James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1
Il était environ dix-sept heures quand James et Ron posèrent pied sur les docks de Liverpool. Alfie le dingue les avait gratifiés du même spectacle qu'à l'aller. Son pouvoir s'était accru au fil de leur progression en mer avant de redevenir le vieil homme édenté sur la terre ferme. Le vieil homme insista pour leur offrir une collation avant de partir, mais Ron refusa catégoriquement. Arguant du fait qu'ils étaient pressés et ils cheminèrent jusqu'au Ministère, mais c’est aussi sans doute la vision des asticots qui parsemaient le morceau de fromage qu’il leur proposait qui.fit fuir l’Auror et son stagiaire aussi hâtivement.
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En cette fin de journée, tous les fonctionnaires commençaient à cheminer vers l'extérieur du Ministère, tous, sauf les Aurors qui convergeaient vers le Bureau, à l'exception bien sûr de Vale et Valiant qui étaient toujours en mission en Egypte, afin d'enquêter sur le parcours de Shafiq au sein des Rame Tep. La réunion se tint dans un calme et une gravité extrême. Chacun détailla rapidement les faits et gestes des principaux sorciers observés. Les vieilles familles de Sang-Pur ayant eu des Mangemorts en leur sein, étaient suivies par des binômes d'Auror. Les Nott, Avery, Flint, Yaxley, Malefoy, Mulciber, Wilkes et Lestrange (la branche de Rabastan), entre autres, étaient étroitement surveillées. Bien évidemment, leurs membres les plus dangereux avaient été soit tués durant leur cavale, ou croupissaient encore dans les niveaux supérieurs d'Azkaban. Visiblement, chaque binôme était rentré de leurs rondes de filatures sans la moindre information croustillante, et durant une petite demie-heure, chacun se contenta de détailler que les Sang-Pur se faisaient discrets et menaient un train de vie tout à fait normal. Harry avait réussi à obtenir une surveillance permanente, en alternance avec la Police Magique. Il avait réussi à faire accepter à Greengrass que c'était avant tout pour protéger les familles sorcières, et l’irritable Directeur du Département de la Justice Magique avait accepté la requête, surtout en sachant que son propre gendre, Drago Malefoy pouvait lui même être approché par cet étrange groupuscule.
Alors que Steven Cornfoot, terminait d'expliquer que Leroy Flint était revenu au Manoir de ses Parents et qu'il avait passé la journée à s'atteler à l'entretien du jardin, ce fut au tour de Ron de se lever. Et, tout en marchant autour de la table ronde où étaient les Aurors, il détailla rapidement son entretien avec Bill Ethar. Il expliqua comment l'américain avait réussi à sonder l'esprit d'un de ses interlocuteurs égyptiens. Que celui-ci se montrait nostalgique de la dictature Sang-Pur et qu'il s'intéressait de plus en plus à l'Angleterre. Il expliqua qu'il irait dans la foulée avec James interroger Dawlish. Tous écoutaient avec gravité, dépit, voire stupeur. Comme s'ils n'osaient pas croire à l'ampleur des évènements. Certains, comme Dean Thomas ou Benjamin Harper affichaient une mine déconfite, d'autres comme Demelza Robins ou Douglas Fairbanks, le doyen du Bureau, affichaient un air à la fois sombre et déterminé. James les détailla un à un, la tension autour de la table était palpable, mais il savait que tous étaient prêts à affronter ce qui allait arriver. Il se doutait même que certains ressentaient comme un plaisir coupable de voir revenir un peu d'action dans leur vie professionnelle restée si longtemps monotone. Harry, après avoir marqué un long temps d’arrêt à la fin du compte-rendu de Ron, reprit la parole, en gardant un oeil sur ses notes.
