouc. Il lui manquait une main et il hurlait : «Je n'aurai jamais dû laisser John Dawlish me la prendre !». Dans un autre de ses souvenirs, l'homme expliquait : « Je suis trop diminué. Pour pouvoir fuir, j'ai dû y laisser une main, même le Seigneur des Ténèbres y a cru. Ce serait une erreur d'y retourner. Si un gars comme Fol Œil me retrouve, je n'ose pas imaginer ce qu'il ferait de moi, j'ai massacré des dizaines de ses petits protégés. Ce serait de la pure folie d'y retourner. ». C'est tout ce que je sais de lui, termina l'américain. 


Ron le remercia d'un air assez froid, et il interpella Manyabal à travers la brume. Celui-ci dissipa aussitôt les effets de son sort, ligota de nouveau Ethar, puis prit congé des Aurors pour raccompagner l’américain dans sa cellule. Ron et James, furent quant à eux escortés par l’un des autres gardes du bureau principal, il leur rendit leurs baguettes à l’entrée du baraquement. Arrivés au bord de l'eau, Ron jeta une pluie d'étincelles rouges dans le ciel ombragé. 


-Oncle Ron, que faut-il conclure de tout ça ? demanda James. 

-Que tout ce que nous craignions se confirme. Shafiq père semble avoir simulé sa propre mort, ensuite, il a fui en Egypte, et a fondé une famille. Et son rejeton, baigné, à la fois des idéaux de Voldemort, et des techniques de combat des Rame Tep, veut tenter de s’imposer ici. Il faut qu'Alfie se dépêche. Je sais que ça te fera une longue journée, mais il est primordial d’aller interroger Dawlish. C'est un ancien Auror complétement stupide et d'après Ethar, il y serait pour quelque chose dans le perte de la main de Shafiq père. 

-Dawlish ? Je n’ai jamais entendu parler de lui, remarqua James. 

-Il était Auror avant que ton père n’entre au Bureau, il était totalement incompétent. Chaque fois qu'il avait à intervenir quelque part, il se faisait laminer. Quand j'étais en cinquième année, Dumbledore l'a terrassé d'un seul coup. Puis en septième année, il était bien sûr complètement dévoué au nouveau Ministre fantoche contrôlé par Voldemort. Il a donc voulu obéir bêtement aux ordres en s'attaquant à la grand-mère de Neville. Depuis, il est complètement gaga. 

-Au fait, je ne savais pas que tu étais un légilimens, remarqua James. Tu as vraiment bien retourné la situation ! 


Ron sourit et agita une nouvelle fois sa baguette magique. Un Jack Russel Terrier argenté se manifesta, et Ron s'exclama : 


-Récoltés infos de la plus haute importance. Arrivons d'ici deux heures. Devons voir John Dawlish avant le dîner.

 

Il agita de nouveau sa baguette et le Patronus se rua vers l'horizon et disparut. Au même moment, du même horizon où avait disparu le chien argenté, surgissait la voile du frêle esquif d'Alfie qui s'approchait d'eux à toute vitesse.

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