-Donc, nous avons un groupuscule, visiblement pro Sang-Pur, mené par un certain Marek Shafiq. Fils de Tarik, supposément tué lors d’une intervention par l’ex-Auror John Dawlish. Shafiq fils, nostalgique de l’apogée de Voldemort, est revenu en Angleterre, il a essayé de rassembler des partisans. Grégory Goyle était ciblé. Mais l’entrevue a mal tourné. Il y a eu lutte. Le morceau d’étoffe et les traces de sang autres que celles de Goyle sur les lieux du crime, démontrent que Goyle s’est défendu. Dans le même temps, le groupe a forcé le domicile et la boutique de Guilhem Fortescue. Rien n’a été volé. Pour une raison inconnue, le groupe chargé du cambriolage est revenu sur les lieux du crime et est tombé sur James et son amie. Mais, ils n’ont pas été vindicatifs, et voulaient juste se faire oublier. Le réflexe de James d’user du transplanage d’escorte les a surpris.
Harry griffonnait des notes sur son parchemin, tout en détaillant le fil des évènements. Il continua :
-Pourquoi revenir chez Fortescue ? Avaient-ils oublié de vérifier quelque chose ? Est-ce que rien n’a vraiment été volé ? Est-ce que Fortescue ne gardait pas quelque chose en secret qui pouvait intéresser le groupe de Shafiq ? Et donc, en revenant, ils tombent sur James et sont surpris de son réflexe. Il fuit, et nous informe de l’existence d’un tel groupe. C’est leur première erreur.
Les autres Aurors approuvèrent l’hypothèse de leur directeur. Il s’éclaircit la gorge et but une gorgée de thé avant de reprendre :
-Ensuite, je ne pense pas que leur objectif premier soit de tuer Grégory Goyle. Ceux qui le connaissaient expliquaient qu’il était devenu extrêmement paranoïaque, et très mal en point d’un point de vue psychologique. Goyle a dû vouloir leur échapper quand ils sont venus le visiter. Il leur a sans doute jeté un sort en premier. Les mages noirs ont répliqué et la situation a dégénéré. C’était une bavure. Deuxième erreur. Reste qu’aujourd’hui, nous devons savoir ce que le groupe cherchait à faire chez Fortescue, j’assignerai des enquêteurs, il faudra éplucher les relations de Guilhem Fortescue, le questionner en ce sens, et perquisitionner son domicile s’il n’est pas coopératif. Et enfin, il faut d’urgence questionner John Dawlish. A l’origine de tout ça, nous devons savoir comment un Shafiq peut refaire surface.
Les autres Aurors approuvaient d’un signe de tête les premières conclusions de l’enquête, et les prochaines tâches qui leur seraient confiées. Ce fut Fairbanks qui se leva en premier et observa Harry et Ron d'un air grave.
-Si Potter me le permet, j'irai avec Weasley et Potter Junior (James sourit nerveusement à l'évocation de ce surnom, mais ne put s'empêcher de se sentir passablement irrité). J'ai travaillé plusieurs années avec John Dawlish. Même si j'ai toujours trouvé qu'il manquait de jugeote, je pense qu'il me respectait. Peut-être qu'il sera plus facile d'avoir les informations que nous souhaitons en m’intégrant dans l'équipe.
Harry approuva et Ron sourit aimablement à Fairbanks. Bien que James ne lui ait jamais vraiment parlé, tous les Aurors s'accordaient à dire que le doyen était d'excellente compagnie. Toujours en train de remotiver les jeunes et de raconter des bonnes blagues.
-Soit, reprit Harry. Vous autres, -il tourna la tête vers les Aurors toujours attablés-, les brigades de la Police Magique vous remplaceront en filature. Je vous communiquerai l'horaire de relève de garde sur vos Gallions. les Aurors avaient tous un Gallion relié à celui de Harry qui changeait les chiffres pour indiquer horaires et messages urgents, Harry pouvait ainsi communiquer avec eux de façon rapide et ultra-sécurisée, une idée reprise d'Hermione qui avait imaginé ce procédé pour l'Armée de Dumbledore, du temps de leurs études.
Depuis son arrivée à la tête du Bureau des Aurors, Harry avait également développé le moyen de communication via Miroirs à Double Sens, où il suffisait de prononcer le nom de l'interlocuteur voulu pour le voir apparaître. C'est l'oncle George, via sa boutique qui avait fabriqué et développé le produit, néanmoins, ce système n’était pas dénué de failles. Tout d’abord, il n’était pas pratique de communiquer une information collective, il était difficile de lier plusieurs miroirs dans une même communication. Mais surtout, il était facile d’intercepter la communication, en jetant un sortilège Protéiforme au miroir de la personne ciblée, ou en utilisant un troisième miroir, qui, par une série de sortilèges complexes, pouvait vampiriser la transmission. Ainsi, ce moyen demeurait une solution d’appoint, pour transmettre des informations non essentielles, le Patronus restant le meilleur moyen pour transmettre rapidement un message, notamment une localisation et une demande d’assistance.
-J'aurai simplement besoin de vous avoir vous, Coote et Robins, les « jeunots » du Bureau, annonça Harry, c'est à vous d'être de garde cette nuit. Je vous demande d'être sur le qui-vive si la Police Magique vous signale quoi que ce soit. Les deux Aurors hochèrent la tête. Bien qu'ils n'aient que quelques années de moins qu'Harry, c'était un fait que Robins et Coote étaient les derniers Aurors recrutés au Bureau. La vocation n'attirait plus vraiment, le Bureau était en sureffectif car tous les mages noirs étaient à Azkaban, puis Fawley et Greengrass avaient verrouillé tous les budgets.
-Peut-être finiront-ils par le regretter, songea James, pressentant une grande pagaille pour les jours, voire même les mois à venir.
Il se décida ensuite à suivre Fairbanks et Ron, ce dernier claquant la langue d'un air impatient, souhaitant interroger l’ancien Auror avant le dîner.
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Les trois Aurors venaient de transplaner depuis l'Atrium du Ministère vers le Devonshire, aux dires de Fairbanks. James, qui ignorait la destination exacte, s'était contenté de saisir le bras de son oncle. Ils arrivèrent au milieu d'un champ situé non loin de ce qui semblait être une station balnéaire Moldue. Les dernières lueurs du soleil d'août se reflétaient sur les façades nacrées des charmants pavillons disposés autour d'une petite crique. Ron et James suivirent Fairbanks qui se dirigeait vers ces habitations. A l'intérieur du village, on pouvait humer des bonnes odeurs de viande ou poissons grillés, signe que les autochtones allaient bientôt passer à table. Ça et là, on entendait des cris d'enfants qui jouaient dans les jardins des pavillons ainsi que d'autres voix, plus graves, mais tout autant enjouées qui laissaient entendre que de nombreux parents étaient réunis autour d'un apéritif convivial. Ils marchèrent jusqu'à l'opposé du village, et James sentit son ventre gargouiller avec intensité, réveillé par les bonnes odeurs de nourriture grillée. Le jeune Auror se demanda avec consternation, pourquoi ils ne pouvaient simplement pas transplaner directement devant la maison où ils devaient se rendre. Mais il se souvint instantanément de ses leçons de transplanage où on lui expliqua que chaque ville avait une aire d'arrivée conseillée pour les transplaneurs afin d'éviter d'être vus par des Moldus. Il se souvint également de son père lui expliquant que c'était également plus poli d'arriver paisiblement à pied chez les personnes que l'on souhaitait visiter, plutôt que de transplaner dans leur salon ou sur leur perron. Ils cheminèrent ainsi jusqu'à arriver devant une coquette maison attenante à une falaise.
Fairbanks s'approcha du Portillon, situé à côté d'une boîte aux lettres indiquant : DAWLISH John et Cynthia. D'un coup de baguette magique, le vieil Auror fit tinter la sonnette. Ils attendirent un petit moment avant qu'une femme assez âgée ne vienne à leur rencontre. Lorsqu'elle reconnut le vieil Auror au catogan roux, son visage ridé s'éclaira d'un sourire bienveillant :
-Douglas, quelle bonne surprise ! Vous venez rendre visite à John ? demanda-t-elle. Et vous avez emmené des amis ! Il en sera ravi.
-Cynthia, vous avez l'air en forme ! s'exclama Fairbanks. En effet, je viens ici avec Weasley, inutile de vous le présenter -elle serra avec bienveillance la main de Ron- et le jeune James Potter -à l'évocation du nom, ses yeux s'illuminèrent, et elle saisit la main que James lui tendit avec les deux siennes et lui adressa un sourire encore plus éclatant qu'aux autres-, les jeunes Aurors ont besoin de recevoir des conseils de ceux qui ont fait la gloire du service, expliqua Fairbanks d'un ton faussement enjoué.
Elle les invita à entrer et les fit s'installer à l'arrière de la maison, sur une terrasse à l'ombre de la falaise.
-John écrit ses mémoires actuellement, annonça-t-elle fièrement, je vais le chercher. Il est dans son bureau.
Lorsqu'elle se retira, James et Ron lancèrent en même temps de grands yeux ronds à Fairbanks. Celui-ci eut un sourire gêné et expliqua :
-Quand Voldemort est tombé, cet incapable était à Sainte-Mangouste, rendu zinzin par la vieille Londubat. La pauvre Cynthia était dévastée, en plus on voulait se débarrasser de ce crétin. Alors Kingsley a eu l'idée de le faire passer pour un héros, pour ne pas lui faire de peine, enfin, surtout à sa pauvre épouse. Kingsley a alors monté un char en racontant qu'après son arrestation de Shafiq Père pendant la Première guerre, Dawlish s'était rendu indispensable dans la Seconde guerre en protégeant Augusta Londubat, il a inventé une histoire abracadabrante où Dawlish l'avait en fait protégée de Mangemorts cachés dans sa maison au péril de sa vie. Alors, il a reçu un second Ordre de Merlin, le premier, pour Shafiq, était un Première Classe, le second, pour la pseudo histoire avec Londubat, était un Troisième classe qui sonnait comme un « Dernier de la classe ». Et ça a été moins difficile de le mettre à la retraite, conclut-il avec un sourire amer.
Cynthia Dawlish revint sur la terrasse, accompagnée d'un homme de grande taille, ayant un visage aussi ridé qu'elle et de grands yeux bleus, bien ronds, lui donnant un air perpétuellement surpris, rappelant en cela à James, sa tante Luna Lovegood. Le vieil homme passa une main ridée dans ses cheveux blancs clairsemés et salua aimablement ses hôtes. Il s'installa avec eux autour du salon de jardin, pendant que sa femme allait leur chercher des rafraîchissements.
-Comment vas-tu mon cher John ? demanda Dawlish avec un grand sourire.
-Oh, plutôt pas mal Doug', on profite avec Cynthia. Depuis qu'on s'est installés ici, l'air marin, le fait d'être éloigné du monde sorcier, c'est une deuxième jeunesse.
-Je peux te comprendre John, surtout après une carrière héroïque comme la tienne, continua Fairbanks en lançant un clin d'œil appuyé à l'Auror retraité.
-Oh tu sais bien, les gens en font souvent des caisses pour si peu. J'ai juste eu la chance d'être au bon endroit au bon moment, répondit Dawlish d'un air faussement modeste. Et puis, ça n'a pas que des avantages, une vie de combat. Depuis ma retraite, je suis un vrai étourdi. Quand Cynthia m'envoie chercher un litre de lait, je reviens systématiquement avec un litre de vin, et vice-versa. J'ai voulu passer mon permis de conduire Moldu, je ne suis même pas fichu de discerner ma droite de ma gauche. Du temps de l'apogée des mages noirs, les sorts qu'on recevait faisaient des dégâts, j’en paie le prix maintenant … Et vous alors ? Je n’ai pas l’impression que vous avez beaucoup de travail d’après les racontars. Rien à voir avec la grande époque, pas vrai Doug ?
-Je te le fais pas dire ! s'exclama Fairbanks d'un air narquois. C’était la grande époque, on avait de sacrés dégénérés à traquer, les Wilkes, Rosier, Lestrange … Shafiq ! C’étaient des durs à cuire.
-Justement Shafiq ! rebondit Dawlish. Celui-là, c’était une vraie saleté. Figures-toi que quand je te parle des séquelles de ma vie de combat, je pense que je dois une bonne moitié d’entre elle à celui-ci !
-Ah j’en doute pas John. Votre duel est mythique. Un Ordre de Merlin Première Classe, c’était un minimum pour ce que tu as accompli ce jour-là.
-J'écris actuellement mes mémoires d'Auror confirmé …
L’Auror retraité s’interrompit lorsqu’il entendit Ron ricaner nerveusement mais il réussit à dignement transformer son pouffement de rire en un hoquet. Dawlish continua donc son annonce :
-Vous seriez étonnés de savoir qu’un bon paquet d’éditeurs m’ont déjà fait de belles offres. Mais à chaque fois que j'essaie d'écrire le chapitre sur Shafiq, des éléments viennent toujours brouiller ma mémoire, des choses que j'oublie, d'autres qui s'ajoutent, certaines qui s'enlèvent. C'est vraiment inquiétant. Ma femme craint que je n'attrape une maladie Moldue. El Sheymer, quelque chose comme ça.
-Alzheimer, corrigea Ron du bout des dents.
-Oui, c'est ça. Son oncle, un Cracmol, -et James ne put que remarquer le ton dédaigneux que l'Auror zinzin avait employé- l'avait eu. Le pauvre homme, il était persuadé que Churchill était encore Premier Ministre côté Moldu.
-Je ne m'y connais pas assez en maladie Moldue, reprit Fairbanks, mais je peux sûrement t'aider pour ... hum ... L'écriture de tes mémoires.
-Ah oui ? Vraiment ? Mais tu n'étais pas là toi, si ?
-Non, j'étais à Sainte-Mangouste, ce foutu Evan Rosier m'avait fichu une raclée avant que Fol Œil ne se charge de lui. Mais au Bureau, nous avons une Pensine, peut-être que si tu nous donnais ton souvenir, Harry Potter, lui-même pourrait le consulter. Tu sais bien, toute l'admiration qu'il a pour toi. Peut-être même qu'il pourrait écrire lui-même le chapitre sur ton arrestation. Un chapitre écrit par Potter, ça t'assurerait un joli best-seller, tu ne penses pas John ? lança Fairbanks avec un clin d'œil complice.
-Tu n'es pas sérieux Doug' ? Harry Potter ferait ça ?
Dawlish jubilait à présent, ses yeux bleus lançaient des éclairs avides, conscient d'être sur une très bonne affaire. Immédiatement, il s'empressa de saisir sa baguette, la pointa sur sa tête et il sembla se concentrer un moment sur quelque chose, puis, un mince filament argenté sortit de sa tempe.
-J'ai un flacon, s'empressa d'annoncer Ron en sortant un petit récipient vide de la poche intérieure de sa cape.
Dawlish s'en saisit et inséra minutieusement le filament argenté dans le flacon. James, qui avait eu l'occasion de voir un de ces souvenirs en flacon durant un cours de Défense Contre les Forces du Mal portant sur les sortilèges de modification de la mémoire remarqua que celui-ci n'avait pas la même consistance que celui que le Professeur Everett leur avait montré. En effet, le souvenir de Dawlish avait une couleur moins étincelante que celui vu en classe. De plus, il semblait également que le liquide se mouvait dans le flacon, comme s'il essayait d’en sortir. L'Auror retraité n'en tint pas compte et tendit le flacon à Ron, en le remerciant aimablement. Fairbanks s'empressa de vider son verre de Whisky Pur-Feu, se leva et lança d'un ton énergique :
-C'est pas tout, mais on a du travail. Merci de nous avoir reçu John, on passe te revoir bientôt.
Et il invita les deux autres Aurors à le suivre, ils passèrent saluer la femme de John, puis se hâtèrent de sortir de la résidence.
-Quel crétin, murmura Fairbanks, tout en marchant.
-Il ne s'est douté de rien, et il croit vraiment que Harry va contribuer à ses stupides mémoires alors qu'il détestait l'Auror zélé qu'il était, s'esclaffa Ron. Joli coup, Douglas !
-J'en reviens pas qu'il ait mordu comme ça, rajouta James.
Les trois s'esclaffèrent et se hâtèrent de revenir au pas de course vers le champ où ils avaient transplané.
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-Potter, sors la Pensine !
Les trois avaient fait irruption dans le bureau du chef des Aurors qui rédigeait un rapport. Celui-ci leva la tête d'un air surpris et à la vue de leur air pressé, se résigna à donner un coup de baguette vers son placard. Il en sortit une bassine peu profonde en pierre qui vint se poser sur la petite table située à côté du bureau. Les quatre se mirent autour, et regardèrent Ron verser minutieusement le souvenir dans la bassine. Harry fit tournoyer la substance de sa baguette et ils penchèrent leur tête au-dessus de la Pensine.
Un homme d'environ une trentaine d'années était assoupi sur un banc en face de la gare de King's Cross. L'homme était vêtu de lunettes noires, d'un imperméable gris, et tenait un journal Moldu qu'il devait être en train de lire avant de s'endormir. Les minutes passaient, et certains passants observaient l'homme endormi et se moquaient de lui silencieusement. Un couple de touristes asiatiques vint même le prendre en photo. Le bruit de l'appareil et le flash éblouissant ne contribuèrent en rien à tirer l'homme de sa sieste. En observant autour, James vit une silhouette se dessiner non loin du banc. A l'ombre d'un arbre. Un homme de haute taille, aux épaules massives, vêtu d’une robe noire, observait le dormeur avec un sourire narquois. Les Moldus qui passaient près de lui faisaient tout pour l'éviter, tant son allure et son air de psychopathe inspiraient peu la confiance.
-C'est Shafiq Père ! s'exclama Fairbanks en montrant l'homme au loin.
Shafiq s'avança vers l'homme qui dormait. Il s'assit à côté de lui sur le banc, celui-ci ne réagit même pas. Le Mangemort détailla un moment l’Auror endormi de ses yeux perçants. Ils semblaient avoir une étrange teinte jaunâtre, similaire aux dents que son rictus arborait. Ses longs cheveux étaient bruns, emmêlés et coiffés en catogan. De ses longs doigts filasses, il entortillait son bouc et semblait réfléchir en observant l’Auror. Il finit par soupirer et leva la voix :
-Vous dormiez, Dawlish ? Voilà une bien piètre manière de me surveiller au beau milieu d'une rue remplie de Moldus, remarqua Shafiq en tapotant l'épaule de l'Auror.
Celui-ci sursauta, laissant tomber son journal Moldue, dans le sursaut causé par Shafiq, ses lunettes, s'était mises de travers, il s'empressa de les remettre droites et de tenter de parler avec aplomb :
-Oh bien sûr que non Shafiq, je faisais semblant. Je … Je … J'étais sûr que vous préféreriez vous concentrer sur moi qui paraissait si vulnérable pour ne pas toucher aux Moldus.
James trouva le flegme de l’Auror exemplaire. Débiter sans sourciller un mensonge si grossier était signe d’un immense talent en la matière. Talent qu’aurait aimé posséder l’aîné des Potter lorsqu’il se faisait prendre par Hagrid ou Neville dans la Forêt Interdite..
-Ils ne m'intéressent plus guère, ces sous-êtres, avoua le mage noir d'un air dédaigneux. Je finis par en être lassé, vous voyez ?
Et sans se contenter d'écouter la remarque de Dawlish, il s'agrippa à son bras et les deux hommes disparurent dans un craquement sonore. Les quatre témoins invisibles qu'étaient James, son père, son oncle et Fairbanks se retrouvèrent désormais au milieu d'une clairière sombre.
-Qu'avez-vous fait ? demanda Dawlish paniqué. Où m'avez-vous emmené ?
-Taisez-vous Dawlish ! ordonna Shafiq. Ne prononcez plus un mot, avant que je ne change d'avis. Il pointa sa baguette sur Dawlish et aussitôt une brume grise envahit le décor. Les quatre témoins ne purent plus rien discerner de la scène. Ils entendirent des crépitements, comme si on jetait des volées de sorts, et au bout d'un moment, une voix, celle de Dawlish retentit :
-Vous êtes cernés Shafiq ! Jetez votre baguette, ou mourrez !
-Vous n'aviez pas prévu celui-là Dawlish !
-PROTEGO HORRIBLIS, hurla la voix de l’Auror.
Une explosion retentit, la brume opaque s'estompa et l'on pouvait désormais discerner Dawlish, seul face à un tas de cendres au-dessus duquel trônait une main humaine. Harry tira les trois autres de leur torpeur et ils se sentirent s'envoler très haut, avant de revenir dans le bureau.
-Je n'ai pas besoin d'en voir plus, annonça Harry. J'ai déjà vu un souvenir semblable, et il a été modifié. Dawlish n'a pas vaincu Shafiq, c'est désormais certain.
-Vous voulez dire qu'il s'est volontairement tranché une main pour faire croire à sa mort ? demanda Fairbanks, circonspect.
-On a déjà vu ça chez les Mangemorts, répondit Harry. Le souvenir a été modifié. Shafiq a sans aucun doute simulé sa propre mort pour pouvoir tranquillement fuir vers l'Egypte. L’ennui, c’est que j’ignore comment recomposer un souvenir altéré …
Il semblait que ni Ron, ni Fairbanks n’aient de réponses à apporter. Mais une fois de plus, le parrain de James fit parler de sa perspicacité.
-Hermione, dit-il soudain à mi-voix. Sûrement qu’elle aura une idée …
-Oui, sans doute s’exclama Harry ! Douglas ? Je ne vous retiens pas plus longtemps, vous étiez censé avoir terminé votre service il y a trois heures. Miriam va finir par m’envoyer une Beuglante !
L’Auror vétéran ricana à l’évocation de son épouse, remercia Harry, le rassura sur le fait que ce fut un plaisir d’avoir pu faire avancer l’enquête et observa ses collègues enquêteurs d’un oeil pétillant :
-A demain, les gars, et en forme ! tonna-t-il, plus motivé que jamais.
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-Tu vois Hermione, il a la même consistance que le souvenir que m’avait montré Dumbledore. Tu sais, celui qui avait été modifié, au sujet des Tu-sais-quoi, quand j’avais dû récupérer le vrai souvenir grâce au Félix Felicis …
-Je vois très bien, oui, approuva Hermione, le front légèrement plissé tandis qu’elle maintenait la fiole renfermant le souvenir de Dawlish à hauteur de ses yeux.
Elle semblait désormais l’agiter délicatement tout en y apposant sa main gauche dessus et en marmonnant des incantations vraisemblablement très complexes.
-Mais, ajouta-t-elle. Le souvenir que tu as en tête, et celui-ci, sont différents. Le premier, avait été modifié par le sorcier auquel il appartenait. Le second, a été modifié par Shafiq père. Donc, le vrai souvenir était en sa possession à lui seul. De ce que tu m’as montré dans la Pensine, je pense que la brume représente un sortilège de Confusion très puissant.
-Il semble que depuis, Dawlish n’ait jamais été très alerte, remarqua Ron.
-Sans doute une conséquence du sortilège, en effet, valida Hermione. Mais ce genre de séquelles … Déjà, je ne pense pas qu’il y ait de solutions pour les guérir. Et quand bien même, si on y arrivait, je ne suis pas sûre que sa mémoire lui revienne …
-Y’a-t-il un autre moyen ? Tu crois que du Felix Felicis marcherait à nouveau, Papa ? demanda James, qui, il fallait l’admettre, avait toujours rêvé d’essayer la potion miraculeuse.
-James ! rit de bon coeur sa marraine, le Felix Felicis ne fait qu’apporter un peu plus de chances. Cela aurait été possible de s’en servir si nous avions un début de piste ! Et cette potion n’est pas si miraculeuse. Elle ne fait que booster la confiance en soi, et peut aider à trancher lors de quelques choix hasardeux. En plus, elle peut être dangereuse.
-Allons Hermione, cette potion est géniale ! Souviens-toi à la tour d’Astronomie ! Et au match contre les Serpentard en sixième année !
-Pour l’amour du ciel, Ron. Harry avait fait semblant de t’en verser. Tu n’en as pas eu besoin pour battre les Serpent …
Mais Hermione s’interrompit soudain, comme éclairée d’une idée, tandis que Ron exposait très clairement que la différence entre en avoir ingurgité, ou penser que l’on en avait ingurgité était minime, Hermione s’exclama :
-Harry, il faut que j’envoie quelques hiboux ! Laisse moi quelques jours, j’aurais peut-être quelque chose pour ce souvenir. Ron, tu me raccompagne à mon bureau, je prends mes affaires et on rentre ensemble ?
Harry et son meilleur ami échangèrent un sourire résigné, habitués aux éclairs de génie de Hermione. Et Ron suivit sa brillante épouse, tandis que Harry et James prenaient leurs affaires pour rentrer eux aussi au 12 Square Grimmaurd.